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Chronique d'un «Charlie», couille molle ordinaire

 

TRIBUNE Après l'électrochoc des attentats, qu’est-ce que j’ai l’intention de faire maintenant ? Soyons honnêtes : rien.

Ne vous y trompez pas. Moi aussi je suis révolté par ce qui s’est passé. Ces journalistes, flics et juifs massacrés par des barbares, notre liberté d’expression, nos valeurs fondamentales et jusque notre mode de vie menacés, j’en suis choqué et abasourdi, comme tout le monde. J’ai défilé à Paris, avec ma petite pancarte «Je suis Charlie». Inondé Facebook et Twitter d’articles et de témoignages poignants. Il y a des choses, des valeurs, pour lesquelles il faut se battre. La démocratie, tout ça. J’ai pensé à m’inscrire dans une assoc', à mettre mon grain de sel à la réduction des communautarismes, à essayer de comprendre comment des mecs élevés en France ont pu se convertir en fous de Dieu prêts à butter des gens parce qu’ils font des dessins dans des journaux.

«VOUS ÊTES CHARLIE ? PROUVEZ-LE»

Et puis dix jours ont passé. Un nouveau Charlie Hebdo a été publié. Mahomet en tête de bite à l’envers, tout est pardonné. Attendrissant, mais quand même, un peu con aussi. Bah, c’est ça la liberté d’expression. C’est important de pouvoir provoquer, il n’y a pas de liberté sans ça. Dans le même temps, deux mille Africains se font assassiner au Nigeria dans l’indifférence générale, des manifs anti-Je suis Charlie dans les pays musulmans, des attaques contre des mosquées en France, l’enterrement des journalistes de Charlie Hebdo. Luz qui fait l’oraison funèbre de son pote Charb en lançant:

«Vous êtes Charlie? Prouvez-le».

 

Merde. Il appuie où ça fait mal, le con. Parce que l’électrochoc est passé maintenant. Pendant quatre ou cinq jours, j’étais prêt à prendre les armes, et puis là, c’est vrai que la tension retombe. Ce matin, j’ai piteusement enlevé la petite image Je suis Charlie que j’avais mise sur mon profil Facebook en signe de protestation. Qu’est-ce que j’ai l’intention de faire maintenant? Soyons honnêtes: rien. Je ne vais rien faire. Pas plus qu’en 2002, après les manifs contre le FN entre les deux tours de l’élection présidentielle. Là aussi, il fallait lutter contre les communautarismes, prêcher la tolérance, se battre pour la démocratie. Et là non plus, je n’avais rien fait.

Oh, je n’en tire aucune fierté, non. Je reconnais volontiers être un gros lâche. Une couille molle, vous pouvez le dire. J’ai par contre la prétention de croire être une couille molle ordinaire, assez semblable à la majorité des quatre millions de gens qui ont défilé la semaine dernière (sans parler de ceux qui sont restés chez eux). De ces quatre millions, combien sont aujourd’hui en mesure de prouver qu’ils sont encore Charlie? Combien prolongent leur indignation originelle par des actes visant à défendre nos valeurs de respect et de tolérance? Faut pas trop se voiler la face, ils ne sont pas nombreux.

Pourtant, il faut qu’on arrive à se mobiliser, nous, toutes les couilles molles ordinaires, ceux qui ne sortent dans la rue au mieux qu’une fois tous les quatre ans. C’est même une condition nécessaire à la lutte contre les fanatismes. Parce que compter sur les autres - ce que les gens comme moi ont toujours fait - ça ne suffira certainement pas à éviter l’éclosion de nouveaux frères Kouachi.

UN FATALISME SIMPLISTE

Comment faire, donc?

LA SUITE SUR LIBÉRATION ICI

 

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