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Extrêmisme

  • Entretien avec Samir Amin : L’affirmation de la souveraineté nationale populaire face à l’offensive du capital


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    Les analyses portant sur la crise qui secoue -de manière structurelle – le système capitaliste actuel s’avèrent être d’une stérilité pitoyable. Mensonges médiatiques, politiques économiques anti-populaires, ondes de privatisations, guerres économiques et « humanitaires », flux migratoires. Le cocktail est explosif, la désinformation est totale. Les classes dominantes se frottent les mains face à une situation qui leur permet de conserver et d’affirmer leur prédominance. Essayons d’y comprendre quelque chose. Pourquoi la crise ? Quelle est sa nature ? Quelles sont actuellement et quelles devraient être les réponses des peuples, des organisations et des mouvements soucieux d’un monde de paix et de justice sociale ? Entretien avec Samir Amin, économiste égyptien et penseur des relations de domination (néo)coloniales, président du Forum mondial des alternatives.

     

    Raffaele Morgantini (Investig’Action) : Depuis plusieurs décennies vos écrits et vos analyses nous livrent des éléments d’analyse pour déchiffrer le système capitaliste, les relations de domination Nord-Sud et les réponses des mouvements de résistance des pays du Sud. Aujourd’hui, nous sommes entrées dans une nouvelle phase de la crise systémique capitaliste. Quelle est la nature de cette nouvelle crise ?

    Samir Amin : La crise actuelle n’est pas une crise financière du capitalisme mais une crise de système. Ce n’est pas une crise en « U ». Dans les crises ordinaires du capitalisme (les crises en « U ») les mêmes logiques qui conduisent à la crise, après une période de restructurations partielles, permettent la reprise. Ce sont les crises normales du capitalisme. Par contre la crise en cours depuis les années 1970 est une crise en « L » : la logique qui a conduit à la crise ne permet pas la reprise. Cela nous invite à poser la question suivante (qui est d’ailleurs le titre d’un mes livres) : sortir de la crise du capitalisme ou sortir du capitalisme en crise ?

    Une crise en « L » signale l’épuisement historique du système. Ce qui ne veut pas dire que le régime va mourir lentement et paisiblement de sa belle mort. Au contraire, le capitalisme sénile devient méchant, et tente de survivre en redoublant de violence. Pour les peuples la crise systémique du capitalisme est insoutenable, par ce qu’elle entraîne l’inégalité croissante dans la répartition des revenus et des richesses à l’intérieur des sociétés, qui s’accompagne d’une stagnation profonde d’une part, et l’approfondissement de la polarisation mondiale d’autre part. Bien que la défense de la croissance économique ne soit pas notre objectif, il faut savoir que la survie du capitalisme est impossible sans croissance. Les inégalités avec stagnation, ça devient insupportable. L’inégalité est supportable quand il y a croissance et que tout le monde en bénéficie, même si cela est de manière inégale. Comme pendant les 30 glorieuses. Il y a alors inégalité mais sans paupérisation. Par contre, l’inégalité dans la stagnation s’accompagne nécessairement de la paupérisation, et ça devient socialement inacceptable. Pourquoi en sommes-nous venus là ? Ma thèse est que nous sommes entrés dans une nouvelle étape du capitalisme des monopoles, que je qualifie de celle des « monopoles généralisés », caractérisée par la réduction de toutes les activités économiques au statut de facto de la sous-traitance au bénéfice de la croissance exclusive de la rente des monopoles.

    Comment évaluez-vous les réponses actuelles à la crise de la part des pays et des différents mouvements ?

    Avant tout, j’aimerais rappeler que tous les discours des économistes conventionnels et les propositions qu’ils avancent pour sortir de la crise, n’ont aucune valeur scientifique. Le système ne sortira pas de cette crise. Il va vivre, ou essayer de survivre, au prix de destructions grandissantes dans la crise permanente. Les réponses à cette crise sont jusqu’à présent, pour le moins qu’on puisse dire, limitées, douteuses et inefficaces dans les pays du Nord.

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       Samir Amin

    Mais il y a des réponses plus ou moins positives dans le Sud qui s’expriment par ce qu’on appelle «  l’émergence ». La question qui se pose alors est : émergence de quoi ? Emergence de nouveaux marchés dans ce système en crise contrôlé par les monopoles de la triade (des impérialismes traditionnels, de la triade Etats Unis, Europe occidentale et Japon) ou émergence des sociétés ? Le seul cas d’émergence positive dans ce sens est celui de la Chine qui tente d’associer son projet d’émergence nationale et sociale à la poursuite de son intégration dans la mondialisation, sans renoncer à exercer son contrôle sur les conditions de cette dernière. C’est la raison pour laquelle la Chine est probablement l’adversaire potentiel majeur de la triade impérialiste. Mais il y a aussi les semi-émergents, c’est-à-dire ceux qui aimeraient l’être mais qui ne le sont pas véritablement, comme l’Inde ou le Brésil (même au temps de Lula et Dilma). Des pays qui n’ont rien changé aux structures de leur intégration dans le système mondial, demeurent réduits au statut d’exportateurs de matières premières et des produits de l’agriculture capitaliste. Ils sont bien « émergents », dans le sens qu’ils enregistrent parfois des taux de croissance pas trop mauvais accompagnés par une croissance plus rapide des classes moyennes. Ici l’émergence est celle des marchés, pas des sociétés. Et puis, il y a les autres pays du Sud, les plus fragiles, et notamment les pays africains, arabes, musulmans, et ici et là d’autres en Amérique latine et en Asie. Un Sud soumis à un double pillage : celui de leurs ressources naturelles au profit des monopoles de la Triade, celui des raids financiers pour voler les épargnes nationales. Le cas argentin est à cet égard emblématique. Les réponses dans ces pays sont souvent malheureusement « pré-modernes » et non « post-modernes » comme on les présente : retour imaginaire au passé, proposé par les islamistes ou par des confréries chrétiennes évangélistes en Afrique et en Amérique latine. Ou encore des réponses pseudo-ethniques qui insistent sur l’authenticité ethnique de pseudo-communautés. Des réponses qui sont manipulables et souvent efficacement manipulées, bien qu’elles disposent de bases sociales locales réelles (ce ne sont pas les États-Unis qui ont inventé l’islam, ou les ethnies). Néanmoins, le problème est sérieux, parce que ces mouvements disposent de grands moyens (financiers, médiatiques, politiques, etc.) mis à leur disposition par les puissances capitalistes dominantes et leurs amis locaux.

    Quelles réponses pourrait-on imaginer, de la part des mouvements de la gauche radicale aux défis posés par ce capitalisme dangereusement moribond?

    Une des tentations, que je vais écarter tout de suite, est que face à une crise du capitalisme global, la réponse recherchée doit elle aussi être globale. Tentation très dangereuse parce qu’elle inspire des stratégies condamnées à l’échec certain : «la révolution mondiale », ou la transformation du système mondial par en haut, par décision collective de tous les Etats. Les changements dans l’histoire ne se sont jamais fait de cette manière. Ils sont toujours partis de celles des nations qui constituent des maillons faibles dans le système global ;des avancées inégales d’un pays à l’autre, d’un moment à l’autre. La déconstruction s’impose avant la reconstruction. Cela vaut pour l’Europe par exemple : déconstruction du système européen si on veut en reconstruire ultérieurement un autre, sur d’autres bases. Il faut sortir de l’illusion de la possibilité de « réformes » conduites avec succès à l’intérieur d’un modèle qui a été construit en béton armé pour ne pouvoir être autre chose que ce qu’il est. La même chose pour la mondialisation néolibérale. La déconstruction, qui s’appelle ici déconnexion, n’est certes pas un remède magique et absolu, qui impliquerait l’autarcie et la migration hors de la planète. La déconnexion appelle au renversement des termes de l’équation ; au lieu d’accepter de s’ajuster unilatéralement aux exigences de la mondialisation, on tente d’obliger la mondialisation à s’ajuster aux exigences du développement local. Mais attention, dans ce sens, la déconnexion n’est jamais parfaite. Le succès sera glorieux si on réalise seulement quelques-unes parmi nos revendications majeures. Et cela pose une question fondamentale : celle de la souveraineté. C’est un concept fondamental que nous devons nous réapproprier.

    De quelle souveraineté parlez vous ? Croyez vous dans la possibilité de construire une souveraineté populaire et progressiste, en opposition à la souveraineté telle que conçue par les élites capitalistes et nationalistes ?

    La souveraineté de qui ? Voilà la question. Nous avons été habitués par l’histoire à connaître ce qui a été appelé comme la souveraineté nationale, celle mise en œuvre par les bourgeoisies des pays capitalistes, par les classes dirigeantes pour légitimer leur exploitation, d’abord de leurs propres travailleurs, mais aussi afin de renforcer leur position dans la compétition avec les autres nationalismes impérialistes. C’est le nationalisme bourgeois. Les pays de la triade impérialiste n’ont jamais connu jusqu’à présent un nationalisme autre que celui-ci. Par contre, dans les périphéries nous avons connu d’autres nationalismes, procédant de la volonté d’affirmer une souveraineté anti-impérialiste, opérant contre la logique de la mondialisation impérialiste du moment.

    La confusion entre ces deux concepts de « nationalisme » est très forte en Europe. Pourquoi ? Et bien, pour des raisons historiques évidentes. Les nationalismes impérialistes ont été à l’origine des deux guerres mondiales, source de ravages sans précédents. On comprend que ces nationalismes soient ressentis comme nauséabonds. Après la guerre, la construction européenne a laissé croire qu’elle allait permettre de dépasser ce genre de rivalités, par la mise en place d’un pouvoir supranational européen, démocratique et progressiste. Les peuples ont cru à cela, ce qui explique la popularité du projet européen, qui tient toujours en dépit de tous ses ravages. Comme en Grèce par exemple, où les électeurs se sont prononcé contre l’austérité mais en même temps ont conservé leur illusion d’une autre Europe possible.

    Nous parlons d’une autre souveraineté. Une souveraineté populaire, par opposition à la souveraineté nationaliste bourgeoise des classes dirigeantes. Une souveraineté conçue comme le véhicule d’une libération, faisant reculer la mondialisation impérialiste contemporaine. Un nationalisme anti-impérialiste donc, qui rien à voir avec le discours démagogique d’un nationalisme local qui accepterait d’inscrire les perspectives du pays concerné dans la mondialisation en place, qui considère le voisin plus faible comme son ennemi.

    Comment se construit-il donc un projet de souveraineté populaire ?

    Ce débat nous l’avons conduit à différentes reprises. Un débat difficile et complexe compte tenu de la variété des situations concrètes. Avec, je crois, de bons résultats, notamment dans nos discussions organisées en Chine, en Russie, en Amérique latine (Venezuela, Bolivie, Équateur, Brésil). D’autres débats ont été encore plus difficiles, notamment ceux organisés dans les pays les plus fragiles.

    La souveraineté populaire n’est pas simple à imaginer, parce qu’elle est traversée de contradictions. La souveraineté populaire se donne l’objectif du transfert d’un maximum de pouvoirs réels aux classes populaires. Celles-ci peuvent s’en saisir à des niveaux locaux, pouvant entrer en conflit avec la nécessité d’une stratégie au niveau de l’État. Pourquoi parler de l’État ? Parce qu’on le veuille ou pas, on continuera à vivre pas mal de temps avec des États. Et l’État reste le lieu majeur de la décision qui pèse. Ici se situe le fond du débat. À l’un des extrêmes de l’éventail dans le débat, nous avons les libertaires qui disent que l’État c’est l’ennemi qu’il faut à tout prix combattre, qu’il faut donc agir en dehors de sa sphère d’influence ; à l’autre pôle nous avons les expériences nationales populaires, notamment celles de la première vague de l’éveil des pays du sud, avec les nationalismes anti-impérialistes de Nasser, Lumumba, Modibo, etc. Ces leaders ont exercé une véritable tutelle sur leurs peuples, et pensé que le changement ne peut venir que d’en haut. Ces deux courants doivent dialoguer, se comprendre afin de bâtir des stratégies populaires qui permettent d’authentiques avancées.

    Qu’est-ce qu’on peut apprendre de ceux qui ont pu aller plus loin ? Comme en Chine ou en Amérique latine ? Quelles sont les marges que ces expériences ont su mettre à profit? Quelles sont les forces sociales qui sont ou pourraient être favorables à ces stratégies ? Par quels moyens politiques pouvons-nous espérer mobiliser leurs capacités ? Voilà les questions fondamentales que nous, les mouvements sociaux, les mouvements de la gauche radicale, les militants anti-impérialistes et anti-capitalistes, nous devons nous poser et auxquelles il nous faut répondre afin de construire notre propre souveraineté, populaire, progressiste et internationaliste.

    Source : Investig’Action

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  • L’Ethiopie à la croisée des chemins : la dictature militaire de Mengistu

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    Au-delà des mythes, l’empire de Hailé Sélassié cachait une réalité terrible pour la majeure partie des Éthiopiens. Portés par un grand mouvement populaire, de jeunes officiers de l’armée renversent l’empereur en 1974. Mengistu devient le nouvel homme fort d’Éthiopie, mais se montre incapable de répondre aux aspirations du peuple. Comment la révolution a-t-elle fait basculer le pays dans la dictature militaire ? Pourquoi les Éthiopiens sont-ils restés condamnés à la misère avec, comme point d’orgue, la dramatique famine de 1984 ? Pourquoi, alors que Michael Jackson et les stars du monde entier récoltaient des dons pour les victimes, BHL et Glucksmann ne voulaient-ils pas aider l’Éthiopie ? Dans cette deuxième partie de notre entretien, Mohamed Hassan explore les contradictions de la dictature militaire du Derg. Il dévoile également les origines du TPLF, cette organisation politique qui a succédé à Mengistu et qui s’accroche au pouvoir depuis plus de vingt ans. Dimanche 9 octobre, alors que la révolte gronde partout dans le pays, le TPLF a décrété l’Etat d’urgence. 


    Lire la première partie: L’empire de Sélassié

     

    Confronté à une révolte grandissante, Hailé Sélassié engage des réformes et nomme un jeune Premier ministre. Visiblement, ces quelques changements n’ont pas permis d’apaiser les choses. Pourquoi ?

    Les Ethiopiens n’étaient plus dupes. Les ministres ne pouvaient plus jouer le rôle de fusible, cette technique avait vécu. Et les dernières réformes lancées par l’empereur et son jeune premier ministre comme de la poudre aux yeux ne pouvaient masquer la fatale réalité: l’Ethiopie ne s’était jamais réellement modernisée. Son économie n’aurait pas fait tache au Moyen-âge, mais dans la deuxième moitié du 20e siècle… L’aristocratie vivait toujours sur le dos des paysans tandis que l’industrie n’employait que quelque 60.000 personnes et ne fournissait que 15% du PNB. 70% des investissements venaient de l’étranger. En même temps, la population avait explosé dans les grandes villes. Entre les années 50 et 70, le  nombre d’habitants à Addis-Abeba était passé de 300.000 à 700.000, d’autres villes de province doublant aussi de taille. Mais l’économie n’avait pas suivi, si bien que le taux de chômage urbain pouvait atteindre jusqu’à 50%.[1]

    Quand Sélassié a rendu la presse et les débats plus libres, ça n’a donc pas calmé le jeu. Au contraire, les tensions étaient encore plus exacerbées. Les Ethiopiens ne se gênaient plus pour dire tout le mal qu’ils pensaient de l’empereur et de son régime féodal. Deux partis civils ont émergé dans ce contexte, puisant leurs racines dans le mouvement estudiantin. Les plus jeunes étaient regroupés dans le Parti Révolutionnaire du Peuple Ethiopien (PRPE) tandis que la vieille génération militait au sein du Mouvement Socialiste pan-éthiopien (MEISON). Les deux formations partageaient les mêmes idées sur l’égalité des nationalités. Elles étaient également convaincues qu’il fallait gagner le soutien des paysans en menant une réforme agraire. Il serait alors possible de constituer une base sociale importante pour, finalement, mener une révolution nationale démocratique.

     

    Si le PRPE et le MEISON partageaient les mêmes idées et le même plan de bataille, pourquoi n’ont-ils pas uni leurs forces ?

    Les deux partis étaient en désaccord sur le rôle de l’armée. Pour les jeunes du PRPE, principalement des petits-bourgeois issus des villes, la révolution ne pourrait être menée que dans un Etat démocratique où le pouvoir serait confié aux civils. En revanche, la vieille garde du MEISON estimait qu’il fallait s’appuyer sur l’armée en exploitant les contradictions de classes qui traversaient cette institution mieux organisée. Le MEISON voulait ainsi soutenir les revendications des petits officiers pour renverser le gouvernement. Ce parti avait en fait adopté la théorie du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev. Il prétendait qu’en Afrique l’intelligentsia révolutionnaire et les officiers révolutionnaires pourraient construire un Etat socialiste s’ils unissaient leurs forces.

     

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  • Leçons et conséquences d’un été révélateur : La construction progressive des conditions de pogromes

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    L’été 2016 a été marqué par trois faits de nature différente : un ignoble attentat endeuille le pays le 14 juillet, une loi détruisant le code du travail massivement rejetée par la population et les travailleurs est votée le 21 juillet et un arrêté municipal interdisant l’accès à la plage pour les femmes portant un « burkini » est pris à Cannes, déclenchant en quelques jours une véritable épidémie d’arrêtés similaires dans d’autres villes. Les réactions sociales et les commentaires politiques et médiatiques qui ont suivis ces trois événements constituent un excellent analyseur de l’état de notre société, des contradictions qui la traversent et des intérêts qui s’y affrontent.

     

    « Radicalisation rapide », stratégie de dissimulation et production d’une psychose collective

    Dès le 16 juillet le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve évoque la thèse d’une « radicalisation rapide » du chauffeur meurtrier accompagnée d’une série de précisions angoissantes :

    « Il n’était pas connu des services de renseignement car il ne s’était pas distingué, au cours des années passées, soit par des condamnations soit par son activité, par une adhésion à l’idéologie islamiste radicale […] Il semble qu’il se soit radicalisé très rapidement. En tous les cas, ce sont les premiers éléments qui apparaissent à travers les témoignages de son entourage […] des individus sensibles au message de Daesh s’engagent dans des actions extrêmement violentes sans nécessairement avoir participé aux combats, sans nécessairement avoir été entraînés […] La modalité de la commission de son crime odieux est elle-même nouvelle. » (1)

    La thèse de la « radicalisation rapide » est lourde de conséquences. Elle accrédite l’idée que tous les musulmans sont susceptibles de se transformer rapidement et brusquement en terroriste. Le danger est désormais partout où sont présent des musulmans ou supposés tels. L’heure est donc à la méfiance à chaque fois que l’on croise un musulman réel ou supposé. Bien sûr, on ajoutera systématiquement « qu’il faut veiller à ne pas faire d’amalgame » soulignant ainsi la conscience des effets probables d’une telle thèse.

    Le fait que le profil du tueur soit atypique (au regard de celui que nos médias dessinent depuis des années pour nous aider à repérer les « candidats au djihadisme ») renforce encore la production d’une psychose collective. On ne peut même plus reconnaître un musulman compatible avec la république à des faits simples comme « ne pas fréquenter une mosquée », « ne pas faire le Ramadan » ou « manger du porc ».

    Pendant près de deux semaines, des « experts » se sont succédé sur nos plateaux pour nous convaincre d’un danger multiforme nécessitant une méfiance permanente vis-à-vis de certains de nos concitoyens. La perle pour les spécialistes revient une nouvelle fois à Mohamed Sifaoui présenté par BFM TV comme « journaliste spécialiste du terrorisme islamique », qui estime que la radicalisation peut-être « instantanée » :

    « elle peut s’accomplir [la radicalisation] le jour même de l’attentat; car il est dit par les idéologues islamistes que l’attentat kamikaze, l’attentat martyre fait pardonner l’ensemble des péchés. » (2)

    Mais ce « spécialiste » ne se contente pas d’accélérer à l’extrême la rapidité de la radicalisation, il appelle dans la même émission ses confrères à ne pas chercher à comprendre le comportement du tueur à partir d’une « rationalité occidentale ».

    Nous avons donc à faire à des individus qui ne fonctionnent pas ni ne raisonnent comme nous. Ils sont extérieurs à notre monde, non produits par lui et inexplicables rationnellement. C’est ainsi que se construit une psychose collective qui élimine une partie de la population du « Nous » social. Or à chaque fois qu’il y a des processus d’exclusion d’un « Nous » social, il y a autorisation au passage à l’acte. Les conditions de possibilité d’un pogrom se réunissent par ce type de processus.

    Mais Mohamed Sifaoui ajoute un argument de taille : la stratégie de dissimulation. « La dissimulation est une technique que l’on apprend dans des manuels qui sont distribués par Daesh » développe-t-il dans la même émission. La thèse de la « préméditation dissimulée » s’ajoute immédiatement à celle de la « radicalisation rapide ».

    Le procureur de la république de Paris, Louis Molins, déclare dans une conférence de presse le 21 juillet qu’« il apparaît que Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a envisagé son projet criminel plusieurs mois avant son passage à l’acte ». (3) Il annonce également la mise en détention provisoire de cinq suspects soupçonnés de complicité. Sans attendre de précisions les média dominants s’emballent. Les téléspectateurs et les lecteurs des grands médias apprennent un nouveau mot arabe : « La Taqiya ».L’hebdomadaire Mariane titre « Taqiya : la dissimulation comme nouvelle arme de guerre » en expliquant en chapeau d’article :

    « Certains terroristes l’utilisent comme stratégie pour passer sous les radars des renseignements, d’autres s’en servent comme un alibi pratique pour continuer de mener leur vie d’occidentalisés : dans tous les cas, la taqiya – l’art de la dissimulation – est prônée par l’Etat islamique pour ces « soldats de Dieu ». Enquête  ». (4)

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  • De quoi la guerre non conventionnelle est-elle le nom ?

     

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    « La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas ». Cette citation de Baudelaire cadre parfaitement à l’heure où nous essayons de décrire – en tant que consommateurs d’informations, sans être péjoratif – les processus et les mécanismes d’un type de guerre qui a émergé, en particulier à partir de l’essor et de la consolidation du monde unipolaire des années 90.


    N’ayons plus peur de qualifier la guerre telle qu’elle est : non-conventionnelle. Avec les nouvelles guerres, les conspirations, les machinations obscures des pouvoirs mondiaux, il se passe la même chose qu’avec une bactérie: on peut penser qu’elle n’existe pas puisqu’elle « ne se voit pas », mais elle agira quand même et ses effets seront visibles par la suite. Le scepticisme est aussi un produit de l’industrie.

    Pour les mêmes raisons, il est certain qu’il est difficile de lui donner un visage, de l’appréhender dans toute sa dimension et toute sa profondeur, d’en dégager les ressorts, de la mettre au jour et de la séparer du fait politique sur lequel s’appliquent les actions non-conventionnelles de la guerre actuelle. Il s’agit d’aller à l’encontre du principe de « dénégation plausible » sur la base duquel la CIA « n’infirme ni ne confirme » tel ou tel agissement, dissimulant la vérité derrière un épais rideau de fumée.

    Les dispositifs et les recours employés lors de l’éclatement de la Yougoslavie dans les années 90 ont évolué à des stades que nous rencontrons encore aujourd’hui mais qui n’ont pas cessé d’avoir la même base et le même cadre comme essence. On ne peut cependant pas affirmer que ce sont des modèles qui se répètent en toutes circonstances et dans tous les contextes sociopolitiques, et qu’ils s’opèrent selon exactement les mêmes caractéristiques.

    Au contraire, il faut respecter la base historique et territoriale spécifique aux endroits où ils sont employés, et même s’ils conservent une structure essentielle, ses propres codes sont adaptés en fonction des variables situées autour des possibilités et des conditions qui leur sont offertes.

     

    La guerre à laquelle nous assistons est…

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  • 3 questions sur la tentative de putsch en Turquie

     


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    Dans la soirée du vendredi 15 juillet, des putschistes de l’armée turque ont tenté de renverser le gouvernement d’Erdogan. Après une nuit de chaos marquée par des affrontements entre les conjurés et les forces loyalistes, le président a repris la main. Depuis, 6.000 personnes ont déjà été arrêtées, Erdogan promettant « d’éliminer le virus de toutes les institutions étatiques ». Bahar Kimyongür nous éclaire sur cette mystérieuse tentative de coup d’État et ses possibles répercussions.


     

    Qui sont ces putschistes et quelles étaient leurs motivations ?

    Sur les putschistes, nous avons eu très peu d’informations, dont certaines contradictoires. La confrérie Gülen a été accusée. Ce mouvement d’inspiration soufie est très influent dans le monde musulman. Son fondateur, Fetuhllah Gülen, a notamment financé grâce à de riches donateurs la construction d’écoles un peu partout. Il a soutenu la montée au pouvoir de l’AKP, le parti d’Erdogan. Mais un conflit a ensuite éclaté entre les deux hommes forts. En 2014, un scandale d’écoutes téléphoniques a mis en lumière des affaires de corruption au sein de l’AKP. Gülen qui dispose de nombreux relais au sein de la police et de la magistrature était déjà pointé du doigt. Depuis 2014, 1800 personnes soupçonnées d’appartenir à la confrérie ont été arrêtées. En janvier, un procès retentissant a condamné Gülen pour haute trahison. Mais ce dernier est exilé aux Etats-Unis. C’est depuis la Pennsylvanie qu’il a réfuté les accusations sur le coup d’État ce week-end.

    D’autres voient dans cette tentative de putsch la main d’officiers kémalistes de l’armée, des soldats qui se réclament du nationalisme laïc lancé par le père fondateur de la République de Turquie, Atatürk. Mais aucun élément ne permet d’étayer ces propos. Avec les procès Balyoz et Ergenekon, des purges ont été menées ces dernières années pour liquider les derniers kémalistes de l’armée. D’ailleurs, ceux du Parti républicain du peuple n’ont pas soutenu le putsch. En fait, aucune formation politique n’a appuyé la tentative. Et pour cause, l’identité des conjurés et leur mode opératoire ont soulevé de nombreuses interrogations. Inconnus au bataillon, ils ne disposaient visiblement d’aucun relais au sein de la population, dans les médias ou parmi la classe politique. Ils ont même bombardé le Parlement, conduisant les députés à se réfugier dans un abri. Les putschistes se sont ainsi aliénés tous les partis politiques, y compris ceux de l’opposition qui sont pourtant engagés dans une lutte féroce contre Erdogan. Cette tentative de coup d’État a ainsi débouché sur la publication d’un communiqué conjoint des partis politiques pour condamner l’opération. C’est du jamais vu en Turquie. Erdogan reste détesté par beaucoup de monde. Mais son slogan « La démocratie a été sauvée« , bien que totalement fallacieux, est parvenu à rassembler différentes composantes de la population.

    Finalement, la véritable opposition est restée spectatrice d’un conflit qui a opposé deux franges du pouvoir, avec Erdogan d’un côté et Gülen de l’autre. D’autant plus que cette tentative de coup d’État est arrivée à un moment inattendu. En Égypte par exemple, le putsch du général Sissi est survenu au lendemain d’une grande manifestation populaire contre le gouvernement de Morsi. Mais en Turquie, nous savions que la grande majorité de la rue était acquise à Erdogan. Il n’y avait pas de mouvement social qui aurait pu appuyer cette opération militaire qui finalement, se résume à un coup d’épée dans l’eau. L’armée turque s’est pourtant déjà illustrée avec force dans ce genre d’exercice. Nous l’avons vu à l’œuvre avec le coup d’État de 1960 qui a conduit à la pendaison du Premier ministre islamo-libéral et pro-US, Adnan Menderes. C’est encore l’armée turque qui intervient dans le putsch de 1971 avec la pendaison de leaders de mouvements estudiantins marxistes. Enfin, la grande muette a frappé à nouveau avec le coup d’État de 1980. Là, tout le monde y est passé avec 650.000 personnes arrêtées et torturées, 49 pendaisons, 300 disparitions… Nous n’avons pas assisté à une telle démonstration de force vendredi. La tentative de putsch ressemble surtout à un dernier baroud d’honneur de quelques soldats minoritaires. Il y avait des rumeurs selon lesquelles de nouvelles purges allaient être menées. Les conjurés sentaient sans doute leur fin venir et ont tenté un dernier coup de poker, de manière précipitée.

    Il y a quelques années encore, Erdogan semblait tout puissant. La Turquie affichait l’une des plus belles croissances économiques et revenait au-devant de la scène internationale tandis que l’AKP engrangeait de beaux scores aux élections. Mais le président semble aujourd’hui de plus en plus contesté. Embourbée dans le conflit syrien, la Turquie est devenue le théâtre d’attentats. La croissance économique s’est essoufflée alors que le chômage et la dette ont augmenté. En juin 2015, après treize années de domination, l’AKP perd la majorité absolue aux élections législatives et n’a repris la main qu’au moyen d’un scrutin anticipé en novembre de la même année. Entretemps, la dérive autoritaire d’Erdogan a été largement critiquée. Comment expliquer cette évolution ? Le président turc est-il sur le déclin ?

    Depuis son arrivée au pouvoir, Erdogan n’a jamais vraiment été inquiété. Sauf en 2013, avec les manifestations de Gezi. La population était descendue dans la rue pour protester contre le gouvernement. Toutes les formes d’opposition s’étaient alors rassemblées si bien qu’Erdogan avait été contraint de sortir le grand jeu répressif. Le scandale des écoutes téléphoniques a ensuite éclaboussé l’AKP en 2014. Une fois de plus, le président a répondu par une escalade de la violence avec de nombreuses arrestations dans le monde de la justice. Nous pouvons donc observer que tous ceux qui contestent trop le pouvoir d’Erdogan finissent en prison ou au chômage. Cela vaut tant pour les simples manifestants que pour les magistrats.

    Avec ces affaires, Erdogan a perdu de sa crédibilité sur la scène internationale. Mais il reste très populaire en Turquie. Il a gagné le cœur et l’esprit de la population conservatrice à coup de grands travaux et de versets coraniques. Certains le voient comme une sorte de prophète. Un véritable culte s’est développé autour de sa personne. Et ce n’est pas nouveau. Déjà lorsqu’il était maire d’Istanbul, Erdogan était parvenu à tisser ses réseaux et à s’attacher les faveurs du petit peuple. En ce sens, il était très complémentaire de Gülen qui disposait pour sa part de relais islamistes au sein de l’élite et des hautes sphères de l’appareil d’État. C’est pourquoi Gülen a collaboré avec la coqueluche des masses, Erdogan, pour favoriser la montée de l’AKP. Jusqu’à ce qu’Erdogan se rende compte qu’il avait suffisamment d’assise populaire pour tourner le dos à son partenaire. Gülen a essayé de se venger avec l’affaire des écoutes. Et je pense qu’aujourd’hui encore, il lui restait suffisamment de relais pour lancer cette tentative de putsch. Si dans un conflit, nous avons tendance à voir les gentils d’un côté et les méchants de l’autre, en Turquie, le combat qui oppose Erdogan à Gülen nous offre les deux faces d’une même médaille. Sur le plan religieux, Gülen présente sans doute un islam plus discret et plus humble. Il vivrait d’ailleurs des allocations sociales dans un petit appartement aux Etats-Unis. Tandis qu’Erdogan est beaucoup plus bling-bling et affiche un islam clinquant pour conquérir les masses. Mais tous les deux ont des profils de dictateurs conservateurs. Ce sont des ultralibéraux sur le plan économique. Et ils entretiennent des liens étroits tant avec les Etats-Unis qu’Israël.

    Il n’est d’ailleurs pas impossible que Washington ait donné son feu vert à Gülen qui vit aux Etats-Unis depuis de nombreuses années. Plusieurs personnalités turques, dont le ministre du Travail, ont accusé Obama d’avoir été secrètement favorable aux conjurés. Ce n’est pas rien ! Le président US a sobrement condamné la tentative de putsch. Si l’opération avait réussi, je ne pense pas qu’il aurait fustigé Gülen. Car ces derniers temps, Erdogan a trop souvent désarçonné les Etats-Unis. Washington a besoin de fonctionnaires dociles. Or, le président turc est un fonctionnaire instable. Il a profité de son partenariat avec les Etats-Unis pour mener son propre agenda néo-ottoman, quitte à marcher sur les plates-bandes d’Obama. Rappelez-vous, quand Obama a commencé à bombarder l’État islamique en s’appuyant sur les Kurdes au sol, Erdogan soutenait l’État islamique et bombardait les Kurdes !

     

    Le putsch a échoué. Quelles pourraient être les conséquences de cette faillite ?

    Nous allons assister à un retour en grâce d’Erdogan. En échappant au coup d’État, le président va pouvoir consolider sa mainmise sur la Turquie. Dorénavant, je vois mal comment la moindre forme de désobéissance institutionnelle pourrait être exprimée à l’égard d’Erdogan. Le président a profité de cette opération pour parachever le grand nettoyage qu’il avait commencé. On parle beaucoup des quelque 3000 militaires arrêtés. Mais il y a aussi 2450 magistrats qui ont été démis de leurs fonctions. 140 juges et procureurs ont été placés sous les verrous, dont deux juges de la Cour constitutionnelle. On voit bien que la répression dépasse largement le seul cadre de cette tentative de putsch. Le risque à présent, c’est que tout le monde se retrouve encore plus exposé à la violence d’Erdogan : les partis d’opposition, les syndicats, les mouvements estudiantins…

    Il pourrait également y avoir des répercussions sur la scène internationale. Un revirement avait déjà été amorcé. Erdogan semble revenir à sa doctrine initiale, « zéro problème avec les voisins ». Cette stratégie consistait à établir des partenariats avec tous les pays de la région, sans exclusive ni accointance idéologique. Les Turcs y avaient renoncé pour mener une politique néo-ottomane plus offensive. L’objectif était de constituer une zone d’influence sunnite contrôlée depuis Ankara avec Erdogan pour sultan. Ils ont vu que ce projet était voué à l’échec. Soutenu par les amis de la péninsule arabique, il était rejeté en bloc par l’Égypte et la Syrie. Erdogan a donc commencé à se montrer plus raisonnable. La dimension économique a joué évidemment. La riviera turque est désertée. Les centaines de milliers de touristes russes qui venaient faire trempette en Turquie ont abandonné les plages et les hôtels. Si bien que les petits commerçants ont exprimé leur mécontentement au gouvernement. Le tourisme a pris une ampleur considérable ces dernières années et représente aujourd’hui 6 % du PIB turc. Le pays est devenu la sixième destination mondiale avec 36 millions de visiteurs par an. Mais les récents événements ont fait baisser les revenus du tourisme et augmenter le chômage.

    Tout cela a conduit Erdogan à calmer le jeu. Il se montre plus conciliant avec Poutine et s’est excusé pour l’avion abattu. Il s’est également rapproché d’Israël. Il a émis l’hypothèse de nouer des liens avec Sissi en Égypte. Le dernier volet de cette volte-face diplomatique est venu du Premier ministre. Binali Yildirim envisage un début de normalisation avec le gouvernement syrien. On ne sait pas si c’est sincère. Mais on peut s’attendre à ce qu’Erdogan adopte une position plus apaisée sur la Syrie. Ce qui pourrait conduire à un gel des relations avec les jihadistes. Ces derniers souffriraient du blocage des frontières turques. Avec un risque de représailles évidemment. D’ailleurs, peu de temps après la reprise des discussions avec la Russie, la Turquie a essuyé un massacre à I ‘aéroport d’Istanbul. Nous n’avons pas beaucoup d’éléments d’information sur cet attentat, mais nous connaissons l’origine des terroristes : un Russe, un Ouzbek et un Kirghiz. Jusqu’à maintenant, l’État islamique semblait ménager la chèvre et le chou en évitant de revendiquer les attentats perpétrés en Turquie. Mais si le dernier corridor reliant le fief de l’État islamique, Raqa, au monde extérieur est fermé, les tensions risquent d’augmenter. Surtout si Erdogan se rapproche de la Russie et, par ricochet, de la Syrie.

     

    Source: Investig’Action

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  • En Pologne, en Autriche ou en France : face au fascisme, le défi du parti communiste !

     
     

    Lettres de Pologne : les communistes emprisonnés.

     

    > Chères amies
    Beata Karon, condamnée en Pologne à 9 mois de prison pour « propagande communiste » est justement l’auteure de l’intervention sur le bilan de la Pologne Populaire que je voulais traduire en français et vous demander de publier….
    Je pense qu’il ne faut pas laisser nos amis du Parti Communiste Polonais tout seuls !
    Surtout que déjà à Wroclaw le drapeau avec faucille et marteau porté par les camarades turcs avait été abusivement interdit – les camarades polonais voulaient faire une action (...)

    Laurent Joffin ,éditorialiste du quotidien français LIBÉRATION condamne le Peuple pour complot et l’envoie en prison

    ou "du pays " de Joffrin ou aussi Joffrin contre Joffrin.

    Publié le : 24 avril 2016

    > Laurent Joffrin ne "change pas de peuple", comme le dit Brecht des fascistes, non, Laurent Joffrin envoie le Peuple en prison.
    J’ai eu du mal à m’en remettre. Parce que présent à la Mutualité pour la fondation de Libération, et ne l’ayant pas lu, ni même ouvert depuis deux ans, j’ai pris celui du 12 mars par curiosité. Ahurissant. J’étais... littéralement "dépaysé", authentique.
    Un proverbe dit ; "il y a des coups de pied au cul qui se perdent !" mais ce coup, s’il était donné, serait, avant tout celui (...)

    Les camarades de Belleville préparent le Congrès en se souvenant de la Commune

    Publié le : 24 avril 2016

    > Chères et chers camarades veuillez trouver ci dessous la retranscription de ma présentation du texte 3 "Unir les communistes, le défi renouvelé du parti communiste" prononcée lors de l’AG du 20e du 20 avril.
    Pourquoi un texte alternatif ? :
    Dans l’esprit des statuts, la posssibilité de proposer un texte alternatif permet de donner le choix à l’ensemble des camarades du texte à partir duquel les discussions et le travail d’amandement sera effectué. Le texte ainsi choisi devient la base commune donnant (...)

    Extension du domaine de la (lutte) réflexion sur le développement des "énergies renouvelables".

    Publié le : 24 avril 2016

    > Comme tout être humain, je ne suis pas réductible au seul statut de consommateur. La couverture de mes besoins ne passe pas exclusivement par l’appropriation de biens matériels ou de services marchands.
    Une des caractéristiques les plus désagréables des deux décennies qui viennent de s’achever, apparaît au grand jour, en période hivernale :
    L’inexorable et profonde dégradation de nos Services Publics qui ont longtemps constitué un des fondements de la qualité de vie « alla francese » ou « french touch (...)

    Nuit debout cherche sa stratégie

    Reportage de Hervé Kempf (Reporterre)

    Publié le : 24 avril 2016

    > Les échanges au cœur de ces nuits debout sont utiles à faire connaitre, pour trouver réellement le chemin des convergences, ce qui suppose de prendre chaque mobilisation comme un moment du mouvement général, une contribution, avec sa propre histoire, ses limites, ses débats, et sa propre évolution... les luttes ouvrières n’ont pas le temps de passer la nuit debout, elles vivent de dures journées d’action, mais elles buttent aussi sur les fractures sociales et la difficulté d’unir le peuple dans sa (...)

    Emmanuel Todd : « Nuit debout contre le grand vide »

    Publié le : 23 avril 2016

    > Entretien avec Emmanuel Todd sur le mouvement Nuit Debout par François Ruffin
    Fakir : C’est un petit truc, Nuit debout…
    Emmanuel Todd : Il ne faut pas dire ça. D’abord, c’est peut-être une petite chose mais au milieu de rien. Et ça, le fait que les médias s’intéressent à cette petite chose, c’est aussi un signe du grand vide. Les journalistes, qui certes appartiennent à des grands groupes, liés à l’argent, qui certes ne remettront jamais en cause ni l’euro ni l’Europe ni le libre-échange, mais qui sont (...)

    Une résistance à l’expulsion locative fait resurgir la solidarité de classe

    Publié le : 23 avril 2016

    > Alors que j’étais studieusement installé dans un bureau de la fédération du parti pour préparer la diffusion de notre tout dernier journal départemental de la santé, un journal qui nous permet d’aller aux portes des hôpitaux du département partout où nous sommes organisés, mon téléphone sonne. Une camarade avionnaise me dit de vite la rejoindre car il y a une expulsion locative d’une famille qui est en train de mal tourner et il y a un besoin urgent de renforts militants. J’arrête mes activités brutalement (...)

    Goodyear, PSA, TOTAL, Bosch, RVI, Arkema, Fralib, Veninov, Carbone Savoie, SITL, TSV, SPIE...

    Samedi 30 Avril, Vénissieux, 9h-20h, rencontre communiste

    Wamen, Hoareau, Salem, Herrera, Gastaud, Bleitrach...

    Publié le : 23 avril 2016

    > 1 Million, ils manoeuvrent... 3 Millions, ils retirent... 10 millions, ils se tirent ! Mais comment faire ?
    Les rencontres communistes du samedi 30 avril s’annoncent comme un moment fort dans la reconstruction d’une issue politique. Au moment ou un mouvement social renaissant bouscule la vie politique française, renvoie le FN, la droite revancharde, et la gauche gouvernementale à leur camp commun, celui du MEDEF et de la destruction des droits sociaux, la question d’une autre société, d’une (...)

    Primaires : « non ». Mais primaires « citoyennes » quand même !!! Pour aller où ?

    Publié le : 23 avril 2016

    > Quand la direction du PCF a engagé le débat sur les primaires au conseil national, elle n’a pas réussi à le faire valider... aucune décision n’avait été prise. Pierre Laurent a quand même décidé de s’y engager, et d’engager le PCF avec lui...
    Depuis janvier, c’est un rejet massif mettant les communistes en colère ; ils refusent de se voir appeler à voter socialiste au premier tour des présidentielles, fut-ce pour un socialiste dit "de gauche". Cette fois, avec la résolution, votée avec une très faible (...)

    Présentation du texte « Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF »

    Publié le : 21 avril 2016

    > Plusieurs camarades sont sollicités dans leurs fédérations et sections pour présenter le texte "Unir les communistes" avant le vote du 2 au 5 mai.
    Nous mettons à dispositions un modèle de présentation que chacun peut aménager à sa manière.
    Le texte, « Unir les communistes, le défi renouvelé du Parti Communiste ! » est signé par 622 communistes de 65 départements.
    Il s’inscrit dans la continuité des textes déposés aux précédents congrès, affirmant la volonté de « Faire vivre et renforcer le PCF », de la (...)

    51ème congrès de la CGT : discours d’accueil d’Olivier Mateu - CGT 13

    Publié le : 20 avril 2016

    > Ce lundi 18 avril s’ouvrait le 51ème congrès de la CGT à Marseille. Il revenait au département d’accueil, comme il est de tradition, d’ouvrir les débats par une intervention de bienvenue. C’est Olivier Mateu, secrétaire général de la CGT 13 qui se chargeait de cette tâche dans un contexte marqué par les luttes actuelles et la charge de plusieurs médias contre la CGT en général et celle des Bouches du Rhône en particulier. Rouge Midi a publié le texte intégral de cette intervention plusieurs fois coupée par (...)

    Intervention de Paul Barbazange au CN du 15 avril.

    Depuis quand n’avions nous pas connu ça ? Depuis plus de 70 ans !

    Luttes, projets politiques et candidatures

    Publié le : 20 avril 2016

    > En réponse à l’introduction de Pierre Laurent, quelques idées travaillées en ce moment par les rédacteurs de "Unir les communistes". Perspective des luttes, apport communiste, programme et candidatures, situation dans le PCF à quelques semaines du 37ème congrès.

    La place de la République à Paris serait-elle l’Agora ?

    Publié le : 20 avril 2016

    > On considère Athènes comme la ville où la démocratie est née. Remarquons que le mot démocratie est formé de Kratos (souveraineté) [Et c’est pour cela que je voterai pour le texte n°3 qui propose la sortie de l’UE, de l’euro pour retrouver notre souveraineté populaire, nationale, monétaire.].
    Démocratie est fait aussi du mot Demos, le peuple, celui des ouvriers qui se battent en ce moment dans leurs entreprises, contre la loi El Khomri, les militants de Total, Bosch, Goodyear, Air France etc. Ce peuple (...)

    Les nouveaux philosophes apprennent le langage de la rue

    Publié le : 20 avril 2016

    > Il y avait trop longtemps que les clercs du pouvoir ne faisaient plus parler d’eux. Ils étaient éclipsé par la dignité des luttes, ce qui devenait à la longue insupportable à tout ce petit monde de parasites. Il fallait donc qu’ils se réintroduisent pour justifier leur statut de figures intellectuelles officielles. Voila qui est fait. Ils sont partis à la chasse aux coups médiatiques et en reviennent la besace pleine. Nous aurons même droit à deux prises pour le prix d’une, puisque l’inénarrable (...)

     

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  • Georges Corm : « Parler de “jihad” dans le cas des opérations terroristes est une aberration »

    Dans le contexte actuel où les attentats terroristes bouleversent la vie des peuples des deux côtés de la Méditerranée, les analyses de Georges Corm, historien libanais, sont une bouffée d'oxygène pour résister à la théorie du "choc des civilisations". Son dernier ouvrage, "Pensée et Politique dans le Monde Arabe", comble les lacunes de notre mémoire historique et constitue un puissant antidote au pessimisme ambiant. Dans cette interview accordée en exclusivité à Investig'Action, Georges Corm décortique également les motivations des départs de jeunes européens en Syrie, et dénonce l'hypocrisie de la gestion des réfugiés et les relations des pays occidentaux avec l'Arabie Saoudite.

     

    Aujourd’hui, l’islamisme est pointé du doigt comme l’idéologie à la base du terrorisme. Partagez vous ce constat ?

    Les actions terroristes n’ont pas d’idéologie, sinon un nihilisme mortifère. Elles se parent certes de slogans qui peuvent être de nature religieuse ou, autrefois marxiste, cela ne veut évidemment pas dire que la religion ou l’idéologie invoquée soient en cause. Il est très regrettable que dans le cas du terrorisme se réclamant de l’islam, le monde entier se soit mis à discuter du Coran et de la religion musulmane, en particulier depuis les attentats de septembre 2001. Tant que ce terrorisme se contentait de tuer d’autres musulmans, on se préoccupait peu de l’analyser et l’islam ne servait pas de clé d’explication des motivations supposées des groupements terroristes.

    C’est lorsque ceux-ci s’en prennent à des Européens ou des Américains, que les médias se déchaînent sur le thème du choc de civilisation cher à Samuel Huntington et de l’antagonisme supposé entre un Occident judéo-chrétien et un Orient arabo-musulman. Ce thème débilitant et hautement fantaisiste a fait des ravages dans l’intelligentsia occidentale et musulmane. Il a justifié et légitimé l’invasion de l’Afghanistan puis de l’Irak par des coalitions armées dirigées par les Etats-Unis, sous prétexte de lutter contre le terrorisme. Or la lutte contre le terrorisme a toujours été faite par des moyens de police classique et d’infiltration des groupes le pratiquant. On n’avait jamais vu jusque là déployer des armées à grand frais et envahir et occuper des pays sous prétexte de lutte contre le terrorisme. Ceci bien sûr ne pouvait manquer de provoquer des résistances armées multiples et fanatiser des jeunes en quête d’exaltation morbide.

    Quels pièges se cachent derrière l’usage tous azimuts de ce concept ?

    Il faut commencer par rappeler que les phénomènes terroristes qui adoptent des slogans...

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