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Religions

  • L’islamisme sunnite #4 : L’islam insécable n’existe pas

     

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    Depuis l’avènement de la République islamique d’Iran, les tensions n’ont jamais cessé de croître entre Téhéran et Riyad. Derrière cette rivalité se cacherait en vérité une guerre entre les chiites et les sunnites. Cette idée est corroborée par certains médias. Par exemple, selon une carte du journal Le Monde titrée Le Proche-Orient déchiré entre chiites et sunnites, les antagonismes entre les deux principales branches de l’islam seraient à l’origine des tensions actuelles1. Les crises syrienne et yéménite cristallisent encore davantage les rivalités et favorisent la propagation de cette grille de lecture. On se trouverait alors actuellement en pleine guerre au cœur même de l’islam. Toutefois, les affrontements au Moyen-Orient sont-ils réellement de nature confessionnelle ?

    Georges Corm nous donne un premier élément de réponse. D’après lui, définir les conflits du Moyen-Orient comme étant de source religieuse est une approche réductrice permettant de légitimer la thèse du « choc des civilisations »2. Les causes réelles des guerres seraient trop souvent éludées au profit d’approches simplificatrices et binaires3. Or, ce sont les hommes qui font les religions et non l’inverse. Comment est-il possible de comparer la pratique de la religion musulmane sous le Sultan ottoman Abdhülhamid II et celle pratiquée par les millions de musulmans en France ?

    Étudier l’islam comme une notion dénuée de toutes disparités c’est faire fi de l’espace et du temps. À l’aide de quelques exemples, il nous faut donc mettre un terme à cette lecture apocalyptique des événements qui se déroulent au Moyen-Orient. Nous verrons alors que le facteur religieux est instrumentalisé à des fins profanes par les pouvoirs en place. Démystifier les conflits pour mettre un terme à l’idée d’une guerre millénariste entre les chiites et les sunnites, voilà notre objectif.

     

    Le mythe du front chiite

    L’idée d’une lutte éternelle entre chiites et sunnites commence à se répandre après l’avènement de la République islamique d’Iran en 1979. Depuis, il est devenu récurrent d’accuser Téhéran de pratiquer une politique chiite au Moyen-Orient. L’Iran favoriserait le soulèvement des minorités chiites de cet Orient compliqué4. Des expressions comme « croissant chiite » (al-hilal al-shi’i) sont utilisées pour faciliter la compréhension des conflits de la région. Cette formule souligne les liens entre Téhéran, Damas, Bagdad et la banlieue sud de Beyrouth, le fief du Hezbollah. Ces quatre pôles incarneraient une menace pour la stabilité du monde.

    Cette idée émerge véritablement à la suite de l’intervention américaine en Irak en 2003. La chute de Saddam Hussein a en effet pour conséquence de propulser la majorité chiite à la tête du pays. Le roi Abdallah II de Jordanie est le premier à brandir l’arme d’un « croissant chiite ». Selon lui, le délitement de l’Irak a redynamisé le chiisme politique arabe5. L’arrivée d’une majorité chiite au pouvoir à Bagdad en 2006, le renforcement du Hezbollah, les révoltes à Manama, au Bahreïn, et la répression du régime de Bachar al-Assad – défini comme alaouite, une branche du chiisme – sont des exemples censés illustrer le bien-fondé de cette théorie6. Autrement dit, l’appartenance religieuse des individus primerait sur l’identité nationale et Téhéran bénéficierait du soutien de toutes les communautés chiites. En réalité, il s’agit dès le début d’un slogan politique visant à contrer l’influence grandissante de l’Iran plutôt que de véritables faits.

    L'islam dans le monde. Le Dessous des Cartes, publié en mai 2011, disponible sur http://ddc.arte.tv

     

    L’islam dans le monde. Le Dessous des Cartes, publié en mai 2011, disponible sur http://ddc.arte.tv

    Cette vision est réductrice. En effet, rien n’est dit sur le fait que le Hezbollah est d’abord une conséquence de l’intervention israélienne de 1982, répondant donc strictement à des impératifs internes. La chercheuse Aurélie Daher précise même qu’au départ, l’Iran ne souhaitait pas s’ingérer dans les affaires libanaises7. Rien n’est dit non plus sur les aspects socio-économiques des révoltes au Bahreïn en 2011. Concernant la Syrie, les croyances religieuses des alaouites étaient il y a encore quelques décennies très loin de l’islam8. En outre, les alaouites constituaient d’abord une branche à part entière de cette religion avant d’intégrer le chiisme. Ce n’est qu’en 1952 qu’ils ont réussi à se faire reconnaître comme branche du chiisme.

    Le rapprochement s’intensifie ensuite durant la présidence d’Hafez Al-Assad (1971-2000). Le développement des liens répond du reste plus à des objectifs géopolitiques qu’à des critères d’ordre doctrinaire confessionnel9. Enfin, les relations entre les « chiites duodécimains »10 et les alaouites sont loin d’être idylliques. La doctrine de ces derniers a toujours été considérée comme une hérésie. Bernard Hourcade, géographe et spécialiste de l’Iran, explique d’ailleurs que les fondements de la politique iranienne en Syrie ne répondent pas à des objectifs religieux11.

    Vu d’Iran, Téhéran craint d’être encerclé par des pouvoirs à la solde des monarchies du Golfe. En conclusion, la dimension religieuse donne certes une consistance à cet axe chiite, mais il convient d’en relativiser la portée politique12. Nous avons plus affaire à un slogan qu’à une réalité, car les alliances politiques dépassent largement les liens religieux. Il est par ailleurs admis qu’aussi bien les chiites que les sunnites ont combattu lors de la guerre Iran-Irak (1980-1988) selon des critères strictement nationaux13.

     

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  • L’islamisme sunnite #3 : Géopolitique de l’islamisme au XXe siècle

     

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    La crise du monde musulman se poursuit au lendemain de la Première Guerre mondiale1. L’incapacité des leaders arabes de l’époque à établir un État indépendant constitue l’un des facteurs principaux de cette décadence. Elle se traduit notamment par l’abolition du califat en 1924 et par la permanence de la colonisation européenne à travers l’édification des mandats sous l’auspice de la Société des Nations2.

    Durant cette période, certains penseurs émergent et s’inscrivent dans la continuité des réformistes musulmans des décennies précédentes. Tout comme leurs prédécesseurs, ils estiment que le déclin du monde musulman est le résultat du divorce entre la société des musulmans et la réalité de l’islam3. Il paraît donc impératif de revenir à l’islam des origines avec l’idée que l’islam est une religion totale qui couvre tous les domaines de l’existence. Les penseurs du XIXe siècle étaient tout à la fois fondamentalistes et modernistes4. Ils souhaitaient réconcilier l’islam avec la modernité et, pour ce faire, ils ont tenté de relire les textes fondateurs à la lumière de la modernité avec un usage de la raison. De leur côté, les penseurs du XXe siècle ont une lecture plus conservatrice du message divin. D’après eux, il est certes important de revenir aux fondements, mais cela n’implique pas forcément une interprétation moderniste. Ils se limitent le plus possible à la lettre du texte, car la raison est source de déviance. Dès lors, il ne s’agit plus de moderniser l’islam, mais d’islamiser la modernité.

    Tâchons donc d’expliquer dans cette troisième partie les facteurs ayant permis à cette pensée politique de triompher non seulement sur celle de ses ancêtres, mais aussi sur d’autres idéologies comme le panarabisme.

     

    La naissance de l’association des Frères musulmans

    Hassan al-Banna, fondateur des Frères musulmans, publié sur www.bbc.co.uk

    Hassan al-Banna, fondateur des Frères musulmans, publié sur www.bbc.co.uk

    Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le Moyen-Orient poursuit son agonie. Plusieurs associations musulmanes naissent à cette époque, la plus importante étant sans aucun doute celle des Frères musulmans (jamiat al-Ikhwan al-muslimin)5. Cette confrérie est fondée par Hassan Al-Banna6 (1906-1949) en 1928 dans la ville égyptienne d’Ismaïlia7. L’association milite pour l’islamisation de la société par le bas avant de s’accaparer le pouvoir et de créer un véritable État islamique (ad-dawla al-islamiyya)8. Il est intéressant de noter que le terme « dawla » n’est que la retranscription du concept européen d’État9. Les islamistes s’approprient donc un concept européen, étranger à l’islam. Au sein des sociétés musulmanes, il était auparavant d’usage de parler plutôt de califat. Hassan Al-Banna y ajoute toutefois une notion islamique : le respect de la charia, l’ensemble des règles morales et pénales qui régissent la vie d’un musulman.

    Il s’agit donc d’accepter en partie un concept exogène, mais de l’islamiser. Mohamed Ali Adraoui, docteur en science politique, ajoute que la structure des Frères musulmans est aussi directement importée d’Occident10. L’association égyptienne est construite comme un parti politique de masse, portée par une idéologie mobilisatrice de masse11. On retrouve donc bien l’idée de réconcilier l’islam avec la modernité.

    Pour la confrérie, l’islamisation de la société sera le résultat d’une action sociale et politique12. C’est uniquement à travers ces deux vecteurs qu’il sera possible de prendre le pouvoir. Au niveau social, il est important d’éduquer la population à l’aide de la prédication (da’wa), mais les Frères musulmans se distinguent aussi sur le terrain politique. Au début des années 1930, la confrérie participe aux élections et inscrit ainsi son action sur le terrain légal. Durant la décennie suivante, les tensions sont croissantes entre le gouvernement égyptien et les Frères musulmans. À travers son bras armé, l’association organise des assassinats qui débouchent sur une lutte féroce avec les autorités de l’époque13. Par la suite, les activistes du mouvement participent activement à la prise de pouvoir de Gamal Abdel Nasser suite à la Révolution des Officiers libres de 195214. Ils rentreront toutefois rapidement en dissidence avec le Raïs. Sous le règne de ce dernier, les Frères musulmans subiront une importante répression qui durera jusqu’à la mort du leader charismatique égyptien, en septembre 1970. Cette épisode de l’histoire égyptienne permet – pour un temps – au panarabisme de supplanter le panislamisme. Sous Nasser, le nationalisme arabe connaît effectivement ses heures de gloires. Elles seront malgré tout de courte durée.

    De manière concomitante, la répression favorise la radicalisation d’une partie de la base populaire des Frères musulmans qui commence à théoriser l’usage de la force15. Un homme, Sayyid Qotb (1906-1966 – photo ci-dessus), devient le père de la mouvance contemporaine du salafisme djihadiste. Cet ancien journaliste publie durant ses années d’emprisonnement deux livres intitulés À l’ombre du Coran etSignes de piste dans lesquels il théorise la notion de « djihad offensif »16. Il considère qu’aucun compromis avec la société musulmane actuelle n’est possible, puisqu’elle se trouve à l’état d’ignorance (jahiliyya), c’est-à-dire l’état des sociétés pré-islamiques17. Le devoir de révolte contre un État musulman jugé impie est alors obligatoire. Selon lui, l’instauration d’un véritable État islamique n’est possible qu’à l’aide de la violence18 A. C’est à partir de l’œuvre de cet idéologue que le mouvement islamique commence à se fragmenter.

    Principaux groupes armés islamistes sunnites. Cécile Marin : « Les principaux groupes armés islamistes sunnites », publié en février 2015, disponible sur http://www.monde-diplomatique.fr (source Julien Théron).

    Principaux groupes armés islamistes sunnites. Cécile Marin : « Les principaux groupes armés islamistes sunnites », publié en février 2015, disponible sur http://www.monde-diplomatique.fr (source Julien Théron).

    Sayyid Qotb est pendu en 1966, mais ses écrits se propagent à travers toutes les terres d’islam. D’après le politologue Gilles Kepel, la pendaison du penseur islamique entérine définitivement la rupture entre le nationalisme arabe, incarné à l’époque par Nasser, et l’islamisme19. Après la mort de Qotb, le rapport entre les deux idéologies est renversé au profit de l’islamisme qui devient petit à petit la nouvelle utopie mobilisatrice du monde musulman. La publication des écrits du savant égyptien contribue largement à ce phénomène. Le frère de Sayyid, Mohammed Qotb, exilé en Arabie saoudite où il devient professeur, favorise la propagation des idées de son ainé. D’ailleurs, Ayman al-Zawihiri, leader actuel d’Al-Qaïda, fut notamment un des étudiants de Mohammed Qotb20.

    Zawahiri est également l’auteur d’un ouvrage intitulé Chevalier sous la bannière du Prophète où il est plusieurs fois fait référence à Sayyid Qotb. L’apport de Qotb est central pour comprendre les prémisses de l’idéologie islamique. La base doctrinale du salafisme djihadiste est bien évidemment plus large, mais Qotb prend une place toute particulière. Les jalons du salafisme djihadiste étant posés, il ne manque plus qu’un contexte favorable pour que ce mouvement s’impose durablement. Celui-ci adviendra à partir du lendemain de la Seconde Guerre mondiale, à l’heure où la Guerre froide s’intensifie sur le théâtre moyen-oriental.

     

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  • L’islamisme sunnite #2 : Les mouvements réformistes musulmans du XIXe siècle

     

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    Le salafisme est « souvent l’antichambre de la radicalisation, et la radicalisation, elle peut conduire au terrorisme ». Ces mots ont été prononcés par l’actuel Premier ministre français, Manuel Valls, en juin 20151. Autrement dit, une radicalisation religieuse serait souvent le premier pas vers la radicalisation de type violent. Le salafisme devient alors un terme générique illustrant la violence islamique. Si cela est aisément contestable, c’est également historiquement faux.

     

    Au fil des siècles, les penseurs musulmans n’ont jamais cessé de questionner l’islam. Il est vrai qu’après la proclamation de la fin de l’ijtihad (effort d’interprétation des textes sacrés) par Al-Qadir, calife de Bagdad (947-1031) en 1019, la pensée musulmane s’est quelque peu figée2. Il faut véritablement attendre le XIXe siècle pour voir un éveil de la pensée islamique. C’est ce que l’historienne Nadine Picaudou définit comme « le moment moderne » de l’islam3. L’expédition de Napoléon Bonaparte en Égypte (1798-1801) en fut le révélateur4. Depuis cette campagne militaire, des générations successives de théologiens musulmans prennent conscience du retard de leur société par rapport à l’Europe.

    Le choc économique, politique et culturel de la rencontre avec le Vieux Continent conduit en effet certains lettrés à réfléchir aux causes du retard du monde musulman (Dar al-Islam)5. Ils partent de l’idée que les sociétés islamiques6traversent une période de décadence et de léthargie dont elles ne pourront sortir sans une réforme profonde. À l’époque, l’islam est alors perçu comme le levier nécessaire au rattrapage de ces sociétés. Il s’agit d’un islam rationnel, ouvert aux sciences et à la modernité. La chercheuse Sabrina Mervin qualifie ces différents mouvements réformistes comme étant caractérisés par un retour aux écritures (usûl) et par une relecture du dogme en vue de répondre aux exigences du siècle7.

    Le réformisme musulman est donc à l’origine un mouvement étroitement lié aux projets de réformes sociales et politiques, tous élaborés dans le courant du XIXe siècle. Comme les mouvements présentés en première partie, ce courant prend également le nom de « salafisme ». Il paraît donc primordial d’étudier les différents érudits de l’époque pour comprendre le développement du phénomène salafiste. Nous nous consacrerons donc sur le versant sunnite en regardant plus précisément les contextes d’apparition et en soulignant les ruptures et les continuités.

     

    Contexte de l’apparition du réformisme musulman

    Au XIXe, le monde musulman est sur la défensive face à une Europe technicienne et conquérante8. À cette époque, l’image de puissance du monde islamique commence à s’estomper. L’Empire ottoman et la Perse sont à l’agonie. L’intégrité de la Sublime Porte est menacée de l’intérieur par la montée des nationalismes et de l’extérieur par la pression des grandes puissances. L’anarchie gagne la Perse qui finit par être séparée – en 1907 – en zones d’influences entre la Grande-Bretagne et la Russie9. Les principales grandes puissances de l’époque, la France et la Grande-Bretagne, dominent alors le monde musulman en crise. Face à une ingérence occidentale multiforme (militaire, politique, culturelle), le monde musulman a pourtant bien tenté de se réformer10.

    Tout au long du XIXe siècle, la dynastie égyptienne instaurée par Muhammad Ali (1769-1849), les Sultans ottomans, le Shah de Perse Naser Al-Din (1831-1896) ou encore le Tunisien Hussein Bey ont mis en œuvre des réformes au sein des sociétés qu’ils dirigeaient afin de rattraper leur retard sur l’Occident11. Selon l’islamologue libanaise Carla Eddé, cette période est propice à l’émergence de penseurs musulmans qui s’interrogent sur la conduite politique du monde moyen-oriental12. Des auteurs se mettent alors à questionner le retard du monde musulman avec l’ardent désir d’y porter remède. Ils poursuivent l’objectif de penser leur retard afin de résister à l’hégémonie européenne.

    Ces érudits inscrivent leurs réflexions dans le cadre du mouvement de la Nahda(renaissance) qui vise une renaissance culturelle et religieuse ainsi qu’un éveil politique du monde arabe13. Pour les penseurs de l’époque, le colonialisme européen était un phénomène global qui exigeait à son tour une réponse globale de la part des colonisés14. Au sein de la reconfiguration de la pensée de l’époque, deux tendances principales se dessinent.

    Pour certains penseurs, il faut à tout prix élaborer une citoyenneté supérieure aux appartenances religieuses et ethniques15. Cette idée est notamment portée par l’Égyptien Rifa’at Rafa’at Al-Tahtawi (1801-1873), puis par Al-Bustani (1819-1883). Pour d’autres, il faut une réforme religieuse en profondeur puisque le déclin des peuples musulmans est attribué à une dégénérescence de la pratique de la religion16. L’islam devient alors un moyen de résister à la percée européenne17.

    Intéressons-nous plus spécifiquement au courant qui s’efforce, dans le cadre de l’islam, de penser le retard du monde musulman. Il s’agit du mouvement de la salafiyya18. Ce dernier part de l’idée que les sociétés islamiques traversent une période de décadence et de léthargie dont elles ne pourront sortir sans une réforme profonde. D’après lui, un islam rationnel, ouvert aux sciences et à la modernité, est l’outil nécessaire pour sortir de cette agonie19. L’objectif est très clairement celui d’accueillir les éléments ayant permis à l’Occident de progresser, sans pour autant perdre les particularités religieuses et culturelles qui forment l’identité islamique20. Il faut donc mobiliser l’ensemble des peuples musulmans et réformer la religion pour que cette dernière s’adapte à la modernité.

     

    Les penseurs du réformisme musulman

    Cette dynamique réformiste prend le nom de salafisme. Elle est illustrée par des auteurs comme Jamal Eddine Al-Afghani (1838-1898), Muhammed Abduh (1849-1905) et Rashid Rida (1865-1935)21. Selon la professeure d’histoire de l’islam moderne et contemporain, Catherine Majeur-Ajouen, ces trois penseurs constituent la trinité du mouvement réformiste. Bien que ce soit la pensée de ces trois intellectuels qui nous intéresse dans cet article, d’autres auteurs méritent néanmoins d’être cités.

    Sans pouvoir entrer dans les détails, notons l’existence d’Abd Al-Raziq (1888-1966). Cet enseignant à l’université islamique d’Al-Azhar, défend dans son livre « L’islam et les fondements du pouvoir » l’idée que la religion musulmane encourage la séparation du religieux et du politique22. Ou encore Abd Rahman Al-Kawakibi, réformateur de la Nahda dont la pensée se colore à la fois du nationalisme arabe et du panislamisme23. Il est également important de souligner que les réformistes décrits ici sont tous issus du sunnisme24. Selon l’islamologue turc, Tareq Osman, cette école de pensée va toutefois échouer à convaincre la majeure partie de la population musulmane dans son besoin de modernité25.

     

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  • L’islamisme sunnite #1: Wahhabisme et salafisme

     

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    Depuis les attentats survenus à Paris et à Bruxelles, un constat semble implacable : l’islamisme serait l’une des pires menaces qui pèserait aujourd’hui sur la planète. Derrière cette doctrine se cacherait le culte de la violence, le terrorisme, l’obscurantisme et le refus irrationnel de la modernité et de ses valeurs. La région du Moyen-Orient apparaît alors comme la source naturelle de ce mal inextricable et de là ressort l’image d’une Méditerranée frontière de civilisations qui vient alimenter cette « fracture imaginaire »1 entre l’Orient et l’Occident. En effet, le débat autour de l’islam s’inscrit très largement dans une vision culturaliste et essentialiste. Cette idée suppose un rapport immuable entre ce que disent les textes sacrés et le comportement des musulmans à l’égard du politique2. La religion devient ainsi l’unique facteur explicatif du comportement des hommes et des sociétés musulmans. L’islam est alors perçu comme un concept monolithique sans aucune nuance.

    Le dossier dont le présent article est le premier acte avance l’idée contraire; il est impératif de penser l’islam et ses doctrines politiques en tenant compte du contexte historique et social. Dans une saga divisée en quatre épisodes, je propose de remettre en cause le bien-fondé de la psychose généralisée autour du Moyen-Orient et de la religion musulmane. Le but est de donner quelques clés de compréhension pour permettre une meilleure lecture des événements de « cet Orient si compliqué »3. Dans cette première partie, il s’agit de définir avec précision les termes de « wahhabisme » et de « salafisme », deux notions qui reviennent en boucle dans le débat public. Souvent utilisés comme synonymes, ces deux termes sont loin d’être équivalents. Le premier caractérise en effet le courant religieux en vogue dans le royaume saoudien tandis que le second renvoie à une pluralité de sens.

     

    Le wahhabisme

    Le wahhabisme désigne le corps d’une doctrine religieuse puritaine développée par un prédicateur nommé Muhammed Ibn Abdel Wahhab (1703-1792) au sein de la Péninsule arabique lors du XVIIIe siècle. Ce dernier revendique un renforcement des pratiques et des croyances monothéistes. Il appelle à un retour de l’islam des origines en insistant sur la question du dogme (‘aqîda)4. Il constate la déviation de la foi de ses contemporains par rapport à ce qu’il estime être l’orthodoxie sunnite, celle des pieux ancêtres (al-salaf al-salih). Selon lui, les sociétés musulmanes sont retournées à l’état d’ignorance (jahiliyya) similaire à la période qui avait précédé la venue de l’islam5.

    Sa théorie provient de la conception de l’unicité divine (tahwid) qu’il hérite en partie d’Ibn Taymiyya (1263-1328)6. Il ajoute à sa réflexion qu’il ne suffit pas de dire que Dieu est unique, mais il s’agit aussi d’adorer qu’un seul dieu7. L’unicité divine doit donc se traduire dans les actes. En effet, il rejette toute médiation entre le créateur et les croyants, qu’il perçoit comme une association de l’humain à Dieu et donc comme une forme de polythéisme8. C’est au nom de cette obsession que Muhammed Ibn Abdel Wahhab s’oppose au culte des saints à l’époque très présent au sein de l’islam populaire et du chiisme9. D’après lui, l’association(shirk) d’autres entités entre les croyants et dieu est un acte qui mérite l’excommunication (takfir).

    Les préoccupations du prédicateur sont avant tout de nature théologique et visent à une purification du dogme. Sa théologie est donc extrêmement attachée à la lettre des textes sacrés (Coran et la Sunna), les deux seules sources de la loi admises10. Abdel Wahhab refuse alors toute interprétation rationnelle du message divin. Il s’agit donc d’une approche littéraliste qui dénigre tout usage de la raison dans l’interprétation des sources et entend proscrire l’ensemble des innovations blâmables (bid’a) pouvant en découler. Comme les textes sacrés ne sauraient répondre à tous les questionnements contemporains, le wahhabisme accorde une confiance aveugle aux dires et faits accordés au Prophète (hadith)11.

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  • Leçons et conséquences d’un été révélateur : La construction progressive des conditions de pogromes

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    L’été 2016 a été marqué par trois faits de nature différente : un ignoble attentat endeuille le pays le 14 juillet, une loi détruisant le code du travail massivement rejetée par la population et les travailleurs est votée le 21 juillet et un arrêté municipal interdisant l’accès à la plage pour les femmes portant un « burkini » est pris à Cannes, déclenchant en quelques jours une véritable épidémie d’arrêtés similaires dans d’autres villes. Les réactions sociales et les commentaires politiques et médiatiques qui ont suivis ces trois événements constituent un excellent analyseur de l’état de notre société, des contradictions qui la traversent et des intérêts qui s’y affrontent.

     

    « Radicalisation rapide », stratégie de dissimulation et production d’une psychose collective

    Dès le 16 juillet le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve évoque la thèse d’une « radicalisation rapide » du chauffeur meurtrier accompagnée d’une série de précisions angoissantes :

    « Il n’était pas connu des services de renseignement car il ne s’était pas distingué, au cours des années passées, soit par des condamnations soit par son activité, par une adhésion à l’idéologie islamiste radicale […] Il semble qu’il se soit radicalisé très rapidement. En tous les cas, ce sont les premiers éléments qui apparaissent à travers les témoignages de son entourage […] des individus sensibles au message de Daesh s’engagent dans des actions extrêmement violentes sans nécessairement avoir participé aux combats, sans nécessairement avoir été entraînés […] La modalité de la commission de son crime odieux est elle-même nouvelle. » (1)

    La thèse de la « radicalisation rapide » est lourde de conséquences. Elle accrédite l’idée que tous les musulmans sont susceptibles de se transformer rapidement et brusquement en terroriste. Le danger est désormais partout où sont présent des musulmans ou supposés tels. L’heure est donc à la méfiance à chaque fois que l’on croise un musulman réel ou supposé. Bien sûr, on ajoutera systématiquement « qu’il faut veiller à ne pas faire d’amalgame » soulignant ainsi la conscience des effets probables d’une telle thèse.

    Le fait que le profil du tueur soit atypique (au regard de celui que nos médias dessinent depuis des années pour nous aider à repérer les « candidats au djihadisme ») renforce encore la production d’une psychose collective. On ne peut même plus reconnaître un musulman compatible avec la république à des faits simples comme « ne pas fréquenter une mosquée », « ne pas faire le Ramadan » ou « manger du porc ».

    Pendant près de deux semaines, des « experts » se sont succédé sur nos plateaux pour nous convaincre d’un danger multiforme nécessitant une méfiance permanente vis-à-vis de certains de nos concitoyens. La perle pour les spécialistes revient une nouvelle fois à Mohamed Sifaoui présenté par BFM TV comme « journaliste spécialiste du terrorisme islamique », qui estime que la radicalisation peut-être « instantanée » :

    « elle peut s’accomplir [la radicalisation] le jour même de l’attentat; car il est dit par les idéologues islamistes que l’attentat kamikaze, l’attentat martyre fait pardonner l’ensemble des péchés. » (2)

    Mais ce « spécialiste » ne se contente pas d’accélérer à l’extrême la rapidité de la radicalisation, il appelle dans la même émission ses confrères à ne pas chercher à comprendre le comportement du tueur à partir d’une « rationalité occidentale ».

    Nous avons donc à faire à des individus qui ne fonctionnent pas ni ne raisonnent comme nous. Ils sont extérieurs à notre monde, non produits par lui et inexplicables rationnellement. C’est ainsi que se construit une psychose collective qui élimine une partie de la population du « Nous » social. Or à chaque fois qu’il y a des processus d’exclusion d’un « Nous » social, il y a autorisation au passage à l’acte. Les conditions de possibilité d’un pogrom se réunissent par ce type de processus.

    Mais Mohamed Sifaoui ajoute un argument de taille : la stratégie de dissimulation. « La dissimulation est une technique que l’on apprend dans des manuels qui sont distribués par Daesh » développe-t-il dans la même émission. La thèse de la « préméditation dissimulée » s’ajoute immédiatement à celle de la « radicalisation rapide ».

    Le procureur de la république de Paris, Louis Molins, déclare dans une conférence de presse le 21 juillet qu’« il apparaît que Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a envisagé son projet criminel plusieurs mois avant son passage à l’acte ». (3) Il annonce également la mise en détention provisoire de cinq suspects soupçonnés de complicité. Sans attendre de précisions les média dominants s’emballent. Les téléspectateurs et les lecteurs des grands médias apprennent un nouveau mot arabe : « La Taqiya ».L’hebdomadaire Mariane titre « Taqiya : la dissimulation comme nouvelle arme de guerre » en expliquant en chapeau d’article :

    « Certains terroristes l’utilisent comme stratégie pour passer sous les radars des renseignements, d’autres s’en servent comme un alibi pratique pour continuer de mener leur vie d’occidentalisés : dans tous les cas, la taqiya – l’art de la dissimulation – est prônée par l’Etat islamique pour ces « soldats de Dieu ». Enquête  ». (4)

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  • Déchainement médiatique en France au sujet du Burkini


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    Cela marche à fond, le ridicule ne tue pas.

    Désigner un bouc émissaire est payant. Une pause estivale où tout le monde est découragé par les morts et les attentats, une rentrée sociale difficile qui se profile : le moment est bien choisi. Pour les médias, cela fait vendre du papier, qu’on soit pour ou contre l’interdiction du maillot couvrant, tout le monde a une opinion. Ce n’est pas compliqué, il n’y a pas de données économiques ou géostratégiques à comprendre.

    Le tourisme est en baisse, cela fait parler de son bout de plage française, au risque de se couvrir de ridicule à l’étranger et de voir, plus tard, fuir les mêmes touristes.

    Pour le moment, les affaires marchent. On ne parle plus de la politique guerrière de François Hollande après Nice. Manuel Valls se faisait huer? Il récupèrera des sympathisants en faisant des déclarations sur les « valeurs de la république » sans se soucier des libertés. Cela fait même oublier un peu le 49.3, la loi travail et le fait que Emmanuel Macron ne soit pas de gauche.

     

    Faire le jeu de la droite et des vrais extrémistes.

    Les élections approchent à grands pas et la menace « front national » se précise. Il est temps pour tout le monde, gauche et droite confondues, de grignoter de l’électorat de droite. Et cela plait, il suffit de voir à quel point le débat est suivi. Cela fait hélas aussi le jeu de Daesch qui peut encore plus facilement présenter les musulmans comme victimes de l’Occident décadent. «Pas d’amalgame» est loin. On mélange tout, il en sortira bien quelque chose.
     

    La laïcité

    La laïcité est devenue une nouvelle religion qui interdit toute distinction religieuse. Enfin, exclusivement vis à vis des musulmans. On n’a jamais verbalisé le port d’une croix au cou ou de la soutane. Mais il s’agit de femmes musulmanes, on se déchaine pour savoir ce qu’elles doivent porter. On exige l’assimilation, qui tend à faire disparaitre toute particularité religieuse ou culturelle, alors que l’intégration est respectueuse de tous.
    Pour les « nouveaux réactionnaires », la laïcité est devenue un instrument d’oppression des classes populaires musulmanes, qui font pourtant aussi partie de notre histoire européenne. Elles ont versé leur sang durant la plupart des guerres occidentales du 20ème siècle, elles ont participé à l’essor industriel de ces 100 dernières années en tant que travailleurs immigrés. Ce qu’on leur demande aujourd’hui, c’est de se rendre « invisibles » au nom de la laïcité. On oublie que la laïcité est avant tout la liberté de culte pour chacun et la recherche rationnelle du bien commun.
     

    Les valeurs de l’occident

    Les valeurs de l’occident seraient égratignées par quelques femmes voulant se baigner habillées?  La France, imprégnée des idées du siècle des lumières, a bien possédé des esclaves et a colonisé l’Afrique les armes à la main. Massacres de masse, enfumage des villages qui résistaient, têtes coupées exhibées en Algérie. Deux guerres mondiales. On massacre au gaz dans les tranchées, on envoie les « indigènes » se battre en première ligne, on fusille. Après ces périodes tragiques, rien n’est fini : massacres de Sétif et de Madagascar en 1947. Guerre d’Indochine. Plus proche de nous, interventions en Côte d’Ivoire, Irak, Mali, Centrafrique, Libye, Syrie. Laurent Fabius ira jusqu’à déclarer que Al Nosra y fait du bon travail. Parler des valeurs de l’Occident en ne prenant que des morceaux choisis et en oubliant les épisodes moins glorieux, c’est un peu facile.
    En matière de droit des femmes, on feint d’ignorer le nombre de victimes de violences conjugales en France, l’inégalité des salaires entre hommes et femmes et la composition aux trois-quarts masculine de nos gouvernements et conseils d’administration. On évite aussi de rappeler des cas comme celui de Dominique Strauss Khan qui avait pourtant trouvé des camarades de gauche pour le défendre. Enfin, l’héritage chrétien n’est pas vraiment un exemple en ce qui concerne l’égalité des sexes.
     

    La libération des femmes par la mode

    En 1958, on a organisé un dévoilement forcé en Algérie. Cela devait servir, entre autre, à mettre en scène les « bienfaits » du pouvoir français alors sur le déclin. En réaction, des algériennes qui ne portaient pas le voile se sont mises à s’en couvrir. Ceux qui prétendent «libérer» la femme musulmane ne se posent même pas la question de savoir si elles ne choisissent pas elles-mêmes leur manière de se vêtir.  Les croire totalement soumises au dictat de leurs maris-pères-et-frères est une méconnaissance totale du fonctionnement de ces familles. Enfin, vouloir libérer les femmes en les prenant d’emblée pour des idiotes est une démarche affreusement patriarcale.
     
    Prétendre ensuite que le petit maillot, bikini ou string sont des signes de libération, relève de la fantaisie la plus totale. Surtout lorsqu’on analyse les campagnes en faveur des régimes, épilations et produits de bronzage qui peuplent les magazines au printemps, afin de pouvoir présenter un corps parfait dans ce fameux mini bout de tissu. Parmi ces campagnes publicitaires, beaucoup présentent une image lamentable de la femme, déguisée, soumise à des clichés ou placée dans des situations qui suggèrent le sado-masochisme. La mode occidentale n’est pas exempte d’asservissements. Les talons hauts, jugés «sexy» par exemple : rappelons le cas de cette jeune femme licenciée (1) pour avoir refusé d’en porter au travail. Les hôtesses (de l’air, d’accueil…) ont l’obligation d’être maquillées. Ces exigences sont à l’évidence beaucoup plus connotées sexuellement que le port de la cravate et du costume pour les hommes.
     

    Nous n’avons pas de leçons à donner. Il est grand temps de remettre le respect des différences au centre de nos débats, d’ apprendre à vivre la diversité des cultures et des choix spirituels. Les paroles racistes, en particulier contre les musulmans et les immigrés sont de plus en plus nombreuses. A force de les désigner comme « bouc émissaire », on finira par oublier que nous devons rester unis contre les véritables responsables du démantèlement de nos acquis sociaux, des guerres et de la pauvreté.

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    (1) Nicola Thorp, une intérimaire londonienne de 27 ans , fut renvoyée chez elle sans salaire au motif qu’elle ne portait pas de talons hauts. «On attendait donc de moi de travailler neuf heures d’affilée debout à accompagner les clients en salle de réunion. Je n’aurais tout simplement pas été capable de faire cela en talons !»
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  • Samia Yusuf Omar, tragique héroïne des temps modernes

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    Samia Yusuf Omar, tragique héroïne des temps modernes

    En publiant aux éditions "La Boîte à bulles" sa bande dessinée « Rêve d'Olympe » qui rend hommage à Samia Yusuf Omar, le dessinateur Reinhard Kleist entend « contribuer à maintenir notre conscience éveillée».

    Samia Yusuf Omar est cette jeune sprinteuse somalienne qui lors des Jeux olympiques de Pékin, en 2008, défilait fièrement sous les couleurs de son pays pendant la cérémonie d'ouverture.

    C''est elle aussi qui, loin des premières, finissait dernière de sa série du 200 mètres, mais remportait la plus belle des victoires, celle d'un stade qui l'ovationnait pour son courage exemplaire et sa ténacité.

    Cependant le retour fut rude pour Samia dans un pays gangrené par le fanatisme des islamistes shebabs. Il fallait s'entraîner la nuit ou à l'abri des regards car les milices religieuses considéraient que la femme « pudique » doit se cacher sous une prison de toile.

    Elle a risqué sa vie pour sa passion.

    Pour échapper au carcan qui enserrait sa vie de femme et d'athlète, elle a tenté de traverser la mer sur un rafiot des passeurs.

    Samia est morte lors d'un naufrage en 2012, noyée dans la Méditerranée et dans l'indifférence.

    Samia n'aurait que 25 ans aujourd'hui, l'âge de participer à nouveau aux 200 mètres des jeux de Rio.

    Le Comité olympique a eu l'heureuse idée d’intégrer une délégation de réfugiés dans les épreuves olympiques 2016 : c'est rendre justice à des sportifs valeureux.

    Le MRAP en appelle aux commentateurs des chaînes de télévision, pour que lors des épreuves de 200 mètres féminins, soit évoquée la mémoire de Samia Yusuf Omar qui fait partie de la grande légende de l’athlétisme et de l’histoire dramatique des migrants.

    Paris, le 9 août 2016

    Le document complet est ici

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