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L’Afrique n’est pas condamnée au néo-colonialisme


( ou les africains aident les français à survivre dans cette crise……)

 

Résumé.

Les pays occidentaux ont été contraints de donner l’indépendance aux pays africains dans les années 1960, mais grâce au libéralisme, toutes les avancées favorables au bien-être des populations et à un développement des pays africains ont été stoppées par la nécessité de rembourser plusieurs fois la dette que les États avaient contactée dans les années 1970. Les institutions internationales se sont fait les mandataires des anciennes puissances coloniales et de leurs multinationales pour remettre l’Afrique sous leur dépendance. Comme les Occidentaux, les pays émergents qui interviennent en Afrique y défendent les intérêts de leurs entreprises, mais ils semblent plus respectueux des souverainetés nationales. L’Afrique dont les atouts ne sont pas négligeables décollera en exploitant les contradictions entre les capitalistes des pays occidentaux et ceux des pays émergents, elle doit s’appuyer également sur les mouvements d’émancipation des pays développés.

 

Introduction

Chaque pays doit se spécialiser dans ce qu’il sait mieux faire, disait l’économiste libéral David Ricardo (1772-1823)[1]. C’est ce qu’a fait le Ghana, premier producteur du monde de cacao, après 1957, date de son indépendance, mais dans les années 1980, le prix du cacao a été divisé par deux. Le FMI appelé à l’aide a tout de suite trouvé la solution : un plan d’ajustement structurel. Il faut privatiser, a dit le FMI. Et exporter, mais les pays voisins ayant eu la même ordonnance, le Nigeria, le Cameroun, et surtout la Côte d’Ivoire, le prix du cacao a encore été divisé par deux. La dette publique a alors augmenté. Alors que le Ghana produisait autrefois son propre riz, il est maintenant obligé de l’acheter aux Etats-Unis[2].

Le monde occidental et spécialement l’Europe manquent de matières premières. Sans elles, le capitalisme n’aurait pas pu se développer. L’Afrique est donc habituée aux exportations. Les colonisateurs avaient installé des infrastructures non pour développer leurs colonies, mais pour en tirer le maximum, c'est à dire s’accaparer ou vendre les richesses que leur terre produisait. Le FMI et la Banque mondiale contraignent les pays africains à avoir un budget en équilibre, mais cela ne les change pas beaucoup de l’époque coloniale. Les deux puissances coloniales qu’étaient la France et le Grande Bretagne se refusaient à des plans de développement qui auraient obligé à puiser dans les fonds métropolitains[3].

Nous avons résumé l’histoire du Ghana depuis l’indépendance. Est-elle particulière à un pays ou est-ce le lot commun de tous les pays africains au sud du Sahara ?

En 1960, la France a accepté la solution de l’indépendance, parce qu’en conservant ses colonies dans l’Union française, elle aurait été obligée d’accepter l’égalité des avantages sociaux avec la France. La Grande Bretagne avait fait le calcul que les colonies lui coûtaient plus qu’elles lui rapportaient. Par ailleurs, la seule existence de l’Union soviétique et des pays socialistes refreinait les velléités de ceux qui auraient voulu employer la force.

La différence avec l’époque coloniale est que les Occidentaux n’administrent plus les pays directement. Ils laissent des gouvernements formés de locaux s’en occuper, ce qui n’empêche pas « la communauté internationale », c'est à dire l’Occident de se mêler des affaires des pays africains si les décisions qu’ils prennent ne sont pas conformes à ses intérêts. Laurent Gbagbo est en prison à Scheveningen pour s’être opposé à la France, il est intéressant de noter que huit enquêtes sont en cours, concernant l’Ouganda, le RD Congo, le Centrafrique, le Soudan, le Kenya, la Libye, la Côte d’Ivoire et le Mali mais que le procureur n’a pas ouvert d’enquête ni en Afghanistan, ni en Colombie, ni en Géorgie ni au Honduras, bien qu’il en ait examiné la situation[4].

En fait la décolonisation a apporté un plus aux pays colonisateurs puisqu’ils n’ont plus de frais à engager. Quant à la gestion, elle est étroitement contrôlée par le FMI et la Banque Mondiale. Ce n’est plus un pays qui gère sa colonie mais les transnationales du monde entier qui gèrent l’Afrique. Les grands pays émergents ont même réussi à se tailler une part, mais nous verrons que leurs méthodes diffèrent de celles des anciennes puissances colonisatrices.

A l’époque de l’indépendance, certains hommes politiques africains ont pu croire que l’indépendance serait réelle, mais ils ont été rapidement éliminés, Lumumba au Congo ex-belge après deux mois, Sylvanus Olympio en 1963 lors d’un putsch après un an de présidence du Togo, Kwamé N’krumah  au Ghana en 1966, Modibo Kéita au Mali est renversé par un putsch en 1968 et meurt en détention en 1977, Sekou Touré en Guinée meurt de maladie en 1984, mais il s’était déjà rapproché des idées libérales. Plus près de nous, Thomas Sankara est assassiné lors d’un putsch après avoir été pendant quatre ans président du Burkina Faso. Il reste un modèle pour beaucoup d’Africains car il avait lutté avec succès contre les maux qui rongent l’Afrique, contre la corruption, l’éducation et la santé pour tous, l’émancipation des femmes[5]. Son projet de développement autocentré a peut-être été la cause de son assassinat, car le refus du libre-échange allait à l’encontre des intérêts des multinationales, c’est grâce à lui qu’ils bâtissent des fortunes colossales en Afrique et ailleurs aussi.

Pourtant avec d’autres leaders même plus accommodants avec l’ancien colonisateur, l’Afrique aurait pu se développer. Mais la « communauté internationale » a trouvé une méthode imparable, la dette publique pour domestiquer les dirigeants des anciennes colonies dont l’indépendance est très formelle.

L’Afrique est-elle sortie maintenant de cette spirale infernale qui a débuté dans les années 1970 ? C’est ce que nous allons étudier. Nous examinerons aussi si après la traite négrière et la colonisation, l’Afrique est condamnée éternellement au sous-développement ou s’il existe des possibilités d’une renaissance africaine.


1. La dette publique

 

Le citoyen occidental pense que le Nord est bien généreux, avec les programmes d’aide et de développement. Mals c’est le contraire qui se passe en réalité ! C’est le Sud qui enrichit les classes dominantes du Nord : la dette qu’il rembourse est 10 fois plus élevée que l’aide reçue, à cause des taux d’intérêt abusifs, 5 ou 7 fois plus forts que sur le marché financier, au motif que ce sont des prêts «risqués». En 2003, l’aide publique au développement fournie par les pays industriels du Nord aux 122 pays du tiers-monde s’est élevée à 54 milliards de dollars. Durant la même année, ces derniers ont transféré aux banques du Nord 436 milliards de dollars au titre du service de la dette.

 

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[1] David Ricardo. Principes d’économie politique et de l’impôt.

[2] François Ruffin : « Contre le FMI, le triomphe des insoumis » in Fakir, N° 60, avril-mai-juin 2013.

[3] Frederick Cooper. L’Afrique depuis 1940, p. 34.

[4] Pascal Aurault : « Cour pénale internationale, Gbagbo ou le bénéfice du doute » in Jeune Afrique, 9 au 17 juin 2013, pp. 10-12.

[5] http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2007-10-15-Thomas-Sankara-l-homme-integre/

 

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