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Les États-Unis ne sont plus une démocratie, mais plutôt une oligarchie

 

Une étude de l'université de Princeton affirmait récemment que les États-Unis n'étaient plus une démocratie, mais plutôt une oligarchie.

 

Martin Gilens et Benjamin I. Page, "Testing Theories of American Politics : Elites, Interest Groups, and Average Citizens", Perspective on Politics, vol. 12, n° 3, septembre 2014, p. 564-581.

 

Chercheurs US:

les Etats-Unis ne sont plus une démocratie

Publié le 29 avril 2015 par José Pedro

SOCIÉTÉ

27.04.2015  (mis à jour 27.04.2015)

Des scientifiques de deux universités américaines sont arrivés à une conclusion choquante: les Etats-Unis ne sont pas dirigés par le peuple, mais par des oligarques.

Ce verdict est celui de Martin Gilens, de l’université de Princeton, et Benjamin Page, de l’université Northwestern, au terme d’une étude intitulée "Qui dirige l’Amérique ?". Selon eux, le système politique du pays s'est transformé ces dix dernières années en oligarchie, où le pouvoir est concentré entre les mains d'une élite.

Les chercheurs ont compilé les données relatives à plus de 1.800 décisions politiques prises entre 1981 et 2002. Ils ont comparé ces décisions aux préférences exprimées par les Américains à revenu moyen et par les 10% des Américains les plus riches. Leur conclusion: le gouvernement, qu’il soit Républicain ou Démocrate, suit le plus souvent les préférences du second groupe que du premier.

"Les Américains ont accès à de nombreux avantages du système démocratique, comme des élections régulières, la liberté de parole… Cependant, à notre avis, si le processus de conception de la politique se trouve sous le contrôle d’un cercle étroit de businessmen, alors la prétention de l’Amérique à une société démocratique est menacée", estiment les chercheurs.

"La conclusion clé est que l’élite économique et les groupes représentant les intérêts du business ont une influence significative sur la politique du gouvernement, indique l’étude. Alors que les associations et les citoyens lambda exercent une influence dérisoire, voire tout à fait nulle".

Les chercheurs estiment que les décisions du gouvernement américain s’alignent rarement sur les préférences de la majorité des Américains, mais favorisent généralement les intérêts particuliers et des organisations de lobbying: "En règle générale, quand une majorité de citoyens n’est pas d’accord avec les élites économiques et/ou des lobbies, ils perdent".

Selon MM Gilens et Page, les Américains ordinaires peuvent espérer que leurs intérêts politiques seront pris en compte uniquement s’ils coïncident avec ceux de l’élite politique. Ceci constitue selon les deux chercheurs un processus de long terme, ce qui fait qu’il est difficile pour les Américains de le remarquer, et encore plus de modifier cet état de fait. 

http://laosophie.over-blog.com/2015/04/chercheurs-us-les-etats-unis-ne-sont-plus-une-democratie-mais-une-oligarchie-comme-en-europe.html

 

Les États-Unis,

« la plus grande oligarchie du monde »

étude de l’Université de Princeton

AC - Solidarité Internationale PCF

Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

« Les États-Unis, la plus grande oligarchie du monde » : ce sont des chercheurs de l'université de Princeton qui le disent !

Prompts à railler les « oligarques » russes, la « dictature » chinoise, nos médias occidentaux ne tarissent pas de poncifs tout faits pour la « première démocratie du monde » américaine. Une idée reçue balayée par une étude réalisée au sein de la vénérable université de Princeton révélant la réalité de l’oligarchie américaine.

Qui gouverne aux Etats-Unis ? Quel type de régime connaît la première puissance mondiale ? Le discours de la Guerre froide nous imprègne tellement qu’il nous est difficile de ne pas répondre : une démocratie.

Le sens des mots étant dévoyé, il convient de rappeler qu’une démocratie est un régime où – si on reprend la définition classique du président américain Lincoln – il y a « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».

Le contraire de démocratie n’est donc pas dictature (idéologie de Guerre froide oblige) mais bien oligarchie. Il peut donc très bien y avoir des « dictatures du peuple » et des « oligarchies constitutionnelles ».

La question prend une nouvelle tournure avec l’étude réalisée par un universitaire de Princeton Martin Gilens, assisté d’un autre professeur de Northwestern university Benjamin Page : « Testing theories of American politics : elites, interest groups and average citizens ».

Pour simplifier, ce travail vise à répondre à la question qui divise la science politique américaine depuis un demi-siècle :

Thèse 1 – les Etats-unis sont une démocratie caractérisée par le pluralisme, où les intérêts privés concordent avec l’intérêt général, le gouvernement de la majorité avec le respect des minorités – thèse dite de la « démocratie électorale majoritaire » ou du « pluralisme majoritaire ».

Thèse 2 – Les Etats-Unis sont une oligarchie caractérisée par un « pluralisme biaisé » où certains groupes d’intérêts, les élites économiques, ont le pouvoir d’influencer la politique américaine dans le sens de leurs intérêts particuliers, au détriment de l’opinion de la majorité.

Si la première thèse a été majoritaire pendant toute la Guerre froide, synthétisée par Robert Dahl, la seconde résumée par C. Wright Mills pointant la « Power elite » américaine, reprise récemment par Michael Parenti dans sa « Democracy for the few » se révèle de plus en plus pertinente au vu de l’évolution de la politique américaine depuis trois décennies.

La méthode du professeur Gilens consiste concrètement à étudier 1 779 cas entre 1981 et 2002 où il est possible à la fois d’obtenir des sondages sur l’avis de la majorité des Américains, de l’élite économique et des groupes d’intérêts les puissants (avant tout économiques), et de mesurer combien l’adoption d’une loi sur ce sujet, ou son blocage, reflète les intérêts de tel ou tel groupe social.

Ces projets de loi, changements de politique ont avant tout trait aux questions économiques et sociales – principalement autour de nouveaux impôts, d’exonérations fiscales, ou de réformes des systèmes sociaux – mais aussi sociétales – port d’armes, peine de mort, avortement.

 Impuissance du peuple américain, toute-puissance de l’élite économique

Tout d’abord, l’étude part de l’étude des motivations des trois acteurs étudiés (la majorité des Américains, l’élite économique, les groupes d’intérêts) et constate que les motivations des « groupes d’intérêts », avant tout liés au patronat américain, à l’élite économique, sont souvent opposées à celles de la majorité de la population américaine.

 Qui l’emporte ?

Laissons parler les chercheurs : « l’impact estimé des préférences de l’Américain moyen tombe à un niveau insignifiant, proche de zéro. Ce n’est pas que les citoyens ordinaires n’ont pas seuls un pouvoir important sur les décisions politiques, ils n’ont en fait aucune influence du tout.

 En revanche, les élites économiques ont un impact important, significatif, indépendant sur les politiques menées. De la même façon, les groupes d’intérêt organisés se révèlent avoir une influence substantielle sur les politiques poursuivies ».

Cette affirmation, les chercheurs américains le justifient par un calcul simple : si on neutralise les motivations de l’élite économique, l’impact de l’opinion populaire sur l’adoption d’un changement de politique est nul.

Que les citoyens approuvent massivement un projet de loi (à 90 %), ou qu’ils le rejettent tout aussi massivement (10 % d’adhésion), la probabilité que ce projet devienne une loi est de l’ordre de 30 %.

Dans l’autre sens, si les élites économiques sont massivement opposées (10 % d’adhésion) à un changement de politique (ex : de nouveaux impôts pénalisant les riches), celui-ci n’a que très peu de chances – pas plus de 5 % – d’être adopté.

Si les élites économiques apportent un soutien massif à un projet (plus de 90 %), comme par exemple ceux portant sur des exonérations fiscales, la probabilité que ce changement politique soit acté dépasse les 50 %.

Une démocratie pour les riches

Les chercheurs nuancent l’idée : « cela ne signifie pas que le citoyen moyen perd systématiquement dans ce système ». Et ils donnent deux exemples, illustrant bien le biais en faveur des plus riches :

 1 – « quand les préférences des citoyens moyens sont conformes à celles des élites économiques, alors les citoyens moyens obtiennent ce qu’ils veulent, même si ils ne sont pas à l’origine de la victoire ».

Quand la bourgeoisie américaine est arrivée à imposer ses préoccupations à la majorité de la population (ex : la propagande sur les baisses d’impôt, sur les fraudeurs à la Sécurité sociale), le peuple peut gagner une victoire. Prime à l’idéologie ultra-libérale !

... Même si les chercheurs rappellent que « les questions sur lesquelles élites économiques et citoyens ordinaires sont en désaccord restent importantes : restrictions commerciales, politiques fiscales, réglementation sur les entreprises, avortement, religion – et les pertes politiques enregistrées par les citoyens sont loin d’être anodines ». Pour le moins !

 2 – les chercheurs notent que le système politique américain basé sur le fédéralisme, la séparation des pouvoirs, le bi-caméralisme « introduit un certain biais au statu-quo ».

« Quand des majorités politiques sont en faveur du statu quo, s’opposent à un changement de politique, elles peuvent arriver à leurs fins. Mais quand ces mêmes majorités – même très largement – veulent le changement, elles risquent de ne pas l’obtenir ».

Ainsi, quand une majorité de la population veut un changement de politique concret, elle n’obtient gain de cause que 30 % des cas. Même quand il s’agit d’une majorité écrasante (plus de 80 % d’adhésion), le taux d’adoption d’un projet de loi ne dépasse pas 43 %. Prime au conservatisme !

 Les limites de l’enquête, une sous-estimation ... du pouvoir des 1 % !

 Les chercheurs sont eux-mêmes lucides sur les limites de leur enquête.

En premier lieu, leur définition d’un côté peut-être trop extensive de la définition d’ « élites économiques » : 10 % les plus riches en termes de revenus un chiffre qui pourrait être réduit à 1 %, ou au 1 % des détenteurs de patrimoine.

Deuxièmement, la définition peut-être trop restrictive des « groupes d’intérêt » réduite ici à une trentaine de groupes de pression, là où des centaines influencent la vie politique américaine, locale ou nationale.

Paradoxalement, cette auto-critique irait plutôt dans le sens, dans cette enquête, d’une minimisation du pouvoir des plus riches, de l’élite économique sur les décisions politiques. Une analyse plus fine révélerait sans doute des corrélations plus directes entre certains acteurs et les décisions prises.

Ce qui est certain pour les responsables de l’enquête, c’est que la majorité de la population n’a et n’aurait de toute façon aucune influence sur le processus politique.

C’est la conclusion à laquelle arrivent les chercheurs sur l’avenir de la démocratie en Amérique : « d’une part, ce que nos chiffres révèlent, c’est que la majorité ne gouverne pas aux Etats-Unis. Quand une majorité de citoyens est en désaccord avec les élites économiques, elle perd ».

Selon les auteurs, en guise de conclusion : « nous pensons que si le processus de décision politique est dominé par de puissantes organisations patronales et un petit nombre d’Américains très riches, alors les prétentions de l’Amérique à être une société démocratique sont sérieusement menacées ».

On se souvient des mots de Lénine, dans l’Etat et la Révolution : « La société capitaliste nous offre une démocratie plus ou moins complète. Mais cette démocratie est toujours confinée dans le cadre étroit de l’exploitation capitaliste et, de ce fait, elle reste toujours, quant au fond, une démocratie pour la minorité, uniquement pour les classes possédantes, uniquement pour les riches ».

On pourrait citer également l’avertissement de Thomas Jefferson à la fin de sa vie, en 1825, dans une lettre à William Branch Giles :

« Il y a désormais des parvenus, qui n’ont que mépris pour les valeurs démocratiques de 1776, et qui ont acquis un pouvoir formidable : ils visent désormais à être une aristocratie, basée sur le pouvoir des institutions bancaires et des grandes entreprises, se drapant derrière leurs succès dans l’industrie et le commerce pour mieux dominer le travailleur spolié et le paysan paupérisé ».

Au vu de la situation de la démocratie en Amérique, combien les analyses de Lénine et les inquiétudes de Jefferson sont vérifiées aujourd’hui : dernière le vernis démocratique, la même domination étriquée et plus puissantes des plus riches, d’une infime minorité ! 

Voir le document d’origine sur le site de l’Université de Princeton : 

http://www.princeton.edu/~mgilens/Gilens%20homepage%20materials/Gilens%20and%20Page/Gilens%20and%20Page%202014-Testing%20Theories%203-7-14.pdf

https://histoireetsociete.wordpress.com/2014/04/23/les-etats-unis-la-plus-grande-oligarchie-du-monde-etude-de-luniversite-de-princeton/

 

Les Etats-Unis sont un régime oligarchique,

constatent des chercheurs américains

25 avril 2014 / Elisabeth Schneiter (Reporterre)

 L’analyse détaillée de centaines de décisions gouvernementales des Etats-Unis ont conduit des chercheurs en science politique à montrer que les riches imposent leurs choix dans les politiques publiques.

Les chercheurs Martin Gilens, de l’université de Princeton, et Benjamin Page, de l’université Northwestern, se sont posé la question de savoir qui dirige les États-Unis. Ils constatent qu’au cours des dernières décennies le système politique de l’Amérique est progressivement passé de la démocratie à l’oligarchie.

  Lien vers l’étude intitulée Testing Theories of American Politics : Elites, Interest Groups, and Average Citizens.

Les chercheurs ont analysé les données relatives à plus de 1800 décisions politiques prises entre 1981 et 2002. Ils ont comparé ces décisions aux préférences exprimées à leur propos par les Américains à revenu moyen et par les 10 % les Américains les plus riches. Ils constatent que le gouvernement, qu’il soit Républicain ou Démocrate, suit le plus souvent les préférences du dernier groupe que du premier.

« Le point central qui se dégage de notre recherche, expliquent les deux chercheurs, est que les élites économiques et les groupes organisés qui représentent des intérêts commerciaux ont un impact important sur la politique du gouvernement des États-Unis, tandis que les groupes d’intérêt qui représentent la masse et les citoyens ordinaires ont peu ou pas d’influence. »

Les chercheurs ont conclu que les décisions du gouvernement américain s’alignent rarement sur les préférences de la majorité des Américains, mais favorisent les intérêts particuliers et des organisations de lobbying : « En règle générale, quand une majorité de citoyens n’est pas d’accord avec les élites économiques et /ou des lobbies, ils perdent. »

Les positions des lobbies puissants ne correspondent « pratiquement jamais aux préférences des citoyens moyens », mais la vision politique des Américains moyens et celles des Américains riches se chevauchent parfois. Il s’agit d’une coïncidence, dit le rapport, et ce n’est que lorsque les intérêts des Américains moyens servent aussi ceux des plus riches, qu’ils ont gain de cause.

Ce développement est bien plus ancien que les récentes décisions de la Cour suprême (Citizens United en 2010 ou la décision d’avril McCutcheon/FEC) : celles-ci, en déclarant inconstitutionnelles les lois qui limitent le montant qu’une personne peut donner à la campagne d’un candidat, donnent encore plus d’influence à l’argent en politique. Comme les données remontant aux années 1980 le suggèrent, c’est une tendance ancienne agissant à long terme, et qui est donc difficile à percevoir pour la plupart des gens.

 Lire aussi : Les millionnaires réunis à Davos reconnaissent que les riches nuisent à la démocratie. http://www.reporterre.net/Les-millionnaires-reunis-a-Davos

http://www.reporterre.net/Les-Etats-Unis-sont-un-regime

 Article

Testing Theories of American Politics : Elites, Interest Groups, and Average Citizens

Martin Gilens and Benjamin I. Page 

Abstract

 

Each of four theoretical traditions in the study of American politics—which can be characterized as theories of Majoritarian Electoral Democracy, Economic-Elite Domination, and two types of interest-group pluralism, Majoritarian Pluralism and Biased Pluralism—offers different predictions about which sets of actors have how much influence over public policy: average citizens; economic elites; and organized interest groups, mass-based or business-oriented.

A great deal of empirical research speaks to the policy influence of one or another set of actors, but until recently it has not been possible to test these contrasting theoretical predictions against each other within a single statistical model. We report on an effort to do so, using a unique data set that includes measures of the key variables for 1,779 policy issues.

Multivariate analysis indicates that economic elites and organized groups representing business interests have substantial independent impacts on U.S. government policy, while average citizens and mass-based interest groups have little or no independent influence. The results provide substantial support for theories of Economic-Elite Domination and for theories of Biased Pluralism, but not for theories of Majoritarian Electoral Democracy or Majoritarian Pluralism.

Martin Gilens is Professor of Politics at Princeton University (mgilens@princeton.edu). His research examines representation, public opinion, and mass media, especially in relation to inequality and public policy. Professor Gilens is the author of Affluence & Influence: Economic Inequality and Political Power in America (2012, Princeton University Press). Benjamin I. Page is Gordon S. Fulcher Professor of Decision Making at Northwestern University (b-page@northwestern.edu). His research interests include public opinion, policy making, the mass media, and U.S. foreign policy. He is currently engaged in a large collaborative project to study Economically Successful Americans and the Common Good. For helpful comments the authors are indebted to Larry Bartels and Jeff Isaac, to the anonymous reviewers from Perspectives on Politics, and to seminar participants at Harvard University and the University of Rochester.

http://journals.cambridge.org/action/displayAbstract?fromPage=online&aid=9354310

 

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Jean-Claude Beurrier

jeanclaude.beurrier@free.fr

« Il est dans la nature de l'homme d'opprimer ceux qui cèdent

et de respecter ceux qui résistent. »

Thucydide

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