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Brexit - Page 2

  • Brexit / UE : des xénophobes des deux côtés


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    Toute la presse ne parle que du Brexit et les opposants anglais à l’Union européenne sont présentés comme des nationalistes, racistes, anti-migrants. Sans doute à juste titre. Mais l’Union est-elle vertueuse pour autant?

     

    Sans entrer dans les aspects socio-économiques de la vision ultra-libérale européenne, qui mériteraient de bien plus longs développements, voyons qui va présider le Conseil de l’Union en ce moment.

    Le 1er juillet, la Slovaquie prendra la présidence du Conseil de l’Union européenne, et cela pour six mois. Le président du Conseil de l’UE sera donc Roberto Fico.

     

    Portrait d’un homme pas très sympathique 

     

    Roberto Fico commence sa carrière au parti communiste, en 1987, mais très vite il passe chez les sociaux-démocrates avant de fonder son propre parti Direction – Social-démocratie (SMER-SD).

    Il se lance dans une carrière politique aux alliances fluctuantes et accède au pouvoir grâce à une alliance avec les nationalistes (SNS) et les populistes (ĽS-HZDS), ce qui lui vaut d’être suspendu du Parti socialiste européen (PSE), mais très vite réintégré. Il s’agit donc d’un « homme de gauche ». Enfin la gauche telle que définie par le groupe des Socialistes européens. Au gouvernement slovaque, nous retrouvons pourtant de vrais néo-nazis, dont Marian Kotleba, un nostalgique du III ème Reich, ex skinheads, du genre à porter les costumes de la milice slovaque collaborationniste, mise en place par le régime nazi. Les ennemis actuels de cette étrange coalition sont toujours les Juifs bien sûr, mais surtout les Roms, l’Islam et les migrants.

    Roberto Fico a dit notamment: « L’islam n’a pas sa place en Slovaquie ». « J’ai décidé de surveiller chaque musulman du pays« . « Je sens que l’UE est en train de commettre un suicide rituel, tout en contemplant (l’invasion migratoire) »; « Le multiculturalisme est une fiction« .

     

    Roberto Fico a aussi émit le souhait de n’accueillir que des migrants chrétiens. Pour sa réélection en 2016, son slogan de campagne était « Protéger les Slovaques ». Il a surfé sur la vague islamophobe et anti-migrant,  présente dans toute l’Europe, au point qu’il a été qualifié de « Viktor Orban de gauche ». Sa rhétorique anti-migrant a remplacé ses discours traditionnels centrés sur les Roms. »Le problème rom ne pouvait être résolu autrement que par certaines limitations des droits de l’Homme ».

     

    Roberto Fico a tenu ses promesses: à l’encontre des Roms, la politique slovaque est choquante et limite très fort les droits de l’Homme. La Cour de Strasbourg a eu l’occasion à de nombreuses reprises de le constater. Elle a condamné la politique slovaque à l’égard des roms dans des affaires qui traitent de meurtre dans un commissariat (2010), de stérilisations forcées de femmes roms ( 2011 et 2012) et bien entendu de discriminations.

    Selon un rapport des Nations-Unies, 75% des Roms slovaques sont au chômage, un taux sept fois plus élevé que chez les autres habitants du pays. 20% des 400.000 Roms slovaques vivent ainsi dans l’extrême pauvreté.

    C’est cet homme-là qui va présider le Conseil de l’Union, sans que la presse ne se scandalise pour autant, sans que des pétitions n’exigent que le peuple slovaque revote, sans que les défenseurs des droits de l’Homme ne montent au créneau.

    Les défenseurs du Brexit avaient peut-être une rhétorique xénophobe et défendaient une position de repli identitaire, mais l’honnêteté intellectuelle nous oblige à reconnaître que les défenseurs de l’Union ont exactement les mêmes tares.

     

    Source: Investig’Action

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  • L’Union européenne victime de son impérialisme démesuré

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    Alors que le vote Brexit montre une résistance populaire à la migration des travailleurs vers l’Ouest, l’Union européenne s’est-elle tirée une balle dans le pied en s’étendant de manière hautaine et précipitée vers l’Europe de l’Est et ses bas salaires ?

    Bien que peu d’analystes exposent le problème sous cet angle, l’Union européenne souffre d’une crise auto-infligée de « surexpansion », ou si vous préférez, une forme de surmenage impérial. Le vote Brexit n’était que le dernier symptôme de cette catastrophe politique qui comprend également l’escalade des affrontements avec la Russie et la crise en cours en Ukraine.

    Les sondages d’opinion au Royaume-Uni ont établi que l’inquiétude généralisée sur l’immigration a été le facteur le plus important conduisant les électeurs à voter pour une sortie de l’UE. Les militants pro-Brexit ont insisté sur les statistiques publiées le mois dernier. Elles montrent que le solde migratoire a atteint le tiers d’un million de personnes en 2015, doublant le taux qui prévalait trois ans plus tôt.

    De tels chiffres ont nourri les préoccupations publiques quant à l’impact des immigrants sur le National Health System et les autres services sociaux du pays, ainsi que sur l’emploi. Ces chiffres ont également nourri une profonde méfiance à l’égard de la crédibilité du gouvernement.

    Comme le Guardian l’a rapporté après l’étonnante victoire électorale du camp Brexit, « l’échec de David Cameron à donner une réponse convaincante à la publication des chiffres quasi records du solde migratoire lors de la première semaine de la campagne sur le référendum européen s’est révélé être un moment décisif.

    “Le chiffre de 333.000 a non seulement souligné de manière incontestable que la Grande-Bretagne était devenue un pays de migration de masse, mais il signifiait aussi que les politiciens qui ont affirmé pouvoir faire des coupes profondes dans les chiffres tout en restant au sein de l’Union européenne n’étaient pas pris au sérieux.

    L’afflux de ces nouveaux arrivants a eu un effet psychologique profond sur le public. “L’incapacité du gouvernement britannique pour contrôler la migration (intraeuropéenne) est considérée comme emblématique d’une perte plus large de contrôle”, a écrit le théoricien politique d’Oxford David Miller juste avant l’élection. “Beaucoup de Britanniques estiment qu’ils ne sont plus en charge de leur propre destin : ‘Reprenez notre pays’ est un slogan qui résonne le long du sentier de la campagne.

     

    L’expansion de l’UE et l’immigration

    Environ la moitié des immigrants au Royaume-Uni ces dernières années sont venus d’autres pays de l’UE, profitant de l’engagement fondamental pour la libre circulation des personnes au sein de l’Union. Leur grand nombre reflète l’énorme expansion de l’UE depuis 2004 — et l’attrait de l’économie relativement riche de la Grande-Bretagne pour les travailleurs pauvres des nouveaux membres comme la Pologne et la Roumanie.

    L’Union européenne — qui dispose d’un commissaire pour “l’élargissement” — s’est élargie sans relâche et sans tenir compte des préoccupations des électeurs de base de ses membres fondateurs. En 2004, l’UE a absorbé Chypre, la République tchèque, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la Slovaquie et la Slovénie — tous des pays à bas salaires avec des normes de standard de vie beaucoup plus basses qu’en Allemagne, en France ou au Royaume-Uni. En 2007, l’Union a également pris la Roumanie et la Bulgarie.

    Les statistiques officielles montrent que les citoyens de ces membres plus récents et plus pauvres de l’UE comptent pour près d’un tiers du solde migratoire dans le Royaume-Uni au cours des dernières années.

    Bien que de nombreux économistes défendent que la libre circulation du travail est bonne pour l’économie dans son ensemble, le résultat — comme celui du libre-échange avec les pays à bas salaires — peut nuire à des travailleurs moins qualifiés.

    En 2011, deux rapports inédits commandés par le ministère des Communautés et des Collectivités locales ont établi ce point.

    Un haut fonctionnaire du gouvernement a prévenu que l’immigration en forte augmentation pourrait “accroître les tensions entre les travailleurs migrants et d’autres sections de la communauté” durant la récession du pays. Un autre a noté une forte augmentation des migrants établis de façon inattendue dans les zones rurales, et a conclu qu’ils avaient “un impact négatif sur les salaires des travailleurs du Royaume-Uni dans les plus bas niveaux de la distribution professionnelle.

    Nous avons sous-estimé de manière significative le nombre de personnes qui allaient venir en Europe de l’Est”, a concédé Ed Milliband, leader du Parti travailliste. “La migration économique et une plus grande flexibilité du marché du travail ont augmenté la pression rencontrée par les travailleurs moins qualifiés.

    Ironiquement, la plupart des localités qui ont voté le plus massivement pour le Brexit avaient des populations migrantes relativement faibles. Mais beaucoup d’entre elles souffrent encore de l’austérité économique et de fortes réductions dans le filet de sécurité sociale imposées par le gouvernement conservateur depuis 2010.

    Changer de bouc émissaire en passant du gouvernement au migrant sans visage. . . C’est plus facile quand les gens ont peur pour leur subsistance, et c’est plus commode pour les politiciens qui font campagne des deux côtés” a fait remarquer l’écrivain basé à Londres, Aube Foster.

    Les électeurs ont été facilement persuadés que les “lointains” et “anonymes” bureaucrates de l’UE ne saisissaient pas leurs préoccupations. En effet, l’Union européenne reste tordue par une expansion continue. Des pourparlers sont en cours pour l’adhésion de l’Albanie, de la Macédoine, du Monténégro, de la Serbie et de la Turquie. La Bosnie-Herzégovine et le Kosovo sont reconnus en tant que membres potentiels.

     

    La Russie et l’Ukraine

    La conduite expansionniste de l’UE a eu d’autres répercussions coûteuses tant pour la Grande-Bretagne que pour le reste de l’Europe. Sa volonté d’établir un “accord d’association” avec l’Ukraine a ainsi été une catastrophe notable. Ce traité de grande envergure comprenait non seulement des dispositions pour une étroite intégration économique, mais aussi un engagement dans le temps à se conformer à la Politique de sécurité et de défense commune de l’Union ainsi qu’aux politiques des Agences de Défense Européennes. Sur ces deux fronts, l’accord a été conçu de manière à tirer l’Ukraine de son orbite russe traditionnelle.

    L’expansion de l’UE en Ukraine, comme son expansion dans le reste de l’Europe de l’Est, a été menée parallèlement à l’expansion de l’alliance militaire de l’OTAN dans les mêmes pays, contrairement aux promesses faites par les dirigeants occidentaux à leurs homologues russes en 1990. En 2008, le secrétaire général de l’OTAN — soutenu par le président George W. Bush et le candidat à la présidentielle Barack Obama — a promis que l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan serait accordée.

    Inutile de dire que la Russie a mal réagi, comme elle l’a fait plus tard avec la joute de pouvoir menée par l’UE. La Russie a fait pression sur le gouvernement du président Viktor Ianoukovitch pour qu’il résiste aux sirènes de l’OTAN et de l’Union européenne. Le refus de Ianoukovitch de rompre avec la Russie a alors déclenché les manifestations du soi-disant “Euromaidan” et le putsch soutenu par l’Occident qui a renversé son gouvernement en février 2014.

    En moins d’un mois, le nouveau Premier ministre pro-européen et pro-US, Arseniy Yatseniuk, avait signé les dispositions politiques de l’accord européen. Quelques mois plus tard, il déclarait qu’il chercherait également à adhérer à l’OTAN.

    Le résultat a été une guerre civile sanglante dans l’Est de l’Ukraine ; des confrontations militaires dangereuses et coûteuses entre la Russie et l’OTAN ; et les sanctions économiques qui appauvrissent mutuellement la Russie et l’Union européenne.

    Les futurs historiens nous aideront à comprendre les sources sous-jacentes de l’expansion autodestructrice de l’UE. Sans doute comprennent-elles un mélange de foi idéologique dans l’universalité des valeurs européennes, d’agrandissement bureaucratique, et de soumission aux élites néolibérales. Quelles que soient les causes, les conséquences menacent aujourd’hui l’ensemble du projet européen.

    L’avenir de l’Union européenne exigera une sérieuse remise en question sur bien des fronts, mais plus particulièrement sur celui des grandioses ambitions d’expansion.

    Article publié sur Consortium News sous le titre European Union’s Imperial Reach

    Traduit de l’anglais par Investig’Action

    Source: Investig’Action

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  • Pourquoi les Britanniques ont dit non à l’Europe

     

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    La décision de quitter l’Europe votée par la majorité des Britanniques est un acte parfaitement démocratique. Des millions de gens ordinaires ont refusé de se laisser impressionner, intimider et mépriser par les analystes des principaux partis, le monde des affaires, l’oligarchie financière et les grands médias.

     

    Ce fut en grande partie le vote de ceux qui étaient déçus et démoralisés par l’arrogance des défenseurs d’une politique de maintien dans l’UE associée à la déconstruction d’une politique sociale équitable en Grande Bretagne. Le service National de Santé, dernier bastion des réformes historiques de 1945, a été à ce point démantelé par les Conservateurs et les Travaillistes partisans des privatisations qu’il en est réduit à devoir se battre pour sa survie.
     

    L’alarme a été déclenchée quand George Osborne, secrétaire au trésor, incarnation de l’ancien régime britannique et de la mafia bancaire en Europe, a menacé d’amputer de 30 milliards de £ le budget des services publics si la population faisait le mauvais choix. Ce chantage était scandaleux.
     

    Le problème de l’immigration a été exploité au cours de la campagne avec un cynisme achevé non seulement par les populistes délirants d’extrême droite mais aussi par les travaillistes traînant avec eux une vieille tradition de racisme, symptôme de corruption du sommet plutôt que de la base du parti. On connaît pourtant les raisons de la présence de ces millions de réfugiés qui ont fui le Proche et le Moyen Orient – d’abord l’Iraq, maintenant la Syrie – suite aux invasions et aux agressions lancées par la Grande Bretagne, les Etats-Unis, la France, l’Union Européenne et l’OTAN. Avant cela, il y eut la destruction délibérée de la Yougoslavie ; plus loin encore la confiscation de la Palestine et l’imposition de l’Etat d’Israël.
     

    Les casques à plumes ont disparu mais le sang n’a jamais séché. Ce mépris du dix-neuvième siècle pour les pays et les peuples, selon l’importance de leur utilité coloniale, demeure une pièce maîtresse de la « globalisation » avec son socialisme pervers pour les riches et son capitalisme débridé pour les pauvres : liberté pour le capital, déni de liberté pour le travail, politiciens perfides et agents civils politisés.
     

    Tout cela a maintenant atterri en Europe, enrichissant Tony Blair et ses semblables en appauvrissant et asservissant des millions de personnes. Ce 23 juin, les Britanniques n’ont rien vu d’autre.
    Les promoteurs les plus efficaces de «  l’idéal européen » n’ont pas été l’extrême droite mais une insupportable classe patricienne dirigeante pour laquelle Londres représente le Royaume Uni. Ses membres dirigeants se voient comme instruits, libéraux, élite éclairée du vingt et unième siècle et même un peu cool. Ils ne sont en réalité qu’une bourgeoisie aux goûts consuméristes insatiables, porteuse de sentiments de supériorité dépassés.
     

    Dans leur quotidien, le Guardian, ils ont aboyé jour après jour sur ceux qui osaient considérer l’Union Européenne comme profondément anti-démocratique, à la source d’injustices sociales et d’un extrémisme virulent connu sous le nom de néolibéralisme.
     

    L’objectif de cet extrémisme est d’installer une théocratie capitaliste figée qui conforte une société à trois classes : une majorité divisée et endettée dirigée par une classe structurée stable et une classe permanente de travailleurs pauvres. Aujourd’hui, en Grande Bretagne, 63% des enfants pauvres vivent dans une famille dont un seul membre travaille. Pour eux, la trappe est déjà fermée. Une étude rapporte que 600.000 habitants du Grand Manchester, la seconde ville britannique, découvrent les effets de la grande pauvreté tandis que 1.6 millions de Britanniques s’enfoncent dans la précarité.
    Cette situation catastrophique a été trop peu évoquée par les médias contrôlés par la bourgeoisie, notamment par la BBC dominée par Oxbridge. Pendant la campagne du referendum, aucune analyse en profondeur n’a pu éclipser le cliché hystérique d’une sortie de l’Europe, comme si la Grande Bretagne allait subitement dériver vers les courants hostiles quelque part au nord de l’Islande.
     

    Au matin après le vote, un reporter de la BBC accueillait les politiciens dans son studio comme de vieux copains en disant, notamment à Lord Peterson, architecte déconsidéré du Blairisme : « Pourquoi ces gens rejettent-ils l’Europe à ce point ? ». « Ces gens » sont la majorité des Britanniques.
     

    Tony Blair, opulent criminel de guerre, reste un héros de la classe « européenne » Mandelson, ce que l’on n’ose plus guère dire aujourd’hui. Le Guardian a décrit Blair en son temps comme un mystique fidèle à son projet de guerre prédatrice. Après le scrutin, l’éditorialiste Martin Kettle a apporté une réponse Brechtienne au mauvais usage de la démocratie par les masses. « Aujourd’hui, nous pouvons nous accorder sur le fait que les referendums sont mauvais pour la Grande Bretagne. » titrait-il sur sa page. Le « nous » n’était pas explicité mais bien compris, tout comme l’était « ces gens » à la BBC. « Le referendum a conféré moins de légitimité aux politiques, rien de plus, » écrivait Kettle…Le verdict au sujet des referendums devrait être brutal : plus jamais ça.
     

    Ce genre de brutalité à laquelle aspire Kettle est illustré par le spectacle de la Grèce, un pays passé à l’aspirateur. Là, il y a eu un referendum dont on n’a pas tenu compte. Comme pour le parti travailliste en Grande Bretagne, les dirigeants du gouvernement Syriza à Athènes sont issus de milieux aisés, privilégiés, éduqués, frottés à l’hypocrisie et aux trahisons postmodernistes. Le peuple grec a utilisé courageusement le referendum pour demander à son gouvernement de négocier de meilleurs termes pour l’accord conclu à Bruxelles qui broyait la vie de leur pays. Ils ont été trahis comme les Britanniques l’auraient été.
     

    Vendredi, la BBC a demandé à Jeremy Corbyn, leader du parti travailliste, s’il rendrait hommage à son partenaire, le démissionnaire Cameron, dans leur combat pour le « oui » et il a alors, jusqu’à provoquer la nausée, rendu hommage à la dignité de Cameron, rappelé son soutien au mariage  gay et ses excuses aux familles irlandaises pour les victimes du « bloody Sunday ». Il n’a rien dit des germes de division semés dans le pays par Cameron, de ses politiques d’austérité brutales, de ses mensonges au sujet des garanties apportées au Service National de Santé. Il n’a pas non plus rappelé la folie guerrière du gouvernement Cameron : l’envoi de forces spéciales en Libye, la fourniture de lanceurs et de munitions à l’Arabie Saoudite et, par-dessus tout, sa disponibilité pour une troisième guerre mondiale.
     

    Au cours de la semaine précédant le referendum, aucun politicien ni, à ma connaissance, aucun journaliste britannique n’a fait mention du discours de Vladimir Poutine à Saint Pétersbourg commémorant le septante-cinquième anniversaire de l’invasion de l’Union Soviétique par les Nazis le 22 juin 41. La victoire des Soviétiques au prix de 27 millions de vies soviétiques et de la majorité des forces armées allemandes nous a permis de l’emporter dans cette seconde guerre mondiale.
     

    Poutine a associé l’actuel renforcement fébrile des troupes de l’OTAN ainsi que la consolidation des bases militaires aux frontières occidentales de la Russie à l’opération Barbarossa du troisième Reich. Les exercices de l’OTAN en Pologne ont été les plus importants depuis l’invasion nazie ; l’opération Anaconda a simulé une attaque de la Russie, vraisemblablement avec des armes nucléaires. A la veille du referendum, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a sournoisement prévenu les Britanniques de ce qu’ils mettraient en danger la paix et la sécurité en votant pour la sortie de l’Union Européenne. Ces millions-là l’ont ignoré, comme ils ont ignoré Cameron, Osborne, Corbyn, Obama et celui qui dirige la banque d’Angleterre ; en votant ainsi ils ont peut-être, et seulement peut-être, rendu un espoir de paix réelle et de démocratie en Europe.
     

    Retrouvez John PILGER sur twitter @johnpilger et Facebook.
     

    Traduit de l’anglais par Oscar GROSJEAN pour Investig’Action

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