Brexit
-
Le Grand SoirJournal Militant d'Information Alternative
Cette semaineJeronimo de SOUSAD’autres voix communistes en Europe, les plus nombreuses désormais, font écho aux analyses du PRCF s’agissant de l’Union Européenne, de sa nature dictatoriale et totalitaire, de classe, et de la nécessité d’en sortir pour s’en sortir. Dans un discours prononcé en mai dernier, traduit ici par la rédaction de www.initiative-communiste.fr Jeronimo de Sousa le secrétaire général du PCP (parti communiste portugais) appelle ainsi à « libérer le pays de la soumission à l’Euro, condition pour son développement et (...) Lire la suite »Nadine ROSA-ROSSOLe mythe de l’Europe sociale En 1965, Georges Debunne, alors président de la Centrale Générale des Services Publics , écrivait : « L’Europe que nous voulons bâtir n’est pas celle des patrons, des cartels et des trusts, mais une Europe orientée vers la démocratie politique, économique et sociale, vers les relations pacifiques et la coopération avec les peuples » . Pour y arriver, le dirigeant syndical souhaite obtenir, « dans les institutions européennes, les mêmes droits de consultation, de codécision (...) Lire la suite » -
Brexit et médias et magouilles à venir, Podemos, Brésil : le coup d’état, L’Union européenne est morte
Le Grand SoirJournal Militant d'Information AlternativeCette semaineRebecca Vilkomerson« Je suis juive, et je veux que les gens boycottent Israël » : c’est avec cet appel clair et déterminé que Rebecca Vilkomerson, directrice de l’organisation américaine « Une voix juive pour la paix » entame un éditorial publié ce week-end par le prestigieux Washington Post. L’article contient une série d’informations intéressantes montrant qu’une fraction substantielle de l’opinion publique américaine est en train de s’émanciper du matraquage pro-israélien officiel, et reconnaît de manière croissante la (...) Lire la suite »France : installation d’un Etat policier (3ième partie).Jean-Claude PAYEAvant que le Président Hollande en annonce l’abandon, le « projet de loi constitutionnelle de protection de la nation », voulait introduire deux modifications dans la Constitution : l’insertion d’un article 36-1 relatif à l’état d’urgence et une modification de l’article 34, y insérant une possibilité de déchéance de la nationalité de Français condamnés pour terrorisme. De par l’inscription de l’état d’urgence et de la déchéance de nationalité, la Constitution est renversée. Elle n’enregistre plus des (...) Lire la suite »Boris KagarlitskyLe vote des britanniques en faveur de la sortie de l’Union européenne a non seulement semé la panique dans les marchés financiers, il a provoqué l’inquiétude de l’intelligentsia libérale du monde entier. Cela peut paraître étonnant, mais les commentaires que nous lisons dans les publications de la gauche libérale sur le continent coïncident quasiment mot pour mot avec ce qu’écrivent les libéraux de droite dans la presse russe. On y explique le choix des britanniques par le seul provincialisme, (...) Lire la suite »Jean-Luc MELENCHONÀ la sortie de l’Élysée, je suis revenu chez moi en courant chercher mes affaires puis prendre mon avion pour Madrid où il avait été convenu que je participerais à la soirée électorale avec la coalition Unidos-Podemos. Je ne raconte pas la visite à l’Élysée car Danielle Simonnet et Éric Coquerel, qui m’y accompagnaient, l’ont fait sur leurs blogs respectifs. Et comme je me suis exprimé sur le perron de l’Elysée, je ne vois rien à y ajouter. Je fais un point rapide sur le Brexit, quoique je me sois aussi (...) Lire la suite »Moon of AlabamaDes officiels américains ont appelé le New York Times pour lui demander de leur envoyer deux journalistes pour prendre un texte sous la dictée. Les journalistes ont consciencieusement pris en sténographie ce qu’ils ont dit et l’ont mis en forme pour publication. L’objectif principal de cet article semble être de rendre le service de renseignement jordanien responsable du fait que les armes que la CIA a fournies aux « rebelles syriens » se retrouvent sur les marchés d’armes et dans les mains de (...) Lire la suite »Luca V.B.Ces dernières années, la question « terroriste » a régulièrement volé le devant de la scène à un problème beaucoup plus dérangeant et plus profond... celui de la migration de masse. Cependant, ces deux crises peuvent et – je dirais même – doivent être intrinsèquement connectées. Non pas dans le sens où le terrorisme est le résultat de la migration (ce qui est un grave amalgame), mais dans le sens où ces deux problématiques sont issues d’une logique qui les lie, les dépasse et les englobe. Il sera alors (...) Lire la suite »Jean ORTIZ« Les résultats ne sont pas satisfaisants, ils ne sont pas à la hauteur de ce que nous attendions (...) Ils ne sont pas bons ». Pablo Iglesias ne cache pas sa déception, entouré des principaux animateurs de « Unidos Podemos », tous visage grave. Aucune démagogie ; un constat lucide, honnête, et une confiance dans l’avenir. Les meetings de l’UP ont drainé un public majoritairement jeune, des foules immenses, venues d’horizons multiples. L’avenir d’une Espagne plurinationale passe par cette « UP » si (...) Lire la suite »Interview du Secrétaire aux Relations Internationales du PCdoBJosé Reinaldo CarvalhoJRC : Pour me présenter, je suis journaliste. J’ai longtemps travaillé dans les organes de presse du Parti Communiste du Brésil, soit pour la revue théorique, soit pour le journal, soit pour le site internet. A présent je suis Secrétaire aux Relations Internationales du Parti, et rédacteur en chef d’un site qui s’appelle Resistencia (http://www.resistencia.cc). C’est un site dédié essentiellement à la géopolitique et aux relations internationales et porte-parole des positions internationales du PcdoB. VD (...) Lire la suite »Phillippe RIVELLIDans quelques jours, Rodrigo Duterte, le nouveau président des Philippines prendra ses fonctions. Que savez-vous de lui ? « Une sorte de Le Pen tropical, adepte d’une justice à la tronçonneuse », répondent à la question tous mes copains, pourtant de gauche. Faut dire que l’image qu’en véhiculent les médias hexagonaux ne laisse guère place au doute. Raison de plus pour y regarder à deux fois. Le lundi 9 mai 2016, les philippins élisaient un nouveau président pour les six années à venir (élections à un (...) Lire la suite »Philippe ARNAUDDepuis la victoire du Brexit, je constate, dans les médias, une volonté systématique de dévaloriser, de déconsidérer, de ridiculiser le vote des Britanniques en faveur de la sortie de leur pays de l’U.E. et d’essayer de tourner, par tous les stratagèmes, la volonté populaire et ce afin de garder le Royaume-Uni dans l’U.E. 1. L’évocation de la "gueule de bois" (L’Express, Le Huffington Post), comme si les Britanniques avaient voté sous l’emprise d’une soûlerie nationale, et qu’ils se rendaient (...) Lire la suite »John PILGERLa décision de quitter l’Europe votée par la majorité des Britanniques est un acte parfaitement démocratique. Des millions de gens ordinaires ont refusé de se laisser impressionner, intimider et mépriser par les analystes des principaux partis, le monde des affaires, l’oligarchie financière et les grands médias. Ce fut en grande partie le vote de ceux qui étaient déçus et démoralisés par l’arrogance des défenseurs d’une politique de maintien dans l’UE associée à la déconstruction d’une politique sociale (...) Lire la suite »Moon of AlabamaNous avons dit qu’il n’y aurait pas de BREXIT, et nous avons parlé de la campagne de propagande (voir d’autres exemples dans les commentaires de cet article) lancée pour inverser le vote du Brexit. Cette campagne, tourne autour de deux arguments principaux. Le premier est que les jeunes électeurs se sentent floués de leur avenir, parce que des anciens, des vieux grincheux, ont voté pour le Brexit. Eh bien, ces jeunes électeurs de 18 à 24 ans, qui avaient les larmes aux yeux sur la BBC et Channel 4, (...) Lire la suite »Bernard GENSANEUn ami et néanmoins collègue m’écrit : « Avant, les Anglais avaient un pied dedans et un pied dehors ; maintenant c’est le contraire. Ils n’ont pas fini de nous emmerder ! ». Je suis bien d’accord, mais je crois que ce qui se joue va bien au-delà des vapeurs grandes-bretonnes. Quand nous étions jeunes (et que nous n’avions nullement besoin de visa pour traverser la Manche dans des ferry-boats poussifs), les référendums avaient quelque chose d’impérieux, de sacré. Le mot “ référendum ” contient la (...) Lire la suite »Yann FIEVETIl est probable que la société française est entrée depuis quelques mois dans la dernière phase du hollandisme. Une période dramatique et douloureuse qui connaîtra son terme l’an prochain. Ce qui lui succèdera sera sans doute plus tragique encore. Seulement voilà : le hollandisme aura été perpétué par des hommes et des femmes se réclamant de la Gauche. Non content de n’avoir rien fait de ce qu’il avait promis, M. Hollande aura fait sans vergogne ce qu’il n’avait pas promis, à commencer par la réécriture du (...) Lire la suite »Viktor DEDAJCe matin, toutes les bourses sont en berne. Tous les assassins économiques sont déçus. Tous les va-t-en guerre sont en colère. Tous les escrocs et incompétents montent au créneau et s’arrachent les micros pour dénoncer un « saut vers l’inconnu »... Ainsi donc, à la question « voulez-vous que la Grande-Bretagne sorte de l’UE ? », une majorité de Britanniques a répondu « oui ». Aussitôt, les commentaires prévus et prévisibles se sont répandus dans les médias. Première préoccupation exprimée : cela ne (...) Lire la suite »Quatrième bras d’honneur adressé à Bruxelles en moins d’un anPierre LEVYBrexit ! L’événement est littéralement historique. Pour les élites mondialisées, il dépasse les pires cauchemars et était, en réalité, inconcevable. Pour ceux qui suivent attentivement l’actualité européenne, et sont conscients du rejet populaire croissant que l’UE inspire à juste titre, il était au contraire prévisible. Tout d’abord, un constat saute aux yeux. Certes, une partie de la bourgeoisie anglaise a soutenu le choix de sortir le Royaume-Uni de l’Union européenne. Il n’en reste pas moins que le (...) Lire la suite »Ce que le Xinjiang m’a appris de la Chine et de la FranceMaxime VIVASPetit rappel : j’étais en Chine du 23 mai au 4 juin, principalement dans la région autonome du Xinjiang, 23 millions d’habitants, 3 fois la superficie de la France, religion musulmane (voir mes deux articles précédents) et j’ai prévenu que je n’étais pas parti si loin pour écrire à mon retour « Le Guide du routard ». Pour nos médias qui s’alarment de la montée en puissance de la Chine et de l’affaiblissement de l’impérialisme états-unien, prédateur mondial numéro un, la Chine n’a QUE des défauts et elle (...) Lire la suite »Voyage en Chine musulmaneMaxime VIVASLe gouvernement chinois observe un de ses flancs, une région frontalière avec 8 pays, dont 2 pays musulmans. On sait que l’islamisme radical a été attisé par les USA et par l’OTAN à la suite de l’attentat contre deux tours à New-York le 11 septembre 2001. Depuis, les bombes ne cessent de pleuvoir sur le monde arabe, sauf bien sûr sur les pires dictatures esclavagistes et misogynes comme le Qatar et l’Arabie Saoudite, considérées comme des pays amis par les dirigeants de « La plus grande démocratie du (...) Lire la suite » -
BREXIT : le député PCF du Nord, Jean-Jacques CANDELIER se prononce pour une « SORTIE de GAUCHE » de L’UNION EUROPÉENNE
Brexit : ouvrons le débat sur l’Europe
Déjouant tous les pronostics et les pressions de l’oligarchie, les britanniques ont voté massivement pour le Brexit ce 23 juin dans le referendum pour la sortie de l’UE.
La campagne a été marqué par un faux dilemme imposé par les partisans de l’austérité : soit rester dans l’UE néolibérale soit sortir par la droite pour une politique néolibérale en Grande-Bretagne.
Si le rejet de l’UE et de ses politiques est légitime tant il n’y a pas grand-chose à garder de cette Europe de l’austérité, les travailleurs britanniques peuvent craindre que les puissants se servent du Brexit pour accentuer les politiques thatchériennes dans le pays. Cependant, l’Union Européenne n’est pas un rempart contre l’ultralibéralisme, bien au contraire. La priorité de l’Europe actuelle, c’est de favoriser le monde des affaires, l’austérité et les privatisations sur tout le continent.
Je ne m’y trompe pas. « L’économie de marché » et la « concurrence libre et non faussée » prescrites par l’Union Européenne sont des prétextes formidables pour permettre au patronat de comprimer les salaires et d’attaquer les services publics ainsi que la protection sociale.
Je suis également fortement attaché au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à exercer leur souveraineté. L’UE peut donc, à beaucoup d’égard, représenter une « prison des peuples ». Cela n’intéressait plus les britanniques.
Contre le piège d’une « sortie de droite » ou d’un « maintien de gauche » dans l’UE, proposons une « sortie de Gauche », pour pouvoir renationaliser les secteurs stratégiques de notre économie cassée, remettre le monde du travail au centre de la vie nationale, coopérer avec tous les pays de tous les continents et rouvrir à notre pays la voie de la coopération internationale.
La reconquête de la souveraineté britannique peut être un appel d’air pour tous les peuples d’Europe qui étouffent sous la poigne des traités supranationaux et néolibéraux de l’UE avec en prime, leur complément belliqueux obligé, l’appartenance à l’OTAN.
La campagne présidentielle et législative pour 2017 doit notamment être l’occasion d’un grand débat populaire sur l’Europe. Il n’y a rien à attendre de Hollande et Sarkozy qui ont été les artisans de l’Europe austéritaire.
Jean-Jacques Candelier
Député PCF du Nord
-
De la haine de la démocratie dans l’UE (par Jacques Sapir)
Les principaux responsables de l’Union européenne se déchaînent contre la pratique des référenda, considérée comme non démocratique. Ceci peut se comprendre à la suite du référendum britannique, mais ne constitue en réalité qu’une argutie qui vise à renforcer la déclaration de Jean-Claude Juncker de janvier 2015 où il déclarait « qu’il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». En fait, si l’on regarde l’histoire des référenda depuis le traité de Maastricht, elle est effectivement édifiante :
Pays Date Objet Pourcentage du vote de rejet (« non ») Résultat politique Danemark 1992 Traité de Maastricht 51,7% Obligation de revoter Danemark 2000 Adhésion à l’Euro 53,2% Résultat accepté Irlande 2001 Traité de Nice 53,9% Obligation de revoter Suède 2003 Adhésion à l’Euro 56,1% Résultat accepté France 2005 Constitution européenne (TCE) 54,9% Résultat ignoré Pays-Bas 2005 Constitution européenne (TCE) 61,5% Résultat ignoré Irlande 2008 Traité de Lisbonne 53,2% Obligation de revoter Grèce 2015 Conditions des créanciers 61,3% Résultat ignoré On constate que sur 8 référenda, seuls 2 ont été respectés. La pratique de l’Union européenne, et des gouvernements dans le cadre de cette Union européenne, se révèle donc largement anti-démocratique puisque remettant en cause dans 75% des cas un vote démocratiquement exprimé.
De la pratique à la théorie…
Cette position n’est pas seulement une pratique. Elle a été théorisée dans une critique qui s’avère parfaitement convergente avec le discours tenu par l’Union Européenne. Il convient de s’y arrêter un instant pour chercher à comprendre de quoi il retourne en la matière. Jakab, après une analyse comparée des diverses interprétations de la souveraineté, avance pour le cas français que : « La souveraineté populaire pure fut compromise par un abus extensif de referenda sous le règne de Napoléon Ier et de Napoléon III, la souveraineté nationale pure ayant été perçue comme insuffisante du point de vue de sa légitimation[1] »
C’est soutenir qu’un abus pervertirait le principe ainsi abusé. Mais il ne peut en être ainsi que si l’abus démontre une incomplétude du principe et non de sa mise en œuvre. Viendrait-il à l’esprit des contemporains de détruire les chemins de fer au nom de leur utilisation par le Nazis dans la destruction génocidaire des Juifs et des Tziganes ? Or, ceci est bien le fond du raisonnement tenu par Jakab. Pourtant, il est loin d’être évident dans l’usage politique fait du plébiscite que cet usage soit le seul possible. Si un plébiscite est bien un instrument non-démocratique, tout référendum n’est pas à l’évidence un plébiscite.
La confusion établie par l’auteur entre les deux notions est très dangereuse et pour tout dire malhonnête. La pratique qui consiste à assimiler référendum et plébiscite, car c’est de cela dont il est question dans le texte, est une erreur logique. La discussion se poursuit sur la portée qu’il faut attribuer à la décision du Conseil Constitutionnel concernant la Nouvelle Calédonie où il est dit que « la loi votée… n’exprime la volonté générale que dans le respect de la Constitution »[2]. Ici encore, on pratique de manière volontaire la stratégie de la confusion. Ce que reconnaît le Conseil Constitutionnel, en l’occurrence, c’est la supériorité logique de la Constitution sur la Loi. Ce n’est nullement, comme le prétend à tort Jakab l’enchaînement de la souveraineté. En fait, dire que le processus législatif doit être encadré par une Constitution ne fait que répéter le Contrat Social de Rousseau[3]. Ce qui est en cause est bien le parti pris de cet auteur est de refuser ou de chercher à limiter le concept de Souveraineté.
-
Après le BREXIT le FREXIT !
A l’issue d’une campagne intense le peuple britannique a donc décidé de quitter l’Union Européenne et de retrouver sa souveraineté. C’est un événement de première importance qui porte les enjeux politiques des mois à venir vers une nouvelle configuration.
Le MS21 tient tout d'abord à saluer les dirigeants du Royaume Uni pour avoir organisé cette grande consultation démocratique - même si on peut regretter les outrances et les violences verbales de la campagne. Combien de chefs d'Etats de l'UE, et de dirigeants de la Commission européenne, considèrent en effet qu'il est pour le moins imprudent et à coup sûr totalement inopportun de consulter le peuple sur une question sensible qui perturbe les clivages traditionnels du champ politique et risque de contrevenir aux objectifs des classes dirigeantes européennes voire mondiales. Ensuite, même si on ne peut préjuger de l’utilisation que fera le gouvernement britannique de son indépendance recouvrée, nous affirmons sans restriction que nous nous réjouissons de ce résultat. La raison principale en est simple et bien connue : cette Union Européenne n’est en rien le cadre institutionnel d’une coopération entre les peuples ; elle n’est qu’un pilier de l’ordre néo-libéral mondialisé dont le but reste la concurrence des modèles sociaux et l’affaiblissement du salariat. Si en sortir n’est certes pas une condition suffisante à l’amélioration de la condition des classes populaires, nous considérons au MS21, que cela en est une condition absolument nécessaire.
Un résultat révélateur
Par de nombreux aspects, le résultat de cette élection est révélateur d’une nouvelle prise de conscience, pour une partie importante de la population, des véritables enjeux de la période. Elle concerne d’abord ceux qui, en majorité dans la gauche traditionnelle, ont cru un temps à la potentialité progressiste de l’UE. Celle-ci devait nous assurer la paix, la mise en commun de nos cultures, de nos savoirs, de notre recherche, et permettre par la libre circulation des marchandises et des personnes, l’avènement d’une société fraternelle. Mais bientôt soixante ans après le traité de Rome et 43 ans après l’intégration du Royaume uni dans l’UE, les ouvriers du Nord de l’Angleterre, les chômeurs, les salariés précarisés ont dû se rendre à l’évidence et désavouer massivement Jeremy Corbin le leader travailliste qui a fait campagne - d’ailleurs bien timidement - contre le Brexit; tous ces grands principes n’ont été que l’habillage trompeur d’une agression sans précédent sur les services publics de l’après-guerre, et la mise en place d’une financiarisation sans entraves dont la City - où on se désole certainement de ce résultat- est devenue l’emblème.
Ensuite ce résultat doit ouvrir les yeux aux catastrophistes de tout poil et leur montrer que leur stratégie de peur et d’intimidation est vaine. Depuis quelques heures le Royaume Uni n’est virtuellement plus dans l’UE et le soleil s’est tout de même levé ! Aucune météorite n’est tombée sur Big Ben ! Aucun fléau n’a frappé la famille royale ! Ce pays va continuer à commercer avec ses voisins, à réguler son immigration et conduire sa monnaie selon ses propres critères. Il le fera peut-être sous l’égide des travaillistes en se préoccupant des plus démunis ou peut-être - dans la tradition thatchérienne - en ne se souciant que de l’intérêt des dominants. Mais le voilà, dans tous les cas, libéré de cette insupportable tutelle technocratique et anti-démocratique de l’oligarchie européiste.
Enfin, ce résultat révèle que le terrain de la souveraineté ne doit pas être abandonné à l’extrême droite. Car, nous le savons, il existe de très mauvaises raisons pour contester la mainmise de l’UE. On les a retrouvées bien sûr en Angleterre dans le parti UKIP de Nigel Farage qui attise, sur fond de conservatisme le plus étroit, les peurs fantasmatiques et la xénophobie débridée, mais elles sont relayées par de nombreux responsables politiques européens , du Hongrois Viktor Orban, à Marine Le Pen en passant par des élus néerlandais, polonais, italiens, danois…Déserter le champ idéologique et politique de la souveraineté des nations - comme l’ont fait tristement en France le PS mais aussi le PC - est donc doublement coupable : c’est à la fois mépriser les peuples et leurs souffrances et laisser prospérer les populismes réactionnaires et parfois fascisants qui utilisent les frustrations populaires dans l’unique but de conquérir le pouvoir.
Et maintenant…
Ne rêvons pas. Les libéraux de Bruxelles - avec J C Juncker à leur tête qui disait encore récemment «Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités » - vont accentuer la pression sur les peuples de l’UE en les soumettant à une cure d’austérité de plus en plus sévère, comme ils l’ont déjà fait avec la Grèce où sévit une véritable crise humanitaire. La loi «Travail » imposée en France de façon autoritaire et antisyndicale en est malheureusement un signe annonciateur. Le fédéralisme européen va se présenter comme l’unique alternative à la déroute amorcée et, avec lui, le carcan monétaire de l’euro et celui militaire de l’OTAN, vont parachever de mettre les pays sous tutelle en les soumettant à des accords de libre-échange – comme le TAFTA - de plus en plus destructeurs.
Tous les citoyens français sont donc devant l’alternative suivante: être complices passifs et désabusés de cette dérive anti-démocratique au seul profit des marchés financiers ou amorcer, à l’instar du peuple britannique, un vaste mouvement progressiste dans l’intérêt des classes populaires et dans le cadre d’une nation souveraine. Le MS21 a choisi son camp : il s’engagera résolument auprès d’autres organisations politiques pour retrouver la dynamique victorieuse de 2005 et réclamer un référendum sur la question du maintien de la France dans l’UE.
Car, après le Brexit, il est temps que sonne rapidement l’heure du « FREXIT »!
-
Conséquences du Brexit
La livre était à 1,4114 Dollars le 14 juin 2016 (avant l’assassinat de Jo Cox). Elle est aujourd’hui, 29 juin, à 1,3321 Dollars, soit une baisse de 5,62%, baisse inférieure aux projections moyennes qui tablaient sur -10%.
La bourse (indice Footsie) était à 5933 le même 14 juin. Elle est aujourd’hui 29 juin à 6269 soit un gain de 5,66%. Si on calcule par rapport au 23 juin (jour du vote), elle était remontée à 6338 sur l’anticipation (erronée) que le « remain » triompherait. En ce cas nous avons une baisse de 1,1%.
Où sont passées les catastrophes attendues, les tremblements de terre, les pluies de sang et les invasions de zombies ? De même le baril de pétrole (indice BRENT) était à 47,19 dollars le 14 juin et il atteint 48,89 ce 29 juin.
Voilà qui en dit long sur les discours de propagande tenus par les adversaires du « Brexit ».
Bien sur, il y a eu des conséquences importantes, et en particulier sur la situation des banques italiennes, signalant que ce sujet va devenir important au cours de l’été. Mais ceci traduit une faiblesse structurelle des banques italiennes et sera certainement un sujet important dans les semaines à venir.
-
BREXIT (et champagne) par Jacques Sapir
PAR JACQUES SAPIR
Le vote du jeudi 23 juin est un moment historique capital. Il est aussi un grand moment pour la démocratie. En votant à 51,9% pour une sortie de l’Union européenne les électeurs britanniques ont donné une leçon de démocratie au monde, et à votre humble serviteur, et probablement changé notre futur.
Une leçon de démocratie
La leçon de démocratie est première, et elle se décline à plusieurs niveaux. Il faut ici saluer la décision du Premier-ministre britannique, M. David Cameron, de laisser les positions divergentes s’exprimer, que ce soit au sein du parti conservateur ou au sein du gouvernement. De même il convient de saluer la maturité des électeurs britanniques qui, légitimement choqués par la tragédie qu’a représenté l’assassinat de la député travailliste Joe Cox, ne se sont pas laissés submerger par l’émotion et on maintenu leurs positions en faveur de la sortie de l’UE.
Bien sûr, tout ne fut pas parfait dans cette campagne. Il y a eu des outrances, de part et d’autres, et il y a eu des mensonges, comme ceux de George Osborne[1], le Ministre des finances ou ceux de tous les catastrophistes patentés de Bruxelles. La couverture des médias a été biaisée en faveur de l’option « rester », mais moins que ce qui serait survenu si un tel vote avait eu lieu en France[2]. On a pu remarquer comment les milieux financiers faisaient une campagne hystérique pour que le Royaume-Uni reste dans l’Union européenne. Et ces milieux détiennent le nerf de la guerre, c’est-à-dire l’argent. Mais, on a pu aussi voir que les électeurs ne se laissaient pas outre mesure impressionner par l’argent ni les arguments d’autorité déversés dans les médias. Le succès de l’option « sortir » dans ce référendum peut alors être comparée au succès similaire du « non » lors du référendum sur le projet de Traité Constitutionnel Européen en France en 2005. Dans les deux cas, un électorat populaire et ouvrier s’est soulevé contre des « élites » autoproclamées et les journalistes à leur solde. Et le nouveau dirigeant du parti travailliste, M. Jeremy Corbyn, qui faisait campagne pour que le Royaume-Uni reste dans l’UE, a été désavoué par une partie significative de ses électeurs. Ces deux référendums témoignent de la vitalité des sentiments démocratiques dans les opinions des deux côtés de la Manche. Le référendum britannique, de plus, s’avère être un véritable camouflet pour le Président des Etats-Unis, qui avait fait le déplacement en Grande-Bretagne il y a quelques semaines pour inviter les électeurs à rester dans l’Union européenne, témoignant de ce fait de ce qu’est la véritable nature de l’UE.
Dernier élément de cette leçon de démocratie, David Cameron a dit qu’il entendait que la décision du peuple britannique soit respectée, et que la procédure juridique permettant une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne serait engagée. Ici aussi, cela tranche fortement avec le comportement des élites politiques françaises qui n’ont eu de cesse que de faire appliquer une décision qui avait été largement rejetée par les électeurs.
Retour des Nations et déni de réalité
Cette leçon de démocratie aura des conséquences importantes pour le futur. Non pas tant des conséquences financières. L’agitation sur les marchés financiers va durer quelques jours, puis va se calmer quand les opérateurs prendront actes du fait que ce vote n’interrompra certainement pas les flux de marchandises ni la production. La Norvège et la Suisse ne font pas partie de l’UE et ne s’en portent pas mal, si l’on en croit les statistiques économiques. Les conséquences les plus importantes seront évidemment politiques.
Il faut ici rappeler que ce vote est le premier par lequel un pays membre de l’UE, et avant elle de la communauté économique européenne, ce que l’on appelait le marché commun, prend la décision démocratique de se séparer de ces institutions. En matière de précédent, mais aussi par son possible effet d’imitation, l’impact de cette décision sera considérable. D’ores et déjà, on peut voir que dans d’autres pays, comme les Pays-Bas, le Danemark ou la France, ce vote donne des idées aux différents partis eurosceptiques. Au-delà, la victoire de ceux que l’on nomme « populistes » lors des élections municipales italiennes, le M5S de Beppe Grillo, ou l’échec sur le fil du candidat du FPÖ à l’élection présidentielle en Autriche (et ce résultat fait d’ailleurs l’objet d’un recours en annulation), montre qu’il y a bien une forme de révolte contre l’Union européenne. Ce mouvement ; on pouvait le constater dans l’étude réalisée par le Pew Research Center où les opinions défavorables à l’UE l’emportent sur les opinions favorables dans 4 pays : L’Espagne, la Grèce, la France et le Royaume-Uni[3].
Le vote britannique ne survient pas par hasard et c’est un tribut à l’ampleur du déni de réalité des élites européistes que ce vote ait pu constituer une telle surprise. La politique du déni étant ce qu’elle est, on ne doit pas s’attendre à une remise en cause sérieuse des options de la politique européenne par ceux-là mêmes qui l’ont mis en œuvre. Il est donc probable que l’on assiste, dans les semaines qui viennent, à une surenchère dans cette politique. Mais, les faits sont têtus : tout engagement vers plus de « fédéralisme », plus d’options « supra-nationales » ne produira que plus de résistance de la part des peuples. Il faut espérer qu’ils soient rapidement consultés, car dans le cas contraire cette résistance pourrait prendre des formes violentes.
Ce vote britannique porte en lui la condamnation d’une forme du projet européen. La logique et le bon sens voudraient que l’on en prenne acte, et que l’on revienne à des formes plus respectueuses de la souveraineté, et donc de la démocratie, dans le cadre des nations qui constituent l’Europe.
Importance et impasses de la « gauche » dans le combat pour la souveraineté
Il reste une dernière leçon à tirer. La victoire de l’option « sortir » n’a été possible en Grande-Bretagne que parce qu’une partie de l’électorat travailliste a, comme on l’a dit, voté au contraire des consignes données par la direction de son parti. Cela conduit alors à deux remarques. La première concerne le degré d’aveuglement des directions des partis sociaux-démocrates qui se refusent à admettre que les conséquences concrètes de l’union européenne sont négatives pour les classes populaires. Les réglementations européennes ont été le cheval de Troie de la dérégulation et de la financiarisation des économies nationales. Continuer aujourd’hui à prétendre changer l’UE de l’intérieur, à tenir le discours convenu sur « l’Europe sociale » constitue un mensonge qui se double d’une impasse stratégique. Ce mensonge doit être dénoncé sans relâche si l’on veut qu’un jour la gauche sorte de l’impasse dans laquelle elle s’est elle-même enferrée.
La seconde remarque tient à l’importance, pour le succès d’un vote que l’on peut qualifier de « souverainiste », d’un électorat traditionnellement situé à gauche. Cet électorat ne peut s’engager qu’à travers des médiations politiques spécifiques. En Grande-Bretagne, les comités « Labour for Leave » ont été déterminants dans le succès final du « Leave ». On peut en déduire l’importance de formes autonomes d’organisation structurant l’électorat de gauche pour que puisse s’y exprimer des options souverainistes.
[1] https://russeurope.
hypotheses.org/5030 [2] https://russeurope.
hypotheses.org/5022 [3] http://www.pewglobal.org/
2016/06/07/euroskepticism- beyond-brexit/