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Le climat, une grande cause nationale ? (2ème partie)

L'échec programmé de la Conférence Climat en décembre 2015 à
Paris.
 La crise climatique attend une réponse politique et non la seule
indignation citoyenne.
(2ème partie)
 


Changement climatique et société de marché.
 
La société de marché, à l'origine de la crise climatique, ne fournit pas les conditions de sa résolution, bien au contraire, comme on peut le constater par les propositions qui sont faites par le système économique dominant qui transforme les problèmes créés en de nouvelles sources de profit (capitalisme vert). A ce titre, les questions du productivisme, de la croissance, des délocalisations, du libre-échange, du protectionnisme, de la taxation ne sont en aucune manière des positions dogmatiques au vu des choix adoptés par les Nations-Unies pour une gouvernance mondiale associant États, entreprises, banques et autres institutions financières et au vu des fondamentaux économiques de l'Union européenne. Cette orientation, validée par les Nations Unies, lors du « Sommet des mobilisations » en septembre 2014, appelle à la mobilisation des capacités de financement des acteurs privés et des banques. La lutte contre le réchauffement climatique s'inscrit dans cette dérive financière dont l'Union européenne a été et reste l'ardente défenseur en instaurant un marché carbone d'échange des permis d'émission avec des mécanismes de flexibilité financiers qui exonèrent les gros pollueurs et une marchandisation de la nature (appelée encore économie verte).
 
On est en droit alors de se poser les questions suivantes: pourquoi les émissions de GES ne sont-elles pas contrôlées? Pourquoi les politiques climatiques adoptées par les États ne sont-elles pas à la hauteur des enjeux?
    •    Est-ce l'incapacité des dirigeants politiques de mettre en œuvre les bonnes solutions?
    •    Est-ce le système économique néo-classique qui nous sert de modèle qui se révèle incapable d'aborder la question du problème climatique?
    •    Quelle part le citoyen-consommateur a-t-il dans le blocage de cette situation dont les instances scientifiques soulignent le caractère déterminant et d'urgence?
 
Le climat soumis à la technologie et à la finance.
 
La soumission de la politique à la technologie et à la finance explique largement le manque de décisions politiques des sommets internationaux. Cette observation, relevée également par le Pape François dans sa Lettre encyclique sur l'écologie, reflète parfaitement le cadre idéologique qui est imposé (et approuvé par le gouvernement français) à la Conférence de Paris. La démarche qui associe États, monde économique et financier rompt avec la vision de la responsabilité des États et renforce la conception d'une mise en œuvre d'une gouvernance (que l'on peut définir comme étant la «démocratie» sans le peuple). La présence des grandes multinationales à la Conférence climat doit faire l'objet d'une « dénonciation politique » en plus d'une « indignation citoyenne » comme l'ont exprimée plusieurs associations environnementalistes.
 
La résolution de la question climatique et plus globalement de la crise écologique appelle à un autre modèle économique et à d'autres choix politiques, ceci à différents niveaux, national, européen et international. De nombreux exemples illustrent la nécessité du débat :
 
    •    peut-on envisager une quelconque politique climatique sans contrôle de l'économie néolibérale qui permet, par la libre circulation des capitaux, les délocalisations vers les pays à faible standard social et écologique ?,
    •    doit-on revenir sur l'idée de taxation des émissions de CO2 en remplacement du marché carbone qui a démontré son inefficacité ?
    •    Le libre-échange synonyme de la circulation de milliers de porte-containers transportant des produits qui pourraient être fabriqués localement est difficilement compatible avec des politiques climatiques;
    •    la question du libre-échange se heurte à celle du protectionnisme (pudiquement appelé ajustement aux frontières) social et environnementale qui remet en cause les règles standards de l'échange international régis par l'OMC ;
    •    où se situe la cohérence politique entre un gouvernement qui déclare la question climatique « grande cause nationale » et sa volonté d'adopter au plus vite un partenariat de libre-échange (TAFTA) entre l'Union européenne et les États-Unis ?
    •    la Loi Macron favorise la promotion du transport routier par autocars plutôt que de miser sur la consolidation du réseau ferroviaire pour le transport des voyageurs et du fret ; ceci montre l'incohérence entre les déclarations d'intention sur la question climatique et les choix politiques ;
    •    les mêmes questions se posent sur la politique énergétique (exploitation des gaz de schiste) et l'avenir de l'agriculture (le choix entre une agriculture familiale et une agriculture industrielle dépendante des énergies fossiles),
 
Climat et capitalisme
 
Toutes ces questions nécessitent non seulement un débat mais des choix clairs vis-à-vis des règles fondamentales de l'Union européenne (libre circulation des capitaux, société de marché et de libre concurrence), des règles du commerce international (OMC, accords bilatéraux de libre-échange). C'est la question du capitalisme qui est au final posée pour un avenir qui concerne l'ensemble de l'humanité.
 
Le MS21 est convaincu que les règles de politique économique de l'Union européenne qui refuse par ailleurs tout choix démocratique au sein des pays de l'Union (l'illustration en est faite aujourd'hui avec la Grèce) sont incompatibles avec la recherche d'une politique climatique à la hauteur des enjeux. Il en est de même pour le commerce international régi par les règles du libre-échange.
 
Les choix politiques de MS21
 
Faire des choix politiques nécessite débats et confrontations, mais exige la reconnaissance d'une souveraineté nationale que dénie à présent l'Union européenne (clause secrète du traité de Lisbonne). La remise en cause du libre-échange peut s'appuyer sur les propositions de la Charte de La Havane de 1948 pour un autre commerce international basé sur la coopération et non sur la mise en concurrence et de la Déclaration de Cocoyoc de 1974 qui répond aux enjeux du développement et de la protection de l'environnement par une remise en cause des mécanismes du marché.
 
Le MS21 est favorable à l'accueil de la Conférence climat à Paris en 2015 qui va mettre en lumière la réalité des relations internationales, le sort lié des deux grandes puissances mondiales, États-Unis et Chine, en concurrence majeure, la position des puissances émergentes, la place de l'Europe, les revendications des pays pauvres. La question climatique est aussi une affaire nationale. La décréter par le gouvernement de Manuel Valls comme « grande cause nationale» au niveau d'un collectif qui se refuse à associer toute organisation politique fait craindre que cette grande cause ne soit qu'un effet de communication qui en dit long sur l'engagement écologique sincère de ce gouvernement.
 
 

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