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Écologie

  • LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET L’OPINION EURO-CRITIQUE

     

     par MS21

    Les USA retirent leur signature de l'accord de Paris sur le climatLes USA retirent leur signature de l'accord de Paris sur le climat

    Les USA retirent leur signature de l'accord de Paris sur le climat

    L’article de Pierre Lévy « Bravo Donald, et maintenant, c’est le moment de sortir de l’OTAN », paru le 30 mai 2017 (n°66) dans la revue en ligne RUPTURES (https://ruptures-presse.fr/actu/trump-climat-mansholt-juncker-tusk/), le site  (auto proclamé) progressiste radicalement euro-critique suscite de sérieuses interrogations au vu des affirmations avancées par l’auteur que l’on pourrait résumer ainsi :

    - le réchauffement climatique fait l'objet d'un "consensus" délibérément exagéré,

    - il convient de ne pas taire les aspects positifs d'un tel réchauffement qui crée de nouvelles terres cultivables en Sibérie par exemple, 

    - la sobriété écologique n'est que le faux-nez de l'austérité,

    - la pensée écologique traduit la haine refoulée de l'industrie et de la classe ouvrière,

    - elle consolide le concept de mondialisation pour mieux limiter toute revendication de souveraineté,

    - et au final elle ne représente qu'une pensée profondément réactionnaire conduisant à une régression anthropologique potentielle qui appliquée ne nous aurait jamais permis de sortir des grottes de Lascaux.

    Devant une telle charge polémique et outrancière, il semble souhaitable d'apporter un démenti aux affirmations péremptoires de l'auteur. Pierre Lévy indique qu'il n'a « aucune légitimité pour trancher le débat sur la réalité du réchauffement, ni sur son origine anthropique. Une majorité de scientifiques penche pour une réponse positive, même si le terme « consensus » est délibérément exagéré ». Il ne va pas jusqu'à décréter comme le fit Donald Trump que le réchauffement climatique est un « canular » ou à s'aligner sur Marine Le Pen qui déclarait il y a peu « je ne suis pas sûre que l'activité humaine soit l'origine principale du phénomène ». Mais le doute insinué par l'auteur sur l'idée d'un consensus scientifique délibérément exagéré pose indirectement la question du fonctionnement de nos institutions et au final celui de la démocratie. La France dispose de corps et d'institutions intermédiaires (Académie des sciences, CNRS, IFREMER, INRA, …..) dont la mission est d'éclairer le citoyen sur la science, de faire progresser la connaissance et de prendre position sur certains débats. Ce débat a eu lieu (à défaut d'y adhérer, faut-il au moins le signaler) légitimant à la fois les travaux du GIEC et concluant à la responsabilité des activités humaines non seulement sur le réchauffement climatique mais également sur la destruction de la biodiversité. Folie serait de nier tout autant les conclusions de ces institutions intermédiaires publiques et le constat sur la dégradation écologique de la planète.

    La « sobriété » prônée pour « la lutte pour le climat » peut être effectivement une justification de l'austérité imposée par l'oligarchie financière, mais elle est aussi une réponse aux politiques productivistes et au libre échange qui conduisent à la situation que l'on connaît. Mais cela ne suffit pas, la crise écologique et la crise sociale qui traversent nos sociétés sont indissociables l'une de l'autre, et la seconde réponse à apporter est la réduction des inégalités. Nous sommes bien loin de cette qualification méprisante d'avoir affaire à des « idiots utiles » selon les termes de Pierre Lévy pour qualifier celles et ceux engagés dans une telle réflexion. Par ailleurs, qui aurait la naïveté d'ignorer dans ce débat les enjeux géostratégiques des firmes et des grandes puissances capitalistes ? Cette réflexion écologique ne saurait être assimilée en aucune manière aux déclarations contradictoires des partis européistes comme le PS ou EELV qui posent la question de l'urgence écologique tout en adhérant aux politiques néolibérales de l'Union européenne dont les marques fondamentales sont le productivisme, le libre-échange, le développement des inégalités et l'austérité pour les classes populaires.

    Mettre ensemble dans le même sac le fait que le climat de connaît pas de frontières et la limitation des souverainetés des États reviendrait à mettre en parallèle de la même manière l'aviation civile internationale et la souveraineté des pays. Ceci n'a guère de sens et relève d'une « brève » de comptoir. L'enjeu est autre et mérite que l'on y accorde un peu de réflexion. La Conférence de Copenhague en 2009 fut un échec international enterrant par là même le Protocole de Kyoto. La Conférence de Paris (COP21) en décembre 2015 ayant  permis de  clarifier la situation sur le climat, le MS21 écrivait : « le mérite de la COP21 est d'avoir entériné au niveau international les enjeux liés aux changements climatiques et d'en préciser les objectifs pour en limiter les conséquences. Il est à nos pays de définir à présent quelles sont les trajectoires énergétiques, économiques et sociales pour y parvenir ».

    L'objectif reconnu est de ne pas dépasser une hausse de la température de la planète de plus de 2°C, voire 1,5°C. Il est reconnu comme illusoire actuellement de trouver un accord international sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre (GES). Face à un tel constat, c'est à chaque pays de s'engager volontairement pour une réduction des GES. Les engagements des États ne permettent pas d'atteindre l'objectif de 2°C et la trajectoire annoncée se situe sur une hausse de la température entre 3,5 et 4,0°C, avec toutes les conséquences environnementales, sanitaires, humaines et économiques à prévoir. Chaque pays est mis ainsi devant ses responsabilités. Donald Trump  l'a fait à sa manière et ne veut même pas entendre parler d'engagement international, ce qui est une constante dans la politique des États-Unis.  Pour la France, le MS21 ignore l'engagement du Président Emmanuel Macron. Le candidat de la France Insoumise mettait l'enjeu écologique au premier rang des préoccupations politiques en adoptant et en constitutionnalisant la règle verte, conduisant à la planification écologique. Faut-il pour cette raison  affubler à Jean-Luc Mélenchon le qualificatif « d'idiot utile » ?

    Au final laisser croire que la préservation de l'environnement (terme bien mal choisi par Pierre Lévy car le réchauffement climatique est déjà en cours ainsi que la destruction de la biodiversité), reviendrait à se laisser guider par une pensée profondément réactionnaire amène à penser que l'auteur de l'article se range dans la catégorie des « climato-sceptiques » ou qu'il soit un journaliste bien mal informé. Dans ce dernier cas, le MS21 suggère la lecture de trois ouvrages particulièrement éclairants : John R. McNeill (2010) Du nouveau sous le soleil. Une histoire de l'environnement mondial au XXe siècle, ed. Champ Vallon, A. Bernier (2012) Comment la mondialisation a tué l'écologie. Les politiques environnementales piégées par le libre échange, ed Mille et Une Nuits, et A. Pottier (2016) Comment les économistes réchauffent la planète, ed. Seuil. Le climato-scepticisme ne vient pas de nulle part mais fait partie d'une stratégie délibérée qui trouve ses racines notamment aux États-Unis dans une interprétation littérale de la Bible et dans le fondamentalisme du marché car pour eux le marché est une institution parfaite et cette règle ne souffre d'aucune exception. Or, le changement climatique signale une défaillance des mécanismes du marché et pour les tenants d'un tel fondamentalisme, c'est là une situation impossible : par conséquent le changement climatique ne peut exister.

    Enfin, au registre des "avantages", si Pierre Lévy souligne les  effets positifs du réchauffement climatique , « comme par exemple les millions d’hectares que le dégel sibérien rendrait cultivables », auxquels il aurait pu ajouter l'ouverture à la prospection pétrolière en zone polaire arctique, il faudrait mettre dans le second plateau de la balance les estimations de l'ONU qui prévoient l'exil forcé de 250 millions de personnes en lien avec les bouleversements du climat. Faudra-t-il construire des murs, à l'instar de ceux existants et en projet comme celui envisagé par Donald Trump entre son pays et le Mexique, pour protéger les souverainetés des pays ? Pierre Lévy se garde bien de s'engager dans cette réflexion qui nous sera imposée bon gré mal gré.

    Le radicalisme progressiste eurocritique n'a pas besoin de disposer d'un tel avocat

    ARTICLE DE PIERRE LEVY

    La décision annoncée par Donald Trump de sortir de l’accord de Paris sur le climat suscite un tollé sans précédent. Chacun sait que dans ces colonnes, on ne donne pas dans le soutien inconditionnel au maître de la Maison Blanche. Mais cette fois…

    Il l’a fait ! Donald Trump avait jusqu’à présent si fréquemment tourné le dos à ses promesses électorales qu’on désespérait qu’il tînt cet engagement-là. Finalement, il a eu le courage d’aller contre les objurgations des élites mondialisées (lire le compte-rendu du G7  du 26 mai dans l’édition papier de Ruptures), des partis installés, des médias les plus divers – bref, de l’idéologie dominante qui, sur le dossier « environnement », flirte carrément avec le terrorisme intellectuel.

    Le président américain a donc, le 1er juin, annoncé la sortie de son pays de l’accord « climat » signé à Paris. Ce faisant, il désespère tout ce que l’Union européenne compte de sommités, du président du Conseil, Donald Tusk, à celui de la Commission, Jean-Claude Juncker, de la chancelière allemande au président français. S’il ne s’était pas agi des États-Unis mais des îles Fidji, gageons qu’un corps expéditionnaire européen, alimenté en carburant bio, serait déjà En Marche pour rétablir la sacro-sainte défense de la planète.

    Il désespère également ces autres progressistes bien connus que sont Apple, Facebook, Google, Microdsoft, mais aussi Unilever, ConocoPhilipps et Exxon Mobil : toutes ces firmes avaient, au dernier moment, tenté de dissuader la Maison Blanche de commettre l’ « irréparable »…

    On n’a ici aucune légitimité pour trancher le débat sur la réalité du réchauffement, ni sur son origine anthropique. Une majorité de scientifiques penche pour une réponse positive, même si le terme « consensus » est délibérément exagéré. Mais là n’est nullement la question. (Au passage, notons que le dossier est toujours exclusivement instruit « à charge » : aucun des procureurs énumérant les effets négatifs dudit réchauffement n’imagine un seul instant se pencher sur des effets positifs – comme par exemple les millions d’hectares que le dégel sibérien rendrait cultivables).

    En revanche, il est permis d’analyser le contexte idéologique qui assène comme vérité obligatoire qu’il faut « prendre soin de la nature ». Les quatre éléments suivants mériteraient d’être largement développés. Résumons les ici drastiquement.

    Quatre éléments

    Un : la « sobriété » que sous-tend (explicitement pour certains, implicitement pour d’autres) « la lutte pour le climat » n’est que le faux-nez de l’austérité que tentent d’imposer les maîtres du pouvoir et propriétaires des capitaux (ce sont les mêmes). Et pour cause : leur système est arrivé à bout de course, et s’avère incapable de promouvoir un développement impétueux des forces productives. Du reste, l’amour de la nature est bien souvent la trace de la haine refoulée de l’industrie… et de la classe ouvrière. Dès lors, il faut aux dirigeants capitalistes un habillage idéologique présentable pour dissimuler leur impuissance.

    Deux : n’en déplaise aux innombrables « idiots utiles » qui psalmodient leur amour de la nature, la substitution des énergies renouvelables aux énergies fossiles (et au nucléaire) recouvre en réalité des rivalités et des ambitions géostratégiques, entre firmes mais aussi entre puissances. Car, pas de chance, une large part du pétrole et du gaz a été installée par Dieu – décidément distrait sur ce coup-là – dans des pays arabes et en Russie, ce qui n’est évidemment pas acceptable… Dépendre de Moscou, de Téhéran, voire de Riyad, voilà qui ne doit pas durer !

    Trois : le climat a ceci de particulier qu’il ne connaît guère de frontières. Ça tombe décidément à pic pour les adeptes de Bruxelles, Bilderberg et consorts qui rêvent de voir celles-ci effacées au plus tôt, afin de laisser place à une gouvernance globalisée. La lutte « contre le réchauffement » justifie en substance l’abolition, ou à tout le moins la limitation, des souverainetés.

    Quatre : l’impératif comminatoire enjoignant de « préserver l’environnement » s’apparente à la jadis célèbre formule des toilettes ferroviaires : veuillez laisser la planète dans l’état où vous l’avez trouvée. Une pensée profondément réactionnaire qui, si elle avait été appliquée dès l’origine par les sociétés humaines, nous cantonnerait encore aujourd’hui dans la grotte de Lascaux. Une régression anthropologique potentielle qui pose implicitement qu’on est allé « trop loin » alors même que les ressources de la planète seraient « limitées ». Ce qui fait l’impasse sur l’intelligence humaine : le même hectare cultivé en blé nourrit aujourd’hui infiniment plus de personnes que dans l’antiquité. Or nous ne sommes encore qu’au début de la préhistoire de l’humanité.

    Pour l’heure, on s’en tiendra là : c’est déjà mille fois plus que les oreilles sensibles – et alignées – n’en peuvent supporter.

    Et l’on se réjouira que les adeptes de la décroissance (et autres « croissances soutenables ») enragent ; et que leurs ancêtres se retournent probablement dans leur tombe, à moins que leurs bio-restes ne nourrissent déjà amoureusement les pissenlits.

    On a ainsi une pensée particulière pour Sicco Mansholt, l’un des premiers à populariser (en 1972) le rapport du Club de Rome prônant la décroissance. A ses moments perdus, le Néerlandais fut également vice-président puis président de la Commission européenne.

    En réfléchissant bien, l’OTAN pourrait bien redevenir « obsolète »

    Certes, Donald Trump a pris sa décision pour des raisons qui n’ont rien de philosophique, mais reflètent certains intérêts. Ces derniers intègrent la probable prochaine suffisance énergétique du pays, de même que la volonté affichée de préserver l’emploi des mineurs.

    En matière de justification, on en a connu de pires.

    Bravo Donald, et encore un effort : en réfléchissant bien, l’OTAN pourrait bien redevenir « obsolète ». Au vu de la réaction des dirigeants européens, tout espoir en ce sens n’est pas perdu…

    Pierre Lévy

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  • La revue de la semaine de Jean-Luc Mélenchon

    Dans ce 27e numéro de la Revue de la semaine, Jean-Luc Mélenchon explique pourquoi les législatives peuvent être l'occasion d'appliquer le programme «L'Avenir en commun» avant de donner les raisons de sa candidature à Marseille. Il apporte son soutien aux salarié.e.s de GM&S, en lutte à La Souterraine dans le département de la Creuse. Jean-Luc Mélenchon revient également sur l'absence de l'écologie dans le débat du second tour de l'élection présidentielle et invite chacun.e à être vigilant.e sur les questions liées au nucléaire ainsi qu'à la propriété des outils de production.

    ***SOMMAIRE***
    01:25 : Les législatives et les chances de la France insoumise
    04:17 : Pourquoi être candidat aux législatives ?
    05:58 : Pourquoi avoir choisi Marseille ?
    08:28 : Ce que les législatives peuvent apporter au pays.
    10:16 : Industrie et écologie
    13:20 : La lutte des salarié.e.s de GM&S à La Souterraine, dans la Creuse
    18:49 : Les stratégies américaines de prise de contrôle des entreprises françaises
    22:00 : Technip, nouvelle entreprise menacée
    23:26 : Appel à la vigilance sur les questions de propriété des moyens de production
    25:25 : L'écologie, grande absente du second tour de l'élection présidentielle
    26:16 : Les dangers du nucléaire : l'effondrement de la «poubelle nucléaire» américaine.



     


    ***LES LIENS***
    - Tout savoir sur notre campagne des législatives : https://lafranceinsoumise.fr/campagne...
    - À bout, les GM&S de La Souterraine (Creuse) piègent leur usine et détruisent des machines : http://www.lamontagne.fr/souterraine/...
    - TechnipFMC : la fusion tourne à l'avantage des Américains : https://www.lesechos.fr/idees-debats/...
    - Incident dans la «poubelle nucléaire» des États-Unis : http://abonnes.lemonde.fr/ameriques/a...

    ***RETROUVEZ JEAN-LUC MÉLENCHON SUR***
    - Le site de campagne : http://www.jlm2017.fr
    - Le blog : http://melenchon.fr
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  • Livre : Hold-up sur le climat

     

    Couverture Hold Up sur le climat
     

    Après « Hold up sur l’alimentation », le CETIM publie : « Hold-up sur le climat », un ouvrage réalisé par GRAIN, à la suite d’un travail de 25 années, en partenariat avec les mouvements sociaux et les organisations de défense des cultures alimentaires locales.

     

    Ce livre rappelle comment et pourquoi la souveraineté alimentaire est centrale dans la mise en place d’une solution pérenne et juste pour les peuples. Du lien oublié entre alimentation et crise climatique, au contrôle exercé par les multinationales, en passant par l’accaparement des terres et la lutte semencière, GRAIN dresse une analyse scientifique complète de l’état du système alimentaire mondial et de ses enjeux planétaires. Pour vous donner un avant goût, en voici un petit extrait :

    «  Ruée vers l’or bleu en Afrique : derrière chaque accaparement de terres, un accaparement de l’eau

    Sans eau, pas de production alimentaire En Afrique, une personne sur trois souffre de pénurie d’eau et le changement climatique va encore aggraver les choses. Les savoirs locaux sur les systèmes extrêmement sophistiqués de gestion de l’eau en Afrique pourraient contribuer à résoudre la crise qui se développe, mais ce sont justement ces systèmes qui sont actuellement détruits par un accaparement des terres à grande échelle au prétexte que, sur ce continent, l’eau est abondante, sous-utilisée et prête à être exploitée pour une agriculture tournée vers l’exportation.

    GRAIN examine l’actuelle ruée sur les terres en Afrique pour mettre à jour la lutte globale de ce qui est de plus en plus considéré aujourd’hui comme une marchandise plus précieuse que l’or ou le pétrole : l’eau. L’Alwero, une rivière de la région éthiopienne de Gambela, représente à la fois une identité et un moyen de subsistance pour le peuple autochtone des Anuak, qui pratiquent depuis des siècles la pêche dans ses eaux et l’agriculture sur ses berges et les terres environnantes. Certains Anuak sont des éleveurs nomades, mais la plupart sont des agriculteurs qui se déplacent vers des zones plus sèches à la saison des pluies avant de revenir sur les berges de la rivière. Ce cycle agricole saisonnier permet d’entretenir et de maintenir la fertilité du sol. Il permet également de structurer la culture autour de la répétition collective de pratiques agricoles traditionnelles en lien avec les pluies et les crues dans la mesure où chaque communauté s’occupe de son propre territoire et des eaux et terres agricoles qui en font partie.

    Au cours des dernières années, des sociétés saoudiennes ont acheté des millions d’hectares à l’étranger pour produire des denrées alimentaires qui sont ensuite réimportées en Arabie saoudite. L’Arabie saoudite ne manque pas de terres pour la production alimentaire. Ce qui manque dans le Royaume, c’est l’eau, et ses entreprises vont la chercher dans des pays comme l’Éthiopie. Une nouvelle plantation dans la région de Gambela, propriété du milliardaire saoudien Mohammed al-Amoudi, est irriguée avec de l’eau prélevée dans la rivière Alwero. Des milliers de personnes dépendent de l’eau de cette rivière pour leur survie, et les projets d’irrigation industrielle d’Al-Moudi pourraient mettre en péril l’accès à cette ressource. »

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  • L'échec programmé de la Conférence Climat en décembre 2015 à Paris.

     

    La crise climatique attend une réponse politique et non la seule indignation citoyenne.

     

     

     

     

    Le climat, une grande cause nationale ?

     

    En préparatif à la Conférence sur le climat à Paris en décembre 2015, le gouvernement de Manuel Valls décrétait que le collectif «  Coalition climat 21 »  (http://coalitionclimat21.org/) serait une grande cause nationale. Ce collectif, constitué de plus de 70 organisations, a une étrange singularité, il exclut tout parti et mouvement politique et n'intègre qu'associations, mouvements de solidarité, mouvements altermondialistes et syndicats. La crise climatique devrait donc se jouer sur le seul mode de l'indignation des citoyens impliqués dans ces mouvements («changeons le système, pas le climat»), or cette crise est de nature politique, c'est donc d'une réponse politique dont elle a besoin. Imaginer que la Conférence de Paris puisse être une caisse de résonance des luttes pour une justice climatique relève d'un vœu  pieux et risque de rester lettre morte comme cela fut le cas à Copenhague. La Conférence de Paris risque de s’achever de la même façon par des déclarations d'intentions, des promesses qui ne seront pas tenues.

     

     

     

    Six ans auparavant, la Conférence de Copenhague avait scellé l'échec de tout accord international pour lutter contre le réchauffement climatique. Le seul résultat tangible fut un texte de trois pages, qualifié «Accord de Copenhague» (!) dans lequel une trentaine de pays, représentant 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), reconnaissaient que le changement climatique était l'un des grands défis de notre temps, mais signifiaient tout autant leur refus de s'engager pour tout objectif chiffré de réduction des émissions de GES, pour tout mécanisme contraignant ou pour toute aide réelle en faveur des pays les plus vulnérables. L'implication exceptionnelle de la société civile citoyenne à Copenhague, plus de 800 ONG accréditées pour assister à la Conférence, l'organisation d'un «Forum citoyen mondial », la mise en place de multiples coalitions environnementales, la manifestation dans les rues de Copenhague réunissant entre 50 000 et 100 000 personnes, le foisonnement de sites militants, le recueil de pas moins de 15 millions de signatures par la campagne «TckTckTck», n'y ont rien changé. La Conférence de Copenhague a mis ainsi en lumière les limites d'influence des ONG et des mouvements sociaux, leur impuissance face aux réalités des rapports de force internationaux

     

     

     

    Il n'est nullement question pour MS21 de mettre ici en doute la sincérité de l'engagement et la combativité de nombreux militants pour une justice climatique, mais celle-ci, tant écologique que sociale, nécessite des politiques de même nom, et donc des choix politiques qui soient à la hauteur des enjeux qui nous sont présentés.

     

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  • L’ENCYCLIQUE « LAUDATO SI » (2015), LA DECLARATION DE COCOYOC (1974) : MÊME CONSTAT, MÊME COMBAT.



    Le MS21 se réclame de l'expérience des pays d'Amérique latine (Équateur, Bolivie, Venezuela) dans leur lutte contre le néo-libéralisme, la finance, la technocratie, contre l'explosion des inégalités, contre la dégradation environnementale et sociale qui prend à présent une dimension planétaire. L'un des meilleurs ambassadeurs actuels du discours anticapitaliste, écouté par les médias dominants, se trouve être aujourd'hui le chef de l’Église catholique, premier pape non européen depuis 13 siècles, issu de cette Amérique latine qui l'a vu naître.
     
    Le Vatican a un statut d’Etat observateur à l’ONU depuis 1964. C’est à ce titre que le Pape lors de l'Assemblée générale des Nations Unies (ONU), à l'occasion du lancement des Objectifs du millénaire pour le développement, plaidera le 25 septembre très probablement pour une écologie intégrale, liant l'humain et l'environnement. L'encyclique du Pape François sur l'écologie, Laudato Si, appelle à un autre système économique, celui que nous connaissons se révèle délétère pour l'homme et la planète. Voici donc un pape qui s’adresse à tous, croyants et non croyants, qui assure qu'un autre monde est possible, ici-bas et maintenant. « Tout est lié » souligne-t-il : la pauvreté et l'exclusion, la dictature du court-terme, le productivisme et le consumérisme, la culture du déchet, le réchauffement climatique, la destruction de la biodiversité, l'eau potable, droit humain primordial, transformée en marchandise soumise aux lois du marché.
     
    Quarante et un ans séparent l’intervention du Pape aux Nations Unies de l’un des textes les plus fondamentaux traitant de ce sujet. Il s'agit de la Déclaration de Cocoyoc, texte enterré délibérément par les gouvernements des pays riches de l'époque et qui fait partie des documents rayés de l’histoire officielle des Nations-Unies. Le MS21 tient à faire reconnaître l’actualité de ce texte essentiel qui fait partie de ses fondamentaux.
     
    La Déclaration de Cocoyoc du 23 octobre 1974 est un texte radical sur le développement et la nécessité de protéger l’environnement. Il a été rédigé dans la suite de la Conférence mondiale sur l'environnement de Stockholm de 1972 et résulte des travaux d'un colloque qui s'est tenu à Cocoyoc au Mexique portant sur « l’utilisation des ressources, de l’environnement et des stratégies de développement ». La similitude des réflexions à 40 ans de distance est frappante.
    La Déclaration de Cocoyoc porte la voix des pays en développement et des pauvres et aspire à un nouvel ordre économique mondial. La déclaration finale est un réquisitoire contre les politiques occidentales en général et des États-Unis en particulier. Voici quelques points clés de cette Déclaration :
     
    Pauvreté : « les affamés, les « sans-abri » et les illettrés sont plus nombreux aujourd’hui que lorsque les Nations Unies ont été créées »
     
    Ordre colonial : les rapports de force de « cinq siècles de contrôle colonial qui a massivement concentré le pouvoir économique entre les mains d’un petit groupe de nations » n’ont pas été modifiés.
     
    Richesses : le problème n’est pas lié à un manque de richesses produites, mais à une
    « mauvaise répartition et un mauvais usage ».
     
    Croissance : « un processus de croissance qui bénéficie seulement à une très petite minorité et qui maintient ou accroît les disparités entre pays et à l’intérieur des pays n’est pas du développement, c’est de l’exploitation ». « Par conséquent, nous rejetons l’idée de la croissance d’abord et d’une juste répartition des richesses ensuite ».
     
    Economie de marché : « les solutions à ces problèmes ne peuvent provenir de l'auto-régulation par les mécanismes de marché »
     
    Pauvreté et dégradation de l’environnement : ce n’est pas la pauvreté qui est désignée comme responsable de la dégradation de l’environnement, mais les relations économiques inéquitables et le prix dérisoire des matières premières sur les marchés, c’est à dire une pauvreté organisée par les classes dirigeantes.
     
    Gestion environnementale des biens communs : permettre l’autonomie des nations sans tomber dans l’autarcie. Nul besoin d’une « aide » des pays riches, mais le paiement au juste prix des matières premières.
     
    La Déclaration de Cocoyoc impressionne autant par la justesse de l’analyse que par les perspectives politiques qu’elle dessine. La radicalité du texte fut analysée par les pays occidentaux comme une véritable provocation. Deux points furent jugés inacceptables : la critique du mode de vie occidental et le refus d’un monde centré sur les pays développés. Les États-Unis, par l’intermédiaire d’un long télégramme adressé par le Secrétaire d’État Henry Kissinger au Secrétaire général des Nations Unies, rejeta l’intégralité du texte.
     
    La Déclaration de Cocoyoc est un texte fondateur à redécouvrir pour la protection et la gestion de l’environnement. Il est le seul texte international sur l’environnement à vouloir rompre avec l’ordre économique mondial dominant. Il résonne à trois mois de la Conférence Climat de Paris (COP21) où déjà le Président François Hollande, dans sa conférence de presse du 7 septembre, fait mine de s'interroger sur les risques d'échec de cette conférence alors que tout indique qu'il n'en sortira rien ou si peu de choses, ni engagement concret et contraignant pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, ni financement ferme pour l'aide aux pays pauvres alors qu'un engagement de 100 milliards de dollars par an avait été pris lors de la Conférence de Copenhague en 2007.
     
    La solution à la crise écologique ne peut se trouver auprès des dirigeants politiques inféodés à un système économique destructeur. Il s'agit de rompre avec une économie où les questions de l'éthique, du bien commun sont exclues par la fiction de la « main invisible » censée réguler le marché et ses conséquences environnementales et sociales. La solution politique se trouve au niveau des peuples et non plus des élites égarées par la logique d'un système qui conduit à terme à un effondrement de nos sociétés.
     
    Repenser nos sociétés conduit donc à reformuler les bases de leur fonctionnement : la remise en cause d'une économie basée uniquement sur les lois de la concurrence, la libre circulation des capitaux, le libre-échange commercial, la nécessité de retrouver une souveraineté monétaire, la possibilité de faire des choix, ce qui pose la question de la démocratie et du respect de la souveraineté nationale et populaire. Cette souveraineté est à présent ouvertement désavouée et bafouée. Comme le souligne Roland Gori, initiateur de l'Appel des appels, « la crise grecque met en lumière jusqu'à l'obscénité la mise sous curatelle technico-financière des peuples et des nations », se référant ainsi au propos laconique et terrible de J.Cl. Juncker, Président de la Commission européenne « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». Retrouver la démocratie demande de se réapproprier des espaces de parole, de débats et de discussion, en finir avec les formes dégénérées que sont la démocratie du spectacle et la démocratie de l'expertise. C'est donc bien tout l'édifice institutionnel et politique de l'Union européenne qui doit être remis en cause pour se libérer du jeu des économies financiarisées. Celle-ci s'est construite autour des seules idées de concurrence, de compétitivité, de libre-échange qui ont pour vocation de supprimer la souveraineté des peuples. La crise grecque confirme ce que nombre d'économistes, de militants et de citoyens répètent depuis des années, l'Union européenne n'est pas réformable de l'intérieur, la seule option qui reste est d'en sortir.
     
     
    Pour en savoir plus :
     
    A. Bernier 2012 Comment la mondialisation a tué l'écologie. Ed. Mille et Une Nuits. [Dans cet ouvrage le lecteur peut retrouver l’intégralité de la Déclaration de Cocoyoc en version française].
     
    J.M. Dumay 2015 Le pape contre le « fumier du diable ». Le Monde Diplomatique, septembre 2015
     
    R. Gori 2015 « Il faut redonner au politique toute sa place désertée » , entretien dans L'Humanité du 4,5 et 6 septembre 2015 et L'individu ingouvernable. Ed. Les Liens qui libèrent
     
    Pape François 2015. Loué sois-tu (Laudato Si). Lettre encyclique sur la maison commune, disponible chez plusieurs éditeurs (Bayard, Cerf, Artège, Salvator), téléchargeable sur Internet (www.vatican.va)
     

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