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Entretien avec GEORGES GASTAUD,

porte-parole du PRCF A propos du « MOMENT ACTUEL » # 17 septembre 2015

Georges Gastaud, philosophe, syndicaliste, secrétaire national du PRCF tout juste de retour d’une fête de l’Humanité très réussie pour le PRCF, a bien voulu répondre à quelques question d’Initiative Communiste. Explications, analyses et propositions au regard de la situation, du moment actuel.

 

 

 

Question des réfugiés et des immigrants, replacée dans le cadre de l’anti-impérialisme car c’est bien l’impérialisme qui est la cause première et fondamentale de ces événements (en pillant le Tiers-monde et en provoquant des guerres) ; leçons de l’affaire grecque qui ne fait que confirmer la stratégie proposée par le PRCF, appel à amplifier encore le débat autour des 4 sorties, sortie de l’UE, sortie de l’Euro, sortie de l’OTAN et sortie du capitalisme sont quelques un des principaux thèmes abordés

 

Initiative Communiste : Comment le PRCF regarde-t-il ce que la grande presse appelle « la crise des migrants » ?

 

 Derrière leur masque compassionnel, l’impérialisme et ses chiens de garde médiatiques battent actuellement de nouveaux records d’hypocrisie et de barbarie.

 

Prolongeant la politique hyper-agressive de G.W. Bush au Proche-Orient, les forces euro-atlantiques relayées sur place par le fascisant régime turc et par les féodaux saoudiens et qatari ont sciemment déstabilisé la Syrie, quitte à déchaîner contre Damas les pires fanatiques de la planète. Ils avaient déjà réalisé le même forfait de masse en Libye à l’époque de Sarkozy. L’impérialisme français déclinant est en pointe dans cette déstabilisation et il est à noter que le social-impérialiste Fabius (socialiste en paroles, belliciste en pratique) est d’autant plus arrogant contre les peuples de l’Est (Ukraine) et du Sud qu’il est plus veule face à l’impérialisme allemand en phase de revanche historique, sans parler des reptations élyséennes devant l’Oncle Sam et l’OTAN. Engels notait déjà, à propos des rapports entre l’Irlande opprimée et l’Empire britannique, qu’ « un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être libre » et c’est à la fois par anti-impérialisme et par patriotisme bien compris que nous combattons les entreprises néocoloniales de la France officielle : tout ce qui renforce ce néocolonialisme pseudo-français détruit notre pays car ce sont les mêmes forces sociales – l’oligarchie capitaliste appuyée par les « sarkoblicains » et par le PS pro-Maastricht – qui agressent d’autres peuples et qui démolissent la France issue du CNR : leurs victoires sont des défaites pour le peuple de France et il faut donc lier chaque lutte pour l’emploi et contre l’austérité à la dénonciation des guerres impérialistes, ce que les états-majors syndicaux euro-formatés ne font plus du tout.

 

En tout cas le résultat de cette stratégie de gouvernance mondiale par le chaos ne se sont pas fait attendre : des millions de Syriens fuient leur pays cassé. L’UE a d’abord traité la question par la barbarie pure et simple : des dizaines de milliers de noyés, surtout africains, en Méditerranée. Sous l’égide de l’impérialisme allemand, qui veut à la fois réinvestir politiquement le terrain proche-oriental et injecter sur son marché du travail des millions de salariés qualifiés prêts aux travaux sous-payés, l’UE feint de vouloir accueillir des millions de malheureux alors même que l’UE comporte des dizaines de millions de chômeurs, de précaires et de travailleurs pauvres. Bien entendu, il faut faire échec aux barbares du parti « républicain » et du FN qui cultivent la xénophobie la plus rance à l’encontre des migrants et des enfants en danger de mort. Mais la véritable ligne internationaliste n’est nullement pour autant de rallier le point de vue hypocrite des Guetta, BHL et autres donneurs de leçons humanistes. La solidarité vraie ne repose pas, contrairement à ceux que propagent l’UE, l’UMP, le PS… et le MEDEF, sur la « libre circulation des hommes, des marchandises, des capitaux et des services » : ça, c’est la « liberté » pour le capital d’exploser toutes les nations constituées, d’organiser les sous-enchères sociales, de précipiter l’usage de l’anglo-américain comme seule langue de travail, de dresser les peuples les uns contre les autres, d’attiser le racisme et les partis d’extrême droite, du FN aux néonazis allemands, du Vlaams Belang cher à la Le Pen aux xénophobes de la Ligue du Nord en Italie. La vraie revendication prolétarienne – et paysanne ! – c’est le droit pour chacun de vivre et de travailler au pays quitte, bien entendu, à co-planifier les échanges internationaux de biens, de ressources techniques et de main-d’œuvre à l’échelle continentale et mondiale : ce qui requiert une toute autre société, le socialisme et le communisme.

 

Bien entendu, tout travailleur doit être défendu contre l’extrême droite et le racisme d’État au nom de la solidarité de classe et de l’unité du prolétariat résidant sur notre sol : bas les pattes donc, Valls, Sarko et MLP, à l’encontre des travailleurs immigrés. Mais notre but ne peut pas être de vider la Libye, la Syrie, l’Irak, le Mali, etc. de tous leurs éléments qualifiés pour aider Merkel à détruire les garanties sociales du salariat allemand pendant que l’OTAN livre des pays entiers au chaos. Il faut avant tout accentuer la pression populaire, aujourd’hui honteusement faible suite à l’abandon des positions anti-impérialistes par les états-majors du mouvement ouvrier, pour combattre les guerres impérialistes, mettre au premier plan le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, exiger que les sommes folles investies pour précipiter la Syrie, l’Ukraine, etc. dans la guerre civile, soient récupérées, aux frais des transnationales des armes et du pétrole, pour reconstruire ces pays, permettre à leurs émigrants forcés d’y revenir librement, et pour parallèlement, reconstruire aussi notre pays cassé, fût-ce pour le moment à un degré bien moindre que ne le sont les pays du Sud, de l’Est et du Proche-Orient.

 

Encore un mot pour dire le dégoût quotidien que nous inspire un Bernard Guetta qui chaque jour sur France-Inter, dénigre le peuple français et exalte « l’Allemagne honneur de l’Europe ». Honte à Guetta, BHL et Cie qui ont semé l’ingérence en Libye et en Syrie et qui maintenant appellent le petit peuple à « accueillir » les migrants alors que les villes riches ne font rien pour accueillir les travailleurs et construire un minimum de logements sociaux ! Rappelons aussi que c’est cette même RFA, unifiée aux dépens de la RDA annexée et des « Ossies » qui a écrasé la Grèce avec le renfort du tartuffe de l’Élysée. Bien sûr qu’il ne faut plus un seul noyé en Méditerranée, mais pour cela, il faut faire payer les profiteurs de la guerre et leurs serviteurs nantis des grands médias, pas les salariés, paysans et chômeurs qui vivent déjà mille difficultés à cause de l’euro-austérité et des ruineuses politiques de guerre pratiquées par l’UE/OTAN !

 

Bref la compassion vraie passe par l’engagement des vrais internationalistes contre le couple mortel que forment les fauteurs de guerres impérialistes et les défenseurs de l’euro-austérité.

 

Et bien entendu, cela implique la totale solidarité avec les travailleurs allemands qui mènent des luttes importantes dans la dernière période. Ce n’est pas l’Allemagne progressiste de Lessing, de Beethoven, de Marx, Zetkin, Luxemburg, Liebknecht ou Brecht que nous combattons, au contraire, personne d’autre que les fondateurs du PRCF n’a fait plus en France en 1990/2000 pour défendre les communistes est-allemands persécutés en masse comme nous l’a récemment écrit Margot Honecker dans un message émouvant ; c’est l’impérialisme « allemand » et son compère « français », héritier de Thiers et de Pétain, que nous dénonçons en appelant à reconstituer l’Axe rouge franco-allemand qui existait à l’époque où Thälmann et Thorez combattaient ensemble la montée de l’euro-fascisme !

 

 I.C.- Où en est la lutte contre l’UE après le tragique dénouement de l’affaire grecque ?

 

Le peuple grec paie cher la stratégie euro-réformiste, d’ailleurs privée de tout contenu, de Syriza. Les forces euro-atlantiques ont profité de ces illusions pour « donner une leçon » à tous les peuples, italien, portugais, espagnol, voire français, qui seraient tentés de s’insurger contre l’euro-austérité qui découle à perpétuité de ces deux éléments indissociables : l’endettement structurel des Etats auto-vassalisés par rapport aux « marchés », et l’alignement non moins structurel de l’euro sur le Deutschemark, toujours secrètement présent ; dans un récent article d’Étincelles, j’ai montré que derrière le verbiage « libéral », l’euro est en fait un dispositif impérialiste mondial de facture crypto-protectionniste : il vise à protéger à la fois la prédominance mondiale mortifère du dollar et les intérêts de l’industrie monopolistique allemande (tout cela bien entendu avec la complicité parfaite de « notre » grande bourgeoisie plus parasitaire, financière, veule et rapace que jamais).

 

 

Mais à quelque chose malheur est bon : le roi Euro et ses courtisans, les dirigeants de l’Internationale « socialiste », du Parti de la Gauche Européenne et de la Confédération Européenne des Syndicats, bref, tous ceux qui ont chanté les louanges de l’ « Europe sociale, pacifique et démocratique », sont NUS et de plus en plus de gens s’en aperçoivent. L’analyse que le PRCF faisait, presque seul en 2004, à savoir que « pour s’en sortir, il faut sortir de l’euro, de l’UE, de l’OTAN (c’est la même chose au fond) pour rompre avec le capitalisme et reprendre le chemin du socialisme pour la France et de l’internationalisation des luttes en Europe », cette analyse est validée – j’allais dire hélas car nous souhaiterions plus souvent nous tromper sur le cours exterministe et fascisant du capitalisme « moderne » ! – par le cours accablant des évènements. En toute honnêteté, ceux qui il y a peu encore expliquaient que « l’euro n’est pas le problème », que sortir de l’euro et de l’UE ne servirait à rien si l’on ne sortait pas d’abord du capitalisme (comment ??? Que ces fins stratèges l’indiquent enfin !), se grandiraient à reconnaître qu’ils se sont trompés, comme ils se sont trompés en minorant la question nationale, en renvoyant l’indépendance nationale à l’après-socialisme au lieu de comprendre que le recouvrement par la gauche de l’indépendance nationale, la sortie de l’UE sur la base d’un programme fédérateur actualisant les principes impérissables du CNR, mèneraient à de grands affrontements de classe posant la question du socialisme, non dans les incantations au coin du feu, mais dans la pratique et à l’initiative de la classe travailleuse !

 

En tout cas, les choses bougent en Europe et les pompiers du PGE ont de plus en plus de mal à rabâcher leur conte de fées sur l’Europe sociale, démocratique et pacifique :

 

  • Europe sociale? Mais partout les diktats européens portent l’austérité soutenue par toutes les bourgeoisies coalisées pour casser l’emploi industriel, liquider les protections sociales, le droit du travail, les services publics ; Qui ne voit que la loi Macron, inspirée par le MEDEF, a été entièrement cadrée par Moscovici dans ses directives (en anglais svp !) à Michel Sapin ?
  • Europe démocratique ? Mais qui ne voit désormais que dans cette Europe impériale, tout se joue à 28 et à la fin, l’Allemagne (capitaliste) – en co-pilotage plus ou moins conflictuel avec l’Oncle Sam – décide ?
  • Europe pacifique ? Mais il faut être aussi aveugle que M. Dartigolles* pour ne pas voir que l’UE est une Europe de la guerre larvée entre les peuples, qui sont sommés de se faire une guerre économique sans merci, qu’elle pave la voie des nazis et des fascistes en Europe de l’Est et du centre (Hongrie), qu’elle construit les conditions de la guerre avec la Russie en tentant d’étendre l’OTAN des pays baltes à Kiev, investi par les néonazis incendiaires du Parlement ! il est indispensable que toutes les forces de gauche qui sont à la fois antifascistes et 100% anti-UE, et dont le périmètre ne cesse de s’étendre dans le mouvement communiste international comme dans certains groupes progressistes, se concertent, agissent ensemble, se rendent plus visibles ; sans quoi l’inéluctable crise de l’UE profitera mécaniquement, non pas aux communistes et aux progressistes, mais à l’extrême droite dont le but n’est pas de démonter l’UE mais de verrouiller dans le sang le mouvement ouvrier tout en mettant en place une super-Europe blanche prête à toutes les croisades dans le cadre de la nouvelle « Union transatlantique » concoctée en secret par Obama, Merkel, Hollande et par le syndicat patronal européen.

 

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