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AGIR POUR UN PLURALISME ECONOMIQUE

 

LA PENSEE UNIQUE NEO-LIBERALE EST EN ECONOMIE CE QU'EST LE PARTI UNIQUE EN DEMOCRATIE.

 

La pensée unique en économie est aujourd'hui la pensée néo-libérale qui privilégie la rationalité individuelle au détriment des classes sociales. L'analyse économique néo-libérale cherche à élaborer une théorie mathématique du marché pour faire de l'économie une science exacte. S'est surajoutée l'idée qu'il n'y a pas de problèmes qu'une bonne incitation financière ne saurait résoudre. Les deux mythes de cette pensée dominante sont ainsi créés, d'une part l'homo oeconomicus, individu cherchant à maximiser ses intérêts, d'autre part le marché compétitif modèle de la relation sociale.

 

 

Le courant néo-classique s’incarne dans le courant dominant (« mainstream ») qui irrigue tous les champs de la vie sociale : croissance, salaire, retraite, chômage, pouvoir d'achat, impôts, services publics, commerce international, déficits publics, politiques environnementales, ……… Cette pensée dominante, qualifiée d'orthodoxe fournit non seulement une grille d'analyse unique et hautement contestable : elle a été incapable de prévoir la crise financière de 2008 qui offre une illustration exemplaire des réels dangers que font courir aux citoyens les mauvaises pratiques en sciences économiques. Peut-on oublier l'échec des économistes néo-libéraux, incapables de mettre en garde contre la crise de 2008 ?

 

 

 

La pensée économique néo-libérale est imposée dans la formation universitaire de nos étudiants. Cette uniformité de la formation universitaire menace l’avenir de la pensée économique et le débat démocratique. A l'opposé du courant dominant orthodoxe, la part des économistes hétérodoxes, hors mainstream dans leur recrutement, a diminué de manière dramatique ces dernières années, passant de 18 % entre 2000 et 2004, à 5 % entre 2005 et 2011. Ceci signifie que sur 120 professeurs recrutés en économie pendant ces six années, on ne compte que 6 hétérodoxes, hors pensée dominante dans l'Université française. En 2015, sept ans après la crise, en dépit des critiques, les remises en question ont été inexistantes, l'orthodoxie a poursuivi comme si rien n'était. Pire encore : rien n'a changé dans les universités, on enseigne toujours la même chose et toujours de la même façon.

 

 

 

Une des raisons du déclin de la pensée économique est aussi la collusion entre universitaires et employés des groupes financiers et capitalistes : de nombreux économistes se présentent comme universitaires alors qu’ils sont payés par des banques ou des groupes capitalistes. Ils sont les gardiens de la pensée néolibérale.

 

 

 

L'alerte du refus du pluralisme économique fut donnée dès 1992 par une pétition dans l'American Economic Review signée par plus de 40 économistes prestigieux. En France, un groupe d'économistes français crée en 2009 l'Association française d'économie politique (AFEP) (http://assoeconomiepolitique.org/) qui demande dès l'année suivante la création d'une nouvelle section du Conseil national des universités (CNU), intitulée « Économie et société », distincte de la section « Sciences économiques » . Cette proposition d'une nouvelle section pour permettre le pluralisme économique fit l'objet en 2012 d'un appel dans le journal Le Monde. Après que les propositions aient été rendues publiques, l'AFEP rencontraient les autorités de tutelle du Ministère de l’Éducation nationale (Najat Vallaud-Belkacem) et du Secrétariat d’État chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (Geneviève Fioraso) dont les représentants annonçaient le 11 décembre 2014 officiellement la création d'une nouvelle section du CNU intitulée « Institutions, économie, territoire et société ». Le 2 janvier 2015, la secrétaire d’État, Geneviève Fioraso, se rétracte et annule la parution du Décret sous l'effet de pressions universitaires, notamment de l’économiste universitaire néo-libéral Jean Tirole, récent prix Nobel d'économie qui voit dans ce projet une « catastrophe pour la visibilité et l'avenir de la recherche en sciences économiques dans notre pays » qui « promeut le relativisme des connaissances, antichambre de l'obscurantisme ». La violence de la réaction à l'idée même d'un pluralisme des idées révèle ce qu'est le climat intellectuel en économie.

 

 

 

Antonin Pottier dans son travail de thèse (« L'économie dans l'impasse climatique ») constate que les modèles mathématiques utilisés en économie sont peu reliés à la réalité. Cette déconnexion entre la science économique néo-libérale et les réalités matérielles l'invite à étudier un ensemble de questions liées à l'énergie, plus précisément quel rôle les économistes attribuent à l'énergie dans le processus du développement économique. Il observe notamment que les manuels de référence sur la croissance ne mentionnent pas le rôle des ressources ou de l'énergie dans la croissance. La question est tout simplement ignorée. Il en apporte une démonstration en consultant les titres des articles parus dans le Journal of Economic Growth depuis sa création en 1996, soit environ 240 articles. Aucun article n'examine le rôle de l'énergie et des ressources dans la croissance. Des articles sont consacrés au système politique et traitent de la « bonne gouvernance » celle qui assure la croissance. D'autres articles traitent des facteurs démographiques, de l'influence du commerce et de l'échange international, d'innovations techniques, de brevets, de progrès technique. Mais en dépit de cette profusion, nulle trace de réflexion sur la place et le rôle de l'énergie fossile alors que la question écologique et de la nécessaire transition énergétique font l'objet de multiples déclarations politiques sans réel changement.

 

 

 

Ce problème est à mettre en lien avec le rôle prédominant que la pensée néolibérale fait jouer à la croissance. Le capitalisme a besoin de toujours plus de croissance de la production. Il en fait une nécessité, qui a priorité sur tous les autres problèmes, en particulier environnementaux.

 

 

 

Pour le MS21, le pluralisme économique est une nécessité sociale et

 

écologique. C'est également un garant pour la démocratie.

 

 

 

Défendre le pluralisme en économie, c'est venir signer en ligne la pétition suivante sur le site de l'AFEP http://assoeconomiepolitique.org/.

 

 

 

 

 

Pour en savoir plus :

 

 

 

Collectif 2015.A quoi servent les économistes s'ils disent tous la même chose ? Manifeste pour une économie pluraliste. Ed. Les Liens qui libèrent : 110 pp.

 

Jean-Claude Michéa 2010 Impasse Adam Smith, Ed. Flammarion, Champ Essais

 

Antonin Pottier 2014. L'économie dans l'impasse climatique. Thèse d'économie dans la spécialité économie de l'environnement, CIRED, Paris : 553 pp.

 

Laura Raim 2015. Police de la pensée économique à l'Université. Le Monde Diplomatique, juillet 2015

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