Quelle réponse politique à la montée du FN?
Lu sur le site de l'Humanité, signalé par El Diablo (mis en ligne en mars 2015)
- Une alternative aux replis communautaires par Stéphanie Roza, professeure de philosophie politique
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Lu sur le site de l'Humanité, signalé par El Diablo (mis en ligne en mars 2015)
Par Jacques Sapir (Site Russeurope)
Les événements des ces derniers jours à Kiev montrent les tendances à la désintégration du système politique. Mais, ces mêmes tendances sont, peut-être porteuses d’espoir en ce qui concerne le conflit que ce pays connaît depuis février 2014.
Le pouvoir à Kiev reste largement sous l’influence des oligarques. Le désordre institutionnel issu des événements de février 2014 a même plutôt renforcé leur influence. Ces derniers, unis dans leur opposition à l’ancien Président, M. Yanoukovitch, se sont répartis le pays et se déchirent à belles dents depuis un an. Il faut ainsi citer Rinat Ahkhmetov, dont la fortune était concentrée dans la sidérurgie, l’actuel Président, Poroshenko, dont la fortune venait de l’agro-alimentaire, Dmitro Firtash (actuellement en état d’arrestation à Vienne sur une affaire de corruption) et M. Igor Kolomoisky[1]. C’est Dmitro Firtash qui, depuis son domicile à Vienne, et alors qu’il était assigné à résidence, a réuni ces oligarques et les a convaincus d’agir contre M. Yanoukovitch, lui-même un autre oligarque, mais le Président régulièrement élu du pays.
Ce « complot des oligarques » a joué un rôle important, à la fois parce qu’il a permis de faire dévier le mouvement de Maïdan qui, au départ, était anti-oligarchique et anti-corruption, mais aussi parce qu’il a joué un rôle important dans la séquence des événements qui ont poussé le Président Yanoukovitch à fuir Kiev. Pour autant, cette alliance n’a nullement mis fin aux oppositions féroces qui traversent les milieux oligarchiques. En un sens, ces dernières ont été aiguisées par la brutale contraction que l’économie connaît. Dans un pays où le PIB s’est contracté de -7% en 2014, en proie à une inflation brutale et où les paiements sont au mieux incertains, seul le contrôle sur des rentes, ou des revenus fournis par l’étranger (l’aide économique), est en mesure de satisfaire leurs appétits. Cela renforce les antagonismes anciens, un instant masqués par une commune opposition à Yanoukovitch.
Cette opposition a pris un tour particulièrement spectaculaire avec l’éviction de M. Igor Kolomoisky mardi 24 mars au soir du poste de gouverneur de la région de Dnepropetrovsk. Mais l’enjeu de ce conflit va bien au-delà d’une simple révocation. Ce qui s’est joué entre le 22 et le 24 mars, avec la montée de la tension déjà perceptible depuis plusieurs semaines entre M. Poroshenko et M. Kolomoisky n’est pas seulement un nouvel épisode de la classique « guerre des oligarques »[2]. La personnalité de M. Kolomoisky dépasse en effet le seul domaine économique. Les positions politiques qu’il a prises depuis un an en font en effet un homme clef du pouvoir à Kiev.
Kolomoisky était jusqu’à cette date le gouverneur de la région de Dnepropetrovsk et, à tous les égards, un des grands barons de cette Ukraine semi-féodale qui a émergé depuis les événements de la place Maïdan. Igor Kolomoisky est un homme très riche. Il a un passeport chypriote (et un passeport israélien), est résident suisse, tout cela sans avoir renoncé à sa nationalité ukrainienne. Il détient notamment PrivatBank, la première banque d’Ukraine, et la chaîne de télévision 1+1. Il possède aussi 43% des parts de la compagnie nationale de pétrole et de gaz UkrNafta et de sa filiale UkrTransNafta, qui gère plusieurs oléoducs. Dans les faits, il contrôle une large part de la circulation des carburants en Ukraine. Sa position stratégique s’est affirmée depuis le début de la crise. Il a consacré une partie de sa fortune, évaluée entre deux et trois milliards de dollars, à la mise sur pied de bataillons de volontaires. Aujourd’hui, ce sont 10 bataillons de la Garde Nationale qui sont directement financés par Igor Kolomoisky. Ces bataillons sont largement présents dans le sud de l’Ukraine, autour de Mariupol. Cette initiative s’est révélée cruciale alors que l’armée gouvernementale ne pouvait faire face seule aux séparatistes dans l’Est du pays. Le mécène a donc endossé un rôle politique en devenant gouverneur de Dnipropetrovsk, une province stratégique car voisine de celle de Donetsk. En l’espace de quelques mois, il s’est ainsi imposé comme un « rempart » contre la rébellion des provinces de l’Est de l’Ukraine, et il a passé pour ce faire des alliances étrange avec le groupe fascisant « Secteur Droit ».
Ces bataillons de la Garde Nationale constituent cependant une « armée privée », dont même la logistique ainsi que l’armement échappent au contrôle réel de l’armée régulière. On peut comprendre que le Président nouvellement élu, M. Poroshenko, en ait pris ombrage et ait cherché à réduire le pouvoir de M. Kolomoiski. C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre les événements qui se sont produits ces derniers jours. Ils s’apparentent au scénario du roi cherchant à réduire le pouvoir d’un grand féodal. L’histoire de France est remplie de l’écho de ces conflits. Mais, ils se sont achevés il y a maintenant près de trois siècles. Le fait qu’ils se produisent aujourd’hui en Ukraine est un indicateur indiscutable du fait que ce pays n’est pas encore un État au sens moderne du terme.
Le Président Poroshenko a donc décidé de limiter le pouvoir économique de son rival. Il a décidé de remplacer la direction de Ukrainafta. La réaction de Kolomoisky a été rapide et brutale. Le bâtiment de UkraiNafta a été occupé par des hommes armés, à l’évidence des hommes du bataillon Dnipro-1, financés et armés par Kolomoisky. La réaction de Poroshenko a été rapide, et il a démis Kolomoisky de ses fonctions de gouverneur de Dnepropetrovsk. Il a aussi fait arrêter, à l’issue du Conseil des Ministres, Sergey Bochkovsky et Vasily Stoyetsky, respectivement directeur et vice-directeur de l’agence des situations d’urgence. Ces deux hommes sont accusés de malversations financières diverses. Mais Igor Kolomoisky a répliqué en appelant à reconnaître les responsables des entités insurgées de Donetsk et de Lougansk, la DNR et la LNR. Les députés et responsables de Dnepropetrovsk ont alors commencés à évoquer les promesses de décentralisation non tenues par Kiev. On sait que le pouvoir de Kiev se refuse, pour l’instant, à toute idée de décentralisation et de fédéralisation. De fait, ces députés et ces responsables, dont nul ne peut ignorer la proximité avec Igor Kolomoisky, ont tenu des propos qui font écho aux déclarations des dirigeants de Lougansk et de Donetsk. A son tour, le dirigeant de la DNR Alexandre Zakhartchenko a suggéré au gouvernement de Kiev de créer une République de Dniepropetrovsk.
Dans le même temps, Valentyn Nalyvaichenko, le responsable des services de sécurité ukrainiens, fidèle au Président Poroshenko, a mis en cause deux des gouverneurs adjoints de Dnepropetrovsk, MM. Gennady Korban and Svyatoslav Oliynyk, les accusant « d’appartenir à une organisation à vocation criminelle ». Ces deux personnes contestent bien entendu ces accusations, menaçant d’attaquer pour diffamation M. Valentyn Nalyvaichenko.
Sur le fond, l’essentiel semble être tant la réduction du pouvoir économique de M. Kolomoisky, que l’intégration des bataillons de la Garde Nationale dans l’armée régulière ukrainienne. Or, les commandants de ces bataillons, s’ils déclarent ne pas être opposés à une telle intégration, déclarent qu’il s’agit pour eux d’une intégration en l’état et non d’intégrations individuelles. Ceci est évidemment refusé par le gouvernement de Kiev. A l’heure actuelle, il est clair que, des deux côtés, on cherche à éviter l’irréparable, mais qu’aucun accord de fond n’a été trouvé. Le risque de voir la baronnie de Kolomoisky faire sécession et s’allier à ceux-là même qu’elle combattait férocement hier ne peut donc pas être exclu.
Un indicateur en ce sens est l’appel que Kolomoisky vient de faire diffuser en Ukraine, où il se positionne en adversaire direct du Président, en défenseur de « l’esprit de Maïdan » (qui aura beaucoup servi…) et en défenseur de « l’esprit de dignité » face à un gouvernement d’incapables et de corrompus. Il s’inquiète aussi de la vague de morts suspects qui touche des anciens responsables du parti de Yanoukovitch, le « parti des Régions », et que le gouvernement actuel à Kiev lui qualifie de suicides[3].
Traduction de la proclamation d’Igor Kolomoisky
On sait effectivement ce que valent ce genre d’explication, depuis le suicide de Stavisky en 1934 en France…[4] Derrière les formules et les postures, il y a une réalité : une lutte féroce pour le pouvoir. Kolomoisky appelle ainsi à des manifestations dans tous le pays le samedi 28.
Cette crise est donc appelée à durer. Elle vient alors que les accords de Minsk sont en partie respectés (le cessez-le-feu, les échanges de prisonniers) mais restent sur le fond lettre morte car le gouvernement de Kiev se refuse toujours à négocier avec les insurgés et ne semble pas prêt à promouvoir une véritable loi de fédéralisation. Elle témoigne aussi de ce que l’Ukraine est dans une situation de très grave crise politique et institutionnelle. L’existence de baronnies autonomes, et susceptibles de devenir indépendantes, ne se limite pas au Sud-Est du pays.
En réalité, les dynamiques potentielles qui sont aujourd’hui à l’œuvre en Ukraine peuvent soit conduire à une reprise des affrontements, par exemple si chacun des camps en présence se décide à jouer de la surenchère nationaliste, soit au contraire ouvrir la voie à la paix si cette crise conduit à prendre au sérieux la question de la fédéralisation du pays. Pour cela, il convient que cette crise débouche effectivement sur un traitement sérieux et ouvert de la question de la fédéralisation.
Le meilleur moyen de mettre fin à la « guerre des oligarques » serait, en effet, d’aborder en pleine transparence et sans tergiverser la question institutionnelle et constitutionnelle en Ukraine. Cette démarche aurait dû être entreprise dès la fuite de M. Yanoukovitch. Cette fuite signifiait que l’ancien « pacte national » qui fondait l’État ukrainien n’était plus valide, ou alors il fallait reconnaître à M. Yanoukovitch le fait qu’il était le Président élu. On ne peut tout à la fois dire qu’il y a eu « révolution », ce qui implique suspension de l’ordre constitutionnel et prétendre en même temps que cet ordre constitutionnel continue d’exister.
Cela n’implique nullement qu’il ne puisse y avoir de « pacte national » et que l’Ukraine ne puisse survivre, mais cela nécessite qu’il soit reformulé. Il est clair qu’un degré de fédéralisation, ou de confédération, s’imposera pour des raisons culturelles, religieuses et linguistiques. Le refus de reconnaître cette situation a conduit d’une part à la décision des habitants de la Crimée à se rattacher à la Russie et d’autre part à l’insurrection dans l’Est de l’Ukraine. Il faut ici souligner que la Russie s’est jusqu’à présent toujours refusée de reconnaître les républiques de Donetsk et de Lougansk. Il convient de reprendre aujourd’hui ce dossier. Il y a urgence. Faute de le faire, et de le faire vite et honnêtement, seule la guerre, et à terme le démantèlement de l’Ukraine, resteraient des options.
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[1] http://www.rts.ch/info/monde/6651675-un-milliardaire-ukrainien-fait-trembler-kiev-et-berne.html
[2] B. Jarabik, « Ukraine, the kingdom of the oligarchs », Carnegie foundation, http://carnegie.ru/eurasiaoutlook/?fa=59487
[3] Parmi les personnes « suicidées » :
[4] Stavisky, qui avait corrompu (et avait été protégé par) une partie de la classe politique de l’époque était censé s’être suicidé en se tirant une balle dans la tête depuis une distance de 2m. Le Canard Enchainé avait pu titrer « ce que c’est que d’avoir le bras long… ».
Par le PRCF : www.initiative-comuniste.fr
L’UMP DANS TOUTES SES COMPOSANTES ROULE POUR LE FN
> A propos de l’élection législative partielle dans la 4e circonscription du Doubs l’UMP démontre dans toutes ses « sensibilités » qu’elle roule pour Le Pen.
> Injuste ? Voyez vous-même.
Les quatre lignes du soutien de l’UMP au FN
Quatre positions sont présentes au sein du parti de droite:
> « Il faudra bien s’allier, négocier avec le FN, la logique électorale y contraint. »
> Le FN n’est pas interdit, nous en partageons certaines valeurs et Mitterrand s’est bien allié aux communistes qui sont aussi des « totalitaires » a réussi à les affaiblir au point d’en faire un satellite.
Le Ni Ni «
Il ne faut ni FN, ni PS, tous deux porteurs d’un projet politique mauvais pour le pays. Votez blanc ou abstention ».
> Or si on regarde attentivement ces quatre positionnements ils ont un résultat commun : renforcer et soutenir le FN.
> Pour la ligne 1, c’est un soutien ouvertement assumé donc n’épiloguons pas.Mais il faut savoir que 30% à 40% de l’électorat UMP est sur cette position (selon les sondages). Et le glissement continu de la droite parlementaire vers des propositions de plus en plus extrême (contre les travailleurs, contre les immigrés etc…) est une réalité. N’oublions non plus les réelles alliances, dans l’histoire récente, entre le FN et la droite, ni plus reports de voix entre FN et UMP, ni leurs actions communes récentes dans la rue. Plus loin dans l’histoire, sachons également nous souvenir que c’est la droite qui mis les nazis au pouvoir, alors que cela étaient minoritaires aux élections, et même en recul. Le ventre est toujours fécond d’où est sorti la bête immonde.
> Pour la ligne2, le fameux « ni-ni« , il prétend mettre un trait d’égale nocivité entre le FN et le PS, entre le fascisme et la social-démocratie. En substance le message diffusé par l’UMP et ses soutiens médiatiques est que si le FN est aussi mauvais que le PS, c’est qu’il n’y a pas de différence de nature politique entre le fascisme et la social-démocratie. Donc au final cette manœuvre a pour effet (sinon pour but?) de normaliser le FN et de décomplexer ses électeurs potentiels, surtout de droite. C’est là aussi un symptôme de la fascisation en marche.
> Pour la ligne 3 l’ennemi FN est placé en numéro un mais on reste dans l’ambiguïté et un flou électoraliste en tentant de récupérer le discours du FN sans le FN ce qui n’a qu’un seul résultat:légitimer le FN et le renforcer (2012 l’a montré en ne réussissant pas le siphonnage de 2007). De fait, qui ne saurait comprendre que quand Sarkozy s’en prend au FN ce n’est pas pour dénoncer ses idées politiques nauséabondes et dangereuses qu’il promeut lui même mais à un concurrent dont il veut limiter le poids ?
> Pour la ligne 4 qui semble la plus anti-FN, en apparence, ce n’est qu’une illusion d’optique car quel est l’argument central de cette tendance? C’est le suivant: il y aurait incompatibilité absolue entre le programme du FN et de l’UMP parce que sortir de l’euro, sortir de l’UE c’est l’apocalypse assurée Et l’UMP de faire mine de dénoncer le programme du FN comme en réalité un programme d’ultra-gauche, proche de celui de Mélenchon, anti-européen. On retrouve bien ici la collusion totale entre l’UMP, le PS et du FN tous au service de l’oligarchie capitaliste, tous d’accord pour taper sur les travailleurs et les exploiter, tous d’accord pour perpétuer le système. Or ce discours crédibilise le discours démagogique et mensonger du FN qui, en spécialiste des sondages d’opinions et en bonne roue de secours du système, tente de se faire passer pour un parti patriote et socialisant alors qu’il est nationaliste et patronal. Car en fait, Le Pen une fois au pouvoir sera une bonne collaboratrice de Merckel. C’est d’ailleurs ce qui est marqué noir sur blanc dans son programme. Un atavisme de l’extrême-droite française… Cette tendance accrédite, avec l’aide du bourrage de crane médiatique, que le FN est anti UE ce qu’il n’est pas (ni dans les actes, ni sérieusement même dans la parole), pour que le FN profite du rejet populaire légitime de l’euro et de l’UE et pour, dans un même mouvement, diaboliser l’ensemble de ceux qui sont réellement pour la sortie de l’UE et de l’euro, par la voie démocratique et du progrès social. De plus cette position est l’aveu qu’au moins sur l’euro et l’UE il y a bien une seule ligne UMPS : on se souvient de Sarko et Hollande posant ensemble; côte à côte en une de Match pour le OUI au référendum de 2005 avec le résultat que l’on sait.
> De fait, le rassemblement idéologique et stratégique de l’UMP et du FN est là. Ces contradictions apparente de ligne n’étant d’ailleurs que le reflet souvent non pas d’opposition politique (car FN et UMP partage au fond de très nombreuses, de plus en plus nombreuses idées) interne à l’UMP mais des rapports de forces locaux entre barons UMP et leurs concurrents FN. L’UMP’EN est bien en gestation.
Quelle conclusion tirer ?
> que la fascisation, l’eurofascisation est bien en marche et le danger bien réel.
> Qu’il est impératif que la vraie gauche propose une alternative progressiste, patriotique, propose la sortie du carcan mortel de l’euro-UE. C’est en défendant les intérêts des travailleurs, en défendant leur souveraineté que l’on combat le mieux le FN. Alors que ceux qui abandonne ce combat font le jeux du FN, lui laissant le terrain libre pour tromper et séduire une partie des classes populaires.
> Sur proposition du PRCF, les Assises du Communisme ont lancé un appel pour manifester le 30 mai 2015 pour les 4 sorties, de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme
. A condition de rassembler largement progressistes, syndicalistes, républicains, patriotes, autour de ce mot d’ordre alors et alors seulement l’ascension du FN sera résistible et le mouvement ouvrier et populaire pourra alors passer à la contre-attaque.
Communiqué du "Comité pour une Nouvelle Résistance-CNR"
L’association "Comité pour une Nouvelle Résistance-CNR", dont l’objet social est notamment la défense des valeurs républicaines sur lesquelles ont été fondées les conquêtes sociales de la Résistance, tient à démasquer la propagande du Front National qui, une fois encore, manipule les esprits en dévoyant l’Histoire et les traditions populaires.
Nous tenons à :
1 - Resituer l’origine de la polémique sur les crèches dans les édifices publics. Une mouvance de l'extrême droite s' emploie à replacer le catholicisme au centre de la société, en s'appuyant sur une "tradition" vendéenne dont Mona Ozouf, dans "Composition française", rappelle les tensions qui en résultaient dans un passé encore pas si lointain. S’en est suivie une récupération du débat par un parti d’extrême droite, le Front National, à travers une surenchère de ses relais locaux dénuée de fondements traditionnels dans la plupart des régions françaises. Si la Provence par exemple a bien inventé la « crèche » et ses « petits saints », ou « santons », c’était pour l’intimité des familles, parfois pour les églises, sûrement pas pour les mairies ni d’ailleurs pour décorer les rues ; et la Provence a donné La Marseillaise… ;
2 - Rappeler les souffrances que la France, plus que tout autre pays peut-être dans le monde, a eu à endurer du fait des guerres entre religions, en donnant quelques exemples de ce que les « générations passées » ont pu inventer à l’occasion de ces guerres (jusqu’à dépecer les tenants d’une religion différente pour tapisser de leur peau les murailles d’une ville…) ;
3 - Mettre en relation ces horreurs avec la solution trouvée dans la laïcité, en rappelant que ce principe est extrêmement peu répandu dans le monde ;
4 - Observer que le principe laïque, du fait de sa rareté, peut justement être considéré par les Français comme le fruit du génie de la France et un motif d’appartenance à une communauté nationale paisible et soudée autour d’un idéal élevé, comparable à celui de la devise républicaine – liberté, égalité, fraternité ;
5 - Remarquer que dans le monde contemporain, ce principe laïque pourrait, bien mieux que le militarisme inféodé aux Etats Unis d'Amérique, conférer à la France une influence politique et morale bienvenue au sein de l’O.N.U. pour résoudre certains conflits dans le monde ;
6 - Et souligner le fait que, une fois de plus l’extrême droite, à force d’instrumentaliser le religieux et de dénaturer les « traditions populaires » pour servir sa propagande, finit par en oublier l’Histoire de France.
Au nom du "Comité pour une Nouvelle Résistance-CNR", son Président, Lucien Pons.