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  • Les « Fake News » du Département du Trésor US

     

    Un communiqué de presse publié par le Département du Trésor des Etats Unis informe que le Bureau du Control des Actifs Etrangers accuse le Vice-président de la République Bolivarienne du Venezuela, Tareck El Aissami, d’être « conciliant » en matière de transport et trafic de drogue et cela depuis 2008. Ma première réaction à la lecture de ce communiqué a été de penser qu’il avait été écrit par un master troll de la CIA. Ne doit-on pas s’attendre à ce que ce genre d’accusation émane d’un service de renseignements et non d’un Bureau qui a en charge le Trésor Public des Etats Unis ?

     

    Au cours du programme : « 15 y Ultimo » on s’est posé cette même question et voici la réponse :

    « Jamais aucun des gouvernements des Etats Unis, depuis celui de George Washington et jusqu’à ce jour, n’a pris au sérieux cette fable de la neutralité des banques centrales et de la monnaie, même s’ils imposent l’idée au reste du monde » ; ils utilisent ces instances comme armes pour « tordre le bras » des nations.

    « Au cœur de l’idéologie nord-américaine, les outils de coercition économique et financière sont tout autant sinon plus valables que les armes conventionnelles pour résoudre les conflits qui portent atteinte à leur hégémonie ». Nous parlons par conséquent de guerre financière.

    La soit disant « association » de El Aissami avec des cartels de la drogue est bien plus éclairée par les projecteurs d’une mise en scène que par les lumières intellectuelles de ses inventeurs. Voyons les faits :

    L’entrepreneur Samark Lopez a été accusé par le Département du Trésor d’agir en tant que prête-nom de El Aissami. CNN a fait référence à une source non identifiée du Département du Trésor pour expliquer ce que le communiqué de presse de la OFAC a laissé en suspens : l’entrepreneur censément, se chargeait d’ouvrir des comptes aux Etats Unis et de créer des sociétés écrans pour virer l’argent du vice-président El Aissami depuis les Etats Unis jusqu’en Europe. Samark Lopez a publié un communiqué qui n’a eu droit qu’à une couverture médiatique marginale. Nous en donnons les points essentiels :

    • Monsieur Samark Lopez est un entrepreneur qui connait Tareck el Aissami depuis des années.
    • Monsieur Samark Lopez n’est pas un fonctionnaire d’Etat et n’a pas été mêlé dans le trafic de stupéfiants. La publication de ce listing a toutes les apparences d’une manœuvre politique.
    • Monsieur Samark Lopez exercera tous les recours légaux, administratifs et juridiques possibles.

    Ironie du sort, ce même jour, un porte-parole du Kremlin demandait que l’on ne fît pas confiance aux sources non confirmées de CNN et du New York Times.

     

    A propos des accusations de trafic de stupéfiants

     

    L’actuel Vice-président a été Ministre de l’Intérieur et de la Justice du Venezuela durant la législature de Hugo Chavez, de 2008 à 2012. Durant ces années où il a été en fonction, 102 caïds de la drogue ont été arrêtés et déférés aux tribunaux. Il a également coordonné l’extradition de 21 narcotrafiquants à la demande des Etats Unis.

    Au cours de ces années – pas si lointaines – Washington adressa des communiqués de félicitations à El Aissami, communiqués dûment enregistrés dans les archives du Gouvernement du Venezuela. Parmi les câbles et courriers divulgués par Wikileaks et publiés par La Tabla :

    « Un rapport, rédigé en 2010 par Roberta Jacobson, à l’époque, sous-secrétaire aux Affaires de l’Hémisphère du Département d’Etat des Etats Unis, recommandait de « ne pas féliciter » le gouvernement du Venezuela pour l’arrestation et l’extradition de chefs du narcotrafic colombien qui étaient requis par la justice des Etats Unis »

    Ils accusent le vice-président El Aissami de liens avec le Cartel Los Zetas au Mexique. Ils signalent des « alliances » avec le narcotrafiquant colombo-vénézuélien Hermagoras Gonzalez Polanco et avec le caïd colombien Daniel Barrera Barrera par l’entremise de Walid Makled. Jugeons de la vraisemblance des faits classés par ordre chronologique :

    Hermagoras Gonzalez Polanco était un leader du dénommé Cartel La Guajira en lien avec les Unités d’Autodéfense de Colombie. Il a été accusé d’avoir trafiqué 9 tonnes de cocaïne en collaboration avec Salomon Camacho Mora. Gonzalez Polanco a été arrêté lors d’une opération effectuée en 2008 sous la gestion de Ramon Rodriguez Chacin en tant que Ministre de l’Intérieur et de la Justice du Venezuela. Et pourtant, Camacho Mora a été arrêté 2 ans plus tard lorsque les organes de la sécurité d’Etat du Venezuela étaient sous l’autorité de Tareck El Aissami. Il a été extradé aux Etats Unis le 2 février 2010.

    Gonzalez Polanco, de nationalité vénézuélienne, n’a pas été extradé. A l’issue de son procès, il a été condamné à 15 ans et 6 mois de réclusion. Son complice, aux Etats Unis, a écopé d’une peine moindre, soit 11 années de réclusion.

    Depuis qu’il a fui du pays, en 2010, Walid Makled, alias « le Turc », faisait partie des délinquants les plus recherchés au niveau international. L’année suivante, Makled a été arrêté en Colombie et son extradition a été demandée par le Venezuela. Il a été jugé à Caracas et condamné pour blanchiment de capitaux, corruption et association de malfaiteurs.

    En 2011, la police scientifique du Venezuela, dépendante du ministère dirigé par El Aissami, a arrêté Gloria Inès Rojas Valencia, une citoyenne colombienne qui opérait au nom du Cartel Los Zetas. Elle a été extradée aux Etats Unis ainsi que son conjoint également impliqué dans des faits délictueux sous le pseudo de El Negro Tello. Plus précisément : il était le second dans l’organisation criminelle dirigée par Daniel Barrera.

    Daniel Barrera Barrera, alias El Loco (Le Fou), a été arrêté au Venezuela en septembre 2012, sous le ministère de Tareck El Aissami. L’opération fut pilotée par la Police Nationale de Colombie – depuis Washington – et avec l’aide des gouvernements du Venezuela et de la Grande Bretagne.

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  • Vérités, sanctions et nouvelles lettres persanes


     

    Washington vient d’annoncer – vendredi dernier – de nouvelles sanctions à l’encontre de 13 individus et 12 « entités » iraniennes dont certaines sont basées en Chine, aux Emirats arabes unis et au Liban, en « riposte » au dernier test d’un missile par Téhéran. 

     

    par Richard Labévière

     

    Le porte-parole de la présidence de la Maison Blanche, Sean Spicer, a précisé que l’annonce de ces sanctions par le département du Trésor avait été « clairement » calculée pour répondre à cet essai effectué dimanche dernier. Mais il a indiqué qu’elles étaient « dans les tuyaux » avant ce tir de missile. « Nous savions que nous avions ces options à notre disposition parce qu’elles étaient déjà en préparation », a-t-il ajouté.

    De source autorisée à Washington, on précise qu’elles ne sont que la première étape de la réponse que les États-Unis entendent apporter face « à l’attitude provocante de l’Iran ». « La communauté internationale a été trop tolérante à l’égard du mauvais comportement de l’Iran », a commenté Michael Flynn, le conseiller à la sécurité nationale de Trump. Diantre ! 

    L’unilatéralité de la réaction américaine était d’autant plus prévisible que le test balistique iranien n’est absolument pas contradictoire avec l’esprit et la lettre de la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU qui encadre l’accord nucléaire entre l’Iran et le 5+1 (membres permanents du Conseil plus l’Allemagne).

    Certes, cet accord du 14 juillet 2015 stipule que l’Iran s’engage à ne pas mettre au point ou acquérir l’arme atomique, mais il ne signifie certainement pas que ce pays doive renoncer à toute espèce de matériels nécessaire à sa défense nationale, les derniers missiles testés n’étant pas conçus pour emporter des têtes nucléaires. 

    A cette occasion, il est d’autant plus cocasse de voir Tel-Aviv pousser des cris d’orfraie, lui qui dispose – en toute impunité et hors de tout cadrage internationale – de plus de quatre cents têtes nucléaires et de toute la panoplie de porteurs opérationnels (sous-marins de conception allemande, avions de chasse et missiles de conceptions américaines) pour utiliser ces armes de destruction massives. Israël n’est pas partie prenante du TNP (1) et fait régulièrement des bras d’honneur à l’AIEA chargée de lutter contre la prolifération.

    Sans parler que depuis la création d’Israël en 1948, plus de 400 résolutions du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale et de la Commission de droits de l’homme des Nations unies ont été adoptées sur la question palestinienne, l’occupation et la colonisation israéliennes alors que pas un – pas un de ces textes à l’exception de la résolution 475 concernant le retrait partiel du Liban du sud – n’a été respecté par Tel-Aviv !!!

    Et encore, la soldatesque israélienne occupe toujours le secteur libanais des fermes de Chebaa afin de détourner l’eau du bassin hydrographique du fleuve Litani. Par conséquent, le gouvernement israélien – qui n’en loupe pas une – aurait mieux fait de ne pas trop la ramener. C’était sans compter avec les nouvelles assurances données à la colonisation israélienne par la nouvelle administration américaine… 

    Toujours est-il qu’avec Trump et ses nouvelles sanctions illégales, après le Brexit, avec l’amplification de la révolution numérique et l’actuelle campagne pour les élections présidentielles françaises, le monde s’enfonce encore un peu plus dans l’ère de la post-vérité, d’un post-modernisme où tout se vaut et réciproquement. Les Etats-nations, les relations internationales et les faits qui les structuraient jusque-là se dérobent sous nos pieds dans une implosion continue que le regretté Jean Baudrillard annonçaient depuis le début des années 1980 comme le triomphe du simulacre, de l’échange symbolique et, en définitive comme une mort annoncée de nos vieilles démocraties. 

    Dans ce numéro 113 de prochetmoyen-orient.ch, Guillaume Berlat y revient et dresse quelques filiations de cette terrible généalogie morbide. La semaine dernière, en tirant quelques leçons de la conférence d’Astana sur la crise syrienne, nous avons voulu déconstruire quelques contre-vérités diffusées notamment par Le Monde et d’autres médiums en continu immédiat et propagandiste. Nous avons également choisi de reproduire in extenso la contribution du ministre iranien des Affaires étrangères consacrée à la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme. Nous devions le faire, aucun média parisien n’ayant – semble-t-il – seulement pris la peine de la lire, encore moins de la commenter. 

    Dans ce même esprit de lutte contre la post-vérité, nous y revenons aujourd’hui, non seulement pour en souligner l’apport le plus novateur, mais aussi afin d’en tirer – comme pour Astana – quelques leçons qui pourraient servir à la recherche effective d’une sortie de crise en Syrie et ailleurs. En définitive que nous dit Mohammad Javad Zarif ? D’abord s’entendre sur l’étude et l’analyse des faits – oui des faits ! – avant d’aborder la question des moyens à mettre en œuvre pour y remédier.

     

    Autrement dit, le défi qui s’adresse aux acteurs d’un conflit comme à leurs parrains, autres géniteurs et profiteurs concerne – en premier lieu – la connaissance vraie de la nature des problèmes, de leurs racines les plus profondes afin de remonter aux causes, disait Spinoza. Et comme écrivait aussi notre cher René Descartes, il s’agit – par conséquent – de se déprendre des idées confuses, sinon des préjugés… avant d’envisager toute espèce de politique et d’action. Reprenant les thèses de Feuerbach, le vieux Marx disait, lui aussi à sa manière que comprendre, c’est déjà transformer !

     

    Dans cet ordre d’idées, Mohammad Javad Zarif identifie deux conceptions opposées pour border les crises régionales et internationales : la première, à somme nulle, met en présence, sinon en confrontation, attentes et intérêts maximalistes dans un pugilat où tout le monde finit par être perdant. Héritée de 7000 ans de culture, la deuxième se propose – justement – de remonter aux causes les plus profondes de la naissance et de la propagation des extrémismes, de la naissance et de la propagation du terrorisme. Dans un monde globalisé – où tout, de l’environnement à la sécurité – a été mondialisé, il est parfaitement et pratiquement « impossible de gagner aux dépens des autres ». La guerre de tous contre tous du Léviathan de Hobbes, devenue notre quotidien orwellisé mène à une catastrophe annoncée et déjà là. En effet, nous y sommes : l’approche à somme nulle bloque et détruit tout, générant une mondialisation qui rétrécit tout avec ses murs, ses occupations et ses colonies…

     

    Très simplement, le choix absolu se pose radicalement entre le scénario « perdant/perdant » et une solution « gagnant/gagnant », sans laisser la moindre place à un juste milieu en la matière. Par conséquent, les conflits en Irak, en Syrie, au Yémen et à Bahreïn ne peuvent avoir de solution militaire. Sans y insister davantage, le ministre iranien des Affaires étrangères redit avec force ce que la lettre volée d’Edgar Allan Poe que tout le monde cherche est sous nos yeux : tous ces conflits ont besoin d’une solution politique fondée sur « une approche à somme positive » où aucun acteur réel – naturellement en dehors de ceux qui initient et exécutent la violence terroriste – n’est exclu ni marginalisé en vue du résultat souhaité, à savoir le retour à la paix et la stabilité.

     

    Hélas, cette évidence est plus facile à énoncer qu’à mettre en pratique, mais une autre évidence est aussi à prendre en compte pour éviter de sombrer dans le désespoir et la mort : là ou s’esquisse une volonté s’ouvre déjà un chemin et la promesse d’un but à atteindre. Dans l’Orient compliqué et global, la récente élection d’un nouveau président de la République libanaise – après deux longues années de politisation amère et d’accumulation de détritus – envoie un signe positif. De même qu’au sein de l’OPEP, où désormais chacun s’efforce de considérer ses seuls intérêts immédiats, pour parvenir à une « solution mutuellement bénéfique » ou plus précisément chacun cherche à éviter la perspective la plus désastreuse. La leçon est – ici – porteuse d’avenir : les parties concernées ont abandonné l’obsession de leurs attentes maximalistes – à somme zéro – en faveur d’un « compromis de travail ».

     

    Et face au puit sans fond des désastres en train de détruire la Syrie et le Yémen, on peut légitimement s’inspirer du sursaut libanais afin d’espérer qu’un processus politique – c’est-à-dire susceptible d’agréger des concessions mutuelles, des compromis acceptables et une inclusivité la plus large possible – puisse arrêter le carnage dans les meilleurs délais. Plus concrètement encore, Mohammad Javad Zarif fait une proposition afin de promouvoir la coopération régionale en matière de sécurité : créé un Forum de dialogue régional.

     

    En septembre 1980, les pays occidentaux – à commencer par les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France – ont poussé Saddam Hussein à déclencher une guerre contre l’Iran. Le conflit extrêmement meurtrier de huit années qui s’ensuivit a enseigné à tous les acteurs de la région du golfe persique une autre leçon durable : ne pas pouvoir s’engager dans un nouveau conflit militaire ! Téhéran avait alors espéré que ses voisins et leurs parrains occidentaux auraient pris la juste mesure du monstre qu’ils avaient lancé contre un « ennemi fabriqué », avant que ce Frankenstein se retourne contre eux, finissant par devenir leur propre cauchemar…

     

    Cette guerre a également souligné la nécessité d’un impératif catégorique des plus kantiens : celui d’arrangements et de mécanisme de sécurité régionaux, bels et biens inscrits au paragraphe 8 de la résolution 598 du Conseil de sécurité des Nations unies qui a mis fin à la guerre Irak-Iran. Et cette disposition perdure en continuant d’être pertinente pour promouvoir la coopération régionale en matière de sécurité. Mohammad Javad Zarif : « alors que des forces telles que Dae’ch et ses rejetons doivent être effectivement combattues et défaites, un rétablissement significatif de la paix et de la stabilité en Asie occidentale, et en particulier dans la région du Golfe persique, repose sur la promotion d’un ensemble de principes communs de compréhension mutuelle et de coopération régionale collective ».

     

    L’histoire, notamment en Europe et en Asie du Sud-Est, nous dit que les pays des Proche et Moyen-Orient doivent surmonter l’état actuel de division et de tension afin de mettre en chantier la construction d’un mécanisme régional réaliste. Celui-ci peut se construire à partir d’un Forum de dialogue régional. Une telle structure devrait se fonder sur des principes globalement reconnus et des objectifs communs, notamment le respect de la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de tous les États, l’inviolabilité des frontières internationales, la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres, le règlement pacifique des différends, le refus des menaces et de l’emploi de la force pour laisser place à la promotion de la paix, de la stabilité, du progrès et de la prospérité dans la région.

     

    En définitive, et surtout après l’annonce de nouvelles sanctions américaines contre l’Iran – qui prolongent l’invariable posture des Etats-Unis de Reagan, Bush, Obama et maintenant Trump (sur le mode du « tout changer pour que rien ne change ») – un tel Forum pourrait aider à rétablir de la confiance afin de promouvoir la compréhension et l’interaction entre les gouvernements de la région.

    En s’appuyant aussi sur les sociétés civiles, une telle instance pourra aider à l’écriture de nouvelles Lettres persanes porteuses des mesures de confiance et de sécurité, dont une lutte déterminée contre le terrorisme, puisqu’au final « il s’agit d’assurer la liberté de navigation et la libre circulation du pétrole et d’autres ressources, ainsi que la protection de l’environnement ». 

    Cette proposition de Forum de dialogue régional peut, par ailleurs, assurer le format nécessaire au développement d’accords plus formels de non-agression et de coopération en matière de sécurité. Si ce dialogue doit être tenu d’abord par les parties prenantes régionales concernées, il faut nécessairement mobiliser les cadres institutionnels existants pour le faire vivre, en particulier ceux des Nations Unies.

    « Un rôle régional pour l’Organisation des Nations Unies, déjà envisagé dans la résolution 598 du Conseil de sécurité, aiderait à atténuer les inquiétudes, en particulier des petits pays », conclut le ministre iranien des Affaires étrangères, « la communauté internationale apporterait des garanties et des mécanismes pour sauvegarder ses intérêts légitimes ».

     

    Usbek et Rica, les héros de Montesquieu ont écrit à leurs amis restés au pays durant neuf ans. D’après les contemporains du règne finissant de Louis XIV, leurs Lettres ont dépassé le registre de l’exotisme curieux pour favoriser une meilleure compréhension réciproque des deux sociétés. Spectateurs et victimes de bien d’autres décadences, les contemporains d’aujourd’hui auraient tout intérêt à reprendre la plume pour renouer avec l’intelligence minimale qui nous permettra – peut-être – de regagner la confiance minimale à la nécessaire maîtrise d’une mondialisation folle et meurtrière.

     

    Richard Labévière

    Note:

    1. Le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est un traité international conclu en 1968 et signé par un grand nombre de pays. Il vise à réduire le risque que l’arme nucléaire se répande à travers le monde, et son application est garantie par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

     

    Source: Edito du n°113 de Proche&Moyen-Orient.ch -Observatoire Géostratégique)

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  • Trump : la vraie question à propos du Mexique


     

    A juste titre, on se scandalise à propos des déclarations racistes de Trump contre le Mexique. Mais le plus important n’est pas dit. D’abord : qui a commencé à construire ce Mur ? Réponse : Bill Clinton, président de 1991 à 1999. Ensuite, la vraie question est : mais pourquoi les Mexicains doivent-ils partir ? Dans son livre Les 7 Péchés d’Hugo Chavez, Michel Collon avait analysé ce qu’il appelait « Les fléaux de l’Amérique latine ». Dont « l’agriculture assassinée ». Un extrait de ce livre :

     

    Fléau n° 3: l’agriculture assassinée

     

    « Désormais, le Mexique, pour faire ses tortillas traditionnelles, doit acheter du maïs états-unien ». Voilà comment Monseigneur Mario Ruiz, archevêque de Portoviejo, juge les effets des traités de libre-échange imposés par Washington : « La grande puissance du Nord te dit : signe ou signe. Et si tu ne signes pas, je t’enfonce, je t’annihile. Que veulent à présent les Etats-Unis ? Que nous négocions un par un, parce qu’ainsi, il est plus facile de nous écraser ? » .

    Le maïs constitue l’aliment de base des Mexicains, surtout des pauvres. Il a toujours été produit sur place. Mais depuis l’entrée en vigueur du traité ALENA, les importations de maïs venant des USA ont quadruplé. Même tendance pour le lait et de porc. L’ALENA, c’est l’Accord de Libre Echange Nord Américain qui a instauré en 1994 une zone de libre-échange entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.

    Le montant global de ces importations alimentaires est passé de six à dix milliards de dollars et continue de croître. Certes, les exportations alimentaires du Mexique ont également augmenté. Mais beaucoup moins vite. Conséquence : les importations d’aliments engloutissent la moitié des revenus du pétrole. Provoquant une saignée des devises dont le pays aurait tant besoin pour se développer.

    De plus, quels sont les produits que le Mexique exporte ? Des tomates, de la bière et de la tequila. C’est-à-dire la production des grosses sociétés de l’agrobusiness. Par contre, ce qu’il importe, ce sont les aliments stratégiques comme le maïs. Les petits paysans ont été sacrifiés. Et le pays a perdu sa souveraineté alimentaire

     

    Paysans mexicains ruinés par un traité meurtrier

     

    Ce libre échange entre la chèvre et le loup a déséquilibré toute l’économie du Mexique. Depuis l’entrée en vigueur du traité avec les Etats-Unis, les revenus des producteurs locaux de céréales et de haricots ont chuté de moitié.

    En fait, ces produits valent de moins en moins dans les échanges internationaux. Du coup, au Mexique, le salaire agricole moyen a chuté de 107 à 93 pesos en dix ans. L’emploi dans l’agriculture et les secteurs annexes est tombé de neuf à sept millions. Tout ceci aggrave la pauvreté. Un enfant mexicain sur cinq vit dans la misère et est sous – nourri.

    Même si le Mexique crée en moyenne deux cent cinquante mille emplois par an, en réalité l’emploi recule. Pour compenser la croissance démographique, il en faudrait un million. On comprend donc pourquoi cinq cent mille Mexicains émigrent chaque année. Mais lorsqu’ils tentent de pénétrer aux Etats-Unis, ils subissent une forte répression autour du mur construit à la frontière.

    Actuellement, un Mexicain sur dix vit aux Etats-Unis d’où il envoie un peu d’argent à sa famille pour l’aider à tenir le coup. Ces vingt milliards de dollars des remesas constituent une des principales sources de revenus du Mexique. Mais ruiner l’économie d’un pays, puis surexploiter et traiter en ‘illégaux’ les pauvres qu’on a ainsi créés, n’est-ce pas un système hypocrite et absurde ?

    Pour imposer ce système au Mexique, les sociétés étrangères soutiennent les politiciens de droite comme le président frauduleusement élu Felipe Calderon. On les achète pour favoriser les investissements et réprimer les luttes ouvrières, paysannes, indigènes.

    Au Mexique, par contre, hommes d’affaires, dirigeants politiques et policiers ne sont quasi jamais poursuivis pour les crimes qu’ils commettent. La torture est pratique courante, ainsi que les emprisonnements arbitraires, sans charge, sans procès, pendant des mois, voire des années. La police nationale, régionale ou locale attaque très violemment les contestataires comme en octobre 2006 à Oaxaca. Cette année-là, les forces de répression ont assassiné au moins vingt morts, battu des centaines de gens, violé de nombreuses femmes. Et tué dix journalistes.

     

    Un agriculteur US reçoit trente fois plus d’aides que celui du Mexique

     

    Les belles promesses des traités de coopération sont démenties par les faits. Au Mexique, l’exode rural a plus que triplé en vingt-cinq ans, comme le reconnaît le site officiel du traité ALENA. Même la Banque Mondiale a été forcée de reconnaître en 2005 que le bas niveau des prix agricoles « résulte en grande partie de l’ouverture de l’économie, augmentée avec l’entrée en vigueur de l’ALENA, et de l’inégalité des moyens dont disposent les paysans mexicains face à leurs voisins du Nord, vu la faiblesse croissante des subventions agricoles alors que d’importantes subventions sont en vigueur aux Etats-Unis et au Canada. » Le loup et la chèvre.

    Entre Nord et Sud, le fossé de la productivité ne cesse d’augmenter. Logique : un agriculteur des Etats-Unis reçoit trente fois plus d’aides qu’un agriculteur du Mexique. En cette matière, l’hypocrisie règne. Tout en exigeant que les pays pauvres cessent de protéger leurs entreprises, les vingt-neuf pays les plus riches du monde dépensent annuellement 370 milliards de dollars pour aider leurs propres entreprises agricoles. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter depuis des décennies.

    On est bien dans le « Faites ce que je dis, et pas ce que je fais », explique l’économiste brésilien Osvaldo Coggiola :

    « Pendant que les Etats-Unis et l’U.E. continuent de subventionner massivement leurs exportateurs de nourriture et de céréales, le FMI et la Banque Mondiale exigent des pays d’Amérique Latine qu’ils appliquent des coupes budgétaires et le libre échange, réduisant brutalement les budgets alloués à l’agriculture. Du coup, ces marchés seront inondés d’importations bon marché car subventionnées. Les quotas – officiels mais aussi camouflés – imposés par les USA et l’U.E. sur leurs importations agricoles font du tort aux agro-exportateurs potentiels et, en retour, diminuent l’emploi de la main d’œuvre rurale. La nature non réciproque des règles commerciales acceptées par les pays d’Amérique Latine révèle leur caractère ‘colonial’. »

    Le Mexique, tout proche des Etats-Unis, est sans doute un cas extrême de cette colonisation. Mais toute l’Amérique latine est concernée parce que la domination des multinationales sur les économies ne date pas d’aujourd’hui. Au Venezuela, le “tout au pétrole” a entraîné l’abandon des rares industries locales, et aussi de l’agriculture. Le pays importe plus de 70% de son alimentation. Dans les rues de Caracas, nos l’avons dit, vous pouvez manger du maïs grillé en direct sur le trottoir. Il est vénézuélien et délicieux. Mais si vous achetez un bocal de maïs dans un supermarché, il sera Made in USA.

    TABLE DES MATIERES DES
    « 7 PECHES D’HUGO CHAVEZ » 

    Introduction

    Premier péché : il leur apprend à lire

    Chapitre 1. Ce merveilleux sourire sur la figure de Carmen…

    Deuxième péché : chacun a droit à la santé

    Chapitre 2. Avant Chavez, deux Vénézuéliens sur trois n’avaient jamais vu un médecin

    Troisième péché : chacun peut manger à sa faim

    Chapitre 3. La pauvreté n’est pas une fatalité

    Comprendre l’Amérique latine

    Chapitre 4. Comment sont-ils devenus si pauvres ?

    Chapitre 5. L’aspirateur des richesses

    Chapitre 6. Un pays dévalisé en une nuit, est-ce possible ?

    Chapitre 7. Les 7 fléaux de l’Amérique Latine

    La bataille pour l’or noir

    Chapitre 8. L’Histoire sanglante du pétrole

    Chapitre 9. La bataille du pétrole au Venezuela

    Chapitre 10. Les multinationales pétrolières sont-elles compatibles avec l’avenir de l’humanité ?

    Quatrième péché : il change les règles entre les riches et les pauvres

    Chapitre 11. Le Venezuela pourra-t-il créer une nouvelle économie ?

    Chapitre 12. La Solution Chavez fonctionne-t-elle ?

    Chapitre 13. Chavez trop lent et trop conciliant ?

     

    Cinquième péché : la démocratie, c’est plus qu’un bulletin de vote

    Chapitre 14. Bureaucratie et corruption : la démocratie participative est-elle la solution ?

    Chapitre 15. Chavez est-il un populiste ? Les faiblesses du chavisme.

    Chapitre 16. Une armée qui fait la révolution ?

     

    Sixième péché : il ne se soumet pas au pouvoir des médias

    Chapitre 17. D’où provient et que vaut notre info sur Chavez ?

    Chapitre 18. Le Monde est petit

    Chapitre 19. Est-il possible de réaliser une révolution sociale sans et contre les médias ?

     

    Septième péché : l’homme qui tient tête aux Etats-Unis

    Chapitre 20. Unir l’Amérique Latine et toutes les résistances

    Conclusion : le droit à l’alternative ?
    Le livre Les 7 Péchés d’Hugo Chavez est aussi disponible en espagnol et néerlandais

    Source : Investig’Action

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  • Michel Collon teste les médias: Trump, un monstre pour l'establishment ?

    Le monde  entier ne parle que de ça : Trump est-il une rupture, un monstre pour l'élite des Etats-Unis ? Pourquoi celle-ci se divise-t-elle entre deux stratégies ? Aurons-nous autant de guerres avec lui ? Quel penseur inspire sa stratégie ? Le bilan d'Obama est-il vraiment si "positif" ? Et les médias nous aident-ils à comprendre tout cela ?

    Michel Collon a disparu des écrans télé. Il dérange. Alors, Investig'Action a décidé de démarrer une nouvelle émission vidéo. Chaque mois « Michel Collon teste les médias » vous aidera à décrypter le plus important de l'actualité. Dans ce monde de plus en plus complexe, dangereux et menteur, l'info n'est certainement pas un luxe, mais un droit !

    VOIR LA VIDEO 

     



     

    Parce qu’on ne peut laisser des médias dominés par la logique marchande monopoliser l’information sur les guerres, l’économie et les rapports Nord-Sud, Investig’Action milite pour donner la parole aux sans-voix.

    Trump, un monstre pour l'establishment ?

    Michel Collon teste les médias

     

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  • Le problème, ce n’est pas Trump. C’est nous

     

    John Pilger s’amuse de ceux à qui l’élection de Trump arrachent des cris d’orfraie, alors qu’ils étaient silencieux durant ces années où Obama balançait 72 bombes par jour sur les pays les plus pauvres de la planète. Il y a pourtant une ligne droite qui a mené d’Obama à Trump.


     

    Le jour où le président Trump sera inauguré, des milliers d’écrivains aux États-Unis exprimeront leur indignation. « Pour nous guérir et aller de l’avant…, disent les membres de Writers Resist, nous voulons contourner le discours politique direct, à la faveur d’un regard inspiré sur l’avenir et sur la manière dont nous, en tant qu’écrivains, pouvons être une force unificatrice pour la protection de la démocratie ».

     

    Et d’ajouter : « Nous exhortons les organisateurs et les orateurs locaux à éviter d’utiliser les noms de politiciens ou d’adopter la langue “anti” comme point central de leur événement Writers Resist. Il est important de veiller à ce que les organisations à but non lucratif, qui sont interdites de campagne politique, soient mises en confiance pour participer et parrainer ces événements. »

     

    Ainsi, toute véritable protestation doit être évitée, car elle n’est pas exonérée d’impôt.

     

    Comparez ces railleries avec les déclarations du Congrès des écrivains américains, tenu au Carnegie Hall, à New York, en 1935. Et encore deux ans plus tard. C’était des événements électriques, avec des écrivains discutant de comment ils pourraient faire face aux événements menaçants d’Abyssinie, de Chine et d’Espagne. On lisait les télégrammes de Thomas Mann, de C. Day Lewis, d’Upton Sinclair et d’Albert Einstein, reflétant la crainte que le pouvoir grandissait maintenant et qu’il était devenu impossible de discuter de l’art et de la littérature sans politique ni même action politique directe.

     

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  • L’élection de Donald Trump : les naufragés et le canot de sauvetage

     par MS21

    Nous aurions préféré que d’autres choix soient proposés au peuple américain

    Nous aurions préféré que d’autres choix soient proposés au peuple américain

    Rappelons une évidence : depuis un demi-siècle les peuples sont malmenés par la logique financière et ultralibérale qui sévit de façon hégémonique sur notre planète ; ils souffrent. Le peuple des États-Unis ne fait pas exception et l’épicentre de la crise financière de 2008 était bien le comportement scandaleux des banques américaines qui ont poussé méthodiquement les classes populaires non solvables à s’endetter pour acquérir leur logement. On connaît la suite : environ douze millions de familles expulsées de leur maison et réduites à dormir dans leur voiture à l’intérieur de parkings aménagés alors que les pouvoirs publics sauvaient les banques au prix d’une vague d'austérité brutale qui s’est propagée jusqu’en Europe. Quarante-trois millions d'étatsuniens sont réduits à vivre de coupons alimentaires.

    Dans ces conditions, crier à la surprise et à la stupeur après l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche, revient à s’étonner que des naufragés s’agrippent à la première planche qui s’offre à eux. C’est ne pas comprendre le désarroi et l’exaspération d’un peuple qui ne veut plus être balloté au gré d’intérêts financiers – ceux des banques d’affaires de Wall Street, de Goldman Sachs entre autres, si proches d’Hillary Clinton - et se retrouver relégué dans des zones sinistrées, cette « ceinture de rouille » ancien cœur industriel des États-Unis devenu une zone de chômage de masse et de misère.

    Sauve-qui-peut…

    On nous dira que parmi ces naufragés du libéralisme qui portent leur espoir sur le vote Trump, certains sont racistes, beaucoup sont blancs et que leur principal souci n’est pas la construction d’un ordre économique alternatif et socialisé. C’est vrai. Au MS21 nous aurions préféré que d’autres choix soient proposés au peuple américain et notamment celui porté par le candidat démocrate Bernie Sanders dont la campagne a été exemplaire. Mais cette critique - relayée en boucle par nos perroquets médiatiques - fait fi de deux constats. D’une part, aux États-Unis comme en France, l’ordre dominant est verrouillé par un bipartisme qui disqualifie toutes les candidatures non conformes à l’orthodoxie libérale et les dirigeants démocrates n’ont pas hésité un seul instant à favoriser outrageusement Hillary Clinton dans la course présidentielle.

    La suite

    Il est évidemment prématuré de faire des prévisions sur la façon dont Donald Trump va conduire son pays. Son programme propose des mesures favorables aux classes populaires : développement des infrastructures (mille milliards de dollars sur dix ans), dénonciation du libre-échange généralisé (dont le TAFTA), apaisement des relations internationales (notamment avec la Russie). D'autres mesures plus inquiétantes reprennent les fondamentaux du parti Républicain : baisse de la fiscalité pour les plus riches, chasse aux immigrés, remise en cause des accords de Paris sur le climat...

    Mais, dès à présent, en Europe et dans le reste du monde, cette élection interpelle tous les acteurs politiques.

    Aux dirigeants, elle montre que rien ne peut se faire durablement contre les peuples. S’ils devaient continuer à mépriser l’expression des peuples comme ils l’ont fait en 2005 en France et aux Pays-Bas, en Grèce en 2015, comme ils le font à l’occasion de la signature des traités de libre-échange ou comme ils semblent vouloir le faire en Angleterre en ne reconnaissant pas le Brexit, ils s’exposeraient à d’autres cinglants désaveux dont l’intensité ne pourra que s’amplifier.

    Aux militants progressistes et laïques, elle montre l’urgence qu’il y a à construire une nouvelle embarcation porteuse de l’émancipation sociale . A défaut, d’autres rafiots sont déjà à flot et d'autres apprentis dictateurs n’attendent qu’un nouveau naufrage systémique pour récupérer toutes les victimes égarées d’un capitalisme prédateur .

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  • Donald Trump et l’Afrique : entre haine et amour

     

    donald-trump
     

    Depuis le 9 novembre 2016, il est devenu le 45ème Président des Etats-Unis d’Amérique. Lors du débat télévisé qui a précédé sa victoire, Donald Trump n’a pas vraiment évoqué l’Afrique. Mais, par le passé, le candidat Trump a exprimé le peu d’intérêt que l’Afrique représentait pour lui. Il a surtout extériorisé sa haine des Africain(e)s et les mesures de rétorsion qu’il leur réserve. Malgré cela, immédiatement après l’élection du président Trump, les messages de félicitations ont fusé de plusieurs capitales africaines. Morceaux choisis.


     

    Trump s’exprimant à Indianapolis

     « Regardez les pays africains comme le Kenya, par exemple, ces gens sont en train de voler leur propre gouvernement et vont investir l’argent dans des pays étrangers. Du gouvernement à l’opposition, ils sont qualifiés pour être utilisés comme une étude de cas à chaque fois que de mauvais exemples sont nécessaires. Pour moi, la plupart de ces pays africains devraient être colonisés à nouveau pour 100 ans parce qu’ils ne savent rien sur le leadership et l’auto-gouvernance ».

    Donald Trump à Université de Wichita au Kansas en janvier 2016.

    Dans son discours lors de la primaire républicaine, Donald Trump avait déclaré: « Pour rendre sa grandeur aux Etats-Unis, nous devons expulser les musulmans, les Mexicains et les Africains, spécialement les Nigérians. Ils prennent nos emplois, les emplois des honnêtes Américains qui travaillent dur».

    Trump lors de la campagne électorale

    Les Africains sont « des imbéciles, des paresseux, seulement bons à se nourrir, faire l’amour et faire preuve de brutalité ».

    Trump Président

     «Je promets de refaire de l’Amérique une grande nation en rétablissant la dignité que nous avons perdue avec Obama. Raison de plus pour que je sois toujours convaincu que lui et ses frères et sœurs du Kenya devraient être expulsés vers le Kenya pour mettre l’Amérique en sécurité ».

    Réactions des Présidents africains

    Le Rwandais Paul Kagame veut continuer de travailler avec le nouveau Président étatsunien.

     

    Le Kenyan Uhuru Kenyatta a félicité l’élu Trump tout en reconnaissant les efforts de la candidate démocrate. Il ne faut pas oublier que Hillary Clinton avait le soutien du Président sortant Barack Obama qui a des racines kenyanes.

     

    L’Ougandais Yoweri Museveni a vu passer plusieurs Présidents à la Maison Blanche : Ronald Reagan, Georges Bush père, Bill Clinton, Georges Bush fils, Barack Obama. Yoweri Museveni souhaite travailler avec Donald Trump comme il l’a fait avec ses prédécesseurs :

     

    Le Burundais Pierre Nkurunziza s’extasie : 

     

    Abdel Fattah al-Sissi le Président égyptien a été le premier chef d’Etat à appeler le nouvel élu Donald Trump pour le féliciter. Ensuite, il a diffusé un communiqué dans lequel il réclame plus de coordination avec Washington pour la stabilité et le développement au Moyen-Orient.

    Certains chefs d’Etat préparent déjà les demandes de visites officielles qu’ils vont  adresser au nouveau locataire de la Maison Blanche.

    Donald Trump, une chance pour l’Afrique

    En 2008, l’élection de Barack Obama à la présidence étasunienne a été présentée aux crédules comme l’ère d’une coopération saine avec l’Afrique. Les origines africaines du 44ème président étatsunien étaient rappelées à l’occasion comme pour convaincre les sceptiques. Huit ans après, le constat est là et crève les yeux. C’est sous le magister d’Obama que l’Afrique a vécu ses plus grandes humiliations. Le pic a été atteint sur le plan politique avec l’embastillement du Président ivoirien Laurent Gbagbo et l’assassinat du Guide libyen Mouammar Kadhafi. Hillary Clinton alors Secrétaire d’Etat avait déclaré : « Nous sommes venus. Nous avons vu ; il est mort », avant d’esquisser un sourire d’anthropophage.

    Paradoxalement, on peut voir derrière les déclarations incendiaires de Donald Trump une chance pour l’Afrique. Car le nouveau Président étatsunien dit tout haut ce que nombre de dirigeants du monde pensent tout bas des Africains. Pour eux, l’Afrique est tout simplement un gisement de matières premières. Les hommes et femmes qui y vivent « ne sont pas suffisamment  entrés dans l’Histoire […] », disait déjà l’ancien Président français Nicolas Sarkozy en visite d’Etat au Sénégal le 26 juillet 2007.

    Trump ne veut pas des Africains? Tant mieux! Les Africains ne doivent rien espérer des Etats-Unis et l’élection du nouveau président marque sans doute l’occasion d’amorcer ce virage nécessaire. Loin de jouer les revanchards, les Africains doivent changer leur logiciel mental et se mettre au travail. C’est à ce prix qu’ils s’imposeront dans les relations internationales et non en quémandant la bienveillance d’un président étranger qui ne pense d’abord qu’à lui, ensuite à ses milliards et enfin à ses concitoyens.

    Source : Investig’Action

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