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USA

  • La Russie et la Chine mettent un frein à l’option militaire de Trump au Venezuela

    Face à l’intention des Etats-Unis d’intervenir au Venezuela et de contrôler le pays, se place le facteur des alliances avec la Chine et la Russie, puissances qui remettent en cause l’hégémonie étasunienne au niveau mondial.

    Une investigation de Mision Verdad,  23 Octobre  2017.

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    La Chine: une ceinture, une route

    La Chine s’est  proposé de réactiver la Route de la Soie, cette ancienne route commerciale  qui s’étendit autrefois de la Chine à l’Occident sous l’Empire romain et par laquelle la soie orientale arriva pour la première fois en Europe. C’est par ce double couloir de commerce et de distribution de ressources énergétiques et de matières premières,  que le président Xi Jinping cherche à rouvrir les canaux entre la Chine et l’Asie Centrale, le Moyen Orient et l’Europe.

    L’Initiative «  la Ceinture et la Route » (ICR) a été lancée en 2013. Elle englobera des routes terrestres (la Ceinture) et des routes maritimes (la Route) afin que le pays devienne moins dépendant du marché étasunien pour ses exportations et améliore ses relations commerciales dans la région, principalement à travers des investissements en infrastructure qui visent à renforcer le leadership économique chinois. La Chine prêtera à hauteur de 8000 milliards de dollars pour de l’infrastructure dans 68 pays, pour une population totale de 4400 millions d’habitants (65% de la population mondiale  et un tiers du PIB mondial) et une part de 30% de l’économie mondiale. Cela représente 7 fois plus que le Plan Marshall des Etats-Unis pour reconstruire  l’Europe après la Deuxième Guerre Mondiale.

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    La Ceinture couvre  six couloirs  économiques: le Nouveau Pont Continental Euro-asiatique, le couloir Chine-Mongolie-Russie, le couloir Chine-Asie Centrale-Asie Occidentale, le couloir Chine-Péninsule Indochinoise, le couloir Chine-Pakistan  et le couloir Bangladesh-Chine-Inde-Myanmar. Elle s’étendra également vers l’Amérique Latine par voie maritime.

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  • Propagande de guerre

    Par MS 21

    L’Histoire de l’humanité est - hélas - une succession de périodes de paix plus ou moins longues et de guerres plus ou moins destructrices, sur tous les continents depuis la nuit des temps... Comment les dirigeants, les gouvernements, arrivent-ils à faire admettre à leur peuple la nécessité de faire la guerre ?

     

    Il existe des méthodes maintenant bien connues qui permettent de conditionner les esprits, de les manipuler. Chomsky parle de la "fabrication du consentement" (1). Ces pratiques sont utilisées par les candidats pendant les campagnes électorales et ensuite par les gouvernements pour faire accepter des lois impopulaires. Mais la propagande de guerre revêt un caractère plus spécifique. Anne Morelli dans son ouvrage "Principes élémentaires de propagande de guerre" (2) a répertorié dix "commandements" utilisés régulièrement par tous les belligérants, avant, pendant et après les conflits.

    Personne ne veut la guerre

    Il importe que les gouvernements se présentent épris de paix et qu' ils proclament haut et fort qu'ils feront tout pour éviter un conflit. Les exemples ne manquent pas où les responsables politiques affirment leur intention de préserver la paix. Pendant la deuxième guerre contre l'Irak, Colin Powell affirme "Nous les Américains ne cherchons pas à faire la guerre. Nous la faisons avec répugnance". Von Ribbentrop - ministre de Hitler - déclare, en 1939 : "Le Führer ne veut pas la guerre. Il ne s'y résoudra qu'à contrecœur". Cette volonté de paix est un des let-motivs des déclarations de Hitler. Il affirme dans une lettre adressée à Edouard Daladier - Président du Conseil - [qu'il] " renonce à l'Alsace pour éliminer toute source de conflit entre nos deux peuples et éviter une nouvelle effusion de sang" .

    Alors malgré toutes ces bonnes intentions – annoncées- de préserver la paix pourquoi ces dirigeants engagent-ils leur pays dans une guerre ? Comment assument-ils ce revirement face à leur peuple ?

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  • Il y a cent ans… Printemps 1917: les États-Unis entrent en guerre, mais pourquoi ?

    Un chapitre du livre de Jacques R. Pauwels, ‘1914-1918 : La grande guerre des classes’, deuxième édition, Editions Delga, Paris, 2016

     

    En 1917, contre la volonté de l’écrasante majorité de la population américaine, les États-Unis font leur entrée en guerre et ce, aux côtés de l’Entente et contre l’Allemagne. Ils ne le font pas en raison des attaques des sous-marins allemands contre les navires tels le « Lusitania », et encore moins pour défendre la cause de la démocratie contre la dictature et l’injustice. Ils le font parce que l’élite américaine — à l’instar des élites européennes en 1914 — attend toute sorte d’avantages de cette guerre, par exemple, d’énormes bénéfices supplémentaires et plus de docilité du côté des travailleurs…

    1917 ne fut une bonne année pour aucune des nations belligérantes mais, pour les membres de l’Entente, elle fut à tout le moins catastrophique. Les principales raisons à cela furent les mutineries dans l’armée française, qui accrurent particulièrement la précarité de la situation militaire sur le front occidental, ainsi que la double révolution en Russie qui menaçait de mettre ce pays hors circuit en tant qu’allié. Ajoutez-y le fait qu’aussi bien les soldats que les civils en France et en Grande-Bretagne en avaient assez de cette misérable guerre et qu’ils aspiraient à la paix à tout prix et l’on comprendra que les autorités politiques et militaires de Londres et de Paris devaient se faire pas mal de soucis. Elles avaient voulu cette guerre et en avaient espéré beaucoup, elles voulaient absolument la gagner et, pour cela, elles avaient besoin du soutien de la population et, bien sûr aussi, de leurs alliés. Mais, en 1917, la victoire n’était pas encore en vue. On en était même très loin. Et que se passerait-il si on ne gagnait pas la guerre ? La réponse vint des événements en Russie et sous forme d’un avertissement macabre : la révolution !

    La seule lueur d’espoir, en 1917, du moins du point de vue de l’Entente, fut qu’en avril de cette année, les États-Unis déclarèrent la guerre à l’Allemagne, ce qu’on espérait depuis longtemps à Paris et à Londres. Cela pouvait évidemment prendre du temps avant que les troupes américaines ne débarquent en Europe afin de pouvoir renverser la vapeur au profit de l’Entente, mais au moins l’espoir d’une victoire finale pouvait enfin se raviver.

    Pour l’écrasante majorité de la population des États-Unis, toutefois, l’entrée en guerre de leur pays n’avait rien d’une lueur d’espoir. Les gens se rendaient parfaitement compte que cette guerre en Europe avait tout d’une catastrophe et que les civils et les soldats des pays belligérants ne désiraient plus rien qu’un retour à la paix. Les Européens voulaient sortir au plus vite de cette guerre, pourquoi les Américains voulaient-ils y entrer ? Et pourquoi devraient-ils aller se battre aux côtés des Britanniques et des Français contre les Allemands ? Et pourquoi pas aux côtés des Allemands contre les pays de l’Entente ? Le fait que bien des Américains se posaient de telles questions était dû aux facteurs suivants.

    Depuis longtemps, les États-Unis entretenaient d’assez bonnes relations avec les Allemands. Ce n’était pas l’Allemagne, mais la Grande-Bretagne, qui était l’ennemie traditionnelle et la grande rivale d’Uncle Sam. Les Britanniques étaient les anciens maîtres coloniaux contre lesquels, dans les années 1770, on avait mené une guerre d’indépendance et contre qui, plus tard, de 1812 à 1815, on avait encore été en guerre. (Cette guerre de 1812 s’était terminée par un traité de paix conclu à Gand.) Et, plus tard encore au xixe siècle, des tensions entre Américains et Britanniques se firent jour, entre autres, à propos de la frontière avec l’Amérique du Nord britannique, appelée Canada dès 1867, et à propos de l’influence et du commerce dans l’océan Pacifique, en Amérique du Sud et dans les Caraïbes, et aussi en raison des sympathies britanniques avec les États confédérés lors de la guerre de Sécession. Jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, il y eut à Washington des plans tout prêts pour une guerre contre la Grande-Bretagne.

    Les Américains ne voyaient pas non plus dans les Britanniques d’affables frères jumeaux « anglo-saxons », comme on voudrait parfois nous le faire croire. La majorité des Américains — au contraire de l’élite du Nord-Est du pays, constituée en grande partie de WASP — n’étaient absolument pas des « Anglo-Saxons », mais étaient originaires de toute sorte de pays en Europe, et surtout d’Irlande et d’Allemagne. En 1914, quand la guerre éclata en Europe, ces Américains d’origine irlandaise ou allemande avaient de bonnes raisons de croiser les doigts pour l’Allemagne et de souhaiter une défaite britannique. Mais, évidemment, beaucoup d’Américains étaient d’origine anglaise et sympathisaient par conséquent avec les Alliés.

    En ce qui concerne la France, après leur entrée en guerre, les Américains allaient y débarquer en agitant la bannière de « Lafayette, nous voici ! » C’était une allusion à l’aide française aux Américains à l’époque de leur guerre d’indépendance contre la Grande-Bretagne, aide qui avait été personnifiée par le marquis de Lafayette. Ce slogan faisait comprendre qu’à leur tour, les Américains venaient rendre aux Français un service qu’ils leur devaient.

    Mais pourquoi alors ne s’étaient-ils pas empressés de venir en aide à leurs chers amis français dès 1914 ? En réalité, une reconnaissance réelle ou supposée à l’égard des Français n’avait rien à voir avec l’entrée en guerre des Américains, d’autant que bon nombre d’entre eux étaient très religieux et n’avaient que peu de sympathie, voire pas du tout, pour cette république gauloise athée ou du moins anticléricale. Les protestants américains sympathisaient avec l’Allemagne, dirigée par les Hohenzollern, des luthériens, et les catholiques américains avaient un faible pour l’Autriche-Hongrie, dont la dynastie régnante, les Habsbourg, passaient depuis l’époque de la Réforme déjà (et de l’empereur Charles Quint) pour les grands champions du catholicisme 1.

    Quant à la Russie, cet empire était considéré par bien des Américains comme un bastion du monarchisme autocratique passé de mode et donc comme le contraire de la république démocratique qu’étaient les États-Unis, en théorie, du moins. Nombre d’Américains étaient par ailleurs des réfugiés de l’empire des tsars, par exemple des juifs et des Ukrainiens qui, à l’égard des Russes en général et du tsar et de son régime en particulier, éprouvaient à peu près les mêmes sentiments que les Irlandais à l’égard des Britanniques. À l’égard de l’Allemagne, d’autre part, aux États-Unis on n’affichait ni rivalité, ni aversion, ni hostilité 2. Et les nombreux Américains qui, comme Theodore Roosevelt, se considéraient comme faisant partie de la « race nordique », se sentaient proches de ces Allemands « aryens » présumés supérieurs.

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  • Nous sommes tous des Mexicains

     

     

    Nous, les Latino-américains de bonne foi, ne pouvons cesser de ressentir comme une gifle sur notre propre joue la sous-estimation raciste de ceux qui élèvent des murs sur l’immense frontière qui sépare le Mexique de son voisin du nord.

    Etre avec le Mexique en ces heures difficiles est notre nouvel engagement dans la plus parfaite tradition « martienne ». (1) Exilé au Mexique, José María Heredia (2) disait avec fierté « nous, les Américains ». Il faisait allusion à l’univers qui s’étend au sud du Río Bravo et va jusqu’à l’arc des Antilles. « Si près des Etats-Unis et si loin de Dieu » ont coutume de dire les Mexicains. Plus récemment, Fidel disait qu’à la différence de ce qui est arrivé sur d’autres continents, les affrontements armés entre nos pays ont été relativement rares.

    L’essence commune de notre histoire, à partir de la conquête espagnole, a des points de contacts qui favorisent une certaine proximité malgré des différences culturelles qui ne peuvent pas être éludées. Pour de nombreuses raisons géographiques et historiques, le Mexique nous est particulièrement proche. 

    Je dois reconnaître que, dans mon petit cœur, je garde un endroit particulier pour « la douce patrie. » Cela s’est fait par des amitiés, des lectures et des voyages. A cause de cela, je rougis de colère et de honte quand je vois les politiques xénophobes qui réaffirment la sous-estimation de ce que nous sommes et de l’oeuvre accomplie par les peuples originaires de ce monde. Ne nous y trompons pas. Le racisme comprend, au-delà de la couleur de la peau, tous ceux qui ont été qualifiés de latinos.

    Comme Heredia, Martí a eu des amis au Mexique qui ont profondément pénétré sa pensée. Sur cette terre est tombé Julio Antonio Mella. Les membres de l’expédition du Granma ont trouvé là une aide inestimable.

    Les échanges entre nos pays ont commencé dès le départ d’ Hernán Cortés pour le Mexique, ont continué avec l’accueil d’exilés de gauche et de droite dans les 2 pays. Ils ont été plus intenses à partir de la révolution mexicaine qui, avec ses revendications agraires et nationalistes, a secoué toute l’Amérique Latine. Pour les intellectuels, les mesures prises par José Vasconcelos sont devenues des exemples d’un modèle à suivre. Le muralisme (3) a eu une répercussion universelle. Quelque chose de similaire s’est produit avec la stimulation de la lecture et la publication de livres.

    Dans le milieu populaire, le dialogue avec le Mexique a eu encore plus de portée. Nous avons appris à chanter « Si Adelita est partie avec un autre. » Pancho Villa y Emiliano Zapata sont devenus des symboles comme ailleurs les « mariachis ». L’expansion du cinéma a renforcé cette relation encouragée par les images de Jorge Negrete (4) ( très apprécié à La Havane dans les années 40 du siècle dernier) et de María Bonita. (5) 

    Sur le plan de la lutte anti-coloniale, l’image de Lázaro Cárdenas (6) est devenue celle d’un géant avec la nationalisation du pétrole, le soutien à l’Espagne républicaine et l’accueil d’un exil dont la culture mexicaine tirerait d’importants bénéfices. Mes contemporains des années 50 ont commencé une critique des erreurs du PRI, de la prison arbitraire à Lecumberri et des syndicats de mèche avec les patrons. 

    Il ne me revient pas de faire, dans cet article, une analyse de la politique du pays voisin. Nous ne pouvons pas oublier, cependant, que les membres de l’expédition du Granma se sont entraînés là et que le Mexique, fidèle à ses principes, n ‘a jamais rompu les relations avec la Cuba harcelée.

    Nous, les Latino-américains de bonne foi, ne pouvons cesser de ressentir comme une gifle sur notre propre joue la sous-estimation raciste de ceux qui élèvent des murs sur l’immense frontière qui sépare le Mexique de son voisin du nord, qui qualifient de « délinquants » et de « parasites sociaux » les représentants d’un peuple qui a été amené par la misère à ramasser les fruits en Californie et contribue à faire la richesse de ceux qui les méprisent.

    L’arrogance des riches est basée sur une ignorance pathétique. Les habitants du Mexique pré-hispanique ont donné au monde une culture d’une richesse infinie. Le musée d’anthropologie de Mexico n’a rien à envier au Louvre ou au Prado.

    En arrivant à Tenochtitlán, les conquistadors ont été éblouis par les merveilles et par l’étendue de cette ville construite sur une lagune, qui dépasse de beaucoup la petite et malodorante Madrid de l’époque. A l’occasion de ma première visite au DF, le musée d’anthropologie avait une surface limitée au Zócalo. J’y suis allée souvent, toujours attirée par la calendrier aztèque. 

    Chez nos peuples originaires, l’étude du firmament dépassait dans beaucoup de ses aspects le savoir que nous en avions de l’autre côté de l’Atlantique. L’erreur tragique a consisté à ne pas avoir d’armes à feu. Mais il faut se demander, à une époque où la survie de l’espèce est menacée, si dans ce désintérêt ne se niche pas une leçon de sagesse. Les mains de nos peuples continuent à semer le maïs. Ils ont édifié des villes qui se caractérisent par le splendide style baroque des Indes. 

    L’heure de la modernité est venue, ils ont laissé dans les arts visuels, dans la musique, dans la littérature et au cinéma, les preuves d’un travail de création qui a fini par imposer sa présence de l’autre côté de l’Atlantique. S’obstinant à défendre leur identité, et manquant encore d’un haut niveau d’instruction, les « chicanos » (7) sans papiers, soumis à de très dures conditions de travail, sont restés fidèles à l’engagement de témoigner d’une culture qui, elle-même, s’exprime dans un artisanat admirable. 

    Cependant, nous avons vu de loin les crimes commis contre les femmes à Ciudad Juárez, les innombrables morts lors des tentatives pour passer la frontière illégalement, la fracture des familles à cause de l’expulsion de parents dont les enfants sont nés aux Etats-Unis, l’exploitation inique des usines de sous-traitance, le cancer générateur de corruption du trafic de drogue et l’inaction face à l’assassinat de jeunes gens qui n’avaient d’autre désir que de propager l’enseignement dans leurs communautés.

    Pour justifier tant de crimes, on continue à imposer des stéréotypes. Pour les Latino-américains, nous sommes tous aussi des Mexicains. Etre avec le Mexique en ces heures difficiles est notre nouvel engagement dans la plus parfaite tradition martienne… 

     

    Traduction de l’espagnol par Françoise Lopez pour Bolivar Infos

    Relu par Benoît Courcey pour Investig’Action

     

    NOTES de la traductrice:
    1 ) De José Marti

    2 ) Poète cubain, cousin du poète français du même nom, né à Santiago de Cuba le 31 décembre 1803 et décédé à Toluca (Mexique) le 7 mai 1839.

    3 ) Le muralisme mexicain est un mouvement artistique qui s’est développé au Mexique au début du xxe siècle. dans la suite de la révolution mexicaine de 1910. Il a prétendu donner une vision de l’Histoire à toutes les composantes du peuple mexicain, par le biais d’un art naïf accessible à tous les types d’observateurs, y compris les analphabètes. Ces peintures, illustrant la gloire de la révolution mexicaine et des classes sociales qui lui sont associées (prolétaires, paysans), ont été réalisées dans des lieux publics tels que le Palais national de Mexico. https://fr.wikipedia.org/wiki/Muralisme_mexicain

    4 ) Jorge Alberto Negrete Moreno (30 novembre 1911 – 5 décembre 1953) est considéré comme l’un des chanteurs et acteurs mexicains les plus populaires. Son enregistrement de la chanson « México Lindo y Querido » (Beau et cher Mexique), l’hymne non officiel du Mexique, en reste la version la plus connue. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Jorge_Negrete)

    5 ) Maria Bonita était le surnom de Maria Déia, membre d’une bande de Cangaço, maraudeurs et hors-la-loi qui ont terrorisé le nord-est brésilien dans les années 1920 et 1930. La relation entre Maria Bonita et Lampião est fermement ancrée dans l’histoire folklorique brésilienne, avec une notoriété «romanesque et violente» similaire à celle de Bonnie et Clyde aux Etats-Unis. Elle a fait l’objet d’innombrables histoires folkloriques, de livres, de bandes dessinées, de brochures populaires ( littérature de cordel ), de chansons, de films et de plusieurs feuilletons télévisés . (https://translate.google.fr/translatehl=fr&sl=en&u=https://en.wikipedia.org/wiki/Maria_Bonita_(bandit)&prev=search)

    6 ) Très populaire auprès des communautés indigènes et des paysans, il est élu en 1934 Président du Mexique pour un mandat de six ans. Cárdenas poursuit un programme de répartition des terres, modernise l’industrie, nationalise les entreprises pétrolières – créant ainsi Pemex (Petróleos Mexicanos) – et réforme profondément le système éducatif tout en le dotant de moyens financiers importants. Il permettra en 1936 à Léon Trotsky et à de nombreux militants politiques persécutés de trouver refuge au Mexique, comme il le fera pour les réfugiés républicains de la guerre d’Espagne. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Lázaro_Cárdenas)

    7 ) Mexicains émigrés aux Etats-Unis

    Source : http://www.granma.cu/cuba/2017-02-19/mexico-lindo-y-querido-19-02-2017-21-02-05

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  • Les « Fake News » du Département du Trésor US

     

    Un communiqué de presse publié par le Département du Trésor des Etats Unis informe que le Bureau du Control des Actifs Etrangers accuse le Vice-président de la République Bolivarienne du Venezuela, Tareck El Aissami, d’être « conciliant » en matière de transport et trafic de drogue et cela depuis 2008. Ma première réaction à la lecture de ce communiqué a été de penser qu’il avait été écrit par un master troll de la CIA. Ne doit-on pas s’attendre à ce que ce genre d’accusation émane d’un service de renseignements et non d’un Bureau qui a en charge le Trésor Public des Etats Unis ?

     

    Au cours du programme : « 15 y Ultimo » on s’est posé cette même question et voici la réponse :

    « Jamais aucun des gouvernements des Etats Unis, depuis celui de George Washington et jusqu’à ce jour, n’a pris au sérieux cette fable de la neutralité des banques centrales et de la monnaie, même s’ils imposent l’idée au reste du monde » ; ils utilisent ces instances comme armes pour « tordre le bras » des nations.

    « Au cœur de l’idéologie nord-américaine, les outils de coercition économique et financière sont tout autant sinon plus valables que les armes conventionnelles pour résoudre les conflits qui portent atteinte à leur hégémonie ». Nous parlons par conséquent de guerre financière.

    La soit disant « association » de El Aissami avec des cartels de la drogue est bien plus éclairée par les projecteurs d’une mise en scène que par les lumières intellectuelles de ses inventeurs. Voyons les faits :

    L’entrepreneur Samark Lopez a été accusé par le Département du Trésor d’agir en tant que prête-nom de El Aissami. CNN a fait référence à une source non identifiée du Département du Trésor pour expliquer ce que le communiqué de presse de la OFAC a laissé en suspens : l’entrepreneur censément, se chargeait d’ouvrir des comptes aux Etats Unis et de créer des sociétés écrans pour virer l’argent du vice-président El Aissami depuis les Etats Unis jusqu’en Europe. Samark Lopez a publié un communiqué qui n’a eu droit qu’à une couverture médiatique marginale. Nous en donnons les points essentiels :

    • Monsieur Samark Lopez est un entrepreneur qui connait Tareck el Aissami depuis des années.
    • Monsieur Samark Lopez n’est pas un fonctionnaire d’Etat et n’a pas été mêlé dans le trafic de stupéfiants. La publication de ce listing a toutes les apparences d’une manœuvre politique.
    • Monsieur Samark Lopez exercera tous les recours légaux, administratifs et juridiques possibles.

    Ironie du sort, ce même jour, un porte-parole du Kremlin demandait que l’on ne fît pas confiance aux sources non confirmées de CNN et du New York Times.

     

    A propos des accusations de trafic de stupéfiants

     

    L’actuel Vice-président a été Ministre de l’Intérieur et de la Justice du Venezuela durant la législature de Hugo Chavez, de 2008 à 2012. Durant ces années où il a été en fonction, 102 caïds de la drogue ont été arrêtés et déférés aux tribunaux. Il a également coordonné l’extradition de 21 narcotrafiquants à la demande des Etats Unis.

    Au cours de ces années – pas si lointaines – Washington adressa des communiqués de félicitations à El Aissami, communiqués dûment enregistrés dans les archives du Gouvernement du Venezuela. Parmi les câbles et courriers divulgués par Wikileaks et publiés par La Tabla :

    « Un rapport, rédigé en 2010 par Roberta Jacobson, à l’époque, sous-secrétaire aux Affaires de l’Hémisphère du Département d’Etat des Etats Unis, recommandait de « ne pas féliciter » le gouvernement du Venezuela pour l’arrestation et l’extradition de chefs du narcotrafic colombien qui étaient requis par la justice des Etats Unis »

    Ils accusent le vice-président El Aissami de liens avec le Cartel Los Zetas au Mexique. Ils signalent des « alliances » avec le narcotrafiquant colombo-vénézuélien Hermagoras Gonzalez Polanco et avec le caïd colombien Daniel Barrera Barrera par l’entremise de Walid Makled. Jugeons de la vraisemblance des faits classés par ordre chronologique :

    Hermagoras Gonzalez Polanco était un leader du dénommé Cartel La Guajira en lien avec les Unités d’Autodéfense de Colombie. Il a été accusé d’avoir trafiqué 9 tonnes de cocaïne en collaboration avec Salomon Camacho Mora. Gonzalez Polanco a été arrêté lors d’une opération effectuée en 2008 sous la gestion de Ramon Rodriguez Chacin en tant que Ministre de l’Intérieur et de la Justice du Venezuela. Et pourtant, Camacho Mora a été arrêté 2 ans plus tard lorsque les organes de la sécurité d’Etat du Venezuela étaient sous l’autorité de Tareck El Aissami. Il a été extradé aux Etats Unis le 2 février 2010.

    Gonzalez Polanco, de nationalité vénézuélienne, n’a pas été extradé. A l’issue de son procès, il a été condamné à 15 ans et 6 mois de réclusion. Son complice, aux Etats Unis, a écopé d’une peine moindre, soit 11 années de réclusion.

    Depuis qu’il a fui du pays, en 2010, Walid Makled, alias « le Turc », faisait partie des délinquants les plus recherchés au niveau international. L’année suivante, Makled a été arrêté en Colombie et son extradition a été demandée par le Venezuela. Il a été jugé à Caracas et condamné pour blanchiment de capitaux, corruption et association de malfaiteurs.

    En 2011, la police scientifique du Venezuela, dépendante du ministère dirigé par El Aissami, a arrêté Gloria Inès Rojas Valencia, une citoyenne colombienne qui opérait au nom du Cartel Los Zetas. Elle a été extradée aux Etats Unis ainsi que son conjoint également impliqué dans des faits délictueux sous le pseudo de El Negro Tello. Plus précisément : il était le second dans l’organisation criminelle dirigée par Daniel Barrera.

    Daniel Barrera Barrera, alias El Loco (Le Fou), a été arrêté au Venezuela en septembre 2012, sous le ministère de Tareck El Aissami. L’opération fut pilotée par la Police Nationale de Colombie – depuis Washington – et avec l’aide des gouvernements du Venezuela et de la Grande Bretagne.

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  • La CIA contre l’Equateur

     

    Le livre « La CIA contre l’Amérique Latine, chapitre spécial Equateur » de Jaime Galarza et Francisco Herrera, révèle l’intervention et l’ingérence de cet organisme dans la région grâce au témoignage de Philip Agee, espion de la CIA de 1963 à 1968 qui a travaillé plusieurs années en Equateur.

     

    Le but de la CIA était la rupture des relations de l’Equateur avec Cuba et le renversement du président équatorien Carlos Arosemena. Ces deux objectifs furent atteints. « Dans les deux cas, la CIA a basé sa campagne sur l’anticommunisme et a utilisé un incroyable enchevêtrement de mensonges, de falsifications, de terrorisme, d’actes sanglants, d’achat et de vente de consciences, » raconte le livre. Dans la liste des collaborateurs et des informateurs de la CIA en Equateur de ces années-là, figuraient 200 hauts fonctionnaires parmi lesquels le sénateur Reinaldo Varea Donoso qui recevait 800 dollars par mois de l’agence.

    L’ex agent détaille les méthodes de travail des services spéciaux des Etats-Unis en Amérique Latine pour déstabiliser les Gouvernements de la région qui représentent un danger pour les « intérêts » de Washington. Parmi ces méthodes, il y a entre autres la manipulation de l’opinion publique, l’infiltration de partis politiques et d’organisations, la réalisation d’attentats terroristes faussement attribués à des mouvements de gauche, les pots-de-vin, l’espionnage de la correspondance.

     

    La CIA a plus de 70 bases militaires en Amérique Latine et entraîne à l’Ecole des Amériques (Institut de Sécurité et de Coopération de l’Hémisphère Occidental) 1 500 militaires par an en moyenne en provenance d’Amérique Latine et des Caraïbes, à l’exception du Nicaragua, du Venezuela, de la Bolivie, de l’Equateur, de l’Argentine et de Cuba. Elle finance également des ONG et des partis d’opposition contre les Gouvernements qu’elle considère comme « hostiles » aux intérêts des Etats-Unis.

     

    L’Equateur sans bases militaires étrangères

     

    Sur ordre du Président Rafael Correa en juillet 2009, les Etats-Unis ont retiré leur base de Manta (nord de l’Equateur) à l’expiration du bail de 10 ans accordé en 1999 par le président de l’époque Jamil Mahuad. La présence des troupes états-uniennes était condamnée par des organisations politiques et sociales qui dénonçaient des violations des Droits de l’Homme. La base militaire de Manta ou base militaire Eloy Alfaro, inaugurée par l’Armée de l’Air équatorienne le 28 octobre 1978, fonctionnait sur une zone accolée à l’aéroport international du même nom, dans la ville de Manta (Nord).

    Depuis 1999 et pendant 10 ans, grâce à un accord inter-gouvernemental, l’utilisation comme l’accès à la piste et une partie de la base de Manta ont été cédés à l’armée de l’air des Etats-Unis sous prétexte de lutter contre le trafic de drogues dans le nord-ouest de l’Amérique du Sud. Manta devait servir de base d’opérations pour le Plan Colombie, un accord signé entre la Colombie et les Etats-Unis présenté en 1998 par le président colombien Andrés Pastrana comme un programme de développement économique sans drogues dont la véritable intention était l’implantation des forces états-uniennes dans ce pays.

     

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  • Vérités, sanctions et nouvelles lettres persanes


     

    Washington vient d’annoncer – vendredi dernier – de nouvelles sanctions à l’encontre de 13 individus et 12 « entités » iraniennes dont certaines sont basées en Chine, aux Emirats arabes unis et au Liban, en « riposte » au dernier test d’un missile par Téhéran. 

     

    par Richard Labévière

     

    Le porte-parole de la présidence de la Maison Blanche, Sean Spicer, a précisé que l’annonce de ces sanctions par le département du Trésor avait été « clairement » calculée pour répondre à cet essai effectué dimanche dernier. Mais il a indiqué qu’elles étaient « dans les tuyaux » avant ce tir de missile. « Nous savions que nous avions ces options à notre disposition parce qu’elles étaient déjà en préparation », a-t-il ajouté.

    De source autorisée à Washington, on précise qu’elles ne sont que la première étape de la réponse que les États-Unis entendent apporter face « à l’attitude provocante de l’Iran ». « La communauté internationale a été trop tolérante à l’égard du mauvais comportement de l’Iran », a commenté Michael Flynn, le conseiller à la sécurité nationale de Trump. Diantre ! 

    L’unilatéralité de la réaction américaine était d’autant plus prévisible que le test balistique iranien n’est absolument pas contradictoire avec l’esprit et la lettre de la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU qui encadre l’accord nucléaire entre l’Iran et le 5+1 (membres permanents du Conseil plus l’Allemagne).

    Certes, cet accord du 14 juillet 2015 stipule que l’Iran s’engage à ne pas mettre au point ou acquérir l’arme atomique, mais il ne signifie certainement pas que ce pays doive renoncer à toute espèce de matériels nécessaire à sa défense nationale, les derniers missiles testés n’étant pas conçus pour emporter des têtes nucléaires. 

    A cette occasion, il est d’autant plus cocasse de voir Tel-Aviv pousser des cris d’orfraie, lui qui dispose – en toute impunité et hors de tout cadrage internationale – de plus de quatre cents têtes nucléaires et de toute la panoplie de porteurs opérationnels (sous-marins de conception allemande, avions de chasse et missiles de conceptions américaines) pour utiliser ces armes de destruction massives. Israël n’est pas partie prenante du TNP (1) et fait régulièrement des bras d’honneur à l’AIEA chargée de lutter contre la prolifération.

    Sans parler que depuis la création d’Israël en 1948, plus de 400 résolutions du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale et de la Commission de droits de l’homme des Nations unies ont été adoptées sur la question palestinienne, l’occupation et la colonisation israéliennes alors que pas un – pas un de ces textes à l’exception de la résolution 475 concernant le retrait partiel du Liban du sud – n’a été respecté par Tel-Aviv !!!

    Et encore, la soldatesque israélienne occupe toujours le secteur libanais des fermes de Chebaa afin de détourner l’eau du bassin hydrographique du fleuve Litani. Par conséquent, le gouvernement israélien – qui n’en loupe pas une – aurait mieux fait de ne pas trop la ramener. C’était sans compter avec les nouvelles assurances données à la colonisation israélienne par la nouvelle administration américaine… 

    Toujours est-il qu’avec Trump et ses nouvelles sanctions illégales, après le Brexit, avec l’amplification de la révolution numérique et l’actuelle campagne pour les élections présidentielles françaises, le monde s’enfonce encore un peu plus dans l’ère de la post-vérité, d’un post-modernisme où tout se vaut et réciproquement. Les Etats-nations, les relations internationales et les faits qui les structuraient jusque-là se dérobent sous nos pieds dans une implosion continue que le regretté Jean Baudrillard annonçaient depuis le début des années 1980 comme le triomphe du simulacre, de l’échange symbolique et, en définitive comme une mort annoncée de nos vieilles démocraties. 

    Dans ce numéro 113 de prochetmoyen-orient.ch, Guillaume Berlat y revient et dresse quelques filiations de cette terrible généalogie morbide. La semaine dernière, en tirant quelques leçons de la conférence d’Astana sur la crise syrienne, nous avons voulu déconstruire quelques contre-vérités diffusées notamment par Le Monde et d’autres médiums en continu immédiat et propagandiste. Nous avons également choisi de reproduire in extenso la contribution du ministre iranien des Affaires étrangères consacrée à la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme. Nous devions le faire, aucun média parisien n’ayant – semble-t-il – seulement pris la peine de la lire, encore moins de la commenter. 

    Dans ce même esprit de lutte contre la post-vérité, nous y revenons aujourd’hui, non seulement pour en souligner l’apport le plus novateur, mais aussi afin d’en tirer – comme pour Astana – quelques leçons qui pourraient servir à la recherche effective d’une sortie de crise en Syrie et ailleurs. En définitive que nous dit Mohammad Javad Zarif ? D’abord s’entendre sur l’étude et l’analyse des faits – oui des faits ! – avant d’aborder la question des moyens à mettre en œuvre pour y remédier.

     

    Autrement dit, le défi qui s’adresse aux acteurs d’un conflit comme à leurs parrains, autres géniteurs et profiteurs concerne – en premier lieu – la connaissance vraie de la nature des problèmes, de leurs racines les plus profondes afin de remonter aux causes, disait Spinoza. Et comme écrivait aussi notre cher René Descartes, il s’agit – par conséquent – de se déprendre des idées confuses, sinon des préjugés… avant d’envisager toute espèce de politique et d’action. Reprenant les thèses de Feuerbach, le vieux Marx disait, lui aussi à sa manière que comprendre, c’est déjà transformer !

     

    Dans cet ordre d’idées, Mohammad Javad Zarif identifie deux conceptions opposées pour border les crises régionales et internationales : la première, à somme nulle, met en présence, sinon en confrontation, attentes et intérêts maximalistes dans un pugilat où tout le monde finit par être perdant. Héritée de 7000 ans de culture, la deuxième se propose – justement – de remonter aux causes les plus profondes de la naissance et de la propagation des extrémismes, de la naissance et de la propagation du terrorisme. Dans un monde globalisé – où tout, de l’environnement à la sécurité – a été mondialisé, il est parfaitement et pratiquement « impossible de gagner aux dépens des autres ». La guerre de tous contre tous du Léviathan de Hobbes, devenue notre quotidien orwellisé mène à une catastrophe annoncée et déjà là. En effet, nous y sommes : l’approche à somme nulle bloque et détruit tout, générant une mondialisation qui rétrécit tout avec ses murs, ses occupations et ses colonies…

     

    Très simplement, le choix absolu se pose radicalement entre le scénario « perdant/perdant » et une solution « gagnant/gagnant », sans laisser la moindre place à un juste milieu en la matière. Par conséquent, les conflits en Irak, en Syrie, au Yémen et à Bahreïn ne peuvent avoir de solution militaire. Sans y insister davantage, le ministre iranien des Affaires étrangères redit avec force ce que la lettre volée d’Edgar Allan Poe que tout le monde cherche est sous nos yeux : tous ces conflits ont besoin d’une solution politique fondée sur « une approche à somme positive » où aucun acteur réel – naturellement en dehors de ceux qui initient et exécutent la violence terroriste – n’est exclu ni marginalisé en vue du résultat souhaité, à savoir le retour à la paix et la stabilité.

     

    Hélas, cette évidence est plus facile à énoncer qu’à mettre en pratique, mais une autre évidence est aussi à prendre en compte pour éviter de sombrer dans le désespoir et la mort : là ou s’esquisse une volonté s’ouvre déjà un chemin et la promesse d’un but à atteindre. Dans l’Orient compliqué et global, la récente élection d’un nouveau président de la République libanaise – après deux longues années de politisation amère et d’accumulation de détritus – envoie un signe positif. De même qu’au sein de l’OPEP, où désormais chacun s’efforce de considérer ses seuls intérêts immédiats, pour parvenir à une « solution mutuellement bénéfique » ou plus précisément chacun cherche à éviter la perspective la plus désastreuse. La leçon est – ici – porteuse d’avenir : les parties concernées ont abandonné l’obsession de leurs attentes maximalistes – à somme zéro – en faveur d’un « compromis de travail ».

     

    Et face au puit sans fond des désastres en train de détruire la Syrie et le Yémen, on peut légitimement s’inspirer du sursaut libanais afin d’espérer qu’un processus politique – c’est-à-dire susceptible d’agréger des concessions mutuelles, des compromis acceptables et une inclusivité la plus large possible – puisse arrêter le carnage dans les meilleurs délais. Plus concrètement encore, Mohammad Javad Zarif fait une proposition afin de promouvoir la coopération régionale en matière de sécurité : créé un Forum de dialogue régional.

     

    En septembre 1980, les pays occidentaux – à commencer par les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France – ont poussé Saddam Hussein à déclencher une guerre contre l’Iran. Le conflit extrêmement meurtrier de huit années qui s’ensuivit a enseigné à tous les acteurs de la région du golfe persique une autre leçon durable : ne pas pouvoir s’engager dans un nouveau conflit militaire ! Téhéran avait alors espéré que ses voisins et leurs parrains occidentaux auraient pris la juste mesure du monstre qu’ils avaient lancé contre un « ennemi fabriqué », avant que ce Frankenstein se retourne contre eux, finissant par devenir leur propre cauchemar…

     

    Cette guerre a également souligné la nécessité d’un impératif catégorique des plus kantiens : celui d’arrangements et de mécanisme de sécurité régionaux, bels et biens inscrits au paragraphe 8 de la résolution 598 du Conseil de sécurité des Nations unies qui a mis fin à la guerre Irak-Iran. Et cette disposition perdure en continuant d’être pertinente pour promouvoir la coopération régionale en matière de sécurité. Mohammad Javad Zarif : « alors que des forces telles que Dae’ch et ses rejetons doivent être effectivement combattues et défaites, un rétablissement significatif de la paix et de la stabilité en Asie occidentale, et en particulier dans la région du Golfe persique, repose sur la promotion d’un ensemble de principes communs de compréhension mutuelle et de coopération régionale collective ».

     

    L’histoire, notamment en Europe et en Asie du Sud-Est, nous dit que les pays des Proche et Moyen-Orient doivent surmonter l’état actuel de division et de tension afin de mettre en chantier la construction d’un mécanisme régional réaliste. Celui-ci peut se construire à partir d’un Forum de dialogue régional. Une telle structure devrait se fonder sur des principes globalement reconnus et des objectifs communs, notamment le respect de la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de tous les États, l’inviolabilité des frontières internationales, la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres, le règlement pacifique des différends, le refus des menaces et de l’emploi de la force pour laisser place à la promotion de la paix, de la stabilité, du progrès et de la prospérité dans la région.

     

    En définitive, et surtout après l’annonce de nouvelles sanctions américaines contre l’Iran – qui prolongent l’invariable posture des Etats-Unis de Reagan, Bush, Obama et maintenant Trump (sur le mode du « tout changer pour que rien ne change ») – un tel Forum pourrait aider à rétablir de la confiance afin de promouvoir la compréhension et l’interaction entre les gouvernements de la région.

    En s’appuyant aussi sur les sociétés civiles, une telle instance pourra aider à l’écriture de nouvelles Lettres persanes porteuses des mesures de confiance et de sécurité, dont une lutte déterminée contre le terrorisme, puisqu’au final « il s’agit d’assurer la liberté de navigation et la libre circulation du pétrole et d’autres ressources, ainsi que la protection de l’environnement ». 

    Cette proposition de Forum de dialogue régional peut, par ailleurs, assurer le format nécessaire au développement d’accords plus formels de non-agression et de coopération en matière de sécurité. Si ce dialogue doit être tenu d’abord par les parties prenantes régionales concernées, il faut nécessairement mobiliser les cadres institutionnels existants pour le faire vivre, en particulier ceux des Nations Unies.

    « Un rôle régional pour l’Organisation des Nations Unies, déjà envisagé dans la résolution 598 du Conseil de sécurité, aiderait à atténuer les inquiétudes, en particulier des petits pays », conclut le ministre iranien des Affaires étrangères, « la communauté internationale apporterait des garanties et des mécanismes pour sauvegarder ses intérêts légitimes ».

     

    Usbek et Rica, les héros de Montesquieu ont écrit à leurs amis restés au pays durant neuf ans. D’après les contemporains du règne finissant de Louis XIV, leurs Lettres ont dépassé le registre de l’exotisme curieux pour favoriser une meilleure compréhension réciproque des deux sociétés. Spectateurs et victimes de bien d’autres décadences, les contemporains d’aujourd’hui auraient tout intérêt à reprendre la plume pour renouer avec l’intelligence minimale qui nous permettra – peut-être – de regagner la confiance minimale à la nécessaire maîtrise d’une mondialisation folle et meurtrière.

     

    Richard Labévière

    Note:

    1. Le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est un traité international conclu en 1968 et signé par un grand nombre de pays. Il vise à réduire le risque que l’arme nucléaire se répande à travers le monde, et son application est garantie par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

     

    Source: Edito du n°113 de Proche&Moyen-Orient.ch -Observatoire Géostratégique)

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