Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Charlie Hebdo : Communiqué MS21

 

Le mouvement MS21 (« Mouvement pour un socialisme du 21ème siècle ») condamne sans équivoque la barbarie des crimes indéfendables à l’encontre des journalistes et du personnel du journal Charlie-Hebdo, des personnes d’origine juive, des forces de l’ordre assassinées dans l’exercice de leur fonction et de toutes les victimes de ces deux tueries. L’hommage qui leur a été rendu à travers la présence de millions de français dans la rue, tant en province qu’à Paris, témoigne de l’émotion de la nation pour dire non aux actes criminels et pour affirmer son attachement aux principes attachés à nos libertés fondamentales. Le MS21 réaffirme son attachement à un ensemble de valeurs qui structurent notre République, la liberté d’expression dont la liberté de la presse et la laïcité.

L’affirmation de ces principes fondamentaux obligeait nos dirigeants politiques à ne pas se livrer à une récupération politique et à ne pas associer à l’hommage national, en tête du cortège à Paris des dirigeants politiques européens promoteurs des politiques d’austérité, véritable terreau dans l’espace social décimé par la misère et le chômage aux dérives criminelles au nom d’idéologies religieuses fondamentalistes et radicales, ainsi que certains autres dirigeants politiques comme le Premier ministre israélien ou le chef du gouvernement ukrainien, ou le représentant de l’OTAN. Sont venus à cette manifestation  les principaux responsables de la mise à feu du Moyen-Orient depuis 25 ans  qui a engendré des milliers de terroristes. Nous dénonçons l’origine de ces violences : le conflit du Moyen Orient et la perte des repères fondamentaux du « vivre ensemble » dans notre pays.

Au niveau national, le MS21 affirme le besoin de rappeler les valeurs de laïcité qui sont la condition première au « vivre ensemble ». Ces valeurs demandent une exemplarité de la part de nos responsables politiques et nous ne pouvons que dénoncer le plus solennellement le fait que la journée du dimanche 11 janvier se soit terminée pour le Président de la République et son Premier ministre dans un lieu de culte, à la synagogue. Quelle confusion politique, au-delà de l’émotion légitime pour les 4 personnes juives tuées à la Porte de Vincennes.

La seconde condition pour le « vivre ensemble » est de rappeler la nécessité de structurer une société dans un schéma social cohérent où la concurrence, la compétitivité, la libre circulation des capitaux ne peuvent être les seuls éléments moteurs de son organisation. D’autres éléments, en dehors de la seule économie du chiffre, doivent être rappelés, protégés ou mis en œuvre :  la nécessité des services publics en matière d’éducation, de santé, de transports, les politiques de l’emploi. Les violences de ces derniers jours sont le fait de jeunes qui ne s’intègrent pas dans une société qui ne présente comme seule norme, celle de l’argent. C’est une autre vision de la société qui doit être envisagée pour prévenir les dérives que nous constatons avec effroi. Cette autre vision nécessite de revoir dans le fond les politiques monétaires (euro) et économiques (concurrence, libre circulation des capitaux) que nous connaissons actuellement, imposées par l’Union européenne. Une société viable exige que soit respecté le principe de souveraineté nationale. Le déni de démocratie qui a eu lieu après le référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen (TCE) est une tâche qui demeure et qui ne saurait être effacée par la seule présence du Président de la Commission européenne à la manifestation de dimanche. Sans une telle remise en cause, tout est à craindre que les mêmes maux engendreront les mêmes effets.

Par rapport aux évènements tragiques à Charlie-Hebdo et dans le centre commercial casher de la Porte de Vincennes, le MS21 regrette l’absence de toute forte revendication pour que justice soit faite. Deux voix se sont exprimées à ce sujet, celle de R. Badinter (tribune dans Libération) et celle de P. Joxe (interview à France Culture) pour demander que les auteurs des assassinats soient jugés en connaissance de cause. Or, comme dans l’affaire Merah à Toulouse, il apparaît  qu’ils ont été exécutés pour que justice ne soit pas faite, comme si il était primordial qu’ils ne parlent pas. Il sera toujours aisé aux forces de l’ordre d’expliquer que l’on ne pouvait pas faire autrement. C’est possible, mais le  MS21 demande qu’une commission d’enquête parlementaire soit constituée pour rendre compte des faits qui ont conduit à la « neutralisation » (euphémisme plus que douteux prononcé par F. Hollande) des auteurs des assassinats. Le  MS21 craint la négation du principe de justice en matière de terrorisme qui amènerait à exécuter des tueurs plutôt qu’à les juger selon les lois de la République.

Le MS21, comme d’autres organisations, s’inquiète des réactions à chaud de divers responsables politiques, dans un élan démagogique, à vouloir mettre en place de nouvelles lois de sécurité, un « Patriot Act » à la française. Le souci légitime d’une sécurité au sein de notre société ne saurait s’accommoder d’une quelconque dérive totalitaire. Le MS21 refuse que soit appliquée la « théorie du choc » au lendemain de ces assassinats. Faut-il rappeler que la dernière loi en matière de sécurité publique a été adoptée il y a à peine quelques mois et que les décrets d’application ne sont toujours pas publiés.  Les réponses sécuritaires ne doivent pas rester la seule voie empruntée par les pouvoirs publics. C’est d’une toute autre ambition dont nous avons besoin : des réponses de fond pour comprendre comment notre société a pu laisser faire pour que de tels actes soient commis.

Le MS21 demande au gouvernement de rendre compte auprès de la Nation des étranges relations que notre pays peut avoir avec certains pays du Moyen-Orient qui d’un côté apparaissent comme des partenaires politiques et commerciaux, et d’un autre côté n’hésitent pas à financer les mouvements radicaux islamistes, prompts à commettre des attentats meurtriers au Moyen-Orient (Irak, Syrie), en Afrique (Mali, Nigéria) et à présent en Europe. La raison d’Etat pour d’obscures raisons commerciales ou géopolitiques ne sauraient s’accommoder avec l’affirmation des valeurs de la République déclamées dans des élans d’appel à l’Union nationale.

 

 

Lien permanent Catégories : Politique, Protestations 0 commentaire

Les commentaires sont fermés.