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  • La tentation néolibérale et néocoloniale de la droite argentine


    par Tarik Bouafia

     

    Un peu partout en Amérique Latine, la droite tente de reconquérir le pouvoir. Du Venezuela à la Bolivie en passant par l’Équateur, elle rêve de mettre fin au cycle progressiste débuté au début des années 2000. C'est également le cas en Argentine où l'homme d'affaires Mauricio Macri tentera de remporter les élections le 25 octobre prochain. Mais ceci constituerait un grand bond en arrière pour le pays.

     



    Le 21 décembre 2001, des milliers d’argentins sortent spontanément dans la rue pour crier leur colère et leur désespoir. Le pays vient alors de faire faillite, des centaines de milliers d’épargnants perdent en un rien de temps toutes leurs économies. Le pays est ruiné, le PIB s’effondre. Le chômage atteint les 25% et la pauvreté frappe plus de 50% de la population. Pendant les manifestations, trente-huit personnes perdront la vie sous les balles de la police. Cette catastrophe sociale n’est pas le fruit du hasard mais le résultat de choix idéologiques, politiques et économiques mis en place à partir du coup d’État militaire du 24 mars 1976. Désengagement massif de l’État dans l’économie, libéralisation des prix, privatisations, suppression des barrières douanières à l’importation, étatisation des dettes privées...

    Ces recettes néolibérales soigneusement concoctées par le Fonds Monétaire International (FMI), la Banque Mondiale (BM) et l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) seront poursuivies avec le retour de la démocratie en 1983 et connaîtront leur apogée dans les années 1990 sous l’égide du président Carlos Menem.

    Quinze ans plus tard, les partisans de cette politique, qui a pourtant fait des ravages en laissant des millions de gens sur le bord de la route, sont bien décidés à reprendre les rênes du pays. Mauricio Macri, candidat de la coalition Cambiemos (Changeons) était sans doute la meilleure personne pour représenter ce renouveau néolibéral dans le pays. Fils de Franco Macri, l’un des plus grands patrons du pays qui a considérablement profité de la dictature militaire pour s’enrichir, il est aujourd’hui l’une des personnalités les plus riches de l’Argentine.

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  • La Russie et Assad mettent l’Otan en échec


    par Willy Vandamme

     

    Selon un article étendu et détaillé du Financial Times, le projet de zones d’exclusion aérienne au-dessus de certaines parties du territoire syrien a été abandonné. La publication est parue hier le 5 octobre sous le titre « La démonstration de force du Kremlin torpille le projet de zones d’exclusion aérienne de la Syrie ». Elle est signée par Sam Jones, le spécialiste de l’aspect militaire en politique internationale du journal. Un homme disposant évidemment de bons contacts au sein de l’establishment britannique concerné.

     

    Exclusion aérienne

     

    Selon cet article, les projets de définition d’une zone d’exclusion aérienne pour l’armée syrienne étaient sur le point d’être conclus et faisaient la quasi-unanimité (des parties en présence) au sein de l’ONU. Cela répondait à une exigence turque vieille de cinq ans. Et cette zone devait être imposée unilatéralement par l’OTAN non seulement à partir de la frontière turque mais bizarrement aussi à partir de la frontière jordanienne.

    La justification avancée par les parties en présence recourt, comme on pouvait s’y attendre, à l’argument humanitaire, à savoir la protection des réfugiés qui, selon l’OTAN, s’enfuient pour se soustraire à la dictature barbare du président Bashar al Assad. Exactement comme on a dû protéger de toute urgence les populations civiles de la ville libyenne de Benghazi en 2011 pour les mettre à l’abri de la dictature brutale de Mouammar Kadhafi.

    Un autre argument plus récemment avancé est la lutte contre l’ISIS. On veut lui ôter le contrôle des postes frontières avoisinant la Turquie afin de permettre aux Kurdes et à des rebelles soi-disant modérés d’ y opérer plus librement et de rogner les ailes de l’ISIS.

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  • La lettre électronique Hebdo de Cubacoopération : Les nouveautés depuis le 15 octobre 2015

    La lettre électronique Hebdo de Cubacoopération

    Les nouveautés depuis le 15 octobre 2015

     

    La lettre électronique Hebdo de Cubacoopération

    Chers amis,

    Pour toutes les associations, c’est un moment important : l’Assemblée Générale annuelle des adhérents. Pour Cuba Coopération France elle avait lieu ce samedi 17 Octobre. Elle était précédée, la veille, de la réunion des responsables de ses comités locaux. Nous terminerons l’année avec 13 implantés aux quatre coins de notre pays et ce n’est pas fini. Notre ambition : poursuivre le développement partout où les conditions sont réunies. Echange d’expériences, de compétences, de moyens et sollicitations du soutien de la direction nationale. Autant de sujets qui ont animé les débats sous la houlette de Michel Wenig, vice-président chargé d’animer ce secteur important.

    Le lendemain, de 10 à 16 heures séances de travail : discussion et adoption du compte rendu d’activités présenté par notre secrétaire général, Bernard Montagne, examen des comptes de l’association et vote du bilan 2014 présenté par Bruno Liechti, notre trésorier. La santé morale et financière est bonne !

    En fin de matinée, Séverine Peter, Maire Adjointe particulièrement chargée des relations internationales et venue nous apporter le salut de la municipalité d’Ivry-sur-Seine, dont le soutien nous a accompagné depuis la création en 1995 de l’association. Présentation des perspectives d’activités par notre président Victor Fernandez. Et, dans ce cadre, proposition adoptée, de mettre en place une société commerciale d’ingénierie, chargée d’accompagner les entreprises françaises qui souhaiteraient s’investir à Cuba. Bien évidemment en tenant compte de l’évolution de la situation à Cuba …Pour la mise en œuvre de tout cela, un conseil d’administration renforcé a été élu à l’unanimité. Victor notre Président réélu, par acclamation !

    De la situation présente il en a été question tout d’abord lors de la première heure suite à une intervention du Président fondateur, et surtout, après la clôture de l’Assemblée Générale, et en présence de nombreux invités, autour des interventions tant de Salim Lamrani et de Monsieur l’ambassadeur de la République de Cuba. Après le sympathique « MOJITO » de l’amitié, les adhérents et amis de l’association se sont retrouvés pour un diner, accompagné par les musiciens du groupe « Tentacion de Cuba » ! Comme l’assemblée n’a pas manqué de le souligner, il reste à continuer les efforts pour « faire tomber » le blocus. Les participants ont adopté une mention allant dans cette direction…

    Et cette protestation n’est hélas, pas inutile ! Nombreux sont ceux qui croient que le blocus c’est de l’histoire ancienne … Les dépêches tombées mardi soir nous en dissuadent. Elles nous apprenaient que le Crédit Agricole venait d’être condamné à payer une amende de CENTAINES DE MILLIONS D’EUROS (330) au trésor américain en « vertu » des lois qui découlent du blocus. On est en droit de s’étonner, de s’indigner même quand on sait que Cuba a été retiré de la liste des pays recevant des terroristes, liste dans laquelle il n’aurait jamais dû figurer et qui servait de justification aux sanctions financières !

     Le 27 de ce mois, l’assemblée générale des Nations Unies aura à se prononcer, une nouvelle fois, quasi unanimement, nous n’en doutons pas, contre le blocus. Quel sera le vote des représentants des Etats Unis ? S’abstiendront-ils ? Le Président Barak Obama usera-t-il de ses prérogatives pour vider le blocus de la plupart de ses mesures injustes et inhumaines contre le peuple cubain ? Comme le souhaite la majorité du peuple américain et la quasi unanimité de la communauté mondiale, le congrès décidera-t-il d’en finir une fois pour toutes de ces mesures qui pénalisent lourdement la population cubaine er l’économie du pays.

    Notre Lettre de cette semaine vous apporte bien d’autres informations que vous lirez, j’en suis persuadé avec intérêt. Au travers d’elle, nous recevons, et c’est de plus en plus fréquent, de nombreux messages nous interrogeons dans des domaines les plus divers. N’hésitez-pas, nous nous tenons à votre disposition !

    Bonne lecture et excellente fin de semaine !

    Bien cordialement,

    Roger Grévoul
    Président Fondateur
    Responsable politique du Site Internet et de la Lettre Hebdomadaire.

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

     

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  • Rejet de la liberté d’expression et criminalisation du Net

    par le PRCF : www.initiative-communiste.fr

    Jean-Claude PAYE

    La France représente à présent, avec l’Espagne, le point le plus avancé de l’offensive des gouvernements européens continentaux contre les libertés. L’introduction, dans le code pénal, de la notion de ’glorification du ’ lui permet d’accéder au même degré de déni du droit que son voisin espagnol. En peu de temps, la France a quasiment rejoint le niveau liberticide de la Grande Bretagne dans sa capacité légale de criminaliser toute parole d’opposition. Il ne lui reste plus qu’à introduire le délit de création, par ses déclarations ou ses écrits sur un quelconque sujet, d’une atmosphère favorable au terrorisme [1], pour rejoindre le modèle anglais.

     Une inflation de lois antiterroristes.

    En moins de deux ans, la France a connu une inflation de lois antiterroristes. D’abord la Loi de programmation militaire, promulguée le 13 novembre 2014, dont nous avons rendu compte dans un précédent article [2], ensuite cette Loi renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme du 14 novembre 2014 et ensuite la Loi sur le renseignement [3] définitivement adoptée par l’Assemblée nationale le 24 juin 2015.

    La loi de programmation militaire fusionne droit pénal et droit de la guerre et confond ainsi intérieur et extérieur de la nation. Elle instaure un état martial en autorisant le gouvernement à attaquer les systèmes informatiques de ses ressortissants et à capturer, sur simple demande administrative, les informations et documents des utilisateurs et non plus seulement leurs données de connexion.

    La loi sur le renseignement quant à elle installe des boites noires chez les fournisseurs d’accès permettant d’enregistrer, en temps réel, l’ensemble des données des utilisateurs.

    Elle met à la disposition de l’exécutif, un dispositif permanent, clandestin et quasiment illimité de surveillance des citoyens. Cette loi est le point le plus avancé le l’attaque du gouvernement français contre la vie privée. Le ministre de l’Intérieur Cazeneuve a d’ailleurs déclaré que celle-ci n’est pas une fondamentale.

    Quant à la loi de novembre 2014 renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme, elle participe également à la criminalisation d’ et autorise le blocage administratif de sites . Sa spécificité consiste en une attaque frontale contre la liberté d’expression par l’introduction dans le code pénal de nouvelles d’incriminations, dont le traitement était jusqu’à présent réglée par le droit de la presse.

    S’attaquer au ’parcours de radicalisation terroriste’

    La loi n° 2014-1353, renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme, [4] fut votée en procédure accélérée, c’est à dire que le texte n’a effectué qu’un seul passage par assemblée. La loi est formellement destinée à lutter contre l’embrigadement dans des « parcours de radicalisation terroristes ». L’objectif affiché est d’empêcher les gens de rejoindre des zones de combat et de se radicaliser sur Internet. Il part du principe que l’embrigadement des apprentis terroristes se fait essentiellement sur le Web. Ce dernier est ainsi particulièrement visé, car il est considéré comme une zone de non-droit, rendue principalement responsable du risque terroriste.

    L’article L.224-1 instaure une possibilité d’interdiction de sortie du territoire et de confiscation des documents d’identité pour des personnes, sur lesquelles pèse un soupçon « d’une volonté de rejoindre des théâtres de guerre ». On part d’un motif extrêmement vague, l’hypothèse d’un départ sur un champ de bataille, croisée avec une supposition de dangerosité au retour, afin de restreindre la liberté de circulation d’individus, sur lesquels ne pèsent que des soupçons «  d’intention terroriste ». Grâce au croisement de données, cet article installe une logique de profilage, de « suivi » du « parcours de radicalisation ». Le numérique est privilégié comme moyen permettant de d’établir des suspicions ou « de sérieuses raisons de croire. »

    L’incrimination d’ « apologie du terrorisme ».

    L’article L. 421-2-5 de la loi punit « le fait de provoquer directement à des actes de terrorisme ou de faire publiquement l’apologie de ces actes ». Les peines sont aggravées lorsque les faits ont été commis en utilisant un service de communication en ligne. Il établit que « l’apologie du terrorisme » est assimilable à du terrorisme.

    Les délits « d’apologie du terrorisme » et de « provocation à la commission d’actes terroristes » étaient encadrés par la loi sur la presse du 29 juillet 1881. Cette loi concerne tous les délits relatifs à la liberté d’expression et ne porte pas seulement sur les journaux. Elle a pour objet les injures, la diffamation, les atteintes à la vie privée, les propos racistes ou négationnistes…. y compris ceux commis par des particuliers contre d’autres particuliers. Remarquons que l’apologie d’autres crimes que le terrorisme, comme les crimes de guerre et crimes contre l’humanité, reste dans la loi sur la presse. [5]

    En retirant l’apologie du terrorisme du droit de la presse, pour l’insérer dans le code pénal au sein de la définition du terrorisme, l’article établit une relation de causalité directe entre un discours et des actes. Considérer qu’un contenu, considéré comme « glorifiant le terrorisme », est du terrorisme est ostentatoire à la liberté d’expression, car la frontière entre opinion et apologie, information et propagande, est très floue. Les spécificités du droit de la presse sont faites justement traiter ce problème. L’emploi du terme “apologie” implique une condamnation des opinions et non des actes. Or, le régime protecteur de la loi de 1881 vise précisément à éviter la pénalisation du délit d’opinion.

    Grâce à la nouvelle loi, des journalistes ou citoyens pourraient être poursuivis, pour avoir, par exemple, partagé une vidéo, mise en ligne par une organisation désignée comme terroriste ou donné la parole à des membres de réseaux politiquement diabolisés ? Depuis les attentats au journal Charlie-Hebdo, les procédures pour ’apologie du terrorisme’ se sont multipliées et une série de peines d’emprisonnement ont été prononcées. Si l’apologie consiste à justifier le terrorisme, le présenter sous un jour favorable ou l’encourager, en quoi l’exemple d’une jeune fille de 14 ans, mise en examen pour apologie du terrorisme pour avoir dit ’on est les soeurs Kouachi, on va sortir les kalachnikov’, rencontre-elle cette incrimination ? [6]

    L’apologie du terrorisme étant entrée dans le droit commun, on peut donc désormais la poursuivre en comparution immédiate, une procédure qui restreint considérablement les droits de la défense et qui permet au parquet d’ordonner l’incarcération immédiate.

     L’incrimination « d’entreprise terroriste individuelle ».

    Si le chanteur Renaud nous avait déjà appris que l’on pouvait former une « bande de jeunes à soi tout seul », cette loi, reprenant la notion étasunienne de « loup solitaire », établit qu’un individu isolé peu être considéré comme un membre d’une organisation terroriste internationale et poursuivi comme tel. L’article 421-2-6 crée l’incrimination d’« entreprise terroriste individuelle », afin de poursuivre des individus isolés selon les mêmes modalités que des groupes terroristes organisés. L’article demande que les actes d’un individu comprennent au moins deux infractions reprises sur une liste, afin de déterminer qu’il a bien une volonté de passer à l’acte. Parmi ces infractions, on relève la détention de substances dangereuses, le recueil d’informations destinées à passer à l’acte, mais aussi simplement la consultation de sites, considérés comme incitant au terrorisme.

    Ces conditions sont si «  ouvertes » qu’elles permettent à un grand nombre d’activistes, de citoyens, désirant de s’informer par eux-mêmes des problèmes de radicalisation politique ou terroristes, d’être poursuivis sur base de cet article. C’est tout l’activisme qui est en passe d’être visé, avec un volet numérique étendant de façon extrêmement large les possibilités d’incrimination.

    L’art. 421-2-6, combiné aux autres articles de la loi, confirme une logique dans laquelle tous les citoyens sont suspects. Un nombre minimal d’éléments de suspicion les classent parmi les terroristes potentiels. Les individus doivent donc constamment se demander ce que veut le pouvoir et ainsi adapter leur comportements, afin de ne pas être inquiétés.

    Blocage administratif des sites Internet.

    L’article 6-1 permet aux services de police de demander, aux fournisseurs d’accès internet, de bloquer l’accès à certains sites, afin d’empêcher les internautes, résidents en France, d’accéder à des contenus qui feraient l’apologie du terrorisme. Techniquement, les techniques de blocage sont connues pour être contournables très facilement par n’importe quel internaute sans connaissances techniques particulières. Ces instruments sont, en général, difficiles à mettre en œuvre sans risque de sur-blocage. Pour empêcher, de manière plus efficace, l’accès aux contenus sur le web, il faut mettre en œuvre des techniques de surveillance massive des connexions de l’ensemble des internautes. Ce qui est l’objet de la nouvelle Loi sur le renseignement [7] qui installe des boites noires chez les fournisseurs d’accès, enregistrant, en temps réel, la totalité des données de connexion.

    Le blocage des sites ou des contenus Internet est réalisé par la police, sans intervention préalable d’un juge. Ainsi, toute procédure contradictoire est évitée et aucune opposition ne peut contester la de l’administration. La loi s’attaque aux intentions plutôt qu’aux actes. La liberté d’information : consulter les sites internet désirés, la liberté de circulation : quitter son pays sans que les autorités ne préjugent des intentions, ainsi que la liberté d’expression sont remises en cause.

    En visant Internet, le gouvernement vise tout citoyen voulant s’informer et échapper aux injonctions de croire, promulguées par le pouvoir. La loi affecte l’ensemble de la population. Elle ne contient aucune disposition visant particulièrement le terrorisme. Cependant, elle a un impact décisif sur l’échange de communications et d’information sur Internet. Elle ne vise pas des personnes dangereuses, mais des personnes qui liraient des documents considérés comme potentiellement dangereux. Grâce au délit d’intention, les citoyens ne seront plus capables de s’informer sur ce que le gouvernement aura désigné comme « propagande terroriste ». [8] Les individus doivent donc intérioriser le surmoi et anticiper le regard du pouvoir sur leur vie privée. Afin de ne pas être éventuellement poursuivis, ils doivent faire preuve d’initiative dans l’autocontrôle de leurs comportements.

    Criminalisation de l’Internet.

    Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve a esquivé l’ensemble des questions posées, se réfugiant dans des demi-vérités, notamment sur l’intervention du juge administratif dans le processus de blocage, laissant penser que ce dernier interviendrait systématiquement, alors que le texte de loi ne le dit absolument pas. En effet, la loi ne prévoit que la supervision procédurale d’un magistrat de l’ordre judiciaire, censé s’assurer de « la régularité des conditions d’établissement, de mise à jour, de communication et d’utilisation » des sites dont l’accès est bloqué, sans qu’il ait pour autant de pouvoir décisionnaire concernant l’opportunité du blocage opéré.

    Le rapport du Conseil d’Etat sur le « Numérique et les  », publié en septembre 2014, [9] légitime également l’extra-judiciarisation des atteintes portées à la liberté d’expression dans le droit français. En parlant des « troubles beaucoup plus grands » à l’ordre public qu’induirait Internet, il tend à se situer dans la tendance de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, qui considère qu’Internet est un espace par essence dangereux, justifiant de plus grandes restrictions de la liberté d’expression. [10]

    Une censure automatisée.

    Outre la réhabilitation d’un pouvoir de police administrative, l’extra-judiciarisation, défendue par le Conseil d’État, passe par la légitimation de la censure privée sur Internet. Cette dernière s’est largement banalisée depuis dix ans, à mesure que des dérives, jurisprudentielles et législatives, confiaient aux hébergeurs, aux moteurs de recherche et autres réseaux sociaux, le soin de réguler la liberté d’expression. Ainsi, le rapport indique « quil ne serait pas réaliste de dénier aux acteurs privés le droit de décider du retrait d’un contenu ».

    À aucun moment, le Conseil d’Etat ne propose de préciser et de limiter la notion de contenu «  manifestement illicite », crée par les juges constitutionnels afin de contrecarrer les risques de censure privée, une notion rendue quasiment obsolète en raison d’une inquiétante extension jurisprudentielle. [11]

    Le Conseil d’État préfère conforter les logiques actuelles qui confient, aux hébergeurs et autres plateformes, la tâche de procéder à des déclarations d’illicéité. L’autre argument, avancé pour la défense de la censure privée, consiste à dire que la justice ne disposerait pas de moyens suffisants pour traiter les contentieux liés à Internet.

    Le peu de regard du Conseil d’État pour la liberté d’expression est confirmé par la lecture de la proposition n° 28 du texte, qui appelle à la censure automatisée à travers l’obligation, pour les hébergeurs et autres plateformes, d’empêcher toute nouvelle publication de contenus déjà retirés, un régime dit de « notice-and-staydown » qui ne peut être mis en œuvre qu’au travers de filtres automatiques, « scannant » les communications Internet et faisant courir d’importants risques de sur-blocage, [12]comme le reconnaît d’ailleurs le rapport.

    Jean-Claude Paye - sociologue, auteur de L’emprise de l’image. De Guantanamo à Tarnac, éditions Yves Michel 2012.

    > [1Jean-Claude Paye, ’Le modèle anglais’, colloque ’Pouvoirs exceptionnels et droits fondamentaux’, le 18 et 19 novembre 2007,Université de Caen, Faculté de droit, https://www.unicaen.fr/puc/images/crdf0606paye.pdf

    > [2Jean-Claude Paye, « Loi de programmation militaire. La France est-elle en guerre contre les Français ? », Mondialisation.ca, le 26 mars 2014, http://www.mondialisation.ca/loi-de-programmation-militaire-la-france-…

    > [3Assemblée Nationale, « Projet de loi relatif au renseignement », texte définitif, texte 542, adopté le 24 juin 2015, http://www.assemblee-nationale.fr/14/ta/ta0542.asp

    > [4« Loi n° 2014-1353 du 13 novembre 2014 renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme » ,JO n° 263 du 14 novembre 2014, http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000029754374&amp&nbsp ; ;categorieLien=id

    > [5« Apologie du terrorisme : la loi Cazeneuve, avant-après », L’OBS Rue 89, le 22 janvier 2015, http://rue89.nouvelobs.com/2015/01/22/apologie-terrorisme-loi-cazeneuve-avant-apres-257256

    > [6Celine Rastello, « Apologie du terrorisme : les juges vont-ils trop loin ? », L’OBS société ,le 21-01-2015 , http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20150120.OBS0379/apologie-du-terrorisme-les-juges-vont-ils-trop-loin.html

    > [7Assemblée Nationale, « Projet de loi relatif au renseignement », texte définitif, texte 542, adopté le 24 juin 2015, http://www.assemblee-nationale.fr/14/ta/ta0542.asp

    > [8« Loi Terrorisme : Sacrifier les libertés sous prétexte de lutte contre le terrorisme ? », La Quadrature du net.,https://presumes-terroristes.fr/

    > [9Conseil d’Etat, « Etude annuelle 2014 du Conseil d’Etat – Le numérique et les droits fondamentaux », La Documentation française, septembre 2014, p. 229, http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/144000541/index.shtml

    > [10« L’Assemblée nationale ferme les yeux sur les dangers du projet de loi « Terrorisme », La Quadrature du Net,, le 8 sept. 2014 , https://www.laquadrature.net/fr/lassemblee-nationale-ferme-les-yeux-sur-les-dangers-du-projet-de-loi-terrorisme#footnoteref3_4ppnpih

    > [11« La , le juge et l’urgence d’une réforme », le 27 avril 2013, Wethenet.eu ,http://www.wethenet.eu/2013/04/la-lcen-le-juge-et-lurgence-dune-reforme/

    > [12« Surblocage », https://wiki.laquadrature.net/Surblocage

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  • Qui a peur de la souveraineté ?

     

     

     
    Comment le mot « souveraineté » est-il devenu péjoratif ou même, dans la bouche de François Hollande, synonyme de déclin ? Comment a-t-il perdu sa valeur émancipatrice, celle qui portait la pensée philosophique il y a deux siècles, celle qui a porté le peuple français vers la Révolution de 1789, celle qui portait plus récemment la Résistance en France ? Par quel cheminement monstrueux deviendrait-il la propriété de l’extrême droite ? Fallait-il, en effet, que ce soit Marine Le Pen qui pose la question de la souveraineté lors de la prestation Angela Merkel/ François Hollande au parlement européen le 7 octobre ? Fallait-il que, de ce fait, ce débat essentiel dérive sur l’attitude à adopter par rapport au Front national ? L’idée de la souveraineté appartiendrait-elle au FN ? NON !


    Les récents échanges à Bruxelles à l’occasion de la crise migratoire ont conduit François Hollande à invoquer la « souveraineté européenne ». Ainsi, le débat est posé dans des termes clairs. S’exprimant devant une enceinte internationale (le Parlement européen), le Président de la République française estime que la seule souveraineté est d’ordre européen. Hypothèse absurde car il n’y a pas de peuple européen, hypothèse ridicule lorsqu’elle émane de quelqu’un qui défend un traité transatlantique. Mais c’est une option bien connue que défendent depuis des décennies tous les fédéralistes. Il faut alors être cohérent et supprimer l’article 3 de la Constitution française qui déclare que « la souveraineté nationale appartient au peuple » et amender la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui dispose en son article 3 que « Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation ». Il convient tout au moins de demander au peuple français s’il souhaite voir disparaitre sa propre souveraineté, surtout lorsqu’on a la démocratie en permanence à la bouche. Rappelons que la seule fois où une question de cet ordre lui a été posée, c’était en 2005 à l’occasion du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen. La réponse fut non. Les forces politiques françaises dominantes s’arrogèrent le droit de bafouer ce résultat. Et pourtant, la souveraineté porte à la fois la liberté individuelle et la volonté collective. Et la démocratie n’est que l’autre nom de la souveraineté populaire.


    La question de la souveraineté est l’impensé du débat politique, le tabou qu’on cherche à ne pas briser. Il devient d’intérêt public de l’aborder clairement et sereinement si l’on ne veut pas voir le débat s’enliser entre l’extrême droite et les européistes obsessionnels. Rappelons-nous le discours de Pierre Mendès-France appelant à voter contre le traité de Rome. Rappelons-nous le débat avorté à l’occasion du traité de Maastricht. Depuis lors, l’affrontement démocratique nécessaire est contenu par des institutions qui nient la contradiction démocratique sur ces questions. Mais il en est, en la matière, comme pour les tremblements de terre. A force d’empêcher les contradictions de s’exprimer démocratiquement, il ne leur restera qu’à se manifester de façon brutale. Faudra-t-il alors et tardivement s’en plaindre ?




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  • Comment Poutine force les Etats-Unis à dévoiler leur jeu en Syrie

    par Grégoire Lalieu

     

     

     

    Quand Poutine a proposé à la tribune des Nations unies de former contre les terroristes une coalition semblable à celle contre Hitler, les chancelleries occidentales lui ont réservé un accueil mitigé. Pire, les premières frappes russes ont créé l'émoi : Poutine s'attaquerait aux rebelles modérés plutôt qu'à Daesh. « Quels rebelles modérés ? » demande Mohamed Hassan. Selon notre spécialiste du Moyen-Orient, l'intervention russe force les Etats-Unis à dévoiler leur jeu en Syrie et pose implicitement une question simple à Obama : êtes-vous pour ou contre les terroristes ? La réponse, elle, semble plus compliquée. Pourquoi Al-Qaida revient en odeur de sainteté dans la presse US ? Les bombes, qu'elles soient larguées par l'Otan ou la Russie, suffiront-elles à résoudre les problèmes en Syrie ? Qu'en est-il des revendications portées par les manifestations populaires avant le début du conflit ? Après avoir piégé l'Union soviétique en Afghanistan dans les années 80, pourquoi Brzezinski suggère-t-il à Obama de riposter contre les attaques russes ? Mohamed Hassan poursuit son analyse développée dans Jihad made in USA à la lumière des événements récents qui pourraient marquer un tournant dans le chaos syrien. Mais le pire est peut-être seulement à venir...

     

     

    Depuis le début de la guerre en Syrie, la Russie fournit des équipements militaires à l’armée syrienne. Mais le 30 septembre, Vladimir Poutine est passé à la vitesse supérieure en ordonnant des frappes aériennes. Pourquoi la Russie intervient-elle directement en Syrie et pourquoi le fait-elle maintenant ?

    Tout d’abord, la Syrie est l’un des principaux alliés de la Russie au Moyen-Orient. La relation entre les deux pays est historique. Elle prend racine dans les années 50 et s’est trouvée renforcée par la montée au pouvoir du parti Baath en Syrie. Même après l’effondrement de l’Union soviétique, la Russie a maintenu ces liens étroits tant sur les plans économique, politique que militaire. Elle dispose notamment d’une base navale stratégique à Tartous, à l’ouest de la Syrie. C’est l’unique base dont disposent les Russes en Méditerranée.

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  • Syrie : Le journal Le Monde manipule les chiffres (vidéo)


    par Bahar Kimyongür, Investig’Action

    Bahar Kimyongür analyse les chiffres publiés par 'Le Monde' sur la répartition des victimes du conflit en Syrie.

     

    Pour aller plus loin : Qui se cache derrière le « Réseau Syrien des Droits de l’Homme » ?

    Voir l’article de Le Monde

    Source : Investig’Action

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