Terrorisme : quand la presse américaine faisait la promotion de Ben Laden et des islamistes
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A l’heure ou DAECH sème la terreur en Syrie, et perpètre ses attentats de Tunis à Paris en passant par Suruc et Ankara, il est indispensable de garder les yeux ouverts sur qui sont à l’origine de ce monstre : le capitalisme. Derrière Daech et le terrorisme islamiste, il y a l’oligarchie capitaliste, il y a les sombres guerres impérialistes de l’Afghanistan à l’Irak, de la Yougoslavie à la Syrie, de la Tchétchénie au Yemen. Démontrant une fois de plus que le capitalisme porte ne lui le fascisme la misère et la guerre comme la nuée l’orage.
Dans un article du 6 décembre 1993, écrit par Robert Fisk du [journal] The Independent sous le titre «Le guerrier anti-soviétique met son armée sur la route de la paix» est édifiant à considérer 20 ans plus tard. Si l’histoire ne repasse pas les plats, il arrive qu’elle bégaye. Et il est très instructif de voir ce que la presse « sérieuse » et « libre » servait comme propagande à l’époque.
> C’est que pour mener son combat contre l’URSS, le monde capitaliste n’a jamais cessé les pires coups tordus, appuyant partout et systématiquement les forces les plus sombres de l’humanité. Des talibans à Pinochet en passant par Soeharto.
> Oussama ben Laden, fraîchement débarqué de la victoire des moudjahidine (appelés plus tard talibans) soutenus par les USA contre l’URSS dès les années 1970, vient la victoire acquise en Afghanistan de ramener ses hommes, ses matériaux, et de l’argent vers le Soudan, apparemment pour commencer « des projets de travaux publics » comme voulait le faire croire le journaliste . On sait ce qu’il adviendra dès lors du Soudan et de la Somalie !
> Lorsqu’on lui a demandé si c’étaient des camps d’entraînement de militants, l’ « entrepreneur d’Arabie » et futur leader d’Al-Qaïda dit à Fisk: « Je suis un ingénieur de la construction et un agronome. Si j’avais des camps d’entraînement ici, au Soudan, je ne pourrais pas faire ce travail. ».
> La pièce est fascinante, parce qu’elle démontre qu’en Occident, la campagne anticommuniste se traduisait aussi par une campagne pro-taliban. A l’époque, avant le 11 septembre 2001, les talibans et les islamistes d’Al-Quaida et autre moudjhahidines étaient figurés en héros par la presse occidentale, par les BHL et autre pseudo-intellectuels anticommunistes. Tous comme jusqu’il y a quelque jours et les dramatiques attentats du 13 novembre à Paris, le quai d’Orsay et ses relais médiatiques se vantaient des livraisons d’armes aux « rebelles » syriens et de leur succès contre l’État Syrien laic affichant leur choix entre Daech et El-Assad de faire tomber El-Assad.
> Chacun doit ouvrir les yeux de chacun sur le bourrage de crane permanent actuellement à l’œuvre
> Par exemple, comment ne pas voir que quelque chose cloche quand les mêmes journalistes de nos « médias libres » mais en quasi totalité contrôlés par quelques milliardaires accusent la Syrie d’attaque aux armes chimiques contre les alliés occidentaux islamistes pour essayer de justifier une intervention contre l’état syrien laïque dans une grosse campagne en 2013, avant en 2015 de laconiquement révélé à la suite de dramatique attentats à Paris qu’en raison de la menace d’attentat à l’arme chimique par ces mêmes islamistes le gouvernement a pris un arrêté organisant la distribution de remèdes d’urgence ?
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Le guerrier anti-soviétique met son armée sur la route de la paix
> Oussama ben Laden est assis dans sa robe à franges or des moudjahidin arabes fidèles qui ont combattu à ses côtés en Afghanistan montant la garde. Barbus, aux figures taciturnes – non armés, mais jamais à plus de quelques yards de l’homme qui les a recrutés, les a formés, puis les a envoyés détruire l’armée soviétique – ils regardaient sans sourire les villageois soudanais de Almatig alignés remercier l’homme d’affaires saoudien qui est sur le point d’achever l’autoroute reliant leurs maisons à Khartoum pour la première fois dans l’histoire.
> Avec ses pommettes hautes, des yeux étroits et de longue robe brune, M. Ben Laden ressemble pour chaque pouce au guerrier de la montagne de la légende moudjahidin. Les enfants Chador dansaient en face de lui, les prédicateurs ont reconnu sa sagesse. «Nous avons attendu pour cette route à travers toutes les révolutions au Soudan » ditun cheikh. «Nous avons attendu jusqu’à ce que tous le monde renonce et puis Oussama Ben Laden est venu. »
> En dehors du Soudan, M. Ben Laden n’est pas considéré avec une aussi haute estime. La presse égyptienne affirme qu’il a amenés des centaines d’anciens combattants arabes au Soudan depuis l’Afghanistan, tandis que les cercles des ambassades occidentales à Khartoum suggèrent que certains des «Afghans» dont cet entrepreneur Arabie a ramené par avion au Soudan sont maintenant occupé à entrainer pour de nouvelles guerres du jihad en Algérie , en Tunisie et en Egypte. M. Ben Laden est bien conscient de cela. ‘Des ragots des les médias et des ambassades,’ il dit. «Je suis un ingénieur en construction et un agronome. Si j’avais des camps d’entraînement ici au Soudan, je ne pourrais pas faire ce travail. »
> Et «ce travail » est certainement ambitieux: une autoroute flambant neuve s’étirant tout le long de Khartoum à Port Soudan, sur une distance de 1200 km (745 miles) par l’ancienne route, désormais réduite à 800 km par la nouvelle route Ben Laden qui transformera la route côtière depuis la capitale en un parcours d’un simple jour. Dans un pays qui est méprisé par l’Arabie Saoudite pour son soutien à Saddam Hussein lors de la guerre du Golfe presque autant qu’il est condamné par les Etats-Unis, M. Ben Laden a apporté le matériel de construction lourde qu’il a utilisé il y a seulement cinq ans pour construire la sentiers de guérilla de l’Afghanistan.
> Il est un homme discret. Qui mène une maison à Khartoum et seulement un petit appartement dans sa ville natale de Djeddah, il est marié – avec quatre épouses – mais se méfie de la presse. Son entrevue avec The Independant était la première qu’il ait jamais donné à un journaliste occidental, et il a d’abord refusé de parler de l’Afghanistan, assis en silence sur une chaise à l’arrière d’une tente de fortune, se brossant les dents à la mode arabe avec un bâton en bois de miswak. Mais il raconte finalement qu’il a fait une guerre qu’il a aidé à gagner avec les moudjahidins afghans: «Ce que j’ai vécu en deux ans là-bas, je n’aurais pas pu le vivre en centaine d’années d’ailleurs, dit-il.
> Lorsque l’histoire du mouvement de la résistance afghane sera écrite, la contribution propre de M. Ben Laden aux moudjahidins – et le résultat indirect de ses formations et de son assistance – se révélera sans aucun doute être un tournant dans l’histoire récente de l’intégrisme militant; même si, aujourd’hui, il tente de minimiser son rôle. «Quand l’invasion de l’Afghanistan a commencé, j’étais furieux et j’y suis allé sur le champs – je suis arrivé quelques jours, avant la fin de 1979, dit-il. «Oui, je me suis battu, mais mes collègues musulmans ont fait beaucoup plus que moi Beaucoup d’entre eux sont morts et je suis encore en vie. »
> En quelques mois, cependant, M. Ben Laden envoyait des combattants arabes – Egyptiens, des Algériens, des Libanais, des Koweïtiens, les Turcs et Tunisiens – en Afghanistan; ‘pas des centaines mais des milliers, dit-il. Il les a soutenus avec des armes et son matériel de construction. Avec son ingénieur irakien, Mohamed Saad – qui est en train de construire la route Port-Soudan – M. Ben Laden a creusé de monumentaux tunnels massifs dans les montagnes Zazi de la province de Bakhtiar pour les hôpitaux de la guérilla et des dépôts d’armes, puis tracé un sentier pour les moudjahidin à travers le pays à moins de 15 miles de Kaboul.
> «Non, je ai jamais eu peur de la mort. En tant que musulmans, nous croyons que lorsque nous mourons, nous irons au ciel. Avant une bataille, Dieu nous envoie seqina, la tranquillité.
> «Une fois j’étais à seulement 30 mètres des Russes et ils ont essayé de me capturer. J’étais sous les bombardements mais j’étais paisible dans mon cœur que je me suis endormi. Cette expérience a été écrit dans nos premiers livres. J’ai vu un obus de mortier de 120 mm tombé en face de moi, mais il n’a pas explosé. Quatre autres bombes ont été larguées d’un avion russe sur notre siège mais elles n’ont pas explosé. Nous avons battu l’Union soviétique. Les Russes ont fui ».
> Mais qu’en est il des moudjahidin arabes qu’il a amené en Afghanistan – les membres d’une armée de guérilla qui ont également été encouragés et armés par les Etats-Unis – et qui ont été oubliés lorsque que la guerre a été finie? «Personnellement, ni moi ni mes frères n’avons vu des preuves de l’aide américaine. Quand mes moudjahidin ont gagnés et les Russes ont été chassés, les querelles ont commencé (entre les mouvements de guérilla) Je suis donc retourné à la construction de routes à Taëf et Abha. J’ai ramené l’équipement que j’avais utilisé pour construire des tunnels et des routes pour les moudjahidins en Afghanistan. Oui, j’aiaidé certains de mes camarades de venir ici au Soudan après la guerre ».
> Combien? Oussama Ben Laden secoue la tête. «Je ne veux pas le dire. Mais ils sont ici maintenant avec moi, ils travaillent ici, à la construction de cette route de Port-Soudan ». Je lui ai dit que les combattants musulmans de Bosnie dans la ville bosniaque de Travnik m’avait mentionné son nom. «Je ressens la même chose à propos de la Bosnie » [ndt que pour l’afhganistan] dit-il. «Mais la situation n’offre pas les mêmes possibilités que l’Afghanistan. Un petit nombre de moudjahidin sont allés se battre en Bosnie-Herzégovine, mais les Croates ne permettront pas que les moudjahidines passent par la Croatie comme les Pakistanais ont permis avec l’Afghanistan ».
> Ainsi M. Ben Laden réfléchit sur le djihad tandis que ses anciens camarades de combat regardaient. Est ce que ce n’est pas peu excitant, pour eux, demandai-je, après avoir lutter contre les Russes de finir par la construction de routes au Soudan? «Ils aiment ce travail et moi aussi c’est un grand projet que nous réalisons pour les gens d’ici, ils aident les musulmans et améliorent leur vie.»
> Son entreprise Ben Laden – à ne pas confondre avec la plus grande entreprise de construction géré par ses cousins - est payé en monnaie soudanaise qui est ensuite utilisée pour acheter le sésame et autres produits destinés à l’exportation; les bénéfices ne sont clairement pas la priorité de M. Ben Laden.
> Comment se sentait-il à propos de l’Algérie, demandai-je? Mais un homme dans un costume vert se faisant appeler Mohamed Moussa – il a prétendu être nigérian bien qu’il était un agent de sécurité soudanais – me tape sur le bras. «Vous avez posé suffisamment de questions, dit-il. Et M. Ben Laden est parti inspecter sa nouvelle route.
> R Fisk – The Independant 6 décembre 1993 – traduction JBC pour ww.initiative-communiste.fr