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Économie - Page 8

  • Grève massive des métallos en Turquie interdite par le gouvernement pour raisons de "sécurité nationale"

                                     par le PRCF : www.initiative-communiste.fr

     

    les ouvriers de l’usine française Schneider en grève en Turquie

     

    > Une grève historique des ouvriers de la métallurgie en Turquie. La réaction du gouvernement est significative : une restriction du droit de grève au nom de la « sécurité nationale », de la lutte anti-terroriste. Un scénario qui peut nous interpeller.

     

    > Alors que certains essaient en France d’emmener une logique de restriction des grèves, des manifestations au nom de l’impératif de « sécurité nationale », il est bon de rappeler ce que cela signifie dans des pays qui appliquent cet « État d’exception » de façon permanente.

     

    > C’est le cas de la Turquie, que nous avons invité le 11 janvier pour défendre la liberté d’expression. Ce jeudi 29 janvier, elle a du affronter une grève massive des métallos turcs, protestant contre une convention collective cherchant à diviser les travailleurs, aggravant leur paupérisation.

     

    > 22 usines ont ainsi été paralysées, et 20 autres devaient rejoindre cette grève illimitée dans les prochains jours impliquant 15 000 métallos, d’Istanbul à Izmir, de Bursa à Hatay.

     

    > Des multi-nationales allemandes, belges, brésiliennes, italiennes, japonaises mais aussi les groupes français Schneider et Alstom étaient concernés.

     

    > Le motif était la signature d’une convention collective entre l’Association patronale de la métallurgie (MESS) et les deux syndicats réformistes Turk Metal et Celik-IS, dénoncée par le syndicat Birlesik Metal-IS, affilié à la confédération sur des positions de lutte de classes DISK.

     

    > Il faut savoir que sur les 1,5 millions de métallurgistes que compte le pays, 16 % sont syndiqués, dont 8/10 ème d’entre eux chez Metal Turk, premier syndicat du pays avec 177 000 membres. Le syndicat de lutte Birlesik Metal-IS rassemble 20 000 membres.

     

    > La proposition patronale accorderait des augmentations de salaire plus importantes aux couches supérieures des métallurgistes qu’aux nouveaux arrivants ou ouvriers non-qualifiés qui rassemblent 70 % de la main d’œuvre, et seraient maintenus dans la pauvreté. Une façon de diviser la classe ouvrière, de paupériser la majorité, tout en suscitant une « aristocratie ouvrière » docile.

     

    > Le salaire d’entrée dans la profession serait selon la nouvelle convention de 2,2 € de l’heure (soit pour la semaine légale de 45 h, 390 € par mois, à peu près l’équivalent du salaire minimum). Le syndicat revendique des hausses de salaire pour tous, une égalisation des conditions.

     

    > La lutte était rude, déjà entre syndicats de lutte et syndicats de collaboration, comme le rappelle Adnan Serdaroglu, leader du syndicat Birlesik Metal-IS : « il y a une forte conscience de classe dans le secteur, mais aussi des patrons et syndicats jaunes qui sont en force. La lutte va ainsi passer d’une lutte pour les droits à une lutte de classes », a-t-il confié.

     

    > L’association patronale a d’abord tenté de susciter des votes sur la grève, poussant les cadres des diverses usines à le solliciter et l’organiser. Dans cinq entreprises qui l’ont mis en place, le soutien à la grève a été majoritaire.

     

    > La deuxième phase a été l’appel lancé par les organisations patronales – comme la Chambre de commerce de Kocaeli (KSO) – auprès du gouvernement pour empêcher la grève, au nom de la « sécurité nationale ». Le patronat était optimiste quant à la « possibilité de mettre ainsi fin à la grève ».

     

    > Le dirigeant de la branche locale du syndicat Birlesik Metal-IS était pessimiste, rappelant les cas précédents dans l’industrie du verre et du caoutchouc, en soulignant le symbole politique : « retarder la grève des métallos, cela voudrait dire donner un blanc-seing au système d’oppression du capital ».

     

    > Le deuxième jour de grève n’a pas eu lieu en effet. Le gouvernement a décidé de suspendre le grève vendredi au nom de la sécurité nationale : « la grève de Birlesik Metal-IS dans les usines est considéré comme dangereuse pour la sécurité nationale, elle a été reportée de 60 jours », peut-on lire dans le Journal officiel, relatant la décision du Cabinet.

     

    > Cette possibilité de suspendre une grève – de fait un « droit de grève » limité – est un héritage de la législation adoptée au moment du coup d’État fasciste de 1980.

     

    > Le leader du syndicat Birlesik Metal-IS a affirmé sa détermination à poursuivre la lutte : « Ceux qui pensent qu’il y aura la paix dans les lieux de travail en retirant aux travailleurs leur droit de grève vont voir à quel point ils ont tort », a déclaré au journal Hurriyet Adnan Serdaroglu.

     

    > Dans des conditions, une histoire très différentes, un cas toutefois éclairant des effets des impératifs dit de « sécurité nationale » sur l’étouffement du mouvement social.

     

    > source  http://www.solidarite internationale-pcf.fr/

     

     

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  • Pour le retrait du projet de Loi Macron : explication des mesures contre les travailleurs

    Communiqué du PRCF : www.initiative-communiste.fr

     

    Cette semaine, le parlement a débuté l’examen du projet de loi Macron-MEDEF-UE.

     

    RETRAIT DU PROJET DE LOI MACRON !

     

    Le gouvernement Hollande-Valls poursuit la libéralisation de l’économie tout en multipliant les cadeaux fait au patronat au nom de la « compétitivité » et de la création d’emplois. Résultat : stagnation ou baisse des salaires, baisses des pensions, les dividendes flambent et le chômage ne cesse d’augmenter.

     

    En fait, les politiques d’austérité qui sévissent partout en Europe sous injonction de l’Union Européenne et du FMI, mènent partout où elles sont menées aux conséquences que nous connaissons en France : augmentation de la pauvreté et détérioration des services publics.

     

    Le projet Macron prolonge et amplifie la politique gouvernementale menée au service du patronat et des actionnaires. Après la mise en place du CICE, la loi du 14 juin 2013 dite de « sécurisation de l’emploi » les réformes territoriales, la réforme des retraites, le pacte de « responsabilité », la suppression des élections prud’homales… c’est une nouvelle attaque contre les droits des travailleurs.

     

    Pour faire barrage au projet Macron, il n’y a que le rapport de force contre le gouvernement Valls qui sera déterminant pour le retrait de cette loi scélérate.

     

    Ce rapport de force ne peut se créer que par la volonté des organisations syndicales et en particulier la CGT et la FSU de rassembler toutes les luttes en cours qui se déroulent actuellement dans notre pays et d’organiser un grand rassemblement national.

     

    Actuellement, Hollande, Valls, Macron et le MEDEF,  n’ont de force que parce que le mouvement ouvrier et populaire est trahi par ceux qui devraient montrer le chemin de la résistance et de la contre-attaque.

     

    ci-après, un bref résumé de quelques unes de mesures contre les travailleurs présentes dans la loi macron, par un syndicaliste de l’inspection du travail

     

     

    Projet de loi Macron : Un projet qui porte sur le droit du travail, fait par un ministre de l’économie.

    Un projet qui porte sur le droit du travail, fait par un ministre de l’économie: Pour la méthode, c’est un retour au milieu du XIXème siècle, avant qu’on invente un ministère du travail.

    Sur le fond, cela risque d’être un retour au début du XIXème siècle si la modification du code civil est maintenue.

    > Un projet dont le titre III, étonnamment intitulé « TRAVAILLER » donne toute la mesure. On ne fera pas l’injure de penser qu’une loi dite « Pour la croissance et l’activité » montre du doigt les fainéants de chômeurs ou l’indolence des travailleurs dans un pays où leur productivité est une des plus fortes du monde, mais on peut sans doute y voir le « vivre pour travailler » opposé au « travailler pour vivre ».

    > Un tel projet ne doit pas seulement être analysé pour ce qu’il est, il faut aussi le traduire avec nos mots, tant depuis une trentaine d’années la syntaxe patronale a envahi lois, accords collectifs, médias et hélas de plus en plus souvent contaminé le discours des « partenaires sociaux ».

    > Il est difficile d’échapper complètement au lavage de cerveau quotidien qui leur permet d’affirmer sans honte et sans grand risque d’être vraiment contredit que ce qui est noir est blanc :

    • > Des licenciements pour motif économique aux plans de « sauvegarde de l’emploi » en passant par

    • > les plans « sociaux »,

    • > du chômage partiel à l’ »activité partielle »,

    • > de l’exploitation des travailleurs à la « compétitivité »,

    • > des qualifications collectives aux « compétences » individuelles,

    • > du droit à la formation à l’obligation de « formation tout au long de la vie »,

    • > des contrats de merde aux « contrats courts » ou « aidés »,

    • > du revolver sur la tempe au « dialogue social »,

    > Reste enfin la tactique qui consiste à mettre en avant, pour cacher le reste, ce qui fera discussion, en boucle, dans les médias : le travail du dimanche ! Qu’on limitera ensuite volontiers à la question du nombre à la discrétion du maire (5 ou 12), ce qui permettra ensuite, en fonction du rapport de forces à trouver un nombre (7, 9 ?) qui apparaîtra comme un compromis et pourra laisser l’impression qu’il y a eu finalement beaucoup d’agitation pour rien. D’où l’urgente nécessité de détailler ce « rien » :

    1/ Code civil : le retour à 1804 et la suppression du droit du travail :

     Le droit du travail repose sur la réalité de l’exploitation des travailleurs qui, en langage juridique est nommée « subordination ». Le salarié est aux ordres, soumis à son employeur pour son embauche, son contrat, l’exécution de son contrat et son licenciement. L’exact contraire du droit civil dans lequel les deux parties sont à égalité. Il a donc été ajouté dans le code civil actuel que les contrats de travail étaient exclus de ce droit entre égaux, le code du travail servant précisément à limiter pour partie l’arbitraire patronal.

     Le projet MACRON, sans qu’aucun média ne le soulève, abroge l’alinéa qui, dans le code civil, exclut les contrats de travail. Ce n’est ni plus ni moins que la suppression du droit du travail. Un retour à 1804, au code Napoléon, et à la loi Le Chapelier : plus aucune entrave à la liberté d’exploiter. Il suffira au patron, pour chaque litige, d’obtenir « l’accord » du salarié et aucun juge, prud’homal ou non, ne pourra venir troubler cet « accord » au nom d’un quelconque droit du travail. Travailler le dimanche, la nuit, 12h par jour, 60h par semaine, pour un demi-SMIC…du moment que le salarié est « d’accord ».

     A y regarder de près, cette incroyable tentative du gouvernement et du MEDEF n’est pas si nouvelle : elle est ici et là inscrite déjà dans de plus en plus nombreuses dispositions du droit du travail, qu’il s’agisse d’ « accords collectifs » signées par des organisations syndicales et/ou de lois : ainsi, dès décembre 1981, un accord collectif permettait de faire faire 12 h x 12 jours = 144 h à un salarié agricole avec son « accord », l’ANI du 11 janvier 2013 et la loi du 14 juin 2013 permettent de ne pas respecter le plancher de 24 h avec l’ « accord » du salarié. Et, pour le travail du dimanche, il serait, pour l’essentiel, réservé aux « volontaires ». Ce « volontariat », dont Gérard Filoche ne cesse de répéter qu’il n’existe pas en droit du travail, on en mesure toute l’irréalité quand l’ex présidente du MEDEF n’a pu trouver mieux que l’oxymore de « soumission volontaire ».

    2/ Prud’hommes : la mise à mort

    Le projet MACRON est un nouvel arsenal pour casser plus encore ce qui reste souvent le seul recours pour les salariés.

    Les conseillers prud’homaux se voient soumis à un contrôle plus fort, une vraie tutelle ; leurs conditions de travail ainsi que le rapport de force pour les conseillers salariés sont dégradés ; se met en place une justice expéditive et forfaitaire répondant ainsi aux demandes constantes du MEDEF déjà avancées dans l’ANI du 11 janvier 2013, et la loi qui les ont consacrés :

    • 21/ extension du pouvoir des juges départiteurs, qui pourront assister aux assemblées générales du conseil de prud’hommes, pourront réunir son président et vice-président, et pourront remplacer le conseil de prud’hommes en cas de problèmes de fonctionnement de celui-ci.

    • 22/ extension de la formation restreinte (2 conseillers au lieu de 4), sur demande du bureau de conciliation. Une nouvelle procédure qui aura comme conséquence inéluctable un engorgement supplémentaire et des jugements expéditifs encore plus défavorables aux salariés.

    • 23/ suppression possible de la case « bureau de jugement » et renvoi au juge départiteur (« de droit » et sans possibilité de recours) dans les trois cas suivants : 24/ Contrôle et organisation de la « démission » des conseillers prud’homaux : Un décret va désormais fixer un délai au-delà duquel un conseiller prud’homme sera désormais considéré comme « démissionnaire » s’il ne satisfait pas à une nouvelle « obligation de formation initiale et continue. ».

      • > si le bureau de jugement estime que la formation restreinte décidée par le bureau de conciliation (« et d’orientation ») ne s’imposait pas ;
      • > si le bureau de conciliation et d’orientation le décide dans le cas où « toutes les parties le demandent »
      • > ou bien en cas de partage du bureau de conciliation !
    • 25/ Une suspicion et un contrôle institutionnalisés : Un décret va établir un « recueil des obligations déontologiques des conseillers prud’hommes ». Le projet MACRON donne une idée du contenu de ce recueil qui permettra toutes les mises à l’écart de conseillers qui déplaisent : à l’ « indépendance » et à l’ « impartialité », auxquelles sont astreints tous les juges, pour les conseillers prud’hommes, se rajoutent la « dignité », la « probité » et un comportement de nature « à prévenir tout doute légitime à cet égard », l’abstention « de tout acte ou comportement à caractère public incompatible avec la réserve que leur imposent leurs fonctions » et, last but not least, « Leur est interdite toute action concertée de nature à arrêter ou entraver le fonctionnement des juridictions ».

    • 26/ Des sanctions renforcées : Les conseillers prud’hommes sont considérés par la loi MACRON comme des salariés soumis au pouvoir disciplinaire d’un employeur : 27/ La représentation deviendrait obligatoire en appel ! et les défenseurs syndicaux, déjà très peu nombreux, pourraient avec un nouveau statut être introuvables aussi bien aux prud’hommes qu’en appel. Désormais les salariés devront soit prendre un avocat, soit trouver un défenseur syndical dont le projet MACRON prévoit un contrôle de sa désignation et la possibilité de radiation administrative.

      • > sont créées deux nouvelles sanctions, l’ « avertissement » (sans recours possible car censé ne pas être une sanction) et le « blâme » ;
      • > est également créée l’équivalent de la mise à pied à titre conservatoire.
      • > Quant à la « déchéance » provisoire possible, elle est allongée (de 5 à 10 ans) et une déchéance définitive est créée. Une « commission nationale de discipline » est créée.
    • 28/ Moins de juges pour juger et des juges « mieux » choisis. Le projet MACRON innove en créant la notion de « litiges sériels ». Sans recours possible, le premier président de la cour d’appel ou le président de la Cour de cassation pourra décider de faire juger plusieurs affaires par un seul conseil de prud’hommes, qu’il choisira ! Et ce conseil pourra se dessaisir de lui-même ou « si toutes les parties le demandent » au profit d’un juge départiteur lui-même désormais choisis parmi les juges du TGI, choisis eux-mêmes par le président du TGI « prioritairement en fonction de leurs aptitudes et connaissances particulières ». Si avec ça, les patrons ne gagnent pas à tous les coups…

    • 29/ Un bonus, les avocats d’entreprise ! Ce cadeau anglo-saxon est une bonne nouvelle pour les patrons qui pourront se payer ces DRH bis qui vont accroître l’inégalité des salariés devant la justice. Même si, contrairement au projet initial, ils ne plaident pas, comment ne pas voir le poids dont pèseront ces salariés qui devront leur emploi à leur capacité à conforter le pouvoir patronal, en leur évitant des erreurs préjudiciables, en préparant au mieux pour les prud’hommes arguments juridiques et fausses attestations de salariés mieux ficelées.

    3/ Inspection du travail et sanction de la délinquance patronale : toujours moins

    > L’inspection du travail a déjà vu son indépendance foulée au pied par le décret SAPIN de mars 2014. Le projet d’ordonnance MACRON en est la suite que SAPIN n’avait pas eu le temps de terminer.

    • > Pour les sanctions, les patrons vont échapper et aux juges et aux inspecteurs du travail : des amendes pénales vont être transformées en amendes administratives et l’administratif ne sera plus l’inspecteur du travail mais son supérieur hiérarchique au niveau régional, pas moins, le Directeur Régional des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation et, accessoirement du travail et de l’emploi (D.I.R.E.C.C.T.E) dont le seul intitulé permet de mesurer le degré d’indépendance par rapport au patronat qui échappe ainsi au procès-pénal et accède à tous les arrangements possibles entre amis.

    • > Une mention spéciale pour les délits qui concernent le droit syndical et les représentants du personnel : il est précisé que la peine d’emprisonnement sera supprimée car « susceptible de dissuader les sociétés étrangères d’investir dans les entreprises françaises… ».

    • > Et pour les élections professionnelles, les patrons vont échapper à l’inspection du travail : seront désormais transférées aux juges les décisions sur la mise en place de délégués de personnel de site ; les décisions sur le nombre et de la composition de collèges électoraux ainsi que le nombre de sièges et leur répartition entre les collèges (en l’absence d’accord électoral) ; les décisions de reconnaissance d’un « établissement distinct » pour les élections de délégués du personnel ou de membres du comité d’établissement ; les décisions de dérogation aux conditions d’ancienneté pour les électeurs et les éligibles aux élections de délégués du personnel et des membres du comité d’entreprise.

    4/ Médecine du travail : la mise à mort

    L’étude d’impact du projet MACRON donne à voir les soubassements des changements législatifs envisagés : il y est expliqué clairement que l’obligation légale de la visite d’embauche ne peut être effectuée car il manque de médecins du travail et que « les employeurs sont donc dans une situation d’insécurité juridique » car la Cour de cassation sanctionnerait « lourdement » le non respect de l’obligation de sécurité ; et la larme vient également aux paupières, il est expliqué que les médecins du travail rédigent beaucoup trop d’avis d’aptitude comportant des restrictions d’aptitude ou des aménagements de poste, ce qui empêcheraient par ce biais tout licenciement ! (« Tant que l’avis mentionne l’« aptitude », aucun licenciement ne peut être envisagé même si l’employeur est dans l’incapacité de suivre les recommandations et propositions du médecin du travail.”).

    Les solutions envisagées sont donc :

    • 1/ moins de visites médicales et des visites faites par « d’autres professionnels » ;

    • 2/ des avis d’aptitude faits par des « collaborateurs médecins » et un encadrement voire une suppression des « réserves ». Licencier plus et plus vite pour inaptitude, tel est la sécurisation recherchée par le projet de loi.

    5/ « Simplifications » pour les entreprises : toujours plus !

    51/ Licenciements pour motif économique : Grâce à la loi du 14 juin 2013, l’employeur pouvait déjà, sur les quatre critères de choix des licencié(e)s, retenir prioritairement le critère qu’il voulait, par exemple le critère arbitraire de la « qualité professionnelle » au détriment des critères sociaux (charges de famille, âge, handicap, ancienneté). Le projet MACRON permet à l’employeur de moduler même les critères choisis en les fixant « à un niveau inférieur à celui de l’entreprise ». En clair, pouvoir choisir de licencier qui on veut, où on veut :

    • Le projet MACRON simplifie les « petits licenciements » (de 2 à 9 salariés) dans les entreprises de plus de 50 salariés.

    • Le projet MACRON simplifie les efforts de reclassement pour les grandes entreprises.

    • Le projet MACRON simplifie beaucoup les licenciements dans les entreprises en redressement ou en liquidation judiciaire.

    • Le projet MACRON simplifie beaucoup le licenciement sans retour et sans indemnités des salariés pour lesquels le tribunal administratif aurait annulé la décision de validation ou d’homologation.

    52/ Travail clandestin (= travail « illégal »). Sous couvert de « lutte contre la prestation de service internationale illégale », le projet MACRON organise au contraire le laisser faire pour les infractions au détachement illégal de salariés : « délai » pour se mettre en règle, « rapport administratif » de l’agent de contrôle à l’ « autorité administrative » (rebonjour le D.I.R.E.C.C.T.E) qui pourra « eu égard à la répétition ou à la gravité des faits constatés » (!) et par « décision motivée », suspendre la prestation mais pour « une durée ne pouvant excéder un mois ». Il est prévu que le patron pourra passer outre ( !), ne pas suspendre son activité illégale, et qu’en ce cas, il s’exposera – on tremble – à une « amende administrative » ( !) mais que le D.I.R.E.C.C.T.E n’infligera – on est rassuré – qu’avec circonspection en tenant compte des « circonstances » et de « la gravité du manquement » mais aussi du « comportement de son auteur » ainsi que de « ses ressources et ses charges ».

    53/ Travailleurs handicapés. Pour pouvoir se soustraire à l’obligation d’embaucher des travailleurs handicapés, les employeurs pouvaient déjà passer des contrats à des « entreprises adaptées », des « centres de distribution de travail à domicile », des « établissements ou services d’aide par le travail. Le projet de loi MACRON voit plus loin : désormais, il suffira de faire appel : à des personnes que l’employeur ne paiera pas et qu’il n’aura pas l’obligation d’embaucher (« personnes handicapées pour des périodes de mise en situation en milieu professionnel ») ou à des non salariés (« travailleurs indépendants handicapés »)

    > 54/ Consultations des institutions représentatives du personnel. A la rubrique « Dialogue social », le projet MACRON a inscrit — sans rire — la possibilité pour les entreprises, conséquences de l’ANI du 11 janvier 2013, de réduire désormais les consultations des institutions représentatives du personnel, par exemple pour les licenciements pour motif économique, à la fourniture au comité d’entreprise de la « base de données unique » dont le contenu limitatif est fixé par décret

    6/ Travail le dimanche et la nuit : toujours plus !

    On retrouve ici la suppression du droit du travail avec la prétendue liberté du salarié « volontaire ». Cette liberté dont « profiteront » toujours plus essentiellement des femmes et des jeunes qui subissent déjà temps partiel et horaires au sifflet, cette liberté va pouvoir s’exercer dans plus de zones et pour plus de dimanches.

    Ministres, préfets et maires vont pouvoir accorder des dérogations au repos dominical :

    • • 1/ pour préjudice « au public » ou « au fonctionnement de l’entreprise ».

    • • 2/ dans des « zones touristiques internationales » (Ministres)

    • • 3/ dans des « zones touristiques » (Préfets)

    • • 4/ dans des « zones commerciales » (Préfets)

    • • 5/ dans les établissements situés dans l’emprise des gares elles-mêmes situées dans les trois zones précédentes (Ministres)

    • • 6/ dans les établissements de la commune dont le maire pourra désormais autoriser l’ouverture pendant 12 dimanches et devra l’autoriser au minimum pour 5 dimanches, une obligation nouvelle oubliée des médias (jusqu’ici le maire peut autoriser le travail pour au maximum 5 dimanches, il n’y est pas obligé)

    Pour bénéficier de ces dérogations, il faut des contreparties pour lesquelles le projet MACRON renvoie au « dialogue social » dont la musique immuable commence à être connue : soit on trouve des organisations syndicales pour signer l’accord que l’employeur souhaite (« accord collectif ou territorial ») soit, comme pour les plans de licenciement, l’employeur décide seul (« décision unilatérale de l’employeur ») après un « référendum » dont le résultat est connu d’avance. En ce cas, le doublement du salaire ne sera pas une obligation pour les entreprises de moins de 20 salariés.

    Et dans les « zones touristiques internationales », la loi déciderait maintenant que, dans ces zones, la nuit commence après 24h, alors il y sera possible de travailler de nuit. On appréciera à sa juste valeur la « contrainte » de l’employeur : il « veille » à ce que le salarié « dispose d’un moyen de transport pour regagner son domicile »

    Il est grand temps de veiller à ce que le projet MACRON regagne la nuit des rêves patronaux.

    Richard ABAUZIT, ex inspecteur du travail

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  • Les Grecs, Syriza, Merkel et la sortie de l’euro

    GREXIT

     

     

     

    D’après un sondage de décembre 2014, 52 % des grecs sont pour une monnaie nationale, donc favorables à la sortie de l’euro.

     

    Pourtant le programme de Syriza ne comporte pas la sortie de l’euro. Mais son leader, Alexis Tsipras, veut en finir avec la politique d’austérité imposée à la Grèce par la troïka (UE, BCE et FMI).

     

     Les taux d'intérêts auxquels Athènes emprunte sont montés à 9% depuis que le parti Syriza est donné favori, contre 4,75% lors de son retour sur les marchés financiers en avril dernier.Les principales places boursières ont enregistré d'importantes chutes: Paris -3,31%, Milan -4,92% et Madrid plus de -3%.  La Bourse d'Athènes a chuté de 5,63%, l'indice Athex passant sous la barre des 800 points. Et l'euro poursuit sa baisse face au dollar: il est tombé en début d'échanges asiatiques  à 1,1864 dollar, son niveau le plus faible depuis mars 2006.

     

    Même si une sortie de la Grèce de la zone euro n'est plus véritablement envisagée par les analystes en raison d'une certaine amélioration de ses finances publiques, les marchés ont peur de l'arrêt des réformes basées sur la politique d'austérité, dictée par l'UE et le FMI, créanciers du pays

     

    Pourquoi A Merkel parle-t-elle de la possibilité de la sortie de l’euro de la Grèce ? On peut y voir plusieurs raisons :

     

        - Elle craint moins le risque de contagion d’autres pays ( peut-être à tord ?) qu’en 2012.

     

        - Elle met tout son poids dans la balance pour éviter la victoire de Syriza qui bien que partisan de rester dans la zone euro, voudra mettre fin aux politiques d’austérité pour son pays.

     

       - En annonçant qu'elle laisserait la Grèce sortir de l’euro, elle prévient qu’elle s’opposera à ce que la BCE finance directement la Grèce.

     

        - Les banques privées allemandes sont relativement peu impliquées dans la dette de la Grèce.

    A l’opposé,  Syriza en annonçant qu’il veut mettre fin à l’austérité, espère  d’obtenir gain de cause sur un autre volet : le réaménagement de la dette publique. 

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  • Ne pas confondre marketing néolibéral et information

     

     

    par Robert Joumard

     

    Les néolibéraux utilisent des mots et des expressions qui ont plutôt une image positive dans leur signification populaire, courante. Par exemple :

     

     - « Concurrence » qui fait référence à la possibilité pour le consommateur de pouvoir choisir le meilleur produit. Les lieux de la concurrence sont pas excellence le marché de quartier où producteurs et revendeurs proposent leurs produits, ou le centre-ville où les multiples commerces sont en concurrence pour attirer le client et lui vendre leurs produits. La concurrence – au sens commun – n'exclut pas le respect de la réglementation.

     

    - « Ouverture à la concurrence » cumule deux aspects positifs : la concurrence que l'on vient d'évoquer, et l'ouverture, connotée extrêmement positivement.

     

    - « Libéralisation » qui est sœur de libération et de liberté. Le libéralisme affirme la liberté comme principe politique suprême. Le libéralisation accroît la liberté : comment pourrait-on s'opposer à plus de liberté ? Comment ne pas laisser à chacun la liberté de se comporter comme il l'entend ? Mai 68 n'est pas loin...

     

    - « Libre-échange » fait référence directement à la liberté (cf. ci-dessus) et à l'échange. L'échange évoque une activité essentielle des hommes et des femmes depuis les temps immémoriaux, l'échange de nouvelles, de salutations, de biens, voire le don et le contre-don, l'échange de maris et de femmes entre communautés, etc. L'échange est donc sans doute au fondement de toute société.

     

    - « Marché » qui est traditionnellement le rassemblement des personnes en vue d'échanges de toutes nature et par extension le lieu de ces échanges. C'est l'activité et le lieu traditionnels des échanges.

     

    Il est donc très difficile de contrer la concurrence, la libéralisation, le marché ou le libre-échange, car ces expressions sont a priori connotées très positivement ou font référence à des réalités aussi vieilles que les sociétés humaines. L'art des promoteurs des concepts modernes d'ouverture à la concurrence, de libéralisation, de libre-échange est de donner à ces expressions connotées positivement un sens très particulier mais en même temps assez vague.

     

    Ces expressions ne sont en effet jamais définies explicitement, en disant ce qu'elles sont, ce qu'elles ne sont pas, quelles en sont les conséquences concrètes. Il faut donc lire entre les lignes les lois et les traités pour en approcher le sens réel, ou, mieux, mesurer les conséquences du traité de Lisbonne ou de l'Accord de libre-échange d'Amérique du Nord Aléna. C'est ce que nous avons tenté de faire par ailleurs dans une analyse des traités de libre-échange (Aléna, TAFTA, AECG, ACS et autres). (http://local.attac.org/rhone/spip.php?article1860)

     

    On se rend compte alors que le libre-échange et l'ouverture à la concurrence n'ont guère à voir avec le simple commerce ou les échanges au sens commun de ces termes. Le marché non plus. La libéralisation n'a rien à voir avec la Liberté de la devise de la République française. En fait toutes ces expressions utilisées par les néolibéraux peuvent se résumer en une seule : la liberté absolue de faire des affaires et de faire du profit, le plus de profit possible, quelles qu'en soient les conséquences sur la société et notre écosytème. Ces conséquences ne sont cependant pas oubliées, car elles sont systématiquement mentionnées. Les normes sociales, sociétales et environnementales sont bien respectées, mais seulement et seulement si elles ne s'opposent pas au droit de faire des affaires et des profits.

     

    La libéralisation d'un secteur économique est en fait la déconstruction des règles qui modèlent ce secteur, hors le droit de faire des affaires et du profit. C'est l'élimination des règles qui servent les intérêts communs des sociétés. Quand elle touche aux services, le droit de faire des affaires et du profit se traduit par la privatisation des services.

     

    > Le marché est le lieu où les multinationales, les spéculateurs et plus généralement ceux qui ont de gros moyens financiers décident de contrer les décisions politiques qui ne leur conviennent pas et de soutenir celles qui leur conviennent. L'apparition du marché se ramène à celle d’un second peuple, les gens du marché rivalisant désormais avec le peuple de l'ensemble des citoyens.

     

    Il nous faut donc appeler un chat un chat quand on veut être compris par tout un chacun à propos des projets néolibéraux. Il faut éviter d'utiliser mécaniquement les termes et les expressions des promoteurs de ces politiques, car ils ne sont pas choisis pour en faciliter la compréhension par les citoyens, mais pour « vendre » ces politiques. Ce sont des mots de marketing et non des mots qui informent.

     

    Aussi proposons-nous les traductions suivantes :

     

    - « Concurrence » à traduire en « liberté absolue de faire des affaires et des profits ».

     

    - « Ouverture à la concurrence » et « libéralisation » à traduire en « soumission au droit des multinationales de faire des affaires et des profits », c'est-à-dire « élimination des règles », voire « privatisation » quand il s'agit des services.

     

    - « Marché» à traduire en « parlement des multinationales et autres spéculateurs ».

     

    - « Libre-échange » à traduire en « liberté de faire des affaires et des profits ».

     

    - « Traité (ou accord) de libre-échange » à traduire en « traité de liberté des affaires ».

     

    Au-delà de ces expressions essentielles, d'autres termes et expressions moins courants sont aussi sources de confusion pour tout un chacun.

     

    Par exemple les « objectifs » sont rarement les buts réellement poursuivis par les promoteurs des politiques néolibérales, mais là encore sont des arguments de vente. Nous préférons donc parler d' « objectifs annoncés » ou d' « objectifs déclarés ».

     

    Les « investissements » ne sont pas d'abord des investissements, c'est-à-dire la mise à disposition de moyens matériels ou humains pour lancer une nouvelle activité ou développer une activité existante, éventuellement à perte pour celui qui investit. Les investissements familiaux (par exemple dans un appartement) ou publics (par exemple dans l'éducation ou dans des hôpitaux) ne sont pas compris comme des investissements, car il n'y a pas de profit privé à la clef. Les investissements ne sont compris dans les textes néolibéraux et notamment dans les traités de libre-échange que comme des opportunités de faire personnellement du profit, indépendamment de l'intérêt pour la société qui accueille l'investissement.

     

    Les « investisseurs » ne sont là qu'en vue de profits personnels futurs et non pas pour développer la société où ils opèrent. De plus, dans les traités internationaux, ne sont considérés que les investisseurs étrangers. Les investisseurs sont donc alors tout simplement des multinationales.

     

    L’expression « mécanisme de règlement des différends investisseur-État » (mécanisme très contesté aujourd'hui quant à son inclusion dans les traités de libre-échange) ne dit guère ce que c'est :

     

    - « Mécanisme » n'est pas un terme clair et précis ; « cour de justice » nous semble plus clair, tandis que « tribunal » est inapproprié car un tribunal est permanent.

     

    - Il n'est pas dit que c’est un mécanisme privé.

     

    - L'expression présente les plaignants sous un jour favorable – les « investisseurs », alors que leur objectif n'est pas d'investir mais de faire des affaires et du profit. De plus, seuls les « investisseurs » étrangers peuvent utiliser ce mécanisme. Nous proposons donc de parler de « multinationales ».

     

    - Et l'expression « investisseur-État » laisse penser que l’institution est réciproque, ce qui n'est pas le cas : les États ne peuvent attaquer en justice les « investisseurs ». Nous préférons parler de « différends des multinationales envers les États ».

     

    Nous proposons donc l’expression un peu plus longue, mais combien plus juste de « cour de justice privée pour régler les différends des multinationales envers les États ».

     

    Enfin, les « partenariats » rassemblent des partenaires, ce qui suggère une confiance et un respect mutuel, voire une amitié, et souvent des relations exemptes de calculs et de coups fourrés. Les « accords » sont un peu moins amicaux. Partenariats et accords sont généralement compris comme peu formels, souples et modifiables. Or les multiples accords et partenariats de libre-échange n'ont aucune de ces caractéristiques. La principale différence est leur formalisme extrême, leur situation au sommet des normes et leur quasi irréversibilité. Le terme de « traité » est beaucoup plus adapté : il indique clairement que c'est un accord entre pays, qu'il est formel, difficile à mettre au point et encore plus difficile à modifier.

     

    Nous proposons donc les traductions suivantes :

     

    - « Objectifs » à traduire en « objectifs annoncés » ou « objectifs déclarés ».

     

    - « Investissement » à traduire en « opportunité de profits personnels ».

     

    - « Investisseur » à traduire dans les traités internationaux en « multinationale ».

     

    - « Mécanisme de règlement des différends investisseur-État » à traduire en « cour de justice privée pour régler les différends (ou les litiges) des multinationales envers les États ».

     

    - « Partenariat » et « accord » à traduire en « traité ».

     

    On peut s'étonner que ceux qui ont pour objectifs d'informer le public de la réalité des politiques néolibérales et en particulier aujourd'hui des traités dits de libre-échange utilisent les mots et les expressions de la propagande politique de leurs promoteurs, même s'ils assortissent cela d'analyses critiques. Ces analyses critiques sont naturellement nécessaires, mais elles sont souvent peu compréhensibles pour beaucoup de gens : question d'intérêt, de vocabulaire souvent théorique, de manque de parler clair et simple. Les mots sont des armes, utilisons les armes de l'analyse pour rendre compte des réalités qui se cachent derrière les mots de concurrence, de libéralisation, de marché, de libre-échange. Parlons de liberté absolue de faire des affaires et du profit, de parlement des multinationales et autres spéculateurs, de liberté de faire des affaires, etc. Tout un chacun comprendra immédiatement.


    Liste de la commission « Europe » d’Attac France — <commission-europe@list.attac.org

    Voici quelques réflexions et propositions complémentaires:

    enrichissement
    Robert a listé des mots à consonance cognitive positive sur un domaine particulier. Il faudrait élargir le domaine et enrichir le dictionnaire avec les mots à connotations neutres et négatives. 
    Par exemple, "plan social" qui signifie "licenciements", "otages" qui signifie "usagers gênés par la grève", "réduire le coût du travail" qui signifie "diminuer les salaires", "populiste" qui signifie "hors la pensée dominante", etc, etc.
    Je pense qu'on peut trouver des dizaines de mots et expressions...

    outil de propagande
    Ce dictionnaire constituerait, en lui-même, un formidable outil de propagande. J'imagine bien un tract ATTAC avec comme titre "dictionnaire de traductions des mots des néolibéraux (extraits)" avec une liste choisie de mots et expressions en fonction du combat du jour, leur traduction et une éventuelle très très courte explication. Et rien d'autre !
    Si un linguiste nous aidait , nous pourrions même faire une classification des procédés rhétoriques utilisés (litotes, euphémismes, etc.) , ceci à des fins humoristiques. 
    Je vais proposer à mon CL de commencer le travail.
    (quand j'écris "un linguiste", c'est, bien sûr, le genre neutre de l'article indéfini qui est utilisé. Je déteste la notation explicitement bigenrée que je trouve lourdingue et démago)

    petites victoires possibles
    Aujourd'hui, au moins tous les syndicalistes utilisent "cotisations sociales" alors qu'il y a dix ans, j'en entendais encore qui parlaient de "charges sociales". Il y a donc possibilité de reconquérir une partie des mots et expressions. Je crois que la prochaine petite victoire concernera "Union européenne" à la place de "Europe" quand c'est d'Union européenne que l'on cause... 

    pouvoir performatif
    Je me suis rendu compte du pouvoir presque magique que l'attention requise pour employer le bon mot ou la bonne expression provoque sur sa propre pensée. J'ai pratiqué longtemps avec "cotisations sociales", et aujourd'hui je m'applique à utiliser à bon escient "Union européenne" et "de l'Union européenne". Il me semble que ma pensée est plus claire.
    À l'inverse, je juge a priori assez approximative la pensée de ceux qui utilisent mal à propos "Europe", qu'ils soient politiques, économistes, éditorialistes, journalistes ou même membres du CS d'Attac.

    dialectique éristique
    J'ai remarqué aussi que dans un débat ou une conversation, lorsque notre contradicteur utilise un mot ou une expression du lexique néolibéral, il est souvent très profitable de l'interrompre pour imposer le mot ou l'expression juste. Avec "Union européenne" à la place de "Europe", ça fonctionne très bien. Pour un temps de parole minimum, on obtient un effet maximum.

    la dépense publique

    À mon sens, c'est l'expression la plus insidieuse et la plus dangereuse. Dans l'inconscient collectif, cet euphémisme ne signifie que "train de vie de l'exécutif", "voitures de fonction", "réceptions à l'Élysée" et autres choses de l'ordre de l'inutilité et de la gabegie. Ainsi, le remède néolibéral miracle et quasi unique à la Crise est la "réduction de la dépense publique" avec l'encensement de l'Allemagne de Madame Merkel et la conspuation de "l'archaïsme et la frilosité français" (c'est du pétainisme transcendantal pur jus). À cause de cette acception inconsciente de l'expression, ça passe très très bien dans le discours. 
    Mais, en vrai, la "dépense publique", ce sont les Services Publics, le traitement des fonctionnaires, les infrastructures. Il y en a même qui collent sous cette expression les dépenses sociales, la Sécu, le chômage et les retraites...
    Il est donc vital de systématiquement expliquer "réduction de la dépense publique" par "moins d'Éducation, moins d'Hôpitaux, moins de Services Publics", voire "moins d'assurances maladie, moins d'allocations familiales, moins d'allocations de chômage, moins de retraites". Ça change tout de suite le discours, non ?


    Jean-Yves Sage Attac-Centre-Essonne

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