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Économie - Page 4

  • Pour l’UE ce qui compte c’est la bonne santé des monopoles capitalistes de l’industrie chimique, pas votre santé !

      www.initiative-communiste.fr

    > OGM, gaz de schistes, normes de pollutions des véhicules,pesticides, polluants chimiques… La protection de la des personnes, la protection de notre environnement cela n’est clairement pas la préocuppation de l’. Construite par et pour les monopoles capitalistes, l’ c’est en fait une machine à imposer des directives permettant d’augmenter les profits des multinationales, quitte à menacer la santé de millions de personnes, à saccager l’environnement. La Commission Européenne, instrument du pouvoir totalitaire et supranational de l’oligarchie capitaliste promulgue et impose les directives écrites par ce que certains appellent pudiquement les « lobbys », c’est à dire sert l’intérêt de classe de la classe capitaliste.

    > Pour notre santé, pour l’environnement, l’Union Européenne, il faut en sortir pour s’en sortir.

    « À Bruxelles, la vie des personnes est moins prioritaire que la bonne santé de l’industrie chimique »

    par Nolwenn Weiler 14 janvier 2016

    > L’Union européenne n’a toujours pas réglementé l’usage des perturbateurs endocriniens, ces substances chimiques aux effets sanitaires colossaux utilisées dans de très nombreux produits de consommation courante. Malformations, cancers, obésité… Les perturbateurs endocriniens sont pourtant à la source de bien des maux. Ce retard, qui vient d’être condamné par la justice européenne, ne doit rien au hasard. Les industries de la chimie, des pesticides ou du plastique pratiquent un lobbying intensif, et entravent toute avancée sérieuse. La journaliste Stéphane Horel a décrypté dans un ouvrage intitulé Intoxication ce lobbying et ces objectifs. Entretien.

    > Basta ! : Votre enquête porte sur la réglementation des perturbateurs endocriniens, ces substances chimiques omniprésentes dans notre quotidien, et suspectées de participer à l’explosion des maladies modernes. Où en est-on sur ce sujet ?

    > Stéphane Horel  [1] : Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances chimiques qui peuvent interagir avec le système hormonal (endocrinien veut dire hormonal). Ces substances agissent sur les humains mais aussi sur les animaux, comme les ours polaires, les chatons, les escargots. Plusieurs catégories d’êtres vivants sont ainsi touchées. C’est l’exposition du fœtus pendant la grossesse qui présente le plus grand risque, même si l’exposition reste problématique à d’autres périodes de la vie. La vie in utero est vraiment un moment crucial, puisque ce sont les hormones qui fabriquent les bébés. Les effets d’une exposition à ce moment-là peuvent se voir à la naissance, avec par exemple des malformations génitales ; mais aussi dix, vingt ou trente ans plus tard. Avec l’apparition de cancers, de diabètes, de problèmes d’obésité ou d’infertilité.

    > Les perturbateurs endocriniens sont présents dans des milliers d’objets de la vie courante : des tongs aux rideaux de douche, en passant par les canapés et les jouets mais aussi les poches à sang et les cathéters. La plupart de ces produits ont une vraie utilité : les phtalates, par exemple, sont des PE qui assouplissent le plastique. Et le bisphénol A, qui est l’un des PE les plus connus, permet de fabriquer un vernis que l’on met à l’intérieur des boîtes de conserves et qui ralentit la corrosion du métal. Pour le moment, on n’a trouvé aucun équivalent qui soit aussi efficace dans la durée. Il est impossible de faire l’inventaire des endroits dans lesquels on trouve des PE. Tous les secteurs de l’industrie sont concernés. Le sang, le lait maternel, l’air, la poussière, la pluie : les PE sont présents partout ! On estime qu’il y en a environ 1000 en circulation dans le monde, mais c’est peut-être beaucoup plus.

    > Une réglementation européenne est en cours d’élaboration, mais les scientifiques ont alerté sur le problème des perturbateurs endocriniens il y a près de vingt-cinq ans ! Pourquoi un tel délai ?

    >   Le moment scientifique Eurêka pour les PE, c’est 1991. Cette année-là une vingtaine de scientifiques (toxicologues, zoologistes, biologistes, endocrinologues…) se réunissent dans une petite ville du Wisconsin, aux États-Unis. Au terme d’un séminaire de trois jours, ces scientifiques rédigent ce que l’on appellera la déclaration de Wingspread, du nom du centre de conférence où s’est tenu le séminaire. Cette déclaration s’alarme des effets des altérations du développement induites par les produits chimiques. Les scientifiques insistent sur les risques encourus suite à des expositions in utero. Et ils remettent en question l’équation toxicologique qui disait que la dose fait le poison. Pour les PE, c’est plutôt le moment qui fait le poison. La déclaration de Wingspread prévient aussi : « À moins que la contamination de l’environnement par les perturbateurs hormonaux [ne] soit rapidement contrôlée et réduite, des dysfonctionnements généralisés à l’échelle de la population sont possibles. »

    > Depuis, il y a eu des milliers de publications scientifiques qui montrent que ces produits posent problème. Il y a maintenant un consensus sur leur dangerosité. En 2013, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié un rapport. Réalisé par une vingtaine de scientifiques du monde entier, tous spécialistes des PE, ce rapport insiste sur le fait que les PE représentent « une menace mondiale ». En 2009, puis en 2015, la société savante Endocrine Society dit la même chose. Il y a quelques semaines, c’est la Fédération internationale des gynécologues obstétriciens qui a appelé à réglementer les PE, évoquant les bébés qui naissent tous « pré-pollués ».

    > Quelles sont les industries qui utilisent des PE et qui organisent le lobbying visant à court-circuiter le projet européen de réglementation ?

    > Elles sont, du fait de l’abondance du recours aux PE, très nombreuses. Au moment de faire du lobbying, les industriels se regroupent. D’abord dans le lobby de la chimie (ou CEFIC), qui est l’un des plus puissants de Bruxelles, avec 150 employés et un budget de 40 millions d’euros. Ce lobby réunit des PME mais surtout des grosses multinationales, comme BASF, Syngenta, Bayer, Dow ou DuPont [2]. Nous avons aussi le lobby des pesticides (ECPA, qui fait par ailleurs partie du CEFIC), des industries qui sont en première ligne s’il y a réglementation des PE. Il y a enfin l’industrie du plastique, et, dans une moindre mesure, Cosmetics Europe).

    > Parmi les manœuvres utilisées par ces lobbies pour contrer toute réglementation, retrouve-t-on la stratégie du doute et du déni, inventée par le lobby du tabac ?

    > Effectivement. Pour les perturbateurs endocriniens, le premier moment de ce qu’on appelle « la manufacture du doute » a lieu en 2012, suite à la sortie du Rapport sur l’état de la science sur les perturbateurs endocriniens. Commandé par la Commission européenne, c’est un état de la science réalisé par l’équipe du Professeur Andreas Kortenkamp, l’un des plus grands spécialistes mondiaux des perturbateurs endocriniens, indépendant des industriels. Ce rapport conclut que « les perturbateurs endocriniens justifient une considération à la hauteur de substances aussi préoccupantes que les cancérogènes, les mutagènes et les toxiques pour la reproduction, ainsi que les produits persistants, bioaccumulables et toxiques ».

    > Leur rapport a aussitôt été attaqué dans la littérature scientifique. Mais cette critique a été financée par le lobby américain de la chimie. Elle a été écrite par deux salariés d’une société de consultants spécialisés, Gradient Corp, qui travaille au seul service des industriels ; et par des scientifiques qui travaillent tous avec l’industrie de la chimie et des pesticides. Les reproches sont essentiellement méthodologiques. Les auteurs chicanent sur des omissions de référence, des choix de vocabulaire, ils ergotent sur des détails. C’est une véritable opération de « science washing » qui vise à donner l’illusion qu’il y a une controverse scientifique. C’est en effet plus présentable que d’aborder directement l’impact sur les entreprises. L’industrie des pesticides a par ailleurs essayé de décrédibiliser Andreas Kortenkamp en envoyant des mails à la Commission, suite à des propos qu’il avait tenus dans la presse britannique.

    > Que proposent les industriels pour répondre au vaste problème de santé public créé par leurs produits ?

    > L’industrie chimique a mis au point une astuce : il faudrait s’occuper des produits dont les effets sont les plus puissants. Cela revient à écrémer : on enlève les soi-disant plus dangereux et on laisse tous les autres en liberté. Mais cela n’a aucun sens scientifique puisque les PE peuvent agir à très faible dose. Leur toxicité est telle qu’on ne peut pas prétendre qu’il y a une dose en deçà de laquelle ils ne sont pas dangereux. De plus, on est exposés à des dizaines de PE simultanément. Une étude aux États-Unis a montré qu’il y en a en moyenne 43 dans chaque femme enceinte. 43 ! Quel est le résultat de ces cocktails d’exposition ?

    > C’est notamment pour ces raisons que l’idée de « puissance » n’a absolument aucun sens. Ce qui n’empêche pas la Commission de la considérer comme une question valable, soumise à son examen ! La direction générale de l’environnement de la Commission, à qui avait été confié le travail préalable de définition des PE, l’avait pourtant éliminée au terme de quatre ans de travail. Cela révèle un grave dysfonctionnement de l’. On piétine quatre ans de travail simplement parce que les conclusions déplaisent à l’industrie.

    > En plus de jeter le doute sur les études scientifiques indépendantes, les industriels s’attaquent au principe de précaution…

    > En Europe, le principe de précaution est inscrit dans les textes et il a valeur de loi, même s’il n’existe pas de définition précise. Pour les négociations TAFTA, c’est un principe qui fait barrière à certains engagements, au niveau de la réglementation chimique notamment. C’est un peu notre seul joker éthique contre le libre marché tout puissant. Et c’est la raison pour laquelle les industriels américains sont bien décidés à le faire disparaître à l’occasion de ces négociations. Un think tank financé par les industriels du tabac, de la chimie, des pesticides, ainsi que des pétroliers tente de le faire remplacer par un « principe d’innovation ». En France, le principe de précaution est inscrit dans la Charte constitutionnelle de l’environnement, et il y a aussi eu des tentatives de suppression. En octobre 2014, le député UMP Eric Woerth avait déposé une proposition de loi pour son remplacement par « un principe d’innovation responsable ». Savait-il que cette idée venait d’un obscur think tank fondé et animé par le fabricant des Lucky Strike ?

    > Un an plus tôt, une lettre signée de 56 scientifiques du monde entier est envoyée à Anne Glover, la conseillère scientifique principale du président de la Commission de l’époque José Manuel Barroso. Dans ce courrier, les scientifiques se plaignent des critères retenus par la direction générale (DG) de l’environnement de la Commission pour décrire les PE. Ils regrettent notamment l’approche de précaution. Ce courrier, doublé par la publication d’éditoriaux dans une quinzaine de revues scientifiques, est plein d’approximations. Mais il servira quand même d’alibi à la Commission pour arrêter le processus de réglementation des PE en cours. J’ai documenté que la grande majorité des scientifiques qui ont rédigé cette lettre sont liés à l’industrie.

    > Pourquoi les décideurs sont-ils si réceptifs à ce lobbying ?

    > Il est très choquant de constater que les lobbies rencontrent une telle adhésion du côté des décideurs. Plusieurs facteurs l’expliquent. À Bruxelles, nous sommes dans un rapport de force où les intérêts publics sont en minorité. L’écrasante majorité des représentants d’intérêts sont ceux des intérêts commerciaux. Le dialogue avec les « parties prenantes », c’est-à-dire les industriels, remplace le débat démocratique. Il y a une proximité très importante entre le monde des décideurs politiques et le monde des affaires. En plus, Bruxelles permet une vraie proximité géographique. Tout le monde travaille au même endroit et se croise au quotidien dans la bulle bruxelloise. Il y a également un manque de formation sidérant. Les ressorts du lobbying sont maintenant connus, et très documentés. Mais les fonctionnaires et les élus européens n’y sont pas du tout formés.

    > Dans les institutions publiques européennes, il existe une grande confusion entre l’intérêt général et l’intérêt des grandes entreprises. Pour justifier le retard de deux ans qu’elle a pris sur son obligation de réglementation des PE, la Commission mène une étude d’impact : celle-ci mesure les effets négatifs d’une interdiction des PE sur l’économie et les entreprises, mais pas les effets positifs d’une telle interdiction sur la santé et l’environnement ! La vie des personnes est devenue moins prioritaire que la bonne santé des entreprises.

    > Propos recueillis par Nolwenn Weiler

    > Photo : CC Jacques Lebleu

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  • Les dix casseroles de Vinci, bétonneur de Notre-Dame-des-Landes

    par Tiffany Blandin (Reporterre)

     

    Il est le deuxième groupe de BTP au monde. Et champion français du béton, concessionnaire d’autoroutes, de parkings, de stades, d’aéroports. Il veut saccager la zone humide de Notre-Dame-des-Landes. Mais Vinci, c’est aussi une liste, non exhaustive, de dossiers destructeurs de l’environnement. Et de juteux arrangements financiers.

    Vinci : cinq lettres, un géant peu connu, le promoteur du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Aéroports du Grand Ouest (AGO), filiale du groupe et concessionnaire du site, a demandé à la justice l’expulsion immédiate des habitants historiques de la zone, qui refusent de quitter leurs terres. Le tribunal de Nantes a approuvé les expulsions lundi 25 janvier. L’éviction par Vinci de ces opposants permettrait le début des travaux de cette infrastructure très controversée.

    Mais qui connaît vraiment Vinci ? À Reporterre, nous avons eu envie de dresser un portrait du premier groupe de construction français. Qui est aussi le deuxième acteur du BTP (bâtiments et travaux publics) dans le monde, avec 38,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2014. Réparties dans une centaine de pays, plus de 185.000 personnes sont salariées par ce mastodonte.

    Quand l’État français décide de confier la construction et la concession de grands projets à une entreprise privée, la firme implantée à Rueil-Malmaison, près de Paris, remporte souvent le contrat. Elle gère ainsi 4.386 kilomètres d’autoroutes, de nombreux parkings souterrains, des stades, et même l’éclairage public de certaines communes. Le groupe se développe aussi à l’étranger. Un des principaux axes de sa stratégie est de se développer dans les aéroports, à l’étranger - et en France. Il en exploite 33. Pour connaître le détail des activités de Vinci, c’est par ici.

    Mais il y a évidemment un revers à la médaille. Bulldozers et pelleteuses massacrant l’environnement, soupçons autour de l’attribution des marchés, conditions de travail de ses salariés. Voici la liste, non exhaustive, des casseroles du géant du BTP.

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  • L’apocalypse financière approche

    Les banques U.S ont 247.000 milliards de dollars d’exposition sur les dérivés

     

    Saviez-vous qu’il y a 5 banques “trop importantes pour faire faillite”(too big too fail) aux États-Unis dont chacune est exposée aux instruments dérivés d’un montant supérieur à 30.000 milliards de dollars ?

    Dans l’ensemble, les plus grandes banques américaines ont collectivement plus de 247.000 milliards de dollars d’exposition sur les produits dérivés.Ce montant est 13 fois supérieur à la taille de la dette publique des Etats-Unis (19.000 milliards de dollars), et c’est une bombe à retardement qui pourrait déclencher à chaque instant l’apocalypse financière.

    Globalement, selon la Banque des règlements internationaux(BRI), la valeur théorique de l’ensemble des contrats de produits dérivés en circulation équivaut au montant inimaginable de 552.900 milliards de dollars. Les banquiers nous assurent que ces instruments financiers sont beaucoup moins dangereux qu’ils ne le paraissent, et qu’ils ont réparti le risque un peu partout de telle sorte qu’il est impossible de provoquer l’effondrement du système. Mais concernant le risque – vous aurez beau essayer de le répartir un peu partout et d’autant de façons possibles, vous ne pouvez jamais l’éliminer. Et lorsque cette bulle de dérivés implosera enfin, il n’y aura pas assez d’argent sur ​​toute la planète pour régler le problème.

    Un grand nombre de lecteurs peuvent être tentés d’abandonner la lecture de cet article dès maintenant, parce que l’expression «produits dérivés» paraît assez compliqué. Et oui, les détails de ces arrangements peuvent être extrêmement compliqués, mais le concept est assez simple. Voici une bonne définition sur la notion de «produits dérivés» qui vient de Investopedia …

    Un produit dérivé est une sécurité dont la valeur fluctue en fonction de l’évolution du taux ou du prix d’un autre produit appelé sous-jacent.

    Ce produit consiste en un contrat entre deux parties, un acheteur et un vendeur, qui fixe des flux financiers futurs fondés sur ceux d’un actif sous-jacent, réel ou théorique, généralement financier. Les actifs sous-jacents les plus courants comprennent les actions, obligations, matières premières, devises, taux d’intérêt et des indices boursiers.

    Le marché des produits dérivés est une forme de “jeu légalisé”(Casino). Ceux qui sont engagés dans la négociation de produits dérivés font simplement le pari que quelque chose se produira ou non dans l’avenir. Les produits dérivés ont joué un rôle déterminant lors de la crise financière de 2008, et je suis convaincu qu’ils joueront à nouveau un rôle majeur dans cette nouvelle crise financière.

    Et je ne suis certainement pas le seul qui soit préoccupé par la nature potentiellement destructrice de ces instruments financiers. Dans une lettre qu’il avait écrit aux actionnaires de Berkshire Hathaway en 2003, Warren Buffett avait qualifié les produits dérivés comme étant des “armes financières de destruction massive”

    Le mauvais génie des produits dérivés est maintenant sorti de sa bouteille et ces instruments vont certainement se multiplier en nombre et variété avant que leur toxicité n’apparaisse. Jusqu’à présent, les banques centrales et les gouvernements n’ont trouvé aucun moyen efficace pour les contrôler, voire même de surveiller, les risques liés à ces types de contrats. Je considère les produits dérivés comme étant des armes de destruction massive, véhiculant le risque, qui même s’il est latent actuellement est potentiellement mortel.

    Depuis la dernière crise financière, les grandes banques dans ce pays sont devenues encore plus irresponsables. Et c’est un énorme problème, puisque notre économie est encore plus dépendante d’elles que nous l’étions la dernière fois. A ce stade, les quatre plus grandes banques aux États-Unis sont environ 40 % plus importantes qu’elles ne l’étaient en 2008. Les cinq plus grandes banques représentent environ 42 % de l’ensemble des prêts de ce pays, et les six plus grandes banques représentent environ 67 % de l’ensemble des actifs dans notre système financier.

    Donc, le problème du “trop importantes pour faire faillite” est maintenant plus important que jamais.

    Si ces banques font faillite, nous souffrirons tous.

    Hier, j’ai écrit sur la manière dont la Réserve fédérale avait mis en place de nouvelles règles qui limiteraient la capacité de la Fed à effectuer des prêts d’urgence à ces grandes banques lors de la prochaine crise. Donc, si la survie de ces grandes banques est menacée par une crise des produits dérivés, l’argent servant à les renflouer viendrait probablement de quelque part d’autre.

    Dans un tel scénario, pourrions-nous voir le modèle européen de “renflouement interne” appliqué aux Etats-Unis ?

    Ellen Brown, l’une des critiques les plus féroces de notre système financier actuel et l’auteure de “web of the debt”, semble le penser…

    La loi Dodd-Frank stipule dans son préambule qu’elle “protégera le contribuable américain en mettant fin aux renflouements.”

    Mais elle ne le fait pas en vertu du second point en imposant les pertes des sociétés financières insolvables à leurs actionnaires principaux, puis minoritaires, et aux autres créanciers non garantis. Ce qui comprend les déposants qui représentent la plus grande catégorie de créanciers non garantis de n’importe quelle banque.

    Ce second point vise à “assurer que le paiement des demandeurs soit au moins équivalent à ce qu’ils auraient reçus dans le cas d’une faillite.” Mais voici le hic: en vertu de la Loi Dodd-Frank et de celle de 2005 sur les faillites, les réclamations sur les dérivés ont une super-priorité sur toutes les autres demandes, garantis et non garantis, assurés et non assurés.

    Le marché des dérivés de gré à gré “over-the-counter” (OTC) (le plus grand marché pour les produits dérivés) est constitué de banques et d’autres acteurs très sophistiqués tels que les hedge funds. Ces produits dérivés OTC sont les paris que ces acteurs financiers prennent les uns contre les autres. Les réclamations sur ces produits dérivés sont considérées comme «garanties» parce que la garantie est affichée par les parties.

    Pour une raison inexplicable, l’argent durement gagné que vous déposez à la banque n’est pas considéré comme “sécurisé” ou “garanti”. C’est juste un prêt à la banque, et vous devez faire la queue avec les autres créanciers dans l’espoir de le récupérer.

    Comme je l’ai dit hier, la FDIC est supposée garantir les dépôts bancaires faits aux États-Unis, mais en réalité, elle a seulement une très, très petite quantité d’argent pour couvrir toutes les demandes (jusqu’à concurrence de 250 000 dollars en 2012). Mais comme Brown l’a souligné, la FDIC compte environ seulement de 70 milliards de dollars pour couvrir les faillites bancaires.

    Si des centaines de milliards, voire des milliers de milliards de dollars étaient finalement nécessaires pour renflouer le système bancaire, alors d’où viendra tout cet argent ?

    Il serait difficile de surestimer la menace que les produits dérivés posent à nos banques “trop importantes pour faire faillite”. Les chiffres suivants proviennent directement du plus récent rapport trimestriel du Bureau du contrôleur de la Monnaie (Office of the Comptroller of the Currency – OCC) (voir le tableau 2), et ils révèlent une telle irresponsabilité qu’il est difficile de l’expliquer par des mots…

    Citigroup

    Actifs totaux: 1.808.356.000.000 $ (plus de 1.800 milliards de dollars)

    Exposition totale aux produits dérivés: 53.042.993.000,000 $ (plus de 53.000 milliards de dollars)

    JPMorgan Chase

    Actifs totaux: 2.417.121.000.000 $ (environ 2.400 milliards de dollars)

    Exposition totale aux produits dérivés: 51.352.846.000.000 $ (plus de 51.000 milliards de dollars)

    Goldman Sachs

    Actifs totaux: 880.607.000.000 $: (moins de mille milliards de dollars)

    Exposition totale aux produits dérivés: 51.148.095.000.000 $ (plus de 51.000 milliards de dollars)

    Bank of America

    Actifs totaux: 2.154.342.000.000 $ (un peu plus de 2.100 milliards de dollars)

    Exposition totale aux produits dérivés: 45.243.755.000.000 $ (plus de 45.240 milliards de dollars)

    Morgan Stanley

    Actifs totaux: 834.113.000.000 $: (moins de mille milliards de dollars)

    Exposition totale aux produits dérivés: 31.054.323.000.000 $ (plus de 31.000 milliards de dollars)

    Wells Fargo

    Actifs totaux: 1.751.265.000.000 $ (plus de 1.750 milliards de dollars)

    Exposition totale aux produits dérivés: 6.074.262.000.000 $ (plus de 6.000 milliards de dollars)

    Comme «l’économie réelle» se détériore, les principaux hedge funds continuent de tomber comme des mouches, et nous nous dirigeons vers une nouvelle récession, il semble y avoir très peu d’inquiétude dans la population en général par rapport ce qui se passe et à la situation actuelle.

    Les médias traditionnels nous assurent que tout est sous contrôle, et d’ailleurs, il suffit de le constater en lisant ce gros pendant cette saison de fêtes: “Kylie Jenner montre ses fesses pour dévoiler son nouveau tatouage”.

    Mais dans l’ombre, les problèmes menacent.

    Une nouvelle crise financière a déjà commencé, et elle va s’intensifier à mesure que nous nous dirigeons vers 2016.

    Et comme cette nouvelle crise se développe, Je crains que vous n’ayez à entendre souvent parler des “produits dérivés”, parce qu’ils joueront un rôle majeur dans l’apocalypse financière qui est imminente.

    Source: theeconomiccollapse

     

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  • Charlie et Oncle Bernard : un an après

    par Jacques SAPIR

    Nous vivons un temps de commémoration. Et, aujourd’hui, ce sont les victimes des attentats de janvier 2015 que l’on nous invite à honorer. Certains des témoignages qui sont publiés sont respectables, et touchants. Mais d’autres s’inscrivent dans une logique qui est un attentat de plus à la mémoire des personnes qui ont perdu leur vie.

    L’une des victimes de ces actes atroces fut l’économiste Bernard Maris, assassiné avec une partie de la rédaction de Charlie Hebdo. Fils de Républicains espagnols émigrés en France, il avait fait de brillantes études d’économie couronnées par une thèse en 1975. Il avait suivi le cursus honorum qui devait le mener au poste de professeur et enchaîné les postes, récoltant le prix de « meilleur économiste » pour 1995 décerné par Le Nouvel Economiste. Il avait aussi publié des livres importants comme Ah Dieu ! Que la guerre économique est jolie ! (en 1998), ou Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles (en 1999). Il fut l’auteur du remarquable Antimanuel d’économie (publié chez Bréal en 2 volumes) et d’un ouvrage collectif important témoignant de son intérêt pour les sciences sociales, Gouverner par la peur en 2007. On pouvait le suivre à la télévision ou sur France-Inter. Il fut mon directeur de collection de 2000 à 2002 chez Albin Michel. Nous avions, alors, discuté ensemble des journées entières et, de ces discussions, devait surgir un autre livre Les économistes contre la démocratie qui fut publié en 2002. Son écoeurement était immense devant le comportement de certains économistes à gages, dont la seule fonction est de fournir des justifications à qui les payent. Le projet d’un troisième livre, rédigé avec l’un de mes anciens étudiants russes sur la « transition » en Russie ne se fit pas.

    A chacune de nos rencontres, il ne cessait de fulminer contre ce gouvernement et le président. Il fut nommé en 2011 au Conseil Général de la Banque de France, alors qu’il avait déjà largement exprimé ses doutes quant à la survie de la zone Euro, il devait franchir le pas au début de 2014 et expliquer pour quelles raisons il était désormais favorable à une dissolution de la zone Euro et à un retour aux monnaies nationales. J’avais vu ses positions s’infléchir avec le temps parce qu’il comprenait dans quelle impasse l’Euro était en train d’enfermer tant la France que l’Europe. Un livre lui rend hommage qui sort le mercredi 6 janvier 2016[1].

    Mais Bernard Maris ne fut pas la seule victime. De grands dessinateurs, mais aussi des personnes ordinaires, ont perdu la vie lors de ces attentats qui n’ont pas frappés que Charlie Hebdo. Il faut aussi rappeler la mémoire de Ahmed Merabet, 42 ans, enfant de l’immigration, policier de la brigade VTT du commissariat du XIème, assassiné par les tueurs qui ont frappé Charlie Hebdo. De même, on s’incline devant Franck Brinsolaro, policier du service de la protection de personnalités, qui avait en charge la protection de Charb de Charlie Hebdo ou encore leur collègue tuée de sang froid par Coulibaly.

    Ces attentats n’ont été que le début d’une série d’actes terroristes, dont les massacres du 13 novembre ont été comme un tragique point d’orgue. Et delà surgit une question : le gouvernement français a-t-il bien pris toute la mesure du drame de janvier 2015 ? Car, s’il est bon de s’émouvoir, de marcher et de protester, il est encore meilleur, et bien plus utile, de prévenir la répétition de tels actes. On ne peut qu’être rongé par cette question : tout a-t-il bien été fait pour tenter d’éviter la répétition de ces crimes ?

    Et c’est là que la commémoration produit une gêne certaine.

    A vouloir en rajouter sur le registre de l’émotion, n’a-t-on pas perdu en réflexion ? Il bien beau de produire des documentaires, d’organiser des concerts in memoriam, bref de faire ce qu’exige de nous une société du spectacle qui se repait des douleurs collectives.

    Mais il serait bien plus utile de répondre à certaines interrogations. Les mesures que le gouvernement s’est enfin résolu à prendre, comme la suspension des accords de Schengen, les contrôles et les sanctions contre les « prédicateurs de haine » n’ont-elles pas été trop tardives ? A trop vouloir commémorer, nous risquons de passer à côté de véritables questions. Et de toutes, c’est bien celle de la responsabilité du gouvernement entre janvier et novembre 2015 qu’il faut poser. Pourquoi a-t-on dit après l’attentat du Thalys que des portiques étaient impossibles à mettre en place dans les gares pour découvrir soudain en décembre qu’une telle mesure était parfaitement applicable ?

    Au-delà, la récupération politicienne des attentats de janvier 2015 par le gouvernement pose problème. On a dit tout le dégoût que la mise en scène de la marche de masse du 11 janvier 2015 pouvait inspirer et pourquoi, en dépit de dégoût, il fallait y participer quand même[2].

    En prenant la responsabilité de faire manifester les Français en compagnie de gens infréquentables, le gouvernement français a pris la responsabilité de salir un mouvement de masse.

    On dira que ceci n’est qu’un épiphénomène, et que les millions et millions qui ont marché dans toute la France représentaient bien plus que ces rangs de politiciens qui n’ont eu aucune honte à marcher sur des morts. Et l’on aura sans doute raison. L’ampleur du mouvement était telle que rien ne pouvait réellement l’atteindre. Et pourtant, cette récupération mesquine ne faisait qu’anticiper sur d’autres qui sont encore en cours. Parler ainsi d’un “génération Bataclan” est une profonde ignominie. La dignité est visiblement un mot inconnu des responsables de la cellule de communication de François Hollande.

    Ces événements terribles auront, pour la génération de 1968 et des années qui suivirent, marqués un tournant radical. Nous sommes définitivement sortis du temps de l’espérance et de la joie pour entrer dans une période sombre, même si ce tournant était manifeste depuis des années. Il nous faut en tirer les leçons.

    NOTES :

    [1] Collectif, Pour saluer Bernard Maris, éditions Flammarion, Paris, en librairie le 6 janvier

    [2] Sapir J. « A dimanche, hélas… », note publiée sur le carnet RussEurope le 10 janvier 2015, 

    http://russeurope.hypotheses.org/3259

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  • L'économiste du CNRS Frédéric Loridon : la sortie de l'euro est à portée de main.

     

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