Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Économie - Page 6

  • Des histoires de dettes...

     

    Par MS 21

    Nous ne prendrons en considération que les dettes des Etats appelées aussi dettes souveraines.

    Comment réagissent les pays endettés? Que font-ils pour «s'en sortir»? A travers quelques exemples nous allons exposer diverses situations.

    Nous savons comment Philippe IV le Bel a résolu ses énormes difficultés financières: il a habilement intrigué contre l'ordre des Templiers pour les faire condamner comme hérétiques et ainsi accaparer leurs immenses richesses.

    Louis XIV a fait arrêter et emprisonner Nicolas Fouquet afin de confisquer sa fortune qui était colossale.

    En 1789, la dette de l'Etat est réglée grâce à la confiscation des biens du clergé.

    Les bolcheviks en 1918 ont déclaré qu'ils ne reconnaissaient pas les dettes contractées par le Tsar et les fameux emprunts russes sont devenus de vulgaires bouts de papier sans valeur.

    Façons autoritaires et efficaces de régler les ardoises....

    Par l'accord de Londres en 1953, les Alliés créanciers, Etats-Unis en tête, font des concessions très importantes aux autorités et aux entreprises allemandes endettées qui vont bien au-delà d'une réduction de dette. La raison est politique : c'est le début de la guerre froide, il s'agit de reconstruire une Allemagne forte dans une Europe puissante capable de faire barrage au communisme et de contrer l'influence de l'URSS. Les créanciers effacent les dettes quand ils y ont un intérêt.

    Mais certains pays ont payé rubis sur l'ongle leur dette: c'est l'histoire incroyable de Haïti. En 1804, Haïti, alors colonie française, proclame son indépendance et devient la première République noire du monde après les soulèvements des esclaves et la lutte armée victorieuse (bataille de Vertières) contre le corps expéditionnaire français envoyé par Napoléon 1er afin de rétablir l'esclavage. En 1825 la France «concède» l'indépendance à Haïti mais exige le paiement de 150 millions de francs-or en dédommagement de la perte de sa plus riche colonie: il faut indemmniser les colons et la métropole mais aussi laver l'affront! La jeune République paiera ...jusqu'en 1947! Même réduite à 90 millions, cette dette odieuse et illégitime a empêché tout développement économique faisant de ce pays le plus pauvre du continent américain.

    Prenons quelques exemples plus récents.

    En Equateur, dès son élection, le Président Raphaël Correa annonce qu'il mettra en place une commission pour un audit intégral de la dette. Le travail de la commission dura 14 mois et son rapport final fut publié en septembre 2008.

    Un audit n'est pas seulement un exercice comptable mais une appréciation de la pertinence des prêts, de l'utilisation des fonds alloués, de l'efficacité des investissements etc...La conclusion de la commission est claire: de nombreux prêts ont été accordés en violation des règles et constituent une dette illégitime. En novembre 2008, le gouvernement équatorien annonce qu'il cesse de rembourser la dette commerciale, il rachète en secret une bonne partie des titres vendus sur les marchés financiers et propose d'acheter les titres restant à 35% de leur valeur. C'est à prendre ou à laisser. Au risque de tout perdre les créanciers acceptent de vendre. En juin 2009, l'Equateur annonce publiquement qu'il a racheté 91% des titres.

    En conclusion, l'économie réalisée sur le service de la dette est de 7 milliards de dollars qui seront versés au budget de la santé et de l'éducation.

    En Argentine l'inflation et même l'hyper-inflation est un mal récurrent que tous les gouvernements ont tenté de juguler. Un des moyens utilisés par le Président Carlos Menem fut d'arrimer le peso au dollar et de déclarer, de façon tout à fait artificielle, la parité peso-dollar. Immédiatement l'inflation tomba à un taux à un chiffre et l'économie se porta plutôt bien pendant la décennie 1990. Mais la brutale remontée du dollar en 1998 met en difficulté toute la politique économique et monétaire du pays car pénalise fortement les exportations. L'Argentine entre en récession dès 1999: cette crise engendre des manifestations de chômeurs (les piqueteros), des protestations parfois violentes (28 morts en 2001) qui entraînent la chute de 5 présidents de la République en l'espace de quelques semaines. Cette crise se termine en 2003 par l'élection de Nestor Kirchner et d'un gouvernement favorable aux classes populaires.

    Si la dictature militaire (1976-1983) a laissé une ardoise d'environ 45 milliards de dollars, la dette était arrivée à 140 milliards juste avant la crise de 2001.

    Kirchner et Lavagna son ministre des finances, réussissent en février 2005 à renégocier la dette: réduction d'environ 70% d'une partie de la dette, reconversion d'une autre partie en bons du Trésor et un échéancier sur 42 ans.

    La situation de l'Argentine s'est stabilisée , le chômage a baissé , la coopération avec les pays voisins est active.

    L' Islande a connu une grave crise financière de 2008 à 2011, les dettes des banques étaient alors de 1000% du PIB ! Sept ans plus tard , l'Islande est sortie de la crise, a retrouvé la croissance. Comment? Y aurait-il une recette? Revenons en arrière....

    L'Islande est un tout petit pays européen de 328 000 habitants dont on ne parle guère ....En juillet 2009 le gouvernement islandais avait sollicité son adhésion à l'Union européenne pensant que faire partie d'un ensemble de plus de 500 millions d'habitants pourrait fouetter son économie en déclin. Mais en 2013 le nouveau gouvernement issu des élections d'avril a interrompu les négociations, car vu ce qui se passe en Grèce, il a compris que l'Union européenne ne leur apporterait rien de bon.

    Les 3 banques principales de l'île s'étaient engagées dans un processus à risque:

    elles attiraient des fonds d'épargne étrangers avec des taux d'intérêts surélevés et spéculaient avec cet argent sur les places financières du monde entier. Mais la bulle éclata, le système s'écroula et en 2008 les 3 grandes banques islandaises font faillite. Cette crise bancaire provoque une chute brutale de l'activité et une montée rapide du chômage qui atteint 9% de la population active.

    L'Etat recherche des emprunts pour relancer l'économie: les Pays nordiques , la Pologne et le FMI prêteront des capitaux mais les Islandais sont humiliés et l'appel au FMI est une autre humiliation car, sous la pression de l'Union européenne, l'aide du FMI n'est accordée que contre l'engagement de rembourser les épargnants européens – surtout britanniques et hollandais - ce qui représente environ 4 milliards d'euros! Le Parlement islandais accepte mais le peuple dit NON !

    Des milliers de personnes signent des pétitions, se rassemblent tous les samedis sur la place du Parlement* pour exprimer bruyamment leur colère : ceux qui ont gagné beaucoup d'argent en spéculant doivent accepter de perdre et ce n'est pas à nous, le peuple de rembourser !

    Suite à ces manifestations, le Président de la République n'a pas promulgué la loi votée au Parlement et se tourne vers le peuple. Il y aura 2 référendum l'un en mars 2010, l'autre en avril 2011. A chaque fois les électeurs disent non au paiement des dettes bancaires par l'Etat ( 93% de NON en 2010, 60% en 2011) et obligent les dirigeants à renégocier . Ce sera long et douloureux, les Islandais subiront une perte de pouvoir d'achat d'environ 30% ! Mais grâce à diverses mesures énergiques (nationalisation des banques, forte dévaluation de la monnaie, contrôle strict des échanges de capitaux, restructuration et allégement des dettes des petites et moyennes entreprises ….) l'Islande est sortie de la crise sans avoir coupé dans les budgets sociaux de la santé et de l'éducation. Maintenant, le PIB progresse de 2 à 2,5% l'an, le pouvoir d'achat retrouve son niveau de 2008, le chômage est redescendu autour de 5%, la balance commerciale est positive.

    Pourquoi la Grèce est-elle plongée dans une terrible crise humanitaire depuis 5 ans ? Parce qu'elle ne peut ni dévaluer, ni nationaliser ses banques, ni contrôler les mouvements de capitaux, ni prendre des mesures protectionnistes, ni monétiser sa dette ....les traités européens le lui interdisent!

    Pour «s'en sortir» il faudrait sortir de la zone euro et de l'Union européenne ! Des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent pour dire que la construction européenne est un carcan et l'euro une camisole de force.

    *Place du Parlement au centre de Reykjavik : célèbre place, lieu de toutes les manifestations et où se trouve une plaque qui porte cette inscription: « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.» ( article 35 de la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen 24/06/1793 )

    On voit que la Révolution française a eu une forte influence jusqu'en Islande!

     

    Sources: Vive la banqueroute ! (François Ruffin , Fakir éditions )

    CADTM ( cadtm.org)

    L'Islande ( Michel Sallé, ed. Karthala)

    AAA ( damien Millet et Eric Toussaint, Seuil )

     

    Lien permanent Catégories : Économie, Europe 0 commentaire
  • AGIR POUR UN PLURALISME ECONOMIQUE

     

    LA PENSEE UNIQUE NEO-LIBERALE EST EN ECONOMIE CE QU'EST LE PARTI UNIQUE EN DEMOCRATIE.

     

    La pensée unique en économie est aujourd'hui la pensée néo-libérale qui privilégie la rationalité individuelle au détriment des classes sociales. L'analyse économique néo-libérale cherche à élaborer une théorie mathématique du marché pour faire de l'économie une science exacte. S'est surajoutée l'idée qu'il n'y a pas de problèmes qu'une bonne incitation financière ne saurait résoudre. Les deux mythes de cette pensée dominante sont ainsi créés, d'une part l'homo oeconomicus, individu cherchant à maximiser ses intérêts, d'autre part le marché compétitif modèle de la relation sociale.

     

     

    Le courant néo-classique s’incarne dans le courant dominant (« mainstream ») qui irrigue tous les champs de la vie sociale : croissance, salaire, retraite, chômage, pouvoir d'achat, impôts, services publics, commerce international, déficits publics, politiques environnementales, ……… Cette pensée dominante, qualifiée d'orthodoxe fournit non seulement une grille d'analyse unique et hautement contestable : elle a été incapable de prévoir la crise financière de 2008 qui offre une illustration exemplaire des réels dangers que font courir aux citoyens les mauvaises pratiques en sciences économiques. Peut-on oublier l'échec des économistes néo-libéraux, incapables de mettre en garde contre la crise de 2008 ?

     

     

     

    La pensée économique néo-libérale est imposée dans la formation universitaire de nos étudiants. Cette uniformité de la formation universitaire menace l’avenir de la pensée économique et le débat démocratique. A l'opposé du courant dominant orthodoxe, la part des économistes hétérodoxes, hors mainstream dans leur recrutement, a diminué de manière dramatique ces dernières années, passant de 18 % entre 2000 et 2004, à 5 % entre 2005 et 2011. Ceci signifie que sur 120 professeurs recrutés en économie pendant ces six années, on ne compte que 6 hétérodoxes, hors pensée dominante dans l'Université française. En 2015, sept ans après la crise, en dépit des critiques, les remises en question ont été inexistantes, l'orthodoxie a poursuivi comme si rien n'était. Pire encore : rien n'a changé dans les universités, on enseigne toujours la même chose et toujours de la même façon.

     

     

     

    Une des raisons du déclin de la pensée économique est aussi la collusion entre universitaires et employés des groupes financiers et capitalistes : de nombreux économistes se présentent comme universitaires alors qu’ils sont payés par des banques ou des groupes capitalistes. Ils sont les gardiens de la pensée néolibérale.

     

     

     

    L'alerte du refus du pluralisme économique fut donnée dès 1992 par une pétition dans l'American Economic Review signée par plus de 40 économistes prestigieux. En France, un groupe d'économistes français crée en 2009 l'Association française d'économie politique (AFEP) (http://assoeconomiepolitique.org/) qui demande dès l'année suivante la création d'une nouvelle section du Conseil national des universités (CNU), intitulée « Économie et société », distincte de la section « Sciences économiques » . Cette proposition d'une nouvelle section pour permettre le pluralisme économique fit l'objet en 2012 d'un appel dans le journal Le Monde. Après que les propositions aient été rendues publiques, l'AFEP rencontraient les autorités de tutelle du Ministère de l’Éducation nationale (Najat Vallaud-Belkacem) et du Secrétariat d’État chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (Geneviève Fioraso) dont les représentants annonçaient le 11 décembre 2014 officiellement la création d'une nouvelle section du CNU intitulée « Institutions, économie, territoire et société ». Le 2 janvier 2015, la secrétaire d’État, Geneviève Fioraso, se rétracte et annule la parution du Décret sous l'effet de pressions universitaires, notamment de l’économiste universitaire néo-libéral Jean Tirole, récent prix Nobel d'économie qui voit dans ce projet une « catastrophe pour la visibilité et l'avenir de la recherche en sciences économiques dans notre pays » qui « promeut le relativisme des connaissances, antichambre de l'obscurantisme ». La violence de la réaction à l'idée même d'un pluralisme des idées révèle ce qu'est le climat intellectuel en économie.

     

     

     

    Antonin Pottier dans son travail de thèse (« L'économie dans l'impasse climatique ») constate que les modèles mathématiques utilisés en économie sont peu reliés à la réalité. Cette déconnexion entre la science économique néo-libérale et les réalités matérielles l'invite à étudier un ensemble de questions liées à l'énergie, plus précisément quel rôle les économistes attribuent à l'énergie dans le processus du développement économique. Il observe notamment que les manuels de référence sur la croissance ne mentionnent pas le rôle des ressources ou de l'énergie dans la croissance. La question est tout simplement ignorée. Il en apporte une démonstration en consultant les titres des articles parus dans le Journal of Economic Growth depuis sa création en 1996, soit environ 240 articles. Aucun article n'examine le rôle de l'énergie et des ressources dans la croissance. Des articles sont consacrés au système politique et traitent de la « bonne gouvernance » celle qui assure la croissance. D'autres articles traitent des facteurs démographiques, de l'influence du commerce et de l'échange international, d'innovations techniques, de brevets, de progrès technique. Mais en dépit de cette profusion, nulle trace de réflexion sur la place et le rôle de l'énergie fossile alors que la question écologique et de la nécessaire transition énergétique font l'objet de multiples déclarations politiques sans réel changement.

     

     

     

    Ce problème est à mettre en lien avec le rôle prédominant que la pensée néolibérale fait jouer à la croissance. Le capitalisme a besoin de toujours plus de croissance de la production. Il en fait une nécessité, qui a priorité sur tous les autres problèmes, en particulier environnementaux.

     

     

     

    Pour le MS21, le pluralisme économique est une nécessité sociale et

     

    écologique. C'est également un garant pour la démocratie.

     

     

     

    Défendre le pluralisme en économie, c'est venir signer en ligne la pétition suivante sur le site de l'AFEP http://assoeconomiepolitique.org/.

     

     

     

     

     

    Pour en savoir plus :

     

     

     

    Collectif 2015.A quoi servent les économistes s'ils disent tous la même chose ? Manifeste pour une économie pluraliste. Ed. Les Liens qui libèrent : 110 pp.

     

    Jean-Claude Michéa 2010 Impasse Adam Smith, Ed. Flammarion, Champ Essais

     

    Antonin Pottier 2014. L'économie dans l'impasse climatique. Thèse d'économie dans la spécialité économie de l'environnement, CIRED, Paris : 553 pp.

     

    Laura Raim 2015. Police de la pensée économique à l'Université. Le Monde Diplomatique, juillet 2015

    Lien permanent Catégories : À Gauche, Économie 0 commentaire
  • Ci-gît SYRIZA ?

     

     

     

     


    L’impitoyable règne, l’amertume déborde. Rien ne sera plus comme avant, hormis la poursuite du génocide économique et encore. Notre situation relève à la fois de la... troisième bataille d'Ypres , de Montoire et de Várkiza ... SYRIZA n’est plus comme avant, je dirais même que dans un sens SYRIZA n’est plus. Histoire alors en direct et de pleine gueule. Mardi 14 juillet dans la soirée, j’ai assisté en... observateur participant invité, à la réunion plénière du courant (Plateforme) de Gauche de SYRIZA.

    Réunion de la Plateforme de Gauche SYRIZA. Athènes, le 14 juillet


    Images obligatoirement floues d’une époque enfin limpide. Les journalistes en ont été exclus car la réunion n’était pas publique ni ouverte, et la consigne a été donnée par les organisateurs et répétée par Panagiótis Lafazánis en personne, “de ne pas enregistrer les débats et de ne pas communiquer, au-delà des déclarations à la presse qui attend dehors”.

    Ainsi, d’après le reportage de la presse grecque du 15 juillet, “lors de la réunion des dirigeants de la Plateforme gauche, ses cadres essayent simultanément de coordonner leurs actions avec d'autres groupes organisés et de dissidents au sein de SYRIZA, afin d'adopter une ligne commune lors des réunions ultérieures, autant au Parlement, que dans les organes du parti”. “Notre feuille de route est d'aller vers la monnaie nationale, cela nous devrions l’avoir déjà fait, et nous pouvons le faire maintenant, en utilisant les 22 milliards d’Euros de réserve de la Banque de Grèce pour payer les salaires et les pensions, et ainsi profiter de ce laps de temps pour imprimer notre propre monnaie, aurait dit M. Lafazánis, car la réunion était à huis clos, et il n’y a pas eu de communiqué publié”.

    Réunion de la Plateforme de Gauche de SYRIZA, le 14 juillet 2015


    Manifestement, de nombreux membres de cette composante de SYRIZA, se ont ouvertement positionnés en faveur d’un vote, contre la proposition du gouvernement conduisant à l’accord, cependant, ils ont laissé la porte ouverte, celle de la communication et du dialogue, ils ont aussi réitéré la nécessité absolue, même en ce moment du rejet de l’accord par le gouvernement”.

    Des informations très fiables, indiquent que la Plateforme de Gauche échange et converse avec l'ex-ministre des Finances (Yanis Varoufákis)”, quotidien “Ethnos” du 15 juillet. Tout cela est juste, sauf que je ne peux écrire davantage... sur les échanges et sur les débats qui se sont déroulés hier, les lecteurs de greekcrisis peuvent ainsi comprendre !

    Journalistes et cameras devant l'hôtel où se tenait la réunion de la Plateforme de Gauche. Athènes, le 14 juillet


    Je peux par contre écrire, que le climat était bien grave, les visages crispés et les cœurs bien battants. Les ministres issus de la mouvance gauche de SYRIZA (et qui ne le seront plus dans quelques heures), ont précisé ce que tout le monde d’ailleurs sait: “La procédure est anticonstitutionnelle, plus anticonstitutionnelle même que jamais... autant auparavant. Personne n’a lu réellement le long texte étalé sur seulement deux articles, les ministres concernés non plus. C’est un diktat... dicté et imposé, donc c’est un viol, d’abord de la volonté populaire exprimée lors du référendum, de la souveraineté nationale et... accessoirement de la Gauche, en Grèce et partout ailleurs. Nous, nous n’accepterons pas cette version de l’histoire... de notre histoire”.

    Le mémorandum III et... Tsipriote, a été même qualifié de “Solution finale”, tandis que les arguments avancés par Alexis Tsípras sur le “paquet alloué au développement” et sur l’ex-annulation de la dette grecque, c’est à dire son rééchelonnement lointain vers 2022, ont été réfutés par les élus de la Plateforme de Gauche, lors de la réunion mais aussi par la suite publiquement ce mercredi matin dans les médias.

    Joint par téléphone en direct, le député Plateforme de Gauche et du Pirée, Leoutsakos, a expliqué sur la télévision Ant1 (15 juillet), sa “mission qui est aussi celle de la Plateforme de Gauche et en réalité de tout SYRIZA fidèle à son histoire et à ses engagements vis à vis du peuple grec, référendum compris: informer, lutter, préparer le peuple pour enfin sortir de zone euro, car... aucune politique de gauche n’est possible pour les pays de la dite zone, d’où l’effondrement total de la stratégie SYRIZA jusque là. Si cet accord (le mémorandum III) passe, alors nous lutterons jusqu’à son annulation.

    Manifestante ex-Syriziste brûle le drapeau du parti. Place de la Constitution, le 13 juillet, source: internet grec


    Alexis Tsípras a commis une grave erreur en acceptant cet accord, car c'est effectivement une erreur de rester dans une zone monétaire sous les ordres de la soumission. D’ailleurs nous voterons ‘Non’ au texte et nous ne démissionnerons pas du mandat de député. Car ce mandat appartient à SYRIZA, et nous, nous restons fidèles aux idées du parti tout en respectant la déontologie en interne. Mais nous ne fonderons pas pour autant un nouveau parti, seulement au sein de SYRIZA il y aura du changement, c’est certain” (je cite de mémoire).

    Dimítris Vitsas, également député SYRIZA (de... la majorité), très agacé a aussitôt quitté le studio où il participait à un panel d’invités, cela a donc pu démontrer la... clarté du débat chez SYRIZA.

    Peu avant midi (15 juillet), Nadia Valaváni (ministre déléguée de l’Économie) a démissionné, tandis que Zoé Konstantopoúlou, Présidente de l’Assemblée supposée Nationale, a exhorté les députés à ne pas céder devant le coup d'État et face au chantage.

    Les événements se bousculent devant l’issue de secours de l’histoire. Place de la Constitution... piétinée par le nazisme bleu de l’UE et de Berlin eternel, des manifestants... de type nouveau ont fait leur apparition. Ces Syrizistes indignés, manifestent avec rage et détermination, certains ont même brûlé le drapeau de... leur parti. Le nouveau slogan qui orne désormais le marbre de la place est le suivant: “Ci-gît SYRIZA... que je soutenais jadis”. Les forces spéciales de la police (MAT - CRS) ont par ailleurs retrouvé... toute leur place devant le Parlement. Ci-gît alors un certain SYRIZA...

    Ci-gît SYRIZA. Place de la Constitution, le 13 juillet

     

    Retour des unités de la Police devant le Parlement. Athènes, le 13 juillet

     

    Nouveaux manifestants. Place de la Constitution. Le 13 juillet


    La stratégie de la Plateforme de Gauche semble se dessiner: prendre le contrôle du parti et reléguer du gouvernement Tsipriote au rang d’électron mémorandaire “libre”. Ce serait presque fait. L’affirmer c’est prématuré. Cependant, mercredi (15 juillet), un texte signé par 109 membres du Comité Central de SYRIZA (sur un total de 201 délégués) et aussitôt publié par la presse appelle à l’unité de SYRIZA, et au respect des engagements adoptés avant les élections et lors du dernier congrès du parti.

    Le 12 juillet a eu lieu à Bruxelles un coup d'État. Il a prouvé que le but des dirigeants européens était l'extermination d'un peuple pour en faire un exemple, ce peuple avait songé à la poursuite d’un autre chemin, au-delà et en dehors du modèle néolibéral de l'austérité alors extrême. Un coup d'État donc dirigé directement contre toute conception de la démocratie et de la souveraineté populaire.

    Alexis Tsípras et Panagiótis Lafazánis. Unité... en 2013


    L'accord avec les ‘institutions’ fut le résultat de menaces directes et d’étranglement économique, introduisant ainsi un nouveau mémorandum, dont les termes du contrôle exercé seront encore plus lourds et humiliants, un désastre pour notre pays et pour notre peuple.” “Nous concevons certes la situation, autrement-dit les pressions étouffantes, exercées sur la partie grecque lors des négociations, néanmoins, nous considérons que le fiers ‘NON’ de tout un peuple au référendum, n’autorise pas au gouvernement la soumission au chantage et à l’ultimatum des créanciers. Cet accord n’est pas compatible avec les idées ni avec les principes de la gauche, mais surtout, il n’est pas compatible avec les besoins des couches populaires. Cette proposition ne peut pas donc pas être acceptée par le peuple, ni par les cadres de SYRIZA. Nous demandons la tenue d’une réunion immédiate du Comité central et nous invitons les membres, les cadres et les députés de SYRIZA, à sauvegarder l'unité du parti sur la base des engagements qui ont été les nôtres en janvier 2015, et sur celle, issue du dernier congrès de SYRIZA.”, voilà pour le texte dans son intégralité.

    Non au 4ème Reich. Athènes 2010-2015

     

    Plan-B. NON à l'euro. Athènes 2010-2015

     

    Ne vivons pas comme des esclaves. Athènes, 2010-2015

     

    Handicapés et manifestants. Athènes, 2010-2015


    En plus, vingt délégations régionales SYRIZA, se sont ouvertement positionnées de la même manière, et ce n’est qu’un début. Le mémorandum III aura scellé en quelque sorte le sort de SYRIZA, et autant celui de l’Européisme. Pétros, un voisin rencontré mercredi matin est du même avis:

    SYRIZA, en tout cas tel que nous le connaissions, est terminé. Ce mémorandum est un génocide. Nous ne nous laisserons pas faire, avec un SYRIZA nouveau, avec un autre mouvement politique et surtout entre nous mobilisant notre nouvelle conscience, nous ferons tout pour résister et pour sortir de l’UE. Deja, il va falloir sortir de la zone de l’Euro de manière réfléchie et préparée, pas n’importe comment. Et il faut enfin comprendre que la voie actuelle est celle de la mort assurée tandis que l’autre manière, elle sera peut-être difficile, sauf que l’espoir... peut revenir” Il y a encore six mois, Pétros, électeur SYRIZA, pensait que l’Europe était alors un cadre... naturel. Plus maintenant et plus jamais.

    La tragédie politique et incontestablement personnelle d’Alexis Tsípras, a eu le grand mérite de faire bouger les lignes de l’Européisme, en Grèce, comme ailleurs. Lors de la réunion de la Plateforme de Gauche, Panagiótis Lafazánis a insisté sur la fausseté... grassement payée des sondages. “Croyez-moi, tous les sondages sur cette question de l'image prétendument positive de l'UE et de l'Euro sont payés pour être sciemment faux ; il faut en être conscient”, a-t-il précisé.

    Retraités manifestants. Athènes, 2010-2015

     

    Costas Lapavítsas via Skype. Forum pour sortir de l'euro et de l'UE. Athènes, 2013

     

    Vie grecque. Athènes, 2010-2015


    Costas Lapavítsas, économiste et député SYRIZA (Plateforme de gauche), lors de son intervention mardi soir (14 juillet), a insisté sur deux points (déjà connus par ses propos tenus devant les journalistes). “D’abord, c’est la première fois dans ma carrière d’économiste que je rencontre une telle convention d’accord. Non seulement, elle est de type néo-colonialiste, personne ne dira le contraire, mais surtout, surtout hélas, cet accord comporte par certaines de ses formulations et tournures de phrase, un volet ouvertement revanchard et punitif, au-delà même de toute logique économique (même de type néocolonialiste), car c’est ainsi que l’élite de l’Allemagne pense ‘régler l’affaire grecque’”.

    Ensuite, je le répète, nous avons un Plan-B, par lequel, étape après étape, nous sortirons de la zone euro.”. La Grèce sait et la Grèce alors comprend. En se suicidant Place de la Constitution, le retraité pharmacien Dimitri Christoúlas, n’avait pas mâché ses derniers mots. J’y étais... étrange hasard. “Preuve en est le très visionnaire billet, écrit de sa propre main, que ce nouveau martyr des temps modernes qu’est Dimítris Christoúlas, pharmacien de longue date, laissa expressément dans sa poche, tel un véritable manifeste idéologique plus encore qu’un testament spirituel, avant de quitter cette ingrate terre:” “Je crois que les jeunes sans avenir, dans ce pays, prendront un jour les armes et pendront les traîtres.”, note dans son carnet Daniel Salvatore Schiffer, et c’est... dans le Nouvel Observateur.

    Quelques minutes après le suicide de Dimitri Christoúlas. Place de la Constitution, le 4 avril 2012

     

    Nikólaos Palyvos. Jeune scientifique, suicidé en 2012

     

    Le mémorandum, impose ce psychisme de la peur. Athènes, 2010-2015


    Mémorandum après mémorandum, suicide après suicide, c’est alors le lien... social tissé autour de la peur et de la mort qui devient alors le catalyseur non contrôlable du futur. La barrière anatomique de la société grecque a été ouverte depuis, la plaie est béante. Sauf qu’en fin de compte, la peur a été vaincue, déjà en janvier 2015 et ensuite, lors du récent référendum. D’où très... logiquement, cette expédition punitive, héritée du passé impérial et nazi de l’élite allemande.

    Sauf qu’en Allemagne déjà, de nombreux citoyens, voire collectifs politiques expriment leur désaccord et parfois même leur désarroi. Wolfgang Schäuble, escroc et mafieux parmi les grands mafieux, “non seulement prépare un projet d’une l'Europe germanocentrée, il est en plus... l’usufructuaire direct d’un tel projet. Le fonds luxembourgeois... où devaient être alors transférés les 50 milliards de dollars des privatisations grecques imposées initialement par la première version du mémorandum III, est en réalité une société dans laquelle Schäuble est le président du conseil d’administration. Ceci explique alors cela, car nous devons enfin comprendre ce que signifie la mainmise sur les peuples européens de l’oligarchie allemande”, a-t-il déclaré devant les députés ce mercredi le ministre du Travail (SYRIZA) Panos Skourlétis.

    Athènes, 2010-2015

     

    Peuple aux armes. Athènes, 2010-2015




    Fiasco programmé. Athènes 2010-2015


    Le mémorandum III, introduit entre-autres de... l’automaticité quant aux mesures austéritaires, lorsque certains chiffres ne correspondront pas au logiciel ordo-libéral d’Angela Merkel et de François Hollande... dans un sens. C’est autant ; un essai gradeur nature de la nouvelle Europe en gestation. C’est aussi pour cette raison qu’elle est depuis synonyme de haine, de guerre et de destruction massive des sociétés, de la démocratie, des nations et des souverainetés. Donc arrêtons-la, tant qu’il est encore temps, autrement-dit, il faut défaire l’UE, tel doit être le seul et premier programme de la Gauche déjà.

    SYRIZA n’est plus (comme avant d’abord), et le mémorandum III finira très mal. La société grecque explosera alors tôt ou tard, j’en suis convaincu et je ne suis pas le seul à le penser à Athènes.

    La... Grrrrèce, toute la Grèce est en train de grincer des dents. Dans la rue, dans les cafés, les gens sont enflammés, agacés, amers et déterminés. Ils ne disposent pas d’autre arme que leur présence physique ou le vote, et cela, malgré la tromperie et malgré le coup d’État.

    La Grrrèce qui grince. Athènes, 2010-2015

     

    UE, Euro et leur dictature. “Quotidien des Rédacteurs”, juillet 2015


    À la fin de la réunion de la Plateforme de Gauche, nous avons bu un seul verre de vin, et d’ailleurs sec, dans un bistro du coin. Nous avons commenté les événements, ainsi que l’interview qu’Alexis Tsípras avait entre-temps accordée à la télévision publique ERT le même soir. “Il n'est pas convaincant, il est sur la défensive... bonjour”.

    Au moment de la note, Caterína Thanopoúlou, Plateforme de Gauche et Vice-présidente de Région en Attique chargée des Affaires sociales, a sorti un... faux billet de “500 nouvelles drachmes”.

    500 nouvelles drachmes. Le 14 juillet 2015


    C'est déjà un peu tôt et c'est surtout largement en retard, nous regardons toujours le soleil... derrière le grillage de l'euro”!

    SOURCES ICI

    Lien permanent Catégories : Économie, Europe, Grèce 0 commentaire
  • Leçons de la crise grecque sur l’Euro (par Jacques SAPIR)

    Le drame que vit la Grèce nous aura au moins appris deux choses : le lien qui existe aujourd’hui entre l’Euro et l’austérité et l’attachement d’une partie de la gauche à l’Euro, un attachement qui la conduit, maintenant de plus en plus rapidement, à sa perte. La première de ces choses permet de comprendre pourquoi les autorités de la zone Euro se sont montrées à ce point inflexibles. Le second nous explique pourquoi Alexis Tsipras s’est laissé poser la tête sur le billot et n’a pas choisi de rompre quand il le pouvait, c’est à dire dans la nuit du 5 au 6 juillet, après la victoire du « Non » au référendum.

     

    L’Euro, c’est l’austérité

     

    L’Euro est lié à l’austérité de par la logique même de la monnaie unique. Celle-ci met en concurrence des pays aux dotations en facteurs de production (que ces derniers soient matériels ou humains avec le niveau d’éducation) très différents. Pour rétablir leur compétitivité face à des pays mieux pourvus, les pays qui sont les moins bien pourvus doivent donc dégager une épargne supérieure (en pourcentage) à celle des pays les mieux pourvus. Ceci entraîne un déplacement de la consommation vers l’épargne. Comme, dans une monnaie unique, toute différence de taux d’inflation se traduit immédiatement par une perte de compétitivité, les pays les moins bien pourvus ne peuvent compter sur l’inflation comme instrument de financement de cette épargne. On perçoit alors la nature profondément austéritaire de l’Euro.

     

    Cette nature est renforcée par le fait que le taux d’inflation d’un pays ne dépend pas que de sa politique monétaire mais est déterminé, aussi, par la structure de son économie. Un pays ayant ainsi une population dynamique aura naturellement un taux d’inflation supérieur à un pays avec une population stagnante ou décroissante. De même, le taux d’inflation a un impact important sur la création des entreprises : ces créations, et les innovations qu’elles peuvent entraîner, engendrent des mouvements de prix relatifs (le prix d’un bien ou d’un service exprimé en d’autres biens ou d’autres services) qui impliquent un certain taux d’inflation. Dès lors, l’imposition d’un taux d’inflation unifié sur des économies aux structures très différentes implique que pour certain pays la croissance sera largement inférieure à ce qu’elle pourrait être. C’est ce que l’on appelle dans la littérature économique le problème de l’output gap ou écart de production.

     

    Enfin, politiquement, l’Euro introduit un très fort biais en faveur des politiques dites d’austérité car il conduit à la substitution d’un gouvernement où la décision est reine par un gouvernement déterminé par des règles comptables. Ces règles peuvent être internalisées par le personnel politique, ce qui est de plus en plus le cas en France, ou elles peuvent être imposées par la force comme c’est aujourd’hui le cas en Grèce.

     

    Ainsi, il peut y avoir de l’austérité sans l’Euro mais l’Euro implique nécessairement l’austérité. C’est désormais clair pour une large majorité d’européens, qui vont être de plus en plus dégoûté par la monnaie unique. Un article publié dans leFinancial Times le 13 juillet soulignait cet aspect[1].

     

    Les raisons d’un attachement irrationnel de la « gauche »

     

    Mais, face à ce constat, on est alors confronté aux positions d’une partie de la « gauche » qui continue de défendre, envers et contre tous, l’Euro. On l’a vu en France où le P« S », y compris les soi-disant « frondeurs », a soutenu le diktat du 13 juillet, et où même le PCF, par la bouche de Pierre Laurent, à failli le soutenir avant que de changer d’avis et de finir de voter « non » au Parlement. Il y a, il faut le reconnaître, un attachement qui semble irrationnel à l’Euro, et qui a transformé une partie de la « gauche » en bras séculier pour l’application de l’austérité[2]. Ambrose Evans-Pritchard, qui se qualifie lui-même de « libéral dans la tradition de Burke » va ainsi jusqu’à écrire : « Par un retournement du sort, la Gauche est devenue ce qui met en œuvre une structure économique qui a conduit à des niveaux de chômage qui semblaient impensables pour un gouvernement démocratique d’après-guerre avec sa propre monnaie et ses instruments de souveraineté »[3]. La lettre de démission du SPD de Yascha Mounk, une universitaire allemande, publiée dans The Nation, illustre bien ce mouvement particulièrement puissant en Allemagne et le trouble qu’il engendre[4].

     

    Cet attachement concerne aussi une partie de ce que l’on appelle la « gauche radicale ». C’est cet attachement qui a conduit Alexis Tsipras à poser sa tête sur le billot. Le politologue Stathis Kouvelakis a cherché à analyser ce phénomène[5]. Sans vouloir engager un débat il est possible de voir plusieurs raisons dans cet attachement irrationnel et malsain à l’Euro.

     

    • La raison la plus bénigne est une sous-estimation du rôle de la monnaie dans le fonctionnement d’une économie capitaliste moderne. Si la monnaie ne peut exister sans d’autres institutions, et en cela il est clair qu’elle n’est pas la seule institution de l’économie, la manière dont elle est gérée a une influence considérable sur les autres institutions. Cela s’appelle tout simplement la dialectique.
    • Une vision dévoyée de « l’internationalisme » qui prétend qu’au nom d’intérêts communs (qui existent assurément) les peuples seraient Cette vision nie en réalité la notion d’internationalisme qui précise bien que le commun est entre les Nations mais ne se substitue pas à elles. Cette vision dévoyée prétend ainsi que le Libre-Echange est la forme actuelle de « l’internationalisme ». On comprend alors comment elle arrive à constituer l’Euro en fétiche, sans s’interroger sur le fait que les « unions monétaires » sont en réalité assez rares aujourd’hui dans le monde. Toute interrogation sur cette réalité forcerait ceux qui défendent l’Euro-fétiche de revenir sur terre et d’en envisager l’ensemble des coûts et pertes qu’il fait supporter aux économies de la zone.
    • Une idéologie de remplacement pour cette « gauche » qui se dit réaliste, et que l’on appelle la « deuxième gauche ». L’Euro est venu se substituer à la perspective du changement de société qui avait été défendu en 1981. Ayant abandonnée toute idée de changement social, ayant même substitué le « sociétal » au social, cette « gauche » dite réaliste s’est trouvée une idéologie de remplacement dans la construction européenne qu’elle a alors identifiée rapidement à l’Euro. C’est pourquoi toute remise en cause de l’Euro lui apparaît comme une remise en cause de cette dite construction européenne et doit être combattue avec la plus féroce énergie (et la plus grande mauvaise foi) et ce contre toutes les évidences. On a eu un exemple de ce type de comportement avec les déclarations faites par le Président de la république et par le Premier ministre depuis le 13 juillet.

     

    Ces raisons n’épuisent pas le sujet. On dira, à juste titre, que nombre des économistes qui conseillent la « gauche » dite de gouvernement viennent des banques (ou des compagnies d’assurances) et sont donc directement intéressés au maintien de l’Euro. Mais, les raisons d’ordre symbolique et politique l’emportent largement. La conséquence de cela est que la question de l’Euro sera le grand débat des mois à venir. C’est autour de ce clivage que l’on verra se réunir la véritable gauche, celle qui entend rompre avec les logiques des politiques d’austérité et donc de l’Euro et ceux qui s’enfoncerons toujours plus dans une logique de soumission conduisant à l’acceptation totale de ces logiques austéritaires.

     

    Jacques SAPIR

     

    [1] W. Munchau, « Greece’s brutal creditors have demolished the eurozone project », Financial Times, 13/07/2015.

     

    [2] Ambrose Evans-Pritchard, « EMU brutality in Greece has destroyed the trust of Europe’s Left », The Telegraph, 15 juillet 2015,http://www.telegraph.co.uk/finance/comment/ambroseevans_pritchard/EMU-brutality-in-Greece-has-destroyed-the-trust-of-Europes-Left.html

     

    [3] Ambrose Evans-Pritchard, « EMU brutality in Greece has destroyed the trust of Europe’s Left », op.cit., « By a twist of fate, the Left has let itself become the enforcer of an economic structure that has led to levels of unemployment once unthinkable for a post-war social democratic government with its own currency and sovereign instruments ».

     

    [4] http://www.thenation.com/article/germanys-social-democrats-are-colluding-in-greeces-destruction-and-im-leaving-the-party/

     

    [5] Sebastian Budgen et Stathis Kouvelakis, « Greece: The Struggle Continues », 15 juillet 2015,https://www.jacobinmag.com/2015/07/tsipras-varoufakis-kouvelakis-syriza-euro-debt/

     

    SOURCES : http://www.communcommune.com/2015/07/lecons-de-la-crise-grecque-sur-l-euro-par-jacques-sapir.html

    Lien permanent Catégories : Économie, Euro, Europe, Grèce 0 commentaire
  • Les 10 vérités du peuple grec au monde


    Salim Lamrani - Investig'action

     

    Article en PDF : Enregistrer au format PDF

     

    Lors du référendum historique du 5 juillet 2015, les Grecs ont envoyé un message de rejet à l’oligarchie politique et financière de l’Europe et un message d’espoir aux peuples du monde.

     



    1. NON à l’Europe de l’austérité, à l’Europe des banques et de l’oligarchie et à l’Europe égoïste. Les politiques d’austérité sont politiquement coûteuses, économiquement inefficaces et socialement désastreuses. Loin de relancer la croissance, la réduction des dépenses, la diminution des salaires et des pensions de retraite, le démantèlement des services publics, y compris d’éducation et de santé, la destruction du code du travail et des acquis sociaux conduisent inévitablement à une contraction de la consommation.

    2. OUI à l’Europe sociale, à l’Europe des peuples et à l’Europe du partage. En temps de crise, les Etats doivent adopter une politique de New Deal et réaliser des investissements massifs afin de relancer l’économie. Les mesures de protection sociale doivent être renforcées afin de protéger les catégories les plus vulnérables de la population. De la même manière, une hausse du salaire minimum enclenchera un cercle vertueux car elle relancera la consommation, remplira le carnet de commandes des entreprises, lesquelles embaucheront de nouveaux salariés pour répondre à cette demande, ce qui permettra à l’Etat d’augmenter ses recettes fiscales grâce à ces nouveaux contribuables et de diminuer ses dépenses d’allocations-chômage grâce à la baisse du nombre de personnes sans emploi. Ces nouvelles sources de revenus pour la nation permettront de renforcer les services publics à destination du peuple.

    3. NON à la dictature de la finance, aux ultimatums, au chantage de la Troïka, au terrorisme politique, économique, financier et médiatique et aux menaces en tout genre. Il est inadmissible que la Commission européenne, composée de technocrates non élus – donc sans aucune légitimité populaire – décide de la politique économique et sociale d’une nation souveraine. Il s’agit là d’une atteinte à la démocratie et une remise en cause du droit inaliénable des peuples à l’autodétermination.

    4. OUI à l’indépendance, à la volonté sacrée des peuples, à la liberté et à la dignité. En portant au pouvoir un gouvernement progressiste mené par Alexis Tsipras de SYRIZA, les Grecs ont voté pour un programme de relance économique anti-austérité et un renforcement de la protection sociale. Aucune entité ne peut interférer dans cette décision souveraine d’un peuple libre.

    5. NON à la dette inique, mathématiquement impayable, destinée à asservir les peuples et à satisfaire l’appétit de la finance internationale. Il est temps de mettre fin au système actuel qui interdit à la Banque centrale européenne de prêter directement aux Etats aux mêmes taux que ceux réservés aux banques privées, c’est-à-dire entre 0 et 1%. La Grèce pourrait résoudre le problème de la dette si une telle réforme était adoptée. Aujourd’hui, lorsque la Grèce a besoin d’un financement, elle est obligée de passer par les banques privées qui lui prêtent à des taux usuraires pouvant atteindre les 18%, des emprunts qu’elles ont-elles-mêmes souscrits à des taux inférieurs à 1% !

    6. OUI à un audit international des dettes publiques, à la renégociation et à l’annulation des emprunts illégitimes. Selon la Commission pour la Vérité sur la Dette publique grecque, « la dette issue des mesures de la Troïka constitue une violation caractérisée des droits humains fondamentaux des résidents de la Grèce. Ainsi, nous sommes parvenus à la conclusion que la Grèce ne doit pas payer cette dette, du fait de son caractère illégal, illégitime et odieux. […] Le caractère insoutenable de la dette publique grecque était évident depuis l’origine pour les créanciers internationaux, les autorités grecques et les grands médias. Pourtant, les autorités grecques et certains gouvernements de l’Union Européenne se sont ligués pour rejeter une restructuration de la dette publique en 2010, dans le seul but de protéger les institutions financières privées. Les grands médias officiels ont dissimulé la vérité au public en soutenant que le plan de sauvetage allait être bénéfique pour la Grèce, tout en passant en boucle le récit selon lequel la population ne faisait que payer pour ses propres turpitudes ».

    7. NON à l’accumulation des richesses, à l’égoïsme et à l’individualisme. L’Europe actuelle est le paradis des nantis et l’enfer des peuples. Elle est l’illustration parfaite de la célèbre maxime voltairienne selon laquelle « une société bien organisée est celle où le petit nombre fait travailler le grand nombre, est nourri par lui, et le gouverne ».

    8. OUI à la répartition des richesses, à la solidarité et à la défense de l’intérêt général. La crise actuelle n’est pas due à une question de ressources car l’Europe n’a jamais été aussi riche de son histoire. Il est donc urgent de procéder à une répartition équitable des richesses et de placer la dignité humaine au centre du projet européen.

    9. NON à la dictature des puissants. La Grèce, berceau de la démocratie, rappelle à l’Europe et au monde le fameux avertissement de Maximilien Robespierre. Le Héros de la Révolution française qui, dès le départ, avait choisi le camp des pauvres, avait dénoncé « le joug de l’aristocratie des riches, la plus insupportable de toutes » : « Les riches prétendent à tout, ils veulent tout envahir et tout dominer. Les abus sont l’ouvrage et le domaine des riches, ils sont les fléaux du peuple : l’intérêt du peuple est l’intérêt général, celui des riches est l’intérêt particulier ».

    10. OUI à la révolte des peuples contre toutes les injustices, à l’insurrection civique et pacifique et à la résistance à l’oppression. Les peuples ne sont pas condamnés à l’indifférence et à l’humiliation et ont le pouvoir de prendre en main leur propre destin. La misère n’est pas une fatalité mais une décision politique imposée par les élites rapaces et insatiables. L’heure est à la révolte de la plèbe, des écrasés et des révoqués contre la brutalité de la finance mondiale.

    Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de La Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Son nouvel ouvrage s’intitule Cuba. Les médias face au défi de l’impartialité, Paris, Editions Estrella, 2013 et comporte une préface d’Eduardo Galeano. Contact : lamranisalim@yahoo.fr ; Salim.Lamrani@univ-reunion.fr Page Facebook : https://www.facebook.com/SalimLamra...

    Source : Al Mayadeen

     

    Lien permanent Catégories : Économie, Euro, Europe, Grèce 0 commentaire
  • 25 vérités d’Alexis Tsipras sur le chantage du lobby financier international


    par Salim Lamrani (Investig'Action)


    Fidèle au mandat que lui a donné le peuple, le Premier Ministre grec a décidé de soumettre l’ultimatum du Fonds monétaire international, de l’Union européenne et de la Commission européenne à un référendum le 5 juillet 2015 (1).

     



    1. Depuis l’arrivée de Syriza au pouvoir en janvier 2015, la Grèce subit une « asphyxie économique sans précédents » de la part de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international, dans le but de faire plier le gouvernement progressiste et de l’empêcher de « mettre fin à l’austérité et de restaurer la prospérité et la justice sociale ».

    2. Le but des négociations était d’arriver à un accord viable « qui respecterait à la fois la démocratie et les normes européennes » afin de sortir définitivement de la crise.

    3. La Troïka a exigé de la Grèce le respect des accords pris par les gouvernements précédents, dont les politiques économiquement inefficaces et socialement désastreuses ont été majoritairement rejetées par le peuple grec qui a décidé de porter Syriza au pouvoir.

    4. A aucun moment, le gouvernement grec n’a cédé aux menaces des institutions européennes et du FMI.

    5. Après près de six mois de négociations, l’Euro-groupe a présenté « un ultimatum à la République hellénique et au peuple grec ». Cet ultimatum « contrevient aux principes fondateurs et aux valeurs de l’Europe ».

    6. L’Europe a présenté « une proposition qui inclut des nouvelles charges insupportables pour le peuple grec et qui nuit au redressement de la société grecque et de son économie, non seulement en maintenant l’incertitude, mais en accroissant davantage les déséquilibres sociaux ».

    7. Ces mesures imposent « une fragmentation du marché du travail » avec une précarisation accrue des contrats, « une diminution des retraites, de nouvelles réductions de salaires dans le secteur public et une augmentation de la TVA sur les produits alimentaires, les restaurants et le tourisme, avec la suppression des réductions fiscales dans les îles ».

    8. « Ces propositions violent clairement les normes sociales européennes et le droit fondamental au travail, à l’égalité et à la dignité ».

    9. Le but de la troïka et de certains membres de l’Euro-groupe n’est pas « de trouver un accord viable et bénéfique pour les deux parties, mais d’humilier tout le peuple grec ».

    10. Le but est de « punir une voix différente en l’Europe ».

    11. Le Fonds monétaire international est obsédé par l’austérité et les mesures punitives.

    12. La crise grecque affecte toute l’Europe et menace l’unité continentale.

    13. Yanis Varoufakis, ministre grec des Finances, a été arbitrairement exclu de la réunion de l’Euro-groupe, en violation de la légalité européenne.

    14. « La responsabilité historique en faveur des luttes du peuple hellénique et de la protection de la démocratie et de notre souveraineté nationale. […] nous oblige à répondre à cet ultimatum avec la volonté du peuple grec ».

    15. Un référendum aura donc lieu le 5 juillet 2015 afin que « le peuple grec décide de façon souveraine ». « Face à cet ultimatum et ce chantage, je vous convoque afin que vous décidiez de façon souveraine et avec fierté, comme le dicte l’histoire de la Grèce, au sujet de cette austérité stricte et humiliante, qui n’offre aucune solution ni option qui permette un redressement social et économique ».

    16. « Dans le berceau de la démocratie, nous ne demanderons pas l’autorisation à Monsieur Dijsselbloem [Président de l’Euro-groupe] ni à Monsieur Schaüble [Ministre allemand des finances] » pour célébrer un référendum.

    17. Ce référendum « n’est pas une tentative de scission avec l’Europe mais de scission avec les pratiques qui sont un affront pour l’Europe ».

    18. « Face à cette dure austérité autocratique, nous devons répondre avec démocratie, sérénité et détermination ».

    19. « La Grèce, creuset de la démocratie, doit envoyer un message démocratique claire à l’Europe et à la communauté internationale ».

    20. « Le peuple grec dira un grand non à l’ultimatum mais en même temps un grand oui à l’Europe de la solidarité ».

    21. Au lendemain de ce « non », « la force de négociation du pays sera renforcée ».

    22. Quelle que soit l’issue de la consultation, la volonté du peuple grec sera respectée.

    23. Cette consultation « enverra un message de dignité au monde ».

    24. L’Europe est la maison commune de tous ses peuples. « Il n’a pas de propriétaires et des invités en Europe ».

    25. « La Grèce est et sera une partie intégrante de l’Europe, et l’Europe sera une partie intégrante de la Grèce. Mais une Grèce sans démocratie impliquerait une Europe sans identité et sans boussole ».

    Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de La Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Son nouvel ouvrage s’intitule Cuba. Les médias face au défi de l’impartialité, Paris, Editions Estrella, 2013 et comporte une préface d’Eduardo Galeano. Contact : lamranisalim@yahoo.fr ; Salim.Lamrani@univ-reunion.fr Page Facebook : https://www.facebook.com/SalimLamra...

    Notes :

    (1) Alexis Tsipras, « Discurso », 27 juin 2015. http://www.legrandsoir.info/allocut... ; Infobae, « Grecia : Tsipras instó a ‘un enfático NO’ en el referéndum sobre la oferta de los acreedores », 27 juin 2015. http://www.infobae.com/2015/06/27/1...

    Source : Al Mayadeen —> http://espanol.almayadeen.net/Study...

    Lien permanent Catégories : Économie, Euro, Europe 0 commentaire
  • Loi Macron : « Il faut abandonner le plafonnement des indemnités pour licenciement abusif »

     

     

    Le Monde.fr  Par Collectif

     

    Les premiers signataires

    Bruno Amable (Paris 1), Jérôme Bourdieu (INRA), Laurent Cordonnier (Lille-1), Thomas Dallery (Littoral côte d’opale), Christine Erhel (Paris-1), Baptiste Françon (Lorraine), Anne Fretel (Lille-1), Jérôme Gautié (Paris-1), Mathilde Guergoat-Larivière (CNAM), Stéphane Gonzalez (Paris-1), Florence Jany-Catrice (Lille-1), Dominique Méda (Paris-Dauphine), Michel Lallement (CNAM), Stefano Palombarini (Paris-8), Bénédicte Reynaud (CNRS), Damien Sauze (Université de Bourgogne), Evelyne Serverin (CNRS), Elvire Szlapczynski (Paris-1), Julie Valentin (Paris-1), Hélène Zajdela (Paris-Nord), Michaël Zemmour (Université Lille-1)…

    Pour accéder à la liste complète, rendez-vous sur le site dédié à l’abandon du plafonnement des indemnités pour licenciement abusif: https://abandonmesuremacron.wordpress.com/

     

    La loi « Croissance, activité et égalité des chances économiques », dite loi Macron, dont la discussion s’achève au Parlement, contient de nombreuses dispositions tout à fait contestables et largement contestées.

    Parmi les motifs d’inquiétude, on retiendra l’introduction, par amendement gouvernemental, d’un plafonnement des indemnités dues en cas de licenciement reconnu dénué de cause et réelle et sérieuse. Cette mesure, déjà envisagée par les signataires de l’accord national interprofessionnel du 11 janvier 2008, est lourde de menaces pour la relation salariale comme pour l’emploi.

    En effet, ce plafonnement est de nature à encourager les comportements abusifs, en délivrant aux employeurs peu scrupuleux une forme d’autorisation de licencier sans motif. D’un point de vue juridique, la mesure revient à supprimer le droit des salariés victimes des agissements abusifs de leur employeur à obtenir réparation de l’ensemble de leurs préjudices. L’intérêt pour l’employeur n’est pas tant de « lever l’incertitude » (les tribunaux ne sont pas moins prévisibles que le marché), que de ne pas assumer le coût complet du dommage qu’il cause.

    Les seniors particulièrement pénalisés

    En pratique, la mesure pénalisera tout particulièrement les salariés qui subissent les préjudices les plus lourds, comme les seniors, notamment les cadres, dont le licenciement peut être à l’origine d’une coûteuse reconversion, d’une longue période de chômage ou d’une baisse durable de revenu. De ce point de vue cette mesure fonctionnera comme une incitation perverse, puisqu’elle permettra aux employeurs fautifs de faire supporter les conséquences de leurs pratiques par l’ensemble des entreprises par le biais de l’assurance chômage.

    Lire aussi : Indemnisation des licenciements abusifs : de la flexi-sécurité à la flexi-impunité

     

    Paradoxalement, cette mesure est soutenue au nom de l’emploi, par des arguments économiques qui ne résistent pas à l’examen : dire que l’abaissement du coût du licenciement abusif encouragerait l’embauche et réduirait le chômage est tout simplement faux.

    Rappelons d’abord que le chômage persistant s’explique essentiellement par le manque d’activité économique, renforcé par les politiques d’austérité françaises et européennes, non par le droit du travail. Les comparaisons internationales n’établissent d’ailleurs aucun lien univoque entre niveau d’emploi et protection des salariés ; dans bien des cas, au contraire, la protection de l’emploi a permis de freiner l’augmentation du chômage en période de crise, notamment en France.

    Un prix maximal non dissuasif

    Ensuite, cette mesure n’a aucune incidence sur les ruptures justifiées. De très nombreuses dispositions existent déjà pour les entreprises qui souhaitent licencier pour des motifs économiques réels, avec un risque contentieux qui ne dépasse pas 2,5 % des cas. L’employeur peut également licencier un salarié qui commet une faute ou n’est pas apte à remplir sa fonction. Enfin, la rupture conventionnelle, largement utilisée, permet d’ores et déjà d’encadrer le coût des ruptures acceptées par le salarié. Pourquoi alors faciliter les licenciements abusifs ?

    Lire aussi : Alléger le code du travail : nécessité à droite, tabou à gauche

     

    D’un point de vue économique, la mesure revient à fixer un prix maximal, non dissuasif, à n’importe quel licenciement. Un tel changement bouleversera la relation d’emploi, en plaçant le salarié dans une situation d’incertitude permanente : comment envisager, par exemple, dans ces conditions de refuser des heures supplémentaires ou de travailler le dimanche ? Comment ne pas accepter des tâches qui ne relèvent pas du poste ? Alors que les signes de souffrance au travail de tous ordres ne cessent d’augmenter, est-il vraiment urgent de diminuer les droits qui permettent encore aux salariés de discuter leurs conditions de travail ?

    Si le gain pour l’emploi est purement hypothétique, le risque de favoriser les abus et de dégrader encore la qualité de l’emploi et les relations sociales est bien réel. Il est urgent d’abandonner cette mesure.

     

    Lien permanent Catégories : À Gauche, Économie 0 commentaire