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Grèce - Page 4

  • Pourquoi il faut du sang chez les Grecs


    par Marc Vandepitte - Investig'Action

     

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    La population grecque a commis quelques fautes capitales, que l'UE ne ne peut tolérer. Elle a porté au pouvoir un gouvernement de gauche, elle veut rompre avec la politique de démolition néolibérale et elle a le culot de vouloir organiser une consultation populaire.

     

     

    « Ce qui est en train de se produire avec ces mesures d’austérité,

    c’est vraiment la lutte des classes ». (Noam Chomsky)

     

     

    Tant va l’amphore à l’eau qu’à la fin …

     

    Après cinq années de mesures d’austérité draconiennes imposées par la Troïka [1], la situation était sans issue pour les Grecs. Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale on n’avait vu de tels chiffres dan un pays occidental. Le PIB avait baissé de 27 %. La dette publique, autour de quoi tout tournait, était passée de 100 à près de 180 %, devenant impayable. Les dépenses publiques ont été réduites d’un tiers, et l’administration publique est aujourd’hui complètement désorganisée. La débâcle économique s’accompagne d’un bain de sang social. Le chômage est passé à 28 % et le chômage des jeunes à plus de 50 %. Le revenu des ménages a baissé de 35 %. Quelque 30 % de la population vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Partout on voit des gens fouiller les poubelles et le nombre de suicides a doublé.

    Mais cela ne suffisait pas encore. Question de réputation, le FMI a été amené par l’Allemagne à faire en sorte que les mesures à l’encontre des Grecs soient suffisamment sévères. Le Fonds, qui dans les années ’80 et ’90 a fait un carnage dans des dizaines de pays du tiers-monde, a parfaitement exécuté ce qu’on en attendait : continuer à tailler dans le vif.

    Beaucoup de pensionnés grecs avaient vu leur pension réduite de 45 %. Mais ce n’était pas encore assez. Lors des dernières négociations, le FMI exigeait une nouvelle économie de 1,8 milliards d’euro sur les pensions. Et il faut savoir que pour 49 % des ménages, l’allocation d’une pension est le revenu principal

     

    Des péchés impardonnables

     

    Pour Thomas Piketty l’ironie veut que les économies soient imposées par deux pays, l’Allemagne et la France, qui ont eux-mêmes tiré profit de remises de dettes après la Seconde Guerre mondiale, mesure qui a permis la croissance économique en Europe. Martin Wolf, chef économiste au Financial Time, ajoute qu’aucune démocratie ne sortira indemne d’une dépression de cette ampleur. La dernière fois que l’Allemagne avait eu à affronter une telle dépression, Hitler était arrivé au pouvoir.

    Des économistes sérieux comme les lauréats du « Nobel » Stiglitz et Krugman, estiment que les dettes de la Grèce ne sont pas remboursables – voire qu’elles sont illégitimes – et qu’un effacement partiel est nécessaire. C’est parfaitement possible. Le PIB de la Grèce représente moins d’1 % de l’Union Européenne. Le remboursement manqué au FMI vaut environ 0,01 % du PIB de l’UE. Economiquement l’impact est donc nul. Il faut donner une leçon aux Grecs et à leurs sympathisants.

    S’ils ne se plient pas aux diktats de l’élite européenne et du FMI, il faut qu’ils saignent, car ils ont commis trois péchés impardonnables.

     

    Voter à gauche

     

    La première grande faute des Grecs c’est qu’ils ont voté en faveur d’un gouvernement de gauche, qui veut rompre avec la politique de démolition de l’UE. C’est intolérable et il faut à tout prix l’étouffer dans l’oeuf, car cet exemple pourrait être suivi dans d’autres pays. En Amérique du Sud l’élection de Chavez en 1998 a représenté une tendance pour tout le continent, ce fut le début d’une vague de gauche.

    Dans neuf mois il y a des élections au Portugal, en Espagne et en Irlande. Si Syriza devait marquer des points, les choses pourraient très mal tourner pour la droite. C’est pourquoi les Grecs ne peuvent pas être un exemple, il faut qu’ils saignent. Rajoy, l’actuel Premier Ministre d’Espagne se réjouit en tout cas que les banques en Grèce soient mises en cale sèche et que le chaos menace. Plus ça va mal en Grèce, plus ses espérances électorales s’améliorent. Et alors il pourra peut-être arriver à placer sa politique asociale : « Quand je vois ce qui se passe avec d’autres en ce moment, on peut dire que ça (les mesures d’austérité) en valait la peine ».

     

    Décider souverainement

     

    Une deuxième grande faute commise par les Grecs c’est de penser qu’ils ont le droit et la capacité d’agir souverainement. La Commission européenne s’est habilement servie de la crise financière en 2008 pour retirer leurs principales compétences économiques aux autorités nationales.

    Il s’agit de ce qu’on appelle le « six-pack ». Ce paquet de six règlements et directive impose aux états nationaux un carcan macro-économique assorti d’amendes. Les conséquences en sont importantes pour la fixation des conditions de travail, des salaires, de l’âge de la pension, etc. C’est ainsi que la souveraineté des états nationaux sur le plan socio-économqiue a été complètement rabotée. Les parlement peuvent toujours discuter des points et des virgules, mais les lignes de forces sont fixées ailleurs. Le Premier Ministre Tsipras à osé remettre en question ce carcan et exiger le droit de décider souverainement de l’économie de son pays. Il avait notamment l’intention d’imposer d’une taxe unique de 12 % les bénéfices d’entreprise dépassant 500.000€. Vous vous rendez compte ! C’était la goutte de trop et c’est alors que la Troïka lui a posé unultimatum. Si les Grecs pouvaient suivre leur propre chemin, ils auraient vite des émules et l’élite européenne perdrait largement son contrôle sur le cours social de l’Union. C’est inadmissible. Si les Grecs doivent en pâtir et leur sang couler, il en sera ainsi.

     

    Consulter la population

     

    Troisième péché capital : l’organisation d’un référendum. Cela ne se fait pas. L’UE n’est pas issue de la volonté du peuple de ses habitants. C’était et c’est toujours un projets des grandes multinationales. Malgré les efforts rageurs de l’élite politique et les campagnes médiatiques de masse, les citoyens n’ont jamais beaucoup soutenu le projet. Le projet européen a été exposé le moins possible à l’électeur et lorsque des référendums ont néanmoins eu lieu, le projet a presque toujours été rejeté par les électeurs.

    Il est tout à fait exclu que des décisions importantes soient jetées en pâture au bon vouloir de la population. Où cela finirait-il ? Imaginez qu’on organise chez nous un référendum portant sur une taxe des millionnaires – plus de 80 % y sont favorables – ou sur l’augmentation de l’âge de la retraite, ou sur le saut de l’index. Si on commençait à autoriser tout ça, c’est serait vite fini de la politique destructrice de l’UE.

    Là aussi il fallait châtier les Grecs. C’est la Banque Centrale Européenne (BCE) qui s’est chargée de la sale besogne. Juste après l’annonce du référendum, la BCE a partiellement refermé la pompe à fric. Ils ont encore donné aux Grecs juste de quoi éviter le chaos sur les marchés financiers, en évitant que la Grèce ne soit exclue d’emblée de la zone euro. Mais le débit d’argent est bien sûr insuffisant pour que les banques puissent fonctionner normalement, avec les conséquences bien connues. Stratfor, un laboratoire d’idées conventionnel aux Etats-Unis l’exprime ainsi : « Si ce n’avait mené à une catastrophe économique et sociale, d’autres pays européens pourraient envisager d’appliquer l’option grecque ».

     

    Ne pas plier

     

    Le référendum du dimanche 5 juillet a opposé grosso modo deux blocs. Le bloc du non, soit les couches inférieures de la population (chômeurs, pensionnés, faibles revenus) qui n’ont plus rien à perdre, et le oui : les revenus élevés d’autre part, qui n’aiment pas Syriza et craignent pour leur position de privilégiés. Une incroyable pression s’est exercée sur la population pour la faire plier. Un membre de Syriza au Parlement européen compare la situation à celle du début des années ’70 au Chili, juste avant le coup d’état contre Allende. Là aussi, il s’agissait de saigner la population.

    Les Grecs n’ont pas plié. Ils méritent notre entière appréciation et notre solidarité. 

    [1] Commission Européenne, Banque Centrale Européenne Centrale et Fonds Monétaire International.

    Traduction du néerlandais : Anne Meert pour Investig’Action.

     

    Source : Investig’Action

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  • En Grêce et partout ailleurs : le Grand NON


    par Nines Maestro - Investig'Action

     

    Le peuple grec, et en particulier sa classe ouvrière, fait face à des moments décisifs qui affectent par la même occasion le reste des peuples européens, et spécifiquement le peuple espagnol dont les élections générales sont imminentes.

     

    Il faut être particulièrement naïf pour croire que la situation économique se présente chez nous sous un jour favorable, et, conséquemment, qu’il devienne possible de stopper la réduction des services publiques et les contre-réformes du monde du travail. Nous savons que, quel que soit celui qui gouvernera après les élections, que ce soit en Grèce où dans un autre pays de l’UE, les pressions se feront plus insistantes pour imposer des politiques d’ajustement à la classe ouvrière.

    Il est curieux qu’au plus fort de la crise, tous les efforts des classes dominantes s’écroulent quand il s’agit de diviser, d’isoler le peuple travailleur des différents pays et de masquer l’impérieuse nécessité de l’union.

    Dans le cadre de la crise économique généralisée du capitalisme la lutte de classes s’apparente aux caractéristiques générales de notre appartenance à l’Euro et à l’UE. La différence est que l’offensive du capital est beaucoup plus avancée dans le pays hellène, à la mesure du niveau de conscience et de lutte de son peuple. Ce dualisme net explique la dureté des confrontations.

    Les négociations entre la Troïka et le gouvernement Syriza ont dévoilé la profondeur de l’offensive de la bourgeoisie contre les classes populaires. La stratégie illusoire de Syriza consistait à convaincre les créanciers des énormes souffrances du peuple ainsi que de faire prévaloir la démocratie et à la souveraineté. Illusion sans aucun fondement comme il a été dramatiquement mille fois démontré et dans laquelle il n’est permis à aucun gouvernement de tomber s’il souhaite représenter les intérêts de son peuple. À ce stade de l’Histoire, il est inexcusable d’invoquer l’ignorance.

    Depuis au moins cinq ans en Europe, et depuis des dizaines d’années en Amérique latine, Afrique ou Asie, le paiement de la dette est la machinerie qui dirige une guerre sociale ; guerre par laquelle l’impérialisme assujettit les gouvernements, obligeant ceux-ci au respect de son agenda. Juste avant de diriger un attaque militaire ou un coup d’État, si elle n’est pas exécutée avec la diligence désirée.

    Mais dans l’ampleur actuelle de la crise, sans aucun horizon, il ne s’agit pas d’imposer seulement des politiques économiques. Il s’agit également de détruire tout espoir nourri par des gouvernements sensibles aux besoins du peuple. La crise du capital a décrété la fin du réformisme.

    La pression s’est maintenue implacablement malgré les concessions inacceptables accordées auparavant à la Troïka par le gouvernement Tsipras, et déjà analysées par Red Roja (1), montrant ainsi que l’essence de la confrontation est politique. Que souhaite donc la Troïka si les conditions de son ultimatum enfonceront davantage la Grèce dans la récession, et que la dette devienne de ce fait de plus en plus impayable ? L’objectif est clairement de torpiller Syriza, et faire en sorte que le pays tombe dans le chaos démontrant ainsi l’impossibilité de toute politique au service du peuple. C’est un défi total lancé à la classe ouvrière grecque et européenne.

    La dureté de la crise et la faiblesse de son propre pouvoir ne permettent pas au capitalisme de prendre une voie plus facile, et moins encore un mode qui pourrait représenter une corrélation de forces plus favorables à la classe ouvrière. Augmenter les impôts des plus riches pour tenter d’aider un peu 45% des retraités vivant au-dessous du seuil de pauvreté et soutiennent leur famille entière, ça ne convient pas !

    La lutte de classes est sans merci. Syriza ne l’a pas compris et perdra une occasion précieuse de préparer son peuple à l’inévitable.

    La Troïka veut montrer très clairement qui est le détenteur réel du pouvoir et de l’implacable dictature du capital ; au peuple grec, aux autres peuples de l’Europe et spécialement à ceux qui sont en première ligne, tel l’État espagnol. La Troïka nous donne un grand avertissement afin de nous intimider et de nous tenir coi. Pas de demi-mesures. C’est tout ou rien.

    Comme le fascisme, cette guerre sociale utilise la législation antiterroriste pour réprimer la résistance sociale et politique. Les attentats perpétrés dans différents pays par des groupes créés, organisés et financés par l’impérialisme euro-américain et sioniste, sont utilisés pour alimenter la peur du "terrorisme" et ainsi à faire approuver des lois qui annihilent les libertés publiques au nom de la "sécurité" ; c’est le cas, en Espagne, de la législation antiterroriste ou de ladite « ley mordaza » [Loi bâillon]. En d’autres termes, l’impérialisme détruit les états, déstabilise des régions, spolie les ressources naturelles, et fait en sorte que la réponse de ces peuples – en tous cas, provoquée - devienne prétexte à renforcer les mécanismes de répression qui, ainsi, mutilent massivement les libertés démocratiques, même dans les pays plus centraux.

    Le référendum grec et le Grand NON

    Nous connaîtrons peut-être un jour les pressions concrètes - ou plutôt, les extorsions – auxquelles sont soumis actuellement les principaux dirigeants de Syriza. Effectivement, ce n’est pas la première, mais la seconde proposition de convocation de référendum en Grèce. La première fut celle du Premier ministre, Georgios Papandréou, le 31 octobre 2012. Il la retira lui-même le 3 novembre suivant, puis démissionna (2).

    Que s’est-il passé durant ces quatre jours ?

    Le récit ci-dessous a été transmis par l’ancien Premier ministre à un jeune étudiant d’un master de journalisme aux États-Unis. Il pourrait le démentir, mais je ne crois pas qu’il le fasse.

    Papandréou a été soumis à des telles pressions de la part de la Troïka - voire même à des menaces de mort envers sa femme et ses deux filles – pour retirer la convocation de référendum, que non seulement il l’a fait, mais il a en plus démissionné quatre jours après. Toute la famille est partie pour vivre aux Etats-Unis où il réside jusqu’à ce jour.

    En 2011, Georgios Papandréou représentait un parti qui était un instrument direct du capital, et il était seul. Ce n’est pas semblable aujourd’hui. Après quatre années de luttes et de souffrances, au-delà de Tsipras et Varoufakis, le Gouvernement Syriza représente de très importants progrès de conscience populaire qui déterminera le peuple grec à voter le 5 juillet prochain pour un grand NON.

    Parce qu’actuellement ce Non correspond non seulement au sentiment de la masse du peuple, mais a également des résonances historiques très profondes dans l’histoire grecque.

    "La fête nationale du 28 octobre, s’appelle Le jour du non. Elle commémore la date à laquelle, durant la Deuxième Guerre mondiale, le général Yannis Metaxás prononça son célèbre :" NON ! " à l’ultimatum de l’ambassadeur italien à Athènes. Il refusa ainsi d’accepter l’entrée des troupes de l’armée italienne dans le territoire hellène ; la guerre commença immédiatement. Quand quelqu’un en Grèce dit " le moment du Non est arrivé ", il fait référence à quelque chose de vraiment sérieux" (3).

    A la veille d’un probable drame historique, il est très important d’être conscient que des changements opérés dans les seuls gouvernements n’ont de signification que s’ils sont l’expression et le corollaire de réels changements de forces ; et nous ne pouvons pas nous permettre de nous laisser emporter par le chant des sirènes… qui pensent qu’arriver au gouvernement et avoir le pouvoir vont de pair.

    La crise actuelle en Grèce montre comment le capitalisme a laissé tomber le masque et ne permet pas la moindre concession au réformisme. C’est pour cela qu’il est pathétique d’écouter certains nouveaux leaders des gouvernements municipaux et autonomes de l’État espagnol clamant le "retour à l’Etat Providence".

    En ce qui nous concerne, il est préférable que nous sachions que les choses se présentent de façon particulièrement ardues, que le pouvoir se prépare en vue d’une grande confrontation de classe et qu’une force matérielle est seulement battue par une force matérielle supérieure. Pour construire cette force, il faut savoir clairement comment procéder, et, tant en Grèce comme chez nous, cela passe par la nationalisation des banques, le non-paiement de la Dette et la sortie de l’Euro, de l’UE et de l’OTAN.

    Cet objectif politique, qui est commun à toute la classe ouvrière et aux secteurs populaires de l’UE, plus particulièrement ceux des pays du Sud, permettrait d’envisager l’adoption des stratégies communes capables d’affronter la ploutocratie européenne.

    Ceci à la condition que le peuple organisé construise une force politique qui soit fermement déterminée de l’emporter.

    Notes :

    1- http://redroja.net//comuni...

    2-http://economia.elpais.com/economia...

    3- http://www.resumenlatinoamericano.o...

    Traduction : Red Roja

    Source : Investig’Action

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  • Les 10 vérités du peuple grec au monde


    Salim Lamrani - Investig'action

     

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    Lors du référendum historique du 5 juillet 2015, les Grecs ont envoyé un message de rejet à l’oligarchie politique et financière de l’Europe et un message d’espoir aux peuples du monde.

     



    1. NON à l’Europe de l’austérité, à l’Europe des banques et de l’oligarchie et à l’Europe égoïste. Les politiques d’austérité sont politiquement coûteuses, économiquement inefficaces et socialement désastreuses. Loin de relancer la croissance, la réduction des dépenses, la diminution des salaires et des pensions de retraite, le démantèlement des services publics, y compris d’éducation et de santé, la destruction du code du travail et des acquis sociaux conduisent inévitablement à une contraction de la consommation.

    2. OUI à l’Europe sociale, à l’Europe des peuples et à l’Europe du partage. En temps de crise, les Etats doivent adopter une politique de New Deal et réaliser des investissements massifs afin de relancer l’économie. Les mesures de protection sociale doivent être renforcées afin de protéger les catégories les plus vulnérables de la population. De la même manière, une hausse du salaire minimum enclenchera un cercle vertueux car elle relancera la consommation, remplira le carnet de commandes des entreprises, lesquelles embaucheront de nouveaux salariés pour répondre à cette demande, ce qui permettra à l’Etat d’augmenter ses recettes fiscales grâce à ces nouveaux contribuables et de diminuer ses dépenses d’allocations-chômage grâce à la baisse du nombre de personnes sans emploi. Ces nouvelles sources de revenus pour la nation permettront de renforcer les services publics à destination du peuple.

    3. NON à la dictature de la finance, aux ultimatums, au chantage de la Troïka, au terrorisme politique, économique, financier et médiatique et aux menaces en tout genre. Il est inadmissible que la Commission européenne, composée de technocrates non élus – donc sans aucune légitimité populaire – décide de la politique économique et sociale d’une nation souveraine. Il s’agit là d’une atteinte à la démocratie et une remise en cause du droit inaliénable des peuples à l’autodétermination.

    4. OUI à l’indépendance, à la volonté sacrée des peuples, à la liberté et à la dignité. En portant au pouvoir un gouvernement progressiste mené par Alexis Tsipras de SYRIZA, les Grecs ont voté pour un programme de relance économique anti-austérité et un renforcement de la protection sociale. Aucune entité ne peut interférer dans cette décision souveraine d’un peuple libre.

    5. NON à la dette inique, mathématiquement impayable, destinée à asservir les peuples et à satisfaire l’appétit de la finance internationale. Il est temps de mettre fin au système actuel qui interdit à la Banque centrale européenne de prêter directement aux Etats aux mêmes taux que ceux réservés aux banques privées, c’est-à-dire entre 0 et 1%. La Grèce pourrait résoudre le problème de la dette si une telle réforme était adoptée. Aujourd’hui, lorsque la Grèce a besoin d’un financement, elle est obligée de passer par les banques privées qui lui prêtent à des taux usuraires pouvant atteindre les 18%, des emprunts qu’elles ont-elles-mêmes souscrits à des taux inférieurs à 1% !

    6. OUI à un audit international des dettes publiques, à la renégociation et à l’annulation des emprunts illégitimes. Selon la Commission pour la Vérité sur la Dette publique grecque, « la dette issue des mesures de la Troïka constitue une violation caractérisée des droits humains fondamentaux des résidents de la Grèce. Ainsi, nous sommes parvenus à la conclusion que la Grèce ne doit pas payer cette dette, du fait de son caractère illégal, illégitime et odieux. […] Le caractère insoutenable de la dette publique grecque était évident depuis l’origine pour les créanciers internationaux, les autorités grecques et les grands médias. Pourtant, les autorités grecques et certains gouvernements de l’Union Européenne se sont ligués pour rejeter une restructuration de la dette publique en 2010, dans le seul but de protéger les institutions financières privées. Les grands médias officiels ont dissimulé la vérité au public en soutenant que le plan de sauvetage allait être bénéfique pour la Grèce, tout en passant en boucle le récit selon lequel la population ne faisait que payer pour ses propres turpitudes ».

    7. NON à l’accumulation des richesses, à l’égoïsme et à l’individualisme. L’Europe actuelle est le paradis des nantis et l’enfer des peuples. Elle est l’illustration parfaite de la célèbre maxime voltairienne selon laquelle « une société bien organisée est celle où le petit nombre fait travailler le grand nombre, est nourri par lui, et le gouverne ».

    8. OUI à la répartition des richesses, à la solidarité et à la défense de l’intérêt général. La crise actuelle n’est pas due à une question de ressources car l’Europe n’a jamais été aussi riche de son histoire. Il est donc urgent de procéder à une répartition équitable des richesses et de placer la dignité humaine au centre du projet européen.

    9. NON à la dictature des puissants. La Grèce, berceau de la démocratie, rappelle à l’Europe et au monde le fameux avertissement de Maximilien Robespierre. Le Héros de la Révolution française qui, dès le départ, avait choisi le camp des pauvres, avait dénoncé « le joug de l’aristocratie des riches, la plus insupportable de toutes » : « Les riches prétendent à tout, ils veulent tout envahir et tout dominer. Les abus sont l’ouvrage et le domaine des riches, ils sont les fléaux du peuple : l’intérêt du peuple est l’intérêt général, celui des riches est l’intérêt particulier ».

    10. OUI à la révolte des peuples contre toutes les injustices, à l’insurrection civique et pacifique et à la résistance à l’oppression. Les peuples ne sont pas condamnés à l’indifférence et à l’humiliation et ont le pouvoir de prendre en main leur propre destin. La misère n’est pas une fatalité mais une décision politique imposée par les élites rapaces et insatiables. L’heure est à la révolte de la plèbe, des écrasés et des révoqués contre la brutalité de la finance mondiale.

    Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de La Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Son nouvel ouvrage s’intitule Cuba. Les médias face au défi de l’impartialité, Paris, Editions Estrella, 2013 et comporte une préface d’Eduardo Galeano. Contact : lamranisalim@yahoo.fr ; Salim.Lamrani@univ-reunion.fr Page Facebook : https://www.facebook.com/SalimLamra...

    Source : Al Mayadeen

     

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  • Cinq idées vraies et fausses sur la crise grecque

     

    Frantz DURUPT- Libération

     

    DÉCRYPTAGE

    Des Grecs «fainéants», un gouvernement de coalition avec l'extrême droite, une dette qui pèse 650 euros par Français... Ces dernières semaines, dans les débats sur la Grèce, les idées reçues ont beaucoup circulé.

     

    Athènes a accepté vendredi la quasi-totalité des mesures proposées par ses créanciers et promis d’honorer ses dettes. Le parlement grec doit voter dans la journée ce qui, en cas de oui, ouvrirait la voie à de nouvelles négociations. A cette occasion, retour sur les nombreuses idées reçues ayant émaillé les débats sur la crise de la dette grecque.

    Les Grecs ne travaillent pas assez

    Celle-ci, on l’a entendue, jusque dans la bouche d’un ancien président de la République : «Le problème c’est qu’on ne travaille pas assez en Grèce», a ainsi expliqué Nicolas Sarkozy au JT de 20 heures de TF1, le 8 juillet.

    C’est faux, répond le site alterecoplus (affilié au magazine Alternatives économiques) : selon l’enquête trimestrielle menée par Eurostat, en 2014, les travailleurs Grecs faisaient 40,6 heures par semaine en moyenne, soit plus que tous les autres pays de l’Union européenne. A titre de comparaison, les Français étaient à 35,7 heures en moyenne, et les Allemands à 35,3 heures.

    Les Grecs n’ont pas fait assez d’efforts

    Que cela ait été dit franchement ou simplement sous-entendu, elle s’est très bien installée, l’idée que les Grecs n’auraient pas «fait assez d’efforts» et que donc, un petit coup d’austérité en plus ne serait que justice. Exemple avec Nathalie Kosciusko-Morizet.

    Plusieurs médias ont également joué le jeu du «pourquoi les Grecs ne feraient pas ce que d’autres ont fait ?». Par exemple France 2, qui a réalisé un reportage en Slovaquie pour montrer à la Grèce le bon exemple des pays (pauvres) qui font des réformes «difficiles» et s’en sortent.

    C’est très injuste. «Mon pays a été le laboratoire de l’austérité», a dit Aléxis Tsípras mercredi devant le Parlement européen. Et pour cause : les programmes d’austérité en Grèce ont commencé il y a déjà sept ans, en 2009. Et ils ont été sacrément sévères. Comme le relevait cette semaine un article du Monde, sur la période 2009-2014, la Grèce a fait passer son déficit public de 15,2% du PIB à 2,7%. Sur la même période, elle a réduit ses dépenses publiques de 9,7 points, passant de 53,9% à 44,2% du PIB. En variation, c’est moins que l’Irlande (dont les dépenses publiques sont passées de 47,6% à 36,1%, soit 11,5 points), mais numériquement, c’est beaucoup plus : 47 milliards d’euros d’économies annuelles, contre 10 milliards pour l’Irlande.

    La contrepartie de ces efforts, c’est un PIB qui s’est rétracté de 25%, et surtout un peuple qui s’est considérablement appauvri : le salaire minimum a baissé de 100 euros, à 580 euros. Le taux de chômage est monté à 25% de la population active. Le financement du système de santé, lui, a été radicalement réduit. Conséquence logique : certaines maladies disparues, comme le paludisme, ont fait leur retour, et les contaminations au VIH ont explosé.

    Un défaut de la Grèce coûterait 40 milliards d’euros à l’Etat soit 650 euros par Français

    Oui… la France a bien prêté l’équivalent de 42,4 milliards d’euros à la Grèce (11 milliards directement, dans le cadre de prêts bilatéraux, et 31 milliards en garantissant des prêts du Fonds Européen de Solidarité – FESF), mais il est un peu rapide et facile de dire, comme certains journalistes à la télévision, qu’un défaut de paiement de la Grèce coûterait 650€ par Français. Résultat : même des responsables politiques croient que les Français «payent des impôts pour les Grecs».

    Ce n’est pas le cas. D’abord car pour perdre ces 42 milliards d’euros, il faudrait que la Grèce fasse défaut sur l’intégralité des sommes dues. Ensuite, et surtout, parce que les sommes prêtées par la France à la Grèce ne l’ont pas été grâce à un prélèvement sur l’impôt, mais dans le cadre du circuit habituel de l’endettement des Etats : en empruntant sur les marchés. Bref, les contribuables français n’ont jamais payé d’impôts pour la Grèce, et personne ne touchera 650€ si le pays rembourse ce qu’il doit. Nous sommes désolés pour votre nouvel iPhone.

    L’Allemagne ne peut pas donner de leçons sur le remboursement des dettes

    L’idée n’est pas neuve – en campagne, Syriza se servait déjà de cet exemple – mais elle a eu un regain de popularité aux alentours du référendum du 5 juillet : l’Allemagne, qui refuse bec et ongles le moindre début de discussion sur une restructuration de la dette grecque, ne serait pas en mesure de donner des leçons. C’est l’économiste Thomas Piketty, auteur du best-seller Le Capital au XXIe siècle, qui a livré la version définitive de cette idée dans une interview à un quotidien allemandDie Zeit : «Ce qui m’a frappé pendant que j’écrivais, c’est que l’Allemagne est vraiment le meilleur exemple d’un pays qui, au cours de l’histoire, n’a jamais remboursé sa dette extérieure, ni après la Première, ni après la Seconde Guerre mondiale. […] L’Allemagne est LE pays qui n’a jamais remboursé ses dettes. Elle n’est pas légitime pour faire la leçon aux autres nations.»

    Oui, mais… En 1953 notamment, l’Allemagne a bénéficié de la solidarité européenne : pour se reconstruire, elle a vu 60% de sa dette effacée. Et ça a marché : elle est aujourd’hui la première puissance économique du continent (ce qui tient, aussi, à de nombreux autres éléments). Mais les deux situations sont-elles vraiment comparables ? Non, selon un politologue américain, William Kindred Winecoff, qui explique, cité et traduit par Slate.fr : «La dette allemande avait été effacée en 1953 à condition que l’Allemagne maintienne une balance commerciale positive et un excédent budgétaire, ce qui garantissait des exportations subventionnées vers les pays européens, qui manquaient de capacités industrielles juste après la guerre. C’est ce qu’on demande maintenant à la Grèce mais le gouvernement refuse.»

    Syriza gouverne avec l’extrême droite (et est comparable au FN en France)

    C’est un argument récurrent, notamment à droite, car il permet de réactiver le vieux cliché des «extrêmes qui se rejoignent». Syriza, mouvement d'«extrême gauche», gouvernerait la Grèce avec un «parti d’extrême droite», en l’occurrence Anel, le parti des Grecs indépendants. Et, en France, le mouvement d’Aléxis Tsípras serait comparable au Front national.

    Oui, mais non. Le parti Anel, qui figure bien au gouvernement dirigé par Aléxis Tsípras, est indubitablement un parti très à droite. Son président, Panos Kammenos, est capable de saillies racistes (comme lorsqu’il a affirmé que les Juifs et les bouddhistes étaient exemptés d’impôts, contrairement à l’Eglise orthodoxe) ou complotistes (il a dit que la Grèce était victime d’une attaque chimique par les traces que laissent les avions dans le ciel, les «chemtrails» dénoncés par les adeptes de cette théorie). Mais il s’agit aussi du seul autre parti grec à rejeter l’austérité. Le Premier ministre a reconnu qu’il s’agissait d’une alliance contre-nature, mais à l’issue d’élections législatives où ne lui manquaient que deux sièges au Parlement pour avoir la majorité absolue, il a choisi de ne pas se priver de cet allié. Lequel n’a récolté qu’un ministère.

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    On pourra souligner aussi que certaines des personnes poussant des cris d’orfraie aujourd’hui devant cette alliance étaient moins gênées, les dernières années, lorsque des partis équivalents au PS ou à l’UMP gouvernaient eux aussi le pays avec l’extrême droite.

    Concernant, enfin la proximité idéologique entre Syriza et le FN, suggérée au plus haut sommet de l’Etat par le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron (qui a ensuite tenté de se justifier), elle est inexistante. Contrairement au FN, Syriza défend entre autres la naturalisation facilitée et le droit de vote des immigrés et le regroupement familial. Quant à la récupération que tente de faire le Front national des victoires de Syriza, le mouvement a réaffirmé, il y a quelques mois, que ses «partenaires et soutiens français […] sont de gauche».

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