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Culture

  • Les Sans Terre du Brésil construisent une nouvelle école au Venezuela

     

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    Caquetios, Etat de Lara (ouest du Venezuela). A gauche,  Edson Marcos, coordinateur de la Brigada Apolonio

    Etat de Lara (ouest du Venezuela), juillet 2016. Edson Marcos (gauche), coordinateur de la Brigada Apolonio de Carvalho des Sans Terre au Venezuela, et Celia Rodrigues, coordinatrice de l’école intégrale « Caquetíos ».

    T.D. – Celia, Edson, quel bilan faites-vous de l’accord qui lie les Sans Terre du Brésil au gouvernement vénézuélien ?

    Edson Marcos Nous sommes ici depuis dix ans. Dix ans de multiples activités. Tous les Sans Terre venus du Brésil pour travailler dans le cadre de cet accord ont beaucoup, beaucoup appris. Aujourd’hui nous sommes en train de construire une école de formation sociopolitique et technique, agroécologique, provisoirement baptisée « Caquetios » comme l’Unité de Production Agricole où elle est basée. Nous disposons de terres productives. Les chambres, le réfectoire son quasi prêts, il manque encore quelques détails, mais nous démarrerons bientôt avec une capacité d’hébergement de soixante personnes par formation.

    Celia Rodrigues – Nous sommes présents ici avec toute notre volonté, toute notre mystique, pour apporter notre pierre à la construction de la révolution bolivarienne. « Caquetios » est un défi que nous devons relever avec l’ensemble du peuple vénézuélien, de ses collectifs. L’objectif est de fortifier le mouvement populaire, les communes et en particulier le mouvement paysan du Venezuela.

    T.D. – C’est le Ministère des Communes qui soutient le projet ?

    Edson Marcos – Oui mais nous sommes aussi soutenus par celui de l’Agriculture et des Terres, et par celui de l’Agriculture Urbaine. En fait, nous avons des relations avec l’ensemble du gouvernement : nous envisageons un accord avec le Ministère de l’Éducation et avec celui de l’Enseignement Supérieur pour réunir des enseignants, des techniciens qui pourront  apporter d’autres contenus a l’école.

    Celia Rodrigues – Quand nous parlons d’institution au Brésil et au Venezuela, nous parlons de deux choses différentes ! Car ici a lieu une révolution, malgré toutes les contradictions qu’elle porte. Nous comprenons que nous devons agir autant dans le champ institutionnel que dans le champ de notre autonomie sociale. Nous sommes des alliés du gouvernement bolivarien mais nous ne sommes pas « gouvernementalistes ». Et l’institution est claire aussi sur ce point : notre autonomie est respectée.

    De gauche à droite : Willians Sivira, Juan José Moreno, militants de la communicarion populaire, Anaemilia Borba et Denir Sosa, responsables pédaggiques et d'organisation.

    De gauche à droite : Willians Sivira, Juan José Moreno, militants vénézuéliens de la communication populaire, Ana Emilia Borba et Denir Sosa, responsables brésiliens de la formation et de l’organisation.

    T.D. – Dans cette école, les étudiants pourront produire leur propre alimentation ?

    Edson Marcos – L’idée est de garder le maximum d’autonomie en matière d’alimentation, d’où cette intégration des étudiant(e)s au travail de la terre, ce qui leur permettra aussi d’expérimenter la production de semences.  Nous avons créé une fondation, le gouvernement nous appuie dans l’infrastructure pour inviter les étudiants et pour planifier la mise en culture de cette grande étendue de terres autour de l’école.

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  • Plus de 8 Français sur 10 jugent la laïcité "en danger"

     

    La "journée de la laïcité" était le 9 décembre, jour anniversaire de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat (1905).

      Elle fut lancée par une résolution du Sénat en 2011.

     

    Elle prend un relief tout particulier cette année après la double série d'attentats dramatiques qui ont endeuillé notre pays en janvier et en novembre.

     

    Non seulement dans les établissements scolaires mais partout en France seront organisés des rencontres, des conférences-débats, des films, des expositions ...ayant pour thème la défense de la laïcité.

    Dans certaines villes ( à Bourges par exemple) c'est une semaine entière qui y est consacré du 7 au 12 décembre à l'initiative d'un collectif d'une dizaine d'associations.  Les conseils départementaux se mobilisent en Haute Garonne, en Bourgogne etc...

    La Bibliothèque nationale de France a réalisé une exposition virtuelle de qualité, mêlant textes et illustrations (estampes, dessins de presse) – une grande partie de cette riche iconographie étant librement consultable sur sa banque d’images en ligne.

    Rappelons brièvement que la laïcité est un principe de paix, d'unité du peuple, d'entente universelle qui repose sur trois principes : la liberté de conscience, l'égalité des droits, l'universalité de la puissance publique donc le primat de l'intérêt général sur l'intérêt particulier.

    La laïcité n'est hostile ni à la conviction religieuse, ni à la conviction athée, ni au questionnement agnostique , mais interdit tout privilège qui pourrait être accordé aux uns ou aux autres par la puissance publique. Les Eglises voudraient que la laïcité soit définie comme le respect de toutes les religions : c'est une dérive dangereuse qui en trahit l'esprit. En effet peut-on avoir du respect pour une opinion raciste, pour une religion qui brûle les hérétiques, pour celles qui proclame l'infériorité de la femme ? Le respect des laÏcs porte non pas sur les religions mais sur la liberté de croire, ce qui n'implique nullement que les croyances et les opinions soient en elles-mêmes respectables.

     

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  • Pierre Perret : La bête est revenue

     

     


    Pierre Perret - la bête est revenue

     

    {La bête est revenue}

    Sait-on pourquoi, un matin,
    Cette bête s'est réveillée
    Au milieu de pantins
    Qu'elle a tous émerveillés
    En proclamant partout, haut et fort:
    "Nous mettrons l'étranger dehors"
    Puis cette ogresse aguicheuse
    Fit des clones imitatifs.
    Leurs tirades insidieuses
    Convainquirent les naïfs
    Qu'en suivant leurs dictats xénophobes,
    On chasserait tous les microbes.

    Attention mon ami, je l'ai vue.
    Méfie-toi: la bête est revenue!
    C'est une hydre au discours enjôleur
    Qui forge une nouvelle race d'oppresseurs.
    Y a nos libertés sous sa botte.
    Ami, ne lui ouvre pas ta porte.

    D'où cette bête a surgi,
    Le ventre est encore fécond.
    Bertold Brecht nous l'a dit.
    Il connaissait la chanson.
    Celle-là même qu'Hitler a tant aimée,
    C'est la valse des croix gammées
    Car, pour gagner quelques voix
    Des nostalgiques de Pétain,
    C'est les juifs, encore une fois,
    Que ces dangereux aryens
    Brandiront comme un épouvantail
    Dans tous leurs sinistres éventails.

    Attention mon ami, je l'ai vue.
    Méfie-toi: la bête est revenue!
    C'est une hydre au discours enjôleur
    Qui forge une nouvelle race d'oppresseurs.
    Y a nos libertés sous sa botte.
    Ami, ne lui ouvre pas ta porte.

    N'écoutez plus, braves gens,
    Ce fléau du genre humain,
    L'aboiement écœurant
    De cette bête à chagrin
    Instillant par ces chants de sirène
    La xénophobie et la haine.
    Laissons le soin aux lessives
    De laver plus blanc que blanc.
    Les couleurs enjolivent
    L'univers si différent.
    Refusons d'entrer dans cette ronde
    Qui promet le meilleur des mondes.

    Attention mon ami, je l'ai vue.
    Méfie-toi: la bête est revenue!
    C'est une hydre au discours enjôleur
    Dont les cent mille bouches crachent le malheur.
    Y a nos libertés sous sa botte.
    Ami, ne lui ouvre pas ta porte.
    Car, vois-tu, petit, je l'ai vue,
    La bête. La bête est revenue.

     

     

     

     

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  • Le harcèlement à l'école

     

     

    COMMENT LE POUVOIR POLITIQUE SE DÉFAUSSE DE SES RESPONSABILITÉS SUR LE DOS DES ENSEIGNANTS

     

    Une vidéo, commandée et validée par le Ministère de l’Éducation nationale, sous le prétexte salutaire de dénoncer la souffrance à l'école, permet non seulement de ridiculiser le personnel enseignant, mais de porter atteinte à ses compétences, ses responsabilités et plus globalement à son humanité.

    Outre ces atteintes insupportables à la dignité du corps enseignant, il s’agit en réalité de démontrer que le service public de l’Éducation nationale n’est plus à la hauteur de sa mission républicaine, qu’il est nécessaire d’en changer, de le « moderniser » de « l’adapter » à la nouvelle société, selon les expressions que l’on nous ressasse à longueur de discours politico-médiatiques.

    Prenez le temps de regarder cette vidéo et observez ce qui est distillé le long de ces quelques minutes : un enfant maltraité par d'autres enfants, une enseignante dont le cours n’intéresse personne, une enseignante qui ne voit rien, une enseignante qui n'entend rien, une enseignante qui ne dit rien. Cela ne vous rappelle-t-il pas les trois petits singes célèbres, celui qui se ferme les yeux, celui qui se bouche les oreilles, celui qui s'interdit de parler ?

    Est-ce ainsi que vous voyez les enseignants de vos enfants, les enseignants que vous avez eus? En tout état de cause, c'est ainsi que Mme Najat Vallaud Belkacem se les imagine et entend les faire connaître sur les chaînes TV, dans les clips des salles de cinéma. Qui a produit ce message ? : l'industrie Walt Disney avec le concours d'une journaliste d'Europe 1*. Mme Najat Vallaud Belkacem était-elle obligée d'associer une entreprise cinématographique étasunienne à l’Éducation nationale ?


    Mais Madame La Ministre, si l’on compare les griefs que ce message formule à l’encontre des enseignants, que dire alors de ceux que l’on peut légitimement formuler à l’égard d’un gouvernement, dont vous êtes le porte-voix consciencieux quel que soit le ministère où l’on vous rencontre ?

    Qu’il faille déprécier le service public de l’éducation, réduire ses capacités à remplir sa mission, faire douter les parents qui lui confient leurs enfants, c’est en effet une exigence qu’impose le néo-libéralisme à l’œuvre dans les institutions européennes et que sert un gouvernement dont vous reflétez docilement les orientations.

    En cela Madame, vous respectez incontestablement la solidarité gouvernementale. En revanche qu’en est-il du respect que vous devez aux enseignants qui travaillent dans des conditions de plus en plus difficiles, aux parents que vous leurrez en détournant leur attention des vraies responsabilités, les vôtres, et même aux enfants, victimes ou coupables de harcèlement, en laissant supposer que l’école est le lieu où ils peuvent subir ou exercer ce harcèlement impunément ?…

    Nous, MS21, condamnons avec force des procédés irresponsables et indignes de ceux qui prétendent conduire la Nation en se revendiquant du Socialisme et de la République.


     

    * Mise en cause à propos de son clip, Mélissa Theuriau se défend ainsi sur Europe1 (cit. HuffPost aveec AFP. Mis à jour 4/11/2015 ) : « je montre une institutrice qui a le dos tourné comme tous les professeurs et les instituteurs qui font un cours à des enfants et qui ne voit pas dans son dos une situation d’isolement, une petite situation qui est entrain de s’installer et qui arrive tous les jours dans toutes les classes de ce pays et des autres pays …». « Si tous les instituteurs étaient alertes et réactifs à cette problématique de l’isolement on n’aurait pas besoin de former, de détecter le harcèlement, on n’aurait pas 700 000 enfants par an en souffrance. On n’aurait pas non plus des situations de drames et de suicides parce qu’on n’arrive pas à parler aux adultes de cette solitude et de ce sentiment d’injustice ».

    On laissera à Madame Mélissa Theuriau la responsabilité d’une diatribe aussi absurde que malhonnête. En revanche, on ne peut dédouaner la ministre qui avalise de tels propos et oublie son rôle, comme ses responsabilités, préférant s‘en décharger sur les enseignants.

    Voir les vidéo ici

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  • Conférence de Michel Collon et Ahmed Bensaada : BRUXELLES, LILLE, GENEVE, LIEGE, NAMUR

     
     
    LIEGE, 7 & 8/11 : stand des livres Investig’Action à la Foire du livre politique, Cité Miroir, place Xavier Neujean. De 13 à 20 h, infos : www.lafoiredulivre.net

    BRUXELLES, 9/11 : Débat « Révoltes arabes : quel a été le rôle des USA ? » Avec Ahmed Bensaada (Arabesque$), Majed Nehmé (Afrique-Asie), Mohamed Hassan (La Stratégie du Chaos, Jihad made in USA), Bahar Kimyongür (Syriana) et Michel Collon. A 19h. IHECS, 15 rue du poinçon, 1000 Bruxelles. Entrée libre. Org. Investig’Action. Info : relations@investigaction.org

    GENEVE, 11/11 : Débat « Révoltes arabes : quel a été le rôle des USA ? » Avec Ahmed Bensaada (Arabesque$) et Michel Collon. A 18h30. Org. Investig’Action – Suisse et Association des Etudiants en Histoire Economique et Sociale, Université de Genève – Unimail, 40 boulevard du Pont d’Arve, salle MR 280, Tram 15. Entrée libre. Info : relations@investigaction.org
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    NAMUR, 13/11 : Stand Investig’Action au Salon des médias. 10 à 18h. Michel Collon au débat sur les médias alternatifs avec Abel Carlier, François Colinet, Stéphane Hoebeke, Jean-Claude Garot et Alexandre Pénasse. A 18h. Espace cap Nord, 8 boulevard du Nord, Namur, info : www.carrefourdescultures.org

    BRUXELLES, 14/11 : Michel Collon anime un atelier « Etre ou ne pas être Charlie ? » Réflexions sur la guerre, la terreur, l’islam et la liberté d’expression, 13 – 15 h, Institut Saint Julien Parnasse, Avenue de l’église Saint Julien 22, (Auderghem), Org. Aped, Six heures pour l’Ecole démocratique. Info et liste des autres débats et ateliers : www.skolo.org

    LILLE, 14/11 : Débat « Révoltes arabes : quel a été le rôle des USA ? » Avec Ahmed Bensaada (Arabesque$), Saïd Bouamama (sociologue) et Michel Collon. A 19h. Bourse du Travail de Lille, boulevard de l’usine. Métro Fives, bus 13. Org. FUIQP et CGT Educ’action. Entrée libre. Info : fuiqp6259@gmail.com

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  • Contre le tout-anglais, établissement de la liste des primo-signataires

    Chers amis et camarades,

    Cet appel, qui doit devenir aussi pluriel que possible, paraîtra en milieu de semaine.

    Il est urgent de rouvrir ce front de résistance essentiel au sein du mouvement communiste, syndicaliste et progressiste. Souhaitez-vous vous y associer ?

    Merci de répondre, positivement ou négativement, et si vous signez, d’indiquer aussitôt, pour éviter les pertes de temps, vos titres militants politiques, syndicaux ou associatifs.

    S’ils parviennent à casser la langue française pour le tout-anglais (porté par l’UE, par l’OTAN, l’Union transatlantique et l’ensemble des partis maastrichtien, le premier service public de France qui est notre langue commune, disparaîtra. Comment dirons-nous alors « tous ensemble et en même temps » ?

    Amicalement, Georges Gastaud

     

    APPEL DE MILITANTS COMMUNISTES, PROGRESSISTES et SYNDICALISTES

    LA RESISTANCE AU « TOUT-ANGLAIS TRANSATLANTIQUE »

    DOIT DEVENIR UN AXE STRUCTURANT DE NOS RESISTANCES SOCIALES ET CIVIQUES !

     

    Par

    Léon Landini, a. officier FTP-MOI, Médaille de la Résistance, président du PRCF-  Pierre Pranchère, ancien député, ancien FTPF des Maquis de Corrèze, vice-président du PRCF - Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF, militant associatif pour la défense de la langue française contre le tout-anglais ; Aurélien Djament, mathématicien, syndicaliste au CNRS ; Vincent Flament, professeur de lettres classiques, militant internationaliste ; Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine, Université Paris VII - Annette Mateu-Casado, fille de combattant républicain espagnol, membre du secrétariat national du PRCF - Aymeric Monville, éditeur - Gaston Pellet, militant communiste, militant associatif pour la défense de la languefrançaise ; -Antoine Manessis, responsable international du PRCF -  Joël Vuylsteker, syndicaliste enseignant (59) -Jérémie Orzog, militant communiste, syndicaliste, professeur de S.E.S. (06) -

     

    Trop c'est trop : une véritable déferlante d'anglo-américanisation de la France déferle sur notre pays avec la complicité du gouvernement, du patronat, de l'Union européenne, du ministère de l'Education nationale et du secrétariat à l'Université, des grands médias audiovisuels, etc. Bafouant leurs propres règles, les gouvernants s'assoient sur l'article II de la constitution (« la langue de la République est le français ») et sur la loi de 1994, votée unanimement par le parlement, et qui dispose que « le français est la langue de l'enseignement, du travail et des services »). En effet :

    ·         La loi Fioraso a institué l'anglais comme langue de l'Université et les quelques restrictions cosmétiques apportées à cette loi ne sont pas respectées

    ·         Les services publics et les entreprises détenues par l'Etat (poste, SNCF, Air-France, EDF, etc.) multiplient les produits dénommés en anglais au mépris des usagers francophones et des étrangers non anglophones résidant dans notre pays

    ·         Les publicités diffusées aux heures de grande écoute par les médias, y compris publics, sont fréquemment en anglais ou en franglais sans que cela n'émeuve le « Conseil supérieur de l'audiovisuel »

    ·         Le gouvernement s'apprête à céder au chantage d'un magnat de la production cinématographique qui prétend obtenir des fonds publics pour tourner ses superproductions en anglais

    ·         Une initiative de l'Inspection d'anglais invite les professeurs de cette discipline à militer pour l'enseignement en anglais des autres disciplines !

    ·         Un cartel de radios commerciales prétend de fait en finir avec les quotas de chanson francophone passant à l'antenne, alors même que les jeunes chanteurs francophones ont de plus en plus de mal à trouver des lieux d'accueil et de diffusion

    ·         Nombre de colloques universitaires ou scientifiques se tenant en France contournent la langue de Hugo et d'Aragon bien que ces institutions bénéficient du financement public issu des impôts de tous : que devient le devoir pour les intellectuels, initialement proclamé par Descartes en 1637 (Discours de la méthode), de s'exprimer dans la langue d'usage de la population ? Que devient le droit de comprendre de nos contemporains quand trop de pseudo-experts, de publicitaires, de journalistes s'adressent au public avec des expressions que la majorité ne comprend pas ?

    ·         Nombre d'entreprises imposent à leurs salariés de travailler en anglais ou en jargon franglais, ce qui est source d'humiliation, de discriminations et d'insécurité ; certains secteurs économiques ne recrutent plus que des cadres supérieurs « English Mother Tongue », ce qui institue une préférence nationale à l'envers, symétrique de la honteuse « préférence nationale » lepéniste

    ·         Les quelques protections qui subsistent encore autour de notre langue commune sauteraient bien évidemment avec la mise en place du « Grand Marché Transatlantique », dit TAFTA

    ·         L'UE révèle sa nature dictatoriale en méprisant ses propres traités qui l'obligent à respecter le plurilinguisme : l'anglais devient de facto sa seule langue officielle et le gouvernement français tolère que P. Moscovici, commissaire européen et ancien ministre français, écrive ses « lettres de cadrage » en anglais à Michel Sapin (fustigeant tous les acquis sociaux de notre peuple). Déjà Christine Lagarde, dite « Lady The Guard » obligeait les hauts cadres du ministère des finances à correspondre en anglais à l'interne !

    ·         Le patronat « français » et européen pousse à la roue : on se souvient du mot du Baron Seillières devenu président du super-syndicat patronal « Businesseurope » et déclarant devant Jacques Chirac : « désormais je ne vous parlerai plus qu'en anglais, la langue des affaires et de l'entreprise ».

    ·         La langue de travail de l'armée française asservie à l'OTAN et à ses entreprises prédatrices devient l'anglais sans que cela semble émouvoir le haut encadrement de la défense de moins en moins « nationale » et de plus en plus atlantique et néocoloniale

    ·         Etc.

     

    CET ARASEMENT LINGUISTIQUE VISE A DETRUIRE LA NATION POPULAIRE, à DISCRIMINER LES TRAVAILLEURS NON ANGLOPHONES, à « ENFONCER » LA CLASSE OUVRIERE, à ANEANTIR LA DIVERSITE LINGUISTIQUE ET CULTURELLE EN EUROPE et DANS LE MONDE (des politiques analogues d'arrachage des langues nationales sévissent dans le reste de l'UE : Italie, RFA, etc.), à RENFORCER LE MATRAQUAGE IDEOLOGIQUE NEOLIBERAL : à langue unique, pensée, économie et politique uniques ! Dénonçons cette POLITIQUE LINGUISTIQUE INAVOUABLE accompagne « culturellement » l'offensive néolibérale tous azimuts du MEDEF, de l'UE, du gouvernement Hollande-Valls-Macron et de ses « opposants » sarkozyste contre les conquêtes ouvrières, contre le « produire en France » industriel et agricole.  

     

    En outre, la langue française est prise en tenaille entre le « tout-anglais transatlantique » et la « Charte européenne des langues régionales et minoritaires » que Hollande veut faire adopter au parlement réuni en Congrès. Sous le prétexte fallacieux de défendre les langues régionales, ce dispositif dangereux porté par les puissances dominantes de l'UE vise à la fois à

    ·         « désétablir » la langue française (la « charte » institue de fait un droit à ne pas parler français sur la scène publique qui, pression de l'UE et des groupes euro-régionalistes aidant, s'imposera tôt ou tard à l'administration et aux services publics)

    ·         à saper le principe d'une citoyenneté française universaliste, c'est-à-dire indifférente à l'origine ethnique.

    La « Charte européenne » institue en effet l'idée de « minorités linguistiques » ayant des droits particuliers (tout en excluant de cette reconnaissance les travailleurs immigrés non francophones !) et elle accompagne manifestement la contre-réforme territoriale qui découpe la « République une et indivisible » issue de la Révolution de 1789/94 en 13 Euro-Länder porteurs de légalités divergentes et concurrentes : tout cela s'ajoutant, la menace est évidente contre l'unité territoriale et linguistique des services publics, des statuts publics, des conventions collectives nationales, du  SMIG national, des diplômes et qualifications nationaux, du Code du travail, de l'égalité juridique des citoyens sur tout le territoire national. Oui les langues régionales font partie du patrimoine indivis de la Nation, mais elles ne doivent pas être instrumentées pour détruire la citoyenneté républicaine - si imparfaite qu'elle soit en régime capitaliste -, ni pour désétablir la langue française, PREMIER SERVICE PUBLIC du pays, socle objectif du « tous ensemble en même temps » auquel aspirent les travailleurs et bien commun à égalité des pays francophones. Nous refusons donc catégoriquement un texte qui vise à « prendre en étau » la langue française entre le tout-anglais de l'UE transatlantique et de l'OTAN et les multiples groupes euro-séparatistes que promeuvent les bourgeoisies riches de plusieurs régions périphériques françaises. Les langues régionales doivent s'enseigner dans le cadre de l'Education nationale, l'apprentissage du français et des littératures française et francophones, aujourd'hui sacrifié, doit être revalorisé d'un bout à l'autre de la scolarité, le plurilinguisme doit être rétabli dans le second degré (la contre-réforme du collège aboutit à la mise à mort de l'allemand, de l'italien, du polonais, du russe, du portugais et des langues anciennes) et place doit être faite par l'Education nationale, là où une demande populaire existe, à l'enseignement laïque des langues de l'immigration, notamment de l'arabe : non pour opposer les « communautés », mais tout au contraire pour permettre à une future République sociale, souveraine et fraternelle en marche vers le socialisme d'intégrer la diversité. et de diversifier l' « intégration » au bénéfice de tous les enfants.

    Face à cette entreprise de substitution d'une langue à l'autre qui accompagne l'arrachage du produire en France (c'est-à-dire de la classe ouvrière industrielle et de la paysannerie travailleuse) et des conquêtes sociales de 1945-47, voire de certains acquis démocratiques issus de la Révolution française et des Lumières, il revient aux forces « rouges », communistes, ouvrières, progressistes, syndicalistes, de prendre la tête de la résistance linguistique : les « élites » bourgeoises sacrifient l'héritage démocratique national pour se faire une place au soleil de l'euro-mondialisation ; c'est donc à la classe laborieuse de se défendre en défendant la langue commune, sans rejeter bien entendu les autres langues (y compris l'anglais, que nous ne confondons pas avec le « tout-globish » patronal) sans laquelle les discriminations à l'emploi s'aggraveront démesurément, non seulement contre les ouvriers et les travailleurs français, mais contre leurs camarades francophones venus de l'Afrique subsaharienne et du Maghreb.

    Nous appelons les militants et les élus communistes, où qu'ils soient organisés, les militants et les organisations progressistes, les syndicalistes et les O.S. à mener cette résistance à la fois patriotique, internationaliste et progressiste, en la liant aux luttes pour l'emploi, pour la protection sociale et les services publics, ainsi qu'aux luttes contre l'impérialisme et le néocolonialisme sous toutes ses formes. Renouant avec le combat politique et linguistique d'Aragon, de Jacques Duclos et de Jean Ferrat, tous grands défenseurs de la langue française, nous appelons les travailleurs et la jeunesse à donner une forte dimension linguistique et culturelle à leur résistance générale aux attaques du MEDEF, de l'UE, de l' « Union transatlantique » et des gouvernants qui les servent.

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  • Le discours des « valeurs de la république » : un nouveau masque de l’idéologie dominante

    Par Saïd Bouamama

     

     

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    « Crise du civisme » disent certains « chroniqueurs », carence de transmission des « valeurs de la république » répondent en écho des ministres, nécessité urgente d’une reprise en main « citoyenne » de la jeunesse concluent-ils en chœur. La France serait-elle devenue une « démocratie de l’abstention » ?

     



    Avec un taux d’abstention s’élevant à 50, 02 % au niveau national lors du second tour des départementales (il était déjà de 49, 83 % lors du premier tour), la France est devenue une « démocratie de l’abstention (1) ».

    Le profil des abstentionnistes est tout autant significatif : 73 % pour les 18-24 ans et 59% chez les 25-34 ans, 58 % pour les employés, 53 % pour les ouvriers (2).

    « Crise du civisme » disent certains « chroniqueurs », carence de transmission des « valeurs de la république » répondent en écho des ministres, nécessité urgente d’une reprise en main « citoyenne » de la jeunesse concluent-ils en chœur. Une nouvelle fois les explications sont idéalistes c’est-à-dire qu’elles évacuent les bases matérielles du comportement des citoyens et de la jeunesse.


     

    Revenir à une approche matérialiste

     

    L’idéalisme est cette approche philosophique qui explique les comportements humains à partir des idées, de « l’esprit », des représentations, des « valeurs ». Il a comme avantage pour les classes dominantes d’occulter les bases matérielles des comportements humains c’est-à-dire pour notre sujet les injustices, les inégalités sociales, les discriminations sexistes et racistes. Revenir à une approche matérialiste c’est-à-dire expliquer les « idées », les « représentations » et les « valeurs » à partir des faits matériels est donc une nécessité pour comprendre et transformer le monde.

    Or dans ce domaine de nombreux faits éclairent l’abstention des classes populaires et plus particulièrement de ses jeunesses. Citons quelques exemples : plus de la moitié des personnes pauvres ont moins de 30 ans (4), plus d’un tiers des 15- 29 ans occupe un emploi précaire (3), 23, 7 % des jeunes est au chômage fin 2014 contre 9,9 % pour l’ensemble des actifs (5), etc. La dégradation des conditions matérielles est telle que les associations caritatives tirent depuis plusieurs années la sonnette d’alarme :

     

    « plus d’un jeune sur 5 est concerné […] », « ils sont aujourd’hui les plus touchés par la pauvreté, bien plus que les personnes âgées », « les 18-25 ans représentent 12 % des bénéficiaires de l’aide » rappelle le Secours Catholique (6).

    Inutile de préciser que si ces jeunes sont issus de l’immigration ces chiffres doivent encore être augmentés :

     

    « Une étude de France Stratégie (le Commissariat général à la stratégie et à la prospective) publiée hier dresse un bilan bien sombre de la politique d’intégration en France. Intitulée Jeunes issus de l’immigration : quels obstacles à leur insertion économique ?, cette étude livre des résultats qui, s’ils ne sont pas surprenants, sont néanmoins inquiétants. Dans tous les domaines – éducation, logement, emploi, citoyenneté, santé… – les jeunes issus de familles immigrées, et singulièrement africaines et maghrébines, sont moins, voire beaucoup moins bien placés que des jeunes « sans ascendance migratoire directe (7) ».

    C’est dans ce contexte matériel que se forgent les rapports au monde, les idées, les désirs, les sentiments, etc., des nouvelles générations. Nul besoin d’invoquer un « esprit » ou des « valeurs » supposées en crise de transmission pour comprendre les effets de subjectivité d’une telle dégradation des conditions d’existence. Les jeunesses sont tout à la fois dans un rapport pessimiste à l’avenir et dans une colère sociale massive.

    Une enquête d’opinion intitulée « Génération Quoi ? » réalisée par sondage avec un échantillon de 210 000 répondants de 18 à 35 ans résume cette subjectivité des jeunesses comme suit : 61 % des interrogés se déclarent prêt à participer « à un mouvement de révolte type Mai 68 demain ou dans les prochains mois » (66% des intérimaires, 63% des chômeurs, 60% des étudiants et même 54% des CDI) (8).

    De nombreux manifestants sont, à l’évidence, beaucoup plus matérialistes que nos « chroniqueurs » et ministres en criant le slogan : « qui sème la misère, récolte la colère ».


     

    Explosion, implosion et séparation sociale et politique

     

    Il ne suffit pas que les bases matérielles d’une révolte existent pour que celle-ci devienne réalité. La possibilité ne signifie pas automatiquement l’effectivité. Les mêmes conditions matérielles peuvent s’exprimer sous la forme de l’explosion sociale comme en novembre 2005 mais également sous celle de l’implosion c’est-à-dire de la violence retournée contre soi ou dans les rapports sociaux de proximité comme nous le constatons quotidiennement dans nos quartiers populaires. Elles peuvent également conduire à des comportements nihilistes dans une recherche éperdue d’un sens à une existence devenue insupportable. Elles peuvent enfin se traduire par un séparatisme social et politique consistant à « bricoler » son existence sans tenir compte de la société officielle. Il est inutile de rechercher une quelconque homogénéité de comportements en réaction à ces conditions d’existence destructrices. Chacun s’oriente dans telle ou telle direction en fonction de sa trajectoire, des ressources relationnelles qu’elle contient ou non, des offres de canal d’expression de la colère qu’elle croise sur son chemin ou non, de la densité de ses liens sociaux ou de son degré d’isolement, etc.

    L’idéologie dominante s’attache par l’outil des médias de masses à séparer les différentes formes d’expression des mêmes causalités. Elle s’évertue à proposer des causalités individuelles et/ou culturelles en lieu et place des explications sociales et économiques c’est-à-dire à diffuser des grilles idéalistes de lecture. Elle s’efforce de masquer l’historicité de ces différentes formes afin de les faire apparaître comme des surgissements imprévisibles, inattendues, voir inexplicables rationnellement. Elle nous habitue à inverser l’ordre des causes et des conséquences et ce faisant à construire les victimes de l’inégalité sociale comme des coupables. Elle diffuse de la peur pour unir ceux qui devraient être divisés (les dominants et les dominés blancs et assimilés) et diviser ceux qui devraient être unis (les salariés et les chômeurs, les jeunes et les moins jeunes, les français et les immigrés, les sans-papiers et les autres, les musulmans et les autres, les Rroms et les autres, etc.). Elle diffuse des débats écrans visant à voiler la réalité et à imposer un autre agenda des priorités que celui qui émerge de la vie quotidienne concrète.

    Si l’action de l’idéologie dominante décuplée par la puissance de feu des médias de masse est pour l’instant suffisante pour empêcher l’émergence d’une offensive des dominés, elle est cependant insuffisante pour produire une adhésion au système social, à ses prétendus « valeurs », à ses modes de gestion politique. Nous sommes bien en présence d’une crise de l’hégémonie culturelle des classes dominantes, une partie grandissante de notre société ne se reconnaissant plus dans le « consensus » proposé. C’est à notre sens dans ce rejet direct ou indirect du consensus idéologique dominant qu’il faut rechercher les causes de l’abstention de fractions entières des classes populaires : les jeunes, les citoyens issus de l’immigration, les plus paupérisées des classes populaires blanches.

    Gramsci soulignait en son temps que la domination reposait sur deux piliers. Le premier est celui de la force qui agit dans la « société politique » (avec ses institutions : l’armée, la police, la justice). Le second est le consentement qui agit dans la « société civile » (avec ses institutions que sont l’école, les médias et tous les autres appareils idéologiques d’Etat au sens d’Althusser). C’est ce second pilier qui est aujourd’hui en crise. Par la révolte ou par le séparatisme social, une partie importante de notre société tend à échapper aux processus de légitimation de l’ordre social. Le besoin de produire de nouveaux processus d’intériorisation de la domination est grandissant pour la classe dominante.

     

    Les « valeurs de la république », la « laïcité », « l’instruction civique et morale », etc., sont autant de tentatives visant à retrouver un consentement minimum des dominés.

     

    Du « Je suis Charlie » aux « valeurs de la République »

     

    Si le « je suis Charlie » s’est conjoncturellement traduit par un « esprit du 11 janvier » qu’il s’agissait de préserver, l’outil de cette opération de sauvegarde est désormais trouvé : la défense et l’inculcation des « valeurs de la république » par les appareils idéologiques d’Etat et en premier lieu l’école. Les enseignants se voient ainsi ajouter une série de missions par la réunion interministérielle du 6 mars 2015. Le document intitulé « égalité et citoyenneté : la République an actes » (9) présente une série de mesures qui visent à transformer explicitement les enseignants en outils d’une nouvelle offensive idéologique.

    Le document programme commence par un regard lucide sur la réalité :

     

    « Pour une majorité de nos concitoyens, la République est devenue souvent une illusion. Etre comme assigné à son lieu de résidence ; se sentir bloqué, entravé dans ses projets ; être condamné à la précarité des petits boulots ; voir l’échec scolaire de son enfant sans pouvoir l’aider ; se dire que son propre destin est joué d’avance : voilà ce que vivent des habitants, dans des quartiers, en périphérie des grandes villes, mais aussi dans les territoires ruraux ou dans les Outre-mer.(10) » .

    Ce premier constat permet de saisir la dernière différence entre le gouvernement Sarkozy et le gouvernement Hollande. Le premier nie la réalité. Le second la reconnaît mais sans en citer les causes. Ainsi Valls reconnaissait lors de ses vœux à la presse, le 20 janvier 2015, l’existence d’un « apartheid territorial, social, ethnique » sans en analyser les causes.

     

    Ce premier constat sans causes est immédiatement complété par un second, ledit « malaise démocratique : l’abstention toujours croissante, la crise de confiance entre les Français et leurs institutions, entre les Français et leurs élus. Il y a plus largement une crise de la représentation, qui touche tous les corps intermédiaires. (11) »

     

    Ces deux constats s’ajoutent, dit le document, c’est-à-dire qu’ils sont présentés comme n’ayant aucun lien entre eux. Ne pouvant pas agir sur le premier constat du fait de ses choix économique libéraux, le gouvernement Valls-Hollande mandate les enseignants pour agir sur le second.

    Il est ainsi demandé aux enseignants pêle-mêle de « mettre la laïcité et la transmission des valeurs républicaines au cœur de la mobilisation de l’école », de « développer la citoyenneté et la culture de l’engagement » et de « renforcer le sentiment d’appartenance à la République ». Pour ce faire, ils auront à dispenser un « nouvel enseignement moral et civique dans toutes les classes de l’école élémentaire à la classe de Terminale ».

     

    Comme si cela ne suffisait pas, les enseignants auront également à « faciliter la compréhension et la célébration des rites et symboles de la République (hymne national, drapeau, devise) » et à emmener leurs élèves en mairie pour assister à des « cérémonies de naturalisation (12) ».

     

    Terminons en citant le « rôle et la place » de l’école que formalise le document : « L’École doit être, et sera en première ligne, avec fermeté, discernement et pédagogie, pour répondre au défi républicain, parce que c’est son identité et sa mission profonde (13) ».

     

    Le reste du document est tout autant questionnant mais dépasse la seule sphère de l’école : « réaffirmer la laïcité comme une valeur fondamentale de la fonction publique », « faire connaître la laïcité dans le monde de l’entreprise », etc.

    Ces quelques citations suffisent à illustrer la volonté de faire de l’école une machine d’inculcation idéologique active de l’idéologie dominante comme au temps béni de la troisième république coloniale et guerrière. Il s’agit également de faire des enseignants des outils d’une hypocrisie appelant à la fois les nouvelles générations à croire aux « valeurs de la République » et à « avoir envie de devenir milliardaires (14) » selon le mot d’Emmanuel Macron.

    L’inflation des discours sur les « valeurs de la république » allant de Marine Le Pen à Hollande, le consensus encore plus large sur la laïcité en danger qu’il faudrait défendre, la quasi-unanimité pour soutenir les nouvelles guerres coloniales, etc., révèlent l’illusion de combattre les effets sans s’attaquer aux causes. Il s’agit d’hypocrisie généralisée qui comme le soulignait Césaire est d’autant plus odieuse qu’elle ne trompe plus :

     

    « Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. Le fait est que la civilisation dite « européenne », la civilisation « occidentale », telle que l’ont façonnée deux siècles de régime bourgeois, est incapable de résoudre les problèmes majeurs auxquels son existence a donné naissance : le problème du prolétariat et le problème colonial ; que, déférée à la barre de la « raison » comme à la barre de la « conscience », cette Europe-là est impuissante à se justifier ; et que, de plus en plus, elle se réfugie dans une hypocrisie d’autant plus odieuse qu’elle a de moins en moins chance de tromper. (15) »

    Si les enseignants ne sont pas en mesure de refuser cette injonction à l’endoctrinement idéologique, ils deviendront des otages instrumentalisés d’une classe dominante tentant par tous les moyens hypocrites de ressouder une hégémonie culturelle défaillante. Comme le souligne un groupe d’enseignants dans Médiapart : « les élèves n’ont pas besoin comme on l’entend un peu partout d’un surcroît d’éducation civique ou cours de « fait religieux » qui ne seront qu’un inutile pansement supplémentaire sur un cadre et des programmes scolaires déjà largement inadaptés (16). »

     

    L’enjeu est de taille compte-tenu d’une méfiance réelle déjà existante entre les classes populaires et l’institution scolaire (liée à la sélection, aux inégalités scolaires, aux orientations perçues comme discriminantes, etc.) qui s’est encore renforcée ces dernières années avec les multiples « affaires du foulard »

    Notes :

     

    1) Cécile Braconnier et Jean Yves Dormagen, La démocratie de l’abstention : Aux origines de la démobilisation électorale, Folio Actuel, Paris, 2007.

     

    2) Départementale 2015 : le taux d’abstention a atteint 50,02 %, enquête opinionway, http://www.europe1.fr/politique/dep..., consulté le 31 mars 2015 à 10h 30.

     

    3) La pauvreté selon l’âge, http://www.inegalites.fr/spip.php?p...

     

    4) La précarité de l’emploi selon l’âge, consulté le 31 mars à 11 h 20 http://www.inegalites.fr/spip.php?p..., consulté à 11 h 30.

     

    5) Le chômage est en hausse en France, http://www.challenges.fr/france/201..., consulté le 31 mars à 11 h 45.

     

    6) Pauvreté, La galère des 18-25 ans, http://www.letelegramme.fr/ig/gener..., consulté le 31 mars à 12 h 30.

     

    7) Pierre-Yves Cusset,Hélène Garner, Mohamed Harfi, Frédéric Lainé, David Marguerit, Note d’analyse - Jeunes issus de l’immigration : quels obstacles à leur insertion économique ?, mars 2015, http://www.strategie.gouv.fr/public...,

     

    8) Génération Quoi ? les ambivalences de la jeunesse en France, Consulté le compte rendu de Zineb Dryef, http://rue89.nouvelobs.com/2013/09/..., consulté le 31 mars à 13 h 30.

     

    9) http://www.gouvernement.fr/la-solut..., consulté le 31 mars à 16 h.

     

    10) Ibid, p. 5.

     

    11) Ibid, p. 5.

     

    12) Ibid, p. 11.

     

    13) Ibid, p.12.

     

    14) Interview au journal 3Les Echos » du 7 janvier 2015.

     

    15) Aimé Césaire, discours sur le colonialisme, Présence Africaine, Paris, 1950.

     

    16) Ce n’est pas des élèves dont nous avons peur, http://blogs.mediapart.fr/edition/l..., consulté le 31 mars à 16 h 30.

    Illustration réalisée par BAF.F !

    Source : Investig’Action

     

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