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  • L’intérêt d’une sortie de l’Euro

     

    Par Jacques Sapir

     

    On sait que dans un système de monnaie unique (une Union Monétaire) comme la zone Euro, les pays membres ne peuvent dévaluer les uns par rapport aux autres. Une dépréciation (ou une appréciation) de la monnaie ne peut survenir qu’entre l’ensemble de la zone et le « reste du monde ».

     

    Dans cette Union Monétaire, un problème majeur est celui de l’évolution de la compétitivité des pays membres. Les pays ne peuvent désormais plus corriger des écarts de compétitivité par des dépréciations monétaires. Cette compétitivité peut se calculer par rapport à l’économie dominante de l’Union Monétaire, dans le cas de l’Euro l’Allemagne. Si l’on veut mesurer l’effet de l’Union Monétaire sur l’économie des pays considérés, il faut regarder comment cette compétitivité a pu évoluer depuis la date d’entrée en vigueur de l’Union Monétaire.

     

    La question de la compétitivité.

     

    Dans le cas de la Zone Euro, ce problème de la compétitivité relative des pays est aujourd’hui un problème majeur. La compétitivité relative évolue alors, depuis la date d’entrée en vigueur de l’UEM (1999), en fonction :

     

    1. Des différences dans les rythmes d’inflation.
    2. Des différences dans les gains de productivité.
    3. Des différences dans la pression fiscale pesant sur les entreprises, sauf si une Union Fiscale a été décrétée.
    4. Des différences dans les taux de salaires directs et indirects (incluant les prestations sociales) sauf si une Union Sociale a été décrétée.
    5. De la montée en gamme de l’ensemble de la production du pays considéré par rapport à l’économie dominante.

     

    On peut noter qu’un seul de ces facteurs s’apparente à une compétitivité « hors coût ». En fait, l’ensemble des études disponibles sur la zone Euro tend à montrer que la compétitivité « hors coût » a un rôle relativement faible, de 10% à 30% suivant les pays. Il faut aussi signaler que, en absence d’une Union Fiscale et d’une Union Sociale, les gouvernements vont être tentés de mettre en œuvre des politiques de dévaluation interne (faire baisser le salaire soit de manière relative soit de manière absolue) ou d’alléger le fardeau fiscal pesant sur les entreprises. Dans le premier cas, cela comprime fortement la demande intérieure, et peut conduire à une récession importante si la demande extérieure ne peut se substituer à la demande défaillante. Dans le deuxième cas, cela peut conduire à des politiques fiscales qui soit vont se traduire par une dette publique croissante, soit vont avoir pour effet une forte réduction des dépenses publiques, ce qui aura à terme des effets négatifs sur la santé et l’éducation de la population, et entrainera une chute des gains de productivité.

     

    En fait, la question des gains relatifs en inflation et en productivité permet de déterminer l’ampleur nécessaire de la dévaluation interne et des transferts de charges au profit des entreprises et au détriment des ménages qu’il faut réaliser si l’on veut maintenir le niveau initial de compétitivité. On peut en déduire le freinage de l’activité qui en résulte. De fait, cette question de la compétitivité se transforme pour la plupart des pays d’une Union Monétaire en un biais dépressif important, ce qui avait été noté dès 2007 par Jorg Bibow[1].

     

    C’est pour estimer cet effet, et le coût potentiel sur la croissance qui en résulte que l’on va considérer l’évolution de deux facteurs de la productivité, sur les pays de l’Europe du Sud. On présente donc ici l’évolution de l’inflation et de la productivité dans 4 pays (Espagne, Grèce, Italie et Portugal) pour chercher à estimer l’ampleur des autres ajustements nécessaires si ces pays veulent rester en Union Monétaire avec l’Allemagne.

     

    La question de l’Inflation.

     

    On considère que les taux d’inflation sont un bon indicateur de la hausse des prix pour l’ensemble de l’économie, ce qui est bien entendu une approximation. Pour être très précis il faudrait distinguer les secteurs exportateurs, les secteurs exposés à la concurrence sur le marché intérieur et les secteurs fonctionnant dans des conditions de protection relative par rapport à la concurrence étrangère. On a donc utilisé dans cette étude les taux d’inflation figurant sur la base de donnée du FMI. Dans le cas de la zone Euro, nous obtenons pour les 4 pays choisis les chiffres suivants, en comparaison avec les taux d’inflation en Allemagne.

     

    Tableau 1

     

    Inflation

    Ecarts avec le taux d’inflation cumulé de l’Allemagne

     

    Grèce

    Italie

    Portugal

    Espagne

    1999

    0

    0

    0

    0

    2000

    2,00%

    1,03%

    1,54%

    1,61%

    2001

    3,81%

    2,22%

    2,98%

    3,74%

    2002

    5,44%

    2,70%

    5,67%

    4,79%

    2003

    8,01%

    4,09%

    8,30%

    7,30%

    2004

    10,94%

    6,09%

    10,93%

    9,71%

    2005

    12,43%

    6,73%

    11,96%

    11,35%

    2006

    14,63%

    7,19%

    12,44%

    13,32%

    2007

    16,66%

    7,83%

    14,21%

    15,75%

    2008

    17,83%

    7,71%

    14,71%

    16,83%

    2009

    20,19%

    8,86%

    15,00%

    19,13%

    2010

    21,60%

    9,56%

    13,53%

    18,53%

    2011

    26,83%

    10,29%

    13,99%

    19,96%

    2012

    28,72%

    11,07%

    15,76%

    21,23%

    2013

    28,38%

    12,88%

    16,99%

    22,13%

    2014

    24,95%

    12,64%

    15,61%

    22,37%

     

    Source : Base de donnée du FMI.

     

    On voit que l’inflation est à peu de choses près la même pour la Grèce, l’Espagne et le Portugal de 1999 à 2007. L’écart s’ouvre largement avec l’Allemagne. Puis, l’inflation tend à ralentir au Portugal qui stabilise sa position par rapport à l’Allemagne, tandis qu’elle continue d’augmenter, par rapport aux rythmes allemands, pour l’Espagne et la Grèce et ce jusqu’en 2010. Ce n’est qu’à partir de cette date que l’on note une divergence dans l’écart d’inflation avec l’Allemagne. Il tend à se stabiliser en Espagne alors qu’il augment très brutalement (2011 et 2012) en Grèce, avant de diminuer en 2013 et 2014.

     

    Graphique 1

     

     

    A-InflaCompar.jpg

     

    Source : base de données du FMI

     

    Il est cependant clair que les dynamiques inflationnistes ont été relativement similaires entre l’Espagne, la Grèce et le Portugal jusqu’en 2007. Après, l’application de programmes d’austérité a eu des effets différents, provoquant une baisse rapide de la croissance de l’écart en Espagne, et au contraire une poussée d’inflation en Grèce, avant que la brutalité des politiques préconisées par la « Troïka » ne provoque une réduction de cet écart sur les deux dernières années.

     

    Le cas de l’Italie est assez différents des trois autres pays, mais n’est pas non plus sans poser problèmes. L’écart du taux d’inflation avec l’Allemagne est régulièrement en hausse de 1999 à 2013. Certes, les rythmes sont moins rapides que pour les trois autres pays, mais l’Italie voit son écart d’inflation avec l’Allemagne augmenter de plus de 12% au total en 2013 ce qui, sans l’EMU, aurait conduit à une dépréciation monétaire du même ordre.

     

    Un problème se pose : l’écart entre les dynamiques inflationnistes est important (de 25%pour la Grèce à 12,5% pour l’Italie) et durable. Or, ces pays sont censés avoir la même politique monétaire que l’Allemagne puisque la politique monétaire est le fait de la BCE et non plus des institutions monétaires nationales. Même si l’on accepte l’idée d’une « mémoire » dans les anticipations d’inflation[2], on aurait dû connaître vers 2004/2005 un alignement des rythmes d’inflation sur l’Allemagne, entraînant des courbes (graphique 1) a peu près plates. Or, ce n’est pas le cas. Ceci constitue à la fois un argument pour montrer que l’inflation peut avoir une composante non-monétaire[3], mais aussi pour montrer la folie qu’il y avait de vouloir réaliser l’Euro (l’EMU) avec des pays dont les structures économiques étaient si différentes[4].

     

    La question de la productivité.

     

    Néanmoins, l’écart entre les rythmes d’inflation entre les 4 pays et l’Allemagne aurait pu être compensé si les gains de productivité du travail avaient été plus rapides dans ces pays qu’en Allemagne. Aussi, on regarde maintenant l’évolution de l’écart des gains de productivités, à partir des statistiques de l’OCDE. Ici encore, il y a des imprécisions statistiques, qui portent sur le calcul précis des heures ouvrées. Mais, l’utilisation des données de l’OCDE nous a semblé une meilleure garantie d’homogénéité des données entre les différents pays que le calcul à partir des données nationales.

     

    Tableau 2

     

    Productivité

    Ecarts avec la croissance cumulée de la productivité en Allemagne

     

    Grèce

    Italie

    Portugal

    Espagne

    1999

    0

    0

    0

    0

    2000

    1,84%

    0,80%

    0,74%

    -0,73%

    2001

    3,29%

    -1,51%

    -1,26%

    -2,11%

    2002

    3,72%

    -3,43%

    -1,57%

    -2,20%

    2003

    9,02%

    -5,11%

    -2,30%

    -2,59%

    2004

    11,37%

    -4,53%

    -0,75%

    -3,42%

    2005

    8,33%

    -5,08%

    -0,55%

    -4,76%

    2006

    9,37%

    -8,28%

    -2,71%

    -7,82%

    2007

    9,88%

    -9,81%

    -1,78%

    -8,84%

    2008

    8,49%

    -10,48%

    -1,46%

    -6,99%

    2009

    10,24%

    -8,11%

    4,31%

    2,42%

    2010

    3,28%

    -9,60%

    4,33%

    1,08%

    2011

    -2,98%

    -11,79%

    1,54%

    0,01%

    2012

    -0,41%

    -13,22%

    3,18%

    3,04%

    2013

    0,11%

    -12,79%

    5,27%

    5,44%

    2014

    -0,12%

    -13,67%

    3,18%

    4,84%

     

    Source :

     

    OECD Economic Outlook, Volume 2014 Issue 2 – © OECD 2014

     

    Annexe : Table 12.   Labour productivity in the total economy

     

    Note: Productivité du travail mesurée par unité du PIB par personne employée.

     

    On constate ici des évolutions très divergentes. L’écart dans le domaine des gains de productivité avec l’Allemagne apparaît très important pour l’Italie et l’Espagne. Par contre, la Grèce améliore sa position de 1999 à 2004 (apportant ainsi un démenti cinglant à tous ceux qui, outre Rhin ont qualifié les travailleurs grecs de « cueilleurs d’olives »), tandis que le Portugal a une croissance de la productivité comparable à celle de l’Allemagne.

    LA SUITE ICI

     

    Lien permanent Catégories : Économie, Euro, Europe 0 commentaire
  • GRÈCE: Le discours d’ Alexis TSIPRAS au Comité Central de SYRIZA

     

    sources : Lucien Pons

     

    Publié par Michel El Diablo

     

    Camarades,
    Nous sommes au début d’un long et difficile combat, unis non seulement par le programme sur lequel le peuple grec nous a accordé sa confiance, mais aussi par les principes, les valeurs fondamentales, les idées et l’histoire de la gauche, par notre volonté de servir le peuple et le pays, par nos relations franches et ouvertes avec les travailleurs, avec ceux qui créent et inventent l’avenir par notre attachement à la démocratie et à la justice sociale, par la mobilisation solidaire du peuple autour de revendications mûres, qui donnent son vrai sens au mot progrès.

     


    Et pour qu’il n’y ait pas de confusion – je tiens à dire clairement que :
    Si nous représentons le nouveau, le « sans précédent », l’espoir de changement, cela ne signifie pas pour autant que nous sommes nés de la dernière pluie. Nous avons l’ancienneté et l’expérience de notre parti, de ses combats, de sa longue histoire.

     


    Nous avons fait nos preuves dans des périodes difficiles. Et aujourd’hui, quoi qu’il arrive, nous n’allons pas transiger avec nos principes et nos valeurs, ni reculer devant les difficultés en trahissant nos engagements.

     


    Tous ceux qui l’espèrent seront déçus.

     


    Et laissez­-moi vous rappeler un conseil de nos maîtres à penser l’émancipation sociale : Notre combat politique a comme point de départ des principes et des valeurs immuables mais il ne les vide pas de leur contenu par une aveugle obstination.
    Nous avons toujours été, et nous le sommes encore davantage aujourd’hui, obligés de servir ces principes et valeurs, en élaborant une tactique efficace et intelligente, qui tient compte des rapports de force, des dispositions des travailleurs et du peuple, de notre marge de manoeuvre à chaque instant et à chaque détour, des impératifs de notre pays.

     


    Ce discernement est la vertu principale dans une situation comme celle d’aujourd’hui, où SYRIZA est confronté à un défi sans précédent:
    Promouvoir le changement social et politique, en assumant des responsabilités gouvernementales et non pas en force revendicative d’opposition.

     


    Vous savez ce que cela signifie, camarades.

     


    Cela veut dire que chaque décision, chaque évaluation de nos actes, chaque attitude, chaque position publique a des répercussions non seulement sur l’image actuelle de la gauche et sur son avenir, non seulement sur l’ensemble des mobilisations progressistes, mais aussi sur le présent et le futur de notre pays et de notre peuple.
    C’est une responsabilité inédite, dans une situation entièrement nouvelle.
    Et je suis certain que nous sommes capables d’assumer avec le soutien de notre peuple cette responsabilité.

     


    Camarades,

     


    Cela fait à peine un mois que le peuple grec a confié à SYRIZA un mandat gouvernemental.
     

     

    Un mois qui a bousculé les codes et les vieux usages, les tabous politiques et idéologiques.
     

     

    Et il serait souhaitable de ne pas perdre de vue le tableau d’ensemble:
    Notre pays et notre gouvernement se sont trouvés au centre des préoccupations européennes et mondiales.

     


    La Grèce a cessé depuis les premiers jours du nouveau gouvernement d’être considérée comme un paria, qui reçoit des ordres et applique des mémorandums.

     


    Le peuple grec a le sentiment qu’il retrouve la dignité qui lui a été contestée et outragée.
    L’opposition à l’austérité a été mise au centre de tous les débats.

     


    La crise humanitaire, les personnes qui souffrent, que nous représentons dans les débats, ne sont plus considérés comme de simples chiffres sans dimension humaine.
    Nous avons trouvé des alliés dans notre combat de dénonciation d’une crise auto­alimentée.

     


    Nous avons reconquis le droit fondamental que dispose chaque peuple libre de discuter de son avenir.

     


    De décider de son avenir.
    Nous avons prononcé non pas un, mais plusieurs NON, en quelques jours, malgré les pressions qui sont devenues quelques fois épouvantables en revêtant le caractère du chantage.

     

     

    Et après ces épreuves nous en arrivons à une première conclusion politique :
    Aujourd’hui l’étendue de la liberté d’action de notre gouvernement et de notre pays s’est élargie.

     

     

    L’affranchissement des mémorandums et des désastreuses politiques d’austérité ne sont plus uniquement l’objet d’un désir exalté tel qu’il a été exprimé par le résultat des urnes électorales.
     

     

    Notre gouvernement en a fait un acte politique, en affirmant sa « légitimité » tant au niveau de l’opinion publique européenne qu’au niveau des institutions européennes, par sa mise en œuvre en tant que sujet de négociation et de confrontation politique.
    Et les premiers pas ont été franchis dans la voie de l’affranchissement sur laquelle SYRIZA s’est engagé en assemblant notre peuple.

     

     

    Ce n’est pas pour nous gratifier des compliments ni pour embellir la dure réalité en falsifiant la vérité que nous dressons ce constat politique.
     

     

    Les subterfuges ne trompent pas notre peuple et sont aux antipodes de la culture de notre parti.
     

     

    En revanche, ce constat contribue à l’éclaircissement de notre conduite actuelle et future, puisque l’amélioration de notre position et de la situation d’ensemble nous permettra de revendiquer et d’appliquer l’autre politique que nous souhaitons et nous avons promise.
    Est­ce que les circonstances sont difficiles?
    Oui, des grandes difficultés se dressent devant nous, car tous les jours nous livrons de nouveaux combats et les plus grands sont ceux à venir. Mais nous nous préparons en améliorant nos positions et la situation d’ensemble en vue d’atteindre nos buts.

     

     

    Il est donc clair qu’aujourd’hui : La troïka a pris fin.

     

    Et tant pis, si certains voient la troïka à la place de la Commission européenne ou des institutions européennes et internationales avec lesquelles nous collaborons et nous discutons bien sûr, puisque nous appartenons à la zone euro.
    La troïka en tant que mécanisme de supervision et de domination extra­institutionnel, arbitraire, et sans légitimité démocratique, est formellement terminée.
    Et cette mission a été accomplie par le nouveau gouvernement grec.
    Il est également clair que :
    Les mémorandums appartiennent au passé. Et ceci est attesté par la lecture de fond et de forme de l’accord de prêt puisqu’ils ne font pas partie du texte adopté et parce que les mesures absurdes de l’austérité ne figurent plus dans notre nouvel accord.
    Ce nouvel accord obtenu après une série de négociations difficiles démontre non seulement la persévérance des dogmatiques de l’austérité mais aussi la détermination de notre gouvernement d’en finir avec leurs dogmes.
    Mais je voudrais remarquer que si le comportement des anciens gouvernants qui prétendent que nous continuons dans leur voie paraît plutôt comique, entendre des discours dénonciateurs qui déforment la réalité prononcés par des représentants des forces politiques de la gauche emportés par une naïveté révolutionnaire est en revanche triste et consternant. [….]
    Bien sûr, il y a et il doit y avoir des avis et des jugements différents, des discussions, des réserves, des désaccords.
    Bien sûr, il y a et il y aura des attaques de la part de nos adversaires en Europe et en Grèce.
    Mais nous avons le devoir envers notre peuple, envers les peuples de l’Europe qui nous regardent attentivement avec un sentiment d’espérance, envers les mouvements qui luttent pour le renversement de l’austérité, de dévoiler et de défendre la vérité.

     


    Alors, quelles sont les vérités sur les négociations qui ont conduit à l’accord­pont ?
     

     

    Première vérité : Nous sommes arrivés dans une zone minée. Des pièges nous ont été tendus par les forces conservatrices les plus agressives de l’Europe avec la collaboration du gouvernement Samaras pour provoquer notre naufrage avant même de gouverner.

     


    Leur dessein était l’asphyxie financière et le renversement de notre gouvernement en faisant de la victoire de Syriza une simple parenthèse antimémorandaire.
     

     

    Nous nous sommes trouvés coincés par des délais prémédites très courts.
     

     

    Avec les caisses vides et les banques à court de liquidités.
     

     

    Avec l’héritage des engagements du gouvernement précédant et les accords passés avec ses protecteurs.
     

     

    Avec le couteau de l’asphyxie financière sous la gorge.
     

     

    Ils avaient tout préparé pour entraîner notre naufrage, et celui du pays aussi.
    Mais ils n’avaient pas prévu : 
    que notre victoire serait très proche de la majorité absolue, que nous serions capables de former un gouvernement très rapidement sans avoir recours à eux, que nous aurions un soutien populaire sans précédent après les élections, une mobilisation populaire pour soutenir notre combat pour la dignité et la souveraineté d’une ampleur jamais vue depuis la période de la Résistance Nationale.

     

     

     

    Ces imprévus ont annulé leurs desseins en nous donnant cette marge de liberté qui nous a permis d’éviter de tomber dans leur piège.
     

     

    Deuxième vérité :
    Nous avions prévu avant les élections les difficultés, mais l’estimation théorique des obstacles n’est pas suffisante. Il faut du temps et des moyens de gouvernance pour y faire face.
    Et nous, nous avons dû réagir avant même l’ouverture du nouveau Parlement : Nous n’avions donc aucune autre arme que notre détermination à obéir à la volonté du peuple telle qu’elle a été exprimée dans les urnes.

     

     

    Troisième vérité :
    Nous avions compris à juste titre que la crainte d’une déstabilisation générale causée par l’éventualité d’un échec l’emporterait sur les projets orchestrés par les forces conservatrices en Europe.
     

     

    Cette inquiétude a conduit les grands pays comme la France, les États­Unis, la Chine, et d’autres, dans une position plus positive et responsable par rapport à l’axe de l’austérité européenne en nous permettant de promouvoir nos arguments.
     

     

    Cependant, nous avons dû faire face à un axe de forces politiques animé principalement par les Espagnols et les Portugais, qui pour des raisons politiques évidentes ont tenté de mener les négociations à l’échec, en prenant le risque de créer un incident au niveau international, afin d’éviter des perturbations politiques à l’intérieur de leurs pays.
     

     

    Que pouvons-­nous donc conclure de ces vérités?
     

     

    Il y a eu un projet qui a été fait avec la collaboration du premier ministre grec sortant qui n’a pas hésité au moment où la Grèce entamait des négociations cruciales de signer des résolutions dans le cadre du Parti Populaire Européen à l’encontre de son propre pays.
     

     

    Ce projet visait et vise toujours à conduire le gouvernement à l’impuissance ou à la capitulation avant que celui­ci fasse la preuve de ses capacités, avant que le paradigme grec ait des répercussions sur le rapport de forces politiques dans d’autres pays, et surtout avant les élections en Espagne. C’est à dire : créer des pressions qui nous conduisent à des concessions inacceptables sous la menace de l’asphyxie financière. Provoquer la déception afin de nous priver du soutien populaire. Utiliser l’asphyxie financière pour susciter le mécontentement populaire.
     

     

    Leur objectif était de nous obliger à participer à une formation gouvernementale d’une moralité et d’une légitimité politique douteuse à l’instar du gouvernement Papadimos.
     

     

    Ou alors de nous renverser en mettant une fin à nos revendications politiques qui leur font tant peur.
     

     

    Laissez-­moi, là encore, ajouter un commentaire: Ces projets qui visaient à conduire non seulement SYRIZA mais aussi la Grèce « sur le lit de Procuste » étaient fondés sur la surestimation aveugle de leur force, sur l’incompréhension des données concrètes concernant la Grèce et la force de sa gauche, sur la sous­estimation de notre détermination et de notre résilience.
     

     

    Habitués à des échanges avec des représentants serviles de l’establishment mémorandaire, ils ont été surpris par notre NON prononcé à la première réunion de l’Eurogroupe. Et fort irrités par notre deuxième NON à la réunion suivante, ils ont lancé un ultimatum. Mais notre refus de céder au chantage de l’ultimatum a mobilisé d’autres forces politiques européennes qui sont intervenues en défendant la voie de la raison.
     

     

    Notre peuple aussi est intervenu efficacement en manifestant et en se mobilisant. Une vague de soutien international a été suscitée d’une ampleur jamais vue depuis l’époque de la dictature.
     

     

    Et c’est ainsi que nous sommes arrivés à un compromis qui nous a permis de retrouver notre souffle et d’éviter les pires scénarios qui auraient des conséquences désastreuses aussi bien pour la Grèce que pour l’Europe.
    [….]

     

     

    Camarades,
    permettez moi de vous rappeler les objectifs principaux de cette négociation : La dissociation de l’accord de prêt des mémorandums.
     

     

    Un accord­ pont intermédiaire qui nous offre le temps et l’espace nécessaires pour mener la négociation principale qui porte sur la dette publique et appliquer une politique de croissance en dehors du marécage de l’austérité.
     

     

    Mais ce n’est pas seulement le piège tendu que nous avons réussi à éviter. Nous avons obtenu la fin formelle et matérielle du mémorandum.
     

     

    Les exigences [de la troïka] dictées par courrier électronique à [l’ ancien ministre des finances] Hardouvelis ont disparues de la table des négociations. – Et vous vous rappelez du caractère et la dureté de ces mesures!
    Nous avons obtenu la fin de la troïka.

     

     

    A partir de maintenant, nous ne traiterons plus nos affaires avec des employés, mais avec la Commission et les institutions qui par leur caractère proprement politique sont obligées dans le cadre de leurs fonctions et de leurs entretiens d’adopter des critères qui ne sont pas exclusivement technocratiques mais aussi politiques.
     

     

    Nous avons obtenu la fin des excédents irréalistes et inatteignables qui sont le synonyme et la base de l’austérité et nous avons pu protéger les banques.

     

    Ainsi, les banques sont restées ouvertes et la sécurité du système financier dans son ensemble a été préservée.
     

     

    Camarades,
    Nous n’avons pas d’illusions. D’ailleurs, nous n’avons le droit d’en avoir.
    «Nul répit, pas d’interruption, pas de trêve».

     

     

    Nous n’en sommes qu’au commencement.
     

     

    Nous avons franchi le premier pas, mais plein d’autres questions nous attendent:
     

     

    Augmenter les revenus des fonds publics.
     

     

    Remettre debout une société ravagée par cinq années de sévices.
     

     

    Surmonter les pressions et les chantages qui seront encore exercés sur notre gouvernement.
     

     

    Nous sommes conscients de nos responsabilités et notre combat sera long et constant.
    Mais je suis optimiste et je crois que nous pouvons surmonter tous les obstacles en profitant du « souffle » que nous avons obtenu pour matérialiser rapidement nos engagements prioritaires.

     

     

    En coordonnant toutes nos forces, avec le soutien du peuple, avec l’énergie de notre volonté et de notre travail assidu, nous pourrons transformer l’accord de prêt en tête de pont vers le grand changement.
     

     

    Vous savez que nombreux sont ceux qui ont misé sur un troisième mémorandum avant fin Juin.
     

     

    Ils seront démentis une fois de plus.
    Les mémorandums sous n’importe quelle forme possible ont pris fin le 25 Janvier.

     

     

    Ce que nous cherchons – et ce à quoi nous nous préparons en employant toutes nos capacités – est d’arriver avec nos partenaires à un accord mutuellement acceptable qui permet de dégager définitivement notre pays d’une tutelle aussi étouffante qu’humiliante.
     

     

    Un accord qui rendra socialement durables nos engagements financiers en nous permettant de renouer avec la croissance, la normalité et la cohésion sociale.
    Nous entrons maintenant à une période de travail constructif.

     

     

    Hier, j’ai annoncé au Conseil des ministres le dépôt des premiers projets de loi pour inverser la situation actuelle.
     

     

    Le premier projet concerne les mesures qui seront prises pour remédier à la crise humanitaire.
     

     

    Le deuxième concerne le règlement des dettes échues envers l’État et les fonds publics.
     

     

    Le troisième concerne la protection de la résidence principale et sera déposé dès la semaine prochaine, afin de mettre un terme à l’angoisse de centaines de milliers de nos concitoyens, des travailleurs et des retraités qui risquent de perdre leur maison.
     

     

    La semaine prochaine également, le jeudi 5 Mars, nous déposerons le projet de loi pour la réouverture de ERT [radio télévision publique].
     

     

    En même temps, nous déposerons une proposition concernant la création d’une commission d’enquête, afin d’examiner les raisons et les circonstances exactes qui ont conduit notre peuple dans cette mésaventure.
     

     

    Voilà les premières interventions parlementaires et législatives de notre gouvernement de salut social.
    Et nos réformes législatives vont se poursuivre jusqu’à l’éradication complète des problèmes de l’opacité de la vie publique, de la corruption et des conflits d’intérêts.
    Toutefois, l’œuvre gouvernementale ne peut pas se limiter à l’œuvre législative.
    Dès la semaine prochaine nous commençons un marathon de réformes afin de rationaliser
    l’administration publique et faciliter la vie des citoyens.
    Ces premières mesures illustrent déjà les principes de l’orientation générale de nos réformes.
    Mais je voudrais aussi parler d’une autre mesure phare qui manifeste de façon exemplaire le passage à la période postmémorandaire : Nous avons décidé de révoquer le permis de recherches et d’exploitation de l’usine de Skouries afin de défendre, de la manière la plus efficace possible, deux grandes priorités de notre gouvernement: l’environnement et l’intérêt public.
    Et notre réponse aux réactions suscitées par notre décision est simple et sans équivoque:
    Si le peuple nous a accordé sa confiance, c’est parce que pour nous, les employés, le
    développement productif progressif, l’environnement et l’intérêt public, sont au­dessus des intérêts commerciaux, aussi grands qu’ils soient et aussi importants qu’ils soient leurs réseaux d’influence.
    Camarades
    Face au changement de circonstances que faire?
    Notre œuvre gouvernementale sera déterminante pour l’avenir de notre pays.
    Mais le rôle de notre parti est aussi essentiel.[….] Nous avons besoin d’un parti qui surveille et critique notre action tout en faisant preuve de responsabilité, d’un esprit méthodique qui juge en tenant compte de tous les paramètres. […]
    Esprit d’équipe, bon sens, adaptabilité, engagement, résistance, pensée critique sont les qualités qui vont nous permettre de marquer l’idée du progrès dans la conscience collective, dans l’histoire de notre société et de notre pays.
    Et cela mérite des efforts et des sacrifices !

     

    syriza.gr

     

    Traduction:Vassiliki Papadaki

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  • Le Venezuela répond à la tentative de coup d’Etat


    Par Thierry Deronne (Investig'Action)

     

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    Alors qu’en 1973 il restait des médias occidentaux pour s’émouvoir du coup d’État perpétré au Chili, ceux d’aujourd’hui scandent à l’unisson : “Président du Venezuela, laisse-toi te renverser ! C’est pour ton bien ! Renonce à défendre le choix des électeurs ! Renonce à la loi, à la Constitution. Si tu arrêtes un putschiste, nous dénoncerons la répression au Venezuela !”. Le bulldozer des news, déjà bien rodé pour créer le personnage Chavez, a été réactivé pour fabriquer le tyran Maduro qui agite au loin un poing brutal pour mieux écraser des foules fanatisées alors que la voix feutrée de l’opposition de droite ou du porte-parole de la Maison Blanche, de face, en plan proche, s’étonne de tant de violence.

     



    Même lors du coup d’État manqué contre Chavez en 2002, jamais on n’avait observé une telle intensité dans le bombardement médiatique pour nous faire accepter la nécessité d’une intervention extérieure, ou d’un coup d’État, sans attendre les élections.

    C’est sans doute l’erreur historique, et suicidaire, de la gauche européenne : ne pas avoir démocratisé la propriété des médias, avoir laissé le service public mimétiser “l’information” des grands groupes privés (1). Qu’arriverait-il au journaliste d’un grand média qui parlerait des 40.000 conseils communaux et de conseils du pouvoir citoyen qui apportent la matière grise de nombre de décisions gouvernementales au Venezuela ?

    Et le Maduro réel ? Celui que n’isolent pas les téléobjectifs de l’AFP et de Reuters ?

    Le jeudi 26 février, lors de la création du nouveau Conseil des personnes handicapées et des personnes âgées (2), il a approuvé les crédits pour octroyer 300 mille pensions de plus, ce qui élève les bénéficiaires de ce droit à trois millions de citoyen(ne)s. Il a confirmé l’octroi de 10.000 allocations de santé pour mieux protéger les personnes âgées. Il a félicité les employés de la nouvelle mission sociale “Foyers de la patrie” qui a visité en une fin de semaine 200 communautés populaires, soit 25 mille familles : “Cette méthodologie nous permet d’arriver directement jusqu’aux familles en évitant les mafias des intermédiaires”.

    Avant d’entamer à travers le territoire un nouveau cycle de “gouvernement de rue” (3) Maduro a rappelé l’idée centrale de sa politique : malgré la guerre économique (4) et la chute des prix du pétrole, pas d’austérité mais l’approfondissement d’un État social et participatif. “Comme le dit le maire Rodriguez, on nous agresse parce que nous sommes un gouvernement des pauvres. Il n’y a que dans le socialisme que les ressources sont administrées en fonction de celui ou celle qui en a besoin”. Pendant cette assemblée un gros dossier arrive aux mains de Maduro. Anibal, affecté d’une incapacité de l’ouïe, un des porte-paroles du nouveau conseil national, prend la parole en langage de signes : “Nous sommes 120 porte-paroles venus des 24 états du pays, nous avons travaillé ensemble sur ces propositions”. “C’est pour cela que j’ai créé les conseils de gouvernement populaire, pour que le peuple prenne le pouvoir, pour qu’il assume le pouvoir politique, pour qu’il se convertisse en peuple président” lui répond Maduro. (5)

    Le samedi 28 février lors d’une mobilisation populaire contre l’ingérence des États-Unis (photos), le président a poursuivi : “The Wall Street Journal a écrit récemment que l’heure est venue de m’appeler tyran, je réponds : je serais un tyran parce que je ne me laisse pas renverser ? Et si je me laisse renverser, je serais un démocrate ? Le peuple devrait permettre que s’installe un « gouvernement de transition », éliminant la Constitution ? Je ne le permettrai pas et s’il le fallait je me battrai dans la rue avec notre peuple et nos forces armées. Nous voulons construire la paix, la stabilité la coexistence, la vie en commun. Que ferait le président Obama si un coup d’État était organisé contre son gouvernement ? Celui qui persiste dans ses activités terroristes, putschistes, celui qui agit hors de la Constitution, sera arrêté pour être jugé même si The Wall Street Journal ou le New York Times m’appellent le tyran, ce n‘est pas la tyrannie, non, c’est tout simplement la loi. »

    Durant cette marche qui a parcouru les rues de Caracas, Maduro a signé un décret indemnisant 74 familles de victimes du “Caracazo” (6) : en 1989, après deux jours d’émeutes populaires qui suivirent l’application des mesures néo-libérales exigées par le FMI, le président social-démocrate Carlos Andrés Pérez avait suspendu les garanties constitutionnelles et avait envoyé l’armée “rétablir l’ordre”. En 72 heures, 2000 à 3000 personnes furent assassinées. Maduro a rappelé que cette même austérité de choc fait partie du programme que la droite vénézuélienne avait prévu d’appliquer en cas de succès du coup d’État le 12 février 2015 (7). Jusqu’à l’élection de Hugo Chavez, aucun gouvernement n’avait accepté de reconnaître les fosses communes, les disparitions, et les tortures. Les 74 indemnisations décrétées par Maduro s’ajoutent aux 596 accordées à d’autres familles par le gouvernement bolivarien.

    Par ailleurs, le président a annoncé quatre mesures en réponse aux sanctions imposées par les États-Unis en violation du Droit international et dénoncées par l’ensemble des pays latino-américains (8), ainsi qu’aux 168 déclarations officielles émises par l’administration Obama contre le gouvernement bolivarien de 2014 à 2015 :

    – L’entrée du territoire vénézuélien est interdite aux fonctionnaires étasuniens complices d’actes terroristes, de violations de droits de l’homme, de crimes de guerre. Parmi ceux-ci l’ex-président George W. Bush, l’ex-vice-président Dick Cheney ; l’ex-directeur de la CIA George Tenet, notamment liés au massacre de centaines de milliers d’irakiens sur la base du mensonge des “armes de destruction massive” et à la création de centres de torture – prisons secrètes en Europe, Abu Ghraib, Guantanamo, etc… « Interdit aussi d’accorder des visas aux citoyens américains qui ont violé les droits humains et ont bombardé des populations civiles « . La décision concerne aussi les congressistes d’extrême droite Bob Menendez, Marco Rubio, Ileana Ross-Lehtinen et Mario Diaz-Balart, proches du réseau terroriste du cubain Posada Carriles qui vit actuellement aux USA sous la protection des autorités.

    – Adéquation du nombre de fonctionnaires de l’Ambassade des États-Unis à Caracas. Le gouvernement étasunien y maintient plus de 100 employés alors que seulement 17 fonctionnaires vénézuéliens sont autorisés à travailler à l’ambassade vénézuélienne à Washington. La chancelière Delcy Rodriguez a rappelé que cette faculté de demander l’équilibre du nombre échoit à tout gouvernement en vertu de la Convention de Vienne.

    – Réciprocité en matière de visas. “Les citoyens vénézuéliens qui voyagent aux États-Unis doivent payer pour obtenir un visa. A présent, pour rétablir l’égalité de traitement, les étasuniens qui nous visitent, devront obtenir un visa et payer ce que paye un Vénézuélien qui voyage aux États-Unis”.

    – “Finies, les réunions des fonctionnaires étasuniens pour conspirer sur notre territoire”. Les responsables de l’ambassade étasunienne à Caracas ont été informés que dorénavant « toute réunion réalisée par eux au Venezuela devra être notifiée et approuvée par le gouvernement du Venezuela« , conformément aux articles 41 et 41.2 de la Convention de Vienne. Maduro a révélé : « nous avons détecté et capturé certains étasuniens engagés dans des activités secrètes, notamment d’espionnage, essayant de recruter des gens dans les villages frontaliers avec la Colombie et sous influence paramilitaire. Dans l’État du Táchira nous avons capturé un pilote d’avion étasunien d’origine latino-américaine, avec toute sorte de documents. Il est en train de faire des révélations”.

    En concluant son discours, Maduro a réaffirmé son respect pour le peuple étasunien ainsi que pour la communauté afro-américaine, hispanique et caraïbe souvent victimes des violations de droits de l’homme de la part de leur propre gouvernement, rappelant que ces mesures ne sont pas prises contre eux, mais contre l’élite qui persiste à s’ériger en policier mondial et à refuser de respecter le principe de souveraineté.

    T.D., Caracas, 1er mars 2015

    Notes :

    (1) Cas récent d’une émission d’ARTE : http://vivavenezuela.over-blog.com/.... En Europe le gouvernement Tsipras montre la voie en rouvrant la télévision publique fermée sur injonction de Bruxelles et en réembauchant tous ses salariés pour que la population jouisse d’un “service public démocratique et pluriel”. Toute révolution citoyenne devrait s’accompagner de la création d’un vaste réseau de médias populaires pour que les citoyens disposent réellement d’informations alternatives.

    (2) Sur la nature de ces nouvelles instances de pouvoir citoyen, lire « Démocratisation de l’État, hausse des budgets sociaux : Nicolas Maduro met les bouchées doubles« , https://venezuelainfos.wordpress.co...

    (3) Sur le gouvernement de rue, lire « Nous t’écoutons Claudia« , https://venezuelainfos.wordpress.co...

    (4) « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les files d’attente au Venezuela sans jamais oser le demander« , https://venezuelainfos.wordpress.co...

    (5) Voir le point (2) sur la démocratisation de l’État.

    (6) « Comment la plupart des journalistes occidentaux ont cessé d’appuyer la démocratie en Amérique Latine », https://venezuelainfos.wordpress.co...

    (7) Lire « L’« accord de transition » Machado-Ledezma-Lopez : ce que révèle et ce qu’occulte le programme de la droite vénézuélienne en cas de succès d’un coup d’Etat« , https://venezuelainfos.wordpress.co...

    (8) Lire « L’Amérique Latine serre les rangs autour du Vénézuéla : les États-Unis isolés (avec déclaration intégrale du sommet de la CELAC)« , https://venezuelainfos.wordpress.co...

    Source : http://wp.me/p2ahp2-1KE

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  • SYRIZA, La Chine et la Russie contre l'Ukraine, l'OTAN et ses mercenaires...

    Le Grand Soir
    Journal Militant d'Information Alternative

    Cette semaine
    Un mois qui a bousculé les codes et les vieux usages, les tabous politiques et idéologiques.
    Discours d’ A. Tsipras au Comité Central de SYRIZA
    A. Tsipras
    Camarades, Nous sommes au début d’un long et difficile combat, unis non seulement par le programme sur lequel le peuple grec nous a accordé sa confiance, mais aussi par les principes, les valeurs fondamentales, les idées et l’histoire de la gauche, par notre volonté de servir le peuple et le pays, par nos relations franches et ouvertes avec les travailleurs, avec ceux qui créent et inventent l’avenir, par notre attachement à la démocratie et à la justice sociale, par la mobilisation solidaire du (...) Lire la suite »
    Actions transnationales contre l’inauguration de la BCE
    Inauguration de la BCE : on reprend leur fête en main !
    Blockupy Frankfurt
    Le 18 mars 2015, la Banque centrale européenne (BCE) veut inaugurer son nouveau siège à Francfort. La somme vertigineuse d’ 1,3 milliards d’euros a été dépensée pour construire ces tours jumelles de 185 mètres de haut qui ressemblent à une forteresse, entourée de clôtures et de douves. Cette intimidante architecture du pouvoir est un symbole parfait de la distance qui sépare les élites politiques et financières des populations. Le personnel et le matériel de bureau sont déjà en cours d’installation. Mais (...) Lire la suite »
    La Chine vient de se ranger du côté de la Russie sur le conflit ukrainien (Zero Hedge)
    Tyler DURDEN
    En ce qui concerne la guerre par procuration en Ukraine, qui a commencé pour de bon il y a environ un an, avec le violent coup d’Etat qui a renversé le président Yanoukovitch pour le remplacer par un oligarque local pro-américain, personne n’a de doute sur l’identité des acteurs clés : à gauche, nous avons l’ouest, représenté par les États-Unis, l’Union européenne et l’OTAN ; et à droite, nous avons la Russie. La seule chose qui n’était pas tout à fait claire jusqu’ici, c’était le rôle que jouait cet autre (...) Lire la suite »
    James Clapper appelle à armer les Forces ukrainiennes : à qui cela profiterait-il réellement ? (The Intercept)
    Glenn GREENWALD
    Il est facile d’oublier qu’il y a seulement deux ans, le président Obama était déterminé à bombarder la Syrie et à éradiquer le régime d’Assad, et que les institutions de l’establishment américain travaillaient à jeter les bases de cette campagne. NPR (National Public Radio) a alors commencé à publier consciencieusement les rapports de responsables américains anonymes selon lesquels la Syrie avait stocké de grandes quantités d’armes chimiques ; le New York Times signalait qu’Obama "augmentait l’aide aux (...) Lire la suite »
    Ils arrivent ! Porc, bœuf et lait aux hormones (et poulets lavés au chlore)
    TTIP, ôtez vos pattes de notre nourriture !
    Esther VIVAS
    Un nouveau tour de vis vient d’être donné aux politiques agroalimentaires en Europe. Il s’agit du Traité de libre-échange entre les États-Unis et l’Union européenne (UE), plus connu sous le nom de TTIP (son sigle en anglais pour Transatlantic Trade and Investment Partnership), l’ombre grandissante de l’agroalimentaire qui s’étend des champs à l’assiette. Comme des vampires assoiffés de sang, les multinationales du secteur attendent pour se sucrer, et ce beaucoup, grâce à ces nouvelles mesures de (...) Lire la suite »
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    Philippe Val a déjoué un complot : Acrimed gangrène la formation des journalistes !
    Martin COUTELLIER
    Ayatollah responsable de l’épuration du journalisme, des médias et de la critique des médias, Philippe Val, patron licencieur (de Siné, Porte et Guillon) et chasseur de têtes, n’est jamais en panne d’inspiration : la liste est longue de ses mensonges et calomnies d’une insondable bêtise. Et elle vient de s’allonger... Il y a peu, parmi les facteurs qui expliqueraient selon lui « la crise que traverse le journalisme », Philippe Val avait découvert celui-ci, sans doute le principal : « On peut relever (...) Lire la suite »
    Israël contre les Juifs
    Pierre STAMBUL
    C’est un refrain bien établi. Vous critiquez Israël et le sionisme ? Vous êtes antisémite ! Un Juif français veut pouvoir « vivre son judaïsme » ? On l’invite à faire son « alyah » et à apporter sa pierre à la colonisation de la Palestine. On essaie de nous marteler que l’histoire des Juifs s’est achevée et qu’Israël en est l’aboutissement. Israël fonctionne comme un effaceur de l’histoire, de la mémoire, des langues, des traditions et des identités juives. La politique israélienne n’est pas seulement (...) Lire la suite »
    Pétition pour la nomination d’un « ambassadeur de choc » en Libye : Bernard-Henri Lévy
    Maurice LEMOINE
    Le 17 février 2015, décrivant devant le Conseil de sécurité des Nations unies un pays qui pourrait devenir une menace pour l’Europe comme pour l’Afrique, le ministre libyen des affaires étrangères Mohammed Al-Dairi a appelé « à ne pas rester silencieux face au terrorisme en Libye ». Comme en écho, et évoquant le même pays lors d’une réunion de dirigeants sociaux-libéraux européens tenue à Madrid le 21 février, le Premier ministre français Manuel « 49-3 » Valls a estimé que le « djihadisme terroriste » était (...) Lire la suite »
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  • La planète positive aux pesticides ?

    Empoisonnés aux pesticides puis licenciés pour inaptitude, quatre salariés du site Nutréa-Triskalia de Plouisy, près de Guingamp dans les Côtes-d'Armor, se battent depuis cinq ans pour obtenir  réparation.

    Plus d'infos

    Spécialisée dans la fabrication de granulés pour le bétail, l'entreprise Nutréa appartient à Triskalia, une coopérative agricole géante regroupant 18 000 agriculteurs et employant 4 800 salariés sur 300 sites. Le scandale a commencé fin 2008, quand les dirigeants de Nutréa ont décidé, pour faire des économies, de ne plus ventiler 20 000 tonnes de céréales stockées dans d'énormes silos. Les conséquences ont été désastreuses : les stocks ont été infestés de charançons et autres insectes nuisibles et sont rapidement devenus impropres à la consommation. Mais pour la direction, il n'était pas question de les perdre, et elle a choisi de les faire asperger d'insecticide et de propulser ce même insecticide par les gaines de ventilation.

    Alors que les deux salariés travaillant à la réception des céréales ont rapidement développé des symptômes inhabituels (vomissements, saignements, maux de tête...), le même procédé a été utilisé l'année suivante, intoxiquant cette fois une quarantaine de salariés du site. En 2011, les deux premiers salariés ont été déclarés inaptes et licenciés dans la foulée. Deux autres salariés ont été licenciés à leur tour pour inaptitude en 2013. Ces quatre travailleurs souffrent d'hypersensibilité chimique multiple, une maladie qui ne connaît pas d'autre traitement que l'évitement de tout contact avec des produits chimiques, ce qui revient à éviter les lieux publics et rend très difficile un retour à l'emploi.

    Le 11 septembre 2014, le Tribunal des affaires de Sécurité sociale (Tass) de Saint-Brieuc a reconnu la faute inexcusable de l'entreprise pour les deux premiers salariés, dont les intoxications sont considérées comme des accidents de travail, ce qui leur vaut une rente d'un peu moins de 800 euros par trimestre. Les deux autres salariés se sont vu refuser par le Tass la reconnaissance de leur maladie comme maladie professionnelle. Leur plainte au pénal a été classée une première fois, puis relancée, mais cinq ans après, elle en est toujours au stade de l'enquête préliminaire. Aucune investigation n'a été lancée à ce jour sur la pollution de la chaîne alimentaire par les insecticides répandus sur les céréales. Malgré tout, les quatre salariés continuent le combat pour obtenir réparation.

    Nous vous proposons d'interpeller la société triskalia. La liste des signataires de cette action cette pourra être transmise aux avocats des plaignants.

    Sylvie GOURDON "Sous le vent, les pieds sur terre"
    Yves Marie LE LAY Sauvegarde du Trésor
    Alain Uguen Association Cyber @cteurs,

    TRISKALIA, société coopérative agricole à capital variable dont le siège social est ZI Lanrinou – 29206 Landerneau CEDEX, immatriculée au RCS de Brest sous le n° 775 576 986 représentée par Mme Béatrice PERROT, en sa qualité de Directrice de la Communication. numéro de téléphone : 02 98 25 30 00


    Ecouter : Une histoire de grains pourris sur France Inter
    http://www.franceinter.fr/emission-interception-bretagne-une-histoire-de-grains-pourris  

    De Bretagne jusqu’à Paris, les institutions dévoyées
    http://www.cyberacteurs.org/blog/?p=1762  

    Lien pour réécouter le reportage d'Inès Léraud dans l'émission "Les pieds sur terre" de France Culture en partenariat avec le journal l'Humanité concernant le scandale des pesticides :
    http://www.franceculture.fr/emission-les-pieds-sur-terre-le-scandale-des-pesticides-en-partenariat-avec-l-humanite-2014-12-18  
    N'hésitez pas à vous exprimez en donnant votre avis sur le site de France Culture.

    Ci-dessous le lien pour lire l'article de Fanny Dumayrou dans l'Humanité.
    http://www.humanite.fr/chez-nutrea-triskalia-le-combat-des-intoxiques-aux-pesticides-560647  

    Nutréa-Triskalia : un suicide qui interroge
    http://www.ouest-france.fr/social-nutrea-triskalia-un-suicide-qui-interroge-2809579  

     

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  • Israël contre les Juifs

     

    par Pierre Stambul

    C’est un refrain bien établi. Vous critiquez Israël et le sionisme ? Vous êtes antisémite ! Un Juif français veut pouvoir « vivre son judaïsme » ? On l’invite à faire son « alyah » et à apporter sa pierre à la colonisation de la Palestine.

     

    On essaie de nous marteler que l’histoire des Juifs s’est achevée et qu’Israël en est l’aboutissement. Israël fonctionne comme un effaceur de l’histoire, de la mémoire, des langues, des traditions et des identités juives. La politique israélienne n’est pas seulement criminelle contre le peuple palestinien. Elle se prétend l’héritière de l’histoire juive alors qu’elle la travestit et la trahit. Elle met sciemment en danger les Juifs, où qu’ils se trouvent. Et elle les transforme en robots sommés de justifier l’injustifiable.

     

     

     

    Retour sur un passé récent

     

    L’histoire des Juifs français n’a strictement rien à voir avec Israël. Régulièrement spoliés, massacrés ou expulsés par différents rois très chrétiens, les Juifs ont acquis la citoyenneté française avec l’Abbé Grégoire pendant la Révolution. Ces deux derniers siècles ont été marqués par une quête de la citoyenneté et de l’égalité des droits. L’affaire Dreyfus a révélé que, si une partie de la société française était antisémite, une autre partie, finalement majoritaire, considérait que l’acquittement et la réhabilitation de Dreyfus étaient l’objectif de tous ceux qui étaient épris de liberté et refusaient le racisme. L’histoire des Juifs français a été marquée par leur participation importante à la résistance contre le nazisme et le régime de Vichy, puis par l’engagement de nombre d’entre eux dans des luttes progressistes et/ou anticoloniales. Les intellectuels juifs de cette époque s’appelaient Raymond Aubrac, Marc Bloch, Laurent Schwartz, Pierre Vidal-Naquet, Stéphane Hessel. C’était une époque où beaucoup de Juifs pensaient que leur propre émancipation passait par celle de tou-te-s. C’était une époque où le racisme, le fascisme et la haine de l’autre étaient considérés comme des abjections à combattre. Les enfants juifs allaient à l’école publique, jamais il ne leur serait venu à l’idée de se séparer des autres dans des écoles confessionnelles.

     

    On s’efforce aujourd’hui en Israël d’effacer l’histoire des Juifs dans les différents pays où ils ont vécu. Si les Juifs ont longtemps été considérés par les antisémites en Europe comme des parias inassimilables et s'ils  ont été persécutés parce qu’ils constituaient un obstacle aux nationalismes fous qui rêvaient de sociétés ethniquement pures, ils n’ont jamais recherché la séparation mais au contraire l’insertion à l’intérieur des sociétés dans lesquels ils vivaient.

     

     

     

    Une assignation à la désertion

     

    On fait un saut de quelques années. En tête d’une gigantesque manifestation parisienne censée dénoncer le terrorisme, on trouve trois criminels de guerre, Nétanyahou, Lieberman et Bennet qui viennent de s’illustrer dans le massacre de plus de 2000 Palestinien-ne-s (essentiellement des civil-e-s) à Gaza pendant l’été 2014. Profitant de l’émotion causée par l’attentat antisémite de la Porte de Vincennes, Nétanyahou est autorisé (par le gouvernement français) à déclarer aux Juifs français qu’ils sont en insécurité en France et qu’ils doivent partir dans leur « vrai » pays, Israël.

     

    En fait, le sionisme n’a jamais combattu l’antisémitisme. Il s’en est toujours nourri avec en permanence un seul et unique but : faire immigrer le maximum de Juifs en Israël. Du coup, Nétanyahou n’hésite pas à mettre en danger les Juifs français. Il en fait des étrangers dans leur propre pays, des « touristes » qui n’ont pas compris que leur « patrie » est là-bas. Les Juifs sont sommés d’être des « traîtres » (à la seule et unique cause, celle du Grand Israël de la mer au Jourdain) ou des complices. La France a toujours été un échec pour Israël : à peine 80000 Juifs sont partis depuis 1948 et une moitié est revenue. Alors la propagande se fait assourdissante. Pourtant, s’il y a bien un pays où les Juifs sont en insécurité, c’est Israël et il sera ainsi tant que la destruction de la Palestine se poursuivra.

     

    À « l’alyah » (la montée) des vivants vers Israël, s’ajoute à présent celle des morts. Les autorités israéliennes incitent vivement les Juifs français à faire enterrer leurs proches en Israël. Ainsi les victimes de la tuerie de la porte de Vincennes ont été inhumées au cimetière de Givat Shaul. Ce « quartier » de Jérusalem, c’est l’ancien Deir Yassine, le village martyr de la guerre de 1948 où les milices de l’Irgoun dirigées par Menachem Begin ont massacré toute la population avant que le village ne soit, comme tant d’autres, rayé de la carte. Quel symbole !

     

     

     

    Israël à l’avant-garde de l’islamophobie

     

    Les Juifs ont vécu pendant des centaines d’années dans le monde musulman. Ils ont même été accueillis par l’empire ottoman après leur expulsion d’Espagne en 1492. Aujourd’hui, Israël paticipe à la diabolisation des Arabes et des musulmans en se comportant en élève modèle du « choc des civilisations ». Le racisme anti-arabe et l’islamophobie s’expriment ouvertement, des politiciens en ont fait leur fond de commerce et les passages à l’acte sont fréquents. Les crimes de masse comme à Gaza ou la multiplication des propos racistes (Pour le rabbin Rosen, les Palestiniens sont des Amalécites et la Torah autorise qu’on les tue ainsi que leurs femmes, leurs enfants, leurs troupeaux)laisseront des traces. Comment imaginer que ce qui est infligé aux Palestiniens sera sans conséquences ?

     

    En Israël, des propagandistes rivalisent pour expliquer que les Juifs ont vécu l’enfer dans le monde musulman, masquant le fait que l’antisémitisme a été avant tout une invention européenne et chrétienne. Les Juifs orientaux subissent en Israël des discriminations sociales et un mépris raciste. Ils ont souvent été humiliés et discriminés à leur arrivée. Ils sont coupés de leurs racines et poussés à renier leur identité. L’expulsion des Palestiniens de 1948 est présentée comme un « échange de population » alors que le sionisme est le principal responsable, et de la Nakba, et du départ des Juifs orientaux de leurs pays.

     

     

     

    Qu’y a-t-il de juif en Israël ?

     

    Les sionistes ont théorisé l’idée que les Juifs et les non-Juifs ne peuvent pas vivre ensemble. C’est totalement contraire à tout ce qui s’est passé pendant des centaines d’années. Cela va à l’encontre de l’aspiration des Juifs à sortir des ghettos, des mellahs et des juderias pour devenir des citoyens normaux.

     

    Les Juifs religieux qui émigrent en Israël y rencontreront rarement la religion telle qu'elle a été pratiquée pendant des siècles. Le courant national-religieux s’est imposé. Ce courant intégriste a totalement révisé la religion. Le « peuple élu », ça n’a jamais voulu dire qu’il a plus de droit que les autres mais au contraire qu’il a plus de devoirs. Parmi les préceptes, il y a « ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse » et « tu aimeras ton prochain comme toi-même »« L’an prochain à Jérusalem », ça n’a jamais voulu dire qu’il faut réaliser le nettoyage ethnique en cours, mais « vivement que le Messie vienne ». L'hébreu a toujours été une langue religieuse interdite à l'usage profane. La religion juive est une religion de « l’exil ». L’installation sur cette terre (d’Israël/Palestine) avant l’arrivée du Messie et a fortiori l’établissement d’un Etat juif étaient interdits. D’ailleurs les Juifs expulsés d’Espagne en 1492 ne sont pas allés à Jérusalem. Herzl a rencontré une hostilité quasi unanime des rabbins contre le projet sioniste dès qu’il a été question d’établir un État juif en Palestine.

     

    Pour les Juifs laïques, les valeurs dominantes d’Israël sont à l’antithèse de ce que sont pour eux les valeurs du judaïsme. Où trouve-t-on dans la tradition juive le racisme, le chauvinisme, le militarisme, le négationnisme de l’existence et de la dignité de l’autre ? Qu’y a-t-il de commun entre ce qu’ont représenté les grands intellectuels juifs (Einstein, Freud, Arendt, Kafka, Benjamin …) et les criminels de guerre qui dirigent Israël ? Qu’est devenue en Israël la mémoire de celles et ceux qui ont lutté contre le fascisme et le colonialisme (Marek Edelman, Abraham Serfaty, Henri Curiel …) ? De quel héritage juif peuvent se prévaloir les colons et les militaires qui justifient à l’avance les violences et les crimes commis contre les Palestiniens ?

     

    Comme l’écrit l’historien israélien Shlomo Sand à propos du livre de Yakov Rabkin Comprendre l’État dIsraël, « celui qui voit dans le sionisme une continuation du judaïsme ferait bien de lire ce livre. Mais celui qui croit que l’État dIsraël est un État juif est obligé de le lire ».

     

    Certains Juifs pensent qu’après le génocide nazi, Israël est l’ultime refuge. Au nom de quoi les dirigeants israéliens peuvent-ils brandir partout l’antisémitisme et le souvenir du génocide ? Les sionistes n’ont joué qu’un rôle marginal dans la lutte contre l’antisémitisme et la résistance au nazisme. Certains dirigeants sionistes ont même eu un comportement honteux pendant la montée du fascisme (Ben Gourion avec les accords de Haavara, 1933) et à l’époque de l’extermination (le groupe Stern assassinant des soldats et des dignitaires britanniques). Comment ne pas comprendre que la mémoire du génocide signifie « que cela n’arrive plus jamais » et pas « que cela ne NOUS arrive plus jamais », ce qui correspond à une vision tribale de l’humanité totalement contraire à toutes les formes d’héritage juif.

     

     

     

    Refuser l’assignation et la peur, refuser toutes les formes de racisme et de discrimination.

     

    Il y a des confrontations qui ont du sens : les luttes contre l’oppression, la domination, le colonialisme, pour l’égalité des droits. On nous vend aujourd’hui une guerre qui n’est pas la nôtre : celle d’un monde dit « civilisé » contre le « terrorisme islamique ». Dans cette « guerre », les musulmans sont considérés comme des terroristes en puissance et sont sommés de « prouver » qu’ils ne sont pas des complices de Daesh.

     

    Et les Juifs sont assignés à soutenir sans réserve une politique israélienne criminelle contre les Palestiniens et suicidaire pour les Juifs.

     

    Cette fuite en avant criminelle tient par la peur. Ce syndrome assure le consensus à un point tel qu'un négociateur palestinien (le professeur Albert Aghazarian) a pu dire que les Israéliens ont peur de ne plus avoir peur. Cette peur irrationnelle a gagné beaucoup de Juifs français.

     

    Dans le contexte du « choc des civilisations », prétexte des dominants pour ensanglanter le monde, il y a en France une montée générale de toutes les formes de racisme. Contrairement à l’image fabriquée par les principaux médias, le racisme frappe essentiellement tous les « dominés », toutes les victimes de l’apartheid social : Arabes, Noirs, Roms. Il prend une nouvelle tournure en se masquant derrière l’islamophobie. Comme il n’est plus politiquement correct de dire « sale arabe », on diabolise l’islam.

     

    Il y a aussi une incontestable et détestable montée de l’antisémitisme. Mais les différentes formes de racisme ne sont pas traitées de la même façon.

     

    Les dirigeants israéliens et en France le CRIF, participent activement à la stigmatisation des musulmans. Ils affirment contre toute évidence qu’il n’y a qu’un seul racisme à dénoncer (l’antisémitisme) et qu'on est à la veille d'une nouvelle « nuit de cristal ». Ils font apparaître les Juifs comme ceux que le pouvoir protège alors que l’idéologie sécuritaire, les déclarations des principaux dirigeants et le travail nauséabond de pseudo intellectuels, visent une seule population déclarée dangereuse.

     

    Les stéréotypes antisémites se nourrissent aussi de la complicité du CRIF avec la politique israélienne et de la partialité évidente du pouvoir. À l’heure des confusions, l’indignation légitime contre les crimes israéliens fait monter l’antisémitisme et les quelques paumés attirés par la violence effroyable de Daesh commettent des attentats criminels contre les Juifs parce que Juifs.

     

     

     

    La lutte contre le racisme ne peut pas être découpée. Choisir certaines « bonnes » victimes contre dautres est à l’antithèse du combat antiraciste. La politique israélienne et la négation totale des droits du peuple palestinien ne protègent absolument pas les Juifs. Au contraire. Pour créer l’Israélien nouveau, il a fallu « tuer le Juif », celui qui pensait que son émancipation passait par celle de l’humanité. Comme le dit le militant israélien anticolonialiste Eitan Bronstein : « nous ne serons jamais libres tant que les Palestiniens ne le seront pas ». En refusant le tribalisme, les Juifs français réaffirmeront une histoire dont ils peuvent être fiers.

     

    C’est tou-te-s ensemble qu’il faut combattre tous les racismes, toutes les stigmatisations, toutes les discriminations. C’est tou-te-s ensemble qu’il faut défendre le droit, en Palestine comme ici.

     

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