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  • Mettons fin à la dictature de la BCE

    Une jeune femme interrompt la conférence de presse de Draghi

      PRCF : www.initiative-communiste.fr

     Le 15 avril 2015, Mario Draghi chef de la Banque Central Européenne (BCE), grand argentier et chef de guerre de la classe capitaliste, grand oppresseur des travailleurs tenait une conférence de presse. Pour se féliciter des succès de l’euro-austérité qui en faisant les poches des travailleurs remplie celles de l’oligarchie capitaliste sans doute.

     

    C’est que l’UE, l’euro ont été construits pour cela. Très tranquillement puisque les institutions européennes construites par et pour l’oligarchie capitaliste sont bien à l’abri des peuples. Indépendance de la BCE proclament les traités, c’est à dire dictature de l’oligarchie capitaliste.

     

    Tout était sous contrôle, jusqu’à ce qu’une manifestante fasse irruption, jetant des confettis sur Draghi au cri de « mettons fin à la dictature de la BCE ». Conférence de presse interrompue, intervention violente des gros bas pour dégager ce peuple contestataire de la salle, personnifié par cette « dangereuse « jeune femme. Le mois derniers ce sont des 8000 hommes en armes qui gardait le tous nouveau siège de la BCE –  1 milliard d’euros… – face à 10 000 manifestants en colère !

     

    Bien sûr Draghi a ensuite repris sa conférence de presse pour se féliciter des mesures prises par l’institution, jugées efficaces. Comme par exemple l’étranglement financier de la Grèce organisés par la BCE et l’UE. Il est vrai que Jean Claude Juncker président de la Commission Européenne a déclaré a propos du résultat des élections en grèce

     

     « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européen »

     

    Si les traités consacrent – et depuis le traité de Rome en 1958 – l’UE capitaliste, l’europe sociale n’y a jamais été à l’ordre du jour. Rester dans l’UE et l’euro c’est ce condamner à la dictature de plus en plus autoritaire et austéritaire de la classe capitaliste. En sortir, c’est pouvoir s’en sortir !

     

     

    La révolte des travailleurs contre la dictature du capital ne se satisfait pas des incantations du Parti de Gauche Européenne qui recommande de rester sagement assis en attendant qu’adviennent « l’Euro des peuples  » et l’UE sociale. C’est qu’il faudrait attendre que le PGE soit au pouvoir dans la totalité des pays de l’UE pour changer les traités. Illusoire….Pas plus que l’on ne rend un crocodile végétarien on ne peut rendre l’UE et l’euro sociale. Pour une politique de progrès social, pour sortir de l’austérité, pour la démocratie et la paix, en un mot pour une politique aux service de l’intérêt de la classe des travailleurs, il faut sortir de l’Union européenne et de l’Euro. Mettre fin à la dictature de la BCE.

     

     

     

    Le 30 mai prochain, avec le PRCF tous à Paris pour la sortie de l’UE, de l’euro, de l’otan et du capitalisme

     


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  • Doctrine Obama ? Chomsky : USA solés mais pas Cuba. Le Sommet des Amériques a écrit l’Histoire

    Le Grand Soir
    Journal Militant d'Information Alternative
    Comment le Sommet des Amériques a écrit l’Histoire (tout ce que ne vous a pas dit « Courrier International »)
    Thierry DERONNE
    Démontez la désinformation de Courrier International (1) et la “chargée de l’Amérique Latine” Sabine Grandadam vous répondra qu’il n’y a pas de désinformation puisque ses sources sont “pluralistes”. Tout comme Thomas Cluzel (France-Culture), auteur d’un record de mensonges en cinq minutes (2) : “Je ne fais qu’une revue de presse internationale”. Tout le monde sait pourtant que l’information est passée sous le contrôle de grands groupes privés et que sous l’apparente “diversité” il y a peu de chances de (...) Lire la suite »

    Cette semaine
    La chronique de Recherches internationales
    Cuba, Iran : y a-t-il une doctrine Obama ?
    Pierre GUERLAIN
    Les annonces médiatiques suite au rapprochement entre Cuba et les États-Unis puis à l’annonce d’un accord possible à Lausanne entre l’Iran et le groupe dit 5 + 1 sur le nucléaire iranien ont, à juste titre, conduit beaucoup d’observateurs à faire des commentaires positifs sur la nouvelle orientation de la politique étrangère américaine. Tout le monde n’est pas d’accord avec cette appréhension, les Républicains américains les plus réactionnaires et les plus conservateurs dans la classe politique iranienne ne (...) Lire la suite »
    Eduardo Galeano : ballon, crampons et révolution.
    Ahouansou SÉYIVÉ
    C’est avec brio qu’il maniait la syntaxe, se jouait des figures de styles et jonglait avec les mots, à l’image de ces artistes qu’il adulait et qui, eux, tripotaient le ballon rond. Il avouait avec humour et sincérité :« Comme tous les Uruguayens, j’ai voulu être footballeur. Je jouais très bien, j’étais une vraie merveille, mais seulement la nuit, quand je dormais : pendant la journée, j’étais la pire jambe de bois qu’on ait vu sur les terrains de mon pays. ». (1) Son approche de l’agilité sémantique (...) Lire la suite »
    Entretien du Président syrien avec le quotidien suédois Expressen (2ème partie)
    Le Président syrien, Bachar al-Assad, a accordé une entrevue télévisée au quotidien suédois Expressen. Une première partie a été publiée en anglais et en arabe par l’Agence syrienne Sana ce 17 avril, le tout n’ayant été publié que le lendemain. Voici la traduction de la deuxième partie à partir de la version anglaise originale. 2ème PARTIE L’Occident doit cesser de couvrir le terrorisme en Syrie Question 31 : Monsieur le Président, la Suède vient de se brouiller avec l’Arabie saoudite. Quel est votre (...) Lire la suite »
    Noam Chomsky : Ce sont les États-Unis qui sont isolés, pas Cuba.
    Noam CHOMSKY
    Il est l’un des plus grands intellectuels du monde, auteur prolifique et anarchiste autoproclamé. A 86 ans l‘âge ne semble pas le ralentir. Il combat toute une série d’injustices, avec l’Occident en général dans sa ligne de mire. Noam Chomsky nous as reçus dans son bureau à l’Institut de Technologie du Massachusetts. Isabelle Kumar, euronews : Noam Chomsky merci d‘être avec nous. Le monde en 2015 semble très instable, mais d’une façon générale, êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste ? Noam Chomsky : (...) Lire la suite »
    Pendant que la France déploie son armée en Afrique et se dresse contre la Russie...
    Le "made in Africa" développe ses chaînes de valeur mondiale grâce à l’Asie
    Qiao Jihong
    Il y a 60 ans, des pays asiatiques et africains se réunissaient à Bandung pour lutter pour leur indépendance. Soixante ans plus tard, les pays d’Asie et d’Afrique, qui représentent près de la moitié de la surface de la planète et 70% de la population mondiale, sont devenus un moteur de développement pour l’économie mondiale. Unies par un passé similaire, l’Asie et l’Afrique d’aujourd’hui sont fortement complémentaires. L’Asie s’investit dans le renforcement des capacités de l’Afrique pour aider celle-ci à (...) Lire la suite »
    Texte intégral de la 1ère partie
    Entretien du Président syrien Bachar al-Assad avec le quotidien suédois Expressen
    Le Président syrien, Bachar al-Assad, a accordé une entrevue télévisée au quotidien suédois Expressen. Une première partie a été publiée en anglais et en arabe par l’Agence syrienne Sana ce 17 avril, le tout n’ayant été publié que le lendemain. Voici la traduction du texte intégral de la première partie à partir de la version anglaise originale. À suivre… [NdT]. Question 1 : Monsieur le Président, je tiens à vous exprimer mes plus sincères remerciements et ceux du quotidien Expressen pour nous avoir accordé (...) Lire la suite »
    Guerre médiatique : l’Amérique Latine selon Le Monde (Rebelion)
    Luis Alberto REYGADA
    En 1970 déjà, l’influent conseiller politique du gouvernement des Etats Unis, Zbigniew Brzezinski, entrevoyait dans l’avènement de la révolution technologique la naissance d’une nouvelle société globale dans laquelle « la diplomatie des canonnières » serait graduellement remplacée par la « diplomatie des réseaux ». Aujourd’hui, notre société de l’information se trouve immergée dans une globalisation au sein de laquelle les moyens de communications jouent un rôle primordial : utilisés comme dispositifs (...) Lire la suite »
    Donner la mort d’une façon anonyme. L’inhumanisme nouveau est arrivé
    Chems Eddine CHITOUR
    « Les snipers sont des lâches. » Michael Moore Il y a un peu plus de deux mois apparaissait un film aux Etats-Unis : American Sniper du réalisateur étasunien Clint Eastwood. Il fut accueilli comme un chef-d’oeuvre aux Etats-Unis et même en Europe où tous les nostalgiques de l’Empire des races supérieures se sont identifiés à ce héros qui rappelle le bon vieux temps des colonies, de l’Indochine et de la nostalgérie. Il a rapporté 400 millions de dollars, En France, le 18 février, le film a enregistré plus (...) Lire la suite »
    Le livre omniprésent dans nos médias (non, c’est pour rire).
    HUGO CHÁVEZ, ma première vie. Conversations avec IGNACIO RAMONET
    Maxime VIVAS
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    Le fanatisme religieux est un élément essentiel du soutien étasunien à Israël. (The Intercept)
    Glenn GREENWALD
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    Chico Mendes doit se retourner dans sa tombe (Carta Capital)
    Felipe MILANEZ
    Pour le compagnon de lutte de Chico Mendes, il n'y a rien à célébrer aujourd'hui : « Ce que nous devons faire, c'est protester. Nous avons été mis en déroute par la politique du gouvernement menée de concert avec le négoce agroalimentaire ». Osmarino : une voix critique Le compagnon de lutte de Chico Mendes dit qu’aujourd’hui le capitalisme est en train de détruire la forêt et les fleuves, « alors que notre mouvement a montré qu’il existe une manière de vivre qui ne menace pas (...) Lire la suite »
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    Fabrice AUBERT
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    Wahhabisme et sionisme : une sainte alliance contre l’Iran
    Mohamed EL BACHIR
    Un nouveau front : le Yémen Avec l’entrée en scène on ne peut plus active de l’Arabie Saoudite, un nouveau front s’est ajouté aux champs de bataille en cours depuis plusieurs années au Moyen-Orient : le front du Yémen. Le résultat immédiat est que ce petit pays est transformé en une « boule de feu » (formule de la chaîne libanaise Almayadeen) risquant d’embraser l’ensemble de la région.Il faut dire que le terrain, le décor propice à la frénésie du royaume wahhabite, a été rapidement installé : le 21 mars, (...) Lire la suite »
    La véritable dissidence cubaine
    Pablo Luis GONZALEZ JUSTO
    Depuis quelques années, c’est devenu la mode de parler de la « dissidence cubaine » et d’appeler « dissident » quiconque qui, pour un salaire payé depuis l’étranger, un visa de sortie du pays, quelques cadeaux ou tout autre avantage matériel, a décidé de trahir son propre peuple, en se mettant au service de l’ennemi de toujours de notre nation. Il semblerait que ce sont eux qui écrivent l’Histoire de Cuba. Cependant, l’existence même de la nation cubaine est une histoire d’authentique dissidence, dans (...) Lire la suite »
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  • La construction étatique d’une hiérarchisation « des racismes »

    Par Saïd Bouamama

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    L’annonce par le gouvernement d’un nouveau plan de « lutte contre le racisme » accompagné d’un budget de 100 millions d’euros sur trois ans a fait sourire bien des militantes et militants des luttes de l’immigration et des quartiers populaires. Le même premier ministre et le même gouvernement qui autorise la Rromophobie par sa thèse culturaliste sur « l’inintégrabilité des Rroms », prétend être antiraciste. Le même gouvernement qui dans son instrumentalisation du « Je suis Charlie » a autorisé allègrement l’islamophobie, voudrait nous faire croire qu’il est déterminé à lutter contre le racisme. Pourtant l’heure n’est pas au sourire.



    Derrière ce nouveau plan se cache, selon nous, une offensive idéologique dangereuse visant à imposer par en haut une hiérarchisation « des racismes », à réduire le racisme à une dimension individuelle et apolitique, à imposer une criminalisation de l’antisionisme en l’amalgamant à l’antisémitisme.

    Provocation

    La nomination d’un nouveau « délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme » en charge de la mise en œuvre du nouveau plan, se réalise d’emblée sur le ton de la provocation. La première déclaration du nouveau DILCRA, Gilles Clavreul pose d’emblée une négation de l’islamophobie qui est amalgamée au « racisme anti-arabe » d’une part et une mise en exceptionnalité de « l’antisémitisme » d’autre part : « Tous les racismes sont condamnables, mais le racisme anti-Arabe et anti-Noir n’a pas les mêmes ressorts que l’antisémitisme dans sa violence. Il faut être capable de dire la particularité de l’antisémitisme. » (1)

    La négation et/ou la sous-estimation et/ou l’euphémisation de l’islamophobie et la construction d’une « exceptionnalité » de l’antisémitisme constituent les deux segments articulés d’une offensive poursuivie de longue date mais qui est dotée aujourd’hui de nouveaux moyens. On retrouve cette logique dans l’expression consacrée de « lutte contre le racisme et l’antisémitisme » qui s’est banalisée à force d’être assénée par les appareils idéologiques d’Etat. Comme le souligne justement la brigade antinégrophobie : « l’appellation même de lutte contre le racisme et l’antisémitisme crée une hiérarchie symbolique. D’un côté l’antisémitisme, de l’autre un ensemble où tout est mélangé... C’est une profonde négation de la spécificité des racismes. Soit on gomme les différences pour tous, soit on les reconnaît pour tout un chacun. » (2)

    La même logique est présente dans les propos de Valls lors de son discours du 13 janvier à l’Assemblée nationale : « les Français juifs ne devaient plus avoir peur d’être juifs » et « les Français musulmans ne devaient plus avoir honte d’être musulmans ». Aux uns la « peur » et aux autres « la honte ». Que ce soit de manière consciente ou non (le résultat est exactement le même), ces propos nient ou relativisent la « peur » des musulmans devant la montée sans précédents des actes et agressions islamophobes. Ils posent également une réalité inexistante, la soi-disant « honte d’être musulman ». Que le premier ministre se rassure, nous n’avons rencontré aucun musulman ayant honte de l’être. Il n’y a que ceux qui pratiquent des islamalgames qui peuvent penser à l’existence d’un sentiment de « honte ».

    Si la thèse n’est pas nouvelle, l’arrogance dans son affirmation par l’Etat l’est. Elle révèle une volonté d’imposer par tous les moyens, de l’idéologique au répressif, une hiérarchisation « des racismes ».

    Négation

    Les propos du nouveau délégué interministériel portent également une négation de certains termes : islamophobie et négrophobie. Le choix des termes « racisme anti-Arabe » et « anti-Noir » n’est bien entendu pas neutre. Il constitue en premier lieu le refus d’utiliser les termes que les premiers concernés ont choisis pour désigner la réalité des discours et actes qu’ils subissent. Il suffit de lister le nom de quelques organisations militantes agissant sur cette question pour s’en convaincre : « Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie (CRI), Brigade Anti-Négrophobie (BAN), Collectif contre l’Islamophobie en France (CCIF), etc. Nous aurions tort de ne considérer cette question que comme une question sémantique. En délégitimant le mot usité par ces militants c’est cette forme spécifique du racisme que l’on refuse de prendre en compte. Comme le souligne l’historien Nicolas Lebourg « la récusation de l’usage du terme […] revient à nier l’existence de cette nouvelle incrimination d’une "race de l’esprit", à ne pas admettre la nouvelle mutation de "l’altérophobie ". (3)

    Les tentatives d’invalider le mot pour nier la réalité qu’il représente ne sont pas nouvelles. Alors que le terme remonte au début du vingtième siècle , une Caroline Fourest affirme faussement qu’il est issu des « mollahs iraniens qui souhaitaient faire passer les femmes qui refusaient de porter le voile pour de “mauvaises musulmanes” en les accusant d’être “islamophobes ” ». (4) Peu importe l’erreur et/ou le mensonge cette explication est diffusée largement dans les médias dominants et dans le discours politique. Cette diffusion contribue à la construction de la réalité sociale et politique dans le sens d’une opposition à la reconnaissance et donc à la prise en compte de l’islamophobie : « Cette erreur factuelle a pourtant été reprise abondamment, comme s’il s’agissait d’une vérité historique. Ainsi, un grand nombre d’acteurs présents dans les médias réfutent l’utilisation du terme, l’accusant d’être en réalité une injonction à interdire le blasphème . » (5)

    Dans la même veine l’irremplaçable Pascal Brückner, qui considère également que le terme est forgé en Iran « à la fin de la décennie 70 », accuse le mot de « légitimer la réalité d’une offensive intégriste en Europe, d’attaquer la laïcité en l’assimilant à un nouveau fondamentalisme, et de faire taire les musulmans qui osent remettre le Coran en cause, qui en appellent à l’égalité entre les sexes, au droit à l’apostasie et aspirent à pratiquer paisiblement leur foi sans subir le diktat de doctrinaires ou de barbus ». (6) Une nouvelle fois les médias se font largement l’écho de cette affirmation sans fondement avec en conséquence le réflexe pavlovien consistant à déclencher la question « et le droit au blasphème ? » (Ou "et la laïcité ?" ou encore « et le droit des femmes ? »), dès qu’une personne ose prononcer le terme d’islamophobie. C’est cela la construction idéologique de la réalité et celle-ci est partie intégrante des luttes sociales.

    La question n’est donc plus sémantique ou scientifique compte tenu de cette offensive visant à nier le réel en niant un terme qui le désigne. Elle est devenue politique par un double processus : de diabolisation du mot par les discours politiques et médiatiques dominant, de réappropriation du terme par les premiers concernés. Que des militants se réclamant du progressisme et de l’antiracisme continuent à récuser le terme souligne simplement qu’ils sont désormais irrigués par l’idéologie dominante. Marine le Pen a une nouvelle fois un boulevard devant elle : « Il n’y a pas d’islamophobie en France. Il n’y a pas d’actes antimusulmans - ou pas plus que les actes contre les femmes... ou les personnes de petite taille. Mais il y a une augmentation de l’antisémitisme . » (7)

    Outre la banalisation scandaleuse des violences systémiques faites aux femmes, Marine le Pen dit ici explicitement, ce que d’autres avance de manière masquée c’est-à-dire la négation de l’islamophobie et la mise en exceptionnalité de l’antisémitisme

    Réduction

    La réalité étant têtue, il n’est pas possible de nier entièrement les violences faites aux musulmans. Il convient dès lors pour nier le réel de le nommer autrement c’est-à-dire de le réduire à un « racisme anti-Arabe » pour reprendre l’expression du délégué interministériel. Ce réductionnisme est une négation de l’historicité des différentes formes de racisme et en particulier le passage récent d’un marqueur ethnique à un marqueur religieux. Ce n’est pas la première fois que nous assistons à un transfert de marqueurs. Frantz Fanon a ainsi été un des premiers à alerter sur la mutation du racisme biologique en racisme culturaliste . (9)

    Le réductionnisme au vieil antiracisme anti-Arabe conduit à l’invisibilisation des causes de la montée contemporaine de l’islamophobie :

    a) la justification de guerres pour le pétrole et les matières premières par des arguments culturalistes : droit des femmes, lutte contre l’obscurantisme et/ou le terrorisme ;

    b) les explications tout aussi culturalistes des problèmes politiques et sociaux de la société française en général et de ceux des populations issues de l’immigration en particulier : intégration insuffisante pour les uns et inintégrabilité pour les autres, « incompatibilité de l’Islam et de la république », etc. ;

    c) l’autorisation étatique à l’islamophobie depuis la loi sur le foulard de 2004 et ensuite par les discours sur « la laïcité menacée », « le droit des femmes menacé », « la république menacée », « l’identité nationale menacée », etc.

    Il mène également à masquer le processus de construction d’un « ennemi de l’intérieur ». Le vieux racisme anti-Arabe était, en effet, référé à la notion d’étrangers et/ou d’immigrés. Le nouveau racisme englobe désormais la réalité nouvelle que constitue l’existence de français depuis plusieurs générations ayant un marqueur réel ou supposé musulman. Le rêve intégrationniste (c’est-à-dire en fait assimilationniste) posant la disparition de l’altérité ayant échoué, la stigmatisation a besoin d’un nouveau marqueur. Ce marqueur recouvre en effet une partie importante de la population française susceptible de se révolter socialement en raison de leurs conditions d’existences marquées par l’inégalité et les discriminations. Il recouvre également une population caractérisée par une sensibilité exacerbée à la question palestinienne comme l’ont mise en évidence les manifestations massives de l’été 2014 dans lesquelles les jeunes issus de l’immigration étaient de loin majoritaires. Il recouvre enfin une population susceptible par son histoire et sa mémoire d’une prise de conscience plus rapide que d’autres du rôle impérialiste de la France dans le monde.

    Le processus de construction d’un « ennemi de l’intérieur » n’est pas nouveau mais l’affirmation de son existence avérée s’est déployée depuis 2012 et a été consacrée par l’instrumentalisation de l’émotion suscitée par les attentats de janvier. Valls affirme ainsi l’existence de cette « cinquième colonne » devant le syndicat « Alliance Police Nationale » dès octobre 2012 :

    "La menace terroriste est bien là, présente sur notre sol (...), en particulier dans nos quartiers populaires. Des dizaines d’individus sont, par leurs profils, susceptibles de passer à l’acte. Cet ennemi intérieur, nous devons le combattre. [ …] La menace terroriste est désormais le fait de Français nés sur notre sol (...) qui ont versé dans l’islamisme radical et qui ont suivi un processus qui mêle délinquance, criminalité, antisémitisme virulent et soif de violence " (10)

    La mise en place de lois liberticides et la pression policière sur les quartiers populaires et leurs habitants sont les premières conséquences de cette production d’un « ennemi de l’intérieur ».

    Injonction

    Une offensive idéologique par la classe dominante se traduit toujours par tentative de restriction du champ des comportements et des opinions légitimes. L’offensive nationaliste avant la première guerre mondiale par exemple s’est traduite par une tentative d’interdire les opinions et comportements internationalistes refusant la guerre en préparation. L’offensive colonialiste de la conquête à la guerre d’Algérie s’est traduite pour sa part par une tentative de restriction des opinions et comportements anticoloniaux. Le degré de traduction de la tentative dans les faits est fonction du rapport de forces. Selon celui-ci, elle peut aller de la diabolisation par les appareils d’Etat à la répression et à la criminalisation. Elle commence donc toujours par l’imposition d’injonctions pour se transformer ensuite en délit d’opinion puis en répression ouverte. Il est donc essentiel de repérer les injonctions qui se font jour dans le discours politique et médiatique dominant.

    La première injonction est celle de la dénonciation de l’antisémitisme à la moindre prise de parole sur le racisme. Alors qu’il est légitimement fréquent dans les médias ou le champ politique, de discourir sur l’antisémitisme, de débattre sur ses causes, de le dénoncer, de mener des campagnes de sensibilisations, etc., sans faire aucune référence aux autres formes du racisme en général et à l’islamophobie en particulier, l’inverse n’est pas vrai. Toutes les prises de parole concernant l’islamophobie sont mises en demeure d’ajouter l’expression « et l’antisémitisme ». Le refus d’ajouter ce bout de phrase est immédiatement suspecté d’antisémitisme caché. C’est ainsi que des manifestations contre l’islamophobie ou la Rromophobie se sont transformées en manifestation contre « l’islamophobie et l’antisémitisme », « la Rromophobie et l’antisémitisme », etc.

    La seconde injonction est celle de se démarquer des fractions de la résistance palestinienne se définissant comme « musulmane » en général, du Hamas et du Djihad islamique en particulier. Ces organisations résistantes sont réduites à leur dimension religieuse afin de les exclure du soutien « légitime » et « acceptable ». La dimension centrale de lutte de libération nationale que portent avec d’autres ces organisations est entièrement niée par cette injonction. Le résultat est ici aussi une mise en suspicion. Le refus de condamner ces organisations suffit à être accusé « d’islamiste ». C’est de cette manière que le soutien massif à la résistance palestinienne des jeunes issus des quartiers populaires est réduit à une affirmation religieuse porteuse de dangerosité. La mise sous surveillance des « classes dangereuses » qui habitent les quartiers populaires apparaît dès lors comme nécessaire, incontournable et indiscutable.

    Ces injonctions convergent pour produire progressivement un amalgame entre antisionisme et antisémitisme ayant comme débouché la criminalisation du soutien au peuple palestinien. «  L’antisionisme est la forme contemporaine de l’antisémitisme » entend-on ainsi de plus en plus fréquemment dans des écrits à prétention savante, des propos de journalistes ou des déclarations d’hommes politiques. Les tentatives de déconstruire ces processus idéologiques sont immédiatement catalogués d’antisémites ou de révéler une croyance en une quelconque théorie du complot. Il n’y a pourtant pas besoin de croire en un « complot juif mondial » ou en un « attachement absolue » à l’Etat d’Israël pour comprendre ce « philosémitisme d’Etat » pour reprendre l’expression d’Houria Bouteldja (11) . Il suffit pour cela de prendre en cause la base matérielle de ce soutien : les intérêts de l’impérialisme français dans la région et plus globalement de toutes les puissances impérialistes. Comme le colonialisme portugais ou comme l’Afrique du Sud hier, Israël est un outil de gestion des intérêts impérialistes dans la région.

    S’opposer à l’offensive idéologique actuelle et à ses injonctions est en conséquence une nécessité essentielle.

    Source : Investig’Action

    Illustration : BAF.F !

    Notes

    1. Gillez Clavreul, la valse antiraciste, http://www.liberation.fr/societe/20..., consulté le 21 avril à 11 h 30.

    2. http://rue89.nouvelobs.com/2012/10/..., consulté le 21 avril à 12 h 00.

    3. Nicolas Lebourg, Taubira "guenon", montée du FN et islamophobie : qu’est-ce que le racisme exactement ?, http://leplus.nouvelobs.com/contrib..., consulté le 21 avril à 15 h15.

    4. Hajjat A. & Mohammed M. , Islamophobie. Comment les élites françaises fabriquent le problème musulman, Paris, La Découverte, 2013.

    5. Fourest C. & Venner F., « Islamophobie ? », Pro Choix, n° 26 27, dossier « Islamophobes ? Ou laïques ! », automne hiver 2003.

    6. Houda Asal, Islamophobie : la fabrique d’un nouveau concept. État des lieux de la recherche, Sociologie, n° 2014/1, pp. 13-29.

    7. Pascal Brückner, L’invention de l’islamophobie, Libération du 23 novembre 2010.

    8. Marine le Pen, Financial Times, 5 mars 2015.

    9. Frantz Fanon, Racisme et Culture, Pour la révolution africaine , La Découverte poche, 2001.

    10. Terrorisme : Valls met en garde contre "l’ennemi intérieur », http://tempsreel.nouvelobs.com/soci..., consulté le 21 avril 2015 à 17 heures.

    11. Houria Bouteldja, Racisme (s) et philosémitisme d’Etat ou comment politiser l’antiracisme en France ?, http://indigenes-republique.fr/raci..., consulté le 21 avril à 18 h.

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  • De l’Irak au Yémen, le piège confessionnel

    Par Grégoire Lalieu

     

     

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    Rien ne va plus entre les sunnites et les chiites. Du Liban au Bahreïn en passant par la Syrie ou l'Irak, les deux communautés s'illustrent par leur antagonisme. Le Yémen vient s'ajouter à la liste, théâtre apparent d'une guerre par procuration entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Le Moyen-Orient est-il destiné à s'embraser autour de guerres confessionnelles ? Après Jihad made in USA, nous retrouvons Mohamed Hassan pour analyser les événements récents qui secouent la région : engagement militaire de Téhéran contre Daech, guerre au Yémen et accord-cadre sur le nucléaire iranien. « Si vous ne réfléchissez qu'en termes de sunnites et de chiites, vous n'y comprendrez rien », prévient notre spécialiste.

     


     

    L’Iran était déjà bien impliqué politiquement en Irak. Mais il a également investi le terrain militaire en participant à la lutte contre Daech. Comment expliquez-vous cet engagement de l’Iran ?

     

    De nombreux défis se posent au gouvernement iranien : sanctions économiques, corruption, développement du marché noir, sècheresse, poussée démographique et j’en passe. Les autorités ont tenté de dissimuler ou de relativiser certains de ces problèmes. Mais ils se combinent tous en même temps et rendent la situation extrêmement compliquée.

    Dans ce contexte, le gouvernement iranien a cherché des solutions hors de ses frontières, notamment en Irak. Jouant sur les affinités religieuses, l’Iran s’est employé à étendre sa zone d’influence. L’objectif est de s’ouvrir de nouveaux marchés qui pourraient lui permettre de surmonter ses difficultés internes. Ainsi, en Irak, l’Iran a soutenu la montée au pouvoir de la bourgeoisie chiite pro-iranienne après le renversement de Saddam Hussein. Si bien que les protégés de Téhéran occupant des postes clés et disposant d’importants portefeuilles ministériels ont privilégié l’achat de produits iraniens. Les bénéfices ont été considérables pour l’économie iranienne.

     

    Pour l’Irak, l’alliance n’a pas été aussi profitable. Le gouvernement de Maliki (2006-2014), soutenu par Téhéran, était réputé pour sa corruption. Il a en outre mené une politique sectaire qui a contribué à l’embrasement du pays. L’Iran est souvent considéré comme une figure de proue de la lutte anti-impérialiste au Moyen-Orient. N’est-il pas étonnant de le voir profiter de la sorte du chaos irakien ?

     

    Rappelons tout d’abord que l’Iran est l’unique puissance régionale à soutenir la résistance du Hamas et du Hezbollah face à Israël. Ensuite, ce n’est pas l’Iran qui a lancé une guerre dévastatrice contre l’Irak en 2003.

    Cela dit, l’Iran peut se trouver en contradiction avec l’impérialisme US et Israël, mais sur le fond idéologique, ce combat est limité par la vision du gouvernement iranien qui n’est pas révolutionnaire. Il s’agit en fait d’un gouvernement bourgeois, dominé par la bourgeoisie des bazars. Ces bazaris sont en quelque sorte à mi-chemin entre les nationalistes et les compradors. Les premiers développent leur pays sur une base indépendante en gardant le contrôle des ressources nationales. Les seconds sont des marionnettes des puissances néocoloniales qui participent au pillage des richesses par les multinationales. Ils font de l’import-export et ne contribuent en rien au développement de leur pays. Les bazaris sont entre les deux. Cette bourgeoisie s’est constituée en commerçant des produits de l’artisanat dans les petites villes. Quand l’Iran s’est modernisé, les bazaris ont profité du développement des infrastructures. Aujourd’hui, certains sont milliardaires. Ce ne sont plus des petits marchands de tapis.

    Afin de surmonter les problèmes internes de l’Iran, cette bourgeoise a profité de la guerre d’Irak et s’est ouvert de nouveaux débouchés pour ses exportations. En jouant la carte confessionnelle, l’Iran s’est offert un accès à des marchés qui lui étaient fermés du temps de Saddam Hussein. Cette forme d’opportunisme est totalement condamnable. Et je pense que l’Iran va s’attirer de sérieux problèmes pour avoir procédé de la sorte.

     

    Pourquoi cette implication dans le conflit irakien pourrait-elle avoir des répercussions néfastes sur les affaires internes de l’Iran ?

     

    Parce que vous ne brûlez pas la maison de votre voisin ! Tôt ou tard, l’incendie va revenir à vous. Les Etats-Unis sont une puissance impérialiste, ils peuvent mener des conflits à des milliers de kilomètres de chez eux. Mais ce n’est pas le cas de l’Iran. En s’engageant en Irak sur une base confessionnelle, le gouvernement iranien s’expose à un dangereux retour de flamme.

    L’Iran est une mosaïque composée de nombreuses ethnies. Les Persans constituent le groupe majoritaire, mais représentent à peine plus de 60 % de la population. À côté de ça, une minorité importante d’Azéris parlent turc, tout comme les Turkmènes également présents. Il y a bien évidemment des Kurdes et toute une série d’autres groupes qui vont des Baloutches aux Assyriens en passant par les Gilakis dont est issu Abd al Qadir al-Jilani, une figure importante du soufisme. Il est donc très dangereux d’entretenir un conflit sectaire à côté de chez vous quand votre propre pays repose sur l’équilibre de dizaines d’ethnies différentes.

    De plus, l’Arabie saoudite va pouvoir utiliser cette intervention en Irak pour monter les sunnites contre son grand rival iranien. L’engagement de l’Iran contre Daech est une aubaine pour ceux qui veulent enrôler tous ces jeunes sunnites désespérés dans des groupes extrémistes. Au-delà des conflits locaux, c’est une guerre générale qui se profile pour tout le Moyen-Orient. Cette guerre risque d’être longue. Elle fera beaucoup de morts et sera très éprouvante pour les économies des pays directement concernés.

     

    Le conflit sunnite-chiite constitue-t-il la principale contradiction qui traverse le Moyen-Orient aujourd’hui ?

     

    Ce n’est pas tant une question de religion. Pour reprendre un slogan célèbre aux Etats-Unis, on pourrait dire : « It’s the economy, stupid ! » La guerre impérialiste menée par Bush contre l’Irak, l’occupation de ce pays et les rivalités confessionnelles qui en ont découlé, l’utilisation d’extrémistes sunnites pour déstabiliser la région ou bien encore les volontés expansionnistes de la bourgeoisie iranienne... Tout cela répond aux intérêts économiques de certaines élites. Quand vous grattez un peu les conflits qui embrasent le Moyen-Orient, vous voyez que les actions des belligérants sont motivées par des enjeux stratégiques liés aux sphères d’influence, au contrôle des zones stratégiques, à l’accès au pétrole, etc. On passe une petite couche de vernis religieux pour alimenter la propagande et disculper les véritables responsables de ce chaos. Mais le fond du problème est bien économique.

     

    C’est pourtant bien autour de la religion que les alliances se nouent dans la région...

     

    Non, ce n’est pas le facteur déterminant. Prenez cet « Axe du Mal » défini par Bush. Il englobe l’Iran, la Syrie, le Hezbollah et le Hamas. On l’appelle aussi « Axe chiite », mais les Palestiniens du Hamas sont sunnites. Pour mieux imposer une lecture confessionnelle et priver cet axe du crédit palestinien, le Qatar a tenté d’extirper le Hamas de cette alliance. Il a soudoyé la direction du mouvement à coups de pétrodollars. Mais la base de l’organisation n’a pas suivi. Malgré les divergences qui avaient éclaté au début du conflit syrien, le Hamas a depuis réaffirmé les liens qui l’unissaient à l’Iran. Depuis Doha, il a également condamné l’intervention de l’Arabie saoudite au Yémen. Intervention soutenue par... le Qatar !

    Prenons aussi l’exemple de la Syrie dans cet « Axe chiite ». Le gouvernement est présenté à tort comme un « régime alaouite ». Bien sûr, cette minorité est surreprésentée dans l’appareil d’Etat. Il faut étudier l’histoire de la Syrie pour comprendre cette particularité. Néanmoins, il n’y a jamais eu de projet conscient de la minorité alaouite de prendre le pouvoir pour gouverner dans ses seuls intérêts. Le gouvernement syrien se revendique en fait du nationalisme arabe, un nationalisme laïc qui a été le ciment d’une société multiconfessionnelle. On est donc loin de l’idéologie islamique des chiites iraniens, mais cela n’a pas empêché Damas et Téhéran de devenir des partenaires stratégiques.

    Certes, le facteur religieux peut influencer les alliances qui se nouent et se dénouent au Moyen-Orient. Mais si vous ne réfléchissez qu’en termes de sunnites et de chiites, vous ne comprendrez rien aux problèmes qui traversent la région. Il s’agit avant tout de problèmes de classes.

     

    Ce qui est vrai pour le Hamas ou la Syrie ne l’est pas forcément pour l’Irak où comme vous l’avez dit, l’Iran a joué la carte confessionnelle...

    En Irak, le conflit entre sunnites et chiites est une fantaisie, un produit de l’imagination des impérialistes, des pétromonarques, de la bourgeoisie iranienne et d’un petit groupe d’Irakiens protégés de Téhéran.

    Ainsi, bon nombre de chiites irakiens sont opposés à l’intervention de l’Iran.

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  • La lettre électronique Hebdo de Cubacoopération

    Chers amis,

    Ces derniers jours auront été marqués par la tenue du 7ème sommet des Amériques à Panama.

    Un événement historique !

    La présence de la République de Cuba. pour la première fois depuis la création de ce Sommet. Jusqu’à présent les Etats Unis avaient obtenu l’interdiction de participation de la Grande Ile des Caraïbes. La protestation de la quasi totalité des pays participants a mis en échec cette politique. Et Raul Castro et Cuba ont été, dans les faits les vedettes de ce sommet. Outre la poignée de main symbolique avec le Président Obama, le premier jour, une rencontre importante a eu lieu entre les deux présidents.

    Et le Ministre cubain des Affaires Etrangères pouvait déclarer : « Cuba et les Etats-Unis se connaissent mieux après ces entretiens présidentiels ». Il soulignait les possibilités offertes de dialogue et de coopération et il qualifiait la normalisation comme un processus long et complexe. Les discussions vont se poursuivre. De nouvelles mesures d’assouplissement du blocus doivent être prises par le Président Obama, et la suppression du blocus, qui notamment empêche le développement de Cuba est plus que jamais posée.

    En ce qui concerne la vie de notre association, nous revenons dans la Lettre de cette semaine, sur l’inauguration de la station de traitement des eaux de Bejucal. « Etre utiles pour la vie quotidienne de nos amis cubains » c’est notre raison d’exister. Et nous n’avons de cesse d’agir pour cela.

    Bonne lecture et à la semaine prochaine,

    Bien cordialement,

    Roger Grévoul
    Président Fondateur
    Responsable politique du Site Internet et de la Lettre Hebdomadaire.

    Dernière minute : Barack Obama favorable au retrait de cuba de la liste noire américaine.

    A la Maison Victor Hugo, la Région Normandie ...

    par Chantal COSTEROUSSE le 16 avril 2015

    Atelier des régions de France
    présentation de la Normandie par chantal Costerousse
    Cette présentation prévue le 3 avril et reportée au 10 pour cause de vendredi saint, a réuni une quinzaine de participants à la bibliothèque Cosette, qui, après avoir découvert sur la carte de notre pays l’emplacement de cette province, ont pu se régaler des magnifiques photos des ports et plages célèbres ainsi que des îles Anglo normandes et du célèbre Mont Saint Michel avec explications sur la vitesse des marées. (...)

    Tous ensemble contre le Blocus à Cuba et pour la défense de la Révolution bolivienne du Venezuela

    par Gérard le 15 avril 2015

    Chères et chers camarades, chères et chers ami(e)s,
    en solidarité avec Cuba et le Venezuela se tiendra une activité le 26 avril prochain à Clichy : « Tous ensemble contre le Blocus à Cuba et pour la défense de la Révolution bolivienne du Venezuela ». Vous trouverez ci-joint l’annonce officielle de cette activité à laquelle nous vous invitons à venir nombreux pour y participer.
    Amitiés solidaires,
    Pour France-Cuba
    Fabrice Leclerc.

    Cuba et les États-Unis se connaissent mieux après ces entretiens présidentiels

    par RG le 15 avril 2015

    PANAMA.— À l’issue d’un entretien historique entre les présidents Raul Castro et Barack Obama, Cuba et les États-Unis connaissent mieux leurs intérêts et leurs différences, a déclaré en conférence de presse le ministre cubain des Relations extérieures Bruno Rodriguez Parrilla.

    Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de la science

    par Traduit par Léticia RAVOUX le 14 avril 2015

    Article d’Agustín Lage Dávila (Docteur ès sciences, directeur du Centre d’immunologie moléculaire) traduit par Léticia RAVOUX

    Ma Havane ...

    par Fernando Ravsberg le 13 avril 2015

    Le journaliste et blogueur d’origine uruguayenne Fernando Ravsberg vit à Cuba depuis 25 ans. En tant que correspondant de BBC Monde et grâce à un regard critique, il a permis, par son blog « Cartes en provenance de Cuba » à des milliers de personnes habitant en dehors de l’Île de se pencher sur la réalité cubaine.

    « On ne peut pas choisir où l’on naît mais parfois, on peut décider où vivre… Et moi, j’ai fait ce choix. Il y a 25 ans, j’ai posé mes bagages à Cuba après une vie de nomade. J’y ai fondé une famille, j’ai vu grandir mes enfants, je me suis fait de bons amis et aujourd’hui encore, je reste persuadé que je ne me suis pas trompé ».

    Il nous parle aujourd’hui de La Havane, sa « ville mythique ».

    Par : Fernando Ravsberg et publié sur le site CUBANIA

    Les présidents de Cuba et EU réitèrent la volonté du dialogue

    par RG le 12 avril 2015

    HISTORIQUE ! Première rencontre officielle entre les gouvernants de Cuba et des États-Unis depuis plus de 50 ans.
    Panama, 11 avr (PL) Les présidents de Cuba, Raul Castro, et des États-Unis, Barack Obama, ont réitéré ce samedi 11 avril la volonté de deux pays d’avancer vers le rétablissement des relations bilatérales.
    Dans le cadre du VIIe Sommet des Amériques, Raul Castro et Barack Obama ont tenu des conversations dans un salon du palais de Congrès situé à Atlapa. Il s’agit de la première rencontre (...)

    La Place de San Francisco d’Asís

    par RG le 12 avril 2015

    La Place de San Francisco de Asís (XVIIIe siècle), située dans l’Avenida del Puerto devant le terminal des croisières touristiques à la Havane, est un endroit qui se distingue par la beauté architecturale des constructions qui l’entourent, l’une des plus remarquables c’est le majestueux bâtiment de la Lonja del Comercio (1909).
    Le nom de la place est dû à la présence de la Basilique de San Francisco de Asís située ici depuis la fin du XVIe siècle, laquelle fonctionne aussi comme une salle de concert (...)

    Etre utiles pour la vie quotidienne de nos amis cubains !

    par RG le 12 avril 2015

    Nous revenons sur l’inauguration de la station d’épuration de BEJUCAL. En effet l’ambassade de France a salué dans un communiqué cet évènement d’importance. Outre Monsieur l’Ambassadeur et les personnalités citées dans l’allocution de Christian Huart, notre vice président en change de ce secteur d’activités, Maurice Ouzoulias, Président du SIAAP, Patrick BARBALAT, représentant la Fondation Véolia...nombreux étaient ceux qui ont contribué à cette belle manifestation de coopération et d’amitié ! Vous en trouverez la liste, non exhaustive dans le post scriptum ...

    SANTE : La Commission Européenne fait l’éloge du rôle de Cuba dans la lutte contre l’ébola et 240 000 Paraguayens soignés par la Mission Miracle

    par RG le 11 avril 2015

    – Christos Stylianides, commissaire européen à l’aide humanitaire et à la gestion de crises, a fait l’éloge du rôle de Cuba dans la lutte contre l’épidémie d’ébola en Afrique de l’Ouest.
    Il a ajouté que la communauté internationale doit remercier notre pays d’avoir mis au service des nécessiteux toute son expérience en la matière.
    Christos Stylianides s’est réuni à Bruxelles avec Marcia Cobas, vice-ministre cubaine de la santé publique, qui participe à une rencontre de ministres de la santé des pays du groupe (...)

    Un Sommet des Amériques sous tension

    par Maurice Lemoine le 10 avril 2015

    Depuis 1994, sous les auspices de l’Organisation des Etats américains (OEA), tous les pays du continent, à l’exception de Cuba exclue depuis 1962, se réunissent périodiquement dans le cadre du Sommet des Amériques pour débattre des questions d’intérêt commun.

    Sa septième édition se tiendra les 10 et 11 avril au Panamá et, présentée comme « historique », devrait compter sur la présence de Barack Obama et Raúl Castro.

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  • Pour comprendre qui décide : l’ OCDE

    Par Michèle JANSS

     

     
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    La base de données économiques de l'OCDE, si elle est une des plus fournies au monde, sert sans nuances mais au moyen d’ une communication très étudiée, le libéralisme économique.

     



    Les analyses, mesures et comparaisons, produites par l’OCDE, et plus particulièrement les études qu’elle consacre à l’éducation, sont présentées, avec les recommandations qui les accompagnent, comme la source d’inspiration et le point de départ incontournable des politiques à mettre en place pour sortir de la crise.

     

    Décoder les études PISA (Programme international pour le suivi des acquis) consacrées à l’enseignement, mettre ces clarifications à la disposition des citoyens et plus particulièrement des enseignants est une entreprise qui se révèle plus complexe qu’un simple constat des progrès et reculs enregistrés. Le dossier de N. Hirtt nous l’a démontré.

    La base de données économiques de l’OCDE, si elle est une des plus fournies au monde, sert sans nuances mais au moyen d’ une communication très étudiée, le libéralisme économique. Les nombreux chercheurs qu’elle mobilise, forment un think tank, inquiet de la bonne application aux systèmes éducatifs de ses recettes, toutes ultra libérales comme il se doit. Du « cousu main » pour une école plus soucieuse de l’état du marché et de « l ’employabilité » des élèves par ce même marché, que de développement par la culture et le savoir.

    L’histoire et le fonctionnement de l’OCDE témoignent d’un basculement idéologique qui a eu lieu dans la deuxième moitié du XXème siècle. L’ idée centrale est de considérer l’économie comme n’ obéissant qu’ à des lois naturelles, ne devant pas être entravée ou régulée par l’ action publique des Etats.

    Un peu d’histoire... En juillet 1944, alors que le débarquement des forces alliées en Normandie n’est pas terminé (la libération de Paris n’aura lieu qu’en Aout), 730 délégués des 44 nations alliées et un observateur soviétique se réunissent à Bretton Woods, aux Etats-Unis, afin de mettre au point un système monétaire mondial qui doit favoriser la reconstruction et le développement des pays touchés par la guerre. Il s’agit aussi pour les Etats-Unis d’ouvrir l’Europe aux produits américains. Le plan des britanniques était ébauché dès 1941 et visait à préparer un système monétaire mondial fondé sur une unité de réserve non nationale, le banco. Les américains proposaient plutôt de créer un fond de stabilisation construit sur les dépôts des états et une banque de reconstruction pour l’après-guerre. C’est la proposition américaine qui l’emporte, organisant le système monétaire mondial autour du dollar US, mais avec un rattachement nominal à l’or. Deux organisations, toujours en activité, voient le jour lors de cette conférence : la banque mondiale (BM) et le fonds monétaire international (FMI). Ces deux institutions ont un point commun : les Etats-Unis y sont seuls à pouvoir exercer un droit de véto. Les pays européens alors ruinés, doivent accepter que des conditions soient liées aux prêts du FMI.

    En 1948, le plan Marshall, officiellement appelé « programme de rétablissement européen » est mis en place afin de reconstruire une Europe ravagée par la guerre mais aussi de « protéger les états libres de l’avancée du communisme » (2). Les États-Unis demandent aux États européens de s’accorder entre eux au sein de l’ OECE pour commencer la reconstruction. Cette organisation européenne de coopération économique a comme mission de répartir les crédits du plan Marshall et de coordonner l’économie des pays bénéficiant de fonds. La libéralisation du commerce et des échanges monétaires en est le but avoué. Cette organisation, ancêtre de l’OCDE, doit étudier la possibilité de créer une union douanière ou de libre-échange.

    l’OECE comprend l’ Autriche, la Belgique, le Danemark, la France, la Grèce, l’ Irlande, l’ Islande, l’ Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, la Suède, la Suisse, la Turquie, l’ Allemagne occidentale, zones d’occupation anglaise, américaine et française.

    La structure de l’OECE consiste en comités chargés de domaines spécifiques : alimentation et agriculture, charbon, électricité, pétrole, sidérurgie, matières premières, équipement, métaux non ferreux, produits chimiques, bois, pâtes et papiers, textiles, transports maritimes et intérieurs, programmes, balance des paiements, échanges, paiements intra-européens et main-d’oeuvre. L’OECE accomplit également un important travail d’échange d’informations statistiques.

    L’URSS refuse le plan Marshall, le libre-marché et la libération économique étant incompatibles avec l’économie communiste. Staline ne voulait pas que les pays sous influence soviétique passent sous contrôle américain. La guerre froide commence.

    A partir de 1952, l’ OECE perd de son utilité. L ’OTAN se servira de ses comités pour alimenter ses propres travaux. La création de la CEE, pour une coopération économique entre la RFA, Belgique, France, Italie, Luxembourg et Pays Bas, en 1957 rend la situation de OECE bancale et fait échouer, notamment, la conclusion d’un accord de libre-échange dans le cadre de l’ Organisation.

    En 1961, l’OCDE, comprenant les Etats unis et le Canada, se substitue à l’OECE.

    Comment fonctionne l’OCDE ?

    Le conseil de l’organisation se compose d’un représentant par pays membre, il se réunit régulièrement afin de décider afin de fixer les priorités des travaux qui seront réalisés par le secrétariat.

    Les comités (environ 250) sont des groupes de travail et groupes d’experts spécialisés. Il débattent des idées et progrès réalisés en économie, échanges, emploi, science, éducation et marchés financiers.

    Le secrétariat, présidé actuellement par M. Angel Gurria, effectue les travaux suivant les priorités fixées par le conseil. Le secrétariat, établi à Paris, au château de la Muette, compte quelque 2500 agents. Ils ne sont pas tous basés à Paris, certains travaillent dans des centres de l’OCDE à l’étranger.

    « L’OCDE est financée par ses pays membres. Les contributions financières des membres au budget annuel sont calculées à partir d’une formule qui dépend de la taille de l’économie de chacun des pays membres. Les Etats-Unis sont le contributeur le plus important, suivis par le Japon. Avec l’approbation du Conseil, les pays peuvent également apporter leurs contributions de manière distincte à des programmes particuliers qui ne sont pas financés à partir du budget de base.
Le budget de l’OCDE et son programme de travail sont établis par le Conseil ».(3)

    Que fait l’OCDE ?

    On trouve, sur son propre site, une description du rôle que s’assigne l’OCDE : "La mission de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) est de promouvoir les politiques qui amélioreront le bien-être économique et social partout dans le monde.

     L’OCDE offre aux gouvernements un forum où ils peuvent conjuguer leurs efforts, partager leurs expériences et chercher des solutions à des problèmes communs. Nous travaillons avec les gouvernements afin de comprendre quel est le moteur du changement économique, social et environnemental. Nous mesurons la productivité et les flux mondiaux d’échanges et d’investissement. Nous analysons et comparons les données afin de prédire les tendances à venir. Nous établissons des normes internationales dans un grand nombre de domaines, de l’agriculture à la fiscalité en passant par la sécurité des produits chimiques.

    Nous examinons également les questions qui affectent directement la vie des gens, comme le coût des impôts et de la sécurité sociale ou le temps libre dont ils disposent. Nous comparons la façon dont les systèmes éducatifs préparent les jeunes à la vie moderne et la façon dont les systèmes de retraite protègeront les citoyens plus âgés.

    En nous appuyant sur les faits et l’expérience concrète, nous recommandons des politiques dont le but est d’améliorer la vie de tous. Nous travaillons avec les entreprises, à travers le Comité consultatif économique et industriel auprès de l’OCDE, et les syndicats, à travers la Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE. Nous consultons d’autres organisations de la société civile, notamment en organisant chaque année le Forum de l’OCDE. Tous nos travaux ont pour point commun un engagement partagé en faveur du développement durable, de l’emploi et des échanges, reposant sur la coopération internationale et visant le bien-être de tous. Chemin faisant, nous nous efforçons aussi de rendre la vie plus dure aux terroristes, aux fraudeurs fiscaux, aux entrepreneurs véreux et à tous ceux qui sapent les fondements d’une société juste et ouverte. »(3)

    Voilà pour la présentation officielle ! En réalité, on assiste à une mondialisation des politiques ultra-libérales, via un organisme financé par nos états, qui se fixe ses propres règles et travaille à l’ acceptation d’un système de relations internationales entre états bénéficiant aux intérêts des États-Unis et de ses alliés.

    La promotion de politiques et les mesures de productivités ne consistent pas en d’anodines spéculations : dernièrement, la visite du secrétaire M. Angel Gurria à notre premier ministre afin de lui remettre ses conclusions sur les « progrès » de la Belgique a été présentée dans les médias comme de première importance. Ce rapport a d’ailleurs été commenté dans la presse sous forme de "bons points" et "mauvais points" attribués à notre pays, allant jusqu’ à expliquer comment cela fonctionne : si la Belgique ne suit pas les recommandations de l’OCDE, elle risque de perdre sa "bonne réputation" et de se faire taper sur les doigts par l’Europe, le FMI, la BCE… Ainsi, sans avoir l’air de s’ingérer dans la politique belge, l’OCDE se présente comme conseiller incontournable.

    Le fait de rendre la vie plus dure aux terroristes, fraudeurs et entrepreneurs véreux reflète le côté « punitif » de l’organisation qui, en principe, n’a aucune légitimité en matière de poursuites. En effet, ces catégories d’individus sont normalement traquées par toutes les polices financières ou criminelles qui font leur travail. Tout comme les violeurs, les trafiquants de drogues ou d’êtres humains…

    Pourquoi ne citer que les terroristes, fraudeurs fiscaux et entrepreneurs véreux ? Pour les deux derniers, on comprend le rapport à l’économie et le raccourci qui les rend responsables de la crise camoufle les inégalités sociales. Pourquoi y associer les terroristes ? Parce que, dans le contexte des guerres provoquées par les principaux pourvoyeurs de fonds de l’organisation, c’est sans aucun doute l’actualité qui dicte la ligne à suivre. Sinon, pourquoi ne pas citer les violences ou corruptions policières qui secouent des états comme les USA ou le Mexique ? La communication de l’ OCDE ne met en lumière que ce qu’elle veut bien. L’ OCDE, dépourvue officiellement de pouvoir de coercition, produit des rapports relayés docilement dans les médias afin de conditionner l’opinion.

    Le grand bond en arrière

     

    Serge Halimi, dans son essai « le grand bond en arrière », étudie comment l’ordre libéral s’est imposé au monde car « il a beaucoup fallu penser pour les marchés avant que ne se généralise l’idée qu’on ne pourrait plus penser contre eux ».(4)

    Il y montre comment « changer le monde » est devenu un but pour la droite américaine et les néo-libéraux en général. Serge Halimi met en lumière la mise en place de politiques, de stratégies et de création d’ organisations internationales (OCDE, FMI, BM, BCE…) dont le but est, essentiellement, de faire triompher leurs idées au niveau mondial et de « fabriquer du marché ». Dans un chapitre qu’il consacre à l’OCDE, il démontre combien les travaux de l’organisation sont douteux : « …ses pronostics sont pour le moins hasardeux : entre décembre 1995 et mai 1996, elle (l’OCDE) a du diviser par cinq ses prévisions de croissance pour l’Allemagne… Pour l’année 1996 ! Depuis 2004, l’OCDE publie d’ailleurs ce genre de chiffre en indiquant une marge d’erreur parfois égale au taux de croissance annoncé. » (4)

     

    Pour lutter contre le chômage, l’OCDE recommande, entr’autre, plus de flexibilité du marché et des travailleurs, ignorant superbement qu’il n’y a suffisamment de postes offerts que pour mettre au travail une petite partie des demandeurs d’emploi et que les pays où le taux d’ employabilité est le plus grand est aussi celui où on trouve le plus d’emplois à temps partiel et de situations de précarité (3). Et pourtant, ces recommandations continuent à modeler nos politiques. Cette même flexibilité, avec les compétences qui s’y rattachent, envahit l’enseignement.

    Si l’ OCDE consacre une bonne partie de ses travaux à l’analyse des systèmes d’enseignement c’est qu’il faut rendre ceux-ci plus compétitifs. Evidemment, cette compétitivité-là ne tient compte ni du développement personnel ni d’ une évolution sociale rendue possible par l’ éducation. L’école reste soumise au sacro-saint « marché du travail ». La pensée néolibérale s’ impose de la même manière dans les cours d’économie au coeur des universités : à l’UCL, les étudiants jugeant leur cursus trop dogmatique, n’ ont obtenu que récemment un cours d’histoire des doctrines économiques. Les prévisions de l’organisation ne sont pas pertinentes et ne tiennent compte ni des exigences nationales, ni des spécificités de chacun. Ce travail de collecte de statistiques et d’analyses devrait être confié aux universités et soumis au débat contradictoire. Les sommes versées à l’OCDE seraient plus utiles à l’enseignement supérieur…

    En conclusion : « l’organisation de coopération et de développement économique devrait être vendue ou dissoute…elle ne cesse d’expliquer que le contribuable est trop imposé. Pourquoi devrait-il participer plus longtemps au financement d’un organisme qui n’a d’autre obsession que de le dépouiller des quelques droits sociaux que le marché lui laisse ? » (4)
    Michèle JANSS

    Source : Investig’Action

    (1) Dossier de N. Hirtt sur PISA : http://www.skolo.org/spip.php?article1656
    (2) discours de Harry Truman au congrès des Etats-Unis -12 mars 1947
    (3) site de l’OCDE, http://www.oecd.org
    (4) Serge Halimi, Le grand bond en arrière, comment l’ordre libéral s’est imposé au monde, Eléments - Editions Agone 2006
    (5) Mateo Alaluf, http://politique.eu.org/spip.php?article3072

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  • Venezuela : la CIA accusée par ses propres documents


    Par Michel Collon

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    Depuis quelques années, la CIA ‘arrose’ toutes sortes d’organisations au Venezuela : les partis politiques de droite et un ensemble d’associations présentées comme émanant de la ‘société civile’ mais qui en réalité servent de paravent pour attaquer le gouvernement et préparer son renversement « à la chilienne ». (Extrait du livre Les sept péchés d'Hugo Chavez de Michel Collon)

     


     

    2002 : Washington derrière le coup d’Etat

     

    L’affrontement est devenu inévitable. Et il se prépare depuis Washington. Le 25 février 2002, Charles Shapiro est désigné comme nouvel ambassadeur des Etats-Unis à Caracas. Ce n’est pas n’importe qui. Ca fait vingt-quatre ans qu’il s’occupe de l’Amérique Latine. Il était conseiller militaire à l’ambassade US de Santiago du Chili lors du coup d’Etat fasciste contre Allende en 1973. Il a été en poste cinq ans au Salvador au plus fort de la répression militaire dans ce pays.

    Au même moment, plusieurs hauts gradés de l’armée vénézuélienne appellent publiquement à se débarrasser de Chavez. Ils sont soutenus par la hiérarchie de l’Eglise catholique, toujours très proche des Etats-Unis et de la haute bourgeoisie locale. Les évêques refusent le dialogue proposé par le gouvernement.

    En février également, Carlos Ortega, leader du syndicat droitier CTV, rencontre à Washington les dirigeants du syndicat AFL-CIO. Comme il a été démontré par des historiens (1), ce syndicat a souvent servi d’intermédiaire pour transmettre des fonds de la CIA à des organisations d’opposants dans certains pays sensibles.

    Au Chili, par exemple, l’AFL-CIO a aidé l’administration Nixon et les multinationales US à renverser le gouvernement d’Unité Populaire : transferts de fonds vers les mouvements contre-révolutionaires : plus de huit millions de dollars selon le New York Times du 24 septembre 1974, création de groupes paramilitaires pour terroriser les militants de gauche, assistance à la grève des propriétaires de camions qui paralysa l’économie pour créer le chaos, formations en leadership c’est-à-dire à l’agitation anti-Allende…

    Henry Kissinger a reconnu que les programmes d’éducation en question avaient été un élément important de la politique US contre le Chili. (2)

     

    Bref, au niveau de ces dirigeants, on devrait plutôt parler d’AFL-CIA.

    Mais l’élément-clé du complot anti-Chavez est incontestablement Otto Reich... Un fameux passé ! Il a joué un rôle décisif dans la déstabilisation du gouvernement de gauche au Nicaragua dans les années 80. Il est en étroite relation avec Orlando Bosch, un des plus grands terroristes du continent latino-américain, impliqué dans l’attentat contre un avion de ligne cubain en 1976, l’assassinat du général chilien Letellier en 1978 et de nombreux autres actes terroristes. C’est à un tel homme que George Bush a confié le poste de vice-ministre US des Affaires étrangères pour l’Amérique Latine entre 2002 et 2004.

    En ce début de l’année 2002, Otto Reich se réunit fréquemment avec les chefs de l’opposition vénézuélienne. Et particulièrement avec Pedro Carmona, président de Fedecamaras, la fédération des patrons.

     

    La CIA accusée par ses propres documents

     

    Depuis quelques années, la CIA ‘arrose’ toutes sortes d’organisations au Venezuela : les partis politiques de droite et un ensemble d’associations présentées comme émanant de la ‘société civile’ mais qui en réalité servent de paravent pour attaquer le gouvernement et préparer son renversement « à la chilienne » : Consorcio Justicia, Accion Campesina, Assamblea de Educacion, Centro al Servicio de la Accion Popular, Instituto Prensa y Sociedad, Associacion Civil Justicia Alternativa, Fundacion Justicia de Paz…

    Pour se dissimuler, ces financements de la CIA transitent par diverses fondations-écrans. Dont la principale s’appelle NED : National Endowment for Democracy, un organisme étroitement contrôlé par la présidence et le Congrès des Etats-Unis. Durant les premiers mois de 2002, les montants versés augmentent énormément.

    Comment le sait-on ? Dans son livre Code Chavez – CIA contre Venezuela, l’avocate new yorkaise Eva Golinger a publié de nombreux documents provenant des administrations US elles-mêmes et prouvant l’implication de la CIA dans le coup d’Etat de 2002 (de même que dans les tentatives suivantes pour renverser Chavez). Les noms des agents, les institutions qui servent de paravents et même les montants versés, tout figure dans ce « mode d’emploi du parfait coup d’Etat ». (3)

    Les documents que Golinger a réussi à obtenir démontrent noir sur blanc que la CIA est au courant de tous les préparatifs du coup d’Etat. Dans un rapport envoyé le 5 mars à Washington, il est écrit : « L’armée aussi est divisée en ce qui concerne le soutien à Chavez… Il sera difficile d’organiser un coup d’Etat. » Le 1er avril, puis le 6 avril, des rapports assez largement diffusés parmi les hauts fonctionnaires US sont très précis : « Des factions militaires dissidentes, comportant quelques officiers de haut rang mécontents intensifient leurs efforts pour organiser un coup d’Etat contre le président Chavez, probablement au début de ce mois. Les plans détaillés mentionnent l’arrestation de Chavez et de autres hauts responsables. »

    Bien sûr, les Etats-Unis nieront - comme d’habitude - être impliqués dans le coup d’Etat. Mais il suffit de constater à travers leurs propres documents, qu’ils étaient au courant des tous les préparatifs, et qu’ils n’ont en rien averti le gouvernement légal vénézuélien. Bien plus, ils ont augmenté leurs financements aux organisations putschistes.

    Le 7 avril, le président Chavez destitue six dirigeants de PDVSA pour mauvaise gestion, malversations financières et application d’une politique contraire à celle de l’Etat. Il en a le droit puisque la société publique du pétrole est placée sous l’autorité de l’Etat. Le 9 avril, le syndicat CTV et le patronat appellent – ensemble ! – à une grève générale. Le 10, ils la proclament d’une durée indéfinie, c’est-à-dire en fait jusqu’au renversement de Chavez. Les télés privées diffusent l’appel à la rébellion d’un des plus haut responsables militaires, le général Nestor Gonzalez Gonzalez.

     

    Le premier coup d’Etat mis en scène par la télévision

     

    Dès sa préparation, les médias privés vénézuéliens ont joué un rôle décisif dans le coup d’Etat militaire. Dès le 7 avril, quand le patron des patrons et son allié syndical annoncent leur grève générale pour évincer Chavez, le directeur du quotidien El Nacional, Miguel Enrique Otero, s’enhousiasme à leurs côtés au nom des médias : « Nous sommes tous dans cette lutte pour la défense du droit à informer. »

    Le 10, l’édito du même quotidien lance un appel à l’émeute : « Prenons la rue ! » « Pas un pas en arrière », proclament les annonces diffusées par Globovision. « Tous à la marche le jeudi 11 à 10 heures du matin ! Apporte ton drapeau. », martèlent les pubs d’une autre chaîne.

    Le jeudi 11 avril, le syndicat CTV et la fédération patronale organisent une énorme manifestation, soutenue par les grands médias privés. Elle part, comme par hasard, des locaux de PDVSA et se dirige vers le centre. Mais, en cours de manifestation, le dirigeant syndical pro-US Ortega appelle à se rendre au palais présidentiel de Miraflores. Où sont rassemblés des milliers de manifestants venus soutenir leur président. Ca sent la provocation…

    Tout-à-coup, au lieu dit Puente Llaguno, où l’Avenida Urdaneta enjambe l’Avenida Baralt, des tirs sont déclenchés. Plusieurs manifestants chavistes sont tués. Ainsi que deux manifestants dans le cortège de l’opposition. D’où proviennent ces tirs ? Des chavistes, prétendent tout de suite les télévisions privées. Elles montrent des images de trois manifestants chavistes tirant au revolver. En direction, disent-elles, des manifestants de l’opposition. Manipulation incroyable. Car, sur les images que les mêmes télévisions ont présentées en direct, on a pu voir que les manifestants chavistes sont au contraire pris pour cibles par les premiers tirs et qu’ils se couchent par terre en essayant d’échapper à ces tirs. Même le quotidien d’opposition El Nacional le confirme dans son édition suivante : « Les premières victimes provenaient des rangs pro-chavistes. »

    De plus, les deux cortèges sont séparés par plusieurs centaines de mètres. Impossible avec de simples revolvers d’ atteindre l’autre cortège, il faut des fusils à longue portée. De plus, quand on examine les lieux, on constate qu’entre les deux cortèges, il y a… des immeubles, que les balles ne peuvent évidemment avoir traversés !

     

    Les snipers de la CIA

     

    Que s’est-il vraiment passé ? En fait, les putschistes avaient placé plusieurs snipers en haut des immeubles du quartier. C’est de là qu’on tirait. C’est seulement après ces attaques meurtrières que trois manifestants chavistes ont utilisé leurs revolvers pour riposter. Tirant depuis le pont sur l’unité blindée de la Police qui s’avance par l’autre avenue. Parce qu’ils croient que ce sont ces policiers (dirigés par un maire d’opposition) qui ont tiré sur eux.

    D’ailleurs, quand la foule se précipite vers les bâtiments d’où on a tiré, elle parvient à mettre la main sur sept snipers qui seront remis à la Justice. Parmi eux, un citoyen des Etats-Unis, Robert McNight, un Colombien et cinq hommes apparemment vénézuéliens (mais certains sont en possession de faux papiers). Très rapidement, le contre-amiral Carlos Molina Tamayo, putschiste, ordonnera de les libérer, et ils quitteront immédiatement le Venezuela.

    Aussitôt, les images sont remontées en studio avec un commentaire truqué. La manipulation consiste tout simplement à inverser l’ordre des images. On passe d’abord les trois chavistes tirant sur la police. Ensuite seulement, les images de victimes. Et on fait croire que ce sont les trois chavistes qui ont tué les manifestants du cortège de l’opposition. Pour imposer cette version, les putschistes ferment de force la télé publique et une télé communautaire de quartier, Catia TV.

    La scène, passée en boucle, inlassablement, va bouleverser la population. Maurice Lemoine, du Monde Diplomatique, était sur place et dénonce la manipulation de ces télés : « Tirée de son contexte, diffusée en continu par toutes les chaînes de télé, cette scène a permis d’affirmer que le 11 avril, les partisans de Chavez, rebaptisés ‘snipers’ (‘franco-tiradores’), avaient tiré sur une foule désarmée. En réalité, on voit clairement sur mes photos qu’il s’agit du contraire : c’est la masse des sympathisants de Chavez qui se protège, en se baissant, pour échapper aux tirs des snipers. » (4)

    Version confirmée par les images tournées en direct par les télés de l’opposition. On y voit très clairement les chavistes essayant d’échapper aux tirs. D’ailleurs, quelques mois plus tard, deux reporters de ces chaînes, Luis Alfonso Fernandez (Venevision) et Del Valle Canelon (Globovision), confirmeront que les premières victimes étaient des chavistes.

     

    Des morts programmés

     

    Dans l’après-midi de cette funeste journée, le contre-amiral Hector Ramirez Perez lit une proclamation déplorant la mort de civils innocents et dénonçant une conspiration macabre de Chavez qui a provoqué, dit-il, la mort de six Vénézuéliens assassinés par les forces gouvernementales. Ramirez Perez appelle donc à l’insurrection générale à cause des violences commises par Chavez. Emotion générale.

    Mais en réalité, cette proclamation n’est pas enregistrée en direct, elle a été enregistrée… la veille ! En effet, Otto Neustald, envoyé spécial de CNN, expliquera plus tard que toute la proclamation a été enregistrée à sa résidence personnelle avant toutes les violences ! Neustald, lors d’une conférence quelques mois plus tard, affirmera très clairement qu’au moment où la proclamation a été enregistrée, aucune violence ne s’était encore produite !

    « Dans la nuit du 10 au 11, ils m’ont appelé : ‘Otto, demain le 11, il y aura une vidéo de Chavez, la manifestation ira jusqu’au palais présidentiel, il y aura des morts, vingt hauts responsables se présenteront contre Chavez et demanderont sa démission. Voilà ce qu’ils m’ont dit la nuit du 10 au 11. » Bref, tout avait été orchestré, avec la participation des grands médias d’opposition.

    On le voit aussi dans leur comportement, cet après-midi là. A 15 heures, les premiers morts tombent dans les deux manifestations. Immédiatement, les télés privées diffusent la proclamation préenregistrée de Ramirez Perez accusant Chavez de ces meurtres. A 15 heures 44, Chavez prend la parole pour démentir, mais les télés privées sabotent son intervention et diffusent l’appel à l’insurrection.

    Clairement, le coup d’Etat a été préparé à partir de l’organisation délibérée d’un massacre pour diaboliser Chavez, et avec la participation active des grands médias. Il faut signaler que dans les documents obtenus par Eva Golinger, le câble de l’ambassadeur US envoyé à Washington à propos de ces événements se retrouve complètement censuré par l’administration. Parce que la mise en scène a été préparée par la CIA ?

    Notes :

     

    1) Anthony Carew, The origins of CIA financing of AFL programs, CovertAction Quaterly, été 1999.

     

    2) Lettre ouverte à John Sweeny, président de l’AFL-CIO, www.globalwomenstrike.net/French

     

    3) Eva Golinger, Code Chavez, CIA contre Venezuela, Oser Dire, Liège, 2006

     

    4) Luis Britto Garcia, Investigacion de unos medios por encima de toda sospecha, brochure VTV, Caracas.

    Source : Rxtrait du livre Les 7 Péchés d’Hugo Chavez, de Michel Collon

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