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  • « Trumpisme », une lucidité pervertie

     

    trump

    Trump ne s’oppose pas plus que Clinton à Wall Street qui a les moyens de « calmer » ses quelques velléités verbales de coloration anticapitaliste : l’Amérique « d’en-bas » va vite s’en apercevoir…

     

    Dans la période grise que le monde occidental traverse, quelques lueurs de lucidité dont certaines tendent à faire des « clairs de lune », comme dit le poète, tandis que d’autres menacent de déclencher des orages. Sanders aux États-Unis, la nouvelle direction du Parti Travailliste britannique, Podemos en Espagne (malgré l’échec de Syrisa), les courants communistes qui se refusent aux compromis électoralistes sans issue avec les partis « socialistes » eux-mêmes en pleine décadence, ne sont qu’au début de leur recherche de voies nouvelles auxquelles les masses populaires ne sont que modérément sensibilisées.

    Par contre, les néoconservateurs et néofascistes, prudemment qualifiés de « populistes » de droite, réussissent partout, aux États-Unis et en Europe, à attirer dans leur mouvance les démunis et plus largement les victimes du capitalisme (auquel les médias préfèrent le terme de « mondialisation » plus « neutre »).

    La victoire de Trump et des ultras du Parti Républicain aux États-Unis est spectaculaire, bien qu’il soit nécessaire de la relativiser : 47% d’abstentions, Clinton détient 200.000 voix de plus sans effet sur le résultat, le corps électoral des Républicains n’est pas homogène mêlant les voix de catégories très privilégiées avec celles des plus défavorisés.

    Le système américain et sa logique affairiste étant fortement « cadenassés » (système fédéral, rôle de la Cour Suprême, poids de lobbies et des réseaux, notamment religieux, etc.), Trump ne pourra pas aller au-delà de certaines limites, tout comme Obama n’a pu aller très loin dans les réformes.

    L’essentiel est ce que révèle clairement le succès de Trump : la société américaine, fondée à l’origine sur l’esclavagisme et le racisme, sur des aventuriers de l’argent et la violence armée a des séquelles lourdes après des siècles de capitalisme débridé. Des millions de pauvres sans conscience de classe claire désignent un milliardaire opportuniste pour les représenter. Une inculture politique de masse ignorant le monde laisse les oligarques décider du sort de la planète et de la vie de nombreux peuples.

    Aussi, le plus significatif pour l’avenir n’est pas Trump, c’est Sanders qui a réussi, avec la jeunesse américaine à initier des valeurs socialistes dans la cité du dollar !

    Ce qui « dérange » la bien-pensance européenne c’est que les castes dominantes (qualifiées « d’élites ») soient de plus en plus souvent bousculées, non plus seulement en Pologne, en Hongrie, dans les Pays Baltes, en Autriche, etc. mais dans la Mecque du néolibéralisme et de l’affairisme triomphant. Les explications médiatiques et politiciennes fleurissent : elles sont psychologiques et éthologiques. L’ « élite », comme elles le répètent malgré tout, était malencontreusement aveuglée par le « vivre entre soi » et n’a pas « perçu » les changements dans la société civile !

    Les réponses sont sans doute ailleurs.

    Le système capitaliste a une logique imparable : il fabrique la concentration et le gigantisme de quelques pouvoirs privés économiques et financiers qui se croient tout permis ; il creuse des inégalités abyssales ; il fabrique le chômage de masse, la précarité et l’insécurité sociale généralisée, lorsqu’il ne lance pas ses armées dans des aventures militaires productrices de chaos. Il s’avère incapable (parce qu’il n’y trouve aucun intérêt) de résoudre les grands problèmes sociaux et fait évoluer les peuples vers une « tiermondisation » insupportable pour le plus grand nombre (dégradation des services publics, fiscalité discriminatoire, déclin des couvertures sociales, etc.). Le résultat est un mécontentement et une peur grandissante, source de rejet des formes traditionnelles de domination, ce qui est un début …

    Les « recettes » de la social-démocratie européenne, de moins en moins sociale et de moins en moins démocratique, ne fonctionnent plus, comme en attestent les dérives des partis socialistes français ou espagnols, notamment, dont les actions sont axées sur quelques mesures sociétales, tout en étant complices des pouvoirs économiques et financiers. Elles écœurent les couches populaires dont la confusion est croissante, mais qui ont enfin découvert un ennemi qui se présentait comme un allié…

    Quant à la mouvance communiste, elle est gravement atteinte par l’accumulation de défaites, par une image détériorée non seulement par une propagande hostile incessante mais par ses insuffisances (par exemple, dans le domaine de l’écologie), ses ambiguïtés maladroites liées à un électoralisme de survie : elle n’est plus perçue comme une alternative crédible.

    Les propositions communistes ne sont plus entendues, y compris lorsqu’elles sont de qualité ou inédites, la plupart des batailles idéologiques ces dernières décennies ayant été perdues. L’astuce des néo-cons est de ne plus braquer les projecteurs sur elles en usant d’un « silence anticommuniste ». Mais au sein du mouvement communiste, naît une nouvelle radicalité, qui se manifeste par exemple, dans le premier syndicat français la CGT. C’est peut-être le début d’une renaissance.

    En Occident, le premier « parti » est celui de l’abstention qui, pour l’heure, ne perturbe pas les intérêts dominants. Le capitalisme n’a besoin ni de citoyens actifs ni de démocratie. Il est en train de s’accommoder, bien que sans enthousiasme, du néo-conservatisme (aux États-Unis, le Teaparty, le trumpisme) et même en Europe d’un néofascisme qui a « ravalé sa façade », les années 1930-1940 étant lointaines et oubliées. Leurs pseudo remèdes sont pourtant les plus vieux du monde : recherche de boucs-émissaires et de chefs charismatiques, éloge de la virilité et de l’État « fort », etc., mais simple aménagement du mode de production. C’est l’inculture des masses et leur infantilisation, soigneusement cultivées, le nombrilisme des milieux intellectuels, les manipulations des grands médias qui donnent à ces vieilleries un aspect attractif et « non politiquement correct » !

    Dans ce paysage dévasté, une certaine lucidité émerge : on commence à percevoir que le système qui offre tout à 10% de la population et pratiquement plus rien aux autres est devenu insupportable.

    Nombre de citoyens maltraités, en rejetant vivement les médias, comprennent qu’ils sont l’objet de toutes les manœuvres électorales, et qu’il est nécessaire, pour vivre décemment, de ne plus se laisser faire.

    Après l’apathie plus ou moins « apolitique », la démocratie du bavardage et de la fausse concertation, naît le besoin d’adopter un autre système où le quotidien serait moins difficile à vivre.

    Ce début de lucidité est cependant perverti. Il ne conduit pas à une volonté d’appropriation de l’appareil économique et social, à l’invention d’une nouvelle citoyenneté active. Il oriente vers de nouveaux maîtres, pires que ceux d’aujourd’hui, tout comme les Allemands ont adhéré, pour en sortir, au nazisme. La conscience de classe est présente face à ce qu’on appelle « l’élite », formule anonyme et sans contenu réel, mais on en tire qu’une leçon pathologique. Il n’y a pas d’affrontement avec les exploiteurs (il est vrai peu visibles dans le brouillard médiatique). Il reste en effet en faveur du capitalisme, le culte de la soi-disant « réussite », de l’argent, la séduction d’une consommation superflue, la personnalisation du politique longuement forgée.

    Peut-être, les peuples se condamnent-ils, pour atteindre à un niveau supérieur de clairvoyance, à expérimenter à nouveau l’autoritarisme d’un capitalisme fascisant, mettant en œuvre à dose massive des contre-réformes : l’Histoire du progrès est faite de brèves avancées et de longues régressions. C’est que le néofascisme en développement est « facile ». C’est sa grande force. Il ne vise pas à la transformation socio-économique de la société et se contente de discours « radicaux ». Il cultive les instincts les plus basiques des hommes. Il se fait complice des milieux d’affaires et ne les met en cause que formellement aussi longtemps que ces pouvoirs privés dominants espèrent encore que les droites et les gauches « classiques » aient la capacité d’empêcher les « perturbations » sociales.

    Trump ne s’oppose pas plus que Clinton à Wall Street qui a les moyens de « calmer » ses quelques velléités verbales de coloration anticapitaliste : l’Amérique « d’en-bas » va vite s’en apercevoir : la comédie de la fausse démocratie américaine devra alors redoubler d’intensité pour éviter une crise globale de la première puissance mondiale en déclin.

    En attendant, la lucidité pervertie de masses humaines importantes prépare des lendemains qui ne chantent pas. Il est donc toujours plus urgent de rendre sain et transformateur ce qui n’est qu’un balbutiement frappé de multiples pathologies. Le Trumpisme est un nouveau signal d’alarme de ce vieux monde euraméricain usé et décadent.

    Novembre 2016

    Robert CHARVIN

    Source: Investig’Action

     

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  • Nous et l'Amérique

    par MS21

    L’élection de D. Trump a fait couler beaucoup d’encre dans le monde entier, en particulier au sein de l’UE.

    Cette élection ne changera que marginalement la politique internationale des Etats-Unis d’Amérique : l’histoire longue de ce pays l’atteste.

    En même temps, l’élection de ce démagogue en dit long sur la décomposition économique et sociale de ce pays, comme ce fut le cas de N. Sarkozy ou Hollande en France, ou de Berlusconi en Italie, etc.

     

    Les USA sont socialement disloqués.

    Cette dislocation se retrouve non seulement entre couches sociales, mais entre les Etats. Or il existe une loi d’airain en géopolitique : des différenciations économiques trop fortes entre composantes d’une Nation entraîne automatiquement sa dislocation. Déjà, deux Etats les plus riches expriment des velléités d’indépendance. Cela ne se fera certainement pas, mais cela montre la profondeur du malaise.

    Sa monnaie, le dollar, ne vaut plus rien (même pas 2 grammes d’or), et n’est reconnu que grâce à ses forces armées qui n’hésitent pas à éliminer physiquement tout dirigeant politique ou d’entreprise dans le monde qui remettrait cette monnaie en cause.

    Sa balance commerciale déficitaire depuis de nombreuses années, politique destinée à tenir les pays émergents, est comblée par le vol de l’épargne dans les autres pays, tout particulièrement dans l’UE (d’ailleurs formatée pour cela).

    L’Etat est en faillite et ne survit que par l’émission très très massive de sa monnaie, ce qui réduit encore plus sa valeur équivalent or.

    Son armée pléthorique peine à renouveler son matériel, et surtout peine à embaucher, l’obligeant à recruter massivement des mercenaires en Amérique du Sud. Le lien Nation – Armée s‘est donc fortement distendue.

    Contrairement à ce qui est souvent affirmé, son industrie, très liée à la science, est florissante. Cependant, son système scolaire est chancelant, ce qui pousse à pomper les cerveaux d’autres pays, en particulier dans les pays alliés les affaiblissant ainsi. Ces derniers deviennent des alliés de pacotille face à une troisième guerre mondiale éventuelle.

    Contrairement à ce qui est aussi affirmé, les USA ne sont pas autonomes quant à la production de sources d’énergie, en particulier en pétrole. C’est de la pure propagande … et qui marche ! Ce pays est en réalité obligé d’importer près de 60 % de sa consommation en pétrole. Le pétrole de schiste, sur lequel repose cette propagande, n’a jamais donné la quantité espérée, engouffrant pourtant des sommes colossales.

    Les interventions permanentes dans les pays étrangers, soit sous forme de multiple coups d’Etat ou sous forme d’invasions militaires, a terni l’image des Etats-Unis d’Amérique dans le monde entier.

    La déliquescence sociale, sur laquelle s’est reposée particulièrement la dernière campagne électorale de caniveaux, qui a ouvert les yeux de nombreux peuples sur la réalité de ce pays avec stupéfaction, ne peut plus promouvoir « l’American Way Of Life », fondement de la puissance idéologique américaine dans le monde.

    En stratégie, il existe une « loi » première, incontournable : pour être fort à l’extérieur, il faut d’abord être fort à l’intérieur. La forme qu’a prise la campagne électorale montre que ce n’est plus le cas des Etats-Unis d’Amérique.

    La façon dont D. Trump a été élu est alors peut-être une grande chance pour nous de se débarrasser de la tutelle américaine en France.   Les suppôts américains (les Sarkozy, les Hollande, le MEDEF) vont se sentir bientôt sans maître influent. Leurs boussoles vont s’affoler.  Non pas que le nouveau président américain le souhaite (au contraire, il essaiera de continuer sa colonisation), mais les Français eux-mêmes, comme d’autres peuples en Europe, voudront s’émanciper. Même des candidats à la candidature à droite commencent à s’émanciper : Fillon n’hésite plus à vilipender les USA ! C’est peut-être pour cela qu’il monte dans les sondages des électeurs de droite, détachement que ne peut faire Sarkozy ou Juppé trop publiquement liés aux intérêts américains.

    En tout cas, débarrassons nous de la tutelle dès que possible.

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  • Dans la future administration Trump, un ancien de Goldman Sachs au Trésor, un pétrolier à l’Énergie et un lobbyiste climato-sceptique à l’Environnement ?

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    Donald Trump a construit une grande partie de sa victoire surprise à l’élection présidentielle américaine sur un discours de rejet des élites de Washington et de Wall Street. Une stratégie gagnante qui lui a permis d’attirer une grande partie des classes populaires blanches, au détriment des Démocrates. Mais ceux qui ont pris au sérieux sa rhétorique anti-libérale, et sa dénonciation du libre-échange, des délocalisations et des excès de la finance, risquent fort de déchanter. Donald Trump se prépare en effet à nommer une équipe qui accordera une large place aux intérêts économiques. Avec notamment un ancien dirigeant de Goldman Sachs au Trésor et le patron d’une firme pétrolière au Secrétariat à l’Énergie.

    Une partie des postes ministériels de la future administration Trump sera sans doute réservée aux membres du parti républicain qui se sont rangés derrière lui – comme l’ancien maire de New York Rudy Giuliani ou l’ex gouverneur du New Jersey Chris Christie – mais, pour le reste, la consigne est de trouver des personnalités du monde de l’entreprise. Outre Steven Mnuchin, ancien de Goldman Sachs, patron de la firme d’investissement Dune Capital Management et principal conseiller économique de Trump, favori pour la position de Secrétaire au Trésor, deux patrons de firmes pétrolières pourraient être nommés à l’Intérieur et à l’Énergie (Forrest Lucas de Lucas Oil et Harold Hamm de Continental Resources respectivement). Selon le site Politico, d’autres hommes d’affaires ou ancien dirigeants d’entreprises pourraient hériter, notamment, des Secrétariats d’État au Commerce et au Travail. Sans oublier le poste de Secrétaire à l’Agriculture, où plusieurs représentants de agrobusiness sont pressentis. La direction de l’Agence fédérale de l’environnement pourrait, elle, se voir confier à Myron Ebell, dirigeant de lobbys climato-sceptiques.

    Durant la campagne électorale, une bonne partie des milieux d’affaires américains s’étaient tenus publiquement à l’écart de Trump, en raison à la fois de ses positions sur le libre-échange et de la révulsion d’une bonne partie de l’opinion publique pour ses discours racistes, sexistes et homophobes. Comme nous l’expliquions dans notre enquête sur les financements des entreprises françaises dans la campagne électorale américaine 2016, cela ne les a pas empêché de continuer à financer massivement les Républicains, soit directement, soit par le biais de divers associations professionnelles et lobbys. Certains secteurs comme celui des énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) menacé par les régulations climatiques, de la restauration rapide inquiète des campagnes pour une hausse du salaire minimal, de l’élevage industriel, ou encore des casinos et de l’immobilier, ont soutenu massivement la campagne de Trump. Et celui-ci a pu compter sur le soutien de plusieurs milliardaires, ayant fait fortune dans les casinos, le pétrole ou la finance.

    Les marchés financiers rassurés

    Avant même sa victoire, Donald Trump a assemblé une équipe de lobbyistes chevronnés de Washington liés à Disney, Koch industries et Goldman Sachs – là encore en contradiction avec la posture qu’il a adopté durant la campagne – pour préparer son arrivée à la Maison blanche. Selon The Intercept, des réunions ont été organisées avec des représentants de plusieurs secteurs économiques, dont ceux de la finance et de la technologie. Wall Street et la Silicon Valley, qui ont plutôt misé sur Hilary Clinton, ont-ils du souci à se faire ? Pas forcément, car le candidat Trump, s’il a beaucoup vitupéré les rémunération des traders, a aussi promis de revenir sur la loi Dodd-Frank, adoptée en 2010 pour réguler un peu plus le secteur financier suite à la crise des subprimes. Quant à Apple, Google et autres, ils pourront au moins se consoler avec la promesse du candidat Trump de faciliter le retour aux États-Unis des centaines de milliards de cash qu’ils ont accumulé dans des paradis fiscaux, en réduisant les taxes très élevées qu’elles auraient dû payer.

    Tout ceci explique peut-être que globalement, les marchés financiers mondiaux ont rapidement oublié la nervosité qu’ils avaient affichés en début de journée, à l’annonce des résultats. Le CAC40 a même fini en hausse de 1,5%, tout comme les autres indices européens et le Dow Jones. De nombreux secteurs économiques, perçus comme les bénéficiaires d’une présidence Trump, ont même connu des hausses spectaculaires. C’est le cas du BTP et du transport (en raison du plan d’investissement dans les infrastructures annoncé par Trump après son élection), des industries minières (à la fois en raison de la demande d’or comme valeur refuge, de la remise en cause des normes environnementales et des besoins pour la construction), ou encore du pétrole et de l’énergie (en raison de la remise en cause des politiques climatiques nationale et internationale). Peabody Energy, la principale entreprise charbonnière américaine, a ainsi vu sa valeur boursière bondir de près de 50% en une journée. C’est le cas aussi d’autres industries comme celle des prisons privées ou des marchands d’armes, qui pourraient être parmi les principaux bénéficiaires de notre nouveau monde « trumpien ». Le secteur pharmaceutique sort lui aussi du lot, car il échappe aux mesures de contrôle du prix des médicaments promises par Hilary Clinton. Les principales hausses de la place de Paris ce mercredi 9 novembre (la parapétrolière Vallourec, Alstom, ArcelorMittal, Dassault, Sanofi…) reflètent ces tendances.

    Du côté du secteur des énergies renouvelables, en revanche (Tesla, Vestas…), on faisait plutôt grise mine.

     

    Olivier Petitjean

    Source: L’Observatoire des Mulinationales
    Photo : Giuseppe Milo CC

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  • La politique est la solution

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    Nous ne pouvons pas nous déplacer au Canada ou nous cacher sous le lit. C’est le moment d’embrasser la politique démocratique, et non de la rejeter.

    Nous n’avons aucune illusion sur l’impact de la victoire de Donald Trump. C’est une catastrophe. La perspective d’un gouvernement de droite unifié, dirigé par un populiste autoritaire, représente une catastrophe pour les travailleurs.

    Il existe deux façons de répondre à cette situation. L’une consiste à blâmer le peuple des États-Unis. L’autre est de blâmer l’élite du pays.

    Dans les prochains jours et les prochaines semaines, de nombreux experts vont opter pour la première façon. Les libéraux effrayés ont déjà écrit des explications sur la façon de déménager au Canada ; hier soir, le site d’immigration canadien a planté après une flambée du trafic. Les gens qui nous ont amenés jusqu’à ce précipice planifient maintenant leur fuite.

    Mais blâmer le public américain pour la victoire de Trump ne fait que renforcer l’élitisme qui a rallié ses électeurs en premier lieu. Il est incontestable que le racisme et le sexisme ont joué un rôle crucial dans la montée de Trump. Et c’est effrayant de voir comment son triomphe va renforcer les forces les plus cruelles et les plus bigotes de la société américaine.

    Pourtant, une réponse à Trump qui commence et se termine par l’horreur n’est pas une réponse politique — c’est une forme de paralysie, une politique de planque en dessous du lit. Et une réponse à la bigoterie américaine qui commence et se termine par la dénonciation morale n’est pas du tout politique — c’est le contraire de la politique. C’est la capitulation.

    Croire que l’appel de Trump était entièrement basé sur le nationalisme ethnique, c’est croire que la majorité des Américains ne sont poussés que par la haine et par un désir commun d’un programme politique de la suprématie blanche.

    Nous ne le croyons pas. Et les faits ne le confirment pas.

    Cette élection, selon l’analyste du New York Times Nate Cohn, a été décidée par des gens qui ont voté pour Barack Obama en 2012. Tous ne peuvent pas être bigots.

    Clinton a remporté seulement 65 pour cent des électeurs latinos, alors qu’Obama en avait remporté 71 il y a quatre ans. Elle a réalisé cette pauvre performance face à un candidat qui a misé son programme sur la construction d’un mur le long de la frontière sud de l’Amérique, un candidat qui a lancé sa campagne en qualifiant les Mexicains de violeurs.

    Clinton a convaincu 34 pour cent des femmes blanches sans diplôme universitaire. Et elle a remporté seulement 54 pour cent des femmes dans l’ensemble, contre 55 pour cent pour Obama en 2012. Clinton, bien sûr, était en compétition avec un candidat qui a grogné sur une vidéo qu’il fallait saisir les femmes « par la chatte ».

    C’était l’élection que Clinton devait perdre. Et elle a perdu. Beaucoup de culpabilité retombera sur la candidate Clinton, mais elle n’a fait qu’incarner le consensus de cette génération de dirigeants du Parti démocrate. Sous le président Obama, les démocrates ont perdu près de mille sièges dans les assemblées législatives d’États, une douzaine de gouverneurs, soixante-neuf sièges à la Chambre et treize au Sénat. La nuit dernière n’est pas sortie de nulle part.

    Le problème avec Clinton n’était pas sa particularité, mais sa typicité. C’était caractéristique de ce Parti démocrate de voir les acteurs au pouvoir à Washington décider de leur candidat — avec des approbations écrasantes — plusieurs mois avant qu’un seul bulletin de vote n’ait été lancé.

    Ils ont fait un choix fâcheux pour nous tous en pipant les dés, de manière décisive, contre le genre de politique qui aurait pu gagner : une politique ouvrière.

    Soixante-douze pour cent des Américains qui ont voté hier soir pensent que « l’économie est truquée au profit des riches et des puissants ». Soixante-huit pour cent s’accordent à dire que « les partis et les politiciens traditionnels ne se soucient pas des gens comme moi ».

    Pratiquement seul parmi les politiciens démocrates, Bernie Sanders a parlé de ce sentiment frémissant d’aliénation et de colère de classe. Sanders avait un message de base pour le peuple américain : vous méritez plus et vous avez raison de croire que vous le méritez. Soins de santé, études supérieures, salaire décent. C’est un message qui l’a rendu de loin le politicien le plus populaire du pays.

    La tribune formelle d’Hillary Clinton a abordé certaines des idées concrètes de Sanders, mais elle a répudié son message de base. Pour les responsables du Parti démocrate, il n’y avait aucune raison de pester contre l’Amérique. Pour eux, l’Amérique n’a jamais cessé d’être grande. Et les choses n’ont fait que s’améliorer.

    Les dirigeants du parti ont demandé aux électeurs de leur confier la politique. Ils pensaient l’avoir sous contrôle. Ils avaient tort. Maintenant, nous devons tous faire face aux conséquences. Et nous allons le faire.

    Il s’agit d’une ère nouvelle qui nécessite un nouveau modèle de politique — un modèle qui répond aux besoins pressants et aux espoirs des gens plutôt qu’à leurs craintes. Il s’avère que le libéralisme élitiste ne peut pas vaincre le populisme de droite. Nous ne pouvons pas nous déplacer au Canada ou nous cacher sous le lit. C’est le moment d’embrasser la politique démocratique, et non de la rejeter.

     

    Source originale: Jacobin

    Traduit de l’anglais par Investig’Action

    Source: Investig’Action

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  • Réunion régionale Ile-de-France « Combat laïque, combat social »


    samedi 26 novembre 2016 à 13h45,
    Salle Saint-Just, 30, rue Saint-Just
    à Ivry-sur-Seine (94)
    .

     

    NB : la salle Saint-Just se trouve à 6 minutes à pied du métro Mairie d’Ivry (ligne 7) et à 7 minutes à pied de la gare d’Ivry-sur-Seine (RER C).

    Le MS21 vous invite à retenir sur votre agenda l’après-midi du samedi 26 novembre pour une journée francilienne de débats sur la laïcité. Elle fera suite à une précédente réunion départementale du Val-de-Marne le 14 avril dernier à Créteil et regroupera des militants laïques de Femmes Solidaires, des DDEN, de l’UFAL, du REP (Réseau Education Populaire), des associations laïques,  de la CGT, de la FSU, de Solidaires, du PCF, du PG, de la France insoumise, du NPA, et du MS21. Ce sera un moment important de mobilisation des réseaux, à faire connaître largement dans vos entourages respectifs.

     

     

    Deux tables rondes  animeront les débats de l’après-midi :

     

    -Table ronde n°1: Laïcité et féminisme

     

    -Table ronde n° 2: Laïcité et politique

     

    Le vieux monde subit une lente agonie. L’approfondissement du capitalisme est une impasse et la démocratie se dérobe. Fragilisée, la société se fragmente sous les coups de boutoirs conjoints des extrémismes religieux qui revendiquent le pouvoir temporel et des "docteurs Mabuse" différentialistes de la politique. Les individus en sont rendus à se chercher des identités partielles de substitution. Face à cela, nous avons besoin de travailler à un monde nouveau dont l’avènement demande de se préparer aux ruptures nécessaires : démocratique, laïque, sociale, écologique et féministe. Aucune ne doit manquer à l’appel sous peine de diviser le peuple ou de ne pas emprunter le chemin de l’émancipation.

     

    Dans cette bataille, la France verra alors des communautés s’affronter ou le peuple se refonder. La laïcité, parce qu’elle est tout à la fois une insoumission, un principe d’organisation sociale et politique, et un chemin vers l’émancipation, est l’outil du grand nombre pour affronter sans faiblir les dangers d’aujourd’hui et faire émerger un nouveau sens humaniste et universaliste pour un avenir en commun.

     

    Cette réunion se veut une nouvelle étape du rassemblement indispensable de citoyens éclairés et de militants associatifs, syndicaux et politiques prêts à s’engager ensemble sur le chemin de l‘émancipation.Ce sera aussi l'occasion de présenter plusieurs livres des participants à cette initiative.

    Pour tout contact : 06 88 52 51 66

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  • L’Échiquier brisé : Brzezinski abandonne l’Empire

     

    par Algarath 

    Il y a de très fortes chances que vous ne lirez pas ce qui suit ailleurs, y compris dans la presse alternative française qui semble avoir des mois de retard concernant les changements qui s’opèrent aujourd’hui.

     

    Mais voici les faits, qui parlent et sans doute nous donnent espoir. Tout n’est pas noir car même ce pourri de Brzezinski a compris, contraint et forcé.

     

    Le principal architecte du plan de Washington pour gouverner le monde a abandonné le régime et a appelé l’Etablishment Américain à avoir des liens avec la Russie et la Chine.

     

    Alors que l’article de Zbigniew Brzezinski dans The American Interest intitulé « Vers une réorientation globale » a été largement ignoré par les médias, il montre que les membres puissants de la mise en place de politiques ne croient plus que Washington prévaudra dans sa quête pour imposer l’hégémonie américaine au Moyen-Orient et en Asie. Brzezinski, qui était le principal promoteur de cette idée et qui a élaboré le plan pour l’expansion impériale dans son livre de 1997 Le Grand Echiquier : Primauté américaine et ses impératifs géostratégiques, a fait volte-face et a appelé à une révision dramatique de la stratégie. Voici un extrait de l’article dans l’AI : « Comme son ère de domination mondiale se termine, les États-Unis ont besoin de prendre les devants dans le réalignement de l’architecture globale de puissance. Cinq vérités fondamentales concernant la redistribution émergente du pouvoir politique mondiale et l’éveil politique violente au Moyen-Orient signalent l’arrivée d’un nouveau réalignement global. La première de ces vérités est que les États-Unis sont encore politiquement, économiquement et militairement l’entité la plus puissante du monde, mais, compte-tenu des changements géopolitiques complexes dans les équilibres régionaux, ils ne sont plus la puissance impériale du monde entier. » (Vers un réalignement mondial, Zbigniew Brzezinski, The American Interest)

     

    “Plus le pouvoir impérial à l’échelle mondiale”, les Etats-Unis ? Comparez cette évaluation à une déclaration de Brzezinski faite des années plus tôt dans le grand Échiquier quand il a affirmé que les États-Unis étaient le “pouvoir suprême dans le monde.”

     

    “… La dernière décennie du XXe siècle a été témoin d’un changement tectonique dans les affaires mondiales. Pour la première fois, une puissance non-Eurasie a émergé non seulement comme un arbitre clé des relations de puissance eurasienne mais aussi en tant que puissance primordiale dans le monde. La défaite et l’effondrement de l’Union soviétique était la dernière étape dans la montée rapide d’une puissance de l’hémisphère occidental, les Etats-Unis, en tant que seul et, en effet, la première puissance véritablement mondiale »(« Le Grand Echiquier. Primauté américaine et ses impératifs géostratégiques, “Zbigniew Brzezinski, Basic Books, 1997, p. xiii)

     

    Voici plus de l’article paru dans l’AI : « Le fait est qu’il n’y a jamais eu de véritable” “puissance mondiale dominante jusqu’à l’émergence de l’Amérique sur la scène du monde … .. La nouvelle réalité mondiale décisive était l’apparition sur la scène mondiale de l’Amérique comme en même temps la plus riche et militairement le joueur le plus puissant. Pendant la dernière partie du 20e siècle, aucun autre pouvoir n’est même venu proche de cela. Cette époque est maintenant à sa fin ».(AI)

     

    Mais pourquoi « cette époque est maintenant à sa fin » ? Qu’est ce qui a changé depuis 1997 quand Brzezinski faisait référence aux États-Unis comme le « pouvoir suprême du monde » ?

     

    Brzezinski souligne la montée de la Russie et la Chine, la faiblesse de l’Europe et le «  réveil politique violent parmi les musulmans postcoloniaux », comme les causes immédiates de ce revirement soudain.

     

    Ses commentaires sur l’islam sont particulièrement instructifs en ce sens qu’il fournit une explication rationnelle pour le terrorisme plutôt que le passe-partout typique du gouvernement à propos de «  haïr nos libertés. » À son crédit, Brzezinski voit l’éclatement de la terreur comme le « jaillissement des griefs historiques » à partir du « ressenti profondément du sentiment d’injustice » non pas comme la violence aveugle de psychopathes fanatiques.

     

    Naturellement, dans un court article de 1500 mots, Brzezniski ne peut pas couvrir tous les défis (ou menaces) auxquels les États-Unis pourraient faire face à l’avenir. Mais il est clair que ce pourquoi il est le plus inquiet est le renforcement des liens économiques, politiques et militaires entre la Russie, la Chine, l’Iran, la Turquie et les autres pays d’Asie centrale. Ceci est son principal sujet de préoccupation, en fait, il a même anticipé ce problème en 1997 quand il a écrit L’Échiquier. Voici ce qu’il a dit :

     

    «  Désormais, les États-Unis pourraient devoir déterminer comment faire face aux coalitions régionales qui cherchent à pousser l’Amérique de l’Eurasie, menaçant ainsi le statut de l’Amérique en tant que puissance mondiale. » (P.55)

     

    « … Pour le mettre dans une terminologie qui nous ramène à l’âge plus brutal des anciens empires, les trois grands impératifs de la géostratégie impériale sont de prévenir la collusion et maintenir la dépendance de la sécurité parmi les vassaux, pour garder tout souple et protégé, et de tenir les barbares éloignés de s’allier ensemble. » (p.40)

     

    « … Prévenir la collusion … parmi les vassaux. » Tout est dit, non ?

    La politique étrangère irresponsable de l’administration Obama, en particulier le renversement des gouvernements en Libye et en Ukraine, a considérablement accéléré le rythme auquel ces coalitions anti-américaines se sont formées. En d’autres termes, les ennemis de Washington ont vu le jour en réponse au comportement de Washington.

     

    Le président russe Vladimir Poutine Fédération a réagi à la menace croissante d’instabilité régionale et à la mise en place des forces de l’OTAN sur les frontières de la Russie par le renforcement des alliances avec des pays sur le périmètre de la Russie et du Moyen-Orient. Dans le même temps, Poutine et ses collègues dans les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont mis en place un système bancaire alternatif (Banque BRICS et AIIB) qui finira par remettre en question le système du dollar dominé qui est la source US puissance mondiale, ou même celui des DTS. Voilà pourquoi Brzezinski a fait un rapide 180 degrés et abandonné le plan de l’hégémonie américaine ; parce qu’il est préoccupé par les dangers d’un système fondé sur le non-dollar résultant parmi les pays en développement et non alignés qui remplaceraient l’oligopole des Banques centrales. Si cela arrive, alors les Etats-Unis vont perdre leur emprise sur l’économie mondiale et le système de l’extorsion dans lequel sont échangés les greenbacks pour les biens et services de valeur touchera à sa fin.

     

    Malheureusement, l’approche plus prudente de Brzezinski ne devrait pas être suivie par la favorite présidentielle Hillary Clinton, qui est une croyante ferme dans l’expansion impériale par la force des armes. C’était Clinton qui a introduit le « pivot » dans le lexique stratégique dans un discours qu’elle a prononcé en 2010 intitulé “Pacific Century America”. Voici un extrait du discours qui a paru dans le magazine Foreign Policy :

     

    « Alors que la guerre en Irak serpente vers le bas et l’Amérique commence à retirer ses forces d’Afghanistan, les Etats-Unis se trouvent à un point de pivot. Au cours des 10 dernières années, nous avons alloué des ressources immenses à ces deux théâtres. Au cours des 10 prochaines années, nous avons besoin d’être intelligents et systématiques sur l’endroit où nous investissons du temps et de l’énergie, de sorte que nous nous plaçons dans la meilleure position pour soutenir notre leadership, sécuriser nos intérêts et promouvoir nos valeurs. L’une des tâches les plus importantes de l’art de gouverner américain au cours de la prochaine décennie sera donc de bloquer un investissement considérablement accru – diplomatique, économique, stratégique et autres – dans la région Asie-Pacifique … »Exploiter la croissance et le dynamisme de l’Asie est au cœur des intérêts économiques et stratégiques américains et une priorité pour le président Obama. Les marchés ouverts en Asie fournissent aux États-Unis avec des possibilités sans précédent pour l’investissement, le commerce et l’accès aux technologies de pointe … les entreprises américaines ont la nécessité de puiser dans la base vaste et croissante base des consommateurs de l’Asie … La région génère déjà plus de la moitié de la production mondiale et près de la moitié du commerce mondial. Comme nous nous efforçons de répondre à l’objectif du président Obama de doubler les exportations d’ici à 2015, nous sommes à la recherche d’opportunités pour faire encore plus d’affaires en Asie … et nos opportunités d’investissement dans les marchés dynamiques d’Asie “. ( “Pacific Century America”, secrétaire d’Etat Hillary Clinton “, Foreign Policy Magazine, 2011)

     

    Comparez le discours de Clinton aux commentaires de Brzezinski fait dans Chessboard 14 ans plus tôt : “Pour l’Amérique, le prix géopolitique principal est l’Eurasie … (p.30) … .. L’Eurasie est le plus grand continent du monde et est géopolitiquement axial. Une puissance qui domine l’Eurasie contrôlerait deux des trois régions les plus avancées et économiquement productives du monde. … 75 pour cent des habitants de la planète vivent en Eurasie, et la plupart de la richesse physique du monde est là aussi, à la fois dans ses entreprises et sous son sol. L’Eurasie représente 60 pour cent du PNB mondial et environ les trois quarts des ressources énergétiques connues du monde “. (p.31)

     

    Les objectifs stratégiques sont identiques, la seule différence est que Brzezinski a fait une correction de cours basée sur l’évolution des circonstances et de la résistance croissante aux Etats-Unis du fait de l’intimidation, de la domination et des sanctions. On n’a pas encore atteint le point de basculement de la primauté US, mais ce jour approche rapide et Brzezinski le sait.

     

    En revanche, Clinton est encore entièrement engagée à étendre l’hégémonie des États-Unis à travers l’Asie. Elle ne comprend pas les risques que cela pose pour le pays ou le monde. Elle va persister dans les interventions jusqu’à ce que les États-Unis par la guerre de décision de ce mastodonte est stoppé net qui, à en juger par sa rhétorique hyperbolique, va probablement se produire quelque temps dans son premier mandat.

     

    Brzezinski présente un plan rationnel, mais égoïste de minimiser les conflits futurs, éviter une conflagration nucléaire et de préserver l’ordre mondial. Mais la sanguinaire Hillary ne suivra pas ses conseils. Aucune chance.



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  • Nicaragua : Le coup d’Etat « doux » en marche

     

    nica
     

     

    Les attitudes d’ingérence de Washington contre Managua ont refait leur apparition. Stimulant cette situation et en même temps en profitant, Ileana Ros-Lehtinen, congressiste républicaine d’origine cubaine pour la Floride et Roger Noriega, ex sous-secrétaire d’Etat des Etats-Unis sont engagés dans une croisade contre le Nicaragua. La principale base de l’opération serait installée au Costa Rica avec le soutien de la Fondation Arias de l’ex président et prix Nobel du même nom grâce à laquelle ils projettent d’envoyer 4 millions de dollars comme soutien économique initial des actions subversives et de la campagne médiatique contre le gouvernement de Daniel Ortega.

     

    L’acteur principal des actions médiatiques au Nicaragua serait le journaliste Carlos Fernando Chamorro, soutenu par le groupe CINCO qu’il préside et par ses revues Confidencial et Esta semana financées depuis les Etats-Unis et l’Union européenne. Cette plateforme structurerait des réseaux qui forment des activistes et éventuellement font surgir un jeune leader capable d’unir l’opposition atomisée. Fernando Chamorro se rendrait au Costa Rica avant ou après les élections du 6 novembre pour articuler le plan loin de l’observation des autorités nicaraguayennes et de la pression des autres groupes d’opposition avides d’action.

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    La campagne médiatique se focalisera sur le Canal  transocéanique, le dossier des droits de l’homme, le manque de transparence dans le processus électoral, la sécurité des citoyens, la corruption du gouvernement et fera pression sur Managua pour qu’elle ouvre ses frontières aux migrants cubains.

     

    En parallèle, se dérouleraient des provocations contre le gouvernement d’Ortega. Des organisations financées par la NED, écran archiconnu de la CIA, travailleraient dans le milieu des jeunes pour les mobiliser sur les réseaux sociaux afin que les forces de sécurité exercent des violences contre les activistes et d’éventuels manifestants pour échauffer les esprits et pouvoir passer à la seconde phase, qui consiste à faire asseoir le Nicaragua au banc des accusés devant les organismes internationaux et régionaux pour de soi-disant violations des droits de l’homme. Tout comme la droite au Venezuela, en Bolivie et en Equateur, en invoquant des tactiques pacifiques mais en cherchant à faire couler le sang.

     

    L’ambassade des Etats-Unis à San José est par conséquent dans ce plan étant donné ses relations étroites avec Arias et la fondation qui porte son nom qui lui a rendu d’incontestables services. Il faut rappeler la complicité d’ Arias avec Washington dans le renforcement du coup d’Etat contre le président Zelaya. Ce scénario nous est déjà familier. C’est celui des mal nommés coups d’Etat « doux ». (1)

     

    Mais il manquerait la guerre économique. De sorte que les législateurs cubano-états-uniens Ros-Lehtinen et Albio Sires ont encouragé fin septembre l’approbation à la Chambre des Députés, rien moins qu’à l’unanimité, de la loi connue sous le nom de « Nica Act ». Ratifiée au Sénat où elle est patronnée par Ted Cruz, lui aussi cubano-états-unien, elle priverait le Nicaragua des crédits des organismes internationaux comme le FMI et la Banque Inter-américaine de Développement à moins qu’il ne restaure la démocratie selon les critères des Etats-Unis. Au-delà de cela, la loi porterait un rude coup à l’investissement étranger dont tous le spas ont désespérément besoin, encore plus s’ils sont pauvres.

     

    Cela ne apporterait rien aux Etats-Unis après l’amélioration de leur image dans la région qu’ont amené les modestes pas qu’a fait envers Cuba l’actuel locataire de la Maison Blanche, de se montrer en train d’instaurer un blocus financier contre le Nicaragua, l’ ajoutant à la criminelle guerre économique qu’ils imposent au Venezuela en alliance avec le capitalisme transnational. Sans compter les dommages que cela occasionnerait aux nombreuses compagnies états-uniennes et aux secteurs des affaires du Nicaragua. On pourrait espérer que s’il est approuvé au Sénat, Obama, pour soigner son « héritage » y mette son veto dans les mois à venir et l’empêche d’entrer en action.

     

    Le gouvernement sandiniste jouit d’une grande popularité et on pense que Daniel Ortega va gagner largement les élections de dimanche 6 novembre. Mais le coup d’Etat « doux » continue.

     

    Traduit par Françoise Lopez pour Bolivar Infos

    Source en espagnol : TeleSur

    Note:

    1- Sur ce sujet, lire l’article de Maurice Lemoine, « En Amérique latine, l’ère des coups d’Etat en douce »  paru dans Le Monde Diplo

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