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  • Cuba selon les manuels scolaires français : Yoani Sanchez, « Héroïne du XXIème siècle » ?


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    Dans le manuel scolaire « Venga » (Hachette), on trouve une double page intitulée « Héros du XXIème siècle »: à gauche, l’image du tennisman lauréat Rafael Nadal qui descend des marches au milieu d’une équipe de filles l’applaudissant; à droite, la blogueuse Yoani Sanchez face à son ordinateur portable installé confortablement dans son bureau. Pourquoi Yoani Sanchez est-elle célèbre?

     

    On propose à l’élève de comprendre pourquoi ces deux personnages sont célèbres. Ensuite, on lui fait écouter l’enregistrement d’un témoignage de Yoani Sanchez afin qu’il réponde aux questions suivantes: 1) Qui est la personne interviewée? 2) Pourquoi est-elle célèbre? 3) Que veulent savoir les journalistes ?

    On l’a compris, la figure de Yoani Sanchez serait donc héroïque car elle publie des critiques du système politique cubain à travers un simple blog, contournant ainsi la « censure » des Autorités et relayant ses informations auprès d’un public occidental sensible aux « problèmes de la petite île ». Son attitude serait « héroïque » car elle représenterait la valeur suprême des démocraties occidentales: la sacro-sainte liberté d’expression. Au cas où la photo et le texte ne seraient pas assez convaincants, l’enregistrement audio du témoignage de Yoani Sanchez est là pour créer un sentiment d’empathie envers cette opposante au « régime »…

    Or, il faudrait éviter de dire que Yoani Sanchez n’est pas une simple « opposante politique » pro-démocratie et droits humains, mais au contraire qu’elle défend surtout les intérêts d’un pays étranger. En effet, dans un câble Wikileaks révélé le 7 septembre 2011, les liens fréquents de Yoani Sanchez avec Michael Parmly, l’ancien chef de la Section d’Intérêts Nord-Américaine (SINA), étaient mis en lumière. C’est sans doute grâce aux moyens offerts à Yoani Sanchez par ces garants de la démocratie et des droits de l’homme que sont les représentants des Etats-Unis, qu’elle a pu s’offrir des tribunes à l’international et se rendre célèbre auprès des masses.

    Surtout, lorsqu’il aborde la figure de Yoani Sanchez, ce manuel scolaire ne soulèvera pas cette contradiction flagrante : pourquoi la totalité des médias européens prennent-ils une position aussi nette en politique étrangère et critiquent-ils de manière unanime les informations provenant de Cuba, en assimilant les communiqués officiels de son gouvernement à la propagande? Qu’en est-il du code déontologique et du travail journalistique des médias cubains ou vénézuéliens?

    Quel est le système que la journaliste Yoani Sanchez, cette « héroïne du XXIème siècle », souhaiterait voir disparaître? Celui où le journalisme n’est pas considéré comme une activité commerciale, comme une entreprise « car l’entreprise veut dire business et le journalisme veut dire effort intellectuel, de la pensée. Et si la liberté de la presse doit être appréciée par un quelconque secteur, ce n’est pas par celui qui fait du business avec la liberté de la presse, mais par celui qui -grâce à elle- écrit, oriente la pensée et travaille avec les idées ». (Fidel Castro, 7 juin 1959, Colegio de Periodistas)

    Quel est le système qui devrait le remplacer? Celui d’un journalisme où l’objectif principal serait de « vendre à Coca-Cola du temps de cerveau humain disponible », comme l’affirmait ainsi Patrick Le Lay, l’ancien président de TF1 en 2004:

    « Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ”business”, soyons réalistes : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (…). Or, pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (…). Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie et se banalise. »

    Récapitulons. Lorsqu’elle glorifie la figure de Yoani Sanchez, le manuel scolaire « Venga » omet de dire que les Etats-Unis ont financé sa carrière de journaliste et lui ont offert des moyens pour devenir « célèbre ». En même temps, il faut que le manuel « Venga » censure la vision originale de la révolution cubaine du métier journalistique et les efforts qu’il a fournis dans la promotion de l’éducation et la culture en créant notamment l’Institut Cubain du Cinéma et en promouvant des documentaires et des films d’une grande qualité pédagogique. Surtout, il ne conviendrait pas que l’élève  puisse comparer ce modèle au nôtre,  où la propriété des médias européens est dans les mains de quelques milliardaires qui y placent leur propagande en faveur de l’hyperconsommation, de la violence, du sexisme et des guerres…car nous le savons tous:  nous Occidentaux, nous vivons dans un système démocratique où la liberté de la presse fonctionne à merveille…

     

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  • Quelle « drôle de gauche », cette fausse gauche sociale-démocrate!


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    Quand la « drôle-de-gauche » gouverne à droite et fait son retour à gauche dans l’opposition…

    Les droites ont pour qualité de savoir ce qu’elles veulent : protéger et promouvoir au maximum les intérêts qu’elles représentent, c’est-à-dire avant tout les milieux d’affaires, la propriété privée des moyens de production et tous les conservatismes sociétaux, sauf si ceux-ci risquent d’affaiblir, par les réactions qu’ils suscitent les pouvoirs de l’argent. Elles font alors assaut de « modernité » et « changent tout pour que rien ne change » ! Car leur cohérence et leur constance sont absolues dans leur détermination à ne jamais céder au social si le profit est mis en cause.

    Les droites revêtent, selon les circonstances, des formes variées : elles ont été souvent, en France, « républicaines », « parlementaires » et « modérées » ; elles peuvent être « décomplexées », « arrogantes » à l’américaine et autoritaires ; en période de crise aiguë, elles ne rechignent pas à la répression forte et à la totale concentration des pouvoirs dans le cadre d’une droite extrême, qualifiée hier de fasciste et aujourd’hui de « populiste ». Derrière leurs masques variés, l’essentiel demeure.

    Ces différentes droites peuvent s’articuler de manière complexe afin de mieux faire croire qu’elles incarnent « l’intérêt général ». Elles sont, en tout état de cause, largement financées par les pouvoirs privés et la classe la plus aisée et disposent des moyens les plus vastes pour s’imposer à l’occasion des élections légitimant le plus souvent cette forme de « démocratie » particulière bien faite pour « la race des seigneurs », celle de l’argent, de la haute administration et du « tout-Paris », celle qui pratique le déni absolu des antagonismes sociaux et des inégalités insupportables.

    Ainsi, en France et à travers le monde, sans user de violence frontale grâce au cirque électoral, animé par l’argent et le tam-tam médiatique, prolifèrent des dynasties plus ou moins médiocres, non pas seulement au Pakistan, en Inde, ou au Liban, mais aussi aux États-Unis, en Grèce ou en France, alors que le « suffrage universel n’est que l’index qui permet de mesurer la maturité des classes populaires et qu’il ne peut être rien de plus… dans l’état actuel », comme le notait Engels.

    Or, précisément, force est de constater l’immaturité du plus grand nombre, objet de toutes les manipulations et de toutes les domestications créant l’illusion du choix et la croyance que chacun est authentiquement « libre »1.

    Si, par accident, les droites perdent les élections, elles les déclarent « illégitimes » ou illégales, la « preuve » essentielle de ces défauts étant leur propre défaite !

    Si la droite échoue, c’est qu’un « populisme » vulgaire et démagogique a décérébré les citoyens : conclusion, il faut voter à nouveau (cf les résultats des référendums européens de 2005 non respectés). Si l’échec se perpétue, alors toutes les violences « démocratiques » sont fondées, style Pinochet ou autre !! Toutes les formes de coup d’État sont jugées légitimes !! Il en est de même si les élections n’ont pas été « régulières » puisqu’elles ont été perdues (cf la victoire de 2011 de L. Gbagbo en Côte d’Ivoire) : alors, le recours à la force s’impose « au nom de la démocratie et de la protection des populations » ! La « dictature démocratique » reçoit alors la bénédiction des grandes puissances occidentales et des institutions économiques et financières internationales.

    == Les « gauches » ou prétendues telles, ont d’autres pathologies. Elles ont pour défaut fréquent d’avoir peur d’elles-mêmes en se risquant à faire l’Histoire au lieu de s’adonner aux jeux politiciens.

    La gauche « social-démocrate » en est l’illustration la plus « exemplaire » … Avec Jean Salem, on peut la qualifier de « drôle-de-gauche », tant elle est animée d’un esprit de compromission produisant une politique faite nécessairement de contradictions. La place importante que cette « D.D.G » occupe dans les sociétés européennes est elle-même source d’une contradiction majeure : les autres gauches semblent ne rien pouvoir faire sans elle (ce qui reste à prouver), mais elles ne peuvent rien non plus avec elle (ce qui est d’ores et déjà démontré) !

    Au nom de la « Liberté », cette « drôle-de-gauche » se caractérise par un anticommunisme profond, indissociable de sa nature antisociale (sous couverture de « réalisme » économique). Les partis se réclamant de la social-démocratie sont des forces « ramasse-tout », facteur de blocages paralysants.

    Les partis « socialistes » européens en ont fait la démonstration lorsqu’ils dominaient la plupart des gouvernements des États membres de l’Union Européenne qu’elle a pourtant géré comme les droites. En France, le parti socialiste a connu une période où il dirigeait à la fois le Parlement et les Régions, sans rien bouleverser pour autant. Les citoyens français les plus défavorisés n’ont pas vu leur situation se modifier.

    La priorité absolue est en effet donnée au sociétal, au détriment des besoins sociaux les plus fondamentaux qui s’expriment dans les mouvements revendicatifs. Cette pratique résulte du fait qu’elle est plus facile à mener, car elle ne remet pas en cause les fondements du système socio-économique. Pour cette « drôle-de-gauche », cette place du sociétal présente il est vrai l’avantage de permettre des rebonds aux lendemains de ses échecs inévitables. Elle ne peut à la fois satisfaire sa base sociale « naturelle » et les pouvoirs privés économiques et financiers qu’elle essaie de se concilier. « J’aime l’entreprise », déclarait solennellement le Premier ministre Valls ! A tout prix, y compris à celui de la défaite, la social-démocratie se refuse à courir le risque de rupture avec les dominants ! C’est pourquoi, ceux qui, en France par exemple, « enterrent » le parti socialiste en raison du désastre « hollandais », ont toutes les chances de se tromper : la défaite magistrale de G. Defferre (avec 5% des voix) aux présidentielles de 1969 a pu faire croire à la même disparition. Le rebond n’a pas tardé ! Les « gênes » des pseudo-socialistes sont trop proches des citoyens craintifs ou sans conviction claire pour ne pas favoriser des renaissances périodiques.

    De plus, la « drôle-de-gauche » – qui n’engage à rien – est très présente dans la société civile d’un pays comme la France, particulièrement dans les médias et le monde intellectuel. Elle est l’expression de la médiocrité ambiante.

    Ce petit monde, fervent adepte de la « démocratie du bavardage », admirateur de l’American Way of Life, pétri du « rêve américain », promoteur d’une pseudo « modernité » et d’un soi-disant dynamisme « innovateur » contre tous les « archaïsmes » (comme a pu y croire Max Gallo, par exemple, avec le Mitterrandisme), prétend vouloir la révolution (permanente si possible) sans la vouloir vraiment, promeut « l’engagement » citoyen mais sans prendre de risques, défend la radicalité dans tous les domaines sauf en matière économique et sociale  !

    La « drôle-de-gauche » de la société civile nourrit la social-démocratie politicienne, en lui transfusant un « air-mode » attractif et consensuel, tout au moins dans les couches sociales dominantes. Les « branchés » socio-démocrates revitalisent en effet les milieux politiciens dont les « recettes », faites de compromis constants, sont les plus vieilles du monde, dont seuls les « emballages » changent au fil du temps.

    C’est que les partis de gauche « de gouvernement » en ont bien besoin après leur périodique passage dans les sommets de l’État !

    Dans l’histoire des républiques françaises, les expériences gouvernementales de la social-démocratie ont été de nature analogue. La « drôle-de-gauche » s’appuie sur les classes populaires et sur les gauches plus radicales pour l’emporter, puis elle gouverne avec une telle « prudence » conservatrice qu’elle se discrédite et disparaît.

    Cependant, durant ses longues cures d’opposition, elle se repositionne à gauche, en faisant le procès du « Mur de l’argent », du « Grand capital » ou du « Monde de la Finance », se refaisant à bon compte une nouvelle jeunesse.

    Le Cartel des Gauches (1924-1926) est ainsi une victoire contre le Bloc National qui augmente les impôts, accepte le chômage, etc. Il l’emporte « contre les puissances d’argent », en s’affichant « pour la laïcité » et « pour les petits » (sic) ! Mais il se limitera avec le gouvernement Herriot au transfert des cendres de Jaurès au Panthéon, à l’amnistie des cheminots révoqués, sans perdre la « confiance » des milieux d’affaires, par peur de la « fuite des capitaux » et de la chute du franc ! Il est renversé au bout de deux ans.

    Le Front Populaire (1936) du gouvernement Blum considère que « tout n’est pas possible » à la différence des « frondeurs » de l’époque dirigés par M. Pivert. Les hésitations de Blum face à la hausse des prix, au chômage, à la fuite des capitaux, motifs de la « pause » sociale, font qu’il va rapidement s’opposer à la fois à l’hostilité des salariés déçus et des milieux d’affaires. Une manifestation communiste sera même réprimée violemment faisant 6 morts et de nombreux blessés, sans susciter la moindre critique officielle de la police. Par contre, rien ne sera fait pour la République Espagnole !

    Dès la Libération, la SFIO, pactisant avec la Démocratie chrétienne, prend ses distances avec l’esprit de la Résistance et devient l’instrument le plus efficace (assisté par les Américains) contre les communistes.

    Il en sera de même avec le gouvernement SFIO de Guy Mollet, constitué pour faire la paix en Algérie et qui devient le champion de la guerre à outrance, malgré un petit PSU de gauche issu des rangs socialistes.

    Il en sera ainsi avec F. Mitterrand dès 1982 et le « nouveau » parti socialiste, très rapidement distant avec les communistes et le mouvement social qu’ils réussissent à affaiblir plus efficacement que ne l’avait fait de Gaulle !

    Le décennat « hollandais », fait de reniements cumulés, est sans doute le pire, axé sur une politique prétendument « réformiste », c’est-à-dire jouant le jeu du capitalisme financier et de la Commission européenne à son service, dénonçant la CGT et instrumentalisant le sécuritarisme. La très modeste « fronde » de quelques socialistes des années 2000 n’ira pas plus loin que celle de M. Pivert en 1936.

    Cette succession d’échecs programmés permettant à chaque fois un retour fracassant de la droite, entraîne des « stages de récupération ». Tombant pour leur politique droitière, la social-démocratie, comme il a été dit précédemment, se relève par des positions réellement à gauche… dans l’opposition.

    N’ayant jamais rompu réellement avec les milieux exerçant leur hégémonie sur l’appareil d’État, sur l’économie et la société, la social-démocratie a la capacité de se « récupérer » dans un délai relativement bref. Chaque bataille perdue, parce que non menée véritablement, prépare une nouvelle victoire… inutile ou presque !

    Le Parti socialiste français, enterrant le « Hollandisme », est déjà en train de chercher du sang neuf, en ravalant se façade avec quelques personnalités, déjà vieux routiers de la politique, mais rafraîchies par leur discours renouvelé, complaisamment assistées par les médias dominants.

    La « drôle-de-gauche » passe ainsi d’une pratique de droite à une réinsertion dans le moule d’une gauche de gauche ! Sans complexe, le Premier ministre du Président déchu se présente comme un homme neuf (voir sa critique paradoxale de l’art. 49-3 de la Constitution française), de même qu’un cortège de ministres hier « hollandais », dont l’une révèle même subitement ses sentiments « castristes ». Il s’agit de se dissocier (en attendant de nouveaux compromis s’il le faut avec la droite sous prétexte de combattre l’extrême-droite, comme en Allemagne) des adversaires principaux du moment.

    La mascarade est complète avec cette droite « républicaine » où le Premier ministre, d’un autre Président déchu, s’affiche lui aussi comme l’homme-lige d’une « vraie » droite. Il apparaît que les partis de gouvernement de gauche et de droite font leur la devise de Pétain : « les Français ont la mémoire courte » !

    Les « vérités » sacralisées du marché, comme la « libre » concurrence, ne s’appliquent pas au monde politique où seule la « concentration » des pouvoirs (comme celle du capital) s’affirme en continu au détriment des intérêts populaires.

    Cette réalité de la social-démocratie française ne se distingue guère de celle qui sévit en Allemagne, en Grèce, en Espagne, au Portugal et dans les pays de l’Europe de l’Est. Leur volonté d’impuissance, comme leur soif de pouvoir, en font un obstacle à toute transformation sociale significative et leurs pathologies sont sans remède.

    1Voir Jean Salem. Élections, piège à cons ? Que reste-t-il de la démocratie ? Flammarion. 2012.

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  • Mercosur: l’affront de la triple alliance fait au processus bolivarien


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    Dans un geste sans précédent, les ministres des affaires étrangères du Brésil, de l’Argentine et du Paraguay ont refusé la participation du Venezuela à la réunion du Mercosur le mercredi 14 décembre à Buenos Aires. La « chancelière de la dignité » Delcy Rodriguez a critiqué la volonté de la « Triple Alliance » de porter un coup fatal au processus d’intégration latino-américaine initié par Hugo Chavez.

     

    Accompagnée de son homologue bolivien David Choquehuanca, la chancelière vénézuélienne s’est rendue sur place pour dénoncer le caractère illégal de cette réunion convoquée par l’Argentine et rappeler que la présidence du Mercosur est toujours assurée par son pays. En effet, l’Argentine doit présider cette institution uniquement à partir du 1er janvier.

    Suite à la déclaration de la triple alliance en faveur de la suspension du Venezuela de cet organisme le 2 décembre, ce pays a eu recours à un dispositif de résolution des conflits, le « Protocole des Oliviers », et obtenu l’appui du gouvernement uruguayen de Tabaré Vazquez. Après sa visite en Argentine, Delcy Rodriguez s’est rendue à Montevideo le jeudi 15 décembre pour poursuivre les négociations.

     

    Le « cachet impériale » de la triple alliance

     

    Lors de la rotation de la présidence au MercoSur qui avait eu lieu le 1er août, les gouvernements de Temer, Macri et Cartes avaient exprimé leur non reconnaissance (1) du transfert de fonctions de l’Uruguay au Venezuela et refusé de participer au traditionnel Sommet de Présidents pour le transfert de fonctions au sein du Mercosur. La raison invoquée était un soi disant manque de respect des libertés démocratiques par le gouvernement de Nicolas Maduro.

    À ce propos, il convient de rappeler que dans son rapport rendu public fin juillet 2015 le Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies avait approuvé la gestion de l’exécutif vénézuélien, saluant l’implémentation du « Pacte International des Droits Civiques et Politiques » (PIDCP). (2) En plus, contrairement au Brésil, l’Uruguay ou l’Argentine, le Venezuela est le seul pays a avoir signé le « Protocole de Montevideo d’engagement avec la démocratie au Mercosur » (Protocolo de Ushuaia II). Quant au Paraguay, il a explicitement voté contre sa ratification en octobre 2012.

    Les représentants de la triple alliance ont exprimé plusieurs fois leur soutien à la droite vénézuelienne et remit en cause la prise de fonctions au Mercosur par le Venezuela en le qualifiant de « régime autoritaire ». En réalité, la droite de la Triple Alliance n’ attendait qu’une seule chose : la répétition au Venezuela du schéma de coup d’Etat en douce qui réussit au Brésil.

    Faute d’arguments valables en faveur de l’exclusion du pays du Libertador Simon Bolivar, la triple alliance s’est cachée derrière une salve d’accusations dont l’expression juridique est très douteuse voire inexistante. Après avoir invoqué dans un premier temps le prétexte du respect des droits de l’homme, le 2 décembre dernier la Triple Alliance a notifié au Venezuela la « suspension par non conformité des obligations assumées » lors du Protocole d’Adhésion en 2012.

    Or, l’accusation de ne pas avoir suffisamment intégré les règles du Mercosur ne tient pas debout, car dans l’espace de quatre ans le pays bolivarien a intégré 1.479 règles sur un total de 1 563. Autrement dit, le Venezuela a intégré une moyenne de 295 règles par an, tandis que le Paraguay, l’Uruguay, le Brésil et l’Argentine n’ont intégré qu’une moyenne de 36-44 règles chaque année. (3)

     

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    Brésil, Argentine et Paraguay : des gouvernements démocratiques ?

     

    Mais là où le bât blesse, c’est le manque d’autorité morale des gouvernements de la triple alliance. Pour rappel, avant d’arriver au gouvernement, Mauricio Macri avait promis le « changement ». Un an après, ses mesures phares sont loin d’enthousiasmer le peuple argentin. Les deux cents mille licenciements de travailleurs, la révélation de l’évasion fiscale dans le scandale des Panama Papers lui ont valu des critiques généralisées. Quant à l’embastillement à Jujuy de la militante pour le droit au logement Milagro Sala, cela a déclenché une vague de solidarité internationale qui ne cesse de grandir. Le groupe de travail contre les détentions arbitraires de l’ONU  a réclamé sa libération immédiate à l’approche de l’anniversaire de son emprisonnement il y a un an. (4)

    Les actuels gouvernements du Paraguay et du Brésil sont, quant à eux, le résultat de deux coups d’Etats, et sont donc peu crédibles lorsqu’il s’agit de donner des leçons en matière de démocratie…Au Paraguay, le procès politique parlementaire débouchant sur la destitution du président Fernando Lugo eut lieu suite à une investigation sur la répression des forces policières dans des affrontements avec les paysans. Pourtant, quatre ans après, les responsabilités derrière le massacre de Curuguaty n’ont pas encore été élucidées malgré les efforts déployés par des associations et des forces politiques progressistes. (5)

    Au Brésil, la destitution illégale de Dilma Rousseff s’est produite suite à un acharnement médiatique et judiciaire sans que son implication dans des cas de corruption n’ait été prouvée. Très rapidement, un vaste programme de coupes budgétaires dans le domaine de la santé et l’éducation a été mis en route à travers une réforme constitutionnelle (Proposition d’Amendement Constitutionnel; PEC 55 dans l’original, ndlR). Des associations ont dénoncé ce projet de loi très controversé auprès de l’Organisation des Etats Américains (OEA). (6) Son but est d’empêcher tous les investissements dans le secteur public pour une durée de 20 ans. Ironie du destin, le principal responsable de la destitution de Dilma Roussef, l’ex-président de la chambre de députés Eduardo Cunha, a été condamné à de la prison pour corruption dans l’affaire Petrobras.

     

    « Venezuela est Mercosur »

     

    La droite est donc à l’offensive et, faute de légitimité, elle est pressée de démanteler les conquêtes de ses prédécesseurs dans le progrès social et la lutte contre les inégalités et la pauvreté. Son intolérance envers le processus bolivarien n’a d’égal que la conscience de la fragilité de son propre projet, qui est lié à la spoliation de l’avenir des peuples. En réalité, depuis la victoire de Mauricio Macri lors des élections en Argentine il y a un an, et l’arrivée au pouvoir de Michel Temer par le biais d’un coup d’État au Brésil, la droite latino-américaine a pour objectif prioritaire de détruire l’héritage de la décennie d’or qui mit un terme à la longue nuit du néolibéralisme.

    Comme l’a signalé la chancelière vénézuélienne, aux yeux de Temer, Macri et Cartes, le rôle que le Venezuela joue comme membre du Mercosur représente « un obstacle pour les négociations de libre commerce ». Elle a aussi alerté sur le projet qui se cache derrière cette attaque: « ce n’est pas l’occurrence d’un fonctionnaire, il s’agit d’un plan de restauration (conservatrice) ». Rodriguez a indiqué que l’attaque contre le MercoSur n’est que la première phase d’un « processus historique de déconstruction du politique par le capital », où la phase suivante serait le « démantèlement des autres organismes d’intégration régionale comme l’UNASUR ou la CELAC ». (7)

    Dans les années 1990 et au début des années 2000, la crise du modèle néolibéral arriva à son comble avec le « corralito » en Argentine. Cette recette semblait avoir ses jours comptés depuis qu’en 2005 Lula, Kirchner et Chavez rejetèrent l’ALCA à Mar del Plata. Avec l’adhésion au Mercosur du Venezuela en 2012, la dynamique du processus bolivarien d’intégration semblait irréversible. Mais il est aujourd’hui menacé par la formation de la triple alliance conservatrice. Désormais, cette union géopolitique stratégique entre les pays du Cône Sud et le Brésil n’est plus mise au service des peuples de Notre Amérique.

    Mais l’histoire montre que le virage à droite toute peut avoir des effets inattendus. La triple alliance serait-elle en train de creuser sa propre tombe ? L’intérêt des peuples est de s’unir contre ses oppresseurs. Il est temps que la deuxième indépendance, celle de l’émancipation économique et sociale des peuples latino-américains, puisse enfin voir le jour.

     

    Notes:

     

    1) Venezuela: Boicot en MercoSur de Argentina y Brasil tiene « sello imperial », 05-8-16, CNN en espanol http://cnnespanol.cnn.com/2016/08/05/venezuela-boicot-en-mercosur-de-argentina-brasil-y-paraguay-tiene-sello-imperial/

    2) Comité de Derechos Civiles y Políticos (CCPR) – Venezuela (2015), publié le 23 juillet 2015 http://acnudh.org/comite-de-derechos-civiles-y-politicos-ccpr-%e2%80%93-venezuela-2015/

    3) Conférence de presse de Delcy Rodriguez à la Casa Amarilla, 7 décembre 2016. https://www.youtube.com/watch?v=9GMD_TdUAgI

    4) Arbitrary Detention: UN expert group releases 21 Opinions on detention cases from 17 countries http://www.ohchr.org/en/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=20820&LangID=E#sthash.ZZ3rPXIU.dpuf

    5) Pire, selon la version qui a prévalu, le massacre aurait eu lieu à cause d’une embuscade préparée par les paysans. Quant aux 7 exécutions extra-judiciaires de paysans (sur un total de 10 paysans assassinés), elles ont été considérées comme étant de la légitime défense exercée par les policiers. En échange, onze paysans sont en train d’être jugés pour la mort de six policiers.

    http://www.nodal.am/2016/06/paraguay-a-cuatro-anos-de-la-masacre-de-curuguaty-la-justicia-se-prepara-para-condenar-solo-a-los-campesinos/

    6) Organizaciones brasilenas denuncian recortes en salud y educacion ante la OEA http://www.nodal.am/2016/12/organizaciones-brasilenas-denuncian-recortes-en-salud-y-educacion-ante-la-oea/

    7) Déclarations à la presse de Delcy Rodriguez à la Casa Amarilla, 9 décembre 2016.

     

    53, Chaussée de Haecht

     

    Source: Le Journal de Notre Amérique

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  • LES VŒUX 2017 DU MS21

    MS 21

    (Mouvement pour un Socialisme du 21 ° Siècle

     

    VŒUX 2017

    L’année 2016 se termine par la disparition de deux de nos camarades Christian Schneider et Pierrette Pasquini. Christian était profondément convaincu que le rattachement de la France à l’OTAN, voulu par Nicolas Sarkozy, confirmé et amplifié par François Hollande, nous assujettissait aux Etats-Unis et contribuait à rallumer les risques de conflits majeurs au Moyen-Orient et en Europe. Pierrette nous livrait une pensée militante ancrée sur le local à Bagnols sur Cèze dans le Gard, sur les effets des inégalités, le sort des plus démunis, les enjeux d’une éducation républicaine et laïque détournée de sa véritable vocation. A nos deux camarades, nous dédions notre ouvrage paru en décembre « Guerre contre les peuples » qui reprend une réflexion citoyenne durant les deux dernières années écoulées, à travers une sélection de textes parus sur notre blog.

    Nous retrouvons fin 2016, l’insupportable violence de l’année précédente, cette violence quotidienne qui finit par anesthésier notre réaction face aux conflits armés du Moyen-Orient, du Yemen, aux flux de migrants, aux effroyables noyades en Méditerranée, au refoulement aux portes de la France et plus largement de nombre de pays de l’Union européenne (UE). L’année 2016 s’est déroulée au gré de multiples événements qui ne modifient en rien les orientations politiques de l’UE, un véritable autisme à l’égard de l’aspiration des peuples : l’étau financier sur la Grèce qui ne peut même pas s’atténuer en fin d’année pour les retraités les plus pauvres, la sortie du Royaume-Uni de l’UE, l’élection de Donald Trump à la tête de la plus grande puissance impérialiste qui considère le réchauffement politique comme un canular, le retour politique de la Russie, la condamnation d’Israël par les Nations-Unies sur sa politique de colonisation en Cisjordanie, en France les lois Macron et El Khomri passées au forceps de l’article 49.3, le renoncement de François Hollande de se représenter aux élections de 2017, la mascarade des primaires à gauche où l’on retrouve quatre anciens ministres de François Hollande qui veulent faire croire qu’ils sont porteurs d’un nouvel espoir politique, sans compter Emmanuel Macron, le cinquième ministre qui puise sa modernité dans les recettes les plus éculées du néolibéralisme. Le discrédit de la « gauche de gouvernement », puisqu’elle se revendique ainsi, offre non pas un boulevard au FN mais tout simplement une possibilité de revanche à une droite classique, conservatrice qui n’hésite pas à vouloir accélérer les orientations néolibérales du gouvernement de Manuel Valls mais tout simplement de vouloir aussi détruire le système de la Sécurité sociale pour livrer la politique de santé aux mutuelles et aux assurances privées.

    Cette énumération des faits n’a pas vocation à parodier une liste d’événements à la Prévert mais à en dégager une signification politique. Dans l’épilogue de « Guerres contre les peuples » nous écrivions « croire que l’exercice démocratique suffit à imposer la volonté populaire contre l’intérêt de l’oligarchie financière internationale pourrait bien se révéler d’une douce illusion ». Nous ajoutions que « les politiques ne bougent que si les peuples bougent ». Force est de reconnaître que les peuples sont pris dans un formidable étau d’un système politique global qui leur dénie toute légitimité au changement et à l’évolution. La mainmise par les médias dominants est totale, non qu’ils diffusent de fausses informations, mais ils bloquent tout réel débat sur les enjeux politiques (conflits, OTAN), sociaux (loi travail), écologiques (climat, COP) et refusent d’aborder la possibilité d’envisager d’autres perspectives politiques (le protectionnisme à la place du libre-échange, la protection sociale à la place de la libéralisation du marché du travail, la place de l’écologie dans une société de productivisme et de consommation à outrance). Les médias jouent ce rôle de chiens de garde, déjà dénoncé, pour un système mis en place depuis plus de 30 ans pour qui la seule réponse aux objections qui lui sont apportées reste le fameux TINA de Margaret Thatcher « there is no alternative ». Les événements se déroulent ainsi avec la même disparité du zapping en parcourant les innombrables chaines de télévision, et au final rien ne change laissant la médiocrité pour la culture télévisée et le TINA pour la politique.

    L’UE est confrontée depuis plus de 10 ans à l’hostilité sans cesse grandissante des citoyens des pays-membres : France, Pays-Bas, Grèce, Espagne, Italie, Grande Bretagne. Tout se bouscule au fil des ans, mais rien, strictement rien ne bouge, sinon l’austérité budgétaire et sociale sans cesse renouvelée. Nos sociétés, à l’heure du tout numérique, du tout instantané, du tout immédiateté, sont en réalité prises dans un étau d’un tout figé. En 11 ans, la France aura connu le rejet du TCE, son recyclage en Traité de Lisbonne, la crise financière de 2008, l’alternance de façade Sarkozy-Hollande, la réintégration des forces armées dans l’OTAN, les attentats 2015 et 2016, l’amplitude sans cesse du chômage etc, etc, ….. et il ne se passe rien, les peuples ne bougent pas, pris ans une impuissance qui leur est imposée et dans une lassitude qui fait le reste.

    L’un de nos camarades retrouvait un ouvrage de Germaine Tillon « L’Algérie en 1957 » (éditions de Minuit), réflexion politique d’une ethnologue des Aurès, rescapée du camp nazi de Ravensbrück et qui s’adressait à ses camarades de l’Association nationale des déportés et Internés de la Résistance. L’ouvrage fut écrit au cœur de la Guerre d’Algérie, cinq ans plus tard l’indépendance sera prononcée à l’issue d’un conflit qui a profondément marqué les jeunes générations algériennes et françaises, onze ans plus tard explosera les événements de Mai 1968. Onze ans d’événements marqués par la fin d’un conflit colonial majeur, l’instauration d’une nouvelle république, l’émergence d’un mouvement populaire puissant revendicatif qui mettra fin à l’expérience du pouvoir gaulliste. Onze ans également entre 2005 qui marque le refus du TCE et 2016 qui veut en finir avec le code du travail et envisage la fin de la Sécurité sociale, mais qui au fond ne suscite une puissante réaction politique, syndicale et populaire.

    Fin 2016 à cette « Guerre contre les peuples », il ne faudrait pas que la réponse soit le « silence des peuples ». Les politiques ne bougeront que si les peuples bougent. Tels sont nos vœux pour 2017. Pour le MS21, nous avons décidé pour les élections de 2017 d’apporter un soutien critique à La France Insoumise et à son candidat Jean-Luc Mélenchon. L’enjeu de 2017 n’est pas un quelconque pari sur l’habilité politique dont se flattent les personnalités des primaires à gauche, mais sur un programme et un engagement politique capable de répondre aux enjeux de la situation actuelle. Le MS21 veut faire œuvre de paix sur le plan national et international. Si nous approuvons sans réserve la règle verte de la France Insoumise et un changement total de nos institutions républicaines, le point central du débat politique en 2017 doit être la question de l’UE et les enjeux qui s’y rattachent : la souveraineté démocratique et monétaire, la transition écologique, la réindustrialisation de notre pays, le refus des traités de libre-échange, la sortie de l’OTAN. 

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