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Monde - Page 4

  • Le bouclier des entreprises transnationales : le régime de commerce et d’investissement

     

     

    L’un des aspects les plus préoccupants de la dynamique qui caractérise la globalisation néolibérale actuelle est, sans doute, le démantèlement des droits du travail, de l’environnement, ainsi que des droits sociaux et humains, tant au Sud qu’au Nord. C’est une dynamique qui remet en question le droit des peuples à leur autodétermination et la souveraineté des États. Cette situation est le résultat de la conception d’un nouveau système économique et d’une nouvelle logique corporative, mises en place et entretenues par les élites socio-économiques des pays occidentaux et des institutions économiques et financières internationales, avec la complicité des oligarchies des pays du Sud, notamment à partir des années 1980. Parallèlement, les droits commerciaux des entreprises transnationales, les principaux agents de cet actuel système capitaliste prédateur, se sont renforcés.

    Comment en sommes-nous arrivés là ? Grâce à quels instruments ces entités ont-elles conçu cette nouvelle architecture juridico-économique ? Comment les peuples, les organisations et les mouvements qui luttent pour la justice sociale peuvent-ils contrecarrer cette dynamique systémique réactionnaire et antipopulaire ?

     

    Contexte économique : l’ascension du néolibéralisme

    A partir des années 70, dans le cadre de la métamorphose du système capitaliste keynésien en néolibéralisme, les entreprises transnationales se sont hissées au rang de « moteurs du développement ».

    Et ceci, spécialement à partir de l’imposition des Programmes d’Ajustement Structurel (PAE) aux pays du Sud, dans le cadre de la crise de la dette. C’est ainsi qu’a commencé la période des privatisations de grandes entreprises publiques, la dérégulation systématique des appareils économico-industriels nationaux et des droits sociaux et environnementaux. Les entreprises transnationales se sont imposées dans les secteurs stratégiques de l’économie des pays endettés et « malades ». [1]

    Face à la « maladie » de la dette, on avait besoin de « docteurs » pour trouver les médicaments adéquats. C’est à ce moment-là que sont entrées en jeu les institutions économiques et financières internationales, tels que le FMI, la Banque Mondiale et l’OMC, entre autres. En réalité, les prétendus « docteurs » se trouvaient à l’origine de la maladie. Aujourd’hui, ce sont les mêmes qui contribuent au maintien des pays du Sud dans un état de maladie chronique.

    Les conditions imposées par ces entités aux pays du Sud (et, dans le cadre de l’actuelle crise économique, à quelques pays du Nord) ont obligé les économies à s’ouvrir aux entreprises transnationales. Le médicament était servi. La tâche était simple : ouvrir, libéraliser le commerce et accepter la position dominante des grandes entreprises transnationales. Dès le début, l’activité de ces entreprises a été associée à d’énormes violations des droits et des règles intérieurs des pays.

     

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  • Le « sale boulot » d’Israël dans la « guerre sale » au Guatemala


     

    Les procédures pénales contre l’ancien dictateur Rios Montt mettent en lumière le rôle joué par Israël dans les crimes commis contre les Mayas au Guatemala. 


    Janvier 2016 a vu les arrestations de 18 anciens militaires pour leur implication présumée dans la guerre sale du pays dans les années 1980. En février de l’année dernière, deux ex-soldats ont été condamnés dans un cas d’esclavage sexuel sans précédent et qui concernait la même époque.

    Ces procédures judiciaires représentent de nouvelles avancées dans le système judiciaire à la suite du procès et de la condamnation de l’ancien chef de l’État, Efraín Ríos Montt, pour génocide et crimes contre l’humanité. Bien que la Cour constitutionnelle guatémaltèque ait très vite annulé le jugement (qui a été relancé en mars après plusieurs péripéties), un précédent au niveau mondial s’est imposé en tenant des responsables étatiques responsables dans le pays même où leurs crimes ont été commis.

    Et en novembre, un juge guatémaltèque a autorisé un procès distinct contre Ríos Montt. L’affaire concerne un massacre commis en 1982 dans le village de Dos Erres.

    Ríos Montt a été président de 1982 à 1983, une période marquée par une intense violence étatique contre les peuples indigènes mayas. La violence incluait la destruction de villages entiers avec des déplacements massifs de population.

    Les Mayas ont été ciblés à de nombreuses reprises pendant la période de répression qui a commencé en 1954, date à laquelle les États-Unis ont provoqué un coup d’État militaire, et s’est poursuivie jusqu’en 1996. Plus de 200 000 personnes ont été tuées au Guatemala durant cette période, dont 83% étaient des Mayas.

    Les crimes commis par l’État guatémaltèque ont été exécutés avec une aide étrangère – en particulier américaine. Mais une partie clé de ces crimes a jusqu’ici échappé à toute mention devant les tribunaux, et c’est Israël.

    Servir de relais pour les guerres des États-Unis

    Depuis les années 1980 jusqu’à nos jours, le rôle militaire d’Israël au Guatemala demeure un secret de polichinelle, bien documenté mais peu évoqué.

    Ríos Montt a déclaré à un journaliste de ABC News que son coup d’État avait été si peu attendu « parce que beaucoup de nos soldats ont été formés par des Israéliens ». En Israël, la presse a indiqué que 300 conseillers israéliens étaient sur le terrain pour entraîner les soldats de Ríos Montt.

    Un conseiller israélien au Guatemala à l’époque, le lieutenant-colonel Amatzia Shuali, a déclaré: « Je n’aime pas ce que font les païens avec les armes. Mais ce qui importe, c’est que les juifs en profitent « , comme l’ont raconté Andrew et Leslie Cockburn dans Dangerous Liaison.

    Quelques années plus tôt, lorsque les restrictions du Congrès sous l’administration Carter limitaient l’aide militaire américaine au Guatemala en raison des violations des droits de l’homme, les responsables israéliens ont vu là une occasion économique en or d’entrer sur ce marché des technologies militaires.

    Yaakov Meridor, alors ministre israélien de l’économie, indiquait au début des années 1980 qu’Israël voulait être un « proxy » (relais) pour les États-Unis dans les pays où ceux-ci avaient décidé de ne pas vendre ouvertement des armes. Meridor avait déclaré: « Nous allons dire aux Américains: Ne nous concurrencez pas à Taïwan, ne rivalisez pas avec nous en Afrique du Sud ni dans les Caraïbes ou dans d’autres endroits où vous ne pouvez pas vendre des armes directement. Laissez-nous faire … Israël sera votre intermédiaire. »

    Le programme CBS Evening News avec Dan Rather a tenté d’expliquer la source de l’expertise mondiale d’Israël en notant en 1983 que les armes avancées et les méthodes israéliennes anti-guérilla mises en œuvre au Guatemala « avaient été testées avec succès en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. »

    La force de vente d’Israël pour ses armes reposait non seulement sur leur utilisation en Cisjordanie occupée et à Gaza, mais aussi dans la région à plus grande échelle. Le journaliste George Black a indiqué que les milieux militaires guatémaltèques admiraient la performance de l’armée israélienne lors de l’invasion du Liban en 1982. Leurs admirateurs à l’étranger étaient si convaincus que la droite au Guatemala « parlait ouvertement de la ‘palestinisation’ des Indiens mayas rebelles », selon Black.

    La coopération militaire entre Israël et le Guatemala remonte aux années 1960. Durant la dictature de Ríos Montt, Israël était devenu le principal fournisseur d’armes, de formation militaire, de technologie de surveillance et d’autres services au Guatemala dans la guerre étatique contre les mouvements urbains de résistance armée et les indigènes Mayas dans les campagnes.

    De nombreux Guatémaltèques ont souffert des résultats de cette relation spéciale, et ils n’ont pas manqué de faire le lien entre Israël et leur tragédie nationale.

    « Un homme d’une grande intégrité personnelle »

    L’un des massacres les plus épouvantables commis pendant cette période a été la destruction du village nommé Dos Erres, du district El Petén. Les soldats – entraînés par le Israéliens – de Ríos Montt ont incendié Dos Erres, après avoir abattu tous ses habitants. Ceux qui ont survécu à l’attaque initiale sur le village ont eu le crâne brisé à coups de marteau. Les cadavres remplissaient le village.

    Lors d’une exhumation dans le village, ordonnée par le tribunal, les enquêteurs travaillant pour la Commission de la Vérité des Nations Unies de 1999 ont écrit ce qui suit dans leur rapport médico-légal : « Toutes les preuves balistiques récupérées correspondent à des fragments de balles tirés d’armes à feu et de fusils de marque Galil fabriqués en Israël ».actuelle

    Le président américain Ronald Reagan – dont l’administration sera plus tard impliquée dans le scandale de l’Irangate ou « Iran-Contra » pour avoir vendu des armes à l’Iran via Israël dans le but de financer une force paramilitaire visant à renverser le gouvernement marxiste nicaraguayen, – avait rendu visite à Ríos Montt quelques jours avant le massacre.

    Reagan fit l’éloge de Ríos Montt, « un homme d’une grande intégrité personnelle » qui « veut améliorer la qualité de vie de tous les guatémaltèques et promouvoir la justice sociale ». Reagan a également assuré le président guatémaltèque que « les États-Unis se sont engagés à soutenir ses efforts pour rétablir la démocratie et s’attaquer aux causes profondes de cette insurrection violente. » À un moment de leur conversation, Reagan aurait embrassé Ríos Montt et dit au président guatémaltèque qu’il se faisait « trop de soucis » sur les droits de l’homme.

    En novembre 2016, cependant, la juge Claudette Dominguez a accepté la demande du procureur général guatémaltèque de poursuivre Ríos Montt en tant qu’auteur légalement responsable du massacre de Dos Erres, l’accusant d’homicide aggravé, de crimes contre l’humanité et de génocide.

    Parmi les 18 arrêtés cette année se trouvait Benedicto Lucas García, ancien chef d’état-major de l’armée sous la présidence militaire de son frère Romeo Lucas García. Benedicto, qui a été vu par certains de ses soldats comme d’un innovateur de techniques de torture réservées aux enfants, parlait « du soldat israélien [comme] d’un modèle et un exemple pour nous« .

    En 1981, Benedicto a dirigé la cérémonie d’inauguration d’une école d’électronique israélienne conçue et financée au Guatemala. Son but était de former les militaires guatémaltèques à l’utilisation des technologies dites de contre-insurrection. Benedicto avait salué l’installation de l’école comme une « étape positive » pour faire accéder le régime guatémaltèque à une « efficacité militaire de classe mondiale grâce aux conseils [d’Israël] et au transfert de la technologie électronique ».

    Au cours de sa seule année inaugurale, l’école a permis à la police secrète du régime, le G-2, d’attaquer une trentaine de refuges de l’Organisation Révolutionnaire du Peuple en Armes (ORPA).

    Le G-2 a coordonné et mis en œuvre l’assassinat, la « disparition » et la torture des opposants au gouvernement guatémaltèque.

    Alors que le pouvoir guatémaltèques a souvent changé de mains à la fois par des coups d’État et des élections, au cours des années 1980, Israël est demeuré la principale source d’armes et de conseils militaires du pays.

    Belligérance à la frontière

    Le complexe israélien de sécurité militaire étend son ombre jusque sur les Guatémaltèques qui fuient encore les conséquences de la « guerre sale ».

    Dans certaines régions de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, comme au Texas, le nombre de migrants venus d’Amérique centrale (mais seulement des pays ravagés par l’intervention américaine, comme le Guatemala, El Salvador, le Honduras) commence à dépasser le nombre du ressortissants mexicains.

    Selon les informations communiquées à cet auteur par le bureau médical du comté de Pima en Arizona, de nombreux Guatémaltèques qui ont péri lors de la traversée de ces terres désertiques venaient des communautés mayas les plus durement affectées par le génocide des années 1980 : El Quiché, Huehuetenango, Chimaltenango.

    Le sud de l’Arizona a également connu un pic dans la migration indigène guatémaltèque. Des entreprises et des institutions américaines collaborent avec des sociétés de sécurité israéliennes pour renforcer la zone frontalière du sud de l’Arizona.

    L’entreprise israélienne d’armes Elbit a remporté un important contrat gouvernemental visant à fournir 52 tours de surveillance dans les régions frontalières désertiques du sud de l’Arizona, à commencer par un programme pilote de sept tours situées à présent parmi les collines et les vallées entourant Nogales, une ville ceinturée par le mur de séparation.

    Plus de tours sont prévues pour entourer la Nation Tohono O’odham, la deuxième plus grande réserve de natifs américains aux États-Unis. Déjà, le nombre de forces fédérales occupant des postes permanents sur les terres de Tohono O’odham est le plus important de l’histoire des États-Unis.

    Alan Bersin, un haut responsable du Département américain de la Sécurité intérieure, a décrit en 2012 la frontière entre le Guatemala et le Chiapas, au Mexique, comme « maintenant notre frontière sud ». Cette « frontière sud » a été lourdement militarisée pendant les huit années du gouvernement Obama.

    Nous pouvons nous attendre à ce que la militarisation se poursuive pendant la présidence de Donald Trump. La rhétorique anti-migrants de Trump pendant sa campagne électorale laisse penser que cette militarisation s’intensifiera.

    Pendant la guerre sale, des dizaines de milliers de Guatémaltèques ont fui par-delà la frontière vers le sud du Mexique. Aujourd’hui, Israël aide les autorités mexicaines du Chiapas à mener des activités de « contre-insurrection » visant en grande partie la communauté indigène maya.

    Bien que les informations sur la relation du Guatemala avec Israël commencent à circuler, les efforts entreprenants d’Israël dans le pays n’ont jamais diminué. Aujourd’hui, la présence d’Israël au Guatemala est particulièrement marquée dans l’industrie de la sécurité privée qui a proliféré dans les années qui ont suivi le dit processus de paix guatémaltèque au milieu des années 1990.

    Ohad Steinhart, un Israélien, installé au Guatemala en ce moment opportun, à l’origine travaillant comme un instructeur en maniement d’armes. Environ deux ans après son transfert de 1994 au Guatemala, il a fondé sa propre entreprise de sécurité, Decision Ejecutiva.

    La modeste entreprise de 300 employés de Steinhart est petite si comparée au colossal Golan Group, le plus grand et plus ancien conglomérat de sécurité privée d’Israël au Guatemala.

    Fondé par d’anciens officiers des forces spéciales israéliennes, le Groupe Golan a également formé des agents d’immigration du Département de la sécurité intérieure le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Le Groupe Golan a employé des milliers d’agents au Guatemala, dont certains ont été impliqués dans la répression des protestations environnementales et foncières contre les opérations minières par des entreprises canadiennes. La société a été nommée dans un procès en 2014 par six agriculteurs guatémaltèques et un étudiant qui ont tous été blessés par balles, à bout portant, par des agents de sécurité lors d’une manifestation l’année précédente.

    L’utilisation par le Guatemala de formateurs et de conseillers militaires israéliens, tout comme dans les années 1980, se poursuit. Les conseillers israéliens ont ces dernières années, contribué à la « remilitarisation » du Guatemala. La journaliste Dawn Paley a rapporté que des formateurs militaires israéliens se sont à nouveau affichés dans une base militaire à Coban, la ville qui abrite des fosses communes datant des années 1980. Jusqu’à présent, les restes de plusieurs centaines de personnes ont été découverts.

    Les charniers de Coban ont servi de base juridique aux arrestations en janvier de 14 anciens militaires. En juin dernier, un juge guatémaltèque a statué que les preuves étaient suffisantes pour que huit personnes arrêtées soient jugées. Les arrestations et les procès à venir sont susceptibles d’aller à leur terme.

    Les universitaires Milton H. Jamail et Margo Gutierrez ont documenté le commerce israélien d’armes en Amérique centrale, notamment au Guatemala, dans leur livre publié en 1986: It’s No Secret: Israel’s Military Involvement in Latin America. Ils ont écrit le titre de cette façon parce que la majeure partie de l’information dans le livre est extraite de sources de médias traditionnels.

    Pour l’instant, le rôle bien documenté d’Israël dans les guerres sales du Guatemala est une question peu abordée. Mais les Guatémaltèques savent mieux que quiconque que le long chemin vers la justice commence par la reconnaissance des crimes passés.

    Pourtant, il est difficile de savoir combien de temps s’écoulera avant d’entendre parler d’officiels israéliens convoqués au Guatemala pour être jugés pour le rôle repoussant qu’ils ont joué dans les heures les plus sombres du pays.

    20 janvier 2017 – The Electronic Intifada – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah

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  • Birmanie: l’honneur perdu d’Aung San Suu Kyi

     

     

    Hier icône révérée de la démocratie et des droits de l’homme, le prix Nobel de la paix 1991 partage désormais le pouvoir avec ses anciens geôliers militaires. Elle est inactive et silencieuse, au nom de la raison d’État et de la solidarité avec la majorité bouddhiste, face aux violences qu’inflige l’armée à la minorité musulmane des Rohingya.


    L’exercice du pouvoir peut être un révélateur cruel pour les anciens opposants devenus dirigeants, même – et peut-être surtout – s’ils ont été l’objet d’un véritable culte. Aung San Suu Kyi, lauréate en 1991 du prix Nobel de la paix pour « son engagement en faveur de la démocratie et des droits de l’homme » en Birmanie, est accusée, un quart de siècle plus tard, par onze autres « Nobel de la paix » et une douzaine de personnalités internationales de passivité, sinon de complicité par le silence et l’inaction dans « la tragédie humaine, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité » dont est victime l’ethnie musulmane rohingya, dans le nord-ouest du pays.

    Dans une lettre au président du Conseil de sécurité des Nations unies, datée du 29 décembre 2016, où elles demandent à l’ONU d’inscrire d’urgence cette crise à l’ordre du jour de ses travaux, ces personnalités reprochent à Aung San Suu Kyi, qui exerce aujourd’hui de facto les fonctions de premier ministre, de n’avoir pris, malgré leurs « appels répétés », « aucune initiative pour défendre les droits des Rohingya en leur assurant la citoyenneté ». « Mme Aung San Suu Kyi, soulignent-ils, est la dirigeante, elle a la responsabilité primordiale de diriger et de le faire avec courage, humanité et compassion. »

    « Courage, humanité et compassion. » C’étaient les qualités mêmes que ses visiteurs et le comité Nobel reconnaissaient à la « Dame de Rangoon » pendant ses quelque trente années de lutte inlassable pour la démocratie, lutte à laquelle elle a sacrifié sa liberté, sa santé et jusqu’à sa famille. Pourquoi l’icône révérée, inflexible au point de résister à quinze ans d’assignation à résidence dans sa vieille demeure décrépie, se révèle-t-elle au pouvoir incapable de fidélité à ses idéaux démocratiques et à ses engagements de dissidente ?

    La Birmanie, expliquent ses fidèles, n’est pas encore, malgré le triomphe de la Ligue nationale pour la démocratie aux élections de novembre 2015, en situation de démocratie, mais en phase de transition. Certes, la LND contrôle les deux chambres du Parlement. Aung San Suu Kyi est à la fois ministre des affaires étrangères et conseiller de l’État – c’est-à-dire premier ministre de fait. Mais l’armée détient toujours, en application de la constitution de 2008, 25 % des sièges des deux chambres, ainsi que les ministères de la défense, de l’intérieur et des frontières. Elle contrôle aussi – modeste copie du système indonésien – quelques entreprises industrielles, autrefois étatisées.

    Ces atouts, décrits par un diplomate comme un « bunker constitutionnel », conjugués à ses effectifs démesurés – près de 500 000 hommes, renforcés par plus de 50 000 miliciens – et à une activité anti-insurrectionnelle incessante face aux rebellions persistantes de certaines minorités ethniques, donnent à son chef d’état-major, le général Min Aung Hlaing, un poids politique énorme. Ce qui ne laisse à Aung San Suu Kyi qu’une marge d’initiative modeste. Dont elle n’abuse d’ailleurs pas, hantée par la crainte d’ouvrir avec les militaires une crise qui mettrait en péril le processus de démocratisation du pays.

    Même si elle peut être entendue, cette argumentation des partisans de « la Dame » n’explique pas tout. Et surtout, elle ne justifie en rien la poursuite d’une discrimination et d’une pratique de moins en moins inavouée de nettoyage ethnique à l’encontre des Rohingya. Politique qui a commencé bien avant la dictature militaire, à l’époque de la colonisation britannique, et qui a été endossée par tous les régimes successifs. Y compris hélas par l’actuel, c’est-à-dire le premier issu d’élections libres.

    Originaires dit-on de Perse, de Turquie, d’Arabie ou des confins musulmans du sous-continent indien – l’ostracisme qui les frappe n’a pas facilité les recherches sur leurs origines –, ceux qu’on appelle aujourd’hui les Rohingya sont arrivés du Bengale oriental au début du XIXe siècle, poussés par les Britanniques qui cherchaient à s’en débarrasser vers l’Arakan, au nord-ouest de l’actuelle Birmanie.

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  • Epilogue : Un accord entre Congolais

     

    Finalement le samedi soir, 31 décembre, vers 22h et quelques minutes, un accord a été signé. Bref aperçu et quelques réflexions en 4 questions et réponses.

     

    1. Que contient l’Accord?

     

    • Comme dans l’Accord du 18 octobre et l’accord de “95%” du 24 décembre, il n’y aura pas de tentative de changer la constitution et de rendre possible un troisième mandat pour le président Kabila.
    • Les élections auront lieu fin décembre et le président Kabila restera en fonction jusqu’au transfert du pouvoir au nouveau président élu.
    • Le gouvernement sera recomposé ainsi qu’il suit : un Premier ministre venant du Rassemblement. 21 ministres pour le Rassemblement, 19 ministres pour l’opposition signataire de l’Accord du 18 octobre et le parti de Bemba, le MLC. Le reste des ministres, autour de 25, iront à la Majorité Présidentielle actuelle autour du président Kabila.
    • Il y aura une commission de suivi de l’Accord et du processus électoral de 28 personnes, dirigée par Etienne Tshisekedi.
    • Des 7 personnes emblématiques pour lesquelles le Rassemblement demandait la libération ou la levée de la mise en accusation, 4 sont libérés ou mis hors accusation. Les trois cas restants seront traités par la CENCO. (Katumbi, Muyambo et Diomi Ndongala).

     

    Il reste encore deux sujets à éclaircir :

    Au niveau des signataires : Le MLC de Bemba qui restait récalcitrant à signer a quand même signé. Mais une partie de l’opposition qui avait signé l’accord du 18 octobre (sauf l’UNC de Kamerhe) refuse de signer. Il s’agit de Badibanga, actuel premier ministre et dirigeant des parlementaires de l’UDPS. Et encore quelques autres signataires.

    De deux : l’Accord devra être suivi d’un « arrangement particulier » qui sera annexé à l’Accord comme faisant partie intégrante. Cet arrangement devra spécifier l’interprétation des « prérogatives du Premier ministre prévues par la Constitution », ainsi que la composition définitive du gouvernement.

     

    Ces deux sujets seront résolus avant le 12 janvier 2017.

    1. Quelle est la signification de l’accord ?
    • D’abord et avant tout : cet accord a été un accord conclu entre Congolais, sans implication de diplomates ou experts occidentaux. Aussi bien Tshisekedi que Lambert Mende, ont mis cela en avant après la signature de l’accord. [1]
    • Cela signifie l’échec de la stratégie de renverser le président Kabila après le 19 décembre, stratégie appuyée par Washington et Bruxelles.
    • Cela implique aussi que l’alliance autour de Kabila aura des chances égales à celles de l’opposition de participer aux élections, de les gagner ou de jouer un rôle d’opposition en cas de défaite électorale.
    • Le fait que Kabila lui-même ne sera pas candidat, obligera cette alliance à s’unir ou à former une nouvelle alliance autour d’un autre candidat qui voudrait continuer la ligne Lumumbiste de défense de l’unité, l’intégrité territoriale et de la souveraineté du pays, ainsi que la poursuite du progrès et du bienêtre de la population. On peut ici espérer que cette fois-ci cette alliance aura un projet de société et une base politique en commun, plutôt que l’unité autour d’une personne, comme c’était le cas avec la MP depuis 2006.
    • L’argument de méfiance et le procès d’intention contre Kabila qui voudrait faire tout pour s’accrocher au pouvoir est maintenant dépassé. Ce qui signifie qu’un débat politique normal autour des programmes politiques et des visions différentes pour le futur de la RDC devient possible.
    • Le caractère inclusif de l’accord rend possible que les élections sérieuses, pourront avoir lieu dans une atmosphère sereine.

     

    1. Que peut menacer l’application de cet accord ?

    Il est clair que les ingérences et la guerre psychologique menée à partir de l’extérieur continueront à essayer de diviser les Congolais et à faire un focus sur le procès d’intention de Kabila.

    • Exemple, le 30 décembre 2016, vers 23h, La Libre Belgique publie un article disant que le Président Kabila aurait répondu aux évêques qu’il refusait le dialogue et qu’il aurait dit vouloir organiser un référendum pour pouvoir briguer un troisième mandat. Or le jour suivant, les discussions continuent et le soir l’accord est signé. Il est important de noter que tous les sites de l’opposition congolaise avaient repris la nouvelle quelques heures après.
    • On peut donc s’attendre qu’à chaque problème qui suit, la faute sera immédiatement imputée au président Kabila et sa MP par des experts du type Stearns, Cohen et Cie et par le milieu des diplomates occidentaux, sans oublier les médias qui reprennent leur interprétation des faits.

     

    Le problème principal à résoudre pour l’organisation des élections seront les finances. Se posera d’abord la question de trouver des façons de diminuer le budget des élections actuellement estimé à 1,8 milliards de dollars US. Il y a peut-être des économies à faire sur l’achat de matériel, la masse salariale, etc… Il existe aussi la proposition qui circule au sein de la MP d’organiser les élections présidentielles d’une façon indirecte, comme cela se fait aux Etats-Unis ou lors des élections en 1960 au Congo. Mais sur ce dernier point il faudrait d’abord un consensus au sein de la classe politique et dans la population.

    Enfin la recherche de l’aide financière pour le budget des élections chez les partenaires extérieurs. Là, le danger d’ingérence est grand, car les occidentaux vont conditionner leur aide financière. Ce qui implique le danger des élections sous tutelle extérieure. Il est clair que des élections sous tutelle occidentale devraient impliquer la défaite certaine du courant de ce qu’ils appellent « souverainiste ».

    Enfin, il y a le danger de guerre à l’Est. Une guerre qui pourrait partir au Burundi et qui pourrait traverser la frontière avec la RDC. Ou encore une guerre lancée par Kigali et Kampala avec l’aide de milices ou de mercenaires congolais.

    1. Qu’est-ce qui a rendu possible la signature de cet accord ?

    D’abord au niveau de la RDC, il y a eu le refus de capituler devant les menaces et ingérences des occidentaux. Le déroulement des négociations du 1 septembre jusqu’au 18 octobre et du 11 au 31 décembre, prévoyant encore des négociations jusqu’au 12 janvier, est révélateur. Le rythme de ces négociations  montre que ni les oukases, les deadlines, les menaces et les sanctions de Washington ou Bruxelles n’ont pu empêcher les Congolais de discuter entre eux jusqu’à ce qu’ils tombent sur un Accord qu’ils acceptent de libre volonté.

    Ensuite il y a aussi une évolution importante au niveau international. Les guerres contre la Libye (2011) et contre la Syrie menées directement ou indirectement par les Etats-Unis appuyés par l’Union Européenne ont crée beaucoup de méfiance chez les dirigeants africains envers les vraies intentions des ingérences occidentales dans des conflits qui se déroulent dans des pays d’une grande importance stratégique.

    L’idée de « solutions africaines pour des problèmes africains » a grandit. Ce qui a rendu possible la facilitation menée par l’Union Africaine et l’appui de l’Union Africaine à l’accord du 18 octobre. Et ce qui a fait que le facilitateur désigné par l’UA a, avec succès, mis en échec les manœuvres de Tom Perriello, l’envoyé spécial des Etats-Unis pour la RDC.

    Au Vatican, le pape ne cache pas ses doutes sur les ingérences occidentales. Il a par exemple, contesté publiquement les intentions d’intervention militaire par les Etats-Unis et l’Union Européenne en Syrie en 2013. [2]

    La Commission épiscopale congolaise, la CENCO, avait lancé en novembre 2015 l’idée d’une marche des chrétiens en faisant référence à l’article. En fait, à l’exemple de Mgr Monsengwo, farouche opposant à Kabila, elle se mettait en avant comme le moteur de la stratégie du renversement de Kabila. Or le 5 janvier, Mgr Nicolas Djomo, le président de la conférence épiscopale du Congo, a du écrire une lettre à ses évêques pour annuler cette marche du 16 février : « Le Saint-Siège nous a fermement recommandé de suspendre les initiatives qui peuvent être manipulées pour des fins politiques. »

    Lundi 26 septembre 2016, une semaine après la violence à Kinshasa et Lubumbashi, le pape reçoit le Président Kabila. Il insiste sur la nécessité d’un «dialogue respectueux et inclusif pour la stabilité et la paix dans le pays». Le 19 décembre il parle longuement avec les évêques de la CENCO qui dirigent les négociations. Et l’on ne peut que remarquer le ton neutre que prennent les évêques quand ils font monter la pression sur les négociateurs. Ainsi, le nonce apostolique dira le 31 décembre encore à la correspondante de RFI:si il n’y a pas d’accord, L’Eglise catholique établira les responsabilités de l’échec. Elles sont des 2 côtés« .     

     

    Source: Intal

    Notes:

    [1] https://www.rtbf.be/auvio/detail_rdc-signature-d-un-accord?id=2172644

    [2] http://www.lalibre.be/actu/international/les-europeens-affichent-leur-fermete-face-a-la-syrie-mais-n-approuvent-pas-des-frappes-522afa2835703d8e48d2c4ca

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  • Les 4 plus grands échecs de la droite vénézuélienne en 2016

     

     

    En ce début d’année, il est impossible de ne pas se souvenir des déclarations du président de l’Assemblée Nationale Henry Ramos Allup il y a un an, lorsqu’il considérait le chavisme comme étant liquidé. Il disait, à la tribune de l’Assemblée, qu’en moins de 6 mois son équipe trouverait le moyen de faire tomber le président Maduro. Il se croyait aussi près du pouvoir que le palais législatif l’est de Miraflores. La myopie de son parti (« Action Démocratique ») est aussi politique et il n’y a pas de lunettes qui corrigent ce défaut.

    A partir de là, la direction de l’anti-chavisme s’est chargée de dilapider son capital politique avec des promesses non tenues et de fausses attentes, remplissant son bref parcours au pouvoir législatif de défaites, d’échecs et provoquant surtout une grande déception chez ceux qui lui avaient fait confiance.

    On peut facilement considérer celle-ci comme la première des erreurs qui a ouvert la voie aux autres. Même en participant au pouvoir de l’Etat qui lui donnait l’opportunité d’initier des lois et des politiques publiques pour améliorer la situation économique critique du Vénézuélien ordinaire, l’anti-chavisme a pris l’option d’aller plus loin dans le sabotage, les demandes d’intervention étrangère et la guerre politique contre le reste de l’Etat, la considérant comme une voie rapide pour prendre le pouvoir politique sans tenir compte de ses coûts humains et sociaux. Cela a mis encore une fois en évidence son mépris pour les humbles de ce pays.

    La guerre économique contre notre peuple, plus qu’une méthode de l’anti-chavisme pour atteindre des positions de pouvoir, prouve ce que l’anti-chavisme entend par exercice de la politique. En ce sens, il est naturel qu’il transfère cette matière à l’Assemblée Nationale et l’inscrive à l’ordre du jour législatif. La direction de l’anti-chavisme a eu le pain et le couteau pour gagner une légitimité aux yeux de la population, pour démontrer qu’elle mettrait à profit son influence sur le pouvoir public pour coordonner ses efforts avec ceux du Gouvernement Bolivarien pour résoudre l’urgence de la crise économique qui perdure. Selon l’institut de sondages Hinterlaces, plus de 70% des Vénézuéliens soutiennent le dialogue entre le chavisme et la MUD. Cette direction a pourtant négligé l’espoir suscité et quitté brusquement la table comme l’aurait fait un enfant mal élevé.

    Le peuple, au-delà de ceux qui ont voté et de ceux qui n’ont pas voté, de ceux qui se sont abstenus pour des raisons légitimes et de ceux qui ont voté fidèlement pour la Révolution, des gagnants et des perdants de cette journée, attendait un geste d’effort conjoint. La balle était dans le camp des anti-chavistes et ils ont préféré bloquer le jeu.

    Ils ont refusé d’entamer des pourparlers même quand le Gouvernement Bolivarien leur a tendu la main à nouveau pour discuter au mois de janvier. Ils ont alors aggravé l’attaque politique en refusant de reconnaître l’Etat en tant qu’institution et le chavisme en tant que force politique et ils ont à nouveau exploré, avec encore plus de force qu’en 2002-2003, la voie du coup d’Etat pour attaquer le pouvoir. Leur intention reste de détruire la nation vénézuélienne pour la revendre et bénéficier de ses énormes ressources énergétiques et minières. Un pays ruiné et avili, voilà pourquoi ils conspirent sans repos…

    Et c’est ainsi qu’au mois de février, ils ont organisé de façon assez insolente un lobby international avec Luis Almagro et la droite de la région dans le but de faire pression et d’aboutir à l’application de la Charte Démocratique de l’OEA. Mais la demande illégale du referendum révocatoire a quand même fini par échouer. Le chavisme a réussi à démanteler cette opération internationale. Second échec qui s’ajoute au palmarès anti-chaviste de 2016.

    Le troisième, qui n’est pas le moins important, concerne leurs tentatives, à quatre reprises, de rejeter et de rendre sans effet les Décrets d’Etat d’Exception et d’Urgence Economique pris par le président Nicolás Maduro. Ces décrets avaient pour but de résoudre certains problèmes particuliers et généraux de la situation économique du pays affectée non seulement par le sabotage intérieur mais aussi par des événements extérieurs comme la chute des prix du pétrole et le blocus financier. Ils n’ont pas pu empêcher l’entrée en vigueur de ces décrets, ni celle de la Grande Mission Approvisionnement Souverain, ni le retrait de la circulation du billet de 100 bolivars à partir du 2 janvier. Troisième échec.

    Confortant son refus de reconnaître l’Etat vénézuélien et ses pouvoirs, la nouvelle Assemblée Nationale a essayé de remplacer illégalement le Tribunal Suprême de Justice et le Conseil National Electoral par des magistrats alliés à ses intérêts politiques. Elle n’y a pas réussi non plus. Le Tribunal Suprême de Justice continue à remplir ses fonctions constitutionnelles. Etant donné la désobéissance permanente de l’Assemblée Nationale, après qu’elle n’ait pas expulsé officiellement 3 députés élus suspectés de fraude dans l’état d’Amazonas, 2 recteurs du CNE dont le mandat était fini ont été nommés.

    Le 4° échec concerne l’ouverture attendue avec impatience d’un « canal humanitaire » pour ouvrir définitivement la voie à une intervention dosée dans notre pays. Cela a été une des exigences les plus importantes de l’Assemblée Nationale tandis que le lobby de Luis Almagro de l’OEA et la campagne sur la « crise humanitaire » prenaient de l’ampleur. Bien que les tenants de l’anti-chavisme aient tenté d’interpréter comme une victoire politique le déclenchement par le Gouvernement Bolivarien des mécanismes de l’ONU et de l’OMS (auxquels il avait adhéré depuis longtemps) pour améliorer l’approvisionnement en médicaments, l’absence de « canal humanitaire » est un autre échec qui s’ajoute à la liste.

    Les lois d’amnistie pour escroquerie immobilière, les lois sur les télécommunications, le secteur de l’électricité et tant d’autres qui sont restées lettres mortes cherchaient, entre autres choses, à rendre aux entrepreneurs privés les secteurs stratégiques de l’économie du pays et à amnistier les criminels responsables de la mort de Vénézuéliens pour des raisons politiques. Toutes ont échoué parce qu’elles n’étaient pas conformes à la Constitution. Mais ce n’est pas la seule raison : comme aucune ne cherchait à résoudre les problèmes économiques quotidiens du Vénézuélien ordinaire, elles n’ont eu aucun soutien et n’ont suscité aucun intérêt de la part de la population. Elles étaient aussi lointaines que leur chance de prendre le pouvoir politique en 2016. Avec ces tentatives de lois, ils ont aussi avoué leurs intentions réelles dans l’hypothèse où ils arriveraient à gouverner à nouveau le pays.

    Et peut-être le pire de leurs échecs a-t-il été de prétendre qu’au Venezuela les institutions représentatives indiquaient le rythme politique. Que le cœur politique du pays se situait, dès le début de cette année, dans ce palais où siège l’Assemblée Nationale, dans le centre de Caracas.

    La démocratie participative et agissante est née pour rester. Dans notre Amazonas, par exemple, elle est vivante, florissante et elle se construit pas à pas sur la base de l’héritage du Commandant Hugo Chávez et sous la direction du président Nicolás Maduro. Et nous le disons sans autre prétention que de dire la vérité sur ce qui se passe. Malgré les difficultés que nous avons dû vivre à cause de l’éloignement et du fait que nous sommes un état frontalier, nous sentons la décision de ce bon peuple originaire de cette terre de résister et de créer, pour construire l’Amazonas du futur dans le cadre de cette belle patrie bolivarienne.

    C’est là qu’est né le pouvoir de la Révolution Bolivarienne, son espoir en l’avenir, tandis que l’image deHenry Ramos Allup continue à être celle du député d’AD qui a toujours parlé à la télévision.

    Traduit de l’espagnol par Françoise Lopez pour Bolivar Infos
    Source: Mision Verdad

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  • Syrie : L’histoire s’écrit sans les putschistes occidentaux par Gilles Devers, avocat du Front polisario et de l’autorité palestinienne

     

     par  auteurs à lire


     

    Je dois faire attention de ne pas dire « l’Occident », mais bien « les putschistes occidentaux », c’est-à-dire une poignée de financiers, d’industriels et de politiques qui sont prêts à tout pour défendre leurs intérêts personnels, contre ceux de cette grande région du monde qu’est l’Occident.

    C’est bien clair : nous sommes « l’Occident » - une terre de culture - alors qu’ils n’en sont que les destructeurs.

    Et bien, ce clan putschiste occidental est en train de vivre une défaite considérable et humiliante qui ponctue, avec la guerre en Syrie, des années d’impérialisme, qu’ils ont organisées de A à Z, et qu’ils ont perdues de A à Z.

    Ce 29 décembre, Poutine a annoncé un cessez-le-feu en Syrie. Un exercice risqué, vu le nombre de tentatives depuis six ans ? Sauf que cette fois-ci, tout a changé.

    Trois documents ont été signés  : le cessez-le-feu entre le gouvernement syrien et l’opposition armée, les modalités de son respect et l’organisation de négociations de paix.

    Poutine souligne : « Il y a peu, une réunion s’est tenue à Moscou entre les ministres des Affaires étrangères de Russie, de Turquie et d’Iran : ces trois pays ont pris l’engagement non seulement de contrôler mais aussi de garantir le processus de règlement de paix en Syrie. Cet événement s’est passé il y a quelques heures. Non seulement nous l’avons attendu depuis longtemps, mais aussi nous avons beaucoup travaillé pour s’en approcher. Il faut maintenant tout faire pour que ces accords entrent en vigueur, qu’ils soient mis en œuvre, de manière à ce que les équipes de négociateurs puissent arriver le plus rapidement possible à Astana (Kazakhstan), pour y débuter un véritable processus de paix ».

    À 24 heures, on note quelques incidents, mais le cessez-le-feu tient, et il tiendra parce que la diplomatie a joué tout son rôle : à chacun ses droits, à chacun le respect de sa sphère d’influence.

    I – Le cessez-le-feu

    1/ L’accord est syrien, signé entre le gouvernement légitime et les groupes rebelles, à l’exclusion de ceux liés à Daech et au Fateh al-Cham, l’ex-Front al-Nusra, filiale d’al-Qaeda. Ceux qui misaient sur l’écroulement de l’État syrien pour en faire un nouveau territoire éclaté entre groupes djihadistes ou un État uni mais sous contrôle des États-Unis et d’Israël ont perdu. La Syrie reste la République Arabe Syrienne.

    2/ Les garants du cessez-le-feu sont la Russie, l’Iran et la Turquie. Les putschistes occidentaux ont perdu, comme leurs alliés, le Qatar, l’Arabie Saoudite et les Émirats.

    3/ La Russie était – si j’ai bien compris – abominable quand elle répondait au gouvernement légitime syrien dans le cadre d’un accord militaire, pour combattre des groupes armés. D’après ce que je lis, elle reste abominable quand elle parvient à imposer un cessez-le-feu, signé par toutes les parties, sauf Daech et al Qaeda. Merci de m’expliquer.

    II – Et la Turquie ?

    La Turquie, au centre de tous les enjeux, est aujourd’hui dans la main de Moscou et de Téhéran.

    1/ Erdogan est affaibli comme jamais. Pays encore pivot de l’OTAN, la Turquie a rompu avec ses alliés de l’OTAN. Erdogan est décrit comme surpuissant, et il va organiser une réforme de la constitution, mais les évènements montrent qu’il n’est plus maître chez lui. Le putsch de juillet, la série d’attentats de ces derniers mois, et l’assassinat d’Andreï Karlov, l’ambassadeur de Russie à Ankara, illustrent la faiblesse du régime à l’intérieur. Sur le plan international, c’est pire : alors que depuis six ans, Erdogan misait tout sur le soutien aux groupes djihadistes pour obtenir le départ de El-Assad, il se trouve contraint d’être le garant d’un accord qui marginalise les djihadistes et laisse en place El-Assad ! Ce parce que c’était ça, ou une pente syrienne pour la Turquie, rien de moins... Le risque de contagion est en effet élevé car, pour les deux pays, ce sont les mêmes populations,... mais avec une question kurde renforcée pour la Turquie. La base de la politique d’Erdogan, c’était un axe Qatar - Arabie Saoudite - Turquie pour éradiquer El-Assad. On se retrouve avec un axe Russie - Iran - Turquie pour conforter El-Assad. Bon courage pour expliquer cela à la population turque…

    2/ Erdogan a pour priorité absolue d’empêcher la constitution d’un territoire kurde dans le nord de la Syrie, qui deviendrait une menace pour l’intégrité turque. Or, les États-Unis et la France s’étaient engagés sur ce plan, et se sont appuyés sur les très efficaces combattants du PYD pour combattre Daech… Ce PYD qui est le bras armé du PKK. Mais la page est tournée. Les Kurdes sont abandonnés par les US et la France. Ils sont les grands sacrifiés des évènements actuels, et ne vont pas se laisser faire. La Russie et l’Iran ont pris des engagements pour tenir la question kurde, ce qui fait de la Turquie leur obligée, sachons le dire clairement.

    3/ En se trouvant garante du cessez-le-feu, la Turquie reconnaît définitivement qu’elle finançait et armait les groupes djihadistes et que, si elle a accueilli tant de réfugiés syriens, c’était pour vider l’armée syrienne. Elle va devoir assumer cette responsabilité et dans le même temps gérer les désillusions, car la défaite d’Alep, qui est la sienne, ouvre le chapitre inévitablement destructeur des luttes des clans au sein de la rébellion syrienne, dont la région d’Idlib va être le terrain.

    4/ L’assassinat de l’ambassadeur de Russie en Turquie par un policier turc a signé la faiblesse du régime turc, et l’inefficacité de la répression. La Turquie avait de quoi redouter la réaction russe… à juste titre. Celle-ci a été de velours, mais avec une main de fer : tu es incapable d’assurer la sécurité, alors c’est avec nous, ou c’est fini pour toi. Les contacts de Erdogan avec Lavrov, ministre russe des affaires étrangères, et Choïgou, ministre russe de la défense ont dû être, disons, particulièrement intenses.

    5/ Les États-Unis sont perdus devant les évènements, et ils n’ont même pas été en mesure de répondre à la demande d’appui de l’armée turque, dans la bataille que celle-ci conduit depuis quelques semaines pour reprendre Al-Bab, un bastion de Daech. La semaine dernière, 16 soldats turcs ont été tués. Les États-Unis étant aux abonnés absents, c’est l’aviation russe qui est venue à la rescousse, pilonnant les positions de Daech. Vraiment, on passe d’une époque à une autre, mais il y aura un coût élevé pour Erdogan.

    6/ A quel prix, la Turquie va-t-elle pouvoir rester dans l’OTAN, accueillant une stratégique base militaire des États-Unis, et contrainte de s’en remettre à la Russie et à l’Iran pour sauvegarder son intégrité ? Le peuple turc, happé par les choix irréfléchis de ses dirigeants, est désormais exposé à toutes les tensions et à tous les coups tordus.

    III – L’accord de paix

    Aujourd’hui, c’est le cessez-le-feu, mais demain ce sera les négociations de paix, qui vont s’ouvrir d’ici fin janvier à Astana. Les partenaires sont la Syrie, Russie, la Turquie, l’Iran et ce qui restera de la rébellion syrienne.

    Mais qui y aura-t-il d’autre autour de la table ?

    On se doute que Poutine, Lavrov et Choïgou vont tout faire pour y installer des pays arabes, au second rang bien sûr.

    Sissi a rompu avec les États-Unis et l’Arabie saoudite, et l’Égypte sera là, ou pas loin.

    Assuré d’une place aussi le Qatar, qui a lâché les djihadistes d’Alep, à la suite de deux accords passés avec la Russie. Le 6 septembre 2016, a été signé à Moscou un accord de coopération militaire entre la Russie et le Qatar, et surtout, le 10 décembre 2016, a été conclue la vente de 19,5% des actions de Rosneft, la société russe d’exploitation du pétrole et du gaz au fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA), pour 11 milliards de dollars, faisant du Qatar le second actionnaire de Rosneft après l’État russe. On est là avec l’enjeu décisif de l’approvisionnement de l’Europe en gaz. Au premier rang des fournisseurs, se trouvera désormais la Russie, l’Iran et le Qatar, avec 50% des réserves mondiales de gaz naturel, et ces trois États vont pouvoir organiser les gazoducs en passant par la Syrie et la Turquie. Le revirement de la Turquie et du Qatar place l’Europe en situation de grande dépendance énergétique. Nos gouvernements, prisonniers de l’OTAN, sont des marionnettes des US, et on voit le résultat.

    La Russie parviendra-t-elle à convaincre aussi l’Arabie Saoudite de venir à Astana ? L’Arabie Saoudite est au plus mal, lâchée par l’inconsistant Obama, lâchée aussi par la Turquie et le Qatar, embourbée au Yémen… Ce alors qu’un accord est certainement possible sur la base de la diplomatie russe : respect des États, et à chacun selon sa place et son influence. La présence de l’Arabie Saoudite à Astana assurerait la paix dans la région. L’Iran, le grand rival des Saoudiens, est rodé à l’hostilité US, alors que l’Arabie Saoudite se demande comment faire alors que la tutelle US s’est écroulée. Et sûr que Lavrov et Choïgou ont de plus quelques arguments convaincants…

    Les États-Unis et leur caniche français ? May be… Poutine a d’un revers de main retourné les puériles provocations du pré-retraité Obama, pour garder les mains libres alors qu’il va devoir gérer quatre ans avec Trump.

    En attendant, on sait qui dirige, et sur quelles bases.

    Voir en ligne : sur son blog l’acualité du droit

     

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  • Trump, Syrie, Procès Lagarde, la nouvelle abjection de Jean-Hébert Armengaud du Courrier international

    Le Grand Soir
    Journal Militant d'Information Alternative
     
    Cette semaine
    Le credo enfumeur d’un journaliste engagé et de ses comparses
    Vladimir MARCIAC
    Le numéro du 1er décembre de Courrier international annonçait en « une » que Cuba était libérée et proposait un éditorial dont le titre affichait toute la neutralité, tout le désir d’objective information, toute la délicatesse qu’on peut attendre de celui qu’il faut bien présenter d’emblée comme un fieffé menteur. Je vais en faire la démonstration. L’abjection éditoriale, signée du rédacteur en chef, Jean-Hébert Armengaud, est titrée : « Fidel Castro : la momie est morte ». Tout le reste est de ce niveau. Cet (...) Lire la suite »
     
     
    Viktor DEDAJ
    Ca vous arrive de poser des questions qui fâchent ? Moi, ça m’arrive tout le temps. Parfois je ne le fais pas exprès et parfois je ne connais même pas la réponse. Ce n’est pas le cas pour celles-ci. Celles-ci, je les pose exprès et je connais les réponses, qui n’en sont d’ailleurs pas (des réponses) puisqu’il n’y en a pas (de réponses – oui, je sais, ça a l’air tordu, mais attendez, vous allez comprendre). C’est par rapport à la Syrie. (oui, je sais, c’était précisé dans le titre). La Syrie, donc. Petit (...) Lire la suite »
     
     
    Lyonel ICART
    Défier le récit des puissants : C’est le titre du livre du cinéaste engagé Ken Loach, palme d’or au festival du film de Cannes en 2016. Jamais titre ne fut plus approprié pour décrire ce qui se passe dans le monde occidental ces jours-ci. Après les référendums danois, irlandais, français, néerlandais rejetés par les peuples mais fourgués à ce vulgum pecus par voie parlementaire ou en les faisant revoter, c’est comme si les peuples avaient décidé de s’attaquer au cœur de l’Empire. Si la surprise du Brexit (...) Lire la suite »
     
     
    Olivier FOREAU
    Dans une vibrionnante tribune intitulée « En France, les femmes sont libres » (Huffington Post, 05/09/2016) Manuel Valls s’est fixé dernièrement un nouveau challenge pédagogique : faire entrer dans le crâne d’une journaliste étrangère les concepts de principes républicains et de laïcité à la française. A lire ses explications pour le moins embrouillées, on devine que la tâche est rude. D’ailleurs il concède, bon prince, à propos de la laïcité : « Je sais combien cette singularité française a du mal à être (...) Lire la suite »
     
     
    CADTM France, CADTM Belgique
    La Cour de justice de la République a rendu ce lundi 19 décembre son jugement dans l’affaire de l’arbitrage Tapie : l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy et actuelle directrice du Fonds monétaire international, Christine Lagarde est reconnue coupable mais reste dispensée de peine et son casier judiciaire reste vierge (!). Véritable prouesse, voire un non-sens juridique, cette sentence est définitive car il n’est pas possible de faire appel. Elle ne fait que confirmer une justice d’exception à (...) Lire la suite »
     
     
    Piero GLEIJESES
    Le départ de Fidel Castro à ses 90 ans a été l’occasion pour les adversaires de la révolution cubaine de reprendre le mantra idéologique en faveur d’une démocratie abstraite, tout en évitant d’aborder ses acquis sociaux et de développement humain. Mais la politique étrangère de Cuba a été d’une cohérence remarquable et son impact a été salué par de nombreuses personnalités, y compris par ses ennemis. Quels sont les principes révolutionnaires qui ont motivé Fidel Castro depuis 1959 et qui restent l’objet d’un (...) Lire la suite »

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