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Monde - Page 6

  • Colombie: pour en finir avec le conflit armé

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    Lilia Solano est une militante colombienne des Droits de l’Homme reconnue.  Elle est également membre du Frente Amplio por la Paz (Front Élargi pour la Paix), un acteur majeur dans les revendications de participation populaire en Colombie, dans un contexte de répression généralisée contre les hommes et femmes qui dénoncent le système en place. Dans cette interview accordée en exclusivité au Journal de Notre Amérique, elle décortique les vrais enjeux des pourparlers de paix en cours en Colombie, le rôle des médias dans la diabolisation de l’opposition ainsi que la complicité entre les Etats-Unis et le gouvernement colombien.  Lire l’interview complète réalisée par Alex Anfruns.

     

    Source: Investig’Action

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  • 9 avril 1948, une journée (très) particulière

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    Au printemps 48, plus de 3.000 personnes périrent dans les affrontements qui suivirent l’assassinat du populaire tribun Jorge Eliecer Gaitán, alors candidat à la présidence colombienne. Marqué par tant de violence et témoin 5 ans plus tard du coup d’Etat du colonel Batista à Cuba, Fidel Castro a longtemps exploré, sans succès, les voies de la requête juridique avant d’opter pour le choix des armes.

    Ce 9 avril 1948, Fidel Castro avait rendez-vous à 14h précises avec Jorge Eliecer Gaitán dans son cabinet d’avocat au centre de Bogotá. Ce dernier était alors candidat à la présidence colombienne et tout indiquait qu’il avait de grandes chances d’emporter les élections. Le jeune cubain, 22 ans à ce moment, avait entendu parler de Gaitán lors d’un procès retentissant où il avait défendu les ouvriers agricoles de la multinationale américaine United Fruit Company (UFC) victimes de la sanglante répression de l’armée colombienne qui causa – selon l’ambassade américaine d’alors – la mort d’au moins mille ouvriers. Ces ouvriers avaient comme revendication principale l’abolition du système de paie via des « bons d’achat » valables uniquement dans les magasins propriétés de l’UFC et où ils devaient consommer des produits américains transportés par les bateaux de la compagnie au retour du transport des bananes en territoire américain. Gabriel Garcia Marquez décrit cet épisode dans son fameux roman Cent ans de solitude.

    Le début d’un demi-siècle de guerre

    Le rendez-vous entre l’étudiant en droit et l’avocat n’eut pas lieu ce jour-là parce que ce dernier fut assassiné une demi-heure avant l’heure fixée ; Castro se trouva alors immergé non seulement dans l’énorme tourbillon populaire provoqué par cet assassinat mais aussi, et peut-être surtout, confronté à la violence comme résultante des revendications sociales en Amérique latine. La colère populaire, en particulier paysanne, ne fit que grandir d’autant plus que le gouvernement conservateur ne montra pas le moindre enthousiasme – et pour cause – pour découvrir les commanditaires du crime. Plus d’un demi-siècle de guerre – dont l’acte de clôture est en cours de négociation ces jours-ci, entre les Farc et le gouvernement colombien – a commencé ce jour-là.

    Mais il y avait un autre visiteur d’importance en même moment à Bogota et ce, pour des motivations bien différentes. Il s’agissait du Général américain Georges Marshall, le même qui avait conçu le fameux plan qui porte son nom et qui était venu en Colombie pour présider la IXe Conférence Panaméricaine, événement destiné à renforcer la concertation, plus exactement, le contrôle des forces armées latino-américaines par les Etats-Unis. Un des faits qui avaient éveillé ce besoin avait été la tentative de débarquement, l’année précédente, en République dominicaine, d’un groupe de combattants cherchant à débarrasser ce pays du fameux dictateur Trujillo, personnage du roman de Vargas Llosa La Fête au bouc  ; parmi ces combattants, déjà le très jeune Fidel. Le vétéran général américain et le jeune étudiant cubain furent sûrement très marqués par cette journée du 9 avril, connue comme « El bogotazo », au cours de laquelle on estime que plus de 3.000 personnes périrent dans les affrontements qui suivirent l’assassinat du populaire tribun Jorge Eliecer Gaitán. Un autre invité surprise de cette journée, décidément assez spéciale, était un jeune journaliste qui prenait un café pas très loin du lieu du crime. Il s’appelait Gabriel Garcia Marquez.

    Une vaine quête des voies juridiques

    Quant au Cubain, malgré ces rencontres avec la violence tant dans sa tentative de débarquement en République dominicaine que lors du Bogotazo, devenu docteur en droit de l’Université de la Havane, il voulait encore croire dans les normes de vie institutionnelles et démocratiques. Même peut-être à l’excès et ce, loin de l’image univoque du guérillero, tel qu’il est connu médiatiquement. Très peu connu est le fait que le choix des armes qui fut le sien en 1956, fut le résultat et la réponse à une longue quête idéaliste, voire naïve, des voies juridiques. En effet, témoin du coup d’Etat militaire du colonel Batista contre le régime constitutionnel du président Carlos Prio Socarraz en 1953, il s’est souvenu que la Constitution du pays consacrait, comme une de ses valeurs suprêmes, le respect de la souveraineté populaire. Pas très compliqué alors, pour ce jeune avocat de rédiger une requête en bonne et due forme adressée au Président de la Cour Suprême de Cuba lui enjoignant de prendre les mesures appropriées non seulement pour remettre en place le Président illégalement déchu mais, surtout, pour faire peser tout le poids de la loi sur l’auteur du délit contre la Constitution.

    La réponse de la Cour ne tarda pas et la sentence tomba sur le plaignant, Castro lui-même, arrêté et condamné par la justice cubaine d’alors pour « outrage à l’autorité ». Ainsi, sa première guérilla fut de papier. C’est après avoir compris que les portes de la loi étaient fermées qu’il organisa avec une bande de camarades l’attaque de la caserne Moncade et c’est plus tard qu’il partit à la montagne avec le Che.

    Comprendre un parcours politique, plus encore, chercher à porter jugement sur lui réclame la connaissance d’un minimum de faits qui façonnent d’une manière ou d’une autre, la personnalité du sujet de ce parcours. Si quelque chose particularise celui du dirigeant cubain c’est le fait qu’il a été, dans une large mesure, le produit des réponses aux questions qu’il croyait indispensables de poser, à partir de son idée du devoir, en lien avec l’époque qui fut la sienne.

    Texte paru initialement sous forme de carte blanche dans le journal Le Soir

    VIDÉO ICI

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  • 10 FAITS qui montrent comment les multinationales achètent la politique de l'UNION EUROPÉENNE



    Simple, clair, percutant et ultra pédagogique. A répandre largement. Et la question qui me préoccupe : dans ma commune, le maire a entrepris toute une action de lobbying en faveur des "mutuelles".

    Il y a impliqué la mairie, ouvert des lieux de rencontre entre le représentant de ces lobbys et les citoyens au prétexte de leur permettre d'obtenir des tarifs plus "intéressants" que ceux dont ils disposent, étant entendu, c'est bien connu que la Sécurité sociale n'est plus à la hauteur des besoins et n'assure plus la couverture nécessaire. Quant à s'interroger sur cette situation, ce serait du temps perdu.

    Ma curiosité m'ayant poussée à interpeller le lobbyiste, je me suis fait répondre par lui : "Ah vous Madame, vous voudriez qu'il n'y ait que la Sécurité sociale", et par le maire : " On est en économie de marché, ça ne me choque pas moi qu'il y ait des gens qui gagnent de l'argent " !!!

    Notons que ce maire se présente comme un "non inscrit de gauche" et l'on s'interroge sur ce qu'un économiste appelle la bêtise des gens "intelligents", à quoi il convient d'ajouter leur sidérante méconnaissance des choses, voire leur ignorance crasse. Il serait imprudent néanmoins de méconnaître l'influence que de telles démarches ont sur les esprits . Les gens présents à cette rencontre étaient pleins de gratitude pour un maire si soucieux de leurs intérêts !

     

     

    http://www.communcommune.com/2016/11/10-faits-qui-montrent-comment-les-multinationales-achetent-la-politique-de-l-union-europeenne-video.html

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  • Les accords commerciaux et la mondialisation du fascisme

     

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    « Au cours des dernières années, il y a eu une tendance vers la démocratie et l’économie de marché. Cela a diminué le rôle du gouvernement, ce à quoi les milieux d’affaires sont tendanciellement favorables. Mais le revers de la médaille c’est que quelqu’un doit prendre la place des gouvernements, et les entreprises me semble être une entité logique pour le faire ». (David Rockefeller)

    « Nous sommes, même à l’intérieur des pays démocratiques, bien plus empoisonnés par l’esprit totalitaire que nous ne le pensons. » (  Jean Guéhenno, Journal 1937)                                                                      

    En partant de la Suisse, il faudrait traverser au moins la moitié de la planète avant d’atteindre l’océan Pacifique. Cette distance à elle-seule rend peu probable une adhésion de la Suisse à l’Alliance Pacifique (PA) ou au Partenariat Transpacifique. Néanmoins, la multinationale suisse Nestlé est plutôt bien engagée dans le PA. et ses objectifs. Nestlé parait également avoir une influence importante sur la politique étrangère suisse et tente d’intégrer le gouvernement suisse au PA. C’est du moins ce que nous apprend le “First Youth Meeting of the Pacific Alliance” qui s’est tenu au Pérou le 19 mai dernier. L’information suivante nous provient du site web de l’évènement :

    “La rencontre, organisée par le PA et Nestlé, a réunit des représentants éminents des ministères du travail et de l’éducation du Chili, de Colombie, du Mexique et du Pérou, ainsi que le secrétaire d’Etat à l’éducation, à la recherché et à l’innovation du gouvernement suisse, Mauro Dell’Ambrogio, des leaders de l’industrie et des délégations de jeunes entrepreneurs et étudiants des quatre pays membres.”

    Le PA est né à la fois comme une réaction et un “mur de protection”. Ses pays membres – Colombie, Chili, Pérou et Mexique – partagent une idéologie de dérégulation du marché et avaient besoin d’ une barrière pour se protéger de l’agenda d’inclusion sociale, de régulation du marché et d’utilisation des ressources naturelles en faveur d’un développement national, tel que défendu par les gouvernements progressistes latino-américains. Le principal objectif du PA est de promouvoir le   Trans-Pacific-Partnership (TPP).

    Mais quelle est la véritable nature du TPP et des autres traités sur le commerce en cours de négociation – le Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP), le Trade in Services Agreement (TiSA), et le Comprehensive Economic and Trade Agreement (CETA)? Ils partagent de nombreux points communs, y compris le secret qui entoure leurs négociations. Ce que nous connaissons est principalement dû aux efforts d’ONG telles que Greenpeace, Wikileaks et d’autres qui ont divulgué et rendu publique ces informations.

    Dans le cas du TPP, seuls 6 des 30 chapitres ont un réel rapport avec le commerce. Le reste concerne principalement la protection des investissements et des entreprises vis à vis de la comptabilité publique. On peut raisonnablement imaginer que c’est le lot des autres traités commerciaux. Noam Chomsky les appelle justement « accords sur les droits des investisseurs ». Ancien secrétaire d’Etat britannique pour le commerce et l’industrie, Peter Liley – loin d’être un critique de gauche – exprimait par exemple ainsi ses inquiétudes au sujet du TTIP :

    « Mes trois préoccupations principales concernent le Mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États. »

    (ISDS en anglais). Cela crée un système de tribunaux – juridictions spéciales – dans lesquels de grandes sociétés étrangères peuvent poursuivre les gouvernements (mais pas vice versa) en invvoquant des politiques qui nuisent à leurs investissements.

    Les entreprises américaines pourraient poursuivre le gouvernement britannique s’il voulait ramener dans le secteur public les services fournis par des privés dans la santé publique, l’éducation, et ainsi de suite (…) Ces tribunaux donnent aux multinationales étrangères leur propre système juridique privilégié, trop coûteux pour les petites entreprises étrangères (une affaire coûte en moyenne 8 millions $), et dont les entreprises britanniques sont exclues. En outre, les «juges» sont des avocats d’affaire qui, quand ils ne siègent pas à la Cour, travaillent pour, les entreprises et sont donc bienveillantes à leur égard. Les causes sont entendues en grande partie dans le secret …

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  • Nous et l'Amérique

    par MS21

    L’élection de D. Trump a fait couler beaucoup d’encre dans le monde entier, en particulier au sein de l’UE.

    Cette élection ne changera que marginalement la politique internationale des Etats-Unis d’Amérique : l’histoire longue de ce pays l’atteste.

    En même temps, l’élection de ce démagogue en dit long sur la décomposition économique et sociale de ce pays, comme ce fut le cas de N. Sarkozy ou Hollande en France, ou de Berlusconi en Italie, etc.

     

    Les USA sont socialement disloqués.

    Cette dislocation se retrouve non seulement entre couches sociales, mais entre les Etats. Or il existe une loi d’airain en géopolitique : des différenciations économiques trop fortes entre composantes d’une Nation entraîne automatiquement sa dislocation. Déjà, deux Etats les plus riches expriment des velléités d’indépendance. Cela ne se fera certainement pas, mais cela montre la profondeur du malaise.

    Sa monnaie, le dollar, ne vaut plus rien (même pas 2 grammes d’or), et n’est reconnu que grâce à ses forces armées qui n’hésitent pas à éliminer physiquement tout dirigeant politique ou d’entreprise dans le monde qui remettrait cette monnaie en cause.

    Sa balance commerciale déficitaire depuis de nombreuses années, politique destinée à tenir les pays émergents, est comblée par le vol de l’épargne dans les autres pays, tout particulièrement dans l’UE (d’ailleurs formatée pour cela).

    L’Etat est en faillite et ne survit que par l’émission très très massive de sa monnaie, ce qui réduit encore plus sa valeur équivalent or.

    Son armée pléthorique peine à renouveler son matériel, et surtout peine à embaucher, l’obligeant à recruter massivement des mercenaires en Amérique du Sud. Le lien Nation – Armée s‘est donc fortement distendue.

    Contrairement à ce qui est souvent affirmé, son industrie, très liée à la science, est florissante. Cependant, son système scolaire est chancelant, ce qui pousse à pomper les cerveaux d’autres pays, en particulier dans les pays alliés les affaiblissant ainsi. Ces derniers deviennent des alliés de pacotille face à une troisième guerre mondiale éventuelle.

    Contrairement à ce qui est aussi affirmé, les USA ne sont pas autonomes quant à la production de sources d’énergie, en particulier en pétrole. C’est de la pure propagande … et qui marche ! Ce pays est en réalité obligé d’importer près de 60 % de sa consommation en pétrole. Le pétrole de schiste, sur lequel repose cette propagande, n’a jamais donné la quantité espérée, engouffrant pourtant des sommes colossales.

    Les interventions permanentes dans les pays étrangers, soit sous forme de multiple coups d’Etat ou sous forme d’invasions militaires, a terni l’image des Etats-Unis d’Amérique dans le monde entier.

    La déliquescence sociale, sur laquelle s’est reposée particulièrement la dernière campagne électorale de caniveaux, qui a ouvert les yeux de nombreux peuples sur la réalité de ce pays avec stupéfaction, ne peut plus promouvoir « l’American Way Of Life », fondement de la puissance idéologique américaine dans le monde.

    En stratégie, il existe une « loi » première, incontournable : pour être fort à l’extérieur, il faut d’abord être fort à l’intérieur. La forme qu’a prise la campagne électorale montre que ce n’est plus le cas des Etats-Unis d’Amérique.

    La façon dont D. Trump a été élu est alors peut-être une grande chance pour nous de se débarrasser de la tutelle américaine en France.   Les suppôts américains (les Sarkozy, les Hollande, le MEDEF) vont se sentir bientôt sans maître influent. Leurs boussoles vont s’affoler.  Non pas que le nouveau président américain le souhaite (au contraire, il essaiera de continuer sa colonisation), mais les Français eux-mêmes, comme d’autres peuples en Europe, voudront s’émanciper. Même des candidats à la candidature à droite commencent à s’émanciper : Fillon n’hésite plus à vilipender les USA ! C’est peut-être pour cela qu’il monte dans les sondages des électeurs de droite, détachement que ne peut faire Sarkozy ou Juppé trop publiquement liés aux intérêts américains.

    En tout cas, débarrassons nous de la tutelle dès que possible.

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  • Dans la future administration Trump, un ancien de Goldman Sachs au Trésor, un pétrolier à l’Énergie et un lobbyiste climato-sceptique à l’Environnement ?

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    Donald Trump a construit une grande partie de sa victoire surprise à l’élection présidentielle américaine sur un discours de rejet des élites de Washington et de Wall Street. Une stratégie gagnante qui lui a permis d’attirer une grande partie des classes populaires blanches, au détriment des Démocrates. Mais ceux qui ont pris au sérieux sa rhétorique anti-libérale, et sa dénonciation du libre-échange, des délocalisations et des excès de la finance, risquent fort de déchanter. Donald Trump se prépare en effet à nommer une équipe qui accordera une large place aux intérêts économiques. Avec notamment un ancien dirigeant de Goldman Sachs au Trésor et le patron d’une firme pétrolière au Secrétariat à l’Énergie.

    Une partie des postes ministériels de la future administration Trump sera sans doute réservée aux membres du parti républicain qui se sont rangés derrière lui – comme l’ancien maire de New York Rudy Giuliani ou l’ex gouverneur du New Jersey Chris Christie – mais, pour le reste, la consigne est de trouver des personnalités du monde de l’entreprise. Outre Steven Mnuchin, ancien de Goldman Sachs, patron de la firme d’investissement Dune Capital Management et principal conseiller économique de Trump, favori pour la position de Secrétaire au Trésor, deux patrons de firmes pétrolières pourraient être nommés à l’Intérieur et à l’Énergie (Forrest Lucas de Lucas Oil et Harold Hamm de Continental Resources respectivement). Selon le site Politico, d’autres hommes d’affaires ou ancien dirigeants d’entreprises pourraient hériter, notamment, des Secrétariats d’État au Commerce et au Travail. Sans oublier le poste de Secrétaire à l’Agriculture, où plusieurs représentants de agrobusiness sont pressentis. La direction de l’Agence fédérale de l’environnement pourrait, elle, se voir confier à Myron Ebell, dirigeant de lobbys climato-sceptiques.

    Durant la campagne électorale, une bonne partie des milieux d’affaires américains s’étaient tenus publiquement à l’écart de Trump, en raison à la fois de ses positions sur le libre-échange et de la révulsion d’une bonne partie de l’opinion publique pour ses discours racistes, sexistes et homophobes. Comme nous l’expliquions dans notre enquête sur les financements des entreprises françaises dans la campagne électorale américaine 2016, cela ne les a pas empêché de continuer à financer massivement les Républicains, soit directement, soit par le biais de divers associations professionnelles et lobbys. Certains secteurs comme celui des énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) menacé par les régulations climatiques, de la restauration rapide inquiète des campagnes pour une hausse du salaire minimal, de l’élevage industriel, ou encore des casinos et de l’immobilier, ont soutenu massivement la campagne de Trump. Et celui-ci a pu compter sur le soutien de plusieurs milliardaires, ayant fait fortune dans les casinos, le pétrole ou la finance.

    Les marchés financiers rassurés

    Avant même sa victoire, Donald Trump a assemblé une équipe de lobbyistes chevronnés de Washington liés à Disney, Koch industries et Goldman Sachs – là encore en contradiction avec la posture qu’il a adopté durant la campagne – pour préparer son arrivée à la Maison blanche. Selon The Intercept, des réunions ont été organisées avec des représentants de plusieurs secteurs économiques, dont ceux de la finance et de la technologie. Wall Street et la Silicon Valley, qui ont plutôt misé sur Hilary Clinton, ont-ils du souci à se faire ? Pas forcément, car le candidat Trump, s’il a beaucoup vitupéré les rémunération des traders, a aussi promis de revenir sur la loi Dodd-Frank, adoptée en 2010 pour réguler un peu plus le secteur financier suite à la crise des subprimes. Quant à Apple, Google et autres, ils pourront au moins se consoler avec la promesse du candidat Trump de faciliter le retour aux États-Unis des centaines de milliards de cash qu’ils ont accumulé dans des paradis fiscaux, en réduisant les taxes très élevées qu’elles auraient dû payer.

    Tout ceci explique peut-être que globalement, les marchés financiers mondiaux ont rapidement oublié la nervosité qu’ils avaient affichés en début de journée, à l’annonce des résultats. Le CAC40 a même fini en hausse de 1,5%, tout comme les autres indices européens et le Dow Jones. De nombreux secteurs économiques, perçus comme les bénéficiaires d’une présidence Trump, ont même connu des hausses spectaculaires. C’est le cas du BTP et du transport (en raison du plan d’investissement dans les infrastructures annoncé par Trump après son élection), des industries minières (à la fois en raison de la demande d’or comme valeur refuge, de la remise en cause des normes environnementales et des besoins pour la construction), ou encore du pétrole et de l’énergie (en raison de la remise en cause des politiques climatiques nationale et internationale). Peabody Energy, la principale entreprise charbonnière américaine, a ainsi vu sa valeur boursière bondir de près de 50% en une journée. C’est le cas aussi d’autres industries comme celle des prisons privées ou des marchands d’armes, qui pourraient être parmi les principaux bénéficiaires de notre nouveau monde « trumpien ». Le secteur pharmaceutique sort lui aussi du lot, car il échappe aux mesures de contrôle du prix des médicaments promises par Hilary Clinton. Les principales hausses de la place de Paris ce mercredi 9 novembre (la parapétrolière Vallourec, Alstom, ArcelorMittal, Dassault, Sanofi…) reflètent ces tendances.

    Du côté du secteur des énergies renouvelables, en revanche (Tesla, Vestas…), on faisait plutôt grise mine.

     

    Olivier Petitjean

    Source: L’Observatoire des Mulinationales
    Photo : Giuseppe Milo CC

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  • La politique est la solution

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    Nous ne pouvons pas nous déplacer au Canada ou nous cacher sous le lit. C’est le moment d’embrasser la politique démocratique, et non de la rejeter.

    Nous n’avons aucune illusion sur l’impact de la victoire de Donald Trump. C’est une catastrophe. La perspective d’un gouvernement de droite unifié, dirigé par un populiste autoritaire, représente une catastrophe pour les travailleurs.

    Il existe deux façons de répondre à cette situation. L’une consiste à blâmer le peuple des États-Unis. L’autre est de blâmer l’élite du pays.

    Dans les prochains jours et les prochaines semaines, de nombreux experts vont opter pour la première façon. Les libéraux effrayés ont déjà écrit des explications sur la façon de déménager au Canada ; hier soir, le site d’immigration canadien a planté après une flambée du trafic. Les gens qui nous ont amenés jusqu’à ce précipice planifient maintenant leur fuite.

    Mais blâmer le public américain pour la victoire de Trump ne fait que renforcer l’élitisme qui a rallié ses électeurs en premier lieu. Il est incontestable que le racisme et le sexisme ont joué un rôle crucial dans la montée de Trump. Et c’est effrayant de voir comment son triomphe va renforcer les forces les plus cruelles et les plus bigotes de la société américaine.

    Pourtant, une réponse à Trump qui commence et se termine par l’horreur n’est pas une réponse politique — c’est une forme de paralysie, une politique de planque en dessous du lit. Et une réponse à la bigoterie américaine qui commence et se termine par la dénonciation morale n’est pas du tout politique — c’est le contraire de la politique. C’est la capitulation.

    Croire que l’appel de Trump était entièrement basé sur le nationalisme ethnique, c’est croire que la majorité des Américains ne sont poussés que par la haine et par un désir commun d’un programme politique de la suprématie blanche.

    Nous ne le croyons pas. Et les faits ne le confirment pas.

    Cette élection, selon l’analyste du New York Times Nate Cohn, a été décidée par des gens qui ont voté pour Barack Obama en 2012. Tous ne peuvent pas être bigots.

    Clinton a remporté seulement 65 pour cent des électeurs latinos, alors qu’Obama en avait remporté 71 il y a quatre ans. Elle a réalisé cette pauvre performance face à un candidat qui a misé son programme sur la construction d’un mur le long de la frontière sud de l’Amérique, un candidat qui a lancé sa campagne en qualifiant les Mexicains de violeurs.

    Clinton a convaincu 34 pour cent des femmes blanches sans diplôme universitaire. Et elle a remporté seulement 54 pour cent des femmes dans l’ensemble, contre 55 pour cent pour Obama en 2012. Clinton, bien sûr, était en compétition avec un candidat qui a grogné sur une vidéo qu’il fallait saisir les femmes « par la chatte ».

    C’était l’élection que Clinton devait perdre. Et elle a perdu. Beaucoup de culpabilité retombera sur la candidate Clinton, mais elle n’a fait qu’incarner le consensus de cette génération de dirigeants du Parti démocrate. Sous le président Obama, les démocrates ont perdu près de mille sièges dans les assemblées législatives d’États, une douzaine de gouverneurs, soixante-neuf sièges à la Chambre et treize au Sénat. La nuit dernière n’est pas sortie de nulle part.

    Le problème avec Clinton n’était pas sa particularité, mais sa typicité. C’était caractéristique de ce Parti démocrate de voir les acteurs au pouvoir à Washington décider de leur candidat — avec des approbations écrasantes — plusieurs mois avant qu’un seul bulletin de vote n’ait été lancé.

    Ils ont fait un choix fâcheux pour nous tous en pipant les dés, de manière décisive, contre le genre de politique qui aurait pu gagner : une politique ouvrière.

    Soixante-douze pour cent des Américains qui ont voté hier soir pensent que « l’économie est truquée au profit des riches et des puissants ». Soixante-huit pour cent s’accordent à dire que « les partis et les politiciens traditionnels ne se soucient pas des gens comme moi ».

    Pratiquement seul parmi les politiciens démocrates, Bernie Sanders a parlé de ce sentiment frémissant d’aliénation et de colère de classe. Sanders avait un message de base pour le peuple américain : vous méritez plus et vous avez raison de croire que vous le méritez. Soins de santé, études supérieures, salaire décent. C’est un message qui l’a rendu de loin le politicien le plus populaire du pays.

    La tribune formelle d’Hillary Clinton a abordé certaines des idées concrètes de Sanders, mais elle a répudié son message de base. Pour les responsables du Parti démocrate, il n’y avait aucune raison de pester contre l’Amérique. Pour eux, l’Amérique n’a jamais cessé d’être grande. Et les choses n’ont fait que s’améliorer.

    Les dirigeants du parti ont demandé aux électeurs de leur confier la politique. Ils pensaient l’avoir sous contrôle. Ils avaient tort. Maintenant, nous devons tous faire face aux conséquences. Et nous allons le faire.

    Il s’agit d’une ère nouvelle qui nécessite un nouveau modèle de politique — un modèle qui répond aux besoins pressants et aux espoirs des gens plutôt qu’à leurs craintes. Il s’avère que le libéralisme élitiste ne peut pas vaincre le populisme de droite. Nous ne pouvons pas nous déplacer au Canada ou nous cacher sous le lit. C’est le moment d’embrasser la politique démocratique, et non de la rejeter.

     

    Source originale: Jacobin

    Traduit de l’anglais par Investig’Action

    Source: Investig’Action

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