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Monde - Page 3

  • La Bombe et Nous - Le film : la Bombe et la démocratie.

     

    Deux sondages, à cinq ans de distance, ce sont les seuls éléments dont nous disposons concernant l’opinion de nos concitoyens sur l’arme nucléaire. L’un a été réalisé par l’IFOP en 2012 à la demande du Mouvement de la Paix sur un échantillon représentatif de 984 personnes selon la méthode des quotas. L’autre fin 2016 sur un échantillon représentatif de 1073 personnes par « Opinion Way » à la demande d’ « IDN » (Initiative pour le Désarmement Nucléaire), également selon la méthode des quotas.

    Pas de débats au Parlement qui vote pourtant chaque année les budgets militaires, pas de débats publics, pas même lors des élections. Les candidats aux présidentielles n’en soufflent mot, ni dans leurs meetings ni dans leurs shows télévisés, les candidats à la députation sont encore plus discrets.

    L’opinion des français

    81% des français sont favorables à « une convention internationale d’élimination totale et contrôlée des armes atomique déposée auprès de l’ONU.(2012)

    71% des français sont favorables à la préparation par l’ONU en 2017 d’un traité d’interdiction des armes nucléaires (2016)

    Après le vote négatif de la France en commission 74% des français estiment nécessaire qu’elle révise sa position. 51% des français sont en faveur d’un vote de cette résolution portée par 123 Etats. (2016)

    73% des français sont favorables à la réduction des dépenses militaires (2012)

    Les actes de nos « représentants »

    En 1997 une première Convention relative aux armes nucléaires, est adoptée par l’ONU en tant que document de réflexion. En 2007 une révision de celle- ci vise à l’élimination totale des armes nucléaires suivant un processus déterminé. Elle est soutenue par 127 Etats. Notre « représentant » vote contre

    En octobre 2016 123 Etats votent, en commission, pour le tenue d’une conférence en 2017 visant à rendre les armes nucléaire illégales. Notre « représentant » vote contre.

    Notre « représentant » confirme son vote précédent,

    malgré une pétition organisée par IDN recueillant près de 26 000 signatures en quelques jours.

    En dollars constants la tendance est à la baisse jusqu’en 2015 du fait d’une réduction des effectifs. Il augmentera en 2017. Depuis 2014 Le nucléaire a été « sanctuarisé »par François Hollande. Il est annoncé en augmentation de 67 % d’ici à 2030

    64% des français sont opposés au renouvellement et à la modernisation des armes nucléaires (sous-marins, missiles etc...)(2012)

    78% des français souhaitent que les dépenses militaires soient davantage abordées dans le débat public, notamment lors des élections présidentielles.(2012)

    Depuis 2015 tout l’arsenal nucléaire français a été renouvelé : Nouvelles têtes nucléaires TNO, nouveaux missiles M 51, nouveaux sous marins SNLE-NG, nouveaux avions Rafales, nouveaux missiles aéroportés ASMP-A, nouvelle tête aéroportée TNA.

    Pratiquement pas abordé en 2012, le sera-t-il davantage en 2017 ?

    En ce qui concerne le nucléaire militaire il est clair que nos « représentants » ne nous représentent pas ! Nous vivons dans une « démocratie représentative » mais en l’occurrence notre gouvernement fait le contraire de ce que le peuple veut. C’est pourquoi le sujet est tabou. Cependant peut-on qualifier de démocrates des citoyens qui ne font rien pour qu’il en soit autrement, pour briser ce tabou ? Notre film a cette ambition...à condition qu’il sorte en salles. D’après la proportion indiquée plus haut le film devrait être soutenu à ce jour par un grand nombre de souscripteurs. Nous en avons moins de 30 ! On ne peut toujours « compter sur les autres »

    Si vous faites partie de ces 78% de français mettez en accord votre opinion et vos actes, souscrivez, c’est possible à partir de 5€ !

    : https://www.zeste.coop/fr/decouvrez-les-projets/detail/la-bombe-et-nous-le-film Ou https://zeste.coop et cliquez sur l’onglet « Tous les projets »

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  • La Bombe et Nous - Le film : un monde sans arme nucléaire ?

     

    .... ne loupons pas cette deuxième occasion !

    Nous le savons maintenant, à Reykjavic, en 1986, Reagan et Gorbatchev furent à un cheveu de conclure un accord sur un désarmement nucléaire total. Le journaliste Guillaume Serina a reconstitué à partir de documents déclassifiés, des mémoires des intéressés et d’entretiens particuliers cette rencontre qui aurait pu aboutir à l’éradication des armes nucléaires en 1996. 1

    Bien avant d’être Président Reagan exprimait déjà sa profonde aversion pour la bombe atomique : « Nous vivons dans un monde où les grandes puissances ont pointé sur les autres d’horribles missiles de destruction, des armes nucléaires qui peuvent, en quelques minutes, atteindre le pays et détruire quasiment le monde civilisé... »

    Du côté soviétique on ne connait pas les sentiments de Gorbatchev concernant l’arme atomique, mais la mission que lui ont confié le Bureau Politique et le Comité Central est claire : « Considérant les problèmes du désarmement nucléaire, la position initiale de l’Union Soviétique est que le résultat final de toute mesure dans ce domaine doit être l’élimination complète des armes nucléaires. En allant dans cette direction nous devons nous assurer d’une sécurité égale des deux côtés. »

    Après la première rencontre de Genève entre les deux hommes (nov 1985), deux autres sont programmées l’une à Washington, l’autre à Moscou. Mais Gorbatchev anticipe en proposant une rencontre « informelle » en terrain neutre, à Reykjavic. Celle-ci a lieu les 9 et 10 octobre 1986. Les deux délégations ont sincèrement la volonté d’aboutir à un accord qui serait officialisé à Washington.

    La discussion démarre sur ce qui semblait faire consensus à Genève : la réduction de 50% des armes stratégiques.2Après un exercice de décompte acrobatique Gorbatchev propose de généraliser la diminution de 50 % à tout l’arsenal nucléaire, missiles balistiques, avions, sous-marins. Georges Schultz, ministre des affaies étrangères intervient en faveur de cette proposition. En ce qui concerne les missiles à moyenne portée Gorbatchev propose leur élimination totale en Europe (Pershing et SS 20) et concède de le faire sans tenir compte de l’arsenal britannique et français. Un désaccord subsiste sur les missiles stationnés en Asie et sur la prorogation du traité ABM interdisant la mise en place d’un système antinucléaire défensif qui romprait l’équilibre des forces. Ce dernier point contrarie fortement Reagan qui a lancé le programme de recherches « IDS », la guerre des étoiles, censée établir un bouclier anti-missile par destruction des fusées adverses par des lasers portés par des satellites. Beaucoup de scientifiques américains estimaient le projet irréalisable techniquement et financièrement, les soviétiques qui avaient aussi envisagé le projet l’avaient finalement abandonné. Mais Reagan s’était fortement engagé en sa faveur au cours de sa campagne électorale. Gorbatchev propose que les recherches concernant l’IDS se cantonnent au laboratoire durant un certain temps.

    1 Guillaume Sérina « Reagan Gorbatchev, Reyjavic 1986 : le sommet de tous les espoirs », Ed « l’Archipel », 2016 2

    Arme nucléaire conçue pour attaquer des cibles ennemies très intéressantes situées généralement à très longue portée, souvent intercontinentale. Elles sont

    généralement prévues pour frapper les forces nucléaires stratégiques ennemies et leurs infrastructures, ainsi que les centres industriels et de population. Les

    armes nucléaires stratégiques sont généralement transportées par des missiles balistiques à longue portée. Voir aussi missile balistique intercontinental (ICBM)

    et missile balistique lancé par sous-marin (SLBM).

    Sur questionnement de Gorbatchev Reagan finit par donner son accord à l’option zéro en Europe si une solution est trouvée concernant les missiles en Asie. Il propose de partager l’IDS avec l’l’URSS, ce que Gorbatchev ne prend pas au sérieux.

    Tout va se jouer le deuxième jour de la rencontre. La délégation soviétique est soudée autour des propositions de Gorbatchev : réduction de 50% des arsenaux nucleaires américains et soviétique en 5 ans, retrait des missiles en Europe, négociations sur les missiles en Asie et, élimination totale des armes nucléaires les 5 années suivantes. Pendant ces dix ans les expérimentations « IDS » seront cantonnées en laboratoire.

    La délégation américaine est divisée. Schultz est pour la signature d’un accord mais finalement se rallie à la position des autres conseillers de ne pas céder sur l’ »IDS ». Le texte US présenté en final est extrêmement proche du texte soviétique mais le mot « laboratoire » n’y figure pas, volontairement. Reagan argue que les expérimentations ne peuvent pas être toujours menées en laboratoire, Gorbatchev déclare que la militarisation de l’espace est inacceptable pour l’URSS. Ce fut la pierre d’achoppement sur laquelle échoua cette rencontre.

    Les deux délégations quittèrent Reykjavic avec une profonde amertume et le sentiment d’avoir loupé de très peu un accord de portée historique qui aurait changé la face du monde.

    Le projet « IDS » fut abandonné par le gouvernement des Etats Unis en 1996.

    Le 27 mars débutera la conférence décidée par l’ONU en vue d’aboutir à l’interdiction des armes nucléaires et leur élimination totale. Trente et un ans séparent cette conférence de la rencontre de Reykjavic. Le gouvernement français est hostile à cette conférence, vraisemblablement n’y participera pas mais travaillera à son échec. Ne loupons pas cette deuxième occasion !

    Soutenez la sortie du film « La Bombe et Nous » :

    https://www.zeste.coop/fr/decouvrez-les-projets/detail/la-bombe-et-nous-le-film

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  • "La bombe et nous" dossier exclusif

     

     

    Du lundi au jeudi, dossier spécial réarmement.

     

    Pas de quoi rire, l'heure est grave !

     

    Ne manquez pas ce lundi

    notre dossier complet.

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  • Quand la France colonisait le Maroc par la dette

    Le rôle de la dette dans l’établissement du protectorat français au Maroc n’est plus à démontrer. Guy de Maupassant y fait même allusion vingt ans plus tôt dans son roman Bel-Ami (1885) ! Du milieu du XIXe siècle à 1912, le Maroc affronte en effet des difficultés financières croissantes. L’engrenage infernal de la dette qui lui fut fatal ne commence toutefois qu’au début du XXe siècle, avec l’emprunt de 1904.

    (Photo : Siège de la Banque marocaine pour le commerce et l’industrie (BMCI), filiale de BNP Paribas, à Casablanca. Milamber, 2008)

    Les racines de l’endettement marocain vis-à-vis de la France menant à l’emprunt 1904 sont multiples. À long terme, la faiblesse des ressources de l’État sultanien réside dans la dichotomie entre l’espace où l’État exerce son autorité, le bled el-makhzen, et l’espace non soumis à l’autorité centrale, dissident, contestataire, le bled Siba. Ce véritable mode de régulation de l’empire chérifien1 entraîne un niveau élevé de dépenses militaires sans que la soumission des tribus ne soit définitivement acquise.

    À moyen terme, le Maroc souffre d’un déficit commercial devenu structurel depuis la fin des années 1870. L’exportation massive de capitaux qui en découle nourrit une crise monétaire sans fin appelant sans cesse des flux de capitaux entrants. Ce déficit commercial est la conséquence directe de l’ouverture commerciale du Maroc, entamée dès 1856 par le traité commercial signé avec le Royaume-Uni. L’expansion du droit de protection — l’exemption de toute taxe — dont bénéficient les Européens vampirise par ailleurs les ressources fiscales du Maroc tout en minant l’autorité du sultan.

    Enfin, un certain nombre d’événements politiques déclenchent la crise dans ce contexte d’affaiblissement structurel. En 1900, le régent Ahmed Ben Moussa dit Ba Ahmed décède et son neveu, le jeune Abdelaziz Ben Hassan (22 ans) accède au trône. Il devient alors le jouet d’influences étrangères. Ses dépenses somptuaires et extravagantes (chemin de fer dans son palais à Meknès, voitures, appareils photos en or massif…) encouragées par des missions européennes à sa cour creusent le déficit commercial, en plus d’accréditer les accusations d’impiété qui le visent. Plus grave encore, la réforme de l’impôt, le tertib, décidée en 1901 sous l’impulsion de l’envoyé britannique Arthur Nicholson désorganise le système fiscal : la suppression des anciens impôts islamiques et l’instauration d’un nouvel impôt basé sur la surface cultivée provoquent une levée de boucliers généralisée. Le sultan est dès lors brusquement dans l’impossibilité de percevoir tout impôt direct auprès de ses sujets.

    Le contexte européen est également crucial pour comprendre la gestation de cet emprunt. En France, le ministère des affaires étrangères cherche à assurer progressivement la prépondérance française au Maroc, en évitant de froisser ses concurrents à une époque d’intenses rivalités impériales. La doctrine de « pénétration pacifique » du ministre Théophile Delcassé le mène à placer ses espoirs dans l’arme financière. Méfiant à l’égard de la Banque de Paris et des Pays-Bas (Paribas), qui incarne la haute finance internationalisée, il soutient d’abord la petite société Gautsch du groupe industriel Schneider. C’est elle qui émet l’emprunt marocain de 1902 de 7,5 millions de francs. Elle ne détient toutefois pas suffisamment de capitaux pour se montrer à la hauteur des ambitions du Quai d’Orsay. Il doit alors traiter avec la banque Paribas, avec laquelle il ne parvient pas à s’accorder. Ces divergences menacent l’avance prise par les Français : en 1903, des emprunts anglais et espagnols subviennent aux besoins immédiats du sultan. Ce n’est qu’après l’Entente cordiale d’avril 19042 entre la France et le Royaume-Uni que l’emprunt peut être conclu, en juin 1904.

    VERS L’INSTAURATION DU PROTECTORAT

    L’emprunt n’améliore pas la situation financière du Maroc, bien au contraire. Sur les 62,5 millions de francs prêtés au Maroc, le sultan n’en perçoit que 10,5 millions, le reste servant à rembourser des dettes précédentes et à couvrir les frais d’émission. Le Makhzen se retrouve à nouveau à court de liquidités avant même la fin de l’année. L’emprunt 1904 inaugure ainsi une décennie de détresse financière durant laquelle l’empire chérifien ne peut que contracter de nouvelles dettes pour rembourser les précédentes. En 1910, un nouvel emprunt de consolidation s’élevant à 101 millions de francs parachève l’asphyxie financière du Maroc.

    Malgré cet engrenage, l’étendue de l’endettement marocain calculé au regard des critères standards apparait étonnamment faible. La dette, mesurée selon l’indicateur le plus courant (dette publique/PIB, voir encadré) n’est que de 10 % en 1904, et s’élève à 35 % en 1912. La faiblesse de cet endettement révèle sa nature. Si le Maroc dans sa totalité produit suffisamment de richesses pour que le poids de la dette n’apparaisse pas écrasant, le pouvoir central n’y a en réalité pas accès. L’expansion européenne a de fait brisé le lien fiscal qui unit le Makhzen à sa population. À la suite de la désastreuse réforme fiscale de 1901, le sultan Abdelaziz accusé d’être à la solde des Européens affronte de surcroît une révolte généralisée. Il est finalement destitué en 1907 au profit de son frère Moulay Abdelhafid Al Hassan, qui ne pourra plus infléchir la situation. Entre 1903 et 1912, la dette représente en effet entre 10 et 16 années de recettes fiscales, tandis qu’en moyenne 40 % de ces recettes sont absorbées par le service de la dette chaque année.

    UN ACTEUR MAJEUR, LA BANQUE PARIBAS

    Mais la force de la dette en tant qu’instrument de conquête coloniale ne réside pas seulement dans sa nature financière. Car la dette est politique : elle implique la création d’institutions nécessaires à sa gestion qui empiètent nécessairement sur les fonctions étatiques. Dès la signature du contrat de l’emprunt 1904, une administration du contrôle de la dette est créée pour prélever les revenus douaniers nécessaires à son service. À la suite de celui de 1910, cette administration collecte la totalité des douanes et des taxes urbaines de Casablanca, en plus d’organiser la police et la sécurité à l’intérieur même du pays.

    Le contrat de l’emprunt 1904 prévoyait également une Banque d’État du Maroc (BEM) qui ne sera créée qu’en 1907, après la conférence d’Algésiras3 (1906). Si la BEM est gérée par les puissances occidentales signataires d’Algésiras, elle détient néanmoins les clés du système monétaire marocain : elle obtient le monopole d’émission de la monnaie, le statut de trésorier-payeur et un droit préférentiel pour l’émission des emprunts futurs.

    En 1912, un acteur économique est en position de force dans le Maroc nouvellement conquis : Paribas. La banque a de fait pris la tête du consortium bancaire émetteur des emprunts 1904 et 1910. À ce titre, Paribas dirige la BEM : son président à sa création, Léopold Renouard, n’est autre que le vice-président de Paribas. Dès 1912, Paribas est soucieuse de développer son activité au Maroc : à travers le consortium bancaire qu’elle pilote, elle fonde la Compagnie générale du Maroc (Génaroc), vaste conglomérat présent dans tous les domaines de l’économie marocaine. Un président de la BEM, Edmond Spitzer, résumait : « La Banque de Paris et des Pays-Bas est le chef de file indiscuté de tous les groupes intervenant au Maroc : en fait, elle contrôle la plupart des secteurs importants de l’économie en liaison avec notre Banque d’État, la Compagnie générale du Maroc et l’Omnium nord-africain »4.

    La dette, en tant qu’elle implique des transferts financiers réguliers, à long terme et formalisés par de nouvelles institutions, modifie durablement l’équilibre des pouvoirs au sein d’une économie. Le fait qu’elle ait joué un rôle majeur dans la colonisation du Maroc -– comme en Égypte ou en Tunisie -– a façonné l’économie du pays pendant sa période coloniale. Ainsi, si l’importance de Paribas dans l’économie coloniale marocaine est considérable, il est important de noter que le marché marocain est négligeable pour Paribas, qui opère dans le monde entier. L’intensité de cette asymétrie synthétise le déséquilibre de la relation coloniale.

    Notes :

    1L’opposition entre le bled el-makhzen et le bled Siba ne doit pas être exagérée ni comprise comme dysfonctionnelle. La reconnaissance par le Makhzen d’un espace de dissidence en son sein est au contraire un fait structurant de la sociologie politique du Maroc au XIXe siècle. Voir Ben Mlih, Structures politiques du Maroc colonial (1990).

    2NDLR. Le Royaume-Uni et la France signent le 8 avril 1904 une série d’accords bilatéraux couramment désignée sous le nom d’«  Entente cordiale  » pour résoudre plusieurs différends coloniaux, notamment la reconnaissance de la domination britannique sur l’Égypte et du protectorat français sur le Maroc.

    3NDLR. La conférence d’Algésiras est une conférence internationale sur le Maroc qui se tient du 16 janvier au 7 avril 1906 sous l’égide des États-Unis, réunissant l’empire allemand et ses alliés, l’Autriche-Hongrie et le royaume d’Italie  ; la France, son allié l’empire russe, et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande  ; le royaume d’Espagne, celui du Portugal, ainsi que la Belgique, les Pays-Bas et la Suède. Ses conclusions placent le Maroc sous observation de ces grandes puissances, sous couvert de réforme, de modernité et d’internationalisation de l’économie marocaine.

    4Michel Poniatowski, Mémoires, éditions Plon/Le Rocher (Paris), 1997, p. 243.

    Source : OrientXXI

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  • La CIA contre l’Equateur

     

    Le livre « La CIA contre l’Amérique Latine, chapitre spécial Equateur » de Jaime Galarza et Francisco Herrera, révèle l’intervention et l’ingérence de cet organisme dans la région grâce au témoignage de Philip Agee, espion de la CIA de 1963 à 1968 qui a travaillé plusieurs années en Equateur.

     

    Le but de la CIA était la rupture des relations de l’Equateur avec Cuba et le renversement du président équatorien Carlos Arosemena. Ces deux objectifs furent atteints. « Dans les deux cas, la CIA a basé sa campagne sur l’anticommunisme et a utilisé un incroyable enchevêtrement de mensonges, de falsifications, de terrorisme, d’actes sanglants, d’achat et de vente de consciences, » raconte le livre. Dans la liste des collaborateurs et des informateurs de la CIA en Equateur de ces années-là, figuraient 200 hauts fonctionnaires parmi lesquels le sénateur Reinaldo Varea Donoso qui recevait 800 dollars par mois de l’agence.

    L’ex agent détaille les méthodes de travail des services spéciaux des Etats-Unis en Amérique Latine pour déstabiliser les Gouvernements de la région qui représentent un danger pour les « intérêts » de Washington. Parmi ces méthodes, il y a entre autres la manipulation de l’opinion publique, l’infiltration de partis politiques et d’organisations, la réalisation d’attentats terroristes faussement attribués à des mouvements de gauche, les pots-de-vin, l’espionnage de la correspondance.

     

    La CIA a plus de 70 bases militaires en Amérique Latine et entraîne à l’Ecole des Amériques (Institut de Sécurité et de Coopération de l’Hémisphère Occidental) 1 500 militaires par an en moyenne en provenance d’Amérique Latine et des Caraïbes, à l’exception du Nicaragua, du Venezuela, de la Bolivie, de l’Equateur, de l’Argentine et de Cuba. Elle finance également des ONG et des partis d’opposition contre les Gouvernements qu’elle considère comme « hostiles » aux intérêts des Etats-Unis.

     

    L’Equateur sans bases militaires étrangères

     

    Sur ordre du Président Rafael Correa en juillet 2009, les Etats-Unis ont retiré leur base de Manta (nord de l’Equateur) à l’expiration du bail de 10 ans accordé en 1999 par le président de l’époque Jamil Mahuad. La présence des troupes états-uniennes était condamnée par des organisations politiques et sociales qui dénonçaient des violations des Droits de l’Homme. La base militaire de Manta ou base militaire Eloy Alfaro, inaugurée par l’Armée de l’Air équatorienne le 28 octobre 1978, fonctionnait sur une zone accolée à l’aéroport international du même nom, dans la ville de Manta (Nord).

    Depuis 1999 et pendant 10 ans, grâce à un accord inter-gouvernemental, l’utilisation comme l’accès à la piste et une partie de la base de Manta ont été cédés à l’armée de l’air des Etats-Unis sous prétexte de lutter contre le trafic de drogues dans le nord-ouest de l’Amérique du Sud. Manta devait servir de base d’opérations pour le Plan Colombie, un accord signé entre la Colombie et les Etats-Unis présenté en 1998 par le président colombien Andrés Pastrana comme un programme de développement économique sans drogues dont la véritable intention était l’implantation des forces états-uniennes dans ce pays.

     

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  • Le scandale de corruption du Brésil devient international

     

     

    Comme un feu de brousse, les dossiers de la corruption au Brésil prolifèrent. Le scandale a commencé il y a deux ans et demi par des révélations de corruption concernant Petrobras, la société pétrolière brésilienne. Mais actuellement, c’est le groupe Odebrecht, la première entreprise de construction en Amérique latine, qui est au centre des attentions. Des révélations récentes mettent à nouveau en cause le président Temer et ses ministres. Odebrecht aurait versé des pots-de-vin dans une douzaine de pays, causant des polémiques de l’Equateur jusqu’au Royaume-Uni.

     
       Raf Custers, @rafcusters
     

    En mars 2016, le chef de l’entreprise Marcelo Odebrecht (’Marcelo’) a été condamné à 19 ans et 4 mois de prison ferme, les preuves contre lui étant accablantes. Les analyses de quelques dix appareils téléphoniques de Marcelo avaient mis à nu un schéma de pratiques de corruption et de blanchiment d’argent importantes.

    Il s’avère que le groupe Odebrecht disposait en son sein d’un service dont la seule fonction était de payer des pots-de-vin. Ce Service d’Opérations Structurées gérait les transactions avec des ordinateurs équipés spécifiquement pour cette fraude. Le service organisait les paiements à travers une banque (achetée à cette fin par le groupe Odebrecht) dans l’Etat caribéen d’Antigua. Peu après la condamnation de Marcelo, la presse brésilienne a publié une liste codée des bénéficiaires de ces dessous de table. La Justice brésilienne a alors décidé d’entamer une nouvelle phase d’investigation, la 23e déjà, dans une enquête globale sur la corruption appelée « Opération Lava Jato ».

     

     

    Qu’Odebrecht et les autres grandes entreprises de construction du Brésil se soient associées en cartel  n’est qu’un des résultats de cette enquête. La création du cartel remonte aux environs de 2007, lorsque le Brésil s’est vu octroyer l’organisation de la Coupe du monde de football 2014. [1] Au sein de ce cartel, Odebrecht et ses « concurrents » déterminaient une stratégie à présenter lors des appels d’offre publics pour les travaux liés aux stades de football, afin de garantir que chaque membre du cartel ait sa part. De cette manière, Odebrecht a remporté les appels d’offre pour la rénovation prestigieuse du stade de Maracaña à Rio de Janeiro.

    Le système a été découvert lorsque le groupe de construction Andrade Gutierrez, membre du cartel, est passé aux aveux en échange de l’assurance d’un règlement à l’amiable. Le précédent gouverneur de Rio de Janeiro, Sergio Cabral (du PMDB – Partido do Movimento Democrático Brasileiro – le parti de l’actuel président Temer) a quant à lui été mis derrière les barreaux. Il aurait détourné l’équivalent de 64 millions de dollars du budget de rénovation du Maracaña.

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  • « 3000 nuits »: la résistance des femmes dans les prisons israéliennes

     

    En salle en France depuis le 4 janvier 2017, le nouveau film de la réalisatrice palestinienne Mai Masri 3000 Nuits porte avec force la voix des détenues palestiniennes.

    Nous avons pu le voir dans le cadre de la quatrième édition des rencontres internationales des cinémas arabes à l’initiative de l’association de promotion et de diffusion des cinémas arabes à Marseille et en Méditerranée (Aflam) au musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem).

    Une pluie battante qui tombe cinglante. Des prisonniers dans un fourgon menottés. Les images en fondu enchaîné se figent sur le visage ensanglanté de Layal Asfour. La jeune institutrice de Ramallah était là au mauvais moment. Elle est intervenue pour porter secours à un tout jeune Palestinien blessé. Il est poursuivi pour terrorisme. Elle le sera à son tour, mécaniquement. Descente aux enfers. Prison israélienne de haute sécurité. Le scénario se déroule dans les années 1980, lorsque les prisonniers politiques et de droit commun israéliens et palestiniens sont encore détenus ensemble.

     

    Cette captivante œuvre de fiction ancrée dans le réel est la dernière création de Mai Masri, que l’on connaît davantage pour son travail documentaire, souvent en coréalisation avec son compagnon Jean Chamoun. Tous deux archivent la résistance palestinienne et libanaise. Mai Masri a abondamment traité de la guerre et de la détention, et plus particulièrement de leurs conséquences sur la vie des femmes et des enfants. Cette première fiction lui a déjà valu d’être distinguée par une vingtaine de prix, dont sept en France, et une présentation aux Oscars, avant que le film, réalisé de manière indépendante (Nour Films, Orjouane Productions, Les Films d’ici) ne sorte en salle en janvier 2017.

     

     

    Nour (lumière) dans la nuit

     

    Une fois incarcérée, Layal Asfour devient le matricule 735. Elle est d’abord mise en cellule avec des Israéliennes qui éructent leur haine des Arabes et de la langue arabe au premier regard. Un huis clos insoutenable. Puis elle rejoindra des Palestiniennes. Il y a là Jamilé, Ouma Ali, Sanaa, résistante libanaise qui a perdu un bras… : tous les visages et toutes les générations de femmes en lutte contre l’occupation. Layal Asfour découvre avec stupéfaction qu’elle est enceinte, puis que l’homme qu’elle aimait, son mari, ne va pas hésiter à l’abandonner, refusant de renoncer au visa qu’ils avaient demandé pour rejoindre le Canada. Contre son chantage à l’avortement et à la dénonciation, pour sauver la peau du jeune Palestinien qu’elle a aidé, elle n’hésite pas une seconde et lui tourne le dos et le cœur. Pour Mai Masri, il fallait aussi montrer cette facette de la réalité. Parler des femmes détenues, sur lesquelles il existe très peu de documentation, mais aussi de cet abandon par les hommes — un grand classique universel — tandis que les prisonniers sont toujours soutenus par les femmes et les familles.

    Lorsque la condamnation à huit ans de réclusion, soit trois mille nuits, tombe, Layal Asfour est sonnée. En prison, elle va devenir une autre. C’est d’abord l’arrivée de son fils, Nour, dont elle accouche menottée, qui change son rapport au monde et la relation avec ses codétenues. L’enfant devient pour elles une flamme de vie à protéger et faire grandir. Les images de Mai Masri et de son opérateur, Gilles Porte, sont d’une beauté rare, saisissant la vie et la joie comme des herbes folles surgies de ce monde de non-droit et de terreur parfaitement restitué par le travail sur les décors d’Hussein Baydoun.

     

    Le prix de l’insoumission

     

    Mai Masri creuse aussi jusqu’à l’os toutes les relations perverses et sadiques mises en place par les gardiennes, le chantage permanent à la dénonciation et à la collaboration, la complexité des relations entre détenues. Les Palestiniennes sont assignées au ménage et à la cuisine. Les scènes de rébellion sont quotidiennes et finissent parfois en batailles homériques de nourriture entre détenues israéliennes et palestiniennes. Mais ce qui va vraiment devenir l’insoumission absolue, c’est lorsque les nouvelles du massacre de Sabra et Chatila pénètrent à l’intérieur de la prison. Plus rien ne peut arrêter la rage et la grève de la faim des prisonnières qui vont s’étendre au bâtiment voisin où sont détenus les hommes. La répression est sauvage. « Je ne veux plus les entendre respirer », hurle une geôlière.

    Encerclement, gaz, coups. Layal Asfour va payer le prix fort pour sa révolte. Elle se verra arracher son fils qui a atteint ses deux ans et que seule la soumission aurait pu lui permettre de garder auprès d’elle un peu plus longtemps.

    Mai Masri a tourné ce film fort et dérangeant dans une prison jordanienne désaffectée, avec d’anciens détenus palestiniens qui ont interprété tous les rôles après un long travail de recueil de témoignages. L’interrogateur israélien est un Palestinien qui a été détenu durant cinq ans en Israël. L’une des actrices a rendu visite à son frère durant quinze ans et retrouvé en jouant la violence de cette histoire intime et collective. Layal Asfour est interprétée à fleur de peau par Maisa Abd Elhadi, actrice palestinienne qui crève l’écran et joue ici son premier rôle aussi politiquement engagé, inspiré de l’histoire vraie d’une jeune mère palestinienne, et qu’elle porte avec fierté.

     

    Un miroir aux yeux du monde

     

    Depuis 1948, plus de 700 000 Palestiniens ont été détenus dans les geôles israéliennes. Ils sont aujourd’hui près de 7 000, hommes, femmes et enfants à y croupir. Pourquoi inscrire le film dans les années 1980 alors que la situation perdure ? Pour la documentariste, ces années étaient particulièrement éclairantes et rendent compte d’un parcours de lutte politique avec des avancées et des reculs.

    Aujourd’hui les détenus politiques et de droit commun, israéliens et palestiniens, sont séparés. Les moyens de déjouer les interdictions de communiquer sont devenus plus difficiles à contourner. La détention frappe toutes les familles. Entre août 2015 et avril 2016, le nombre d’enfants emprisonnés a triplé. Les prisonniers restent donc un enjeu emblématique et déterminant de la lutte pour l’autodétermination, et l’obtention de leur libération s’inscrit dans l’histoire nationale.

    Comme lors de cet échange, en 1983, — auquel le film fait référence —, de six Israéliens détenus par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) contre 4 700 prisonniers palestiniens et libanais. Un événement marquant que Mai Masri fait jouer et qu’elle redouble d’images d’archives, tout comme pour l’évocation de Sabra et Chatila. Cela participe aussi à donner à la fiction son ancrage et son souffle. Ici l’on sait que tout est vrai. Les histoires se mélangent et se télescopent, mais elles ont toutes été vécues. Et elles perdurent.

    Le film a été projeté dans plusieurs pays arabe, primé à Carthage, et aussi diffusé en Israël, en Cisjordanie et à Gaza. Un miroir brandi aux yeux du monde.

     

    Source: Orient XXI

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