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MS21 - Page 31

  • Pourquoi les Britanniques ont dit non à l’Europe

     

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    La décision de quitter l’Europe votée par la majorité des Britanniques est un acte parfaitement démocratique. Des millions de gens ordinaires ont refusé de se laisser impressionner, intimider et mépriser par les analystes des principaux partis, le monde des affaires, l’oligarchie financière et les grands médias.

     

    Ce fut en grande partie le vote de ceux qui étaient déçus et démoralisés par l’arrogance des défenseurs d’une politique de maintien dans l’UE associée à la déconstruction d’une politique sociale équitable en Grande Bretagne. Le service National de Santé, dernier bastion des réformes historiques de 1945, a été à ce point démantelé par les Conservateurs et les Travaillistes partisans des privatisations qu’il en est réduit à devoir se battre pour sa survie.
     

    L’alarme a été déclenchée quand George Osborne, secrétaire au trésor, incarnation de l’ancien régime britannique et de la mafia bancaire en Europe, a menacé d’amputer de 30 milliards de £ le budget des services publics si la population faisait le mauvais choix. Ce chantage était scandaleux.
     

    Le problème de l’immigration a été exploité au cours de la campagne avec un cynisme achevé non seulement par les populistes délirants d’extrême droite mais aussi par les travaillistes traînant avec eux une vieille tradition de racisme, symptôme de corruption du sommet plutôt que de la base du parti. On connaît pourtant les raisons de la présence de ces millions de réfugiés qui ont fui le Proche et le Moyen Orient – d’abord l’Iraq, maintenant la Syrie – suite aux invasions et aux agressions lancées par la Grande Bretagne, les Etats-Unis, la France, l’Union Européenne et l’OTAN. Avant cela, il y eut la destruction délibérée de la Yougoslavie ; plus loin encore la confiscation de la Palestine et l’imposition de l’Etat d’Israël.
     

    Les casques à plumes ont disparu mais le sang n’a jamais séché. Ce mépris du dix-neuvième siècle pour les pays et les peuples, selon l’importance de leur utilité coloniale, demeure une pièce maîtresse de la « globalisation » avec son socialisme pervers pour les riches et son capitalisme débridé pour les pauvres : liberté pour le capital, déni de liberté pour le travail, politiciens perfides et agents civils politisés.
     

    Tout cela a maintenant atterri en Europe, enrichissant Tony Blair et ses semblables en appauvrissant et asservissant des millions de personnes. Ce 23 juin, les Britanniques n’ont rien vu d’autre.
    Les promoteurs les plus efficaces de «  l’idéal européen » n’ont pas été l’extrême droite mais une insupportable classe patricienne dirigeante pour laquelle Londres représente le Royaume Uni. Ses membres dirigeants se voient comme instruits, libéraux, élite éclairée du vingt et unième siècle et même un peu cool. Ils ne sont en réalité qu’une bourgeoisie aux goûts consuméristes insatiables, porteuse de sentiments de supériorité dépassés.
     

    Dans leur quotidien, le Guardian, ils ont aboyé jour après jour sur ceux qui osaient considérer l’Union Européenne comme profondément anti-démocratique, à la source d’injustices sociales et d’un extrémisme virulent connu sous le nom de néolibéralisme.
     

    L’objectif de cet extrémisme est d’installer une théocratie capitaliste figée qui conforte une société à trois classes : une majorité divisée et endettée dirigée par une classe structurée stable et une classe permanente de travailleurs pauvres. Aujourd’hui, en Grande Bretagne, 63% des enfants pauvres vivent dans une famille dont un seul membre travaille. Pour eux, la trappe est déjà fermée. Une étude rapporte que 600.000 habitants du Grand Manchester, la seconde ville britannique, découvrent les effets de la grande pauvreté tandis que 1.6 millions de Britanniques s’enfoncent dans la précarité.
    Cette situation catastrophique a été trop peu évoquée par les médias contrôlés par la bourgeoisie, notamment par la BBC dominée par Oxbridge. Pendant la campagne du referendum, aucune analyse en profondeur n’a pu éclipser le cliché hystérique d’une sortie de l’Europe, comme si la Grande Bretagne allait subitement dériver vers les courants hostiles quelque part au nord de l’Islande.
     

    Au matin après le vote, un reporter de la BBC accueillait les politiciens dans son studio comme de vieux copains en disant, notamment à Lord Peterson, architecte déconsidéré du Blairisme : « Pourquoi ces gens rejettent-ils l’Europe à ce point ? ». « Ces gens » sont la majorité des Britanniques.
     

    Tony Blair, opulent criminel de guerre, reste un héros de la classe « européenne » Mandelson, ce que l’on n’ose plus guère dire aujourd’hui. Le Guardian a décrit Blair en son temps comme un mystique fidèle à son projet de guerre prédatrice. Après le scrutin, l’éditorialiste Martin Kettle a apporté une réponse Brechtienne au mauvais usage de la démocratie par les masses. « Aujourd’hui, nous pouvons nous accorder sur le fait que les referendums sont mauvais pour la Grande Bretagne. » titrait-il sur sa page. Le « nous » n’était pas explicité mais bien compris, tout comme l’était « ces gens » à la BBC. « Le referendum a conféré moins de légitimité aux politiques, rien de plus, » écrivait Kettle…Le verdict au sujet des referendums devrait être brutal : plus jamais ça.
     

    Ce genre de brutalité à laquelle aspire Kettle est illustré par le spectacle de la Grèce, un pays passé à l’aspirateur. Là, il y a eu un referendum dont on n’a pas tenu compte. Comme pour le parti travailliste en Grande Bretagne, les dirigeants du gouvernement Syriza à Athènes sont issus de milieux aisés, privilégiés, éduqués, frottés à l’hypocrisie et aux trahisons postmodernistes. Le peuple grec a utilisé courageusement le referendum pour demander à son gouvernement de négocier de meilleurs termes pour l’accord conclu à Bruxelles qui broyait la vie de leur pays. Ils ont été trahis comme les Britanniques l’auraient été.
     

    Vendredi, la BBC a demandé à Jeremy Corbyn, leader du parti travailliste, s’il rendrait hommage à son partenaire, le démissionnaire Cameron, dans leur combat pour le « oui » et il a alors, jusqu’à provoquer la nausée, rendu hommage à la dignité de Cameron, rappelé son soutien au mariage  gay et ses excuses aux familles irlandaises pour les victimes du « bloody Sunday ». Il n’a rien dit des germes de division semés dans le pays par Cameron, de ses politiques d’austérité brutales, de ses mensonges au sujet des garanties apportées au Service National de Santé. Il n’a pas non plus rappelé la folie guerrière du gouvernement Cameron : l’envoi de forces spéciales en Libye, la fourniture de lanceurs et de munitions à l’Arabie Saoudite et, par-dessus tout, sa disponibilité pour une troisième guerre mondiale.
     

    Au cours de la semaine précédant le referendum, aucun politicien ni, à ma connaissance, aucun journaliste britannique n’a fait mention du discours de Vladimir Poutine à Saint Pétersbourg commémorant le septante-cinquième anniversaire de l’invasion de l’Union Soviétique par les Nazis le 22 juin 41. La victoire des Soviétiques au prix de 27 millions de vies soviétiques et de la majorité des forces armées allemandes nous a permis de l’emporter dans cette seconde guerre mondiale.
     

    Poutine a associé l’actuel renforcement fébrile des troupes de l’OTAN ainsi que la consolidation des bases militaires aux frontières occidentales de la Russie à l’opération Barbarossa du troisième Reich. Les exercices de l’OTAN en Pologne ont été les plus importants depuis l’invasion nazie ; l’opération Anaconda a simulé une attaque de la Russie, vraisemblablement avec des armes nucléaires. A la veille du referendum, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a sournoisement prévenu les Britanniques de ce qu’ils mettraient en danger la paix et la sécurité en votant pour la sortie de l’Union Européenne. Ces millions-là l’ont ignoré, comme ils ont ignoré Cameron, Osborne, Corbyn, Obama et celui qui dirige la banque d’Angleterre ; en votant ainsi ils ont peut-être, et seulement peut-être, rendu un espoir de paix réelle et de démocratie en Europe.
     

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    Traduit de l’anglais par Oscar GROSJEAN pour Investig’Action

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  • Adoracion Guaman : « le Traité transatlantique est anti-démocratique »

     

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    Au contexte social de plus en plus tendu partout en Europe, particulièrement en France et en Belgique, s’ajoutent les incertitudes et les peurs autour des négociations du Traité transatlantique. Plus connu sous le nom de TTIP ou TAFTA, il résonne dans la tête des négociateurs comme une avancée spectaculaire en termes économiques et de libéralisation du marché. Mais, pour le citoyen lambda, ce traité semble plutôt être un recul. La sécurité alimentaire, le principe de précaution, les appellations d’origine contrôlée, la protection des PME,… tout ceci semble être mis de côté dans ces négociations opaques. Pour Adoracion Guaman, professeur de droit du travail et auteure du livre «TTIP: l’assaut des multinationales à la démocratie », l’unique enjeu est de permettre une dé-régularisation violente qui amènerait plus de profits aux grandes entreprises et aux détenteurs des moyens de productions.

     

    En quoi les révélations de Green Peace ont-elles apporté quelque chose de nouveau dans le débat autour des négociations sur le TTIP ?

    Les documents de Green Peace nous ont confirmé tout ce qu’on redoutait déjà. Mais leur divulgation prouve aussi que les négociations ne sont pas très avancées car il y a beaucoup de barrières à franchir. On a pu observer dans les textes des postures très différentes des deux côtés (USA et UE) sur des sujets importants comme les marchés publics et les appellations d’origine contrôlée. Il apparaît donc que les USA et l’Europe ne peuvent pas se mettre d’accord aussi facilement que certains l’avaient cru. Et d’autre part le document nous a confirmé que les deux acteurs vont dans le même sens : celui de l’hyper-libéralisation.

     

    Qu’est-ce qui pose le plus gros problème entre les deux parties ?

    Ce qui constitue actuellement le plus gros souci pour l’avancement des négociations ce sont les marchés publics. Cela pose un problème pour les Européens car les Etats-Unis ne veulent pas changer leurs normes. Les USA ont des règles beaucoup plus strictes et encadrantes alors que le marché public de l’UE est très ouvert. L’Europe demande ainsi aux USA d’ouvrir leurs marchés publics mais pour l’instant ces derniers ne veulent pas changer leur position.

     

    Si les négociations semblent bloquées à ce niveau, pourquoi les documents de Green Peace ont-elles provoqué autant de remous dans l’opinion publique ?

    Dans les 16 documents, on retrouve des passages qui sont déjà ‘consolidés’. Enfin, ‘consolidés’ n’est peut-être pas le bon terme car il ne s’agit pas d’une version définitive mais il y a bel et bien des sujets sur lesquels les négociateurs ont émis une espèce d’accord préliminaire.

    Parmi ces accords préliminaires, on retrouve la question des importations et exportations de produits agricoles entre Etats-Unis et Union Européenne. Question pour laquelle les négociateurs ne semblent pas se soucier du principe de précaution, notamment en ce qui concerne les produits phytosanitaires (pesticides, insecticides,…). En revanche, il n’y a pas d’accord préliminaire concernant les taxes pour les véhicules.

    Ce qui nous désole, c’est de voir que les intérêts des négociateurs sont très éloignés des intérêts des consommateurs. L’agriculture semble ainsi passer après les voitures, alors qu’on estime que la nourriture est plus importante pour l’être humain que les transports.

    Ce point est d’ailleurs d’autant plus important que la Commission Européenne répète aux associations et aux ONG qu’elle ne va pas laisser tomber le principe de précaution. Or, quand on analyse le discours des négociateurs européens, on constate qu’ils disent très clairement : « il faut regarder objectivement les évidences scientifiques pour protéger les gens ».

    Le problème c’est que l’observation objective va à l’encontre du principe de précaution. Rien n’est dangereux tant qu’on n’a pas pu l’observer scientifiquement, c’est ainsi que raisonnent les négociateurs. Pourtant, cela fait des années qu’on utilise des produits phytosanitaires et c’est seulement aujourd’hui que l’on peut observer les dégâts sur les sols. Alors doit-on attendre les effets sur notre corps pour avoir une « évidence scientifique » de la toxicité de ces produits ?

     

    L’agriculture est donc le point le plus sensible selon vous ?

    L’agriculture est un point important mais ce n’est pas le seul. Il y a un passage dans les textes qui s’attarde sur les PME. Il prévoit divers mécanismes d’information mais il n’y a rien qui concerne leur protection dans un marché qui deviendrait encore plus concurrentiel. Il n’y a pas de système contraignant pour gérer les différences (entre USA et UE). En fait, de façon générale les négociations ne s’attardent que très peu sur le travail, l’environnement et les PME, bref tout ce qui concerne directement les « petits ». En ayant lu le CETA, on se doutait que le TTIP serait du même acabit. Et les documents de Green Peace ont confirmé que, oui, la libéralisation/dérégulation sera très considérable.

     

    Le document de Green Peace est « vieux » d’après plusieurs eurocrates. Ils ont souligné que beaucoup de choses avaient déjà été modifiées depuis. Peut-on dès lors s’y fier ?

    Les documents ne sont pas si vieux qu’ils veulent bien le laisser sous-entendre. La révision juridique du texte et les dernières modifications ont vraisemblablement été faites fin 2015. C’est vrai que les choses peuvent toujours être modifiées mais, je le répète, ce qui est important à ce niveau des négociations, et le document de Green Peace nous le confirme, c’est la tendance ! Une tendance ultra-libérale dont on connaît les dérives.

     

    Mais est-ce que le TTIP est réellement faisable ? L’Europe n’arrive déjà pas à s’harmoniser au niveau social et fiscal entre les 28. Est-il imaginable que l’Europe tout entière s’harmonise avec les Etats-Unis ?

    C’est vrai que l’harmonisation sociale et fiscale n’est pas au point en Europe mais, pour ce qui concerne les services et la circulation des marchandises, tout est encadré. Il y a des normes de concurrences, de sécurité alimentaire, etc.

    Le problème avec le TTIP n’est pas l’harmonisation en soi, c’est plus dangereux que ça. Les eurocrates parlent d’harmonisation mais on ne va pas arriver à cela. C’est en effet beaucoup trop compliqué d’arriver à une harmonisation. Ils vont donc certainement passer par le principe de reconnaissance mutuelle. Cela signifie que l’on va reconnaître comme valide la norme de l’autre, pour éviter la complexité d’une harmonisation. C’est encore plus dangereux car du coup on ne peut même pas discuter.

    Ils vont essayer d’utiliser des mécanismes de coopération pour ce qui ressort du domaine technique comme la construction des voitures. Pour ce genre de sujets, ils vont donc arriver à des accords, mais pour des sujets complexes où il y aurait trop de lois à modifier, ils vont passer par le principe de reconnaissance mutuelle.

     

    Dans ce cas de figure, à qui serait-ce le plus profitable ? Aux Etats-Unis ou à l’Union européenne ?

    On ne peut pas parler d’un intérêt des EU contre les UE car ce n’est pas ça. C’est la classe populaire contre ceux qui ont les moyens de production, les plus grosses entreprises et ceux qui ont le plus d’argent. Ce sont les grandes multinationales qui profiteront vraiment de l’ouverture du marché transatlantique, pas les petites et moyennes entreprises.

     

    À vous entendre, le seul but du TTIP est de libéraliser encore plus et de donner plus d’argent à ceux qui en ont déjà. C’est ça ?

    Il ne s’agit pas vraiment de libéraliser, bien que le sens de ce mot soit parfois tronqué, mais de dé-régulariser. Mais le plus gros ennui avec ce TTIP c’est qu’il est avant tout anti-démocratique. Il éloigne encore plus la population du pouvoir de décision, laissant les questions importantes de la vie de tous les jours (qualité de l’alimentation, sécurité des produits,…) hors de notre portée. On voit déjà, rien qu’en Europe, que les détenteurs de moyens de production et les grandes entreprises ont énormément de poids à travers le lobbying qu’ils exercent aux plus hauts niveaux des pouvoirs décisionnels. Si l’Europe dé-régularise et met fin à ses normes sur les OGM par exemple, pourrons-nous faire marche arrière ?

    Les ONG anti-TTIP veulent en réalité poser un cadre dans lequel on (le peuple) garde un minimum de pouvoir, notamment sur le principe de sécurité qui permet de garantir une certaine protection pour notre santé.

    D’autant qu’aujourd’hui, et de plus en plus, on réduit les dépenses publiques tout en offrant des facilités pour soutenir les investissements privés. Cela déséquilibre d’avantage la balance qui est pourtant déjà largement favorable aux puissants.

     

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  • Spécial BEXIT

    De mercredi à samedi inclus, 4 articles pour bien comprendre le Brexit.

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  • CONTINENT AMÉRICAIN : Exiger la paix, dénoncer l’ingérence !

    Journal de Notre Amérique 15:
    Exiger la paix, dénoncer l’ingérence !
    Alex Anfruns
     
    En 2014 à La Havane, les pays membres de la CELAC ont réaffirmé que l’Amérique Latine est une Région de Paix, où l’usage de la force est exclu, notamment le recours aux armes de destruction massive et nucléaires, ce qui devrait être incompatible avec la présence des USA dans 70 bases militaires dans la région (Amérique centrale et du Sud)
     
    Au Venezuela, le contexte de guerre économique et médiatique est propice aux tentatives de réactivation des vielles méthodes d’ingérence. Mais les changements opérés lors de ces 17 années de bolivarianisme sont profonds…
       
                                                      Voir le Journal

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  • Connaître ses droits est une infraction : un écrit d'avocat à lire à vos risques et périls

    C’est nouveau, c’est français, posséder sur soi un document expliquant nos droits en cas d’arrestation, et donc expliquant les lois en vigueur, peut maintenant être perçu comme étant une « intention de nuire » selon le procureur général de Paris… De pire en pire…

    Le fait, pour un manifestant, d’avoir en sa possession un tract syndical donnant des conseils en cas d’interpellation fait-il automatiquement de lui un suspect ? C’est ce qu’a estimé le procureur général de Paris. Cela en dit long sur la politique pénale de notre gouvernement, pour l’avocate Laure Heinich.

    Il se trouve que 74% des sondés estiment que l'exécutif ne fait pas suffisamment preuve de fermeté à l'égard des casseurs! C'est ceux là, qui véhiculent aveuglément cette rhétorique du casseur après l’avoir ingérée, comme toutes les désinformations/propagandes venant des médias et du gouvernement, sans hésiter!

     

     

    Par 
     Avocate

    LE PLUS. Le fait, pour un manifestant, d'avoir en sa possession un tract syndical donnant des conseils en cas d'interpellation fait-il automatiquement de lui un suspect ? C'est ce qu'a estimé le procureur général de Paris. Cela en dit long sur la politique pénale de notre gouvernement, pour l'avocate Laure Heinich.

    Édité par Rozenn Le Carboulec

    Devant donner sa position sur la demande de mise en liberté d’un individu soupçonné d’avoir participé à des violences lors d’une manifestation, le procureur général de Paris choisit de s’y opposer. Parmi les raisons invoquées, un tract trouvé en perquisition. Il s’agit d’un document d’un syndicat d’avocats donnant des conseils en cas d’interpellation. Sur ce tract, sont énoncés les droits des personnes placées en garde à vue (le droit au silence, le droit de se faire assister d’un avocat, de prévenir sa famille, de bénéficier d’un examen médical), il y est aussi prescrit de ne pas insulter les forces de l’ordre ni d’avoir un comportement violent envers eux. 

    Pour le procureur général, détenir un tel document prouve la volonté de participer à une action violente et justifie ainsi la répression la plus ferme. Il semble donc que connaître ses droits en cas de placement en garde à vue caractériserait une intention de nuire.

    Au pays de "Charlie", lire est un danger

    Suspecter un citoyen qui s’informe, cela en dit long sur la politique pénale de notre gouvernement… Au pays de "Charlie", si la liberté d’écrire est sauve, lire est un danger. On recommanderait trop de ne pas s’intéresser au droit des prisonniers, la sanction semblant dictée par l’intitulé du papier.

    Par un tel positionnement, le procureur général entend ni plus ni moins sanctionner l’accès au droit par les citoyens. Et puisque nul n’est censé ignorer la loi, impossible d’échapper à la répression : c’est une infraction de la méconnaître et une infraction de l’apprendre…

    Celui qui se défend, suspect de trop connaître son dossier

    Dans les tribunaux, la suspicion pèse depuis longtemps sur celui qui se défend, suspect de trop connaître son dossier, suspect de ne pas plier devant le système, de ne pas se confondre en excuses bien formatées.

    Aujourd’hui, ces suspicions pèsent sur celui qui s’informe avant de participer ou non à une manifestation avec pour objectif évident de l’en dissuader. C’est ce constat que dresse mon confrère Emmanuel Daoud qui voit, dans ces réquisitions écrites du procureur, une volonté de l’État de criminaliser le mouvement social. La répression guette dès lors qu’on manifeste pour ses droits, qu’on les exerce ou qu’on tente simplement de les connaître.

    Tous prennent le risque de l'illégalité

    On comprend mieux pourquoi les avocats font l’objet d’autant d’intimidations (écoutes téléphoniques, perquisitions, garde à vue, etc.) puisqu’ils sont les vecteurs de l’objet du délit : la connaissance de la loi qu’ils transmettent.

    Toutes les issues étant bloquées, les contestataires, les intéressés, les curieux, les lecteurs, ceux qui veulent participer à l’espace public, prennent donc le risque de l’illégalité. Le message adressé aux citoyens est clair : mieux vaut ne pas bouger.

    Il faut peut-être se poser autrement la question de qui paralyse la France ? La politique pénale affichée démontre une crainte démesurée face aux mouvements citoyens. Quelle vérité craignent-ils à ce point qu’il faille nous museler ? Au moment où il nous est demandé de résister, nous sommes en droit de nous interroger : qui a peur ?

     

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  • Les violences policières occultent toujours et encore le débat politique sur la loi travail

     par MS21

    Les violences policières occultent  le débat politique sur la loi travail
    Les violences policières occultent  le débat politique sur la loi travail
    Les violences policières occultent  le débat politique sur la loi travail
     
     

     

    Les mobilisations contre la loi travail ne faiblissent pas. La réponse du gouvernement s'est toujours caractérisée par d'innombrables violences policières à Paris, Rennes, Marseille, Nantes. Le récit de ces violences, en boucle dans les médias, éclipse ainsi le débat politique contre la loi El Khomri. Le gouvernement parle de casseurs organisés pour expliquer et justifier l'usage par les forces de l'ordre des flashballs et autres grenades de dispersion. Mais qui dit « organisés » dit aussi « organisations ». Nous attendons du gouvernement qu'il en dise plus sur ces mouvements de « casseurs organisés » qui se manifestent de manière semble-t-il « concertée » dans de multiples villes françaises.

     

    Plutôt que de s'en prendre à ces bandes, la police procède à des arrestations arbitraires de militants et pratique ainsi des mesures d'intimidation à leur encontre. A Paris, un militant syndical Sud rail et un enseignant-chercheur en sociologie à l'Université Paris 8, syndiqué à la CGT, sont frappés et placés en garde à vue avant d'être jugés par le tribunal de Bobigny.

     

    Le MS21 condamne cette stratégie gouvernementale pour faire passer en force la loi travail qui s'illustre par de nombreuses régressions en terme de droits collectifs et de conditions de travail. Il apporte son soutien aux militants arrêtés et demande au gouvernement leur libération immédiate.

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  • Que se passe-t-il en Ukraine ?

     

     par MS21

    Oleh Tvahnybok, leader de Svoboka un mouvement fasciste
    Oleh Tvahnybok, leader de Svoboka un mouvement fasciste

    Oleh Tvahnybok, leader de Svoboka un mouvement fasciste

    Mais que peut-il se passer à Odessa pour que la présence, le témoignage d'étrangers soient redoutés?

     

    Le 2 mai 2014 un rassemblement pacifique se tenait sur la place des champs Kulikovo, à Odessa, afin de récolter des signatures pour obtenir un référendum sur une organisation fédérale de l’Ukraine. Ce rassemblement a été violement attaqué par une expédition terroriste de groupes de neo nazis de Pravy-sektor, provoquant de nombreux morts parmi ces habitants d'Odessa.  Certains, pour échapper aux nervis neonazis se sont réfugiés dans la maison des syndicats qui a été  encerclée, puis incendiée. Au moins 42 victimes supplémentaires ont péri par le feu ou en se défenestrant et ont été  achevées par les assaillants.

    En janvier 2015 une délégation des mères d’Odessa est venue témoigner dans diverses villes de France (le 28 janvier à Marseille, le 29 janvier à Nice). C'est à cette occasion que nous avons fait connaissance des membres de cette délégation.

    Le 2 mai 2016 était le deuxième anniversaire de cet épisode dramatique à la commémoration duquel nos amis ukrainiens nous invitaient. Nous étions quatre à répondre à cette invitation : Serge , ancien résistant et Sylvie, sa fille, Claude et Mireille fille et petite fille de Gleb Sivirine, commandant du célèbre maquis Vallier, maquis gaulliste qui a opéré dans le Var jusqu'aux combats de la libération. Gleb Sivirine étant né lui même à Odessa, elles profitaient de ce voyage pour retrouver le berceau de leurs origines familliales.
    Des informations alarmantes nous avaient dans un premier temps convaincu de renoncer à notre participation à ces commémorations : Saakashvili et Poroshenko auraient mobilisé 1000 tueurs du bataillon Azov pour "maintenir l'ordre".
    Pour éviter tout prétexte à de nouvelles violences, les familles des victimes du massacre du 2 mai ont décidé de remplacer les  commémorations publiques qui étaient prévues par des repas privés dans les familles. Seul étaient maintenu et autorisé par la mairie d'Odessa un moment de recueillement au cimetière devant les tombes des victimes.
    Nos amis d'Odessa tenaient beaucoup à la présence de témoins étrangers et ont maintenu leur invitation. C'est donc à ces moments de recueillement privés que nous étions conviés.
    Mais il semble que la présence, le témoignage d'étrangers soient redoutés puisque, visiblement, nous étions attendus et avons été retenus à la frontière. Après un interrogatoire de plus de 2 heures, nous avons été interdits de pénétrer sur le territoire ukrainien, et placés sous surveillance militaire dans l'aéroport d'Odessa. Nous avons dû passer la nuit dans des conditions très rudimentaires, allongés sur des banquettes en fer avec deux oreillers et deux couvertures pour quatre. Toujours « accompagnés », confinés pendant les 3 heures ½ de la correspondance d'Istanbul, nous avons été reconduits jusqu'à Nice – notre point de départ. Nos passeports nous ont été confisqués, remis directement dans les mains de la compagnie aérienne chargée de nous rapatrier. Ce n'est qu'arrivés à Nice que nous avons pu les récupérer des mains de la police française. Interrogés, escortés donc et privés de liberté pendant 21 heures.

    Nous avons donc été empêchés de nous recueillir sur les tombes des victimes de la tuerie du 2 mai 2014, empêchés d'apporter le soutien de Français et de partager avec nos hôtes, famille des victimes, un repas en privé.

    Et dire que de tels comportements sont orchestrés par les autorités ukrainiennes qui bénéficient du soutien actif de l'Union européenne avec en première ligne la complicité de notre propre gouvernement et dans le silence assourdissant de la majorité de nos médias.

     

                                Témoignage de  Serge Lesou, Sylvie Pillé, Mireille et Claude Roddier

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