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  • Non à la réforme du travail ! Non à la loi El Khomri !

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  • Le Journal de Notre Amérique n°13 : Dilma au cœur de la tempête médiatique

     

    Equateur, Argentine, Venezuela, Brésil...Depuis quelques mois, une stratégie de contre-révolution à l'échelle régionale est à l’œuvre.

     



    "Nao vai ter golpe". Il n’y aura pas de coup d’Etat. C’est la consigne scandée dans les manifestations en soutien au gouvernement de Dilma Rousseff au Brésil, soigneusement occultées par nos médias. Chez nous, par contre, le récit dominant est un copié collé de la version de la droite brésilienne. Devinez sa cible ? L’entourage de Dilma au Parti des Travailleurs, ainsi que l’ancien Président et syndicaliste Lula Da Silva. L’accusation portée ? Une prétendue corruption généralisée. Et...la vérité là-dedans ? Eh bien, chers lecteurs et lectrices, nous avons le plaisir de vous dévoiler dans ce numéro les dessous de cette manœuvre coordonnée par le pouvoir judiciaire et le monopole des médias brésiliens.

    Ce n’est pas un hasard si tout cela arrive en même temps. Même méthode et mêmes acteurs, le pouvoir judiciaire et les médias argentins s’acharnent contre l’ancienne Présidente de l’Argentine, Cristina Fernandez, dont la popularité, quatre mois après l’arrivée au pouvoir de la droite de Macri, reste énorme. Car les peuples argentin et brésilien n’ont pas oublié les conséquences néfastes de la politique néolibérale menée pendant les années 80 et 90, ni la complicité de ses oligarchies avec les dictatures militaires issues de coups d’Etat il y a quelques décennies. Nous abordons cette face cachée de l’histoire dans les interviews de Hilda Presman et Carlos Aznarez.

    Entretemps, les médias européens continuent à déformer la réalité du Venezuela lorsqu’ils montrent les effets et évitent systématiquement d’expliquer les causes. Pourtant, une véritable guerre économique se déroule sous nos yeux, suivant les mêmes méthodes que celles qui précédèrent le renversement de Salvador Allende, et qui consiste à interrompre la distribution des produits de première nécessité afin de semer le mécontentement dans la population et de briser l’union du peuple avec les leaders de la Révolution bolivarienne.

    Ironie du destin, l’affaire des "Panama Papers" vient confirmer que la droite en Argentine, au Brésil et au Venezuela n’est pas vraiment en mesure de donner des leçons en matière d’évasion fiscale. Pas de chance, les dirigeants vénézuéliens ne figurent pas dans les documents filtrés de Panama. Les gouvernements de Correa et d’Evo non plus. Par contre, il y a déjà de quoi écrire un bon scénario de "télénovela" avec les noms familiers de la droite apatride qui y figurent en abondance, comme Aécio Neves, Eduardo Cunha et...un dénommé Macri.

    Le Journal de Notre Amérique n°13 : Dilma au cœur de la tempête médiatique by Investigaction

     

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    PDF - 1.8 Mo

    Sommaire

    Brésil : à propos des systèmes d’écoute et la responsabilité des médias

     

    Échec à la reine : l’Échiquier brésilien en 2016

    « L’ambassade des Etats-Unis au Brésil ressemble àcelle aux temps d’Allende au Chili »

    Le Brésil vu par Le Monde

    Néolibéralisme et fracture sociale en Argentine

    L’Argentine et la nouvelle géopolitique des Etats-Unis en Amérique Latine

    40 ans après le coup d’Etat en Argentine,les procès contre l’impunité se poursuivent

    Brèves

    Venezuela : les tactiques de Colgate-Palmolive face au désapprovisionnement programmé

    La Révolution Bolivarienne depuis le champ de bataille

     

    La proposition de loi de la droite vénézuélienne :loi d’amnistie ou loi d’amnésie ?

    Source : Investig’Action

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  • Brésil : à propos des systèmes d’écoute et la responsabilité des médias

    La réaction a été immédiate mais insuffisante. Visiblement mal à l'aise, les présentateurs du JT de la chaîne Globo ont lu rapidement un court texte pour justifier la manière dont la chaîne a couvert les tensions de la dernière semaine. Il a été impossible d'étouffer la voix des manifestants qui scandaient "Le peuple n'est pas bête, à bas la chaîne Globo !", lors de la transmission en direct des manifestations. Pour cette raison, on a dit dans les coulisses, que "la presse ne fabrique pas de systèmes d'écoute ni ne mène d'enquête sur la justice ni sur la police". C'est vrai mais il y a bien plus à dire là-dessus…

     



    Le Brésil descend dans les rues manifester contre Dilma et Lula et appuyer le juge Moro (l’en-tête de la couverture du journal sur la gauche)

    Les sympathisants de Dilma et de Lula manifestent dans tous les États. (En-tête de la couverture du journal sur la droite)

    Officiellement les médias brésiliens ne font pas comme The News of the World, ancien journal britannique, qui mettait sur des systèmes d’écoute des politiciens, des célébrités et des gens ordinaires pour obtenir des informations. La découverte de l’illégalité a provoqué un scandale inouï, qui a abouti à l’emprisonnement de journalistes, à la fermeture du journal, à une réaction de la part des autorités et à un débat sur une nouvelle réglementation des médias. Au Brésil, c’est la Police Fédérale qui a mis les systèmes d’écoute en place, à l’ordre du juge Sergio Moro. Cela peut nous faire croire que l’opération s’est déroulée dans une parfaite légalité, puisque les exécuteurs avaient les prérogatives juridiques pour réaliser l’opération. Les circonstances en déterminent l’ampleur et les limites.

    Les écoutes fatidiques

    Les écoutes téléphoniques sont des moyens assez fréquemment utilisés dans les enquêtes. La constitution fédérale garantit des libertés individuelles, entres autres, le caractère privé des conversations téléphoniques, du courrier postal, des informations fiscales et bancaires, mais ces libertés ne sont pas inaliénables en cas d’ordre judiciaire particulier. C’est ce que nous avons vu au Brésil. Un juge décide de mettre sur écoute le téléphone d’un individu et de faire enregistrer ses conversations téléphoniques. Mais le cas des conversations entre Dilma Rousseff et Lula, est polémique, non seulement à cause de leur contenu, mais aussi à cause de la manière dont elles ont été interceptées et divulguées.

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  • Le Brésil vu par Le Monde

     

    Le Monde a-t-il ses raisons de choisir la partialité pour aborder la crise politique brésilienne ? Y-a-t-il une raison pour laquelle Le Monde a choisi de ne pas poser de questions, de ne pas aborder de nouveaux angles, et de ne pas écouter de voix en contre-point à la chorale monocorde des médias brésiliens ?

     



    Cher M. Luc Bronner, cher M. Christophe Ayad,

    Brésiliennes à Paris, nous suivons la crise politique que traverse notre pays d’origine à travers la presse française.

    Par ses principes d’indépendance, de liberté et de fiabilité de l’information, Le Monde fait partie des publications étrangères qui nous offrent un souffle d’impartialité du jeu socio-politique brésilien. Peut-être que les néophytes de l’histoire de ce pays l’ignorent, mais le paysage médiatique brésilien reste, comme le résume Reporters sans Frontières, très concentré dans les mains de familles proches d’une classe politique corrompue. Il n’y a pas dans notre presse de diversités de voix comme on en trouve en France de façon si radicale par exemple entre Le Figaro et L’Humanité.

    La publication des publicités pro-impeachment de la présidente Dilma Roussef payés par la Fiesp — la fédération des industries de São Paulo — dans les versions imprimées et en ligne de Folha de São Paulo, de O Estado de São Paulo et de O Globo démontrent le très peu d’écart entre ce qu’on appelle au Brésil "l’Etat et la Religion", qui se réfère à l’indépendance de la presse. La Fiesp regroupe d’ailleurs ses membres parmi les entreprises pour lesquelles l’évasion fiscale est une donnée familière : en 2015, le montant de la fraude fiscale était de 420 milliards de reais (1) (la corruption est estimée par la même Fiesp à 89 milliards de reais par an) ; le fils du président de la Fiesp, Paulo Skaf, est dans la liste des noms cités dans le Panama Papers.

    C’est parce que nous sommes conscientes de l’impact du Monde sur l’opinion publique et de l’importance du respect de la charte d’éthique et de déontologie du quotidien que nous nous adressons à vous pour vous alerter sur la façon dont le journal relate la plus grave crise socio-politique traversée par le pays depuis 1964.

    Nous sommes sidérées par la présente couverture de votre journal sur le Brésil. Dans ces récits et analyses, il y a un manque de sensibilité, on ne lit aucune multiplicité de sources, ni d’originalité du questionnement, l’approche n’est pas respectueuse de l’ampleur des événements et on ne voit pas l’attention au contexte et à la perspective historique. Bref, il manque Le Monde dans le regard du Monde vers le Brésil.

    Les effets de cette version biaisée, nous les avons ressenti dans nos réseaux parisiens. Abonnés au Monde, architectes, journalistes, professeurs, artistes, réalisateurs, producteurs, chercheurs nous demandent de raisonner sur le "scandale de corruption du PT qui peut destituer Dilma Rousseff et mettre Lula, le président iconique du Brésil, en prison". On dirait qu’ils sont en train de lire Folha de São Paulo, O Estado de São Paulo et O Globo très attentivement. Pour les orienter vers une analyse plus objective et profonde, nous leur recommandons (2) :

    "Brésil, la fin d’une utopie" et "Suicide collectif à Brasília", deux émissions de France Inter, “La crise brésilienne dans une perspective historique”, publié par Autres Brésils, “Brazil is engulfed by ruling class corruption — and a dangerous subversion of democracy”, signé Gleen Greenwald, lauréat du Pulitzer, à The Intercept et finalement “A Coup is in the Air : the plot to unsettle Rousseff, Lula and Brazil", par The Wire.

    Le Monde a-t-il ses raisons de choisir la partialité pour aborder la crise politique brésilienne ? Y-a-t-il une raison pour laquelle Le Monde a choisi de ne pas poser de questions, de ne pas aborder de nouveaux angles, et de ne pas écouter de voix en contre-point à la chorale monocorde des médias brésiliens ?

    Trois articles publiés par Le Monde sont exemplaires dans ce sens :

    1. “Au Brésil, Dilma Rousseff face à des manifestations d’ampleur inédite” (Le Monde, 14 mars).

    L’ensemble des articles sur la manifestation du 13 mars parle des “Brésiliens” comme si 100% de la population était unie autour de la destitution de Dilma Rousseff. Mais qui sont les “Brésiliens vert et jaunes” de la manifestation du 13 mars ? Quel est leur profil socio-économique et leur représentation dans la pyramide sociale du Brésil ? Pourquoi un traitement si différent à propos de la manifestation du 18 mars ? Qui et où sont les Brésiliens de la manifestation du 18 mars ?

    Le quotidien Folha de S.Paulo a choisi un traitement très clair dans ses couvertures sur les deux manifestations : la manifestation du 13 mars a réuni des “Brésiliens vert et jaune” qui sont anti-Dilma et méritent la une (photo à gauche) ; à la manifestation du 18 mars (photo à droite), ce ne sont pas des “Brésiliens”, mais des “pro-Dilma”, des rouges, avec une mise-en-page et un titre beaucoup moins impactant (pour Le Monde, c’est “la foule venue soutenir un Lula humilié et sali”).



    Néanmoins, une recherche a déjà nuancé la diversité de pensées des Brésiliens dans les deux manifestations. Le scénario n’est pas noir et blanc, ou bien jaune et rouge. Le traitement manichéen des "coxinhas" (anti-PT) versus “petralhas” (tous ceux qui ne sont pas anti-gouvernement) a contribué à une vague d’agressions verbales et physiques entre les Brésiliens.

    Les Brésiliens qu’ils soient “jaunes” ou “rouges” sont tous contre la corruption. Cette frustration et cette demande de lutte contre la corruption remonte aux manifestations de 2013, moment historique d’occupation de l’espace public, scène inédite dans le pays après plus de vingt ans. La corruption n’est pas un phénomène nouveau, ni exclusif du gouvernement du PT. Ce qui a changé, c’est que le PT a donné de l’autonomie à la Police fédérale et au Ministère Public (3).

    En 12 ans du gouvernement du PT, la Police fédérale a conduit 2 226 opérations ; à l’époque du président Fernando Henrique Cardoso (PSDB), les enquêtes ne dépassaient pas le nombre de 48. La population ignorait les affaires (et les chiffres) de la corruption au sein du gouvernement : la politique du “abafa” (étouffement) est un fait depuis la dictature militaire, au moins (4).

    2. “Super Moro, le juge qui fait pleurer Lula” (M Le magazine du Monde, 26 mars).

    Collé au profil du “juge médiatique” Marc Trévidic, ce récit, à la mode David contre Goliath, raconte l’histoire du “petit juge de province” contre un ex-président “suspecté de corruption”. Cet “entêté, méthodique et froid” a fait pleurer Lula. Ce "juge justicier" (un parfait exemple d’oxymore ou de contradiction dans les termes), “idole des Brésiliens”, “père de famille qui a fait une partie des ses études a Harvard”, est critiqué “en particulier chez les proches du PT”.

    Au moment de la publication de cette storytelling, les ministres du Tribunal suprême fédéral (STF) du Brésil avaient déjà pointé du doigt les actions de Moro comme arbitraires et politiques. Les méthodes du genre "la fin justifie les moyens" de Moro ne sont jamais remises en question par l’article du Monde. Néanmoins, ce comportement "justicier" de Moro l’a mené devant le STF, qui l’a dessaisi des investigations concernant le cas Lula dans l’opération Lava Jato. Moro a présenté une demande d’excuse au STF pour ses actions. Et si Lula a bien versé des larmes, c’était devant ses partisans, pour parler de ses réussites passées et de ses projets d’avenir. Larmes de crocodile peut-être, quoi qu’il en soit de politicien mais dans un contexte tout autre que celui donné par l’article du Monde qui a fusionné (pour ne pas dire confondu) deux choses différentes.

    3. “Brésil : ceci n’est pas un Coup d’Etat” (Le Monde, 30 mars)

    L’impeachment est prévu et encadré par la Constitution en cas de “crime de responsabilité”. C’est incontestable. Dilma Rousseff est accusée de masquer le budget — cela ne configure pas un crime de responsabilité, un fait répété comme le répètent les ministres du STF. C’est une pratique choquante et à combattre mais c’est aussi une pratique répandue, et courante des représentants du gouvernement.

    La notion de “Coup d’Etat” n’est pas une rhétorique fâcheuse de Rousseff. Le ministre du STF, Marco Aurélio Mello, a déclaré à la presse : “sans un facteur juridique, l’impeachment transparaît comme un coup d’état”. Se joignent à lui des juristes, des professeurs et des avocats : “déguiser une tentative de destitution d’un président a travers une demande d’investigation d’un fait qui ne correspond pas à un crime de responsabilité est une forme contemporaine de Coup d’Etat” (5).

    Deux des journalistes les plus respectés du pays partagent la même opinion. Avec plus de 60 ans de carrière dans la rubrique politique, Janio de Freitas a accompagné les destitutions de trois présidents dans l’Histoire du Brésil. Mario Sergio Conti (6), lui, est l’auteur de “Notícias do Planalto”, enquête publiée en 1999 à propos de la relation entre le pouvoir et les médias pendant le gouvernement de Fernando Collor de Mello. Selon Conti, comparer Rousseff et Collor de Mello, comme le propose Le Monde, est une erreur. Il y avait des preuves de la corruption de Collor. Alors que Rousseff n’est impliquée dans aucun cas de corruption. Le procureur général de la République M. Janot a demandé d’archiver “l’investigation contre Dilma Rousseff dans l’operation Lava Jato”.

    La crise économique et la popularité en baisse de Rousseff ne justifient pas un impeachment. La perte de la majorité dans le Parlement ne doit pas non plus configurer comme une raison pour destituer un président. Cela serait vrai dans un régime parlementaire et pour le Premier ministre. Le Brésil est un régime présidentiel de coalition.

    La destitution est menée par le président de l’Assemblé Nationale, Eduardo Cunha (PMDB), accusé de corruption, blanchiment d’argent et encore un des noms dans le Panama Papers. Parmi les 65 membres de la commission de destitution, 37 sont accusés de corruption ou d’autres crimes. Notamment Paulo Maluf, symbole du politicien corrompu, condamné aussi en France (7).

    Dans le cas d’impeachment, le vice-président, Michel Temer (PMDB), suspecté de corruption, assumerait le poste vacant de président. Le STF a demandé l’analyse de son impeachment (8). Le Monde a interprété les trois minutes pour la prise de décision de la sortie du PMDB de la base Rousseff comme le signe d’un "gouvernement quasi moribond" (9), ignorant que ce n’était là qu’une stratégie politique classique du PMDB, parti le plus néfaste de la vie politique brésilien (à voir l’opinion du gouvernement américain) (10).

    Au contraire du Monde, les brasilianistas des grandes écoles aux Etats-Unis, en France, en Angleterre, ainsi que la secrétaire de la CEPAL (Commission économique de l’ONU pour l’Amérique latine) croient que la démocratie est menacée au Brésil (11). 

    Finalement, la solution magique du Monde pour que le pays puisse “s’attaquer à la crise de croissance et de confiance qu’il traverse comme tant de pays émergent" est la démission de la présidente, afin de mettre le pays dans les mains des mêmes acteurs de toujours. Le PMDB et ses maléfices intrinsèques et ataviques au pouvoir ne peuvent pas représenter une vraie sortie pour les mentalités lucides.

    Plusieurs décisions de l’administration de Rousseff sont sujettes à polémiques : il serait bien de pointer ses erreurs. Il serait pertinent aussi de mettre en question la performance de l’Assemblée Nationale depuis les élections. Pourquoi l’Assemblée n’approuve-t-elle pas les projets concernant l’économie, l’éducation, la santé et même l’aide aux victimes de la tragédie écologique de Mariana ?

    Ces quinze derniers mois, le Congrès le plus conservateur depuis le régime militaire ne s’est occupé que de discuter 55 projets qui proposent, entre autres, de réduire le droit du travail (la loi El Khomri serait considérée comme de l’ultragauche pour les députés et les sénateurs Brésiliens), pénaliser plus sévèrement les femmes et les professionnels de santé qui pratiquent l’IVG, masquer les produits transgéniques au consommateur, réduire la majorité pénale, diminuer le territoire des indiens, réduire les droits des LGBT. La tribune pentecôtiste, dont Eduardo Cunha est le représentant, impose ses restrictions religieuses dans un État qui se bat pour être laïc.

    Le Brésil est une jeune démocratie. Nous avons beaucoup à faire pour avancer, pour développer une économie qui ne dépende pas exclusivement des matières premières, pour évoluer vers une économie verte dans un territoire où la nature est d’une richesse spectaculaire, pour offrir encore les bases en matière d’éducation, de santé et d’infrastructure. Si “le Brésil est un pays d’avenir qui le restera longtemps”, on espère du moins que cet avenir ne sera pas remplacé par un retour vers le passé. Une information de qualité est une des forces pour commencer à écrire une nouvelle histoire. 

    Acceptez nos sincères salutations.

    Stella BIERRENBACH, artiste | Simone ESMANHOTTO, journaliste | Helena ROMANACH, avocate et sociologue | Adriana Ferreira SILVA, journaliste

    Notes :

    1) - economia.estadao.com.br/noticias/geral,sonegacao-de-impostos-no-brasil-chega-a-r-420-bi-em-2015,1784149

    2) - www.franceinter.fr/emission-... et www.franceinter.fr/emission-... et www.autresbresils.net/La-cri... et et theintercept.com/2016/03/18/brazil-is-engulfed-by-ruling-class-corruption-and-a-dangerous-subversion-of-democracy/thewire.in/2016/03/25/a-coup-is-in-the-air-the-plot-to-unsettle-rousseff-lula-and-brazil-25893/

    3) - www.transparency.org/files/c...

    4) - memoriasdaditadura.org.br/corrupcao/

    5) - emporiododireito.com.br/supremo-tribunal-federal-deve-barrar

    6) brasil.elpais.com/brasil/2016/03/31/politica/1459432288_086212.html

    7)- www.latimes.com/world/mexico... et www.monde-diplomatique.fr/20... | www.lemonde.fr/international..., brasil.elpais.com/brasil/2016/03/02/politica/1456926697_853311.html

    8) - www.reuters.com/article/us-b...

    9) - www.lemonde.fr/ameriques/art...

    10) - www.brasilwire.com/pmdb-bras... et wikileaks.org/plusd/cables/04BRASILIA2802_a.html et http://revistapiaui.estadao.com.br/...

    11) - http://www.cienciapolitica.org.br/w... et nacoesunidas.org/cepal-manifesta-preocupacao-diante-de-ameacas-a-democracia-brasileira

    Source : Investig’Action

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  • Échec à la reine : l’Échiquier brésilien en 2016

     

    L’actualité brésilienne est terriblement complexe à comprendre, surtout pour qui ne suit les événements que de loin et via les médias traditionnels européens. Cela dit, il est bon de renverser un certain nombre de certitudes locales. Certains canards méritent qu’on leur casse quelques pattes.

     



    A l’écoute de la RTBF (1), à la lecture de quotidiens belges en ligne, le gouvernement de Dilma Rousseff tendrait dangereusement vers une forme autoritaire et corrompue, alors que des millions de courageux citoyens seraient descendus dans la rue pour défendre l’action d’un juge fédéral, auquel certains vont jusqu’à s’associer sous le slogan « Nous sommes tous Sergio Moro ». Or, si cela ressemble à la réalité, ça n’en a que l’apparence.

    S’il est vrai que le gouvernement Dilma Rousseff est actuellement secoué par une série de scandales, il faut savoir que la présidente elle-même n’est pas soupçonnée de quoi que ce soit, sinon de chercher à défendre son prédécesseur (2).

    Par contre, on ne parle pas beaucoup des membres des différents partis qui composent sa majorité actuelle et qui eux sont pleinement éclaboussés par des accusations de corruption, concernant notamment l’entreprise semi-privée, semi-publique Petrobras ; parmi les personnes concernées, en tête figure l’actuel président de la chambre des députés, Eduardo Cunha, ennemi intime de la présidente, et qui barre systématiquement toute possibilité de changements de législation vers la gauche.

    Le plus « cocasse », c’est que nombre de ces personnages, députés, éclaboussés par l’opération judiciaire nommée « Lava-Jato » (3), se trouvent en première ligne pour demander l’impeachment de la présidente (autrement dit, sa destitution « légale »).

    Comment cela est-il possible ? Le gouvernement brésilien n’est-il pas de gauche ?

    Non. Il ne l’est pas. Il faut d’abord savoir que la présidente a beau avoir été élue au second tour avec plus de 50 pourcent des voix exprimées, elle a dû, tout comme lors de son premier mandat, et tout comme son prédécesseur, Luis Inácio Lula da Silva, s’allier avec plusieurs partis de droite dure, le premier desquels étant le parti du vice-président, Michel Temer, mais aussi d’Eduardo Cunha, le PMDB (4).

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  • Le Brésil vu par Le Monde

    Le Monde a-t-il ses raisons de choisir la partialité pour aborder la crise politique brésilienne ? Y-a-t-il une raison pour laquelle Le Monde a choisi de ne pas poser de questions, de ne pas aborder de nouveaux angles, et de ne pas écouter de voix en contre-point à la chorale monocorde des médias brésiliens ?

     



    Cher M. Luc Bronner, cher M. Christophe Ayad,

    Brésiliennes à Paris, nous suivons la crise politique que traverse notre pays d’origine à travers la presse française.

    Par ses principes d’indépendance, de liberté et de fiabilité de l’information, Le Monde fait partie des publications étrangères qui nous offrent un souffle d’impartialité du jeu socio-politique brésilien. Peut-être que les néophytes de l’histoire de ce pays l’ignorent, mais le paysage médiatique brésilien reste, comme le résume Reporters sans Frontières, très concentré dans les mains de familles proches d’une classe politique corrompue. Il n’y a pas dans notre presse de diversités de voix comme on en trouve en France de façon si radicale par exemple entre Le Figaro et L’Humanité.

    La publication des publicités pro-impeachment de la présidente Dilma Roussef payés par la Fiesp — la fédération des industries de São Paulo — dans les versions imprimées et en ligne de Folha de São Paulo, de O Estado de São Paulo et de O Globo démontrent le très peu d’écart entre ce qu’on appelle au Brésil "l’Etat et la Religion", qui se réfère à l’indépendance de la presse. La Fiesp regroupe d’ailleurs ses membres parmi les entreprises pour lesquelles l’évasion fiscale est une donnée familière : en 2015, le montant de la fraude fiscale était de 420 milliards de reais (1) (la corruption est estimée par la même Fiesp à 89 milliards de reais par an) ; le fils du président de la Fiesp, Paulo Skaf, est dans la liste des noms cités dans le Panama Papers.

    C’est parce que nous sommes conscientes de l’impact du Monde sur l’opinion publique et de l’importance du respect de la charte d’éthique et de déontologie du quotidien que nous nous adressons à vous pour vous alerter sur la façon dont le journal relate la plus grave crise socio-politique traversée par le pays depuis 1964.

    Nous sommes sidérées par la présente couverture de votre journal sur le Brésil. Dans ces récits et analyses, il y a un manque de sensibilité, on ne lit aucune multiplicité de sources, ni d’originalité du questionnement, l’approche n’est pas respectueuse de l’ampleur des événements et on ne voit pas l’attention au contexte et à la perspective historique. Bref, il manque Le Monde dans le regard du Monde vers le Brésil.

    Les effets de cette version biaisée, nous les avons ressenti dans nos réseaux parisiens. Abonnés au Monde, architectes, journalistes, professeurs, artistes, réalisateurs, producteurs, chercheurs nous demandent de raisonner sur le "scandale de corruption du PT qui peut destituer Dilma Rousseff et mettre Lula, le président iconique du Brésil, en prison". On dirait qu’ils sont en train de lire Folha de São Paulo, O Estado de São Paulo et O Globo très attentivement. Pour les orienter vers une analyse plus objective et profonde, nous leur recommandons (2) :

    "Brésil, la fin d’une utopie" et "Suicide collectif à Brasília", deux émissions de France Inter, “La crise brésilienne dans une perspective historique”, publié par Autres Brésils, “Brazil is engulfed by ruling class corruption — and a dangerous subversion of democracy”, signé Gleen Greenwald, lauréat du Pulitzer, à The Intercept et finalement “A Coup is in the Air : the plot to unsettle Rousseff, Lula and Brazil", par The Wire.

    Le Monde a-t-il ses raisons de choisir la partialité pour aborder la crise politique brésilienne ? Y-a-t-il une raison pour laquelle Le Monde a choisi de ne pas poser de questions, de ne pas aborder de nouveaux angles, et de ne pas écouter de voix en contre-point à la chorale monocorde des médias brésiliens ?

    Trois articles publiés par Le Monde sont exemplaires dans ce sens :

    1. “Au Brésil, Dilma Rousseff face à des manifestations d’ampleur inédite” (Le Monde, 14 mars).

    L’ensemble des articles sur la manifestation du 13 mars parle des “Brésiliens” comme si 100% de la population était unie autour de la destitution de Dilma Rousseff. Mais qui sont les “Brésiliens vert et jaunes” de la manifestation du 13 mars ? Quel est leur profil socio-économique et leur représentation dans la pyramide sociale du Brésil ? Pourquoi un traitement si différent à propos de la manifestation du 18 mars ? Qui et où sont les Brésiliens de la manifestation du 18 mars ?

    Le quotidien Folha de S.Paulo a choisi un traitement très clair dans ses couvertures sur les deux manifestations : la manifestation du 13 mars a réuni des “Brésiliens vert et jaune” qui sont anti-Dilma et méritent la une (photo à gauche) ; à la manifestation du 18 mars (photo à droite), ce ne sont pas des “Brésiliens”, mais des “pro-Dilma”, des rouges, avec une mise-en-page et un titre beaucoup moins impactant (pour Le Monde, c’est “la foule venue soutenir un Lula humilié et sali”).



    Néanmoins, une recherche a déjà nuancé la diversité de pensées des Brésiliens dans les deux manifestations. Le scénario n’est pas noir et blanc, ou bien jaune et rouge. Le traitement manichéen des "coxinhas" (anti-PT) versus “petralhas” (tous ceux qui ne sont pas anti-gouvernement) a contribué à une vague d’agressions verbales et physiques entre les Brésiliens.

    Les Brésiliens qu’ils soient “jaunes” ou “rouges” sont tous contre la corruption. Cette frustration et cette demande de lutte contre la corruption remonte aux manifestations de 2013, moment historique d’occupation de l’espace public, scène inédite dans le pays après plus de vingt ans. La corruption n’est pas un phénomène nouveau, ni exclusif du gouvernement du PT. Ce qui a changé, c’est que le PT a donné de l’autonomie à la Police fédérale et au Ministère Public (3).

    En 12 ans du gouvernement du PT, la Police fédérale a conduit 2 226 opérations ; à l’époque du président Fernando Henrique Cardoso (PSDB), les enquêtes ne dépassaient pas le nombre de 48. La population ignorait les affaires (et les chiffres) de la corruption au sein du gouvernement : la politique du “abafa” (étouffement) est un fait depuis la dictature militaire, au moins (4).

    2. “Super Moro, le juge qui fait pleurer Lula” (M Le magazine du Monde, 26 mars).

    Collé au profil du “juge médiatique” Marc Trévidic, ce récit, à la mode David contre Goliath, raconte l’histoire du “petit juge de province” contre un ex-président “suspecté de corruption”. Cet “entêté, méthodique et froid” a fait pleurer Lula. Ce "juge justicier" (un parfait exemple d’oxymore ou de contradiction dans les termes), “idole des Brésiliens”, “père de famille qui a fait une partie des ses études a Harvard”, est critiqué “en particulier chez les proches du PT”.

    Au moment de la publication de cette storytelling, les ministres du Tribunal suprême fédéral (STF) du Brésil avaient déjà pointé du doigt les actions de Moro comme arbitraires et politiques. Les méthodes du genre "la fin justifie les moyens" de Moro ne sont jamais remises en question par l’article du Monde. Néanmoins, ce comportement "justicier" de Moro l’a mené devant le STF, qui l’a dessaisi des investigations concernant le cas Lula dans l’opération Lava Jato. Moro a présenté une demande d’excuse au STF pour ses actions. Et si Lula a bien versé des larmes, c’était devant ses partisans, pour parler de ses réussites passées et de ses projets d’avenir. Larmes de crocodile peut-être, quoi qu’il en soit de politicien mais dans un contexte tout autre que celui donné par l’article du Monde qui a fusionné (pour ne pas dire confondu) deux choses différentes.

    3. “Brésil : ceci n’est pas un Coup d’Etat” (Le Monde, 30 mars)

    L’impeachment est prévu et encadré par la Constitution en cas de “crime de responsabilité”. C’est incontestable. Dilma Rousseff est accusée de masquer le budget — cela ne configure pas un crime de responsabilité, un fait répété comme le répètent les ministres du STF. C’est une pratique choquante et à combattre mais c’est aussi une pratique répandue, et courante des représentants du gouvernement.

    La notion de “Coup d’Etat” n’est pas une rhétorique fâcheuse de Rousseff. Le ministre du STF, Marco Aurélio Mello, a déclaré à la presse : “sans un facteur juridique, l’impeachment transparaît comme un coup d’état”. Se joignent à lui des juristes, des professeurs et des avocats : “déguiser une tentative de destitution d’un président a travers une demande d’investigation d’un fait qui ne correspond pas à un crime de responsabilité est une forme contemporaine de Coup d’Etat” (5).

    Deux des journalistes les plus respectés du pays partagent la même opinion. Avec plus de 60 ans de carrière dans la rubrique politique, Janio de Freitas a accompagné les destitutions de trois présidents dans l’Histoire du Brésil. Mario Sergio Conti (6), lui, est l’auteur de “Notícias do Planalto”, enquête publiée en 1999 à propos de la relation entre le pouvoir et les médias pendant le gouvernement de Fernando Collor de Mello. Selon Conti, comparer Rousseff et Collor de Mello, comme le propose Le Monde, est une erreur. Il y avait des preuves de la corruption de Collor. Alors que Rousseff n’est impliquée dans aucun cas de corruption. Le procureur général de la République M. Janot a demandé d’archiver “l’investigation contre Dilma Rousseff dans l’operation Lava Jato”.

    La crise économique et la popularité en baisse de Rousseff ne justifient pas un impeachment. La perte de la majorité dans le Parlement ne doit pas non plus configurer comme une raison pour destituer un président. Cela serait vrai dans un régime parlementaire et pour le Premier ministre. Le Brésil est un régime présidentiel de coalition.

    La destitution est menée par le président de l’Assemblé Nationale, Eduardo Cunha (PMDB), accusé de corruption, blanchiment d’argent et encore un des noms dans le Panama Papers. Parmi les 65 membres de la commission de destitution, 37 sont accusés de corruption ou d’autres crimes. Notamment Paulo Maluf, symbole du politicien corrompu, condamné aussi en France (7).

    Dans le cas d’impeachment, le vice-président, Michel Temer (PMDB), suspecté de corruption, assumerait le poste vacant de président. Le STF a demandé l’analyse de son impeachment (8). Le Monde a interprété les trois minutes pour la prise de décision de la sortie du PMDB de la base Rousseff comme le signe d’un "gouvernement quasi moribond" (9), ignorant que ce n’était là qu’une stratégie politique classique du PMDB, parti le plus néfaste de la vie politique brésilien (à voir l’opinion du gouvernement américain) (10).

    Au contraire du Monde, les brasilianistas des grandes écoles aux Etats-Unis, en France, en Angleterre, ainsi que la secrétaire de la CEPAL (Commission économique de l’ONU pour l’Amérique latine) croient que la démocratie est menacée au Brésil (11). 

    Finalement, la solution magique du Monde pour que le pays puisse “s’attaquer à la crise de croissance et de confiance qu’il traverse comme tant de pays émergent" est la démission de la présidente, afin de mettre le pays dans les mains des mêmes acteurs de toujours. Le PMDB et ses maléfices intrinsèques et ataviques au pouvoir ne peuvent pas représenter une vraie sortie pour les mentalités lucides.

    Plusieurs décisions de l’administration de Rousseff sont sujettes à polémiques : il serait bien de pointer ses erreurs. Il serait pertinent aussi de mettre en question la performance de l’Assemblée Nationale depuis les élections. Pourquoi l’Assemblée n’approuve-t-elle pas les projets concernant l’économie, l’éducation, la santé et même l’aide aux victimes de la tragédie écologique de Mariana ?

    Ces quinze derniers mois, le Congrès le plus conservateur depuis le régime militaire ne s’est occupé que de discuter 55 projets qui proposent, entre autres, de réduire le droit du travail (la loi El Khomri serait considérée comme de l’ultragauche pour les députés et les sénateurs Brésiliens), pénaliser plus sévèrement les femmes et les professionnels de santé qui pratiquent l’IVG, masquer les produits transgéniques au consommateur, réduire la majorité pénale, diminuer le territoire des indiens, réduire les droits des LGBT. La tribune pentecôtiste, dont Eduardo Cunha est le représentant, impose ses restrictions religieuses dans un État qui se bat pour être laïc.

    Le Brésil est une jeune démocratie. Nous avons beaucoup à faire pour avancer, pour développer une économie qui ne dépende pas exclusivement des matières premières, pour évoluer vers une économie verte dans un territoire où la nature est d’une richesse spectaculaire, pour offrir encore les bases en matière d’éducation, de santé et d’infrastructure. Si “le Brésil est un pays d’avenir qui le restera longtemps”, on espère du moins que cet avenir ne sera pas remplacé par un retour vers le passé. Une information de qualité est une des forces pour commencer à écrire une nouvelle histoire. 

    Acceptez nos sincères salutations.

    Stella BIERRENBACH, artiste | Simone ESMANHOTTO, journaliste | Helena ROMANACH, avocate et sociologue | Adriana Ferreira SILVA, journaliste

    Notes :

    1) - economia.estadao.com.br/noticias/geral,sonegacao-de-impostos-no-brasil-chega-a-r-420-bi-em-2015,1784149

    2) - www.franceinter.fr/emission-... et www.franceinter.fr/emission-... et www.autresbresils.net/La-cri... et et theintercept.com/2016/03/18/brazil-is-engulfed-by-ruling-class-corruption-and-a-dangerous-subversion-of-democracy/thewire.in/2016/03/25/a-coup-is-in-the-air-the-plot-to-unsettle-rousseff-lula-and-brazil-25893/

    3) - www.transparency.org/files/c...

    4) - memoriasdaditadura.org.br/corrupcao/

    5) - emporiododireito.com.br/supremo-tribunal-federal-deve-barrar

    6) brasil.elpais.com/brasil/2016/03/31/politica/1459432288_086212.html

    7)- www.latimes.com/world/mexico... et www.monde-diplomatique.fr/20... | www.lemonde.fr/international..., brasil.elpais.com/brasil/2016/03/02/politica/1456926697_853311.html

    8) - www.reuters.com/article/us-b...

    9) - www.lemonde.fr/ameriques/art...

    10) - www.brasilwire.com/pmdb-bras... et wikileaks.org/plusd/cables/04BRASILIA2802_a.html et http://revistapiaui.estadao.com.br/...

    11) - http://www.cienciapolitica.org.br/w... et nacoesunidas.org/cepal-manifesta-preocupacao-diante-de-ameacas-a-democracia-brasileira

    Source : Investig’Action

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  • CINQ RÉFLEXIONS SUR LE FRONT NATIONAL ( fin)

     

    Les raisons de combattre le FN

     5ème partie

     

    Les adhérents du FN ont des origines diverses. Outre les membres issus de mouvements classés à l’extrême droite historique - mouvement Occident, Ordre Nouveau, GUD, les plus nombreux viennent de la droite classique, d’autres de la gauche et du Parti Communiste. Mais, au-delà de ces distinctions, il reste que le FN engrange non seulement une forte déception - devenue une colère devant l’incurie des partis au pouvoir depuis trente ans en France – mais aussi une attente. Essayons  d’anticiper l’évolution de ce parti dans l’avenir proche.

    1- Le FN : plutôt vichyste que fasciste ?

    Si l'on s'en tient au programme et aux discours actuels du FN, rien ne justifie de le qualifier de parti fasciste. Toutefois, l'historique de ce parti, ses relations dans les milieux néo-nazis européens, ses idées conservatrices, ultra-sécuritaires et xénophobes rappellent étrangement celles du régime de Vichy. Aussi, il semble que l'on puisse craindre qu'en cas de troubles majeurs pour lui - agitation révolutionnaire par exemple- il ne pactise avec le totalitarisme des puissances d'argent qui gouvernent l'UE - lesquelles ne manqueront pas de vouloir rétablir l'ordre libéral à tout prix- tout comme le régime de Vichy a collaboré avec l'Allemagne nazie.

    L’attitude constante des partis politiques adversaires du FN se résume généralement à le considérer comme un parti fasciste. Cette diabolisation est souvent une simple manœuvre tactique de la part de dirigeants qui veulent ainsi camoufler leur responsabilité en évitant les questions dérangeantes. François Mitterrand fut un expert dans cette tactique politicienne destinée à affaiblir la droite classique en permettant au FN en 1986 de trouver une légitimité parlementaire en instituant le vote proportionnel. Mais elle est aussi, dans certaines circonstances, l’expression de craintes sincères de citoyens, parmi les moins jeunes, qui ont connu dans le prolongement des années trente, les effets catastrophiques des totalitarismes d’extrême droite en Europe. Cette crainte n’est donc pas totalement infondée. Elle repose sur ce que l’on nomme par euphémisme les « dérapages » du verbe lepéniste qui vont du « détail » des chambres à gaz jusqu’au « Durafour-crématoire » en passant par l’usage répété de propos antisémites. Elle vient aussi de divers éléments présents dans la terminologie du FN qui caractérisent son héritage de la droite extrême: l’hostilité envers l’ensemble de la classe politique présentée comme intrinsèquement malhonnête et corrompue, l’affirmation d’une identité nationale s’opposant à l’égalité, la volonté de forger une nouvelle élite, l’exaltation d’un État fort ramené à ses fonctions régaliennes. Elle s’appuie enfin sur un constat indéniable : le FN est un parti xénophobe et discriminant. Cela s’est vu dans son histoire récente avec, en 1995, les municipalités d’Orange, de Toulon et de Marignane – puis Vitrolles en 1997 – conquises par l’extrême droite et les dégâts qui s’en sont suivis. Car, à peine installées, ces municipalités frontistes ont révélé leur vrai visage : censure culturelle dans les bibliothèques, mutations et sanctions arbitraires dans le personnel municipal, refus de délivrer des certificats administratifs aux immigrés et pratiques discriminatoires en tous genres qui sont d’ailleurs généralement annulées par la justice pour leur caractère anticonstitutionnel, islamophobie déguisée en principe laïc.

     La nouvelle sociologie du FN

    Mais il faut reconnaître que présenter le FN comme un parti où d'anciens de l'OAS se chamaillent avec des pétainistes à moustaches n’est plus conforme à la réalité. L’âge des élus frontistes, par exemple, montre que la « jeunesse » est devenue une question centrale pour le parti-entreprise des Le Pen-Maréchal. Ainsi, à l'Assemblée Nationale, le benjamin des élus de la Nation n'est autre qu'une benjamine, petite-fille de Jean-Marie Le Pen, étudiante en droit de 24 ans. Les mairies FN aussi ont été rajeunies : Joris Hébrard, masseur-kinésithérapeute inconnu, de 31 ans, a remporté Le Pontet, ville toute proche d'Avignon. Julien Sanchez, 30 ans, est arrivé en tête à Beaucaire. A côté de Forbach, Fabien Engelmann, 34 ans, s'est emparé de Hayange. Enfin à Mantes-la-Ville, devenue la première ville tenue par le FN en Île-de-France, c'est Cyril Nauth, 32 ans, qui a ravi la commune à la maire socialiste sortante. Cette nouvelle stratégie permet au F.N. de mettre en avant de nouvelles figures, de nouveaux discours, plus policés, qui ont l'avantage de masquer un fourre-tout idéologique qui ne s'encombre plus de cohérence. Aujourd'hui au Front National, Florian Philippot promet que son programme ne prévoit plus de revenir sur la loi Weil de 1975 légalisant le droit à l’avortement ; au FN on peut citer Jaurès, se déclarer défenseur du service public, de la Sécu, être homosexuel et se faire l'apôtre du programme du Conseil National de la Résistance, sans que personne ne trouve ouvertement à redire…

    Certes, nous avons vu que l' « ADN » du FN, son histoire, sont à l'exact opposé. Mais le parti de Marine Le Pen n’a pas le monopole du flou idéologique. Le “sarkozisme” a lui aussi construit son corpus idéologique sur un discours plein de confusions, empruntant à l’extrême droite une bonne partie de ses réparties et de ses postures, validant du coup ses idées nauséabondes d'une caution présidentielle. Et aujourd'hui, c'est le  “Hollandisme”, qui rappelle qu'on peut se faire élire avec un discours présentant l’oligarchie financière comme l’ennemi et s’empresser, une fois élu, de s’y soumettre.

    Ceux qui à « gauche de la gauche » feignent d’avoir si peur du FN et de la contagion de ses idées devraient cesser de faire sa publicité et s’occuper vraiment de combattre les reculs sociaux, les privatisations, le pillage des finances publiques, les dénis de démocratie émanant de l’UE, l’étranglement de la Grèce, l’exploitation et la manipulation du terrorisme, la surveillance généralisée sur Internet, les guerres impérialistes déchaînées par les Américains et leurs vassaux qui pratiquent ouvertement la torture, les assassinats d’opposants, et les massacres de migrants. Le FN ne joue aucun rôle dans tout cela. Il rêve sans doute d’y participer mais les forces économiques et impérialistes qui nous gouvernent n’ont pas besoin de lui, pour l’instant, dans un autre rôle que celui d’opposant de pacotille.

     Un héritage vichyste

    Si, au MS21, nous n’assimilons pas actuellement  le FN au fascisme, nous considérons que ce parti est bel et bien porteur de l’héritage vichyste. Toutes les idées et les obsessions de la droite radicale qui ont fusionné en 1940 dans le gouvernement de Vichy se retrouvent encore aujourd’hui dans la synthèse lepéniste. Comme à Vichy, au temps des « illusions » qui a précédé l’alignement pur et simple sur le Reich, on se propose au FN de donner un coup d’arrêt à la décadence française par un retour aux valeurs traditionnelles, en jouant des peurs récurrentes d’une société en crise et en alimentant la xénophobie. Comme sous Vichy, l’ordre politique idéal du FN est celui de l’ordre naturel aux hiérarchies immuables, enraciné dans ses traditions et ses spécificités ethniques et civilisationnelles. Comme sous Vichy, l’État prôné par le FN est un État fort, réduit à ses fonctions régaliennes (justice, police, armée, diplomatie), et censé ne pas empiéter sur les droits de groupes corporatistes constitués (ordre des médecins, ordre des architectes…) .

    Cet héritage apparaît d’ailleurs clairement dans le voisinage que le FN entretient depuis sa fondation, en France et aussi à l’étranger, avec les nostalgiques de la collaboration. Même si Jean Marie Le Pen n’est plus aujourd’hui le chef incontesté de ce parti dont il a été exclu en août 2015, son nom seul permet encore à une jeune femme de 25 ans de briguer la direction d’une région. On est donc en droit de rappeler qu’en évoquant « le point de détail » des chambres à gaz, en banalisant les crimes nazis, en disant que le cas de Klaus Barbie ne l’intéressait pas plus que celui de  « tous les autres Français », l’ancien député poujadiste a poursuivi pendant quarante ans au sein de son parti un but précis qui a été de réhabiliter Vichy et de légitimer la tradition politique qui s’y rattache. Il faut situer dans cette perspective la caution apportée par J.-M. Le Pen et Bruno Gollnisch aux thèses révisionnistes, aux chantres de l’apartheid, aux rédacteurs de tracts antisémites qui sévissaient à la fin des années 90 sur le campus de l’université Lyon III.

    La caractérisation vichyste que nous avons retenue prend aussi toute sa signification quand on prend le temps de lister les thèmes de campagne auxquelles le FN a participé activement ces trente dernières années. En effet le fameux triptyque pétainiste « Travail Famille Patrie », auquel il faudrait adjoindre le christianisme radical, apparaît bien comme la boussole indépassable de ce parti. On citera les campagnes contre la culture jugée blasphématoire (« Je vous salue marie » de JL Godard ou « la dernière tentation du Christ » de M Scorsese), celle contre les médias accusés de pervertir la jeunesse ( notamment en faisant, selon eux, l’apologie de l’homosexualité ou en prônant l’usage du préservatif), celle contre le PACS et plus récemment contre le mariage pour tous, celle contre la célébration des accords d’Evian .

     Des affinités troubles

    Dans le même ordre de comparaison, le FN c’est enfin l’affichage décomplexé d’affinités édifiantes avec des alliés aux idéologies qui renvoient aux pages sombres de l’émergence des totalitarismes en Europe et dans le monde. J M le Pen n’a jamais caché  son admiration pour Salazar, Franco et Pinochet. Aujourd’hui parmi ces partis alliés, il y a le FPO, le parti autrichien de Jorg Haider qui a fusionné jadis avec l’Union des indépendants, créée pour recycler d’anciens nazis. Dans la même mouvance amie on trouve, en Belgique, le parti séparatiste flamand VLAAMS BELANG, qui réclame l’amnistie des anciens collabos et dont le slogan est « Que la Belgique crève ! ». Aux Pays-Bas le modèle de référence du FN est le Parti Pour La Liberté qui compare le Coran à « Mein Kampf » et compte mener une croisade contre l’Islam. En Italie Marine Le Pen a sympathisé avec Mario Borghezio, le plus extrémiste des ex-ministres de la Ligue du Nord, capable de haranguer la foule à Orange – lors de la convention identitaire en octobre 2009 – en hurlant, la main droite levée dans la pure tradition fasciste. Enfin, en janvier 2011, la même Marine Le Pen a expliqué que JOBBIK était le parti hongrois le plus proche du FN, parti qui, accessoirement, dépêche chaque année des milices paramilitaires en uniforme noir pour terroriser les Roms dans différents villages du pays.

    2- Le FN et l’ordre néo-libéral

    La nature exacte d’un parti se révèle à l’occasion d’évènements particuliers. C’est dans le prolongement de la guerre de 1870 puis de l’affaire Dreyfus que le maurrassisme montre son vrai visage ; c’est sous l’occupation allemande en 1940 que se dessinent les lignes de fracture entre trois courants de pensée très différents : la pensée républicaine qui va nourrir la résistance, la pensée réactionnaire qui s’accommode tant bien que mal d’un ordre anti-communiste et l’activisme fasciste qui collabore activement. Alors, dans le contexte actuel, une question devient centrale : quelle sera l’attitude du FN face à la radicalisation inévitable et déjà amorcée de l’oligarchie dominante? La réponse est simple et malheureusement très prévisible. Elle renvoie à la lignée vichyste dans laquelle, nous l’avons vu, s’inscrit directement ce parti. Le FN sera un parti de la collaboration et de la capitulation. Il cédera rapidement face aux exigences de l’ordre capitalistique, des banques et des marchés financiers. Toute proportion gardée, on peut dire qu’il fera allégeance à Bruxelles, comme Pétain l’a fait devant l’ordre Allemand. Nous devons nous préparer à cette collaboration active et historiquement maintes fois rejouée entre l’obsession antisociale et anti-communiste de l’extrême droite et l’ordre totalitaire.

    La menace totalitaire n’est plus dans notre époque moderne celle des bruits de bottes et des chars dans Paris. Elle a revêtu les habits nettement plus feutrés de la bureaucratie européenne mais a gardé l’aversion pour la démocratie parlementaire véritable, celle des parlements nationaux, et l’aversion pour la souveraineté des peuples, celle des États- nations.

    Elle affectionne les mesures sécuritaires et, comme par hasard, elle en appelle très rapidement à l’état d’urgence …

     

    Sources :

    • Petit manuel de combat contre le front national (Flammarion)
    • La confrontation. J Nikonoff ( Le temps des cerises)
    • Extrême  France. F Venner ( Grasset)    
    • Histoire de droites en France. J F Sirinelli ( Gallimard)
    • Le Journal « Tapage » (N°30 article de E Médard :  les jeunes du F.N)
    • La  droite de Michel Winock ( Ed Plon)
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