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  • Cinq réflexions sur le Front National (suite) 4/5

     

    Cinq réflexions sur le Front National (suite)

     

    4- Le FN et la question écologique

     

    4.1- Origine de la pensée écologique du FN.

    Le FN est issu d'un courant de pensée historique qui a intégré l'écologie dans son corpus idéologique, même si le mot « écologie » n'est pas cité explicitement. Le mot le plus à même de positionner le FN par rapport à la question environnementale est « nature » qui est vu comme un héritage, un patrimoine. L'environnement est d'abord et avant tout une question de «patrimoine», de cadre de vie, de paysages qu'il convient de préserver et de protéger. L'écologie est pour le FN une façon d'envisager la préservation du territoire national, ce qui lui permet d'accuser les écologistes de vouloir imposer une gouvernance écologique mondiale contre la souveraineté des nations. On retrouve ici une caractéristique constante du FN : le prisme sécuritaire qui renvoie l’ensemble des problèmes de la société aux dangers toujours liés à l'insécurité et à l'immigration. Enfin, la référence uniquement à la nature exclut tout lien entre crise écologique et crise sociale, bien que les deux soient intimement liées. En matière d'écologie, le FN continue de regarder l'avenir avec les yeux du passé.

    Au fil des années, la question écologique a pris de plus en plus d'ampleur, non seulement à l'échelle locale ou régionale, mais à présent au niveau planétaire : pollutions, surexploitation des ressources naturelles, changements climatiques, érosion de la biodiversité. L'écologie devient peu à peu le grand débat politique de ce siècle car les effets observés peuvent conduire à un effondrement de nos sociétés, autant au Nord qu’au Sud. La question écologique porte un regard sur le devenir de notre civilisation. Les enjeux sont à présent suffisamment importants pour voir se dessiner deux visions d'avenir, soit la remise en cause de notre modèle économique et financier basé sur l'exploitation sans limite des énergies fossiles, soit au contraire la foi en la modernité, au progrès de la connaissance apporté par la recherche scientifique et la capacité de la techno-science de résoudre les problèmes posés. C'est à ces deux visions qu'il faut regarder les positions du FN.

    4.2- La pensée écologique chez Marine Le Pen .

    Les priorités affichées

    L'actualisation de la question écologique, les choix politiques à faire, interpellent tous les partis politiques. Il est donc intéressant de dessiner les contours de la pensée écologique au sein du FN et en tout premier lieu ceux affichés par sa Présidente, Marine Le Pen. A lire son programme, on peut penser que sa première priorité, si elle était élue à la tête du pays, serait de promouvoir la sécurité de la France, sa culture et son identité. Mais la politique prônée serait au seul service des Français, c'est à dire une politique dissuasive à l'égard de l'immigration. Ce repli identitaire ferait donc l'impasse sur la principale question migratoire, celle des déplacés environnementaux (réfugiés climatiques), évalués d'ici 2050 à 250 millions de personnes selon les estimations des Nations-Unies alors que ceux-ci ne bénéficient actuellement d'aucun statut juridique permettant leur reconnaissance par la Convention de Genève.

    Un positionnement en apparence très critique envers la logique néo-libérale

    La France de la sécurité conduit Marine Le Pen à mettre en cause le système ultralibéral et le libre-échange. Le refus de toute règle à un marché qui se définit comme autorégulateur conduit à une vision économique à la fois inhumaine et destructrice de la planète. Pour le FN, il faut donc produire au plus près, retraiter sur place, et redéfinir les règles du jeu, quitte à nationaliser à titre temporaire et partiel. L'exemple de la centrale nucléaire de Fukushima confirme pour le FN que l’État doit rester propriétaire des acteurs de l'industrie nucléaire. Les règles doivent être redéfinies également pour le secteur bancaire, en séparant activités de dépôt et activités d'affaires, afin de protéger l'épargne individuelle et celle des familles.

    Mais une critique qui a ses limites

    En premier lieu, il n'est pas question pour le FN d'envisager une fiscalité écologique. S'il est question de parler de protectionnisme, il s'agit d'un protectionnisme « intelligent » sans pour autant que ce qualificatif avancé par Florian Phillipot soit clairement défini : « la vraie arme pour défendre la nature et la santé des hommes, ce sont les droits de douane ciblés sur les produits fabriqués dans les pays qui ne respectent aucune norme environnementale ». Cette proposition fait l'impasse sur l'idée d'un protectionnisme écologique et social (délocalisations, conditions de travail, travail des enfants), ce qui situe bien les limites du discours du FN. Marine Le Pen préfère quant à elle parler de placer de « barrières de protection ». Dans cette réflexion, il est proposé une extension de la garantie des produits, au minimum à cinq ans, à la charge du fabricant, pour lutter contre l'obsolescence programmée des produits de consommation.

    Un seul responsable : le consommateur

    Pour les services publics, la protection sociale est limitée à rendre le consommateur citoyen, responsable de son comportement, en faisant payer à tous au prix coûtant jusqu'à un certain seuil (palier minimum vital) l'eau et l'électricité et au-delà d'appliquer une tarification plus chère et progressive, la facture permettant ainsi de faire prendre conscience concrètement à l'usager le coût de la consommation et du gaspillage. Mais dans ce registre des besoins fondamentaux, la précarité énergétique n'est pas abordée alors que des millions de foyers en souffrent. La responsabilité individuelle est mise en priorité, en avant, sans que le système économique productiviste au service d'une hyperconsommation et dont la logique conduit également au gaspillage, soit remis lui-même en cause, ou a minima analysé dans ses excès. Tout autant, l'agriculture industrielle est assurée de bénéficier d'un franc soutien du FN, dans le sens où Marine Le Pen estime que le bio est « dictature » et que l'aide doit être destinée à tous les agriculteurs, sans que l'on sache sur quelle base de répartition (production, taille des exploitations) l'aide doit se concevoir. L'idée même d'un soutien à une agriculture familiale de petites exploitations pratiquant de nouvelles formes de cultures comme l'agroécologie est absente du discours.

    De nombreuses questions non abordées

    La question des énergies fossiles n'est pas développée par Marine Le Pen alors que celle-ci est au cœur de la question écologique et sociale. La désaccoutumance aux énergies fossiles n'est pas évoquée, sinon que les énergies renouvelables représentent actuellement pour la Présidente du FN du bricolage. Les éoliennes suscitent chez elle une opposition radicale (« c'est immonde et ça ne marche pas »). Pour le nucléaire, celui-ci se place dans l'histoire du progrès humain, au même titre que la découverte du fer au temps de la préhistoire.

    Le positionnement écologique de Marine Le Pen se radicalise sur les questions globales de l'écologie : biodiversité et climat. La dégradation de la biodiversité ne suscite de sa part aucun commentaire particulier. La dérive climatique suscite simplement une opinion sceptique (« je ne suis pas sûre que l'activité humaine soit l'origine principale du phénomène ») qui remet ouvertement en cause les conclusions du GIEC. La parole de son père et les conclusions des organisations scientifiques sont mises sur le même pied d'égalité, ce qui atteste du peu d'importance que la Présidente du FN accorde aux corps constitués, garants du fonctionnement démocratique de notre société. Le repli identitaire au niveau de la nation s'exprime à nouveau (« peut-on y faire quelque chose? ») niant par là même le besoin d'aide exprimée par les pays les plus pauvres et le problème des réfugiés climatiques.

    Au final, le plaidoyer écologique de Marine Le Pen est centré sur la science, le progrès de la techno-science. Autocentré sur le repli national, la pensée se limite fondamentalement à l'hexagone, niant de ce fait les questions environnementales globales (biodiversité, climat) et la légitimité des corps scientifiques constitués (la parole de son père est tout aussi importante), ce qui pose la question de la démocratie, le désintérêt à toute implication internationale pour aider les pays vulnérables aux manifestations des dérèglements climatiques (solidarité internationale, dette écologique). Au-delà de la remise (supposée) du système économique existant, la pensée écologique de Marine Le Pen est au final pauvre, contradictoire, propre à flatter la pensée du café du coin, en deux mots cette pensée reste et demeure réactionnaire.

    4.3- Autres contributions à la pensée écologique au FN : « Une approche pragmatique, réaliste et patriote

    Le débat sur l'écologie au sein du FN est loin d'être clos. Il fait aussi émerger des idées multiples, à la fois intéressantes ou au contraire totalement irresponsables, montrant que les questions environnementales sont présentées dans une approche purement démagogique pour attirer l'électeur.

    Ainsi pour Wallerand de Saint-Just, trésorier du FN, la pollution urbaine à Paris relève simplement d'un manque de places de parking (35 000 selon lui) pour fluidifier la circulation dans les rues de la capitale. Il n'y a aucune envie de calmer le trafic et d'envisager une politique publique des transports en commun « il faut vivre avec son temps et avec le progrès technique. Si l'homme a créé la voiture et que nos usines en fabriquent autant, il faut permettre aux gens de bouger avec ». Le FN est le parti des automobilistes, ce que confirme Marine Le Pen en déclarant lors de l'inauguration du collectif «Nouvelle écologie» en décembre 2014 « notre écologie, ce n'est pas de harceler, d’assommer l’automobiliste ».

    En même temps, Philippe Murer livre ce qui devrait être le cœur de la politique écologique du FN, à savoir un investissement massif sur les énergies renouvelables, rendu possible grâce à une banque centrale et une monnaie nationale, ce qui justifie à ce titre une sortie de l'euro. Le coût d'une telle politique (que l'on retrouve dans son ouvrage sur la transition énergétique) serait estimé à 1 500 milliards d'euros, réparti sur vingt ans pour remplacer la totalité des énergies fossiles, ceci en donnant une place centrale à l'hydrogène et en maintenant le temps qu’il faudra la production nucléaire. A ce titre le FN défend le nucléaire et s'oppose en revanche à l'exploitation des gaz de schiste.

    Ce tour d'horizon qui demande à être très certainement complété fait apparaître certes des points de convergence (analyse sur la transition énergétique et les moyens politiques pour y parvenir), mais surtout des points qui portent la marque de fabrique inchangée du FN, à savoir l'appel démagogique auprès de l'électeur (le parti de l'automobiliste, refus de toute fiscalité écologique) au service d'un repli identitaire national (participer à minima aux enjeux des politiques climatiques au niveau international, absence de toute vision de solidarité envers les pays du Sud tant au plan de l'aide que de l'accueil), la non remise en cause du modèle économique dominant. Le protectionnisme environnemental constitue pour le FN une barrière de protection nationale, sans que le système économique productif au service d'une hyper-consommation ne soit remis en cause, ni que les conséquences sociales soient abordées. Au final, nous sommes en présence d’une pensée réactionnaire (une pensée climato-sceptique argumentée autour de la parole du père) dont le propos est une menace à la démocratie car cette question n'est manifestement pas fondamentale aux yeux des dirigeants du FN.

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  • 2015 : le chômage a augmenté de 5% et les patrons empochés 40 M€ donnés par Hollande

    www.initiative-communiste.fr

    Suite à l’ouverture des négociations sur la convention d’assurance , les chiffres du mois de décembre concluent une année noire pour l’emploi. Le a agumenté de 5%.

     

    >

    > Sur 1 an, le nombre de demandeurs d’emploi catégories ABC a augmenté de 5 % pour atteindre 5 475 700.

    > A l’occasion des vœux du Président de la République au CESE, François Hollande a demandé aux négociateurs de la convention d’assurance chômage de prévoir une baisse de la durée d’indemnisation… c’est-à-dire le contraire de ce qu’il disait il y a deux ans ! Mais exactement ce que la Commission Européenne – la voix du MEDEF – exige de la France sous la menace d’invalider son budget (lire ici)

    > Le Medef et le gouvernement Valls veulent appliquer la double peine aux demandeurs d’emploi : appliquer à quelqu’un qui est déjà privé de travail, une baisse et du montant et de la durée de ses  indemnités au nom du déficit élevé de l’Unedic. Résultat lui même du taux de chômage élevé et des allégements de cotisation en tout genre accordé par les différents gouvernements du parti unique capitaliste à l’oligarchie patronale.

    > Les travailleurs se laisseront ils dépouiller ? ou réagiront-ils tous ensemble ? Il faut remarquer que malgré la répression qui frappe les syndicalistes, la colère monte forçant l’appareil à élever le ton, à l’issue d’une semaine qui aura vu le succès d’une première journée de mobilisation dans la fonction publique et alors qu’en de multiples endroits et secteurs les travailleurs ripostent.

    > Dans un communiqué, la CGT reconnait que l’attaque contre l’assurance chômage, donc contre tous les travailleurs privés ou non d’emplois, est bien le résultat des diktats de l’Union Européenne du Capital

    > La CGT n’a que faire des engagements du gouvernement français à Bruxelles et entend défendre des propositions qui visent à renforcer la responsabilité des employeurs sur les conséquences de leur politique d’emploi et à améliorer le sort des demandeurs d’emploi qui restent, pour plus de 50 % d’entre eux, sans indemnisation.

    > Ce sont bien les politiques d’emploi menées qui créent le chômage et qui accentuent le déficit de l’Unedic.

    > (communiqué de la CGT)

    > Et de rappeler que personne ne doit oublier que :

    > Le Medef a reçu 40 milliards d’euros d’aides publiques à travers le pacte de responsabilité. Où est passé le million d’emplois que le patronat promettait de créer ? Sur ce sujet, il est urgent que les représentants des salariés acquièrent le droit de contrôler et de suspendre les aides publiques octroyées aux entreprises. (communiqué de la CGT)

    > Rappelons que l’Etat avec ses 40 milliards d’euros aurait pu directement et immédiatement embaucher 2 millions d’employés en CDI au SMIC ( 2 005 615 emplois x 12 mois x 1662 € montant du SMIC brut chargé =  40 milliards d’euros) ou plus d’un millions d’emplois payé plus de 2000 € par mois. Et l’on ne compte pas là le retour sous forme d’impôts (IR, TVA etc….) ni l’emploi généré par ce million de nouveaux salariés. De quoi largement lancer un pôle public pour réindustrialiser le pays comme le propose le PRCF.

    > Bien sûr cela implique de rompre avec les diktats de la Commission Européenne qui sont les ordres de la dictature de la classe capitaliste. De faire le choix non pas de l’oligarchie capitaliste, des banquiers et des patrons, mais le choix des intérêts populaires, de la classe ouvrière. De sortir de l’Union Européenne et de l’euro par la voie progressiste, celle du progrès social, celle du choix qui mettrait les 99%, le monde du travail au centre. Réduire drastiquement le chômage c’est possible.

    > JBC pour www.initiative-communiste.fr site web du PRCF.

    > N’attendez pas qu’il soit trop tard, rejoignez le PRCF, ADHEREZ !


    > Demandeurs d’emploi par catégories :

    A : 3 590 600 +0,4 % ( + 2,6 % sur 1 an ).

    > B : 712 600 -0,5 % ( + 5,2 % sur 1 an ) travailleurs pauvres moins de 78 heures.
    > C : 1 172 500 +1,8 % ( + 13 % sur 1 an ) travailleurs pauvres de + de 78 heures.

    > D : 274 200 -2,4 % ( -2 % sur 1 an ) stages parking, occupationnels etc.
    > E : 425 400 +1,3 % ( +11,3 % sur 1 an ) contrats aidés etc.

    > TOTAL : 6 175 300 ( données corrigées ), hors DOM TOM, soit + 5,1 % sur 1 an, 31 900 chômeurs de plus, par rapport à novembre.

    > TOTAL, dom-tom compris : 6 510 300

    > Quelques chiffres qui parlent :

    > Chômage Longue durée (entre 2 et 3 ans) : + 4,5 % sur 1 an.
    > Chômage Très Longue Durée + de 3 ans : + 15,7 % sur 1 an.

    > Chômage des 50 ans et +, + 9,5 % sur 1 an.

    > + d’1 chômeur inscrit à pôle emploi sur 2 (50,3 %) ne perçoit AUCUNE INDEMNITE, ni ARE (allocation retour à l’emploi), ni allocation de solidarité (ASS, AER)

    > Offres d’emploi disponibles, dernier chiffre connu : 481 884 offres affichées

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  • Attentats de Bruxelles : non, monsieur le premier ministre !

    par MICHEL COLLON

    Investigaction.net

     

    [Lors des derniers attentats], comme tant de Bruxellois, j’ai passé des heures à vérifier où se trouvaient mes proches. Qui, par malchance, aurait pu se trouver dans ce métro maudit, que j’emprunte moi aussi chaque fois que je me rends au bureau d’Investig’Action ? Qui, par malchance, aurait pu se trouver près du Starbucks de l’aéroport, où j’ai l’habitude de prendre un thé en attendant le vol ? Recherches d’autant plus angoissantes que le réseau était évidemment saturé. 

     

    Bref, comme tant de Bruxellois, j’ai vécu, un jour, ce que vivent depuis des années les Irakiens, les Libyens, les Syriens, et avant eux les Algériens. Pour être allé plusieurs fois sur des sites bombardés par les Occidentaux, je sais à quoi ressemblent ces morceaux de corps disloqués que plus jamais personne ne pourra embrasser. J’ai vu là-bas la douleur de ceux qu’on prive à tout jamais de leur mari, de leur femme, de leur enfant.

     

    Comme tant de Bruxellois, j’ai pleuré et j’avais envie de frapper les criminels qui s’en sont ainsi pris à tant d’innocents. Mais on ne naît pas criminel, on le devient. Et la question la plus importante est : comment en sont-ils arrivés là ? Nier à ce point la valeur de la vie de tant d’innocents ! Les faire souffrir et terroriser au lieu de se battre - avec ces innocents - contre l’injustice qui nous frappe tous ? Qui a intoxiqués ces jeunes, qui leur a montré l’exemple de la violence, qui les a plongés dans le désespoir et surtout qui les a armés ? Criminels, oui, mais ne sont-ils pas aussi victimes quelque part, même si ce terme peut choquer.

     

    Alors, quand j’ai entendu notre premier ministre Charles Michel déclarer en conférence de presse que les Belges avaient besoin de s’unir, et qu’il évitait soigneusement la question centrale  « Comment en est-on arrivé là, qui sont les responsables ? », alors je me suis mis en colère contre cet homme hypocrite qui nous propose simplement de continuer comme avant. Alors que la question des gens, c’est justement : « Comment éviter que ça recommence bientôt ? Quelle politique appliquer pour mettre fin à cet engrenage infernal ? »

     

    Vous croyez vraiment que la surveillance et la répression empêcheront de nouveaux attentats ? Certains, oui, mais pas tous, c’est impossible. Pour cela il faut changer de politique. Votre politique.

     

    Einstein disait « On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré ». En effet, on n’empêchera pas le terrorisme tant qu’on n’aura pas débattu sur ses causes profondes. Afin de mettre en place une vraie prévention.

     

    Monsieur le premier ministre Charles Michel, je ne vous remercie pas. Car vous avez refusé de poser les questions importantes : Les Saoud et le Qatar ont-ils financé les terroristes ? Oui, les rapports des services US le disent. Les Etats-Unis ont-ils créé Al-Qaida ? Oui, Hillary Clinton l’a reconnu. La CIA a-t-elle organisé un camp d’entraînement en Jordanie ? Oui, le célèbre journaliste US Hersh l’a prouvé. Fabius a-t-il encouragé le terrorisme en déclarant « Al-Qaida fait du bon boulot » ? Oui, regardez sa vidéo de Marrakech, décembre 2012.

     

    Et d’une façon générale, les Etats-Unis ont-ils utilisé le terrorisme dit islamiste depuis Ben Laden en Afghanistan en 79 jusqu’à la Syrie aujourd’hui, en passant par la Bosnie, le Kosovo, le Caucase, l’Algérie, l’Irak, la Libye et d’autres pays encore ? Ne faut-il pas créer d’urgence une commission d’enquête sur les liens USA – terrorisme et sur les dessous stratégiques de tous ces drames ? Vous et l’Europe, allez-vous continuer de suivre Washington comme un petit chien ? Vous vous félicitez comme un petit garçon quand Obama vous téléphone. Mais pourquoi ne dénoncez-vous pas son hypocrisie derrière ces guerres ? Monsieur Michel, quand je pense à toutes ces souffrances qui auraient pu être évitées, je ne vous remercie pas.

     

    Il est vrai que vous n’êtes pas le seul à pratiquer la langue de bois.

     

    Monsieur le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders, je ne vous remercie pas non plus. Vous avez déclaré hier que les terroristes s’en prennent à « notre mode de vie ». Exactement les paroles de George W. Bush le 11 septembre avant d’attaquer l’Irak et l’Afghanistan sous des prétextes mensongers. Monsieur Reynders, pourquoi n’avez-vous pas rappelé votre déclaration d’avril 2013 vantant « ces jeunes (à qui) on construira peut-être un monument comme héros d'une révolution »[1].

     

    Pourquoi quand je vous ai invité, en juin 2013, à participer à un débat « Jeunes en Syrie, comment les empêcher de partir ? », avez-vous refusé ? Cela ne vous préoccupait pas ? Vous trouviez que pour « changer le régime » comme vous dites, tous les moyens étaient bons, même le terrorisme ? Vous n’avez pas pensé qu’encouragés à commettre ces actes là-bas, certains reviendraient faire pareil ici ? Monsieur Reynders, je ne vous remercie pas.

     

    Madame Milquet, je ne vous remercie pas non plus. Vous étiez ministre de l’Intérieur à cette époque. Vous avez aussi refusé de participer à ce débat, malgré notre insistance, et en changeant sans cesse de prétexte ! Depuis, vous vous taisez. Gênée d’avoir fait la sourde oreille face aux cris de détresse des mamans angoissées de voir que leurs gosses – c’étaient vraiment des gosses de 16, 17, 18 ans – partaient là-bas vers l’enfer sans que la Belgique fasse rien pour les retenir ? Vous n’avez pas de remords en voyant la suite ? Madame Milquet, je ne vous remercie pas.

     

    N’est-il pas temps d’ouvrir un grand débat sur les conséquences de la politique internationale menée par la Belgique depuis des années ?

    1. L’Europe doit-elle continuer à suivre les Etats-Unis et leur politique qui met le Moyen-Orient à feu et à sang ?
    2. La Belgique doit-elle continuer à soutenir la violence d’Israël, en refusant de faire respecter le droit international et en traitant d’ « antisémites » les jeunes qui veulent soutenir les droits des Palestiniens ?
    3. La Belgique doit-elle continuer à se prosterner devant les pétro-dollars des Saud (volés aux peuples arabes au lieu d’utiliser l’argent du pétrole et du gaz pour combattre la pauvreté comme en Amérique latine) alors que tout le monde sait que ces mêmes Saud financent l’intoxication des jeunes esprits par une version empoisonnée et falsifiée de l’islam ?
    4. Comment justifier le refus du droit d’asile aux victimes de « nos » guerres en Irak, Syrie, Afghanistan ?
    5. Quand ouvrira-t-on enfin le dossier de l’intervention « humanitaire » en Libye, où l’Otan s’est allié à Al-Qaida pour renverser Kadhafi, en violant la Charte de l’ONU qui interdit ce genre de pratiques ? Avec la conséquence qu’on voit aujourd’hui : la Libye transformée en foyer du terrorisme international.

     

    N’est-il pas temps d’ouvrir en même temps un grand débat sur les conséquences de la politique sociale, ou plutôt antisociale, menée par les gouvernements belges depuis des années ?

     

    1. Pouvez-vous rogner sans cesse les budgets scolaires ? Fabriquant des écoles-parkings où les profs manquent de formation adéquate et de moyens pour faire face à tant de questions complexes sur le monde d’aujourd’hui ?
    2. Pouvez-vous rogner sans cesse les budgets des prisons et de la réinsertion ? Avec pour conséquence que de petits délinquants deviennent de grands délinquants irrécupérables ?
    3. Pouvez-vous rogner sans cesse les budgets des médias audiovisuels de service public ? Avec pour conséquence que les journalistes n’ont plus le temps d’approfondir les sujets (confidences reçues de l’intérieur de la RTBF) et sont condamnés au règne du copié-collé et du fast info ? Poussant ainsi les jeunes rendus méfiants vers les théories du complot, ou pire encore vers les prêcheurs fanatiques et les recruteurs sans scrupules ?
    4. Pouvez-vous continuer à faire des cadeaux aux banques et aux multinationales qui ne paient quasi plus d’impôts et reporter votre déficit notamment vers les communes, dont les responsables sont privés des moyens nécessaires pour aider les jeunes ? N’est-ce pas ainsi que vous produisez des communes du désespoir comme Molenbeek ? (Mais pas seulement, il y a aussi Vilvorde, Verviers, Anvers et n’oublions quand même pas que les « eurojihadistes » proviennent de nombreux pays européens)
    5. Faut-il alors être surpris que tant de jeunes soient tombés entre les griffes de recruteurs professionnels ? D’autant plus que lorsqu’on les signalait à la police, pas toujours, mais bien souvent parents et éducateurs s’entendaient répondre : « Mais qu’ils partent seulement en Syrie, ce qu’on ne veut pas, c’est qu’ils reviennent ici ! »
    6. Avez-vous vraiment le droit de vous dire surpris par les attentats de Paris et de Bruxelles alors que la sonnette d’alarme est tirée depuis des années et que vous tous avez refusé d’écouter les donneurs d’alerte ?

     

    Hier, chaque parent a tremblé pour ses enfants. Aujourd’hui, chacun s’interroge sur l’éducation qu’il faut leur donner face à ce monde de plus en plus violent. Allons-nous pouvoir leur offrir une vraie éducation et un avenir ? Demain, quelle ville sera frappée ? La montée de la haine et de la peur, ciblant les musulmans, fait le jeu de l’extrême droite. C’est ça que vous voulez ?

     

    Concluons. Les attentats, ce n’est pas une fatalité, c’est le résultat d’une politique. Menée à Washington. Puis à Londres et Paris. Bruxelles suivant servilement. Messieurs les dirigeants, vous êtes donc co-responsables. Avons-nous le droit d’en débattre – en « démocratie » - ou bien allez-vous encore user de pressions pour que les médias se taisent ?

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  • L’école et le discours sur le terrorisme

     

    L'actualité nous offre le désolant spectacle de guerres, de victimes d'attentats, de réfugiés livrés à tous les dangers et accusés d’être responsables de crimes plus ou moins graves. Quelle tâche devrait être celle de l’école et quel rôle veut lui faire jouer le pouvoir ? Quels discours traversent le monde de l'éducation ?

     



    Canaliser la pensée des élèves

    Les interrogations des élèves sur ces évènements récents sont nombreuses. Ils consultent les réseaux sociaux et sont au courant de l’actualité via des sources très variées. Dans les écoles où des cultures différentes coexistent, des sensibilités différentes à tous ces événements coexistent aussi. Certaines accueillent des primo-arrivants (réfugiés libyens, afghans, irakiens…).

    Les attentats de New York, de Paris, du musée juif de Bruxelles ont suscité une très forte indignation alors que ceux qui surviennent à Bagdad ou à Beyrouth, les nombreux civils victimes des bombardements US et les enfants tués à Gaza sont à peine évoqués. On organise des minutes de silence dans les écoles pour les victimes vivant sur notre sol. Jamais pour ceux d’Irak, de Syrie, du Yémen ou de Palestine. Cela renforce la frustration et le sentiment d’exclusion des jeunes issus de ces régions ou de ceux qui se sentent solidaires. On a envie de dire : “arrêtons les minutes de silence ou alors nous devrons nous taire à jamais : une vie française vaut une vie syrienne” .

    Les élèves se montrent concernés et connaissent d’ailleurs parfois beaucoup mieux ces événements que leurs professeurs : certains les ont vécu. Les enseignants ne sont pas préparés à aborder cette actualité de manière rationnelle de façon à ne pas la laisser sous l’emprise de l’affect.

    Le désarroi des professeurs est tel qu’ils finissent par ne voir dans les questionnements et critiques légitimes des élèves que thèses « complotistes » et radicalisme. La religion musulmane affichée devient synonyme de manque d’ouverture. Des jeunes se sont fait interpeller injustement par la police (contrôles au faciès ou déclarations sur FaceBook ayant servi de “piste”) et cette expérience ne les met certainement pas en confiance avec les adultes qui les encadrent. Une mère d’élève m’a confié avoir interdit à son fils de se déclarer critique vis-à-vis à Charlie Hebdo ou par rapport à la politique d’Israël.

    Il serait intéressant d’analyser avec les classes les véritables causes des guerres menées au Moyen-Orient, leurs enjeux géostratégiques et commerciaux, l’implication des milieux financiers et leurs rapports avec l’industrie des armes. Les jeunes sont tout à fait capables d’entendre et de comprendre ces analyses, ils sont demandeurs mais l’école n’offre rien de tel. Pour nos responsables politiques, il ne s’agit pas de donner aux jeunes une éducation qui leur permette de comprendre la situation mais plutôt de canaliser leurs opinions et leurs réactions afin qu’ils deviennent des citoyens (et des consommateurs) disciplinés qui voteront bientôt.

    Le lendemain des attentats du 13 novembre, lors d’un colloque “je suis ou je ne suis pas Charlie”, alors qu’on parlait du rôle des Etats Unis dans les guerres du Moyen-Orient, un professeur travaillant dans les Ardennes belges déclarait avec désolation qu’il lui était très difficile de critiquer la politique états-unienne. « Vous comprenez, pour les familles dont les anciens ont vécu la bataille des Ardennes en 1945, les Américains sont restés des libérateurs ». Même l’histoire est difficile à enseigner.

    A Bruxelles, certaines classes ont été conviées (obligées) à voir une représentation de la pièce « Djihad » de I. Saïdi. Outre qu’elle véhiculait des clichés (les djihadistes s’y radicalisent parce qu’ils vivent une déception amoureuse ou parce que leurs parents leur ont interdit de…) cette pièce, plutôt drôle, ne pouvait pas vraiment déboucher sur des débats sérieux. Elle ne contenait pas d’analyse politique ni de critique constructive. Ce n’ est d’ailleurs pas dans ce but qu’elle avait été créée. La décision d’envoyer les classes au théâtre semblait surtout dictée par le besoin qu’avaient nos dirigeants politiques de “faire quelque chose”. Il était facile de récupérer une pièce qui tombait au bon moment.

    Dénoncer la volonté de mener la guerre contre l’Irak, la Libye et la Syrie aurait constitué un message fort. Mais cela va à l’encontre de la politique de tous nos partis démocratiques (1) et ce n’est pas le message qu’on veut faire passer dans les écoles.

    Récemment, on a mis en place et on compte développer des cellules de spécialistes qui apporteraient leur soutien aux professeurs, éducateurs et familles. Une formation a été proposée à des enseignants bruxellois sur la montée du "radicalisme violent". Il s’agissait d’une analyse de ce qui peut amener des jeunes à partir en Syrie et d’une énumération de "cas" vécus.

    A nouveau, aucune analyse géopolitique des intérêts qui poussent les puissances à entrer en guerre. On axe le discours sur l’endoctrinement religieux, le processus d’enrôlement, la perte des repères, les problèmes des adolescents et des jeunes adultes. L’historique du djihadisme qui a été brossé par l’intervenant était tellement bref et imprécis qu’on se demande comment des Afghans, Syriens, Palestiniens qui connaissent le sujet peuvent y retrouver une part de vérité. Il contenait même des erreurs. S’il a bien été précisé que les amalgames entre religion, réfugiés et terrorisme étaient déplacés, le discours tenu était contradictoire : on y parlait justement un peu trop de religion. L’ islam et ses différents courants a été longuement expliqué. Les autres formes de radicalisme (montée de l’extrême droite, radicalisme économique, terrorisme d’état…) ne faisaient pas partie de l’exposé.

    Parallèlement à cela, les déclarations de la classe politique sont de plus en plus belliqueuses, les discours banalisent les discriminations. La peur est entretenue dans la population, les incidents mettant en cause les musulmans ou les réfugiés font les gros titres.

    Les mesures prises en matière de prévention consistent à diffuser une information sur l’islam, sur le djihad dans les écoles, les maisons de quartier, les associations et de décrire, afin de les détecter, les comportements qui mèneraient à la radicalisation. Dans le meilleur des cas, on met aussi en place un accompagnement des familles selon les parcours individuels.

    Pour traiter du terrorisme, il faudrait commencer par avoir une lecture de l’actualité qui se dégage du religieux. On éviterait ainsi les pièges des discours sur la violence des religions et de l’islam en particulier et sur l’importation des conflits du Moyen-Orient dans l’espace européen. C’est évidemment l’inverse qui s’est passé : l’invasion de l’Irak et les frappes de l’OTAN en Libye ont déclenché l’avalanche du terrorisme.

    Le devoir de mémoire

    Le devoir de mémoire est devenu un outil institutionnel. On le retrouve dans le décret mission qui fixe, en Belgique, les objectifs de l’enseignement : « L’ école sert à transmettre l’héritage culturel dans tous ses aspects, à la découverte des autres cultures, contribue à tisser le lien social. Elle doit sauvegarder la mémoire des événements qui aident à comprendre le passé et le présent dans la perspective d’un attachement personnel et collectif aux idéaux qui fondent la démocratie » (2).

    Il occupait une fois de plus les médias un an après les attentats à Charlie Hebdo. Pas d’analyses, pas d’histoire, pas de confrontation positive des différents points de vue, pas de nuances dans la pensée. Il faut se souvenir : nos valeurs sont les meilleures, les seules acceptables et elles ont été attaquées. Le discours moralisateur sur la liberté de penser a été repris par les autorités et les médias dominants en se gardant bien de donner la parole à ceux qui pensent que ce sont justement nos gouvernements actuels qui mettent le plus en péril notre liberté de nous exprimer !

    Et puis, cela ne ferait pas très joli de déclarer : « on se bat pour la suprématie au Moyen Orient, pour continuer à contrôler les cours des matières premières et à empêcher tout mouvement mettant en péril notre économie ». Le magazine Charlie Hebdo lui-même noie le poisson en titrant que « un an après, l’assassin court toujours ». Dieu étant l’assassin. Les religions servent encore ici, comme souvent dans l’histoire, à maquiller les vraies causes des massacres.

    La mémoire est très sélective.

    Que faire ?

    De même qu’on n’ apporte pas la démocratie à coup de bombardements, on n’ apprendra pas non plus la citoyenneté dans un manuel scolaire ou par des stages civiques (3). Il faudrait que les écoles soient réellement des lieux de démocratie, de culture, de réflexions philosophiques, de questionnements sur les enjeux de notre société, de possibles débats ouverts où tous doivent pouvoir s’exprimer et bénéficier de bienveillance et de respect. Il est impératif d’y valoriser la diversité plutôt que d’essayer de l’effacer et d’uniformiser la pensée.

    Le rôle des professeurs est de plus en plus compliqué. Ils enseignent leur matière, ils doivent éduquer, rester neutres et être soumis à leur pouvoir organisateur (4), se montrer vigilants par rapport à l’éventuelle radicalisation de leurs élèves et signaler les comportements « hors norme ». La peur des sanctions (5) risque d’ailleurs de les pousser à un excès de zèle. Les tâches administratives augmentent, les évaluations prennent de plus en plus de temps et le salaire n’est pas revalorisé. De manière plus générale, on ne re-finance pas l’enseignement mais on lui demande de plus en plus.

    La formation des professeurs n’a pas non plus été renforcée. On impose l’approche par compétence. La liberté de choix dans la manière de donner cours, de transmettre un savoir et d’évaluer les étudiants est devenue presque nulle. L’organisation des formations en cours de carrière est obligatoire mais rigide. On cherche à réaliser un enseignement plus productif ou « d’excellence » au service de l’économie. On veut sans doute aussi y ajouter un contrôle de la pensée afin d’y museler toute contestation.

    Les écoles sont devenues des lieux de compétition, d’évaluation et de tri et son but est que chacun trouve sa place sur le marché du travail.

    Ceux qui n’y trouvent pas leur place (plus de 25% de chômage à Bruxelles chez les moins de 25 ans) resteront des victimes potentielles pour les recruteurs.

    Notes :

    (1) en 2011, les partis politiques belges votaient pour la participation de la Belgique aux frappes de l’OTAN en Libye. Il s’agissait pourtant d’un gouvernement en affaires courantes.

    (2) Chapitre II article 9 du décret mission

    (3) La ville de Bruxelles compte mettre sur pied pour les élèves des stages civiques de « bénévolat » qui seraient obligatoires et évalués.

    (4) En Belgique, les pouvoirs organisateurs organisent l’enseignement sur le terrain. Il s’agit de la Fédération Wallonie-Bruxelles, les provinces, les communes, la Commission Communautaire française, ainsi que les pouvoirs organisateurs libres (religieux ou non).

    (5) Un directeur d’école a été suspendu pour n’avoir pas signalé assez tôt un changement de comportement chez Bilal Hadfi, un des kamikazes des attentats commis à Paris, élève de l’institut.

    Source : Investig’Action

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  • Cinq réflexions sur le Front National 3/5

     

    Cinq réflexions sur le Front National (suite)

     

    Troisième partie

    3- Le programme économique et social du FN.

    Nous avons souligné plus haut la double composante du FN. A la lumière de cette distinction, il devient simple d’analyser son discours, et l’ambiguïté de son programme.

    3.1 Le FN et l’Etat

    Dans sa dernière vitrine, le FN fait l’apologie d’« …un État fort et stratège qui aiguillonne notre pays vers l’innovation, la prospérité et assure son rayonnement …»

    Mais, camouflés derrière cette posture électoraliste, les dangers que représente le  programme du  FN pour une véritable République Sociale apparaissent clairement. Car il s’agit uniquement de renforcer les services de police et l’armée, de réduire le rôle de la justice à sa fonction répressive et de mettre les fonctionnaires aux ordres. Jamais le FN ne propose de solutions pour répondre aux besoins sociaux sauf quand il désigne – de façon obsessionnelle – l’étranger comme le responsable de tous nos maux. Dans une perspective républicaine et sociale, renforcer l’État n’a de sens que dans le cadre strict de la séparation des pouvoirs et au service de la démocratie citoyenne. Mais pour le FN c’est simplement l’occasion de neutraliser tous les contre-pouvoirs, notamment ceux qui se sont construits à travers la décentralisation. À cet égard les déclarations de Mme le Pen, contre « …la fuite en avant des collectivités locales …» sont significatives : elle ne cesse de fustiger leurs dépenses qu'elle juge excessives et déplore un nombre pléthorique de personnels.

    3.2 Le FN, la dette et l’euro.

    Concernant la dette publique de notre pays, le FN reprend aussi quelques revendications qui semblent partagées par l’électorat populaire : la restauration de la banque de France dans ses prérogatives monétaires et l’abrogation de la loi de 1973 qui interdit à l’État d’emprunter à cette même banque de France, ainsi que la sortie « concertée » de l’euro.

    Mais ces outils de politique nationale n’ont d’intérêt que s’ils sont mis au service du salariat des classes populaires. Et sur ce chapitre c’est le néant. Rien n’est dit sur la nécessité de l’annulation des plans d’austérité qui resteraient en place pour le plus grand profit des marchés financiers. Rien n’est dit sur le nécessaire défaut partiel de cette dette illégitime et sur sa restructuration. Rien n’est dit sur l’impérieuse nécessité de démanteler les marchés financiers, de supprimer le marché obligataire spéculatif et de procéder à la nationalisation du secteur bancaire. Il s’agit donc bien de faire miroiter des outils politiques mais en se gardant bien de menacer la moindre part des intérêts des classes dirigeantes appuyés sur l’ordre néo-libéral. La réalité est que le FN ne veut pas annuler la dette et qu’il souhaite rembourser les marchés financiers et les spéculateurs. En toute logique républicaine, la création monétaire de 100 milliards d’euros par an évoquée par le FN devrait être dévolue aux investissements d’avenir de la France : les logements, les écoles, les services publics, les infrastructures, la recherche et le développement . Or, Madame le Pen propose de les donner aux marchés financiers qui depuis plus de vingt ans spéculent et s’enrichissent sur l’endettement public !

    Concernant l’euro, on trouve la même ambiguïté dans le discours frontiste. Sur le site du FN on peut lire que  la sortie de l’euro « …doit se préparer avec nos partenaires européens. Le couple franco-allemand doit jouer ce rôle moteur dans cette concertation et cet arrêt programmé de l’expérience de l’euro. .. Bien préparée, concertée avec les autres nations européennes, la fin ordonnée de l’euro est la condition de la renaissance économique de la France »  On voit ici, dans cette présentation, que les cadres du FN mentent  aux Français en pariant que d’autres pays accepteront de sortir de l’euro à brève échéance. Aucun gouvernement en effet n’a émis et soutenu sérieusement cette éventualité et l’épisode de la crise grecque a démontré au contraire l’acharnement coupable avec lequel les institutions européennes ont défendu cette monnaie, n’hésitant pas pour cela à plonger tout un pays dans une crise économique en passe de se transformer en véritable crise humanitaire. Ici encore, derrière la vitrine d’une préoccupation sociale se cache le futur renoncement devant les intérêts oligarchiques. Car la seule perspective crédible pour redonner à la France sa souveraineté monétaire est le scénario d’une sortie - certes solidement préparée sur le plan technique et politique  pour éviter des peurs qui ne manqueront pas d’être entretenues par l’ordre dominant - mais une sortie  rapide et unilatérale.

    3.3 Le FN et la protection sociale

    En cette matière, Mme Le Pen attrape dans sa campagne tout ce qui peut lui ramener des électeurs ! Aussi elle a copié une grande partie des revendications syndicales ainsi que des éléments du programme du Front de Gauche ou d’une association comme ATTAC. Son programme est donc un vrai feu d’artifice dans lequel on augmente les salaires, les budgets de la défense et de la justice, mais aussi les retraites et les remboursements des soins…le tout devant être financé par des droits de douane et des économies sur l’immigration qu'elle chiffre à 60 milliards d’euros. Tout ceci n’est pas sérieux. Selon une étude réalisée par le ministère des affaires sociales en 2010, l’immigration est loin d’être une source de déficit pour les comptes publics. En 2009 les immigrés ont reçu de l’État environ 50 milliards d’euros (retraites, R.S.A., allocations sociales, santé…) et, dans le même temps, ont contribué aux ressources publiques (Impôt sur le revenu, impôts sur la consommation, cotisations sociales, etc.) pour environ 60 milliards d’euros. Le solde était donc positif de plus de 10 milliards d’euros.

    On a vu récemment Pierre Gattaz, le patron du MEDEF, exprimer ses craintes en comparant le programme du F.N à celui de l’union de la gauche de 1981. Mais dans le même temps, il y avait une quarantaine de patrons sur la liste de Mlle Marechal-le Pen et le président du groupe Michelin s’entretenait paisiblement avec le premier de la liste FN de la région Auvergne-Rhône-Alpes… La réalité est que le FN, aujourd’hui comme hier, est un allié permanent du grand patronat et s’aligne sur ses positions. Ainsi le FN prône l’allégement des cotisations sociales et pour les retraites le renvoi de la prise en compte de la pénibilité à des négociations, branche par branche, qui ouvre la voie à de fortes inégalités entre secteurs d’activité. Le programme du FN c’est aussi la précarisation générale du travail, la privation de cantine scolaire pour les enfants de chômeurs, le refus de la construction de HLM et l’abolition de la loi SRU*, le refus de la hausse du smic, le refus de l’encadrement des loyers etc…Évidemment, de la part du FN, c’est le silence absolu sur l’explosion des profits spéculatifs et des dividendes qui sont la véritable cause des déficits de la Sécurité Sociale. Pour ceux qui auraient encore des illusions rappelons ici le commentaire de Mme le Pen lors du mouvement contre la réforme des retraites en 2010 : « …Les syndicats jettent la France dans le chaos… La tolérance zéro doit s’appliquer à tous ces émeutiers …».

    3.4 Le FN et les femmes

    Animé d’une subite préoccupation familiale, le FN veut  instituer un revenu parental à partir du 2ème enfant. Il ne s’agit évidemment pas d’une mesure protectrice pour le droit de femmes mais d’une incitation au retour au foyer pour les mères. Cette régression sociale est à mettre en parallèle avec d’autres mesures préconisées par le FN et qui rappellent les relents nauséabonds de l’esprit de Vichy « Travail – Famille - Patrie ». Ainsi le FN avant de se rétracter très récemment  par pur souci électoraliste, avait déclaré la guerre au planning familial, proposé de remettre en cause le droit à l’avortement et  fait du déremboursement de l’I.V.G. un axe de campagne.

     

    Note :  La loi SRU impose notamment aux communes un minimum de 20% de logements sociaux.

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