Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 4

  • Amérique latine, entre coups d’État et résistance

     

    manifestacion-pide-regreso-dilma-rousseff-poder-brasil_1_2361022
     

    Aujourd’hui, les Etats-Unis et l’oligarchie latino-américaine ont changé de stratégie; alors que nous avions jusqu’à présent affaire à des dictatures sanguinaires, le pouvoir est désormais entre les mains des plus riches.

    Pour s’imposer, les «guerres sales» et le Plan Condor (1) sont remplacés par de nouveaux moyens mis en œuvre tels que la manipulation médiatique; l’objectif poursuivi est l’assujettissement des masses (la classe moyenne latino-américaine) qui, par leur indifférence à l’égard des mesures prises, représentent des cibles faciles à exploiter.

    Sans se poser de question, ces masses, classistes et racistes, votent pour des mesures qui, à leurs yeux, n’affecteront que les gens les plus vulnérables; elles ne verront rien venir lorsque les «vautours» n’auront plus besoin d’elles après les avoir utilisées pour servir leurs intérêts…

    Voici quelques exemples révélateurs de cette nouvelle «ère»: opposition au référendum en Bolivie, investiture de la nouvelle Assemblée nationale au Venezuela, Macri devenu président de l’Argentine, tentative de coup d’Etat contre Dilma au Brésil… Sans parler des présidents néolibéraux dans le reste du continent.

    Dans ces pays, où les représentants sont démocratiquement élus, les Etats-Unis n’ont à aucun moment eu recours à l’instauration d’une dictature ; ils ont été plus stratégiques et ont fait usage de la télévision, la radio et la presse écrite de manière intelligente et adéquate, sans se hâter. Ils n’ont eu qu’à semer le chaos pour faire régner la terreur au sein des différentes nations.

    Aujourd’hui, nous assistons à un pillage d’ordre industriel avec pour objectif principal l’extraction des ressources naturelles. C’est pour cette raison que les mouvements sociaux et les paysans, désireux de protéger leur eau et leur terre, sont opprimés à travers le continent. Les écocides sont à l’ordre du jour et l’industrie minière est exploitée avec l’autorisation des gouvernements en place. Les politiques économiques ont été modifiées de sortent que les investissements, auparavant destinés à l’éducation, la santé, l’emploi et le logement, sont désormais employés pour la «sécurité» qui, en réalité, porte atteinte aux citoyens en les privant de toute contestation et activisme social.

    La résistance opposée par les gouvernements progressistes n’est pas au goût des Etats-Unis qui, sous le couvert de la démocratie, ont manipulé les masses et sont parvenus à renverser le gouvernement de Lugo au Paraguay et celui de Zelaya au Nicaragua; leurs prochaines cibles sont Maduro, Dilma, Evo et Correa. Lors de sa visite à La Havane, le président américain est même allé jusqu’à dire que Cuba devait libérer son peuple du socialisme, alors que c’est précisément le socialisme qui permet à l’île de figurer parmi l’un des endroits les plus libres au monde.

    Comme le continent latino-américain est toujours marqué par le colonialisme, la ségrégation, la séparation entre les classes, une fragilité politique et un fossé culturel important, le néolibéralisme n’a aucune difficulté à se frayer un chemin, en toute impunité, où la dignité humaine et la loyauté n’ont pas leur place. Quant à eux, les gouvernements progressistes se battent pour mettre en place des réformes politiques afin de permettre au continent de mettre de côté son passé dictatorial et d’avancer de l’avant.

    Pour résoudre les problèmes sociaux et remédier à l’instabilité politique et culturelle, ils mettent en œuvre tous les moyens disponibles: ils offrent aux plus démunis du travail, de la nourriture, l’accès à l’éducation et à un logement; ils condamnent et emprisonnent les tortionnaires et les criminels… Peut-on citer un seul gouvernement néolibéral qui serait réellement prêt à investir des moyens dans le développement de son pays, dans la culture, l’éducation ou encore la santé?

    Même si ces gouvernements ne sont pas parfaits et qu’ils leur reste encore beaucoup de chemin, il ne faut pas mettre dans le même sac ceux qui ont trahi la révolution et ceux qui sont au pouvoir. La corruption est effectivement présente au sein du gouvernement, et ceux qui sont impliqués se retrouvent dans la plupart des cas à Miami, où ils deviennent millionnaires. Au Brésil, la cible des néolibéraux n’est pas Dilma ou Lula ; ils s’en prennent en réalité au progrès du peuple brésilien.

    La presidente Dilma Roussef a dénoncé les corrompus, dénonciation qui a donné lieu à une tentative de coup d’Etat pour permettre à ces mêmes corrompus de prendre le pouvoir. En réalité, c’est très simple: les présidentes Dilma, Cristina et Bachelet ont à plusieurs reprises été attaquées juste parce qu’elles sont des femmes. D’ailleurs, le système de patriarcat est probablement l’un de nos plus gros problèmes qui nous affecte tous et c’est dans cet état d’esprit que nous vivons; nous devons impérativement nous défaire de cette norme qui prône la misogynie et le machisme, car c’est cette mentalité qui rend la présidente Dilma vulnérable à toutes ces attaques et qui méprise son intelligence, son intégrité et sa personne.

    Les tentatives de coup d’Etat ont toujours été présentes, et les attaques sournoises auxquels nous sommes exposés ne cesseront jamais,… Les détracteurs sont parmi nous, et ils tentent de s’emparer des votes afin de satisfaire leur désir de séparation entre les classes. Notre double-morale et notre fainéantise lorsqu’il s’agit de réaliser une analyse sur nous-mêmes font de nous des marionnettes qui servent de diversion à ceux qui nous utilisent comme bon leur semble. Restons dans notre état de léthargie pendant qu’ils se moquent de nous.

    Parmi les autres nouvelles, Cristina est de retour! Elle prouve ainsi que l’activisme vaut à tout instant et sera toujours avec le peuple. C’est une sonnette d’alarme pour Macri et sa horde de «vautours», pour la droite au Brésil et aux Etats-Unis car les 50 millions de Brésiliens qui ont voté pour Dilma ne se laisseront pas faire. Quels moyens vont-ils utiliser pour les faire taire? Commettre des atrocités et ensanglanter le pays? La Révolution bolivarienne est toujours debout. S’ils n’ont pas réussi à s’emparer de notre Grande Patrie après 500 ans d’invasion et de génocides, ce n’est pas maintenant qu’ils y arriveront.

    Note:

    1) Sur le Plan Condor, lire cette interview de Martin Almada

    Ilka Oliva Corado est une journaliste et écrivaine guatémaltèque basée aux Etats-Unis

    ilka

    Lire aussi cette interview d’Ilka Oliva Corado:

    « La réforme de l’immigration d’Obama est de la pure hypocrisie » 

    Lien permanent Catégories : À Gauche, Monde 0 commentaire
  • Equateur: la ruée vers l’or de quatre étudiants bruxellois

     


    ecuador-l-or-de-la-revolution_14_1
     

     Dans le cadre de leur travail de fin d’études, quatre étudiants en journalisme à Bruxelles s’envolent fin juin en Équateur pour y réaliser durant un mois un reportage : « Ecuador, l’or de la révolution ». La question : Dans un pays où les matières premières sont, de loin, la principale source de richesses, comment parvenir à trouver un équilibre entre justice sociale et environnementale ?

     

     C’est un projet original, qu’est ce qui vous a motivé à le développer ?

    Nous avions tous les quatre une certaine attirance pour l’Amérique latine et plus spécialement pour le Venezuela, la Bolivie et l’Équateur où de nouvelles expériences politiques ont vu le jour. Nous pensons qu’il y a un manque d’intérêt évident de la part des médias européens. Ces pays sont soit confrontés au silence médiatique, soit critiqués de manière condescendante et partiale. C’est ce qui nous a marqués dans le documentaire « Opération Correa » de Pierre Carles. Nous souhaitions donc découvrir la situation de nos propres yeux, confronter ce que nous avons lu depuis Bruxelles à la situation sur place et aux témoignages de la population.

     

    Pouvez-vous nous parler de la difficulté principale face à laquelle se trouve le gouvernement équatorien ?

    Arrivé au pouvoir fin 2006, Rafael Correa a remis la main sur les bénéfices de l’exportation du pétrole et des autres matières premières pour les allouer à de nouveaux programmes sociaux, à l’éducation, aux soins de santé et à l’investissement dans les infrastructures plutôt qu’au remboursement de la dette. Une décision qui a rencontré une grande popularité auprès de la population puisqu’elle a permis de réaliser des projets ambitieux et de reconquérir la souveraineté du pays sur ses ressources premières.

    Les cours du pétrole et des autres matières premières n’étaient cependant pas destinés à augmenter indéfiniment… Face à la chute de ces cours, le gouvernement peine à honorer ses promesses et s’est vu forcé de contracter de nouveaux emprunts auprès de la Chine et d’engager plus de projets d’extraction.

     

    Quel genre d’initiatives le gouvernement Correa a-t-il pu mettre en place ?

    Pour penser la sortie de l’extractivisme et avec lui du capitalisme, l’Équateur a décidé d’investir dans l’éducation en créant des universités d’État. Le but de cette création est de mettre un terme à la fuite des cerveaux, de pallier le manque de formations qualitatives proposées par les universités privées et enfin de déboucher sur un mode de développement alternatif au capitalisme qui soit écologiquement viable et socialement juste.

    Nous avons décidé de nous intéresser plus particulièrement à l’université de Yachay pour voir dans quelle mesure elle parvient à relever ces défis. Nous aimerions rencontrer les étudiants de cette université, comprendre leurs motivations et nous interroger sur la possibilité de l’application de cette « Révolution citoyenne ».

     

    Comment soutenir ce projet ?

    La façon la plus directe de nous soutenir est de participer financièrement via le crowdfunding. La réalisation de ce reportage entraîne des frais importants, c’est la raison pour laquelle nous avons lancé une campagne de financement participatif. Par ailleurs, si les gens qui lisent cet article ont des informations ou des contacts qu’ils souhaitent nous transmettre, ils peuvent nous contacter via les réseaux sociaux ou via notre adresse mail. Toute aide est la bienvenue et nous fera très plaisir !

     

    Pour les soutenir : c’est ici !

    (ou le compte BE95 0634 2424 1558)

    Contact : lordelarevolution@gmail.com

    Facebook : Ecuador l’or de la Révolution

    Source: Investig’Action

    Lien permanent Catégories : Europe, Monde 0 commentaire
  • La France, sponsor des terroristes? Des armes, en veux-tu en voilà! (1/10)

     


    ob_9f5679_hollande-en-arabie
     

    7 janvier 2015, 13 novembre 2015, 22 mars 2016. Des dates qui resteront pour tous les Européens les marques indélébiles d’un traumatisme collectif, marqué par les attentats de Paris et Bruxelles. Pourtant, chaque jour, les opérations militaires menées au nom de la lutte anti-terroriste font bien plus de victimes dans le monde entier : en Irak, en Syrie, en Libye, au Yémen, en Afghanistan, au Pakistan, etc. La France, qui combat d’une main ce qu’elle alimente de l’autre, est en partie responsable de cette situation. La preuve en dix points.


     

    « Il y a partout la même structure pyramidale, le même culte d’un chef semi-divin, le même système économique existant par et pour une guerre continuelle. […] Elle dévore le surplus des produits de consommation et elle aide à préserver l’atmosphère mentale spéciale dont a besoin une société hiérarchisée. […] La conscience d’être en guerre, et par conséquent en danger, fait que la possession de tout le pouvoir par une petite caste semble être la condition naturelle et inévitable de survie. […] Peu importe que la guerre soit réellement déclarée et, puisque aucune victoire décisive n’est possible, peu importe qu’elle soit victorieuse ou non. Tout ce qui est nécessaire, c’est que l’état de guerre existe. »

    George ORWELL, 1984

     

     

    Depuis les attentats du 13 Novembre 2015 à Paris, « le cours de Thales, l’un des principaux fournisseurs de matériel électronique de l’armée française, est en hausse de près de 3% alors que le CAC 40 est en baisse. […] Les actions de Raytheon (+3,41%), Northrop Grumman (+5,75%), Lockheed Martin (+5,25%), fabricants d’avions de combat, de missiles, ou encore de matériel de cybersécurité, sont en forte hausse aux États-Unis.[1] »

     

    La France sur le podium des vendeurs d’armes

    La France oscille entre la troisième et la quatrième place (derrière les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie) sur le podium des plus grands exportateurs d’armes. De 2012 à 2013, les exportations d’armes françaises ont bondi de 42 %, et ont encore grimpé de 18 % de 2013 à 2014[2]. Au 1er Octobre 2015, la France est même passée second exportateur mondial d’armement, derrière les États-Unis mais devant la Russie[3]. Cela en grande partie grâce au développement de son marché avec l’Arabie Saoudite, premier client de la France avec des contrats d’achat d’armes s’élevant à 3,63 milliards d’euros en 2014[4].

     

    eu weapons

     

     

     

     

     

     

    En 2010 déjà, la France était de tous les pays européens le plus grand fournisseur d’armes à l’Arabie Saoudite

     

    L’Arabie Saoudite utilise actuellement ces armes dans la guerre qu’elle mène au Yémen contre les Houthistes. Les bombes saoudiennes – dont certaines sont donc made in France – font chaque jour de nombreuses victimes civiles. Comme le 17 juin 2015 près d’Aden : deux frappes aériennes saoudiennes ont fait 31 morts, dont des femmes et des enfants[5]. Ou encore lors du bombardement saoudien du 15 mars 2016 sur un marché yéménite, qui a tué 97 civils dont 25 enfants[6]. Cette fois-ci, les bombes larguées étaient d’origine états-unienne. Et la prochaine fois ?

    En tout, plus de 5.700 civils (dont 830 femmes et enfants) sont morts au Yémen entre mars et novembre 2015[7]. Le porte-parole du ministère yéménite de la santé Tamim Chami a même avancé un bilan de 23.900 morts en janvier 2016, la plupart dans les bombardements effectués par la coalition menée par l’Arabie Saoudite[8].

    De surcroît, il est impossible pour la France de vérifier la destination finale des armes qu’elle vend, alors que l’Arabie Saoudite soutient officiellement des groupes salafistes jihadistes en Syrie (voir partie 5/10).

     

    Maël Alberca

     

    Prochaine partie (2/10) :

    « Des armes françaises… aux mains de terroristes »

     

    Source: Investig’Action

    Notes:

    [1] Pierre HASKI, « Le malheur des uns fait le bonheur des marchands de canons (et de leurs actionnaires) », Rue89.nouvelobs.com, 16 novembre 2015, à partir de l’article de Glenn GREENWALD, « Stock Prices of Weapons Manufacturers Soaring Since Paris Attack », Theintercept.com, 16 novembre 2015.

    [2] Sébastien LERNOULD avec Victor ALEXANDRE, « La France n’a jamais autant exporté d’armes », Leparisien.fr, 2 juin 2015 & « Rapport au Parlement 2015 sur les exportations d’armement de la France », Defense.gouv.fr, 2 juin 2015.

    [3]  Alexandre KARA, « Ventes d’armes : 2015, une année record pour la France », Europe1.fr, 1er octobre 2015.

    [4]  Sébastien LERNOULD avec Victor ALEXANDRE, Idem.

    [5] « Nouvelles victimes civiles d’un bombardement saoudien au Yémen », Lemonde.fr, 17 juin 2015.

    [6]Des bombes américaines utilisées dans des raids très meurtriers au Yémen”, Rfi.fr, 7 avril 2016.

    [7] « La guerre civile au Yémen a fait 5700 victimes depuis le mois de mars », Jeuneafrique.com, 27 novembre 2015.

    [8]  . Bahar KIMYONGÜR, «La paix au Yémen, garantie de notre sécurité », Investigaction.net, 18 février 2016.

    Lien permanent Catégories : France, terrorisme 0 commentaire