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MS21 - Page 24

  • L’État dévasté

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    Un constat fait consensus : la privatisation du monde anéantit la capacité normative des États. Les gouvernements et plus encore les parlements sont mis sous tutelle. Les élections sont le plus souvent vidées de leur sens. Les institutions publiques perdent leur pouvoir régulateur. Les frontières n’ont de signification que pour les pauvres de la planète : l’économie de marché est transnationale.


     

    L’État s’est désarmé face au chômage ; il ne maîtrise plus les politiques de croissance ; il perd ses ressources fiscales et ne peut plus assurer la survie des systèmes de protection sociale. Ces pertes le délégitiment aux yeux du plus grand nombre : « elles ne sont compensées par aucun équivalent fonctionnel », souligne Habermas.

     

    L’État n’est plus en mesure de maintenir une « communauté de volontés impures », selon la formule de Kant : les instincts et les perversions individuels, destructeurs de la société, ne sont plus contrecarrés par l’éthique de l’intérêt général et d’une quelconque solidarité sociale.

     

    Aux yeux des citoyens, la valeur de l’État s’approche de zéro[1]. Ils ont peur de l’insécurité sociale et des violences ponctuelles, telles que les attentats terroristes ; ils ne sont plus libres. Seuls les marchés financiers « surfent » sur un système socio-politique frappé d’anémie et en voie de démantèlement.

     

     

    1. Ce processus de démolition de l’État entraînant une décomposition au moins partielle de la société civile (ce qui contredit ceux qui y placent toutes leurs espérances) est le fruit de la logique du capitalisme financier : il est de nature complexe, relativement lent, car il est le fait de tous, à des degrés divers, bien que les acteurs principaux soient les grands groupes financiers.

     

    Nombre de citoyens acceptent de redevenir sujets, en espérant par leur docilité un servage sécurisé. Le discours et la pratique des syndicats réformistes les y encouragent. A défaut d’émancipation et des participation aux décisions, la démission et la passivité sont des « refuges » !

     

    La dévastation de l’État occidental suit ainsi un cours apparemment « naturel », avec un minimum de heurts et de réactions sociales et politiques. Cet État a néanmoins besoin d’ennemi pour exister encore ; il s’affirme avant tout « sécuritaire » et le politique se restreint de plus en plus à une surenchère dans le domaine de la surveillance, du renseignement et de la répression policière. Le terrorisme islamiste, issu d’une confessionnalisation du vieil affrontement des pauvres contre ceux qui le sont moins et qui expriment le délire du religieux lorsqu’il s’empare du politique, permet, un temps encore, à cet État déclinant de trouver une justification, appelant à une « union sacrée » droite-gauche, stratégie « classique » des temps de « guerre » !

     

    Ce sont les oligarques qui mènent le jeu : ils sont « apolitiques », s’affirmant les simples transcripteurs des « lois » qui gouvernent le devenir économique et social de l’Humanité. Leur obscurantisme prétend à la rationalité et toute idéologie (autre que la leur) est récusée. Ils ne sont ni du Nord, ni du Sud, et ne se rattachent à aucune école de pensée : la puissance et l’argent sont leurs seules raisons d’être.

     

    Leur « éthique » est la domination par tous les moyens : leurs enfants en font l’apprentissage dans quelques grandes écoles discriminantes comme dans leurs partouzes à Ibiza ou à St Barth, avant de prendre en main à leur tour les rênes des grands pouvoirs privés dont ils hériteront.

     

    Par contre, il subsiste dans le monde des États réticents vis-à-vis de la mondialisation. Leur mode de production, leur régime politique, leur niveau de développement sont différents, mais ils ont en commun le défaut majeur de constituer des espaces de « manques à gagner » pour les prédateurs que sont les grandes firmes privées et les Puissances qui les assistent, en premier lieu les États-Unis.

     

    Ces Obstacles, qualifiés souvent « d’Etats-voyous », constituant « l’axe du Mal » dans le monde, sont durement sanctionnés : les grands médias les discréditent, les embargos les paralysent, les ingérences de toutes sortes les déstabilisent, dont certaines consistent à assister les opposants ou à acheter des gouvernants.

     

    Si ces méthodes ne suffisent pas, le recours à la force armée est utilisé : l’armée chilienne « stimulée » par les États-Unis a ainsi liquidé en 1973 le pouvoir socialiste de S. Allende ; les armées occidentales et l’OTAN ont détruit les États arabes « non fiables » (l’Irak, la Libye, la Syrie, etc.) avec la complaisance d’Israël[2] et de la Turquie.

     

    Cette destruction des États « non fiables » n’est pas suivie d’une politique de reconstruction : le chaos est,, soit par volonté délibérée soit par indifférence, maintenu. Sans État organisé, les fractures internes de la population s’intensifient, se confessionnalisent et les pouvoirs privés occidentaux « récupèrent » : par exemple, le pétrole libyen est vendu par certaines milices à bas prix (environ 10 dollars le baril) aux grandes compagnies privées, notamment italiennes et américaines, privant l’économie nationale de recettes vitales[3].

     

    Les promesses occidentales de « démocratie » et de développement rapide ne sont pas tenues : le chaos à la libyenne ou à l’irakienne est lui-même très rentable, tout comme le servilisme instrumentalisé style Tchad, Gabon ou Côte d’Ivoire « ouattarisée »[4] !

     

    La société internationale est ainsi aujourd’hui composé de Grandes Puissances dont les principaux pouvoirs privés économiques déterminent l’essentiel des politiques étatiques, d’États satellisés, d’espaces (de plus en plus nombreux au Moyen Orient et en Afrique) où règne le chaos. Quelques États cependant surnagent en se refusant à la mondialisation sauvage qu’imposent quelques oligarques, leurs firmes et leurs auxiliaires publics.

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  • La France, sponsor des terroristes? De l’esclavage au néocolonialisme, « Y’a bon la françafrique ! » (9/10)


    françafrique
     

    La France en guerre contre le terrorisme? Un coup d’oeil dans le rétroviseur nous rappelle qu’elle n’a rien à envier aux méthodes de ceux qu’elle prétend combattre. Plus inquiétant, le présent n’apparaît pas vraiment plus réjouissant…


    Il n’est lieu pas de revenir ici sur l’histoire de l’esclavage et de la colonisation, dont l’Europe capitaliste a largement profité pour enrichir sa classe bourgeoise de manière éhontée au fil des siècles. Ces périodes sont largement documentées, et les crimes commis par « les grandes puissances » colonisatrices font l’objet de maints rapports, livres, articles, études et  documentaires, auxquels le lecteur intéressé pourra se référer le cas échéant.

    De l’époque la plus récente, on rappellera à titre illustratif le massacre de Thiaroye le 1er décembre 1944, qui fit 70 morts[1]. Cette répression sanglante a été menée par l’armée française pour mater des tirailleurs sénégalais dont le seul crime était de réclamer leur solde. On rappellera encore les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata en mai 1945, contre des militants nationalistes qui manifestaient pacifiquement contre le colonialisme français. Ces massacres firent entre 3000 et 8000 morts. Ces crimes d’État sont d’autant plus abjects qu’ils ont servi à mater des militants de l’indépendance au moment même où la France, elle, célébrait sa « libération » de l’occupation nazie.

    Dans son livre Massacres coloniaux 1944-1950 : la IV République et la mise au pas des colonies françaises[2], Yves Bonot expose les crimes et les massacres de civils opérés par l’armée française contre des militants indépendantistes, depuis le massacre de Rabat-Fès en 1944, à ceux de Côte-d’Ivoire en 1949-1950, en passant par les massacres de Sétif (1945), Haiphong (1946), Casablanca (1947) et Madagascar (1947). En tout, ce sont plusieurs dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui sont morts sur l’autel de l’Empire colonial français. Des dizaines de milliers de civils assassinés pour avoir eu le courage et l’audace de revendiquer leur liberté et de lutter pour leur indépendance.

    Il faut y ajouter les 44.282 Algériens qui ont été arrêtés en France pendant la durée du conflit[3], et les milliers de prisonniers algériens immigrés en France qui ont été enfermés dans des camps d’internement. Selon l’historien Benjamin Stora, « entre 1957 et 1962, on peut estimer à environ 10.000 le nombre d’Algériens qui, après avoir été jugés, ont passé entre un et deux ans dans les camps en France[4] ».

    N’oublions pas non plus le dernier massacre colonial commis sur le sol hexagonal : le 17 octobre 1961 à Paris, à quelques mois de l’indépendance de l’Algérie, la police française a réprimé dans le sang une manifestation pacifique d’algériens qui protestaient contre le couvre-feu imposé aux seuls Nord-africains. La répression française fit alors plusieurs dizaines de morts, plusieurs centaines de blessés et une centaine de disparus. La répression fut dirigée par le préfet de police Maurice Papon, qui avait collaboré avec le régime nazi et participé au génocide des juifs lorsqu’il était secrétaire général de la préfecture de Gironde entre 1942 et 1944.

    A nouveau le 8 février 1962, une manifestation contre l’OAS est réprimée par la police (toujours dirigée par Papon) et fait neuf morts (événement connu sous le nom de « l’affaire de la station de métro Charonne »). Pour couvrir les violences policières, une loi est votée en 1966 amnistiant les infractions contre la sûreté de l’État ou commises en relation avec les événements d’Algérie, notamment « les infractions commises entre le 1er novembre 1954 et le 3 juillet 1962 dans le cadre d’opérations de police administrative ou judiciaire »[5].

    Il semble utile de rappeler que la colonisation et les exactions qui l’accompagnent n’ont pas pris fin lors de la « vague » des indépendances des années 1960. En effet, à peine la décolonisation entamée que naissait sur les ruines encore fumantes de l’édifice colonial son fils légitime, monstrueux et vorace : le néocolonialisme.

    Là aussi, nous nous abstiendrons de dresser une liste exhaustive des nombreux crimes commis dans le cadre de la « Françafrique[6] ». Nous orientons le lecteur assidu vers les ouvrages de François-Xavier Verschave et les publications de l’association Survie, qui œuvre depuis plus de trente ans à dévoiler les intérêts de la France en Afrique : affaire Elf, génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, interventions militaires en Côte d’Ivoire, au Mali et en Centrafrique, activités des multinationales françaises, etc. Cette politique néo-coloniale est  fondée sur des réseaux d’influence de type mafieux composés d’industriels, de politiques et de militaires. Les intérêts de l’État français se mêlent dangereusement aux intérêts des entreprises françaises privées (Total, Aréva, Vinci, Bolloré, Castel…), au service d’une politique économique qui ne fait aucun cadeau. Jean-Louis Castelnau, le Président délégué du Conseil français des investisseurs en Afrique, ne s’en cache aucunement : « Faut-il encore investir en Afrique ? Bien sûr ! Nous ne sommes pas des sociétés de bienfaisance. Si nous ne trouvions pas notre compte en Afrique, nous n’y serions plus. D’ailleurs, les grands groupes sont toujours présents sur ce continent[7]. »

    L’association Survie rappelle d’ailleurs que « le pillage des matières premières africaines et la commercialisation de produits transformés étaient au cœur du processus colonial[8] ». La prédation des ressources africaines (pétrole, gaz, or, argent, diamant, cuivre, coltan, uranium, platine, manganèse, cacao, café, caoutchouc, coton, huile de palme…) n’est rien d’autre que la continuité de la politique étrangère de la France à la fin du XIXè siècle qui visait à exporter ses capitaux dans ses nouvelles colonies. C’est ce qu’expliquait Jules Ferry, président du Conseil, en 1885 (année de la Conférence de Berlin) : « Les colonies sont, pour les pays riches, un placement de capitaux des plus avantageux (…). La politique coloniale est fille de la politique industrielle. L’Europe peut être considérée comme une maison de commerce qui voit décroître son chiffre d’affaires, car la consommation européenne est saturée.[9] »

    Or, cette ponction continue du sous-sol africain, couplée à la corruption des dirigeants  et à la main-mise de la France sur la monnaie commune (franc CFA), n’engendre que des désastres pour ces pays africains : paupérisation chronique, accroissement des inégalités, absence d’autonomie, perte de souveraineté alimentaire et énergétique, chômage des jeunes, tensions sociales et communautaires… Bref, le terreau parfait pour que se développe le terrorisme, qui plonge ses racines dans le désespoir d’une jeunesse sans avenir.

    Mais la Terreur n’est pas seulement derrière nous, elle est à l’œuvre aujourd’hui même en France, et ce que certains nomment « terrorisme d’État » pourrait bien s’accentuer dans les années à venir. En février 2016, Amnesty International a publié un rapport sur la situation des droits humains dans le monde, et a épinglé la France pour sa politique liberticide menée au nom de la lutte contre le terrorisme. Les mesures concernant le « renforcement de la surveillance, blocages de sites internet, poursuites pour apologie du terrorisme, recours à des perquisitions et assignations à résidence sans contrôle du juge, interdictions de manifestations » sont des lois d’exception qui « ont porté atteinte de façon disproportionnée aux droits et libertés individuelles et ont parfois été mises en œuvre de façon discriminatoire[10] ». La gestion déplorable de la « crise des réfugiés », les conditions inhumaines de la « jungle » de Calais, les expulsions forcées, la répression policière, les arrestations arbitraires sous l’état d’urgence, et les accords de coopération avec des pays pratiquant la torture, ont définitivement fait entrer la France dans la liste des pays pratiquant le terrorisme d’État.

    Source: Investig’Action

    Notes:

    [1]              . Armelle MABON, « Sénégal : le camp de Thiaroye, part d’ombre de notre histoire. », Liberation.fr, 25 décembre 2012.

    [2]              . Yves BENOT, Massacres coloniaux : 1944-1950 : la IVe République et la mise au pas des colonies françaises, Paris, éd. La Découverte, 2001.

    [3]      . Benjamin STORA, « Camps d’internement en métropole pour “suspects” algériens de La guerre d’Algérie in L’Histoire N° 140, janvier 1991 », Univ-paris13.fr, janvier 1991.

    [4]      . Idem.

    [5]      . « L’affaire du métro Charonne », Grand Larousse encyclopédique.

    [6]      . Néologisme popularisé par le livre de François-Xavier Verschave : La Françafrique, le plus long scandale de la République (1998). Le terme « Françafrique » désigne les relations qu’entretient la France avec ses anciennes colonies africaines, à travers des réseaux d’influence politiques, diplomatiques, économiques, militaires, et culturels.

    [7]      . « Les entreprises françaises en Afrique », Survie.org, 16 février 2010.

    [8]              . Idem.

    [9]      . Cité par Damien MILLET, L’Afrique sans dette, Syllepse, 2006, p. 29.

    [10]     . « 5 choses à savoir sur les droits humains en France », Amnesty.fr, 23 février 2016

     

     

    LE DERNIER ÉPISODE DE CETTE SÉRIE SERA PUBLIÉ TRÈS PROCHAINEMENT. RESTEZ CONNECTÉ !

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  • La France, sponsor des terroristes ? La terreur, une longue tradition française (8/10)

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    En matière de sabotages et d’homicides, les services secrets français ont déjà fait toute la démonstration de leur savoir-faire. Petit tour d’horizon…


    Depuis les années 1950, la France a utilisé ses services de renseignement pour assassiner des cibles politiques et faire régner la « guerre psychologique » (autrement dit la terreur) en Indochine et en Algérie notamment. Le Service Action (SA) du SDECE[1], puis de la DGSE[2], a été créé pendant la Guerre d’Indochine, et fortement utilisé en Algérie pour éliminer la résistance à coup de sabotages (« opérations arma ») et d’enlèvements ou d’assassinats ciblés (« opération Homo »), y compris de civils pour « faire craquer » la population.

    L’organisation armée La Main rouge, qui assassina des militants de l’indépendance du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie, était vraisemblablement liée au SDECE et agissait pour le compte de la France qui rechignait à voir ses colonies obtenir leur indépendance. La Main rouge a notamment assassiné le syndicaliste tunisien Farhat Hached le 5 décembre 1952, ainsi que les militants du mouvement national tunisien Hédi Chaker le 13 septembre 1953, Abderrahmen Mami le 13 juillet 1954, puis les frères Taher et Ali Haffouz. L’assassinat à Casablanca du militant pour l’autonomie du Maroc Jacques Lemaigre Dubreuil le 11 juin 1955, a lui aussi été attribué à la Main rouge. De nombreux autres militants pour les indépendances ont été assassinés entre 1950 et 1962. Au cours de la seule année 1960, 135 personnes ont été tuées par le Service Action du SDECE selon Constantin Melnik, qui supervisait à l’époque l’action des services secrets pour le Premier ministre français Michel Debré.

    Mais ces actions hautement confidentielles ne se font pas sans bavures, et il arrive que des opérations secrètes tombent ainsi dans le domaine public. C’est le cas de l’attentat raté contre le militant indépendantiste algérien Tayeb Boulahrouf à Rome, qui tua accidentellement un enfant de 10 ans[3].

    Un autre exemple : l’assassinat en 1960 à Genève du leader pour l’indépendance du Cameroun, Félix-Roland Moumié. L’agent français chargé d’assassiner Félix Moumié en se faisant passer pour un journaliste lui administra une double dose de poison, et Félix Moumié mourut à Genève le 3 novembre 1960 au lieu de mourir plus tard au Cameroun comme cela était prévu. L’enquête effectuée par la police suisse permit de révéler l’identité de l’assassin : William Bechtel, un réserviste du SDECE, dont le procès déboucha sur un non-lieu le 27 octobre 1980[4].

    Un dernier exemple, « l’Affaire du Rainbow Warrior » : le 10 juillet 1985, des agents secrets français de la DGSE sabordent le navire de Greenpeace Rainbow Warrior qui visait à protester contre les essais nucléaires français dans le Pacifique, sur les îles polynésiennes de Moruroa et Fangataufa[5]. Cette opération fit un mort, le photographe néerlandais d’origine portugaise Fernando Pereira. N’ayant pas pu évacuer le navire à temps, il était encore à bord lorsqu’a explosé la deuxième mine magnétique placée sur la coque du bateau par les services français. C’est d’ailleurs après la bavure du Rainbow Warrior qu’un groupe spécial sera créé au sein du Service Action de la DGSE : les « Cellules alpha[6] ».

    Aujourd’hui encore, le Service Action de la DGSE agit hors de nos frontières et hors de tout contrôle démocratique. Ainsi, les services secrets participant à l’intervention militaire de 2011 en Libye ont préparé et encadré le débarquement sur une plage de Tripoli des commandos insurgés venus de Misrata, en coopération avec le Special Air Service (SAS) britannique, avec des Qatariens et probablement des Emiriens[7]. Des opérations clandestines opérées par les forces spéciales françaises sont encore en cours en Libye[8] aujourd’hui[9], au plus grand mépris de la transparence à laquelle on pourrait s’attendre dans un pays qui se dit démocratique.

     

    Source: Investig’Action

    Notes:

    [1]              . SDECE : Service de Documentation Extérieure et de Contre-Espionnage, créé en 1945. Il est remplacé en 1982 par la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE).

    [2]              . Direction Générale de la Sécurité Extérieure .

    [3]           . « Tayeb BOULAHROUF : Le gentleman de la diplomatie de guerre », Lequotidienalgerie.org, 26 juin 2012.

    [4]           . « William Bechtel, l’agent français qui a tué Félix Moumié », Journalducameroun.com, 24 novembre 2014. & Georges DOUGUELI, « Comment Félix Moumié a été empoisonné », Jeuneafrique.com, 9 juin 2008.

    [5]           . Hervé GATTEGNO, « Greenpeace, vingt ans après : le rapport secret de l’amiral Lacoste », Lemonde.fr,‎ 9 juillet 2005.

    [6]              . Patrick PESNOT, « Rendez-vous avec X : Les cellules Alpha », France Inter, 9 mai 2015. & Vincent NOUZILLE, Les tueurs de la République, Fayard,‎ 2015, 73.

    [7]              . « Premier bilan des actions clandestines », Intelligenceonline.fr, 1er septembre 2011.

    [8]              . Nathalie GUIBERT, « La France mène des opérations secrètes en Libye », Lemonde.fr, 24 février 2016.

    [9]              . En février 2016.

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  • La France, sponsor des terroristes ? Israël et la colonisation (7/10)


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    Israël, impliqué dans le terrorisme «islamiste» international ? Cette affirmation pourrait sembler farfelue, si l’on ne prenait pas la peine de s’interroger sur les intérêts géostratégiques israéliens dans la région.

     

    C’est ce que fait le chercheur Olivier Roy, qui dévoile que le phénomène jihadiste en Irak et en Syrie sert les intérêts d’Israël : « Pour les Israéliens, Daech c’est génial : des Arabes qui tapent sur des Arabes et réciproquement ! Ils ne peuvent que se réjouir de voir le Hezbollah se battre contre des Arabes, la Syrie s’effondrer, l’Iran être empêtré dans une guerre, tandis que la question palestinienne devient une cause secondaire.[1] »

                L’ancien diplomate Mohamed Hassan l’explique assez bien : « les israéliens ont un sérieux problème avec Bachar el-Assad. D’abord, parce qu’ils ont conscience que le Hezbollah n’aurait pas pu gagner en 2006 sans le soutien de la Syrie. Ensuite, parce que la crise syrienne leur offre une occasion en or d’affaiblir leur grand ennemi iranien sans même devoir tirer une balle. Le vice-premier ministre israélien Dan Meridor a d’ailleurs déclaré en octobre 2012 : « La priorité est clairement de briser l’alliance entre la Syrie, l’Iran et le Hezbollah. Cela dépasse tous les risques inhérents à un changement de régime à Damas »[2] ».

                On ne peut guère être plus clair. Il n’est donc pas étonnant d’entendre le premier président du Conseil National Syrien Burhan Ghalioun déclarer que la Syrie arrêterait de soutenir le Hezbollah si Bachar el-Assad était remplacé[3]. Ni d’entendre Bassma Kodmani, l’ancienne porte-parole du Conseil National Syrien (qui a travaillé pour la Fondation Ford et le Council on Foreign Relations), déclarer publiquement : « Nous avons besoin d’Israël[4] ». Mohamed Hassan atteste que « Israël a un intérêt certain à se débarrasser de son soi-disant « dictateur favori ». Tsahal [l’armée de défense d’Israël, ndlr], a d’ailleurs mené plusieurs raids en Syrie depuis le début de la guerre. Et un hôpital israélien a été installé dans le Golan pour soigner les rebelles anti-Assad[5]. »

                Non content de soutenir certains groupes terroristes à l’œuvre aujourd’hui en Syrie contre Bachar el-Assad, le gouvernement israélien est coupable sur son sol de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité[6]. En effet, le rapport de l’ONG Amnesty International sur les droits de l’homme en « Israël et dans les territoires palestiniens occupés » pour l’année 2014/2015 est accablant : « les forces israéliennes se sont rendues coupables de crimes de guerre et de violations des droits humains durant une offensive militaire de 50 jours dans la bande de Gaza, qui a fait plus de 1500 morts, dont 539 enfants, et des milliers de blessés parmi les civils. Elle a également provoqué d’importants déplacements de population et des destructions de biens de caractère civil et de services vitaux. Israël a maintenu son blocus aérien, maritime et terrestre de la bande de Gaza, punissant de façon collective ses quelque 1,8 millions d’habitants et accentuant la crise humanitaire. En Cisjordanie, les forces israéliennes ont tué illégalement des manifestants palestiniens, dont des enfants, et ont maintenu diverses restrictions oppressives à la liberté de mouvement des Palestiniens, tout en continuant de promouvoir les colonies illégales et en permettant aux colons israéliens d’attaquer des Palestiniens et de détruire leurs biens en toute impunité, ou presque. Les forces israéliennes ont arrêté plusieurs milliers de Palestiniens, dont certains ont déclaré avoir été torturés ; elles en maintenaient environ 500 en détention administrative sans procès. En Israël, les autorités ont continué de procéder à des expulsions forcées et de démolir les habitations de Bédouins palestiniens dans les « villages non reconnus » du Néguev/Naqab. Elles ont aussi placé en détention et expulsé sommairement des milliers de migrants étrangers, dont des demandeurs d’asile, et emprisonné des objecteurs de conscience israéliens.[7] »

    Un autre article d’Amnesty International montre bien comment Israël utilise des méthodes relevant du terrorisme d’État (intimidations, menaces, torture, destruction de biens privés, expulsions forcées, privations de libertés, restrictions de droits fondamentaux…) en représailles aux actes de résistance palestiniens[8]. Selon Amnesty, les actes du gouvernement israélien ne respectent pas « les droits humains et le droit international humanitaire », et représentent une « atteinte aux Conventions de Genève et un crime de guerre[9] ». Ces méthodes autoritaires et traumatisantes poussent à la radicalisation, et participent à l’entretien d’un cycle de violences perpétuel.

     

    Source: Investig’Action

     

    Notes:

    [1]              . Sara DANIEL et Marie LEMONNIER, « Ces (nombreux) pays que l’existence de Daech arrange bien », Nouvelobs.com, 22 novembre 2015.

    [2]              . Mohamed HASSAN et Grégoire LALIEU, Jihad Made in USA, Investig’Action, 2014, p. 119.

    [3]      . Ibidem

    [4]      . Ibidem.

    [5]              . Idem, p. 120.

    [6]      . « Rapport Black Friday : carnage à Rafah », Amnesty.org.

    [7]              . « Le rapport Israël et territoires palestiniens occupés », Amnesty.org, 2014/2015.

    [8]              . Jacob BURNS, « Voici à quoi ressemble la «fermeté face au terrorisme» à Jérusalem-Est », Amnesty.org, 30 octobre 2015.

    [9]      . Idem.

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  • La France, sponsor des terroristes ? Les États-Unis et leur guerre permanente (6/10)

     

    War-USA
     

    L’objet n’est pas d’entrer ici dans le détail sordide des exactions perpétrées par les États-Unis à travers l’histoire. Nous nous contenterons de rappeler quelques chiffres tragiques liés aux multiples conflits dans lesquels se sont engagés les USA au cours de la seconde moitié du XXème siècle. Si les auto-proclamés « occidentaux » évoquent l’après-guerre comme une période de « guerre froide » entre les États-Unis et l’URSS, d’autres régions du monde eurent à subir les conséquences bien chaudes de l’affrontement idéologique Est-Ouest.


    Depuis 1950, les États-Unis ont été impliqués dans plus de 30 conflits et ont bombardé de nombreux pays, faisant des millions de victimes : guerre de Corée (1950-1953), Guatemala (1954, puis 1960 puis 1967-1969), Indonésie (1958), Cuba (1959-1961), Congo (1964), Laos (1964-1973), Vietnam (1961-1973), Cambodge (1969-1970), Grenade (1983), Liban (1983-1984), Libye (1986, puis 2011), Salvador (1980′), Nicaragua (1980′), Iran (1987), Panama (1989), Irak (1991, puis 2003-2011), Koweit (1991), Somalie (1993, puis 2007-2008, puis 2011, puis 2015), Bosnie (1994-1995), Soudan (1998), Afghanistan (1998, puis 2001-2014), Yougoslavie (1999), Yémen (2002, puis 2009, puis 2011, puis 2015-présent), Pakistan (2007-présent)…

    Le chercheur états-unien Micah Zenco a calculé que les États-Unis ont largué pour la seule année 2015 plus de 23.000 bombes sur L’Irak, la Syrie, l’Afghanistan, le Yémen et la Somalie[1]. Étonnamment, le Pentagone ne déclare que six victimes civiles dans les bombardements U.S., ce qui paraît totalement irréaliste et sous-estimé au vu de l’intensité des bombardements.

     

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  • Sisco, le « burkini » et une certaine « gauche » par Jacques Sapir

    Sisco, le « burkini » et une certaine « gauche »

     

    La question du « burkini », avec les arrêtés d’interdictions pris dans certaines communes, et les affrontements de samedi 13 août en Corse, à Sisco, reposent de manière aigüe et la question des modalités d’application de la laïcité, mais aussi celle des relations entre liberté individuelle et règles collectives. Il est important de ne pas chercher à envenimer une situation qui est, localement, explosive, mais il est aussi important de ne pas transiger sur un certains nombres de principes.

     

    Les incidents de Sisco

    Rappelons les faits. À l’origine des heurts, selon plusieurs sources concordantes[1], un accrochage entre trois familles musulmanes, qui ont accusé les vacanciers de prendre en photo leurs femmes, voilées, se baignant en djellaba et en « burkini », et des touristes qui profitaient de leur passage dans la marine de Sisco pour photographier la crique dite de « Scalu Vechju », très fréquentée par les locaux. Les trois familles ont caillassé les touristes. Un adolescent du village de Sisco est accusé d’avoir pris des photos des épouses et d’avoir filmé l’altercation. L’adolescent, secoué et agressé, et ses amis appellent alors leurs parents qui descendent précipitamment du village, et sont rejoints par plusieurs dizaines de personnes. L’un des parents, un ancien légionnaire d’origine tchèque installé à Sisco, est blessé à deux reprises, au niveau des hanches, par des flèches de fusil-harpon. Au cours des heurts, quatre autres personnes sont blessées et évacuées vers le centre hospitalier de Bastia. Le niveau de violence semble disproportionné à une réaction face à des photographies.

    Il convient, alors, de dénoncer la présentation faite dans certains médias (FR2 en particulier) qui parlent à propos des affrontements de Sisco « d’affrontements intercommunautaires ». Aucune « communauté » n’a été impliquée ici. Certainement pas les corses, qui ne constituent pas une « communauté » au sens strict du terme et encore moins les « musulmans ». La pratique d’une religion ne fait pas « communauté » aux yeux du Préambule de la Constitution, ni à ceux de la loi. Ce langage tenu par des « journalistes » est non seulement faux, mais de plus il jette de l’huile sur le feu. On rappelle aussi que des pratiques extrémistes, et clairement le port du « burkini » relève de ces pratiques, ne peut servir à qualifier une religion, tout comme les discours créationnistes tenus par des extrémistes protestants ou catholiques ne peuvent qualifier ces religions.

    Nous sommes donc en présence d’un incident limité, mais qui aurait pu avoir des conséquences graves (le harpon), et où les responsabilités sont claires.

     

    De l’interdiction du « burkini »

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  • La France, sponsor des terroristes ? L’Arabie Saoudite et les jihadistes d’al-Nosra (5/10)

     

    question 01
     

    L’Arabie saoudite finance des groupes terroristes. Les preuves sont évidentes. Et pourtant, le gouvernement français qui affirme être entré en guerre après les attentats de Paris continue à entretenir des relations privilégiées avec la monarchie pétrolière. Ses liens avec la rébellion syrienne posent également question. Y aurait-il, pour le gouvernement français, de bons et de mauvais terroristes?


     

    L’euro-député Vert Philippe Lamberts rappelle que « l’Arabie Saoudite est le premier vivier du salafisme wahhabite et à ce titre porte une responsabilité cruciale dans l’enracinement de cette forme de l’islam mortifère[1] ». En effet, pour atteindre ses ambitions de puissance régionale hégémonique et étendre son influence politico-économique, l’Arabie Saoudite n’hésite pas à créer, former, financer et armer des groupes terroristes.

    Ainsi, plusieurs témoignages attestent du financement de réseaux jihadistes par d’influents saoudiens, y compris au sein de la famille régnante. Zacarias Moussaoui, impliqué dans la préparation des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, a affirmé sous serment dans un document daté d’octobre 2014 « qu’al-Qaïda recevait des dons de la part de membres de la famille royale saoudienne[2] ». Il a également avoué « qu’il avait rencontré un diplomate saoudien en vue de préparer une attaque contre le président des États-Unis [et qu’]il a également conspiré pour mettre une bombe à l’ambassade des États-Unis à Londres en 1999.[3] » Dans le même document, il accuse plusieurs membres de la famille royale saoudienne d’avoir financé al-Qaïda : le prince Turki al-Fayçal (directeur des services secrets saoudiens de 1979 à 2001 puis ambassadeur aux États-Unis de 2005 à 2007), le prince Bandar Ben Sultan[4] (ambassadeur aux États-Unis de 1983 à 2005 puis directeur des services secrets  de 2012 à 2014), et le prince al-Walid Ben Talal (homme d’affaires saoudien multi-milliardaire). Difficile de vérifier ces allégations, car les 28 pages du rapport sur les attentats de 11 septembre qui explorent les liens entre l’Arabie saoudite et al-Qaïda ont été classifiées[5]. L’ex-sénateur états-unien Bob Graham affirme d’ailleurs que ce document de 28 pages « montre la participation directe du gouvernement saoudien dans le financement [des attentats] du 11 Septembre. […] Nous avons montré que quoi qu’ils [les Saoudiens] fassent, il y aurait impunité. Ils ont donc continué à soutenir al-Qaïda, puis plus récemment dans l’appui économique et idéologique à l’État islamique. C’est notre refus de regarder en face la vérité qui a créé la nouvelle vague d’extrémisme qui a frappé Paris[6] ».

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