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MS21 - Page 77

  • Y EN A MARRE et BALAI CITOYEN : Les nouveaux "Tirailleurs" de l’impérialisme en Afrique

    par Fodé Roland Diagne

     

     

     

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    L'opinion démocratique, patriotique, panafricaine et anti-impérialiste sénégalaise a appris avec étonnement l'opération de mercenariat de Y en a marre du Sénégal et du Balai citoyen du Burkina Faso en République Démocratique du Congo (RDC). Les autorités du pays de Lumumba, Mulélé et Kabila ont expulsé les jeunes missionnaires ouest-africains en annonçant avoir saisi du "matériel, de l'argent et des armes destinés à destabiliser la RDC" et "arrêté pour les juger leurs co-religionnaires congolais".

     



    Les jeunes "tirailleurs" sénégalais et burkinabés prétendent agir pour la "démocratisation" de l’Afrique et "lutter" ainsi contre les "dictateurs" qui s’accrochent au pouvoir en traficotant les "institutions, les constitutions" pour "voler les élections".

    Mais que cachent vraiment ces beaux slogans de "démocratie" et de "lutte contre les dictatures" ? L’exportation de la "démocratie" à travers les ONG ne rappelle-t-elle pas l’exportation de la "civilisation" qui fut l’un des principaux leitmotiv de la conquête coloniale subie par les peuples ?

    Ces mercenaires d’aujourd’hui ne sont-ils pas de simples copies des missionnaires d’antan qui balisèrent la voie des "tirailleurs" qui furent les troupes de choc commandées par les Faidherbe, les Galliéni, les Bugeaud pour tailler les immenses territoires qui constituèrent les empires coloniaux occidentaux ? Y en a marre et Balai citoyen ne sont-ils pas des "tirailleurs" missionnaires compléments des troupes de choc armées impérialistes d’aujourd’hui que sont les Daesh et Boko Haram au service de la françafric, de l’eurafric et de l’usafric ?

    Avant Y en a marre et Balai citoyen, les "révolutions colorées"



    Roumanie, RDA, Serbie, Georgie, Ukraine, etc, ont été les bancs d’essai expérimentaux pour renverser les pouvoirs qualifiés de "dictatures" et y installés les nouvelles tyrannies "démocratiques" libérales bourgeoises soumises aux intérêts impérialistes.

    Cette stratégie a été récemment étendue aux révoltes populaires en Afrique du nord et au Moyen-Orient sous le nom de "printemps arabe".

    La question est toujours la même : comment dévoyer la colère du peuple contre les régimes dictatoriaux libéraux corrompus vers des pouvoirs "démocratiques" libéraux corrompus.

    Ce shéma dont l’objectif est de préserver le contrôle de l’impérialisme sur le pays considéré intègre les fers aux feux utilisables pour empêcher la souveraineté nationale et populaire que sont les fanatiques religieux, les dictatures militaires qui partagent le programme unique libéral et la soumission aux diktats libéraux du FMI, de la Banque Mondiale et de l’OMC et l’implosion des Etats-Nations à l’instar de l’ex-Yougoslavie et du Soudan.

    Rappelons qu’à la Baule en 1990, sentant la montée des mouvements populaires en Afrique, Miterrand avait donné le coup d’envoi des "conférences nationales" en déclarant : "S’il y a contestation dans tel Etat particulier, eh bien ! que les dirigeants de ces pays en débattent avec leurs citoyens.

    Lorsque je dis démocratie, lorsque je trace un chemin, lorsque je dis que c’est la seule façon de parvenir à un état d’équilibre au moment où apparant la nécessité d’une plus grande liberté, j’ai naturellement un schéma tout prêt : système représentatif, élections libres, multipartisme, liberté de la presse, indépendance de la magistrature, refus de la censure : voilà le schéma dont nous disposons".

    Ces "conférences nationales" permirent ainsi de réaménager le système semi-colinal en transformant les dictatures militaires et/ou civiles en multipartisme intégral sans toucher aux fondements économiques et sociaux de l’oppression séculaire des peuples d’Afrique.

    Puis ce fut le tour d’Obama de préciser récemment : "L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes".

    Cette formule est devenue l’alpha et l’omega d’une certaine élite africaine lobotomisée qui se tourne de plus en plus vers l’impérialisme US. En effet l’opposition entre "hommes forts" et "institutions fortes" est une supercherie monumentale d’attrape-nigauds.

    Il n’y a pas et ne peut y avoir de muraille de Chine entre ces deux notions, car le lien est ici dialectique, les deux concepts s’influencent réciproquement sur la base des intérêts et des objectifs des classes que représentent les "hommes" et les "institutions".

    Quelles "institutions fortes" y a t-il aux USA quand 1 sur deux citoyens ne votent tout simplement plus et que le bipartisme bourgeois y interdit de fait toute candidature en dehors des deux partis "républicains et démocrates" des capitalistes ? Quelles "institutions fortes" trouve-t-on en France quand le vote NON du peuple contre le traité constitutionnel est travesti par l’adoption du parlement du traité de Lisbonne ?

    C’est ce piège dans lequel est manifestement tombé Y en a marre quand, suite à l’audience que leur avait accordé Obama à Gorée le 28 juin 3003, leur porte parole déclare comme hypnotisé : « Le président Obama a été très attentif à notre discours sur la jeunesse. La rencontre a d’ailleurs duré plus longtemps que ce qui était prévu initialement.

    Il a pris certains engagements (lesquels ?), mais je préfère ne pas entrer dans les détails, car un communiqué officiel sur cette rencontre doit être rendu public prochainement. Concernant Y’en a marre, il a conclu en nous demandant de rester forts : « Be strong ! », indique Fadel Barro" (http://www.dakaractu.com/Fadel-Barr...).

    Obama leur demande d’être "forts" dans un entretien lors duquel selon Y en a marre "il a beaucoup été question de gouvernance et de démocratie, mais aussi de l’entreprenariat des jeunes, de l’importance d’un développement qui passe par la terre, qui donne des raisons aux jeunes de rester chez eux" (idem).

    Gorée Institute est "l’organisation panafricaine de la société civile ouvrant à la promotion de la démocratie, du développement et de la culture en Afrique" qui a abrité cette recommandation de l’impérialisme US démontrant ainsi à quoi peuvent bien servir cette foison abondante d’ONG en Afrique ccomme l’Usaid, le corps de la paix, etc.

    D’où cette sortie pertinente du site d’information Leral après le safari Y en a marriste avorté de Kinshasa : "On savait que Y en a marre bénéficie d’appuis financiers et de subventions des organisations non gouvernementales et des fondations internationales. Mais on ne savait pas que le pays d’Obama, à travers le département d’Etat, considère ces jeunes sénégalais comme de puissants leviers pour redessiner la carte de l’Afrique".

    C’est ainsi que l’on apprend le rôle de recruteur pour les basses besogne fortement monnayées de l’Ambassadeur d’origine Congolaise des USA au Burkina Faso. Son pedigree officiel en dit long sur sa mission qui consiste à fabriquer des "révolutions colorées" à la sauce africaine : "Dr. Tulinabo S. Mushingi a été confirmé Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire des Etats-Unis d’Amérique auprès du Burkina Faso par le Sénat américain et le Président Barack Obama, respectivement le 9 et le 25 juillet 2013.

    L’Ambassadeur Mushingi, un diplomate de carrière du Senior Foreign Service, a servi en qualité de Secrétaire Exécutif Adjoint et Directeur Exécutif du Secrétariat Exécutif d’Etat de 2011 à 2013.

    L’Ambassadeur Mushingi fut également Premier Conseiller à l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique en Ethiopie où il s’engagea activement à promouvoir la politique américaine dans la corne de l’Afrique, tout en menant les activités des différentes agences gouvernementales et supervisant la gestion des ressources de cette mission qui constitue la troisième plus grande présence du Gouvernement américain en Afrique, tout en apportant son appui à la représentation américaine auprès de l’Union Africaine.

    De 2006 à 2009, l’Ambassadeur Mushingi a servi en tant que Conseiller de l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique en Tanzanie. De 2003 à 2006, il fut attaché au Secrétariat Exécutif chargé d’accompagner les Secrétaires adjoints Armitage et Zoellick à l’étranger.

    L’Ambassadeur Mushingi a également occupé diverses fonctions à l’étranger, y compris à Kuala Lumpur, Malaisie ; Maputo, Mozambique ; Lusaka, Zambie ; et Casablanca, Maroc ; ainsi qu’au Département d’Etat à Washington D.C., notamment auprès du Bureau of Intelligence and Research ; le Bureau of International Organization Affairs et le Bureau of Human Resources.

    Il a reçu plusieurs distinctions, dont deux Superior Honor Award du Secrétaire Clinton et du Secrétaire-adjoint Armitage et un autre pour son leadership remarquable au cours de la visite de quatre jours du Président Bush en Tanzanie, qui fut un véritable succès.

    Pendant son passage au Foreign Service Institute, de 1989 à 1991, Dr. Mushingi a réussi à mettre en œuvre des mesures concrètes pour diversifier le corps enseignant d’une des plus grandes sections de langues étrangères de cet institut qui forme le Corps Diplomatiques des Etats-Unis.

    L’Ambassadeur Mushingi a travaillé pour le Corps de la Paix des Etats-Unis d’Amérique en Papouasie Nouvelle Guinée, en RD Congo, au Niger et en République Centrafricaine. Pendant de nombreuses années, il était professeur visiteur à Dartmouth College et professeur à Howard University".

    Confronté à cette orchestration provocatrice, Lambert Mendé, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement de la RDC annonce fermement les décisions prises : "Nous avons décidé de les expulser de notre territoire : ils n’ont pas le droit de venir faire de la politique ici (...) ils ont prétendu être venus ici pour agir dans le sens d’un changement du régime d’un pays qui n’est pas le leur, cela ne se fait pas.

    Conformément à la loi, nous les expulsons donc de notre territoire. Nous n’avons pas à nous expliquer sur cela. il y a beaucoup de problème à cet égard, il y a beaucoup d’argent qui a circulé, il y a des comptes qui ont été ouverts sous de fausses identités…

    Il y a même une fausse société qui a été créée pour pouvoir inviter les trois Sénégalais et le Burkinabè. Nous avons trouvé une littérature assez inquiétante sur le retour des jihadistes ; nous avons retrouvé des tenues militaires : tout cela nécessite que ceux qui sont à la base de cette initiative puissent passer devant le procureur" (RFI).

    Pourquoi la RDC ?



    La RDC est, dès le départ, un des pays d’Afrique qui a subi un traitement particulier de la part de tous les impérialistes. Après les massacres et génocides du colonialisme Belge, le pays a été tout de suite mis sous coupe réglée suite à l’assassinat de Lumumba puis de Mulélé et l’installation au pouvoir de Mobutu, second plus grand assassin du peuple Congolais.

    Le Zaïre devint ainsi la base arrière de l’UNITA pro-néo-coloniale contre le MPLA porteur du projet indépendantiste radical, solidaire de la SWAPO de Namibie et de l’ANC anti-apartheid sud-africain. Il faut ici rappeler l’internationalisme en acte fondamental de la "petite" Cuba qui, avec les combattants du MPLA, ont infligé la défaite historique de Cuito Cuanavale aux troupes racistes sud africaines soutenues par l’impérialisme US et de l’UE, ce qui a contraint Prétoria a libéré Mandela et a négocié le principe d’un homme = une voix.

    Mobutu, tout comme Houphouët, Senghor, Bongo, Eyadéma, Ahidjo, etc, ont été des piliers du système néo-colonial imposé dans le sang par l’impérialisme pour contrôler l’Afrique. Ils ont été aussi des alliés du sionisme en Afrique.

    L. D. Kabila, qui avait maintenu un foyer de résistance dans le Kivu ("Ehobora"), visité un moment par Che Guevara, forgea une alliance nationale et panafricaine en 1996 pour briser le piège de cet arbre à palabre inefficace et trompeur de la "conférence nationale" imposée par Miterrand en 1990 avant de renverser le président léopard Mobutu.

    L’abandon de la voie révolutionnaire et panafricaine par le Rwanda, un moment allié de L. D. Kabila, se traduisit par une tentative de coup d’état déjouée contre Kabila et l’occupation militaire de l’est du Congo par des milices armées. Cette guerre d’occupation territoriale imposée à la RDC qui se poursuit a fait plus de 5 millions de morts pendant que les richesses de l’est du Congo continuent d’être pillées par les Multinationales des impérialistes US et de l’UE.

    L. D. Kabila fut assassiné, mais le nouveau pouvoir Congolais ne tomba pas et Joseph Kabila prit la relève de son père tout en faisant des concessions aux impérialistes. Toutefois, ce compromis qui cède à l’affairisme impérialiste occidental a été accompagné d’une ouverture du pays à d’autres partenaires économiques dont les BRICS.

    Parallèlement, des projets économiques stratégiques panafricains d’envergure voient le jour avec l’Angola, le Zimbabwé, l’Afrique du Sud, la Namibie, la Guinée Equatorale, le Mozambique, etc, y compris des projets de défense militaire patriotique et panafricaine. L’axe que constitue la SADC prend ainsi peu à peu le chemin du déserrement de l’étau néo-colonial des puissances impérialistes US et de l’UE.

    Malgrè le tour libéral des politiques que mènent le fils Kabila, force est de constater que les impérialistes cherchent à se débarrasser du régime kabiliste parce que justement la Chine et d’autres pays émergents sont devenus et/ou sont en cours de devenir les premiers partenaires économiques et commerciaux de la RDC et des pays de la SADC.

    Il n’est pas rare d’entendre dans ces pays la phrase suivante : "la coopération avec les BRICS, en particulier la Chine, a réalisé en quelques années ce que des siècles de domination coloniale occidentale n’ont pas réalisé, notamment en terme d’investissements dans les infrastructures".

    Confrontées à cette concurrence, c’est ainsi que les impérialistes remettent en scène le dinausore, ex-ministre de Mobutu, Tshésékédi, et autres apatrides qui ont mangé à la soupe Mobutu, sans oublier l’achat d’éléments de la "diaspora" congolaise en Europe pour vilipender J. Kabila en l’amalgamant avec les chefs d’état néo-coloniaux des réseaux françafricain, eurafricain, usafricain.

     

    Tout ce beau monde s’agite bruyamment et agressivement en attaquant parfois physiquement les autorités congolaises en visite dans les pays européens dans le but de ramener carrément la RDC dans le giron de la domination sans partage des impérialistes US et de l’UE.

    Là où la guerre à l’est et l’inféodation aux impérialiste de la soi-disant "oppostion" congolaise sont en passe d’échouer, c’est manifestement Y en a marre et Balai citoyen qui sont ainsi mis à contribution par les impérialistes pour destabiliser et renverser le pouvoir Kabiliste. Tout ceci est fait aussi pour berner les peuples africains et les militants panafricanistes.

    Cabral, Sankara, Nkrumah, Um Nyobé, Cheik Anta Diop comme icônes inoffensives

    Y en a marre et Balai citoyen ont souvent à la bouche ou sur leurs tee-shirts ces figures historiques des luttes anti-colonialistes et anti-impérialistes africaines. Ils les présentent comme leurs inspirateurs et références.

    Presque tous ces héros sont des martyrs assassinés par les mêmes qui les financent et se tapissent derrière le "tourisme" politique prétendument "patriotiques et démocratiques" des louangeurs Y a en marristes qui en font des icônes inoffensives tout comme les publicistes des Multinationales prédatrices le font maintenant avec la figure du CHE.

    Certains d’entre eux sont des collabos conscients des impérialistes, mais tous ne le sont pas, notamment les dizaines et centaines de milliers, voire des millions de jeunes qui ont été les acteurs majeurs des historiques journées du 23 juin et du 30 au 31 octobre au Sénégal et au Burkina Faso.

    Que savent-ils vraiment des théories et pratiques des révolutions africaines incarnées par les Cabral, Sankara, Um Nyobé, Osendé Afana, F.R. Moumié, Nkrumah, Cheikh Anta Diop, Victor Diatta, Lamine Arfan Senghor, Thiémoko Garan Kouyaté, des doyens du PAI qui ne sont jamais reniés, etc ?

    Savent-ils que ces héros et martyrs ont été liquidés par les impérialistes avec la complicité directe ou indirecte d’Africains qui ont été les rouages humains de la servitude dont les peuples africains sont victimes jusque de nos jours ? Sont-ils vraiment prêts à se mettre en théorie et en pratique à l’école de ceux et celles qui ne doivent pas devenir les icônes inoffensives instrumentalisées par des pantins au service des impérialistes ?

    Les grands révolutionnaires africains ont forgé, à défaut de vaincre, des théories et pratiques pour que l’Afrique et les peuples d’Afrique conquièrent l’indépendance et la souveraineté nationale et populaire. C’est cela qu’ils ont légué à la jeune génération d’aujourd’hui qui doivent à leur comme le dit F. Fanon s’acquitter de leur devoir en parachavant leur oeuvre émancipatrice.

    L’escapade néo-coloniale en RDC de Y en a marre et du Balai citoyen interpelle chaque jeune qui s’est engagé dans la mobilisation citoyenne que ces mouvements médiatisés par les ONGS et la presse impérialiste ont représenté.

    La jeunesse africaine doit s’affranchir des diktats de la pensée unique libérale déclinée sous la forme trompeuse de la promotion de "l’entreprenariat privé" et des "institutions fortes".

    En effet, seuls des hommes et des femmes "forts" forgeant des "institutions fortes" comme un parti populaire organisé et un Etat stratège au service du peuple, c’est à dire de la majorité ouvrière, paysanne et des travailleurs du secteur informel peuvent oeuvrer, en encadrant et en contrôlant la bourgeoisie nationaliste, à frayer la voie à la libération et à planifer le développement national et panafricain de l’Afrique.

    Source : http://www.cameroonvoice.com/news/a...

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  • Combat laique et combat social : samedi 6 juin de 13 h à 17 h Paris

     

     

    Appel à constitution de collectif

    Combat laïque et combat social

    “Charlie” et après ? Suite aux journées des 7, 8, 9 janvier 2015 et aux réactions populaires salutaires qui ont suivi, nous avons constaté les manipulations politico-médiatiques du gouvernement, ses tendances concordataires, le détournement de la laïcité par la droite et l'extrême-droite pour cibler les musulmans ; mais aussi, pour de nombreuses directions d'organisations de la gauche, d'une réaffirmation de positions communautaristes, pour terminer avec l'appel à un meeting “contre 'islamophobie” le 6 mars à Saint-Denis, incluant des organisations islamistes dont l'UOIF, proche de l'organisation internationale des Frères musulmans, ou les Indigènes de la République.

    Nous estimons qu'aucune dynamique émancipatrice ne peut avoir lieu au XXIe siècle en s'alliant avec l'obscurantisme et la réaction. Il reste à répondre aux interrogations des militants dans un climat idéologique confus.
    Les participants à une première réunion tenue le 18 février à Ivry/Seine ont souhaité élargir la mobilisation, pour aller à terme vers un collectif de type "gauche laïque" respectant la diversité des appartenances.

    Dans cet esprit, ils appellent à un débat qui se tiendra le samedi 6 juin de 13 h à 17 h à la Bourse du Travail, salle Jean Jaurès

    3, rue du Château d'eau - 75010 – M° République

    Après une présentation générale sur les perspectives de transformation sociale et politique, en France et dans le contexte international actuel, la discussion sera largement ouverte à partir des axes suivants :

    •   Antiracisme

    •   Féminisme

    •   Ecole

    •   Impasses du communautarisme et intégration

    •   Monde du travail

      A l'initiative d'un collectif composé de l'UFAL (Union des Familles Laïques) Ile-de-France, du journal électronique ReSPUBLICA, du Réseau Education Populaire, du MS21 (Mouvement pour un Socialisme du XXIe siècle), de Prométhée 94 et de militants syndicalistes (CGT, Solidaires, FSU) et politiques (Parti de Gauche, PCF, écologistes)

      Inscriptions et renseignements : contact@gaucherepublicaine.org

     

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  • Hollande et les pétromonarchies, le VRAI Robert Ménard, antiterroriste : l'imposture

    Le Grand Soir
    Journal Militant d'Information Alternative
     

    Cette semaine
    Jacques R. Pauwels
    Ce 8 mai, nous fêtons le 70e anniversaire de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale qui a coûté la vie à plus de 60 millions de personnes. à en croire les films hollywoodiens, tout se serait joué lors de combats héroïques entre soldats américains et allemands ou japonais. Les historiens sont toutefois unanimes : l’Allemagne nazie a été vaincue par l’Armée rouge. Jacques Pauwels, historien et auteur d’un ouvrage sur la question, revient sur cette période et (...) Lire la suite »
     
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    Kharroubi HABIB
    Disons-le crûment, le président français François Hollande s’est rendu au Qatar et en Arabie Saoudite pour encaisser les dividendes de l’alignement politique de la France sur les positions des monarchies de la région que ce soit sur le conflit syrien ou sur le dossier du nucléaire iranien. A Doha, il a empoché la commande ferme par le Qatar de 24 exemplaires du chasseur Rafale et de missiles pour 6,3 milliards d’euros et la promesse que l’émirat ne s’en tiendra pas à cette seule commande. Mais c’est (...) Lire la suite »
     
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    Maxime VIVAS, Thierry DERONNE
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  • Hillary Clinton et la politique de l’opportunisme


    par Robert Fantina

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    L’auteur de ces lignes reste perplexe et dérouté par l’apparent amour universel des démocrates dont est recouvert l’unique et seul grand candidat annoncé du parti, Hillary Clinton.

     



    Il reçoit des demandes sans fin de la part d’organisations comme « Emily’s List », le « comité démocratique de campagne du Congrès » et « Florida for Hilary’s » pour son argent durement gagné, afin de soutenir le couronnement de l’ancienne première Dame, sénatrice et secrétaire d’Etat. Ces sollicitations incluent généralement un certain nombre de personnes ayant déjà fait une donation, et les montants ayant été atteints, sont toujours un peu en dessous de l’objectif. Il est sous-entendu que l’auteur de ces lignes pourrait pousser Madame Clinton au sommet.

    Mais pourquoi, et cet auteur cherche réellement à le savoir, y-a-t-il autant d’enthousiasme pour Madame Clinton ? Qu’a-t-elle fait durant toutes ces années de vie publique, pour le garantir ? N’a-t-elle jamais accompli quelque chose pour le plus grand bien sans décevoir ?

    Penser à Mme Clinton, cela nous évoque Paris Hilton, une créature essentiellement inutile qui est simplement célèbre pour sa célébrité. Madame Clinton est-elle si différente ? Peut-être l’est-elle ; au moins Mme Hilton n’est pas dangereuse.

    Penchons-nous sur une situation dans laquelle Mme Clinton aurait pu prendre une position fondée sur des principes, mais où elle a, à la place, choisi le plus simple chemin de l’opportunisme politique.

    Suivant les attaques aux Etats-Unis du 11 septembre 2001, l’administration du président George Bush a cherché à fabriquer quelques liens entre ces attaques et l’Irak abondant de pétrole.

    Les services de renseignements américains ne purent cependant trouver de lien crédible, information dont disposait l’administration Bush, mais qui ne fut guère partagée avec le Congrès. Malgré tout une invasion fut requise par l’autoproclamé « président de guerre ».

    Afin d’y parvenir, quelques connexions douteuses entre Al-Qaïda et l’Irak, ainsi que des accusations publiquement proclamées selon lesquelles l’Irak disposait « d’armes de destruction massive » directement pointées sur les USA. Chez la population crédule des Etats-Unis, cela déclencha l’effroi, un sentiment de revanche contre les crimes du 11 septembre et la volonté de se prévenir d’éventuels événements similaires.

    Ainsi la résolution de guerre avec l’Irak (officiellement la résolution pour l’autorisation d’utiliser la force militaire contre l’Irak) de 2002 fut adoptée en octobre de la même année, avec 29 sénateurs démocrates votant en sa faveur. Incluse dans cette liste disgracieuse, l’actuelle coqueluche des démocrates, Mme Clinton.

    Deux ans plus tard, quand le bilan des morts s’accroissait et que l’Irak sombrait dans la guerre civile, Mme Clinton déclara ne pas regretter son vote, bien qu’elle estimait que M. Bush avait mal géré l’entière situation.

    Maintenant, bien que Mr Bush ait choisi de cacher des faits importants au Congrès, examinons quelques-uns d’entre eux qui étaient largement connus à l’époque.

    — Les inspecteurs en armement, menés par Hans Blix de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), obtenaient pour n’importe quelle requête, un accès sans précédent à chacun des sites en Irak lors de leurs recherches sur ces « armes de destruction massive ». Ils n’en trouvèrent aucune.

    — Quelques un des plus proches alliés des USA, parmi lesquels la Russie, le Canada et la France, refusèrent de participer à l’invasion. Ils souhaitaient que les inspecteurs en armement continuent leur travail et trouvaient douteuses les proclamations américaines concernant le risque que représentait l’Irak pour le monde.

    — À travers le monde, des millions de personnes protestèrent contre l’imminente invasion. Ainsi, basées sur ces trois faits, quelques questions auxquelles Mme Clinton n’a jamais convenablement répondu.

    — Pourquoi autoriser une guerre quand son motif, dans ce cas le désarmement d’armes de destruction massive, était pour le moins douteux ? Si l’on décide de déclarer la guerre (et cet auteur est loin d’être convaincu que cette forme particulière de massacre puisse être un jour justifiée), ne faudrait-il pas au moins attendre de voir si sa motivation est pertinente ?

    N’y a-t-il aucune valeur à écouter la considération réfléchie d’alliés de confiance ? Si bien d’autres pays, spécialement ceux qui ne dépendent pas de l’aide américaine internationale et qui sont donc d’une certaine manière plus libres d’exprimer une opinion honnête, s’opposent à une résolution majeure américaine, résolution périlleuse, ne faudrait-il pas leur prêter plus d’attention ?

    — Enfin, si les représentants élus des USA veulent ignorer l’opinion mondiale, c’est une chose. Mais avec l’opposition massive contre l’invasion bien démontrée dans les rues américaines, cela n’appelle-t-il pas peut-être à un délai dans le processus de guerre, afin que plus d’informations puissent être obtenues, et les soucis de la population entendus ?

    Apparemment, des considérations aussi insignifiantes telles que de ne pas avoir une raison réelle pour la guerre, l’opposition d’alliés et la voix des citoyens, n’étaient pas dignes de l’attention de Mme Clinton. Elle a sans doute préféré ne pas paraître faible face au terrorisme (quel qu’il soit) ; au 21ie siècle, dans les cercles politiques américains, cela aurait pu être aussi dévastateur que de ne pas se montrer ferme face au communisme il y a une génération.

    Non, il vaut mieux ne pas trop faire de vagues, surtout quand l’on est à peine une jeune sénatrice et que l’on a à l’esprit un retour à la Maison-Blanche, cette fois en tant que star et non comme simple personnage de soutien. Après tout, qu’ont le sens politique, le leadership de principe et la morale à voir avec le fait de gouverner aux Etats-Unis ? Ce sont de bonnes bouchées pour les infos du soir qui comptent.

    Mais il se peut aussi que Mme Clinton n’ait pas assez réfléchi au point de manquer une sérieuse opportunité. On peut en effet soutenir qu’à l’inverse de cette sénatrice arriviste de l’Illinois, elle aurait été nommée présidente en 2008 si elle avait voté contre cette résolution de guerre.

    Aujourd’hui, même si la base démocrate peut avoir la mémoire courte, Mme Clinton aura besoin de tout ce qu’il reste de la vraie gauche pour gagner ; bien trop de gens la méprisent à droite ; elle aura donc besoin des votes de toute la gauche et du centre.

    Mais peut-elle compter sur eux ? Cet auteur espère sincèrement que non. Alors que le cirque pour la nomination républicaine vient à peine de commencer, avec ses attendus clowns cherchant leurs soutiens, il est temps pour les démocrates de voir Mme Clinton comme l’opportuniste qu’elle est et de chercher une alternative viable. Qu’une telle personne sorte du lot est improbable, et c’est symptomatique du triste état des affaires politiques et gouvernementales aux Etats-Unis.

    Source : Investig’Action
    Traduit de l’anglais par O.M. pour Investig’Action
    Source originale : Counter Punch

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  • Honduras : Conversation avec Manuel Zelaya

    par Salim Lamrani - Source site du PRCF : www.initiative-communiste.fr

    Salim Lamrani  a pu mener avec le président Manuel Zelaya du Honduras, destitué par un violent coup d’état soutenu par l’impérialisme Nord Américain en 2009. www.initiative-communiste.fr site web du PRCF ne pouvait que lui donner toute place dans ses colonnes. Évidemment, Zelaya ne sera jamais l’invité de BFN TV et autre radios, télés et journaux du système…

    José Manuel Zelaya Rosales est né le 20 septembre 1952 dans la ville hondurienne de Catacamas, dans le département d’Olancho. En 1970, il s’implique dans la vie politique et devient membre du Parti Libéral du Honduras. Il occupe alors la fonction de conseiller départemental.

    En 1985, Zelaya est élu député et occupe successivement plusieurs fonctions au sein du Congrès national, telles que la présidence de la commission des ressources naturelles et la commission du Pétrole. Il devient également secrétaire du bureau exécutif du Parlement.

    En 1994, il est nommé par le Président Carlos Roberto Reina directeur du Fond hondurien pour l’investissement social. Quelques années plus tard, en 1999, Zelaya devient conseiller du Président Carlos Roberto Flores Facussé.

    En tant que candidat du Parti Libéral, Zelaya est élu Président de la République du Honduras en 2005 et triomphe de son adversaire Porfirio Lobo Sosa du Parti National. Il assume ses fonctions le 27 janvier 2006. Dès le premier jour de sa présidence, il fait adopter la Loi de participation citoyenne qui permet des consultations populaires sur les principales questions nationales, afin de renforcer la démocratie participative.

    Sa bonne gestion a été saluée en 2006 par la Commission économique pour l’Amérique latine et la Caraïbe des Nations unies qui a classé le Honduras au premier rang des nations à forte croissance économique de la région, avec le taux d’inflation le plus bas des quinze dernières années.

    Le Président Zelaya ne privilégie pas pour autant l’économie au détriment de l’écologie. En effet, en 2007, il lance un programme de protection des forêts dans la zone du fleuve Plátano.

    En 2008, le Honduras intègre l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) fondée par le Venezuela et Cuba. Le pays peut ainsi bénéficier du programme Petrocaribe qui permet d’acquérir à crédit 40% du pétrole acheté avec un taux d’intérêt de 1% sur 25 ans. Les économies réalisées dans le secteur énergétique ont permis à Zelaya d’entreprendre un politique sociale destinée à améliorer le niveau de vie des secteurs les plus défavorisés avec des investissements massifs dans les domaines de la santé et de l’éducation. De la même manière, le salaire minimum augmente de 11% en 2007 et de 60% en 2008.

    En 2009, le Président Zelaya propose une consultation populaire pour le mois de juin au sujet de l’éventuelle élection d’une Assemblée constituante afin de modifier la Constitution de 1981. En cas de réponse positive, une quatrième urne serait ajoutée lors des élections de novembre 2009 afin de ratifier la volonté populaire.

    Néanmoins, Zelaya se heurte à l’hostilité du Tribunal suprême électoral, du Procureur de la République, de la Cour suprême de Justice et du Congrès national, sous le contrôle des conservateurs qui s’opposent à toute réforme constitutionnelle. Tous considèrent comme illégale la consultation. L’armée refuse distribuer les urnes lors de la consultation prévue le 28 juin, contraignant le Président à importer le matériel du Venezuela et engendrant une crise politique avec les démissions du Ministre de la Défense, et des chefs d’Etat-major des trois armées.

    Le 28 juin 2009, le Président Zelaya est victime d’un coup d’Etat orchestré par Washington et l’oligarchie hondurienne, opposés au rapprochement avec la gauche latino-américaine. Expulsé au Costa Rica, il est remplacé par Roberto Micheletti à la tête du pays jusqu’à la fin de son mandant en janvier 2010. Aucun gouvernement au monde ne reconnait la junte putschiste.

    La communauté internationale condamne de manière unanime la rupture de l’ordre constitutionnel au Honduras, y compris les Etats-Unis. En juillet 2009, Zelaya, accompagné de plusieurs personnalités, tente de rentrer au Honduras, sans succès. L’armée empêche l’avion d’atterrir et tire même sur la foule venue accueillir son président, faisant de nombreux morts et blessés.

    En septembre 2009, il se réfugie dans l’ambassade du Brésil à Tegulcigalpa en tant que Président légitime en exil. La représentation diplomatique est alors assiégée par les forces putschistes jusqu’à son départ vers la République dominicaine le 27 janvier 2010.

    Suite à une négociation avec le nouveau pouvoir dirigé par Porfirio Lobo, élu en 2009 dans un pays sous état de siège, sans aucune garantie constitutionnelle, Zelaya est autorisé à retourner au Honduras et à réintégrer la vie politique nationale. De la même manière, la Cour Suprême décide d’annuler les poursuites ouvertes à son encontre par les autorités putschistes dans le cadre de cet accord.

    Elu député en septembre 2010, Zelaya fonde un nouveau mouvement politique appelé Liberté et Refondation. En 2013, son épouse Xiomara Castro de Zelaya se présente aux élections présidentielles, gagnées par l’actuel Président Juan Orlando Hernández, malgré des accusations de fraude.

    Au cours de ces conversations, José Manuel Zelaya dresse un rapide bilan de son gouvernement et revient sur le coup d’Etat. Il aborde également la situation politique nationale au Honduras et conclut cet entretien en soulignant l’importance de la Révolution cubaine et de la Révolution bolivarienne en Amérique latine.

     

    Salim Lamrani : Monsieur le Président, pourriez-vous ébaucher un bilan de votre mandat à la tête de la République du Honduras ? Quelles ont été les mesures emblématiques de votre gouvernement ?

    José Manuel Zelaya : Au XXIe siècle, la colonne vertébrale de l’économie est l’énergie car tout y est rattaché. Ce n’était pas le cas au XIXe siècle, ni dans la première moitié du XXe siècle. Lors de mon arrivée au pouvoir, nous avons été confrontés au monopole énergétique imposées par les multinationales étasuniennes et européennes dans le domaine du pétrole. Notre énergie électrique était la plus chère d’Amérique centrale et nos entreprises étaient peu compétitives en raison des coûts élevés engendrés par cette situation.

    La principale mesure que nous avons prise au début de mon mandant a été de corriger ce problème du monopole pétrolier. Nous avons donc intégré l’organisation Petrocaribe créée par le Président Hugo Chávez du Venezuela et nous avons pu bénéficier de facilités de paiement.

     

    SL : Quelle a été la réaction des multinationales pétrolières ?

    JMZ : Les multinationales pétrolières étasuniennes et européennes m’ont déclaré la guerre et m’ont qualifié d’ennemi du secteur privé. A l’évidence, ma politique ne plaisait pas aux conservateurs du secteur privé, car j’ai mis en place des règles de marché, j’ai créé de la concurrence et j’ai mis fin au monopole. J’ai fait en sorte que la demande régule l’offre et j’ai mis un terme à la situation où l’offre régulait la demande, à cause de ces monopoles. Cela est une réalité dans nos pays où les monopoles et les concessions de l’Etat aux entreprises privées perturbent les règles du marché.

    Ma politique de rupture du monopole a été à la source du différend qui a opposé mon gouvernement aux Etats-Unis. Le secteur privé, qui était contraire à la concurrence et qui souhaitait conserver le contrôle de l’économie, s’est également opposé à mon autorité. Les entreprises privées ont donc planifié un coup de force pour m’expulser du pouvoir et les multinationales étrangères l’ont financé. Cela a débouché sur le coup d’Etat de juin 2009 qui a mis un terme à la légalité constitutionnelle et a rompu par la force le mandat que m’avait confié le peuple.

     

    SL : En terme de politique sociale, quelles mesures a pris votre gouvernement ?

    JMZ : D’un point de vue économique, notre gouvernement était très stable. Durant les trois années de mon mandat, nous avons eu une croissance soutenue de 6,7%, malgré la crise de 2008. Notre croissance a été largement supérieure à la croissance moyenne du continent.

    Pour la première fois de l’histoire du Honduras, nous avons réduit la pauvreté. Nous avons mis en place des programmes sociaux dans le secteur de l’éducation avec un accès gratuit à l’école pour tous les enfants du pays. Nous avons créé le Réseau solidaire avec une couverture de santé pour des secteurs les plus fragiles. Nous avons réduit la pauvreté extrême de 16 points et nous avons fait baisser de 6 points la pauvreté en à peine deux ans. C’est quelque chose d’inédit dans l’histoire de notre nation.

     

    SL : Vos difficultés étaient donc plutôt d’ordre politique.

    JMZ : Oui, car nous avons irrité les Etats-Unis. Ils ont déclaré qu’ils ne permettraient pas que le Honduras intègre l’Alliance bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique fondée par Cuba et le Venezuela. Plusieurs personnalités étasuniennes sont à l’origine du coup d’Etat tels qu’Otto Reich, Pedro Carmona ou Roger Noriega. Elles ont planifié le coup de force qui m’a renversé avec les faucons de Washington et l’oligarchie hondurienne. Le coup d’Etat a plongé le pays dans la violence et la misère.

     

    SL : Comment est survenue cette rupture de l’ordre constitutionnel ?

    JMZ : Ils ont utilisé un argument précis. Lors de ma première année de gouvernement, j’ai fait voter la « Loi de participation citoyenne » qui permet de consulter le peuple par referendum. La démocratie représentative a atteint ses limites partout dans le monde, car les représentants du peuple trahissent souvent leurs engagements, sombrent dans la corruption. Il n’est pas possible d’acheter un peuple. En revanche, il est aisé de soudoyer un député, un sénateur ou un ministre. Nous avons donc décidé de favoriser la démocratie participative.

    Lors des élections de 2009, j’avais décidé de consulter le peuple le 28 juin pour savoir s’il était favorable à un vote sur l’opportunité d’une convocation d’une Assemblée constituante. En cas de résultat positif, nous aurions ajouté une urne lors des élections de novembre 2009 afin de réaliser le referendum. Un juge a décidé de déclarer illégale cette initiative purement consultative. Nous n’avons même pas eu le temps d’interjeter appel de la décision. Le 28 juin 2009, les putschistes ont pris les armes et nous ont expulsés du pays.

    On avait renversé l’Etat et le Honduras a été expulsé de l’Organisation des Etats américains. Depuis cette date, le pays est touché par une grave crise à tous les niveaux. Nous sommes devenus le pays le plus violent au monde, le plus pauvre d’Amérique latine et notre dette externe n’a jamais été aussi élevée.

     

    SL : Qui sont les auteurs intellectuels du coup d’Etat ?

    JMZ : A l’évidence, les Etats-Unis ont orchestré le coup d’Etat. Je dissocie le peuple américain de ses dirigeants. Je fais référence au lobby militaro-industriel et médiatico-financier qui tient les rênes du pouvoir à Washington, dont les pratiques impériales sont rejetées à travers le monde, y compris au sein de la société étasunienne. De nombreuses personnalités étasuniennes s’opposent à l’invasion de pays, aux bombardements de population, à la réalisation de coups d’Etat et aux ingérences de la CIA.

    Le coup d’Etat a été planifié à Miami avec le soutien de Washington et du Commando Sud, par le biais des personnes que j’ai mentionnées telles qu’Otto Reich, Roberto Carmona et Roger Noriega, en collusion avec l’oligarchie hondurienne et certains parlementaires du pays.

     

    SL : D’un point de vue factuel, comment s’est déroulé le coup d’Etat ?

    JMZ : J’ai été expulsé de ma propre maison, par la force des mitraillettes, au petit matin. J’étais encore vêtu de ma chemise de nuit. On m’a séquestré et emmené sur une base militaire américaine et ensuite j’ai été transféré au Costa Rica.

     

    SL : Quelles furent les premières mesures prises par les autorités putschistes juste après le coup d’Etat ?

    JMZ : Permettez-moi d’abord d’apporter un petit éclairage. Il y a un auteur italien, Curzio Malaparte, qui a jeté les bases théoriques du coup d’Etat. Il explique qu’un coup d’Etat est le renversement d’un pouvoir de l’Etat par un autre pouvoir de l’Etat qui se déroule dans la surprise et la violence. Un coup d’Etat est une conspiration qui se prépare durant des mois. On organise une situation de pré-coup d’Etat afin de créer une crise qui ouvrirait la voie à la rupture de l’ordre constitutionnel qui se fait par le biais des forces armées. Ensuite, le nouveau pouvoir de facto essaye d’installer son autorité en écrasant l’opposition. C’est ce qui s’est passé au Honduras.

     

    SL : Vous n’avez pas de doute quant à la participation des Etats-Unis dans le coup d’Etat.

    JMZ : Lors d’une conversation avec Tom Shannon, alors sous-secrétaire d’Etat des Etats-Unis, alors que la crise politique avait déjà commencé, je me souviens lui avoir dit la chose suivante : « On est en train d’appliquer au Honduras le manuel du coup d’Etat du Département d’Etat des Etats-Unis ». Sa réponse a été édifiante : « Non, Monsieur le Président, vous vous trompez car le Département d’Etat ne dispose pas d’un manuel sur le coup d’Etat, mais de trois manuels ». Plusieurs témoins ont assisté à la scène et peuvent corroborer mes dires. Face à une telle confession, les preuves deviennent inutiles.

     

    SL : Comment évaluez-vous la réaction de la communauté internationale face au coup d’Etat ?

    JMZ : Je dois dire qu’elle a été assez extraordinaire. Pour la première fois, la communauté internationale dans son ensemble, y compris les Etats-Unis, s’est opposée au coup d’Etat.

    Néanmoins, après cette condamnation formelle, la réalité a rapidement pris le dessus. La justice supranationale est inexistante dans les faits. Le Conseil de sécurité des Nations unies, la Charte démocratique de l’Organisation des Etats américains, la Commission interaméricaine des droits de l’homme ou la Cour pénale internationale fonctionnent dans des circonstances bien précises. Ce ne fut pas le cas pour le Honduras.

    Permettez-moi de vous donner un exemple. La Commission interaméricaine des droits de l’homme parle de coup d’Etat dans tous ses rapports et déclarations, condamne le coup d’Etat contre la démocratie hondurienne, mais refuse d’accepter notre plainte en tant que victimes du coup de force, ce qui permettrait l’ouverture d’une enquête. C’est la preuve évidente que certains intérêts très puissants ne souhaitent pas que la lumière soit faite sur cet attentat contre la démocratie hondurienne.

    De la même manière, l’Organisation des Etats américains a condamné le coup de force et le Honduras a été expulsé de cette entité, mais l’OEA a été incapable de restaurer le système démocratique dans notre pays.

    La Cour pénale internationale refuse d’enquêter sur les crimes de masse commis suite au coup d’Etat. Il y a eu des milliers de morts suite à la rupture de l’Etat de droit. Le pays se trouve entre les mains du crime organisé et les groupes paramilitaires pullulent sur notre territoire.

    Il n’y a pas de justice internationale ni supranationale. Les peuples se trouvent abandonnés à leur sort. Les Etats-Unis se prennent toujours aux gouvernements qui essayent de changer la société. Prenez le cas du Venezuela qui est assiégé par Washington et souffre d’une guerre économique sans nom. Regardez Cuba qui est sous état de siège depuis plus d’un demi-siècle.

     

    SL : Quelques semaines après le coup d’Etat, vous êtes revenu au Honduras. Comment s’est déroulé cet épisode ?

    JMZ : En réalité, j’ai essayé de retourner au Honduras dès le lendemain du coup d’Etat. Mais José Miguel Insulza, secrétaire général de l’OEA, m’avait demandé un délai de sept jours afin de résoudre la crise. Il s’est donc rendu au Honduras et a imposé un ultimatum. Son rôle a été honorable mais l’entreprise n’a pas été couronnée de succès car le gouvernement militaire, officiellement condamné par les Etats-Unis, mais clandestinement soutenu par Washington, n’a pas cédé.

    J’ai donc annoncé que j’allais retourner au Honduras en tant que Président du peuple hondurien. Chávez m’avait prêté son avion. Le peuple s’est manifesté et les crimes ont commencé. L’armée a imposé un état de siège et la répression a été terrible.

    Nous étions accompagnés dans un autre avion par la Présidente argentine Cristina Kirchner, le Président de l’Equateur Rafael Correo, le Président Fernando Lugo du Paraguay, entre autres. Mais nous n’avons pas atterrir car les putschistes ont menacé de détruire les avions avec des missiles.

    Quinze jours plus tard, j’ai tenté de rentrer au Honduras par la frontière nicaraguayenne grâce au soutien dont je disposais du Président Daniel Ortega. Mais l’opération a été un échec car la junte militaire avait placé toute l’armée en état d’alerte près de la frontière. Mon épouse, ma fille et mes petits-enfants ont été arrêtés. Le mouvement populaire de résistance, qui nous avait rejoints à la frontière, a subi une répression terrible, avec des tortures et des assassinats en masse.

     

     SL : Vous vous êtes ensuite réfugié à l’ambassade du Brésil.

    JMZ : Trois mois plus tard, je suis entré clandestinement au Honduras, à la barbe de la CIA et des services de sécurité de la dictature. Le Président Lula a été informé par téléphone de ma présence à Tegucigalpa et m’a offert l’asile politique. Je me suis réfugié dans l’ambassade du Brésil de la capitale. Mon épouse m’a rejoint. Nous avons été reçus par l’attaché commercial car le Brésil avait retiré son ambassadeur en signe de condamnation du coup d’Etat.

    Nous avons vécu un cauchemar pendant plus de quatre mois. Cela a été le début d’un calvaire psychologique. La junte putschiste a tout tenté pour nous faire sortir de l’ambassade : des bruits infernaux, des gaz insupportables, une lumière aveuglante la nuit, etc.

    Après plusieurs mois, nous avons pu quitter l’ambassade grâce à un sauf-conduit remis par le Président de facto Porfirio Lobo Sosa et nous nous sommes réfugiés en République Dominicaine.

     

    SL : Par la suite, vous avez été autorisé à retourner au Honduras.

    JMZ : Le Président Hugo Chávez du Venezuela et le Président Juan Manuel Santos de Colombie ont réussi à obtenir un accord des nouvelles autorités honduriennes afin que je puisse rentrer au pays et fonder un nouveau parti politique qui est aujourd’hui la première force d’opposition de la nation.

     

    SL : Quel regard portez-vous sur les dernières élections présidentielles au Honduras ?

    JMZ : J’ai une grande foi vis-à-vis du peuple. Les peuples, s’ils disposent de liberté, ont les gouvernements qu’ils méritent. Au Honduras, le Parti National, qui est actuellement au pouvoir, a obtenu deux victoires : la première, lors des élections organisées par les putschistes en pleine dictature en 2009, et la seconde, en 2013 il a accédé au pouvoir grâce à la fraude. C’est sa seule manière d’arriver au pouvoir. Mais il ne durera pas longtemps car il est unanimement rejeté par le peuple.

    Il y a 18 départements au Honduras. Dans mon département, qui est le plus grand du pays avec près de 24 000 kilomètres carrés, un territoire plus grand que le Salvador, nous avons vaincu la fraude. Nos suffrages ont été supérieurs à ceux de l’actuel Président Juan Orlando Hernández. Je suis arrivé en tête lors des élections législatives. Mon épouse Xiomara a recueilli plus de voix lors du scrutin présidentiel. Mais dans le reste du pays, nous n’avons pas pu éviter la fraude qui a dépassé les 10%, car nous n’avions pas la réserve politique suffisante pour cela. Mais nous gagnerons lors des prochaines élections.

     

    SL : Vous êtes donc optimiste.

    JMZ : Si les dictatures de droite étaient infaillibles, elles seraient partout au pouvoir en Amérique latine. Mais elles ne peuvent pas écraser éternellement le peuple. Les peuples sont capables de s’en débarrasser et il faut avoir confiance en eux.

     

    SL : Vous représentez 30% des élus au sein de l’Assemblée nationale. Pouvez-vous exercer votre mission de représentant du peuple dans des conditions convenables ?

    JMZ : Nous sommes confrontés à de très sérieuses limitations. Il n’y a aucun traitement égalitaire. L’agenda politique du Congrès n’est jamais débattu. Il y a une improvisation totale. Nous ne savons jamais quels vont être les projets de loi débattus. Nous sommes constamment bafoués dans notre dignité. La protestation, qui est un droit de tout parlementaire, est réprimée.

    Le sommet de l’ignominie a été atteint en mai 2014 où nous avons été expulsés par la force du Parlement, par la police et les militaires. Nous avons été roués de coups. On a lancé des gaz lacrymogènes à l’intérieur du Congrès. Rendez-vous compte, un député, Président de la République, expulsé par la force du Congrès. Tout cela parce que nous protestions pacifiquement contre le fait que l’on refusait de donner la parole à notre groupe politique qui est, je le répète, la première force d’opposition du pays.

     

    SL : Quelle est l’actuelle politique du gouvernement ?

    JMZ : C’est un désastre complet. Il s’agit d’une politique néolibérale sauvage. On privatise l’économie. On refuse les droits sociaux au peuple. On augmente les impôts les plus injustes. La dette externe a atteint des niveaux insupportables. On est en train de démembrer la nation hondurienne.

    Bien entendu, l’actuel gouvernement dispose du soutien des Etats-Unis.

     

    SL : Que représentent Hugo Chávez et la Révolution bolivarienne pour l’Amérique latine ?

    JMZ : Chávez est la figure la plus importante et symbolique de la démocratie révolutionnaire et du socialisme pacifique du XXIe siècle. Il a créé un nouveau paradigme et a inspiré toute une génération de Latino-américains car il a su interprété la volonté des peuples. Le capitalisme sauvage néolibéral qui a dévasté notre continent est insoutenable. Chávez a proposé une alternative démocratique à ce désastre et a indiqué la voie à suivre.

     

    SL : Dernière question, que symbolise Cuba pour l’Amérique latine ?

    JMZ : Cuba est un symbole de résistance. Dans l’histoire de l’humanité, aucun peuple n’a réalisé ce qu’a fait le peuple de Cuba. C’est le peuple le plus courageux et le plus généreux de l’histoire de l’Humanité. Fidel Castro en est l’exemple. Il a dédié sa vie à construire un monde meilleur et on ne pourra jamais effacer son nom de l’histoire.

     

    Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de La Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis.

    Son nouvel ouvrage s’intitule Cuba. Les médias face au défi de l’impartialité, Paris, Editions Estrella, 2013 et comporte une préface d’Eduardo Galeano.

    http://espanol.almayadeen.net/Study/3yDFJZmOZ0SlQKSHAMRCRQ/entrevista-exclusiva-para-al-mayadeen-con-el-presidente-jos%C3%A9

    Page Facebook : https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel

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  • En 2009, le Salvador écrivait une histoire

    Comment un petit pays a su résister à la guerre
    Par Virgilia

     

     
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    En 2009, le Salvador écrivait une histoire qui aurait été complètement inimaginable dans les années quatre-vingt. À cette époque éclata une guerre « civile » de douze ans, qui fit plus de cent mille morts ; un véritable enfer sur terre qui révéla la structure d’un pays où s’était enracinée l’injustice et assassina les rêves de générations entières du pays.



    L’utopie sert de guide pour avancer... Eduardo Galeano

    À la suite de la signature des accords de paix en 1992 commença l’aventure politique de la branche révolutionnaire du pays. Le FMLN (Frente Farabundo Marti para la Liberacion Nacional ou Front de Farabundo Marti pour la Libération Nationale) changeait de stratégie et délaissait la lutte armée pour la lutte politique et l’organisation sociale. En 2009, le peuple salvadorien décida de modifier le cours de l’histoire et vota pour un gouvernement de gauche par voie démocratique pour la première fois. Le premier président de gauche fut Mauricio Funes (journaliste et correspondant de la chaîne CNN en espagnol) et son vice-président, Sánchez Ceren. Une partie de son programme gouvernemental était :


    - En politique économique : une pension de base pour les personnes du troisième âge, une protection du consommateur (des mesures pour éviter le monopole des aliments de base), une subvention pour du gaz propane aux familles à revenus modestes, mais rien de plus aux industries qui les fournissaient.


    - En politique du travail : la création de l’Instituto del Seguro Social (Institut d’assurance sociale, ou ISS) pour les employés domestiques, la création de projets pour la lutte et la défense des genres, comme « Ciudad Mujer ».
    - En politiques sociales : une pension pour les personnes âgées, la loi sur les médicaments, des programmes pour les enfants (des verres de lait pour les écoliers, des kits scolaires) et des programmes de prévention contre la violence.


    - En Structure routière : la construction de routes.


    - En politique environnementale : la pérennisation de l’eau, la non-exploitation minière de la région de Cabana.


    - Politique internationale : le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba.

    C’est donc un gouvernement qui a réussi à convertir un programme social en lois politiques d’État. Des lois qui profitent aux plus pauvres. Selon les analyses économiques, au terme du gouvernement Funes, son équipe avait atteint les niveaux les plus bas d’indices de pauvreté de toute l’histoire du Salvador ; elle avait chuté de 49 % en janvier 2008 à 35,9 % en octobre 2013.

    Peut-être que les résultats obtenus n’ont pas répondu aux attentes de quelques Salvadoriens, y compris ceux issus des secteurs de gauche qui ont lutté dans les montagnes. Cependant, la cruelle réalité est que les dépenses de l’État dépassent ses revenus. Malgré de telles conditions désavantageuses, le programme social a pu être mis en œuvre. Ceci a permis au FMLN de gagner les élections du 9 mars 2014 et ainsi, de rester au pouvoir cinq années de plus.

    Le programme du gouvernement dirigé par Salvador Sanchez Seren et Oscar Ortiz a suivi l’amplification et l’approfondissement des programmes sociaux et économiques initiés durant le premier gouvernement de gauche, le FRONT (c’est ainsi que le parti est connu). Après les six premiers mois de mandat du gouvernement Ceren, les premières attaques contre l’ARENA ne se font pas attendre. L’assemblée législative devient la nouvelle équipe qui lutte pour la promulgation de lois justes qui bénéficient au peuple.Ces lois sont :

    *L’acceptation de la loi reconnaissant les peuples indigènes *La loi pour renforcer le budget des pompiers *La loi pour la reconstruction d’hôpitaux *La loi pour allouer une pension aux retraités *La loi pour des infrastructures touristiques *La loi de transparence dans le financement des partis politiques *Le projet de loi spéciale contre le délit d’extorsion

    Toutes ces lois ont été rejetées par l’ARENA. Actuellement, le débat continue sur la privatisation de l’eau. La loi sur la gestion des ressources hydriques a été approuvée en 1981. A l’époque, l’Association National de l’Entreprise Privée (ANEP en espagnol) et l’ARENA proposèrent la privatisation comme une solution magique et indispensable au problème de l’eau et, jusqu’aujourd’hui, les partis de droite maintiennent le blocage des discussions autour d’un projet de loi générale sur l’eau au sein de la Commission de l’environnement et du changement climatique de l’assemblée législative.

    Le Salvador continue à construire son histoire à travers l’élection, le 1er mars 2015, des députés pour l’Assemblée Législative (formée de 84 députés). Le résultat a été décisif pour trouver des solutions en faveur d’un peuple et d’une région souffrant encore d’une grande pauvreté culturelle et économique, et de l’absence de reconnaissance des droits de l’homme. Pour les conseils municipaux, les élections signifient la continuité du développement local.

    Quelles sont les défis actuels pour les Salvadoriens ? Et qui sont les assassins de l’espérance ?



    N’importe quel Salvadorien de la génération antérieure aux années 1970 se souviendra facilement d’un militaire qui apparaissait dans les programmes de télévision les dimanches soirs, évoquant la situation politique du pays alors en guerre, vociférant et présentant des vidéos (selon lui) d’enfant sous-alimentés mourant de faim en Russie ou à Cuba. Il présentait un melon d’eau et une machette en disant « eux, ils sont verts à l’extérieur et rouges à l’intérieur ». Ce militaire n’était autre que Roberto D’Aubuisson Arrieta (2), fondateur du parti ARENA.

    L’ex-maire de San Salvador, Norman Quijano, décida de baptiser du nom du fondateur de son parti une rue principale où se trouvent les bâtiments qui préservent une mémoire historique de résistance, comme la UES (Université National de San Salvador)

    Mais D’Aubuisson, expert en contre-insurrection et en communication du Fort Gulick situé dans la zone du Canal de Panama, fut également le fondateur des escadrons de la mort et a été inculpé par la Commission pour la Vérité des Nations Unies pour avoir donné l’ordre d’assassiner l’archevêque Oscar Arnulfo Romero (3).

    Vous, cher(e) lecteur(trice), pourrez apprécier la trace laissée par le fondateur de ARENA et des escadrons de la mort, responsable de milliers d’assassinats, de la disparition de professeurs, de paysans, de syndicalistes, d’étudiants universitaires de l’Université Nationale, de poètes, d’artistes... avant, pendant et après le conflit armé. Quand on lit un petit fragment de l’hymne du parti, que ses militants chantent encore aujourd’hui :

    « La liberté s’écrit avec le sang, je travaille avec la sueur, nous unissons la sueur et le sang mais en premier Le Salvador, les nationalistes ont surgis en disant ceci : Patrie oui ! Communisme non ! Le Salvador sera la TOMBE où les rouges termineront En sauvant l’Amérique de cette manière, notre Amérique (sic) sera Immortelle. »

    Et moi, je me demande : alors sera-t-il légal et démocratique qu’un parti politique puisse ainsi insuffler un tel esprit de haine et provoquer librement l’assassinat de ses détracteurs ?

    Le fait est qu’assassiner ou être assassiné au Salvador est plus facile qu’éternuer... La violence que vit le pays à tous les niveaux est l’héritage laissé par des années de guerre. Les preuves concrètes que l’on pourrait citer sont : les attaques commises dans les bureaux du parti du FMLN "Front Farabundo Martí de libération nationale" (FRENTE en espagnol) à Ayutuxtepeque et à San Vicente dans l’ancien Cuscatlan, et l’assassinat du conseiller municipal de Pasaquina dans l’Union.

    En Amérique Centrale, la violence commence très tôt et, pour beaucoup, l’enfance se vit dans la douleur et dans la violence physique et verbale. C’est particulièrement le cas pour ceux qui connaissent une situation une situation à risques : l’absence d’une famille, l’exploitation physique et sexuelle, le manque d’études, l’absence d’un projet de vie, un entourage social sans morale, une pénurie économique pour subvenir aux besoins élémentaires comme manger, s’habiller, s’amuser... Ceux-là peuvent être certains de présenter des profils de jeunes qui se rallient à un gang.

    A l’origine, dans l’argot salvadorien des années 80, « la Mara » désignait un groupe d’amis. Actuellement, cela se rapporte à un groupe de criminels (des adolescents ou des adultes en prison) impliqués dans des activités obscures de trafic d’armes par exemple, de drogue, de prostitution, de meurtres, d’extorsion ou encore de mafia. Ces groupes, qui ont été formés dans les années 80 aux Etats-Unis et qui ont été par la suite expulsés massivement des Etats-Unis puis renvoyés vers Le Salvador, ont évolué depuis les 25 dernières années. Ils forment maintenant des groupes à très haut risque pour la jeunesse du pays.

    Il y a donc urgence à investir dans l’éducation, dans des programmes d’aide à la jeunesse, dans des projets de lois contre le crime organisé... car la justice est l’un des éléments-clés pour assurer la sécurité de la société salvadorienne. L’organe judiciaire s’est trouvé actuellement marqué par un cas de vol et de corruption commis par l’ex-président Antonio Saca, à l’occasion des dons octroyés par Taiwan lors du tremblement de terre (350 millions de dollars). Le procès n’avance pas et aucun verdict n’est prononcé. Est-ce là un autre cas d’impunité dans le pays ? L’impunité qui persiste de nos jours, remonte aux milliers de disparus et de civils massacrés pendant les années de guerre, qui restent dans la mémoire de leurs familles et de Notre histoire. Seule la justice peut éliminer la mentalité du "propriétaire" au Salvador.

    La politique est un acte d’amour et d’espoir, le sentiment qui amène à considérer ce que l’on désire comme étant réalisable.

    Source : Journal de Notre Amérique No.3, Investig’Action, april 2015.

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  • Emmanuel Todd fait voler en éclat le vernis du charlisme

    On se doutait que le nouveau livre d’Emmanuel Todd, "Qui est Charlie ?", allait déclencher un tollé des Charlie ainsi questionnés. Eh bien, mission largement accomplie avant même l’arrivée de l’ouvrage dans les librairies : un carnage.

     

     

    Non, ce n’est pas la photo de couverture de cet ouvrage (que je n’ai pas encore lu), ni celle d’Emmanuel Todd, qui illustreront cette chronique, mais celle d’un des plus zélés défenseurs du charlisme patenté par l’Élysée et Matignon : Patrick Cohen, animateur des matinales de France Inter, grimaçant face à son invité.

    Car le plus intéressant, dans le séisme médiatique ainsi déclenché par l’historien-anthropologue-démographe-sociologue-essayiste avant même la sortie de son brûlot, est d’abord la réaction proprement hystérique de ceux dont l’auteur met au jour l’imposture.

    « Je pose des questions », avança Patrick Cohen, sur la défensive, à l’issue de son émission du lundi 4 mai, alors qu’il était évident qu’il n’en avait posé aucune, même s’il s’efforçait de donner une forme vaguement interrogative à des charges agressives d’une grossièreté caricaturale consternante :

     « Vous n’êtes pas loin d’expliquer au fond que Charlie a bien cherché ce qui lui est arrivé. »

    Stigmatisant l’intolérance de ceux qui se posaient en hérauts de la tolérance et de la liberté d’expression, Emmanuel Todd eut beau jeu de rembarrer les petites piques approximatives de Patrick Cohen et de Thomas Legrand, ou encore les minauderies qui se voulaient assassines d’une Sophia Aram beaucoup plus méchamment revancharde que drôle.

    Je sais que beaucoup de Je suis Charlie ? sincères vont être mortifiés, sinon scandalisés par les propos de Todd ou ceux de cette chronique. Et ils auront raison car leur sincérité à eux peut difficilement être remise en cause.

    Mais pourtant tous les signes montraient à l’avance que la journée du 11 janvier allait être une supercherie dont ils seraient les victimes trop étourdiment consentantes : le sceau tapageur du gouvernement à la manifestation, les très louches invités officiels de l’Élysée...

    Nous garder de nos propres démons

    De fait, l’esprit du 11 janvier 2015 tourna salement vinaigre à peine les banderoles et les vertueux slogans remballés  : la multiplication des lois d’exception, le projet de loi sur le renseignement, les inculpations de gamins de 8 ans, les sanctions contre un prof de philo qui voulait faire réfléchir ses élèves, la stigmatisation de jupes trop longues par ci, de foulards impies (au sens de l’extrémisme athée et d’un christianisme historique mal digéré) par là...

    Il faut avoir l’esprit bien crotté pour ne pas se rendre compte que notre société française est en train de basculer aujourd’hui dans un irrationnel aveugle fort dangereux. Et ce n’est pas en cédant à ces pulsions premières de colère et d’indignation, en sacrifiant à cet unanimisme de façade pour vertueux qu’il puisse paraître, qu’ils enraieront cette terrifiante descente aux enfers. En ces périodes bouleversées, mieux vaut tourner sept fois ses cellules grises dans sa tête avant que de céder à l’émotion irraisonnée.

    Ce que met cruellement à nu Emmanuel Todd avec ses pieds dans le plat, c’est qu’il nous faut désormais nous garder au moins tout autant de nos propres démons que de ceux importés d’ailleurs (le terrorisme), nous méfier de toutes démonstrations précipitées de bonne conscience, surtout lorsqu’elles sont lourdement patronnées par les garde-chiourmes d’un vieux monde défait de plus en plus irrespirable.

    Mais je vous laisse. Je vais attendre tranquillement le 7 mai, date de parution de l’ouvrage d’Emmanuel Todd, pour essayer de le lire à tête apaisée.

     

     => Qui est Charlie ? par Emmanuel Todd, Seuil, 252 pages, 18 euros, 7 mai 2015

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