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  • NON de la Grèce ! Cuba stop le Sida, Le PS s’est droitisé, Tsipras résiste à la mafia financière

    Le Grand Soir
    Journal Militant d'Information Alternative
    Bernard GENSANE
    Le 28 mai 2012, j’ai publié l’article suivant sur mon blog. Il est malheureusement toujours d’actualité. Christine Lagarde n’est pas née grande bourgeoise de droite : elle l’est devenue. Ses parents étaient enseignants, et quand son père mourut alors qu’elle avait 16 ans, sa mère dut élever seule ses quatre enfants. Grande travailleuse très douée, Christine Lagarde se retrouva, à 45 ans, à la tête d’un des plus grands cabinets d’avocats au monde. Elle fut à la même époque proche de Zbigniew Brzezinski, un (...) Lire la suite »
     

    Cette semaine
    Des sacrifices ? Les Grecs ont déjà beaucoup donné
    B. BOUSSEMART
    Quelques réflexions sur la "crise" grecque. J’ai entendu des absurdités du type : "les français comprennent maintenant et s’opposent à ce "référendum" ; il y a plus pauvre que les grecs en Europe, comme les roumains, les slovaques ... ; et ce n’est pas à eux, ni à nous de payer pour ces grecs qui ne font aucun effort". Je rêve !!! Un peu d’histoire récente est nécessaire pour relativiser tout cela. La crise commence avec Reagan et Thatcher ; ils imposent leur modèle libéral, et le font valider par (...) Lire la suite »
     
    Référendum grec.
    Alkis ANTONIADIS
    « Malgré la terreur exercée par les médias et les Institutions, pour le peuple grec, le dilemme est clair. Soit nous votons pour l’abolition des mémorandums et l’ouverture d’une nouvelle voie porteuse d’espoir, soit nous votons pour la continuation de l’austérité, de la pauvreté et de la misère pour les 50 années à venir. Soit nous reconnaissons que, pour la première fois, notre pays lutte pour casser le cercle vicieux des politiques de la terreur pour le bien des peuples de toute l’Europe, soit nous (...) Lire la suite »
     
    Julien SALINGUE
    Sitôt l’annonce faite par Alexis Tsipras, Premier ministre grec, de l’organisation dimanche 5 juillet d’un référendum sur le plan d’austérité « proposé » par l’ex-troïka, les éditocrates eurobéats se sont déchaînés sur Twitter. Et, en amoureux de la Grèce, ils n’ont pas manqué de rendre de vibrants hommages à la démocratie, sans jamais, au grand jamais, céder à la facilité, au raccourci ou à l’invective. Démonstration avec les tweets de trois d’entre eux (Jean-Michel Aphatie, Arnaud Leparmentier et Jean Quatremer), (...) Lire la suite »
     
    L’OMS évoque une étape importante « vers l’objectif d’une génération sans Sida »
    Lina Sankari
    Cuba a remporté une victoire majeure en terme de santé publique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a officiellement déclaré Cuba comme le premier État au monde à avoir éliminé la transmission du virus du Sida et de la Syphilis de la mère à l’enfant. Selon le docteur Margaret Chan, directrice générale de l’OMS, ce succès constitue une étape importante « vers l’objectif d’une génération sans sida ». Cette victoire sur la maladie prouve en outre, pour le Dr Carissa Etienne, directrice de (...) Lire la suite »
     
    Dernières nouvelles du champ de bataille grec.
    System failure
    Les créanciers de la Grèce augmentent la pression sur le gouvernement grec à mesure que le jour du référendum annoncé par Alexis Tsipras approche. Après la fermeture des banques et le contrôle des capitaux, les créanciers tentent par tous les moyens d’ajourner l’expression du droit démocratique du peuple grec. Nous assistons à une nouvelle étape de la guerre de propagande féroce qui fait rage à l’intérieur et à l’extérieur de la Grèce, à propos du référendum. Tsipras a pris ses créanciers par surprise en (...) Lire la suite »
     
    ...Mais HSBC n’est pas la seule banque à avoir les mains sales...
    Capitaine Martin
    Hervé Falciani est un opportuniste. Il peut endosser différents rôles et se complaire dans un langage abscons, mais il sait surtout nager en eaux troubles. L’informaticien franco-italien est connu pour être le personnage clé de l’incroyable affaire HSBC. Il est surtout à l’origine du vaste scandale d’évasion fiscale autour de la filiale helvétique de la banque HSBC. « Si l’on veut contrebalancer l’impunité, il faut aussi se donner les moyens de le faire », a déclaré ce lanceur d’alertes dont les fichiers (...) Lire la suite »
     
    ... repenser une refondation de la gauche avec le Front de gauche et les écologistes.
    Entretien réalisé par Frédéric Durand
    Philippe Noguès est le premier député socialiste à franchir le pas en quittant le parti. Selon lui, ses amis frondeurs dépensent « une énergie extraordinaire », pour aucun résultat au final. Parce que « le parti de Jaurès est devenu le parti de Manuel Valls et Emmanuel Macron ». Vous venez de quitter le Parti socialiste, quel a été l’élément déclencheur ? Philippe Noguès C’est une décision mûrie de longue date. Depuis qu’on avait monté ce mouvement des frondeurs, je disais à mes camarades que je croyais peu (...) Lire la suite »
     
    Paul KRUGMAN
    Jusqu’à ce jour, les faits ont démenti toutes les alertes à l’éclatement imminent de l’euro. Quels que furent leurs discours de campagne électorale, les gouvernements capitulent devant les exigences de la troïka ; tandis que l’intervention de la B.C.E. permet de calmer les marchés. Ce processus a permis à la monnaie de résister, mais il a également perpétué une austérité profondément destructrice – il ne s’agissait pas de laisser les quelques trimestres de faible croissance de certains débiteurs dissimuler (...) Lire la suite »
     
    VangelisGoulas
    La Commission européenne a rendue publique la proposition des institutions, dans l’optique du référendum du dimanche 5 juillet. De la part du bureau du premier ministre grec : La proposition de la Commission européenne met fin aux arguments des partisans du « oui à tout » La Commission européenne a rendue publique la proposition des institutions, dans l’optique du référendum du dimanche 5 juillet. En effet, son président Jean-Claude Juncker, renvoie, via Twitter, au communiqué de la Commission, afin (...) Lire la suite »
     
    Moon of Alabama
    Je n’ai rien posté jusqu’ici sur la tragédie grecque. Je n’ai pas estimé utile d’en parler parce que la question était parfaitement traitée ailleurs et que tout cela donnait davantage lieu à du mauvais spectacle qu’à une politique économique sérieuse. Mais un acte du drame touche maintenant à sa fin et la tragédie peut maintenant se transformer en quelque chose de nouveau qui pourrait avoir de graves conséquences géopolitiques. La Grèce s’est fort endettée à l’époque où les banques distribuaient de (...) Lire la suite »
     
    Daniel VANHOVE
    Les jours, les semaines, les mois, les années défilent et se ressemblent… L’on pourrait même ajouter, les siècles passent, et se ressemblent aussi… Ce sont toujours les mêmes qui gagnent et les mêmes qui perdent… Les dominants d’un côté, les dominés de l’autre. L’Histoire semble immuable à ce niveau. A notre époque, la différence majeure réside dans l’information. Autrefois difficile à appréhender, elle est aujourd’hui surabondante au point que beaucoup s’y perdent et finissent par tout mélanger… ce qui revient (...) Lire la suite »
     
    Anastase ADONIS
    La trêve dans les échanges de la réunion européenne d’hier laisse les discussions au stand-by, donne deux jours pour la préparation technique des propositions de Tsipras avec un traitement dans un futur lointain, mais en fait ce ne sont que les apparences car en réalité une histoire des gros sous reste une histoire difficile et longue à démêler. Avec la réunion hier à Bruxelles, personne des participants ne sait où aboutira le « cas grec ». La mise en relation directe entre la Grèce et ses créanciers, (...) Lire la suite »
     
    Alexis TSIPRAS
    Nous avons livré un combat dans des conditions d’asphyxie financière inouïes pour aboutir à un accord viable qui mènerait à terme le mandat que nous avons reçu du peuple. Or on nous a demandé d’appliquer les politiques mémorandaires comme l’avaient fait nos prédécesseurs. Après cinq mois de négociations, nos partenaires en sont venus à nous poser un ultimatum, ce qui contrevient aux principes de l’UE et sape la relance de la société et de l’économie grecque. Ces propositions violent absolument les acquis (...) Lire la suite »
     
    Jacques-Marie BOURGET
    « La décision des États-Unis de placer Jabhat Al-Nosra, un groupe djihadiste combattant aux côtés des rebelles, sur leur liste des organisations terroristes, a été vivement critiquée par des soutiens de l’opposition. M. Fabius a ainsi estimé, mercredi, que « tous les Arabes étaient vent debout » contre la position américaine, « parce que, sur le terrain, ils font un bon boulot ». « C’était très net, et le président de la Coalition était aussi sur cette ligne », a ajouté le ministre. » Nous sommes en décembre (...) Lire la suite »
     
    Jacques SAPIR
    Les dernières péripéties dans la négociation entre le gouvernement grec et ses créanciers mettent en lumière les contre-sens de beaucoup des commentateurs. Ils partent du principe que le gouvernement grec « ne peut que céder » ou « va immanquablement céder » et considèrent chaque des concessions tactiques faites par le gouvernement grec comme une « preuve » de sa future capitulation, qu’ils la regrettent ou qu’ils l’appellent de leurs vœux. De ce point de vue, il y a une étrange et malsaine synergie entre (...) Lire la suite »
     
    Moon of Alabama
    Malgré l’intense propagande des médias étasuniens en faveur du projet israélien de voler davantage de terres syriennes « pour protéger les Druzes de Syrie », le plan israélien se heurte à des difficultés. Israël prétend que les Druzes du nord-est du plateau du Golan ont besoin de protection contre les attaques des djihadistes de Jabhat al-Nusra. Il « offre » d’envoyer ses soldats empêcher les terroristes d’Al-Qaïda de les envahir. Mais les Druzes ne sont pas idiots. Ils savent qu’Israël soutient les (...) Lire la suite »
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  • Face à la crise européenne, gloire au courage lucide du peuple grec


    Par Samir Amin - Investig'action

     

    Le peuple grec donne l’exemple à l’Europe et au monde : avec courage et lucidité le peuple grec a rejeté l’ignoble diktat de la finance internationale et européenne. Il a remporté une première victoire en affirmant que la démocratie n’existe que si elle sait se placer au service du progrès social. Il a démasqué la farce démocratique qui accepte de se soumettre à la dégradation des conditions sociales exigée par la dictature de la finance. Le progrès social est illégal en Europe

     



    La construction européenne a été conçue systématiquement pour réduire à néant « le danger démocratique ». Dès la fin de la seconde guerre mondiale les Etats Unis, Jean Monet et Robert Schuman (deux vychistes) en ont initié la mise en place destinée à restaurer la légitimité des forces politiques qui s’étaient compromises dans la collaboration avec l’Europe des Nazis. La construction des communautés européennes, puis l’adoption forcée d’une Constitution, pourtant rejetée, entre autre par le référendum français (un déni de démocratie sans pareil), ont permis la mise en route d’une dictature du capital financier. Trompés par le matraquage systématique du clergé médiatique au service de l’oligarchie financière, les peuples européens se sont nourris d’illusions qui restent encore suffisamment puissantes pour annihiler leur capacité de répondre au défi. Il faut « sauver l’Europe et l’euro de la débâcle », croient-ils encore largement (désormais un peu moins en Grèce et en Espagne). L’Europe telle qu’elle est – et elle ne peut être autre emprisonnée dans le carcan de ses institutions – a déclaré illégale toute tentative de remise en cause de l’ordre odieux en place. Le peuple grec, par son choix, s’est mis hors la loi.

     

    L’euro n’est pas viable

     

    Le sous-système de l’euro viole les règles élémentaires d’une gestion possible et saine de la monnaie. Il impose des règles communes de prétendue « compétitivité » à des économies trop inégales pour en supporter les conséquences. L’euro a permis d’annihiler les progrès antérieurs accomplis dans le cadre de l’émergence de systèmes productifs constitués largement de petites et moyennes entreprises pour ouvrir un marché exclusif aux razzias des monopoles financiers. L’Espagne en fournit l’exemple tragique. D’autres, la Finlande et même la France en sont à leur tour les victimes. L’Euro n’est plus que l’instrument d’une réédition de l’Europe allemande. La crise n’est pas celle de la dette grecque, mais bel et bien celle de l’Europe et de l’Euro.

     

    Honte aux gouvernements européens

     

    Honte à tous ceux qui ont accepté que la « troika » représente les peuples européens. Honte aux gouvernements qui ont placé à la présidence de « leur Europe » un fonctionnaire luxembourgeois au service d’un paradis fiscal, placé à la direction de leur « banque centrale » un individu qui fait carrière chez Goldman and Sachs, la banque associée à toutes les crapuleries financières du siècle, placé à la tête du FMI une bonne élève incapable de comprendre autre chose que ce qu’on lui a enseigné. Il ne s’agit pas d’hommes et de femmes politiques, de quelque bord qu’ils soient, mais seulement d’individus méprisables.

     

    L’Europe se présente à la Grèce dans la figure des nostalgiques du fascisme

     

    La Grèce héroïque s’était libérée par elle-même des fascistes italiens et des nazis allemands. L’ « Europe » est alors intervenue en Grèce, dans les uniformes d’officiers britanniques (suivis d’étatsuniens) pour massacrer les enfants de la Résistance et restaurer le pouvoir des collaborateurs fascistes. La reconquête de la démocratie par la victoire électorale du Pasok en 1981 a permis des réalisations sociales incontestables ; mais elle a aussi ouvert la voie aux illusions « européistes » ; le peuple grec se retrouve une fois de plus devant l’Europe réelle dominée par les oligarchies financières. Il retrouve alors le souvenir de son passé et de la dette que l’Allemagne héritière de celle des Nazis lui doit toujours. Honte à madame Merkel dont le gouvernement ignore que le peuple grec a droit à des réparations.

     

    L’Etat grec doit être réformé dans un esprit démocratique

     

    Oui, l’Etat grec souffre de malformations sérieuses, qui se traduisent entre autre par la fraude fiscale. Mais qui peut engager les réformes nécessaires ? Certainement pas « les amis de l’Europe ». Ceux là même qui ont triché sur la dette grecque lors de son adhésion à l’Euro, avec la complicité active de Goldman and Sachs, dont le serviteur n’est autre que le Président de la Banque Centrale de Francfort. Les armateurs grecs ? Des tricheurs qui ont toujours bénéficié des soins attentifs des Banques internationales et du FMI. Syriza est le seul gouvernement grec capable de réformer l’ Etat dans un esprit démocratique et de faire payer les riches. Horreur pour l’Europe qui ne tolère pas ce choix : seuls les pauvres doivent payer !

     

    La lutte continue

     

    L’Europe des milliardaires de la finance n’entend pas renoncer à son objectif : massacrer le peuple grec pour donner la leçon et éviter la contagion démocratique. N’oublions pas que si les classes dirigeantes de l’Europe occidentale et centrale n’ont pas (encore) besoin du fascisme chez elles, celles-ci n’hésitent pas à l’appeler à son secours ailleurs, comme on le voit en Ukraine. Les peuples européens doivent prendre la mesure de leurs responsabilités. Avec Podemos, le peuple espagnol a donné un autre signal du réveil. Aux Français, aux Allemands, aux Britanniques et aux autres peuples du continent européen de comprendre que le combat du peuple grec est le leur. L’alternative est désormais claire et visible, pour la Grèce et pour tous ceux, en Europe et dans le monde, qui nourrissent les mêmes aspirations démocratiques et sociales. Il faut désobéir à la prétendue « constitution » européenne ; il faut démanteler l’ Euro et lui substituer la gestion négociée d’un serpent de devises nationales ; renvoyer Draghi à ses patrons new yorkais en attendant de fermer la fausse Banque centrale de Francfort ; il faut écarter le FMI du chemin en donnant consistance à des arrangements financiers hors de sa portée, comme le Groupe de Shanghai et l’Alba en ont amorcé l’initiative.

    Avec qui mener ces combats ? La palette des forces politiques qui commencent à comprendre que l’austérité (pour les travailleurs, pas les oligarques) et la stagnation régressive qui l’accompagne forcément n’ont plus d’avenir, s’élargit de jour en jour, pour inclure désormais des hommes politiques de tous bords, comme François Fillon en France. La Grande Bretagne ne fait plus confiance à cette Europe enfermée dans la médiocrité, même si l’Angleterre demeure néo libérale, plus atlantiste et moins européenne que jamais. Certes le ralliement d’apparence de certaines formations d’extrême droite demeure, pour moi, suspect. Les fascistes sont des démagogues menteurs par excellence. Dans cette situation il appartient aux forces de la gauche potentiellement radicale de reprendre l’initiative, avec Syriza et Podemos qui en ont amorcé le mouvement. A défaut l’Europe n’évitera pas l’implosion et s’engouffrera dans le chaos.

     

    Source : Investig’Action

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  • Pourquoi il faut du sang chez les Grecs


    par Marc Vandepitte - Investig'Action

     

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    La population grecque a commis quelques fautes capitales, que l'UE ne ne peut tolérer. Elle a porté au pouvoir un gouvernement de gauche, elle veut rompre avec la politique de démolition néolibérale et elle a le culot de vouloir organiser une consultation populaire.

     

     

    « Ce qui est en train de se produire avec ces mesures d’austérité,

    c’est vraiment la lutte des classes ». (Noam Chomsky)

     

     

    Tant va l’amphore à l’eau qu’à la fin …

     

    Après cinq années de mesures d’austérité draconiennes imposées par la Troïka [1], la situation était sans issue pour les Grecs. Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale on n’avait vu de tels chiffres dan un pays occidental. Le PIB avait baissé de 27 %. La dette publique, autour de quoi tout tournait, était passée de 100 à près de 180 %, devenant impayable. Les dépenses publiques ont été réduites d’un tiers, et l’administration publique est aujourd’hui complètement désorganisée. La débâcle économique s’accompagne d’un bain de sang social. Le chômage est passé à 28 % et le chômage des jeunes à plus de 50 %. Le revenu des ménages a baissé de 35 %. Quelque 30 % de la population vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Partout on voit des gens fouiller les poubelles et le nombre de suicides a doublé.

    Mais cela ne suffisait pas encore. Question de réputation, le FMI a été amené par l’Allemagne à faire en sorte que les mesures à l’encontre des Grecs soient suffisamment sévères. Le Fonds, qui dans les années ’80 et ’90 a fait un carnage dans des dizaines de pays du tiers-monde, a parfaitement exécuté ce qu’on en attendait : continuer à tailler dans le vif.

    Beaucoup de pensionnés grecs avaient vu leur pension réduite de 45 %. Mais ce n’était pas encore assez. Lors des dernières négociations, le FMI exigeait une nouvelle économie de 1,8 milliards d’euro sur les pensions. Et il faut savoir que pour 49 % des ménages, l’allocation d’une pension est le revenu principal

     

    Des péchés impardonnables

     

    Pour Thomas Piketty l’ironie veut que les économies soient imposées par deux pays, l’Allemagne et la France, qui ont eux-mêmes tiré profit de remises de dettes après la Seconde Guerre mondiale, mesure qui a permis la croissance économique en Europe. Martin Wolf, chef économiste au Financial Time, ajoute qu’aucune démocratie ne sortira indemne d’une dépression de cette ampleur. La dernière fois que l’Allemagne avait eu à affronter une telle dépression, Hitler était arrivé au pouvoir.

    Des économistes sérieux comme les lauréats du « Nobel » Stiglitz et Krugman, estiment que les dettes de la Grèce ne sont pas remboursables – voire qu’elles sont illégitimes – et qu’un effacement partiel est nécessaire. C’est parfaitement possible. Le PIB de la Grèce représente moins d’1 % de l’Union Européenne. Le remboursement manqué au FMI vaut environ 0,01 % du PIB de l’UE. Economiquement l’impact est donc nul. Il faut donner une leçon aux Grecs et à leurs sympathisants.

    S’ils ne se plient pas aux diktats de l’élite européenne et du FMI, il faut qu’ils saignent, car ils ont commis trois péchés impardonnables.

     

    Voter à gauche

     

    La première grande faute des Grecs c’est qu’ils ont voté en faveur d’un gouvernement de gauche, qui veut rompre avec la politique de démolition de l’UE. C’est intolérable et il faut à tout prix l’étouffer dans l’oeuf, car cet exemple pourrait être suivi dans d’autres pays. En Amérique du Sud l’élection de Chavez en 1998 a représenté une tendance pour tout le continent, ce fut le début d’une vague de gauche.

    Dans neuf mois il y a des élections au Portugal, en Espagne et en Irlande. Si Syriza devait marquer des points, les choses pourraient très mal tourner pour la droite. C’est pourquoi les Grecs ne peuvent pas être un exemple, il faut qu’ils saignent. Rajoy, l’actuel Premier Ministre d’Espagne se réjouit en tout cas que les banques en Grèce soient mises en cale sèche et que le chaos menace. Plus ça va mal en Grèce, plus ses espérances électorales s’améliorent. Et alors il pourra peut-être arriver à placer sa politique asociale : « Quand je vois ce qui se passe avec d’autres en ce moment, on peut dire que ça (les mesures d’austérité) en valait la peine ».

     

    Décider souverainement

     

    Une deuxième grande faute commise par les Grecs c’est de penser qu’ils ont le droit et la capacité d’agir souverainement. La Commission européenne s’est habilement servie de la crise financière en 2008 pour retirer leurs principales compétences économiques aux autorités nationales.

    Il s’agit de ce qu’on appelle le « six-pack ». Ce paquet de six règlements et directive impose aux états nationaux un carcan macro-économique assorti d’amendes. Les conséquences en sont importantes pour la fixation des conditions de travail, des salaires, de l’âge de la pension, etc. C’est ainsi que la souveraineté des états nationaux sur le plan socio-économqiue a été complètement rabotée. Les parlement peuvent toujours discuter des points et des virgules, mais les lignes de forces sont fixées ailleurs. Le Premier Ministre Tsipras à osé remettre en question ce carcan et exiger le droit de décider souverainement de l’économie de son pays. Il avait notamment l’intention d’imposer d’une taxe unique de 12 % les bénéfices d’entreprise dépassant 500.000€. Vous vous rendez compte ! C’était la goutte de trop et c’est alors que la Troïka lui a posé unultimatum. Si les Grecs pouvaient suivre leur propre chemin, ils auraient vite des émules et l’élite européenne perdrait largement son contrôle sur le cours social de l’Union. C’est inadmissible. Si les Grecs doivent en pâtir et leur sang couler, il en sera ainsi.

     

    Consulter la population

     

    Troisième péché capital : l’organisation d’un référendum. Cela ne se fait pas. L’UE n’est pas issue de la volonté du peuple de ses habitants. C’était et c’est toujours un projets des grandes multinationales. Malgré les efforts rageurs de l’élite politique et les campagnes médiatiques de masse, les citoyens n’ont jamais beaucoup soutenu le projet. Le projet européen a été exposé le moins possible à l’électeur et lorsque des référendums ont néanmoins eu lieu, le projet a presque toujours été rejeté par les électeurs.

    Il est tout à fait exclu que des décisions importantes soient jetées en pâture au bon vouloir de la population. Où cela finirait-il ? Imaginez qu’on organise chez nous un référendum portant sur une taxe des millionnaires – plus de 80 % y sont favorables – ou sur l’augmentation de l’âge de la retraite, ou sur le saut de l’index. Si on commençait à autoriser tout ça, c’est serait vite fini de la politique destructrice de l’UE.

    Là aussi il fallait châtier les Grecs. C’est la Banque Centrale Européenne (BCE) qui s’est chargée de la sale besogne. Juste après l’annonce du référendum, la BCE a partiellement refermé la pompe à fric. Ils ont encore donné aux Grecs juste de quoi éviter le chaos sur les marchés financiers, en évitant que la Grèce ne soit exclue d’emblée de la zone euro. Mais le débit d’argent est bien sûr insuffisant pour que les banques puissent fonctionner normalement, avec les conséquences bien connues. Stratfor, un laboratoire d’idées conventionnel aux Etats-Unis l’exprime ainsi : « Si ce n’avait mené à une catastrophe économique et sociale, d’autres pays européens pourraient envisager d’appliquer l’option grecque ».

     

    Ne pas plier

     

    Le référendum du dimanche 5 juillet a opposé grosso modo deux blocs. Le bloc du non, soit les couches inférieures de la population (chômeurs, pensionnés, faibles revenus) qui n’ont plus rien à perdre, et le oui : les revenus élevés d’autre part, qui n’aiment pas Syriza et craignent pour leur position de privilégiés. Une incroyable pression s’est exercée sur la population pour la faire plier. Un membre de Syriza au Parlement européen compare la situation à celle du début des années ’70 au Chili, juste avant le coup d’état contre Allende. Là aussi, il s’agissait de saigner la population.

    Les Grecs n’ont pas plié. Ils méritent notre entière appréciation et notre solidarité. 

    [1] Commission Européenne, Banque Centrale Européenne Centrale et Fonds Monétaire International.

    Traduction du néerlandais : Anne Meert pour Investig’Action.

     

    Source : Investig’Action

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  • En Grêce et partout ailleurs : le Grand NON


    par Nines Maestro - Investig'Action

     

    Le peuple grec, et en particulier sa classe ouvrière, fait face à des moments décisifs qui affectent par la même occasion le reste des peuples européens, et spécifiquement le peuple espagnol dont les élections générales sont imminentes.

     

    Il faut être particulièrement naïf pour croire que la situation économique se présente chez nous sous un jour favorable, et, conséquemment, qu’il devienne possible de stopper la réduction des services publiques et les contre-réformes du monde du travail. Nous savons que, quel que soit celui qui gouvernera après les élections, que ce soit en Grèce où dans un autre pays de l’UE, les pressions se feront plus insistantes pour imposer des politiques d’ajustement à la classe ouvrière.

    Il est curieux qu’au plus fort de la crise, tous les efforts des classes dominantes s’écroulent quand il s’agit de diviser, d’isoler le peuple travailleur des différents pays et de masquer l’impérieuse nécessité de l’union.

    Dans le cadre de la crise économique généralisée du capitalisme la lutte de classes s’apparente aux caractéristiques générales de notre appartenance à l’Euro et à l’UE. La différence est que l’offensive du capital est beaucoup plus avancée dans le pays hellène, à la mesure du niveau de conscience et de lutte de son peuple. Ce dualisme net explique la dureté des confrontations.

    Les négociations entre la Troïka et le gouvernement Syriza ont dévoilé la profondeur de l’offensive de la bourgeoisie contre les classes populaires. La stratégie illusoire de Syriza consistait à convaincre les créanciers des énormes souffrances du peuple ainsi que de faire prévaloir la démocratie et à la souveraineté. Illusion sans aucun fondement comme il a été dramatiquement mille fois démontré et dans laquelle il n’est permis à aucun gouvernement de tomber s’il souhaite représenter les intérêts de son peuple. À ce stade de l’Histoire, il est inexcusable d’invoquer l’ignorance.

    Depuis au moins cinq ans en Europe, et depuis des dizaines d’années en Amérique latine, Afrique ou Asie, le paiement de la dette est la machinerie qui dirige une guerre sociale ; guerre par laquelle l’impérialisme assujettit les gouvernements, obligeant ceux-ci au respect de son agenda. Juste avant de diriger un attaque militaire ou un coup d’État, si elle n’est pas exécutée avec la diligence désirée.

    Mais dans l’ampleur actuelle de la crise, sans aucun horizon, il ne s’agit pas d’imposer seulement des politiques économiques. Il s’agit également de détruire tout espoir nourri par des gouvernements sensibles aux besoins du peuple. La crise du capital a décrété la fin du réformisme.

    La pression s’est maintenue implacablement malgré les concessions inacceptables accordées auparavant à la Troïka par le gouvernement Tsipras, et déjà analysées par Red Roja (1), montrant ainsi que l’essence de la confrontation est politique. Que souhaite donc la Troïka si les conditions de son ultimatum enfonceront davantage la Grèce dans la récession, et que la dette devienne de ce fait de plus en plus impayable ? L’objectif est clairement de torpiller Syriza, et faire en sorte que le pays tombe dans le chaos démontrant ainsi l’impossibilité de toute politique au service du peuple. C’est un défi total lancé à la classe ouvrière grecque et européenne.

    La dureté de la crise et la faiblesse de son propre pouvoir ne permettent pas au capitalisme de prendre une voie plus facile, et moins encore un mode qui pourrait représenter une corrélation de forces plus favorables à la classe ouvrière. Augmenter les impôts des plus riches pour tenter d’aider un peu 45% des retraités vivant au-dessous du seuil de pauvreté et soutiennent leur famille entière, ça ne convient pas !

    La lutte de classes est sans merci. Syriza ne l’a pas compris et perdra une occasion précieuse de préparer son peuple à l’inévitable.

    La Troïka veut montrer très clairement qui est le détenteur réel du pouvoir et de l’implacable dictature du capital ; au peuple grec, aux autres peuples de l’Europe et spécialement à ceux qui sont en première ligne, tel l’État espagnol. La Troïka nous donne un grand avertissement afin de nous intimider et de nous tenir coi. Pas de demi-mesures. C’est tout ou rien.

    Comme le fascisme, cette guerre sociale utilise la législation antiterroriste pour réprimer la résistance sociale et politique. Les attentats perpétrés dans différents pays par des groupes créés, organisés et financés par l’impérialisme euro-américain et sioniste, sont utilisés pour alimenter la peur du "terrorisme" et ainsi à faire approuver des lois qui annihilent les libertés publiques au nom de la "sécurité" ; c’est le cas, en Espagne, de la législation antiterroriste ou de ladite « ley mordaza » [Loi bâillon]. En d’autres termes, l’impérialisme détruit les états, déstabilise des régions, spolie les ressources naturelles, et fait en sorte que la réponse de ces peuples – en tous cas, provoquée - devienne prétexte à renforcer les mécanismes de répression qui, ainsi, mutilent massivement les libertés démocratiques, même dans les pays plus centraux.

    Le référendum grec et le Grand NON

    Nous connaîtrons peut-être un jour les pressions concrètes - ou plutôt, les extorsions – auxquelles sont soumis actuellement les principaux dirigeants de Syriza. Effectivement, ce n’est pas la première, mais la seconde proposition de convocation de référendum en Grèce. La première fut celle du Premier ministre, Georgios Papandréou, le 31 octobre 2012. Il la retira lui-même le 3 novembre suivant, puis démissionna (2).

    Que s’est-il passé durant ces quatre jours ?

    Le récit ci-dessous a été transmis par l’ancien Premier ministre à un jeune étudiant d’un master de journalisme aux États-Unis. Il pourrait le démentir, mais je ne crois pas qu’il le fasse.

    Papandréou a été soumis à des telles pressions de la part de la Troïka - voire même à des menaces de mort envers sa femme et ses deux filles – pour retirer la convocation de référendum, que non seulement il l’a fait, mais il a en plus démissionné quatre jours après. Toute la famille est partie pour vivre aux Etats-Unis où il réside jusqu’à ce jour.

    En 2011, Georgios Papandréou représentait un parti qui était un instrument direct du capital, et il était seul. Ce n’est pas semblable aujourd’hui. Après quatre années de luttes et de souffrances, au-delà de Tsipras et Varoufakis, le Gouvernement Syriza représente de très importants progrès de conscience populaire qui déterminera le peuple grec à voter le 5 juillet prochain pour un grand NON.

    Parce qu’actuellement ce Non correspond non seulement au sentiment de la masse du peuple, mais a également des résonances historiques très profondes dans l’histoire grecque.

    "La fête nationale du 28 octobre, s’appelle Le jour du non. Elle commémore la date à laquelle, durant la Deuxième Guerre mondiale, le général Yannis Metaxás prononça son célèbre :" NON ! " à l’ultimatum de l’ambassadeur italien à Athènes. Il refusa ainsi d’accepter l’entrée des troupes de l’armée italienne dans le territoire hellène ; la guerre commença immédiatement. Quand quelqu’un en Grèce dit " le moment du Non est arrivé ", il fait référence à quelque chose de vraiment sérieux" (3).

    A la veille d’un probable drame historique, il est très important d’être conscient que des changements opérés dans les seuls gouvernements n’ont de signification que s’ils sont l’expression et le corollaire de réels changements de forces ; et nous ne pouvons pas nous permettre de nous laisser emporter par le chant des sirènes… qui pensent qu’arriver au gouvernement et avoir le pouvoir vont de pair.

    La crise actuelle en Grèce montre comment le capitalisme a laissé tomber le masque et ne permet pas la moindre concession au réformisme. C’est pour cela qu’il est pathétique d’écouter certains nouveaux leaders des gouvernements municipaux et autonomes de l’État espagnol clamant le "retour à l’Etat Providence".

    En ce qui nous concerne, il est préférable que nous sachions que les choses se présentent de façon particulièrement ardues, que le pouvoir se prépare en vue d’une grande confrontation de classe et qu’une force matérielle est seulement battue par une force matérielle supérieure. Pour construire cette force, il faut savoir clairement comment procéder, et, tant en Grèce comme chez nous, cela passe par la nationalisation des banques, le non-paiement de la Dette et la sortie de l’Euro, de l’UE et de l’OTAN.

    Cet objectif politique, qui est commun à toute la classe ouvrière et aux secteurs populaires de l’UE, plus particulièrement ceux des pays du Sud, permettrait d’envisager l’adoption des stratégies communes capables d’affronter la ploutocratie européenne.

    Ceci à la condition que le peuple organisé construise une force politique qui soit fermement déterminée de l’emporter.

    Notes :

    1- http://redroja.net//comuni...

    2-http://economia.elpais.com/economia...

    3- http://www.resumenlatinoamericano.o...

    Traduction : Red Roja

    Source : Investig’Action

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  • Les 10 vérités du peuple grec au monde


    Salim Lamrani - Investig'action

     

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    Lors du référendum historique du 5 juillet 2015, les Grecs ont envoyé un message de rejet à l’oligarchie politique et financière de l’Europe et un message d’espoir aux peuples du monde.

     



    1. NON à l’Europe de l’austérité, à l’Europe des banques et de l’oligarchie et à l’Europe égoïste. Les politiques d’austérité sont politiquement coûteuses, économiquement inefficaces et socialement désastreuses. Loin de relancer la croissance, la réduction des dépenses, la diminution des salaires et des pensions de retraite, le démantèlement des services publics, y compris d’éducation et de santé, la destruction du code du travail et des acquis sociaux conduisent inévitablement à une contraction de la consommation.

    2. OUI à l’Europe sociale, à l’Europe des peuples et à l’Europe du partage. En temps de crise, les Etats doivent adopter une politique de New Deal et réaliser des investissements massifs afin de relancer l’économie. Les mesures de protection sociale doivent être renforcées afin de protéger les catégories les plus vulnérables de la population. De la même manière, une hausse du salaire minimum enclenchera un cercle vertueux car elle relancera la consommation, remplira le carnet de commandes des entreprises, lesquelles embaucheront de nouveaux salariés pour répondre à cette demande, ce qui permettra à l’Etat d’augmenter ses recettes fiscales grâce à ces nouveaux contribuables et de diminuer ses dépenses d’allocations-chômage grâce à la baisse du nombre de personnes sans emploi. Ces nouvelles sources de revenus pour la nation permettront de renforcer les services publics à destination du peuple.

    3. NON à la dictature de la finance, aux ultimatums, au chantage de la Troïka, au terrorisme politique, économique, financier et médiatique et aux menaces en tout genre. Il est inadmissible que la Commission européenne, composée de technocrates non élus – donc sans aucune légitimité populaire – décide de la politique économique et sociale d’une nation souveraine. Il s’agit là d’une atteinte à la démocratie et une remise en cause du droit inaliénable des peuples à l’autodétermination.

    4. OUI à l’indépendance, à la volonté sacrée des peuples, à la liberté et à la dignité. En portant au pouvoir un gouvernement progressiste mené par Alexis Tsipras de SYRIZA, les Grecs ont voté pour un programme de relance économique anti-austérité et un renforcement de la protection sociale. Aucune entité ne peut interférer dans cette décision souveraine d’un peuple libre.

    5. NON à la dette inique, mathématiquement impayable, destinée à asservir les peuples et à satisfaire l’appétit de la finance internationale. Il est temps de mettre fin au système actuel qui interdit à la Banque centrale européenne de prêter directement aux Etats aux mêmes taux que ceux réservés aux banques privées, c’est-à-dire entre 0 et 1%. La Grèce pourrait résoudre le problème de la dette si une telle réforme était adoptée. Aujourd’hui, lorsque la Grèce a besoin d’un financement, elle est obligée de passer par les banques privées qui lui prêtent à des taux usuraires pouvant atteindre les 18%, des emprunts qu’elles ont-elles-mêmes souscrits à des taux inférieurs à 1% !

    6. OUI à un audit international des dettes publiques, à la renégociation et à l’annulation des emprunts illégitimes. Selon la Commission pour la Vérité sur la Dette publique grecque, « la dette issue des mesures de la Troïka constitue une violation caractérisée des droits humains fondamentaux des résidents de la Grèce. Ainsi, nous sommes parvenus à la conclusion que la Grèce ne doit pas payer cette dette, du fait de son caractère illégal, illégitime et odieux. […] Le caractère insoutenable de la dette publique grecque était évident depuis l’origine pour les créanciers internationaux, les autorités grecques et les grands médias. Pourtant, les autorités grecques et certains gouvernements de l’Union Européenne se sont ligués pour rejeter une restructuration de la dette publique en 2010, dans le seul but de protéger les institutions financières privées. Les grands médias officiels ont dissimulé la vérité au public en soutenant que le plan de sauvetage allait être bénéfique pour la Grèce, tout en passant en boucle le récit selon lequel la population ne faisait que payer pour ses propres turpitudes ».

    7. NON à l’accumulation des richesses, à l’égoïsme et à l’individualisme. L’Europe actuelle est le paradis des nantis et l’enfer des peuples. Elle est l’illustration parfaite de la célèbre maxime voltairienne selon laquelle « une société bien organisée est celle où le petit nombre fait travailler le grand nombre, est nourri par lui, et le gouverne ».

    8. OUI à la répartition des richesses, à la solidarité et à la défense de l’intérêt général. La crise actuelle n’est pas due à une question de ressources car l’Europe n’a jamais été aussi riche de son histoire. Il est donc urgent de procéder à une répartition équitable des richesses et de placer la dignité humaine au centre du projet européen.

    9. NON à la dictature des puissants. La Grèce, berceau de la démocratie, rappelle à l’Europe et au monde le fameux avertissement de Maximilien Robespierre. Le Héros de la Révolution française qui, dès le départ, avait choisi le camp des pauvres, avait dénoncé « le joug de l’aristocratie des riches, la plus insupportable de toutes » : « Les riches prétendent à tout, ils veulent tout envahir et tout dominer. Les abus sont l’ouvrage et le domaine des riches, ils sont les fléaux du peuple : l’intérêt du peuple est l’intérêt général, celui des riches est l’intérêt particulier ».

    10. OUI à la révolte des peuples contre toutes les injustices, à l’insurrection civique et pacifique et à la résistance à l’oppression. Les peuples ne sont pas condamnés à l’indifférence et à l’humiliation et ont le pouvoir de prendre en main leur propre destin. La misère n’est pas une fatalité mais une décision politique imposée par les élites rapaces et insatiables. L’heure est à la révolte de la plèbe, des écrasés et des révoqués contre la brutalité de la finance mondiale.

    Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de La Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Son nouvel ouvrage s’intitule Cuba. Les médias face au défi de l’impartialité, Paris, Editions Estrella, 2013 et comporte une préface d’Eduardo Galeano. Contact : lamranisalim@yahoo.fr ; Salim.Lamrani@univ-reunion.fr Page Facebook : https://www.facebook.com/SalimLamra...

    Source : Al Mayadeen

     

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  • Référendum grec : «Rien ne sera plus jamais comme avant»

    Avant le référendum grec, Coralie Delaume a accordé un long entretien à FigaroVox. Selon elle, quel que soit le résultat du scrutin, ce vote devrait bouleverser en profondeur une Europe en panne de démocratie.

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    PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE DEVECCHIO @AlexDevecchio2

    Coralie Delaume est essayiste. Fine connaisseuse du droit communautaire, elle a notamment publié «Europe. Les Etats désunis» (Michalon, 2014). Découvrez ses chroniques sur son blog1.

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    Depuis l'annonce de la tenue d'un référendum en Grèce, la classe politique européenne est en émoi. «Je demande au peuple grec de voter oui, indépendamment de la question qui sera posée» a notamment déclaré le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker? Que vous inspire ce type de réaction?

    Voilà un homme qui aime vivre dangereusement! Heureusement pour lui, Alexis Tsipras na pas choisi une question de type «la Grèce doit-elle quitter la zone euro?». Dans le même genre, on a également eu quelques belles sorties de Michel Sapin telles que «le vote non n'aura pas les mêmes conséquences que le vote oui», ou encore: «je ne sais pas discuter avec quelqu'un qui dit non3».

    En fait, on se rend compte que tous ces gens n'ont plus la moindre idée de ce qu'est un référendum et, au delà de ça, de ce qu'est la démocratie. C'est assez inquiétant. Mais à vrai dire, comment s'en étonner? Jean-Claude Juncker avait été celui qui, dès l'arrivée au pouvoir de Syriza en Grèce, avait affirmé: «Dire que tout va changer parce qu'il y a un nouveau gouvernement à Athènes, c'est prendre ses désirs pour des réalités (…) Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ...4»

    Pour lui comme pour beaucoup d'autres, une alternance politique n'a pas vocation a entraîner des changements. Les élections nationales servent surtout à occuper les citoyens, à les distraire, elles sont pure comédie. Et d'une certaine façon, Juncker a raison. L'Union européenne a été bâtie de telle sorte que la démocratie en soit bannie. Il suffit de se plonger un peu dans la mécanique, dans le droit de l'Union, dans le fonctionnement de l'euro, pour s'en apercevoir.

    Ces réactions révèlent donc un problème de démocratie en Europe?

    Bien sûr, et pas qu'un peu! Je voudrais faire valoir trois arguments.

    Première chose: comme le dit souvent l'économiste Frédéric Lordon et comme il l'a encore rappelé récemment5, de très larges pans de ce que devrait être la «politique économique» ( par définition fluctuante: une politique prend en compte le contexte ) ont été gravés dans le marbre de traités. Or la démocratie, c'est avant tout le débat. Mais de quoi voulez-vous débattre quand tout ce qui devrait relever du conjoncturel et de l'adaptable a été ossifié? On ne peut pas débattre de la politique monétaire: d'abord, elle échappe aux États donc aux représentants des peuples. Ensuite, les contours de cette politique sont prédéterminés dans les statuts de la BCE. Certes, Mario Draghi tend à s'asseoir dessus de plus en plus souvent. Il fait un peu ce qu'il veut quand et comme il le veut. Sauf que.... personne n'a élu Mario Draghi!

    On ne peut pas débattre non plus de la politique budgétaire. Elle est prédéterminée par les critères dits de convergence (qui imposent de maintenir de déficit public en deçà de 3%) et, désormais, par les deux paquets de textes hyper contraignants que sont le Six Pack et le Two Pack 6 de même que par le Pacte budgétaire européen (le TSCG).

    On ne peut pas débattre, enfin, de la mise en œuvre d'une vraie politique industrielle: l'État stratège a cédé le pas au principe sacro-saint de la «libre concurrence», inscrit en lettre d'or dans les traités. Au bout du compte, que reste-t-il? Dans le domaine de l'économie, rien. Quand on vote aujourd'hui aux élections présidentielles ou législatives, il faut bien en avoir conscience: on vote pour des gens qui n'auront aucune possibilité d'agir sur l'économie de leur pays. Dans ce domaine au moins (la politique économique), l'alternance est d'une innocuité totale.

    On ne peut attendre de l'Union européenne qu'elle soit démocratique, car la démocratie par définition, c'est « le pouvoir du peuple ». Or il n'y a pas de peuple européen. Il y a 28 peuples nationaux.

    Deuxième chose: depuis les années 1960, il est admis qu'il existe une primauté du droit communautaire sur les droits nationaux. C'est la Cour de justice des communautés européennes (CJCE à l'époque, CJUE aujourd'hui) qui l'a décidé, à l'occasion d'arrêts fondateurs, les arrêts Van Gend en Loos de 1963 et Costa contre ENEL de 1964.

    J'insiste: ce sont des arrêts. Ils relèvent de la jurisprudence de la Cour et leurs conclusions n'ont donc jamais été débattues par quelque Parlement que ce soit. Depuis lors, aucun État ne les a contestés. Le fait que le droit supranational, qu'il s'agisse des traités ou du droit dérivé (directives, règlements) s'applique sans discussion à tout les États-membres, est vécu comme une sorte de fatalité. Ainsi, tout nouvel État venant à entrer dans l'Union est tenu de transposer en droit interne des pages et des pages «d'acquis communautaire». Pendant qu'il s'y emploie, son Parlement se transforme ponctuellement en chambre d'enregistrement. Je n'irai évidemment pas jusqu'à dire que toutes nos lois nous sont imposées du dehors: c'est faux. Pour autant, dans un livre dense et passionnant sur l'histoire de l'intégration européenne intitulé Le Passage à l'Europe, le philosophe Luuk Van Middelaar affirmait, au sujet de la Cour de justice de l'Union et de ses célèbres arrêts de 1963-64: «lorsque les États reconnaissent la Cour comme porte-parole de la fondation européenne, ils sont juridiquement domptés». Être dompté: quelle heureuse perspective pour un démocrate!

    Et attention: il ne faut pas croire, sous prétexte qu'on n'en parle rarement, que la CJUE n'existe plus ou n'a plus aucune action7 . Tout récemment, elle a été amenée à statuer sur le programme OMT (Outright monetary transactions), un programme non conventionnel lancé par Mario Draghi en 2012 pour «sauver l'euro». Elle a évidemment considéré que ce programme était bel et bon. C'est remarquable: une institution supranationale non élue, la BCE, met au point un programme qui semble contrevenir à la mission que lui assignent les traités. A la demande de la Bundesbank puis de la Cour constitutionnelle allemande, ce programme est déféré devant une autre institution supranationale non élue, la CJUE, qui l'avalise. La Banque centrale et la Cour de justice dialoguent donc entre elles, se font des politesses, se délivrent l'une à l'autre des certificats de bonne conduite. Quelle chance de réussite peut avoir un véritable gouvernement d'alternance comme celui d'Alexis Tsipras dans un tel environnement?

    Troisième et dernière chose: on ne peut attendre de l'Union européenne qu'elle soit démocratique, car la démocratie par définition, c'est «le pouvoir du peuple». Or il n'y a pas de peuple européen. Il y a 28 peuples nationaux. Si l'Europe était un organisme inter-national, ces peuples pourraient coopérer, avoir des relations de bon voisinage et d'amitié. Mais l'Union est une structure supra-nationale, qui exige que chacun de dépouille de large morceaux de souveraineté. On a vu à quoi cela conduit: ce sont désormais 28 légitimités qui s'affrontent, dans le but essentiel de ne pas se laisser dévorer par l'échelon de surplomb, l'échelon communautaire. Dans le cas qui nous occupe, il est assez clair que la Grèce est en train d'affronter l'Allemagne. Le gouvernement grec cessera d'être légitime aux yeux de son peuple dès lors qu'il acceptera de faire ce que son appartenance supranationale exigerait de lui: renoncer à essayer de sortir son pays de l'austérité et exiger un allégement de sa dette. Le gouvernement allemand, pour sa part, cessera également d'être légitime aux yeux de son peuple s'il renonce à faire ce que son appartenance supranationale devrait lui imposer: se montrer solidaire, renoncer à ses créances sur la Grèce et accepter la restructuration de la dette hellène. Dans le premier cas, Tsipras faillirait à sa parole puisqu'il a promis la fin des privations. Dans le second cas, Merkel faillirait à sa parole puisqu'elle a promis de protéger le contribuable allemand.

    Nous sommes dans un nœud de contradictions et, comme le dit le juriste Régis de Castelnau, « L'UE n'est pas un organisme démocratique. Elle n'est pas anti-démocratique, elle est a-démocratique »

    C'est insoluble. Nous sommes dans un nœud de contradictions et, comme le dit le juriste Régis de Castelnau, «L'UE n'est pas un organisme démocratique. Elle n'est pas anti-démocratique, elle est a-démocratique8» . Elle est devenue le lieu où se percutent violemment les intérêts contradictoires de différents pays. Le premier qui cesse de faire entendre sa voix cesse d'être une démocratie véritable pour devenir une «post-démocratie», sorte d'objet politique un peu flasque au sein duquel les libertés individuelles sont préservées, mais où n'existe plus aucune possibilité de choix collectif. La France est dans ce cas. L'Allemagne est l'une des dernières démocraties d'Europe: elle a pu le rester parce qu'elle est le pays le plus fort, et cela ne s'est fait qu'au détriment des pays voisins. La Grèce, elle, tente de redevenir une démocratie. A cet égard, le référendum décidé par Alexis Tsipras, quel que puisse être son résultat, est un très beau pas en avant.

    Dans le journal Le Monde, Nicolas Sarkozy, qui lors de son retour a fait du recours au référendum l'une de ses propositions phares, trouve anormal qu'Alexis Tsipras appelle à voter non. Comment expliquez-vous ce paradoxe?

    Nicolas Sarkozy est l'homme même qui a inventé l'invalidation de la parole du peuple par le Parlement en faisant ratifier par le Congrès, en 2008, un traité (Lisbonne), rejeté par référendum trois ans avant. Que pouvait-on attendre de lui?

    En fait, beaucoup de gens se révèlent à l'occasion de cette crise grecque. Ils sont mis à nu. Dans le cas de Sarkozy, on voit bien quel genre de société il appelle de ses vœux. Un chef de parti qui propose, d'une part, de remettre en cause le principe du droit du sol, d'autre part de s'en remettre à l'Allemagne pour tout le reste (ce qu'il a d'ailleurs toujours fait lorsqu'il était Président: il a été un second très obéissant pour Mme Merkel), je ne vois plus trop où le classer politiquement.

    Pour en revenir à Tsipras et au fait qu'il appelle à voter «non», j'avoue que je ne comprends pas où est le problème. Syriza est arrivé au pouvoir en janvier avec 36,5% des suffrages seulement. Ils se sont fait élire sur une promesse qui, personnellement (l'euro me semble être une monnaie austéritaire par construction) me paraissait contradictoire: mettre fin à l'austérité d'une part, demeurer dans la monnaie unique d'autre part. Arrivée à un certain point de la négociation, Alexis Tsipras s'est aperçu qu'il ne parvenait pas à tenir sa promesse. Les toutes dernières propositions qu'il a faites la semaine dernière étaient véritablement des propositions austéritaires, et il a dû lui en coûter beaucoup de les formuler. Malgré cet effort substantiel, les créanciers lui ont retourné sa copie biffée de rouge, comme on on le fait avec un petit enfant qui aurait pondu un mauvais devoir. Au comble de l'humiliation, voyant bien qu'il n'avancerait pas davantage, le Premier ministre grec a convoqué un référendum.

    La raison en est aisément compréhensible. Elle a été donnée par le ministre Yanis Varoufakis 9: pour pouvoir poursuivre son combat en position de force, le gouvernement hellène a désormais besoin de 50% des voix +1, c'est à dire de la majorité absolue. Tsipras en appelle au peuple dans l'espoir d'obtenir le surcroît de légitimité nécessaire pour pour pouvoir aller plus loin. Y compris, peut-être, jusqu'à la rupture.

    Il est donc plus que logique qu'il milite pour le «non». S'il le «oui» l'emporte, il a toutefois affirmé qu'il le respecterait, mais également qu'il se retirerait, afin de ne pas avoir à endosser une politique contraire à ses idées. Où est le scandale? En France, le général de Gaulle gouvernait comme ça. Cela a-t-il ruiné la France? Je ne crois pas....

    Je ne doute pas une seconde que bon nombre de leaders européens adoreraient la solution prônée par Martin Schultz : la mise en place d'un gouvernement de technocrates. Je rappelle pour mémoire que Martin Schultz est social-démocrate, et que dans social-démocrate il y a « social » et « démocrate ».

    Beaucoup d'observateurs prédisent le chaos en cas de vote non. Leurs inquiétudes ne sont-elles pas légitimes?

    J'ai l'impression que l'impasse serait bien plus totale en cas de vote «oui». Tsipras quitterait ses fonction avec, probablement, l'ensemble de son gouvernement. Il y aurait donc un nouveau scrutin. Or Syriza demeure très populaire dans le pays. Que se passerai-il alors? Les mêmes seraient réélus et on en reviendrait aux mêmes points de blocage. A moins que les Grecs recourent une nouvelle fois au second parti du pays, Nouvelle Démocratie. Mais cette fois, on en reviendrait carrément à la situation d'avant le 25 janvier 2015. Avec le sentiment terrible, pour la population, que rien n'avance et que rien n'est possible.

    Je ne doute pas une seconde que bon nombre de leaders européens adoreraient la solution prônée par Martin Schultz: la mise en place d'un «gouvernement de technocrates»10 . Je rappelle pour mémoire que Martin Schultz est social-démocrate, et que dans social-démocrate il y a «social» et «démocrate». Je rappelle également qu'il préside le Parlement européen, cette institution qu'on nous a vendue comme étant le haut lieu d'une démocratie européenne en devenir, et dont on nous disait que tout deviendrait rose sitôt qu'elle aurait accru ses prérogatives.

    Bref, Martin Schultz et quelques autres sont devenus des alliés objectifs de l'Aube Dorée. Je pense d'ailleurs qu'ils le savent, et que ça leur convient. Car si le parti d'extrême-droite arrive un jour au pouvoir à Athènes, ça leur donnera une nouvelle occasion d'injurier les Grecs, de leur intenter un procès en fascisme. Du coup, ils ne prennent même plus la peine de dissimuler leur malveillance.

    Si la Grèce fait défaut sur sa dette, les contribuables européens vont payer pour les banques.

    Certains grands titres ont parlé de «braqueur de banques» au sujet d'Alexis Tsipras … Au-delà des politiques, en France, la majorité des médias et des éditorialistes font campagne pour le oui. La comparaison avec le référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen vous parait-elle justifiée?

    Ce qualificatif de «braqueur de banques» ne manque pas de sel quand on sait que la majeure partie de l'aide accordée par la Grèce en 2010 a constitué, en réalité, une recapitalisation déguisée des banques européennes, principalement françaises et allemandes. La Grèce n'a finalement servi que de courroie de transmission pour des sommes énormes qui sont passées des mains d'entités publiques (États membres, FMI, BCE) dans les poches d'entités privées, sans que la population hellène en voie jamais la couleur. Plusieurs économistes qui se sont trouvés au cœur des négociations à l'époque le disent aujourd'hui 11. En 2010, la Grèce était déjà insolvable. Le défaut était inévitable et il aurait dû intervenir immédiatement. On ne l'a différé que pour laisser le temps à quelques banques très exposées de faire leurs valises. Ces établissements, qui avaient joué avec le feu en prêtant à risque et avaient touché à cette fin des intérêts très importants (le taux d'intérêt n'est rien d'autre que la rémunération du risque), ont empoché des gains et essuyé des pertes mineures. Et on a transféré le risque sur les contribuables européens, auxquels on dit aujourd'hui qu'ils vont payer pour les Grecs. C'est un mensonge. Si la Grèce fait défaut sur sa dette, ils vont payer pour les banques.

    Concernant la campagne menée par les éditorialistes français.... certes, elle existe. Mais ça ne me semble même pas être le plus grave. Le plus grave, c'est que toute l'eurocratie milite pour le «oui».

    Ça, c'était avant l'annonce du référendum. Cette dernière ayant pris tout le monde de court, les créanciers ont alors changé de braquet. Ils ont entrepris de faire gagner le « oui ».

    Plus grave encore: depuis le début, il y a une volonté authentique de déstabilisation du gouvernement Tsipras. Le journal Le Monde s'est même risqué à proposer un scénario du putsch 12: «Imaginons donc un scénario de crise: 30 juin, constat de défaut de la Grèce: 1er juillet, panique bancaire et instauration d'un contrôle des changes par Tsipras, contraint et forcé ; 2 juillet, mise en minorité du gouvernement Tsipras par les irréductibles de Syriza ; 3 juillet, constitution d'un gouvernement d'union nationale, avec ou sans Tsipras ; 4 juillet, retour des négociateurs à Bruxelles-Canossa. Odieusement antidémocratique? Les Grecs jouent au poker. Pourquoi pas nous?» écrivait carrément Arnaud Leparmentier.

     

    LA SUITE ICI

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  • Cinq idées vraies et fausses sur la crise grecque

     

    Frantz DURUPT- Libération

     

    DÉCRYPTAGE

    Des Grecs «fainéants», un gouvernement de coalition avec l'extrême droite, une dette qui pèse 650 euros par Français... Ces dernières semaines, dans les débats sur la Grèce, les idées reçues ont beaucoup circulé.

     

    Athènes a accepté vendredi la quasi-totalité des mesures proposées par ses créanciers et promis d’honorer ses dettes. Le parlement grec doit voter dans la journée ce qui, en cas de oui, ouvrirait la voie à de nouvelles négociations. A cette occasion, retour sur les nombreuses idées reçues ayant émaillé les débats sur la crise de la dette grecque.

    Les Grecs ne travaillent pas assez

    Celle-ci, on l’a entendue, jusque dans la bouche d’un ancien président de la République : «Le problème c’est qu’on ne travaille pas assez en Grèce», a ainsi expliqué Nicolas Sarkozy au JT de 20 heures de TF1, le 8 juillet.

    C’est faux, répond le site alterecoplus (affilié au magazine Alternatives économiques) : selon l’enquête trimestrielle menée par Eurostat, en 2014, les travailleurs Grecs faisaient 40,6 heures par semaine en moyenne, soit plus que tous les autres pays de l’Union européenne. A titre de comparaison, les Français étaient à 35,7 heures en moyenne, et les Allemands à 35,3 heures.

    Les Grecs n’ont pas fait assez d’efforts

    Que cela ait été dit franchement ou simplement sous-entendu, elle s’est très bien installée, l’idée que les Grecs n’auraient pas «fait assez d’efforts» et que donc, un petit coup d’austérité en plus ne serait que justice. Exemple avec Nathalie Kosciusko-Morizet.

    Plusieurs médias ont également joué le jeu du «pourquoi les Grecs ne feraient pas ce que d’autres ont fait ?». Par exemple France 2, qui a réalisé un reportage en Slovaquie pour montrer à la Grèce le bon exemple des pays (pauvres) qui font des réformes «difficiles» et s’en sortent.

    C’est très injuste. «Mon pays a été le laboratoire de l’austérité», a dit Aléxis Tsípras mercredi devant le Parlement européen. Et pour cause : les programmes d’austérité en Grèce ont commencé il y a déjà sept ans, en 2009. Et ils ont été sacrément sévères. Comme le relevait cette semaine un article du Monde, sur la période 2009-2014, la Grèce a fait passer son déficit public de 15,2% du PIB à 2,7%. Sur la même période, elle a réduit ses dépenses publiques de 9,7 points, passant de 53,9% à 44,2% du PIB. En variation, c’est moins que l’Irlande (dont les dépenses publiques sont passées de 47,6% à 36,1%, soit 11,5 points), mais numériquement, c’est beaucoup plus : 47 milliards d’euros d’économies annuelles, contre 10 milliards pour l’Irlande.

    La contrepartie de ces efforts, c’est un PIB qui s’est rétracté de 25%, et surtout un peuple qui s’est considérablement appauvri : le salaire minimum a baissé de 100 euros, à 580 euros. Le taux de chômage est monté à 25% de la population active. Le financement du système de santé, lui, a été radicalement réduit. Conséquence logique : certaines maladies disparues, comme le paludisme, ont fait leur retour, et les contaminations au VIH ont explosé.

    Un défaut de la Grèce coûterait 40 milliards d’euros à l’Etat soit 650 euros par Français

    Oui… la France a bien prêté l’équivalent de 42,4 milliards d’euros à la Grèce (11 milliards directement, dans le cadre de prêts bilatéraux, et 31 milliards en garantissant des prêts du Fonds Européen de Solidarité – FESF), mais il est un peu rapide et facile de dire, comme certains journalistes à la télévision, qu’un défaut de paiement de la Grèce coûterait 650€ par Français. Résultat : même des responsables politiques croient que les Français «payent des impôts pour les Grecs».

    Ce n’est pas le cas. D’abord car pour perdre ces 42 milliards d’euros, il faudrait que la Grèce fasse défaut sur l’intégralité des sommes dues. Ensuite, et surtout, parce que les sommes prêtées par la France à la Grèce ne l’ont pas été grâce à un prélèvement sur l’impôt, mais dans le cadre du circuit habituel de l’endettement des Etats : en empruntant sur les marchés. Bref, les contribuables français n’ont jamais payé d’impôts pour la Grèce, et personne ne touchera 650€ si le pays rembourse ce qu’il doit. Nous sommes désolés pour votre nouvel iPhone.

    L’Allemagne ne peut pas donner de leçons sur le remboursement des dettes

    L’idée n’est pas neuve – en campagne, Syriza se servait déjà de cet exemple – mais elle a eu un regain de popularité aux alentours du référendum du 5 juillet : l’Allemagne, qui refuse bec et ongles le moindre début de discussion sur une restructuration de la dette grecque, ne serait pas en mesure de donner des leçons. C’est l’économiste Thomas Piketty, auteur du best-seller Le Capital au XXIe siècle, qui a livré la version définitive de cette idée dans une interview à un quotidien allemandDie Zeit : «Ce qui m’a frappé pendant que j’écrivais, c’est que l’Allemagne est vraiment le meilleur exemple d’un pays qui, au cours de l’histoire, n’a jamais remboursé sa dette extérieure, ni après la Première, ni après la Seconde Guerre mondiale. […] L’Allemagne est LE pays qui n’a jamais remboursé ses dettes. Elle n’est pas légitime pour faire la leçon aux autres nations.»

    Oui, mais… En 1953 notamment, l’Allemagne a bénéficié de la solidarité européenne : pour se reconstruire, elle a vu 60% de sa dette effacée. Et ça a marché : elle est aujourd’hui la première puissance économique du continent (ce qui tient, aussi, à de nombreux autres éléments). Mais les deux situations sont-elles vraiment comparables ? Non, selon un politologue américain, William Kindred Winecoff, qui explique, cité et traduit par Slate.fr : «La dette allemande avait été effacée en 1953 à condition que l’Allemagne maintienne une balance commerciale positive et un excédent budgétaire, ce qui garantissait des exportations subventionnées vers les pays européens, qui manquaient de capacités industrielles juste après la guerre. C’est ce qu’on demande maintenant à la Grèce mais le gouvernement refuse.»

    Syriza gouverne avec l’extrême droite (et est comparable au FN en France)

    C’est un argument récurrent, notamment à droite, car il permet de réactiver le vieux cliché des «extrêmes qui se rejoignent». Syriza, mouvement d'«extrême gauche», gouvernerait la Grèce avec un «parti d’extrême droite», en l’occurrence Anel, le parti des Grecs indépendants. Et, en France, le mouvement d’Aléxis Tsípras serait comparable au Front national.

    Oui, mais non. Le parti Anel, qui figure bien au gouvernement dirigé par Aléxis Tsípras, est indubitablement un parti très à droite. Son président, Panos Kammenos, est capable de saillies racistes (comme lorsqu’il a affirmé que les Juifs et les bouddhistes étaient exemptés d’impôts, contrairement à l’Eglise orthodoxe) ou complotistes (il a dit que la Grèce était victime d’une attaque chimique par les traces que laissent les avions dans le ciel, les «chemtrails» dénoncés par les adeptes de cette théorie). Mais il s’agit aussi du seul autre parti grec à rejeter l’austérité. Le Premier ministre a reconnu qu’il s’agissait d’une alliance contre-nature, mais à l’issue d’élections législatives où ne lui manquaient que deux sièges au Parlement pour avoir la majorité absolue, il a choisi de ne pas se priver de cet allié. Lequel n’a récolté qu’un ministère.

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    On pourra souligner aussi que certaines des personnes poussant des cris d’orfraie aujourd’hui devant cette alliance étaient moins gênées, les dernières années, lorsque des partis équivalents au PS ou à l’UMP gouvernaient eux aussi le pays avec l’extrême droite.

    Concernant, enfin la proximité idéologique entre Syriza et le FN, suggérée au plus haut sommet de l’Etat par le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron (qui a ensuite tenté de se justifier), elle est inexistante. Contrairement au FN, Syriza défend entre autres la naturalisation facilitée et le droit de vote des immigrés et le regroupement familial. Quant à la récupération que tente de faire le Front national des victoires de Syriza, le mouvement a réaffirmé, il y a quelques mois, que ses «partenaires et soutiens français […] sont de gauche».

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