Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Grèce : un protectorat en Europe, Cuba et le blocus, le désarroi des rentiers du pétrole

    Le Grand Soir
    Journal Militant d'Information Alternative
     
    Cette semaine
    « Tout le monde attendait la chute imminente... »
    Viktor DEDAJ
    Carnet de bord. Extrait. Il fait encore nuit lorsque le camion s’arrête devant la maison. Je grimpe sur le plateau arrière pour rejoindre une vingtaine d’ouvriers agricoles qui se serrent pour me laisser monter. Aujourd’hui, je me suis porté volontaire pour « donner ma force de travail » à la coopérative Blas Roca – les « tontons-macoutes de la révolution cubaine » selon le terme abject employé par le quotidien Libération (en référence aux escadrons de la mort en Haïti). Nous roulons à tombeau ouvert (...) Lire la suite »
     
    Une analyse chinoise sur le terrorisme
    LIU Ying
    BEIJING, 29 juillet (Xinhua) — L’hôtel Jazeera Palace, l’un des établissements les plus luxueux de la capitale somalienne, Mogadiscio, était défiguré après l’attentat suicide à la voiture piégée dont il a été la cible dimanche après-midi. L’attentat a fait au moins 15 morts et plus de 40 blessés. Un agent de sécurité de l’ambassade de Chine, dont les bureaux se trouvent aux deux derniers étages de l’hôtel, a été tué, alors que trois autres membres du personnel de l’ambassade ont été légèrement blessés. Les (...) Lire la suite »
     
    Les deux tiers de nos créanciers sont domiciliés au Caïman, au Luxembourg de Juncker et dans le Royaume-Uni de Cameron,
    Bernard GENSANE
    De même que la guerre est une affaire tellement sérieuse qu’il ne faut pas la laisser aux mains des militaires, il est bon que les gens doués de bon sens et d’une vraie conscience politique s’emparent de l’économie (qui, comme l’affirmait régulièrement Bernard Maris, ne saurait être une science), actuellement aux mains d’économètres qui ne jurent que par la fin de l’histoire et la domination du capitalisme financier. Après la cinglante Horreur économique (1996) de l’écrivaine Viviane Forrester, voici un (...) Lire la suite »
     
    La Grèce est le premier laboratoire d’une résistance concrète populaire et politique à la domination des marchés
    Christophe VENTURA
    Après « l’accord » insoutenable de l’Eurogroupe : un protectorat en Europe et une nouvelle ère sous domination de l’Allemagne Il existe un proverbe brésilien qui dit quelque chose comme « si tu restes à côté de la bête, elle te mange. Et si tu t’éloignes, elle te rattrape »... et te mange. Voici qui s’applique à la pauvre Grèce aujourd’hui. « Grexit » non préparé de dernière minute ou poursuite de sa participation dans l’euro d’acier, la Grèce n’avait plus que des mauvaises solutions devant elle depuis ce (...) Lire la suite »
     
    La fiancée du « pirate » s’appelle peut-être « liberté »
    Maxime VIVAS
    La presse titre sur le projet secret (« un scénario digne d’un polar ») de Yanis Varoufakis de pirater son propre ministère, plus précisément la plate-forme de l’administration fiscale grecque, afin de créer un système bancaire parallèle. Ce fut plus qu’un projet. Une équipe de haut niveau avait été formée, le célèbre économiste américain James K. Galbraith y travaillait (bénévolement). Ce fut une amorce de « Plan B » pour le cas où le pays se retrouverait en manque de liquidités de par la volonté de ses (...) Lire la suite »
     
    L’opération « Sortie » se met en place, et la solidarité gronde peu.
    Jean ORTIZ
    Le crime se prépare, comme en 1973 au Chili de l’Unité Populaire. La campagne de discrédit, de déstabilisation, contre Caracas, s’accélère avec le déchaînement, l’activisme, des vraies droites, des fausses gauches, et des médias « libres » internationaux. Pour le chef d’orchestre, les Etats-Unis, il faut reprendre la main en Amérique latine, notamment afin de mettre en place les Zones de libre-échange transatlantique et transpacifique, vastes entreprises de recolonisation. Cela passe par le renversement, (...) Lire la suite »
     
    La paille nucléaire iranienne et la poutre nucléaire israélienne
    Chems Eddine CHITOUR
    L’accord de Vienne déplaît aux Israéliens, aux Arabes et au Congrès des Etats-Unis. « Purifie-toi des attributs ; du moi, afin de pouvoir contempler ta propre essence pure et contemple dans ton propre coeur toutes les sciences des prophètes, sans livres, sans professeurs, sans maîtres. » Jalal Eddine Ar Roumi, immense soufi iranien. Avec un suspense digne des films à la Hitchcock, le feuilleton iranien avec une superproduction qui a mobilisé pas moins de sept acteurs, s’est achevé sur une note (...) Lire la suite »
     
     

    Lien permanent Catégories : Monde 0 commentaire
  • La lettre Hebdo de Cubacoopération du 16 juillet 2015

    Clôture du 10e Congrès des Jeunesses communistes

    Ce Congrès « correspondait aux moments que nous sommes en train de vivre ».
    – « Je pars très satisfait », s’est exclamé le général d’armée, Raul Castro Ruz, Premier secrétaire du Comité central du Parti communiste et président du Conseil d’État et du Conseil des ministres, en prenant congé des délégués et (...)

    Lire la suite de l’article

    mercredi 22 juillet 2015
    par  RG

    Lettre de veille économique de Cuba pour la...

    Un document particulièrement complet sur la situation économique de Cuba, réalisé par les services économiques de notre ambassade à Cuba. Le ton est à l’optimisme, qui s’appuie sur des résultats concrets. Nous nous en réjouissons.
    Merci pour cette mine d’informations.
    Editorial
    Les six premiers mois (...)

    mercredi 22 juillet 2015
    par   Domitille Piron

    A la Une : Etats-Unis et Cuba, les relations diplomatiques concrètement rétablies - Amériques - RFI

    « Une nouvelle étape commence elle sera longue et difficile "
    Il reste encore deux obstacles sérieux : l’embargo et Guantanamo
    Pour le Miami Herald, c’est un nouveau chapitre dans les relations internationales qui s’ouvre aujourd’hui après un vide de 54 ans. Le dégel historique se matérialise alors (...)

    mardi 21 juillet 2015
    par  RG

    Les Etats-Unis et Cuba rouvrent officiellement leurs ambassades

    Une remarque : si le rédacteur de cet article cite les indemnisations réclamées par les Etats Unis, il omet de dire que de son côté, le peuple cubain demande que lui soit versé le coût phénoménal du blocus imposé par son puissant voisin américain...
    La fin de cinquante-quatre longues années de froid (...)

    mardi 21 juillet 2015
    par  Laura Alonso Hernández

    Les nouvelles propositions de « Rutas y Andares » pour le 15e anniversaire de ce programme

    Par Laura Alonso Hernández
    Le programme « Rutas y Andares » (Routes et Promenades), organisé par le Bureau de l’Historien de La Havane, fête son 15e anniversaire et revient cet été, du 3 Juillet au 31 août, avec des nouvelles propositions pour le public.
    Dans le but de promouvoir les collections (...)

    lundi 20 juillet 2015
    par  RG

    Pour un avenir de développement durable et d’équité

    Avancer vers un modèle de développement plus juste, équitable et durable.
    – Des délégués de plus d’une quarantaine de pays et des représentants de divers organismes des Nations Unis ont participé à la 10e Convention internationale sur l’environnement et le développement, qui s’est déroulée à La (...)

    dimanche 19 juillet 2015
    par  Philippe Mano

    Une journée Cuba à Privas

    Une belle journée, à renouveler !
    A l’initiative d’enseignants du Lycée Vincent d’Indy , la ville de Privas s’est mise à l’heure de Cuba pour une journée, le 9 Juillet.
    Le matin les élèves ont accueilli le groupe de musique cubaine « Son Trinitario », sept musiciens venus de Trinidad, invités pour une (...)

    samedi 18 juillet 2015
    par  RG

    À bientôt Hemingway !

    Par Yeneily García García pour CUBARTE
    Un des plus influents écrivains dans les lettres du XXe siècle.
    Pour les habitués et les nouveaux venus ce fut une précieuse expérience de connaître d’autres passionnés d’Ernest Hemingway durant les quatre jours du 15e Colloque International dédié à l’auteur du (...)

    vendredi 17 juillet 2015
    par  RG

    Cuba va élaborer de nouveaux produits naturels pour la santé

    La science doit devenir un facteur très important du point de vue de la contribution économique du pays.
    – Le Centre national des recherches scientifiques (CNRS) de Cuba donne priorité à l’élaboration de nouveaux produits naturels pour le traitement de plusieurs affections, a affirmé la directrice (...)

    jeudi 16 juillet 2015
    par  RG

    Lien permanent Catégories : Cuba 0 commentaire
  • Le climat, une grande cause nationale ? (2ème partie)

    L'échec programmé de la Conférence Climat en décembre 2015 à
    Paris.
     La crise climatique attend une réponse politique et non la seule
    indignation citoyenne.
    (2ème partie)
     


    Changement climatique et société de marché.
     
    La société de marché, à l'origine de la crise climatique, ne fournit pas les conditions de sa résolution, bien au contraire, comme on peut le constater par les propositions qui sont faites par le système économique dominant qui transforme les problèmes créés en de nouvelles sources de profit (capitalisme vert). A ce titre, les questions du productivisme, de la croissance, des délocalisations, du libre-échange, du protectionnisme, de la taxation ne sont en aucune manière des positions dogmatiques au vu des choix adoptés par les Nations-Unies pour une gouvernance mondiale associant États, entreprises, banques et autres institutions financières et au vu des fondamentaux économiques de l'Union européenne. Cette orientation, validée par les Nations Unies, lors du « Sommet des mobilisations » en septembre 2014, appelle à la mobilisation des capacités de financement des acteurs privés et des banques. La lutte contre le réchauffement climatique s'inscrit dans cette dérive financière dont l'Union européenne a été et reste l'ardente défenseur en instaurant un marché carbone d'échange des permis d'émission avec des mécanismes de flexibilité financiers qui exonèrent les gros pollueurs et une marchandisation de la nature (appelée encore économie verte).
     
    On est en droit alors de se poser les questions suivantes: pourquoi les émissions de GES ne sont-elles pas contrôlées? Pourquoi les politiques climatiques adoptées par les États ne sont-elles pas à la hauteur des enjeux?
        •    Est-ce l'incapacité des dirigeants politiques de mettre en œuvre les bonnes solutions?
        •    Est-ce le système économique néo-classique qui nous sert de modèle qui se révèle incapable d'aborder la question du problème climatique?
        •    Quelle part le citoyen-consommateur a-t-il dans le blocage de cette situation dont les instances scientifiques soulignent le caractère déterminant et d'urgence?
     
    Le climat soumis à la technologie et à la finance.
     
    La soumission de la politique à la technologie et à la finance explique largement le manque de décisions politiques des sommets internationaux. Cette observation, relevée également par le Pape François dans sa Lettre encyclique sur l'écologie, reflète parfaitement le cadre idéologique qui est imposé (et approuvé par le gouvernement français) à la Conférence de Paris. La démarche qui associe États, monde économique et financier rompt avec la vision de la responsabilité des États et renforce la conception d'une mise en œuvre d'une gouvernance (que l'on peut définir comme étant la «démocratie» sans le peuple). La présence des grandes multinationales à la Conférence climat doit faire l'objet d'une « dénonciation politique » en plus d'une « indignation citoyenne » comme l'ont exprimée plusieurs associations environnementalistes.
     
    La résolution de la question climatique et plus globalement de la crise écologique appelle à un autre modèle économique et à d'autres choix politiques, ceci à différents niveaux, national, européen et international. De nombreux exemples illustrent la nécessité du débat :
     
        •    peut-on envisager une quelconque politique climatique sans contrôle de l'économie néolibérale qui permet, par la libre circulation des capitaux, les délocalisations vers les pays à faible standard social et écologique ?,
        •    doit-on revenir sur l'idée de taxation des émissions de CO2 en remplacement du marché carbone qui a démontré son inefficacité ?
        •    Le libre-échange synonyme de la circulation de milliers de porte-containers transportant des produits qui pourraient être fabriqués localement est difficilement compatible avec des politiques climatiques;
        •    la question du libre-échange se heurte à celle du protectionnisme (pudiquement appelé ajustement aux frontières) social et environnementale qui remet en cause les règles standards de l'échange international régis par l'OMC ;
        •    où se situe la cohérence politique entre un gouvernement qui déclare la question climatique « grande cause nationale » et sa volonté d'adopter au plus vite un partenariat de libre-échange (TAFTA) entre l'Union européenne et les États-Unis ?
        •    la Loi Macron favorise la promotion du transport routier par autocars plutôt que de miser sur la consolidation du réseau ferroviaire pour le transport des voyageurs et du fret ; ceci montre l'incohérence entre les déclarations d'intention sur la question climatique et les choix politiques ;
        •    les mêmes questions se posent sur la politique énergétique (exploitation des gaz de schiste) et l'avenir de l'agriculture (le choix entre une agriculture familiale et une agriculture industrielle dépendante des énergies fossiles),
     
    Climat et capitalisme
     
    Toutes ces questions nécessitent non seulement un débat mais des choix clairs vis-à-vis des règles fondamentales de l'Union européenne (libre circulation des capitaux, société de marché et de libre concurrence), des règles du commerce international (OMC, accords bilatéraux de libre-échange). C'est la question du capitalisme qui est au final posée pour un avenir qui concerne l'ensemble de l'humanité.
     
    Le MS21 est convaincu que les règles de politique économique de l'Union européenne qui refuse par ailleurs tout choix démocratique au sein des pays de l'Union (l'illustration en est faite aujourd'hui avec la Grèce) sont incompatibles avec la recherche d'une politique climatique à la hauteur des enjeux. Il en est de même pour le commerce international régi par les règles du libre-échange.
     
    Les choix politiques de MS21
     
    Faire des choix politiques nécessite débats et confrontations, mais exige la reconnaissance d'une souveraineté nationale que dénie à présent l'Union européenne (clause secrète du traité de Lisbonne). La remise en cause du libre-échange peut s'appuyer sur les propositions de la Charte de La Havane de 1948 pour un autre commerce international basé sur la coopération et non sur la mise en concurrence et de la Déclaration de Cocoyoc de 1974 qui répond aux enjeux du développement et de la protection de l'environnement par une remise en cause des mécanismes du marché.
     
    Le MS21 est favorable à l'accueil de la Conférence climat à Paris en 2015 qui va mettre en lumière la réalité des relations internationales, le sort lié des deux grandes puissances mondiales, États-Unis et Chine, en concurrence majeure, la position des puissances émergentes, la place de l'Europe, les revendications des pays pauvres. La question climatique est aussi une affaire nationale. La décréter par le gouvernement de Manuel Valls comme « grande cause nationale» au niveau d'un collectif qui se refuse à associer toute organisation politique fait craindre que cette grande cause ne soit qu'un effet de communication qui en dit long sur l'engagement écologique sincère de ce gouvernement.
     
     

    Lien permanent Catégories : Écologie 0 commentaire
  • Noam Chomsky : Cuba et les USA, Yanis Varoufakis, Leçons de la crise grecque...

    Le Grand Soir
    Journal Militant d'Information Alternative
     
    Cette semaine
    "Nous savions dès le départ à quel point ils étaient sans scrupules"
    Yanis VAROUFAKIS
    LGS donne à lire ici deux textes (apparemment contradictoires, mais cohérents) par lesquels l’ancien ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, explique les raisons de son vote contre le nouveau mémorandum, puis de son vote pour sa mise en oeuvre. POURQUOI J’AI VOTÉ CONTRE J’ai décidé d’entrer en politique pour une raison : pour être aux côtés d’Alexis Tsipras dans la lutte contre la servitude de la dette. De son côté, Alexis Tsipras me fit honneur en me mobilisant pour une raison : une conception (...) Lire la suite »
     
    « nous alphabétisons même en Espagne »
    Viktor DEDAJ
    Carnet de bord. Extrait. En s’approchant de la voiture garée à l’ombre, nous remarquons une flaque sous le réservoir d’essence. Le carburant fuit lentement à travers la rouille. Après un rapide échange, nous concluons qu’il y un certain danger. Qu’à cela ne tienne. Dans le coffre, nous extirpons un gros bidon vide. Avec un tube, nous vidons le réservoir dans le bidon. Nous arrachons ensuite le tuyau qui arrive au réservoir et nous l’introduisons dans le bidon. Et voilà, un réservoir d’essence tout neuf, (...) Lire la suite »
     
    Frederic LORDON
    1. L’euro interdit radicalement toute politique progressiste possible. 2. S’il en était encore besoin, le traitement criminel infligé à la Grèce en six mois de brutalisation (rebaptisée « négociation ») prouve que l’entreprise de « transformer l’euro », ou l’hypothèse d’un « autre euro possible », sont des chimères qui, par désillusions successives, ne mènent qu’à l’impasse et à la désespérance politiques. 3. Abandonner aux extrêmes droites (qui au demeurant n’en feront rien [1]…) toute perspective politique (...) Lire la suite »
     
    Robert BIBEAU
    Pour tout événement historique d'importance, la bourgeoisie présente une exégèse de droite et une interprétation de gauche dont s'emparent les plumitifs (journalistes stipendiés et analystes médiatisés) à la solde des médias "mainstream" pour les propager. C'est au milieu de ces écueils savamment disposés sur le sentier de la vérité que les communistes révolutionnaires doivent naviguer... afin d’analyser les informations convergentes et divergentes qui ne peuvent manquer de (...) Lire la suite »
     
    « Le gouvernement cubain, dans la mesure des possibilités, fait des choix qui vont dans le sens de la défense de la population, des plus faibles. »
    Viktor DEDAJ
    Carnet de bord. Extrait. Un soir, après un exposé sur l’histoire de la Révolution cubaine, je demande à Ibrahim ce qu’il répond aux critiques formulées contre Cuba par la gauche européenne. Il réfléchit et prend son temps avant de répondre. « Que ce soit bien clair : nous avons commis des erreurs, évidemment. Et nous en commettrons d’autres. Mais je peux te dire une chose : jamais nous n’abandonnerons le combat pour un monde meilleur, jamais nous ne baisserons la garde devant l’Empire, jamais nous ne (...) Lire la suite »
     
    Le drapeau cubain flotte sur washington
    David BROOKS
    Puisque les politiques de terreurs et d’asphyxie économique ont échoué, depuis 2014 Obama a essayé d’employer d’autres moyens pour « instaurer la démocratie », affirme le linguiste. Le changement dans la politique extérieure des Etats-Unis envers Cuba est dû au fait que, avec les changements notables survenus en Amérique latine ces dernières années, Washington s’est retrouvé de plus en plus isolé dans sa propre « arrière-cour » et s’est vu obligé de changer de position par rapport à l’île, a affirmé Noam (...) Lire la suite »
     
    L’affaire Orange
    Samah Jabr
    L’affaire Orange ici, ce n’est pas l’orange menaçant des victimes de Guantanamo ou de l’État islamique – il s’agit de la société de télécommunication française Orange, et de sa récente affaire avec Israël. Après avoir annoncé au Caire qu’Orange allait suspendre son contrat avec la société Partner d’Israël, le PDG d’Orange (suite à la pression israélienne sur le gouvernement français) est arrivé en Israël pour y rencontrer le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Là, il a exprimé son démenti des articles qui avaient (...) Lire la suite »
     
    Il faut se demander pourquoi les « unions monétaires » sont assez rares dans le monde
    Jacques SAPIR
    Le drame que vit la Grèce nous aura au moins appris deux choses : le lien qui existe aujourd’hui entre l’Euro et l’austérité et l’attachement d’une partie de la gauche à l’Euro, un attachement qui la conduit, maintenant de plus en plus rapidement, à sa perte. La première de ces choses permet de comprendre pourquoi les autorités de la zone Euro se sont montrées à ce point inflexibles. Le second nous explique pourquoi Alexis Tsipras s’est laissé poser la tête sur le billot et n’a pas choisi de rompre quand (...) Lire la suite »
     
    Diana JOHNSTONE
    Le 12 Juillet, la capitulation de la Grèce fut abjecte et totale. Le Premier ministre Alexis Tsipras, qui avait promis de lutter contre les mesures d’austérité qui entraînent le peuple grec vers la ruine, la pauvreté et le suicide, qui a trahi toutes ses promesses, nié la volonté du peuple exprimée lors du référendum du 5 Juillet, et conduit le parlement grec à accepter un accord avec les créanciers de la nation, encore pire que tous ceux qui avaient déjà provoqué la récession économique et fait (...) Lire la suite »
     
    « Le blocus a pour objectif d’empêcher la Révolution d’accomplir des avancées encore plus significatives »
    Viktor DEDAJ
    Carnet de bord. Extrait. Ce soir-là, la famille est rassemblée autour du téléviseur. Le journal télévisé cubain diffuse des images d’une manifestation en France. Ma présence a sans doute réveillé leur intérêt pour des « événements se déroulant en France ». Je reconnais les images de manifestations pour sauver les retraites. Ils me questionnent. Ils manifestent pour sauver leurs retraites ? Oui. Tu crois qu’ils vont gagner ? Honnêtement ? Je pense que non. Quelqu’un murmure « pobrecitos [les (...) Lire la suite »
     
    John ACKERMAN
    A l'occasion de la visite d'Etat du président mexicain Enrique Peña Nieto en France, nous partageons avec vous un entretien que jrécent avec John Ackerman, professeur de droit et de science politique à l’Université National Autonome du Mexique (UNAM) et auteur de très nombreux articles dans le quotidien La Jornada et l’hebdomadaire Proceso. Ce très bon connaisseur du système politique mexicain et des relations Mexique / Etats-Unis met fortement en question la légitimité démocratique du (...) Lire la suite »
     
    Yanis VAROUFAKIS
    L'ex-ministre des finances grec, qui a rejeté l'accord à la Vouli hier soir, décrypte sur son blog les implications concrètes de chaque point du texte imposé par l'Eurogroupe. A travers ses remarques, il révèle ses desseins prédateurs. Il montre comment l'accord ouvre un boulevard à ceux qui ont pour projet de faire de la Grèce un paradis social et fiscal pour les entreprises transnationales qui convoitent des pans entiers du patrimoine industriel et des secteurs vitaux dont la (...) Lire la suite »
     
    « L’internationalisme n’a pas de prix et n’est pas négociable. »
    Viktor DEDAJ
    Carnet de bord, extrait. La nuit tombe. Ibrahim semble inquiet. « Tu crois qu’elle est morte ? » me demande-t-il. Je ne sais pas. Vu la façon que tu l’as traitée, ça ne m’étonnerait pas. « Les Cubains ont le sang chaud » tente-t-il de se justifier. Je propose d’abandonner sa carcasse dans un fossé et de rentrer à pied. On reviendra demain pour la récupérer. « La police risque de la trouver avant... » soupire-t-il, avant de rajouter « c’est toujours la même chose, tu crois que tout est redevenu normal et (...) Lire la suite »
     

    Lien permanent Catégories : Grèce, Monde 0 commentaire
  • Le climat, une grande cause nationale ? (1er partie)

    L'échec programmé de la Conférence Climat en décembre 2015 à Paris.
    La crise climatique attend une réponse politique et non la seule indignation citoyenne.
    (1ère partie)
     


    En préparatif à la Conférence sur le climat à Paris en décembre 2015, le gouvernement de Manuel Valls décrétait que le collectif « Coalition climat 21 » (http://coalitionclimat21.org/) serait une grande cause nationale. Ce collectif, constitué de plus de 70 organisations, a une étrange singularité, il exclut tout parti et mouvement politique et n'intègre qu'associations, mouvements de solidarité, mouvements altermondialistes et syndicats. La crise climatique devrait donc se jouer sur le seul mode de l'indignation des citoyens impliqués dans ces mouvements («changeons le système, pas le climat»), or cette crise est de nature politique, c'est donc d'une réponse politique dont elle a besoin. Imaginer que la Conférence de Paris puisse être une caisse de résonance des luttes pour une justice climatique relève d'un vœu pieux et risque de rester lettre morte comme cela fut le cas à Copenhague. La Conférence de Paris risque de s’achever de la même façon par des déclarations d'intentions, des promesses qui ne seront pas tenues.
     
    Six ans auparavant, la Conférence de Copenhague avait scellé l'échec de tout accord international pour lutter contre le réchauffement climatique. Le seul résultat tangible fut un texte de trois pages, qualifié «Accord de Copenhague» (!) dans lequel une trentaine de pays, représentant 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), reconnaissaient que le changement climatique était l'un des grands défis de notre temps, mais signifiaient tout autant leur refus de s'engager pour tout objectif chiffré de réduction des émissions de GES, pour tout mécanisme contraignant ou pour toute aide réelle en faveur des pays les plus vulnérables. L'implication exceptionnelle de la société civile citoyenne à Copenhague, plus de 800 ONG accréditées pour assister à la Conférence, l'organisation d'un «Forum citoyen mondial », la mise en place de multiples coalitions environnementales, la manifestation dans les rues de Copenhague réunissant entre 50 000 et 100 000 personnes, le foisonnement de sites militants, le recueil de pas moins de 15 millions de signatures par la campagne «TckTckTck», n'y ont rien changé. La Conférence de Copenhague a mis ainsi en lumière les limites d'influence des ONG et des mouvements sociaux, leur impuissance face aux réalités des rapports de force internationaux
     
    Il n'est nullement question pour MS21 de mettre ici en doute la sincérité de l'engagement et la combativité de nombreux militants pour une justice climatique, mais celle-ci, tant écologique que sociale, nécessite des politiques de même nom, et donc des choix politiques qui soient à la hauteur des enjeux qui nous sont présentés.
     
    Les effets du réchauffement climatique.
    Le dernier rapport du GIEC confirme sa conviction que l’élévation de la température terrestre est majoritairement due à l’accumulation des gaz à effet de serre (GES) d’origine humaine. L'objectif affiché de limiter le réchauffement climatique à 2°C au-dessus du niveau préindustriel exige des actions de réduction des émissions très au-delà des politiques actuelles. Plusieurs pays particulièrement vulnérables ont demandé une limitation à 1,5°C; ce dernier objectif n’est plus envisageable à présent. Le scénario le plus pessimiste envisage une augmentation de la température moyenne de 5,5°C.
     
    Les effets du réchauffement climatique sont multiples : événements climatiques extrêmes (sécheresses, inondations), hausse du niveau des mers (de 26 cm à 98 cm en moyenne d’ici 2100), perte de biodiversité entraînant l’extinction de nombreuses espèces terrestres et marines incapables de s’adapter à des changements aussi rapides, acidification des océans, insécurité alimentaire, sévères pénuries d’eau sur plusieurs continents, impacts sur la santé liés à l’insécurité alimentaire et à l’augmentation de maladies infectieuses. Sans actions volontaristes, les inégalités sociales et économiques seront accentuées entre les régions du monde ainsi qu'à l’intérieur des pays. Les migrations et les risques de conflits, liés aux changements climatiques, iront en augmentant. De nouveaux modèles de développement sont donc indispensables dans tous les secteurs de nos activités.
     
    Causes profondes du changement climatique
     
    Pour trouver des solutions, faut-il encore déterminer les causes profondes du phénomène. Le réchauffement climatique trouve son origine au 18ème siècle, au moment de la grande transformation des sociétés occidentales, rendue possible par la découverte et l'usage sans limites des énergies fossiles, charbon, pétrole, gaz et à présent atome au niveau de la production, des transports et de la consommation. Cette grande transformation trouve son aboutissement dans le processus actuel de la mondialisation. Les changements climatiques sont la conséquence non attendue d'un modèle économique particulier et dominant, où l'homme est qualifié d'homo œconomicus, individu qui maximise ses intérêts, et le marché considéré comme modèle de relation sociale. Ce modèle qui a généré croissance, richesses, mais aussi fortes inégalités, pauvreté extrême et crise écologique se trouve aujourd'hui dans une impasse car fondé sur des ressources énergétiques naturelles non renouvelables. Certains persistent à adhérer à ce système de croissance illimitée au prétexte qu'il permettrait de sortir des millions d'êtres humains de la pauvreté et misent sur la poursuite du progrès technique pour corriger les dégâts écologiques. Le débat est bien politique.
     
    Nos sociétés ont été traversées par de grands débats, pour l'établissement de l’État de droit au 18e siècle, la participation politique par l'extension progressive du droit de vote au 19e siècle, l'attribution des droits sociaux par la mise en place de l’État-providence au 20e siècle. On peut avancer que la question climatique et plus largement écologique sera le quatrième grand débat des sociétés durant ce 21e siècle.

    La suite, vendredi 7 août

    Lien permanent Catégories : Écologie, Europe, France 0 commentaire
  • 98 milliards d’euros: la dette de l’Allemagne à la Grèce

     www.initiative-communiste.fr

     

    Au minimum, 90 milliards… Pourquoi les demandes de réparation de la Grèce envers l’Allemagne sont justifiées

     

    > ci après une traduction d’un article de Karl Heinz Roth, parue sur le site contremps.eu sur la dette de l’Allemagne envers la Grèce du fait des réparations de guerre (1939-1945) que l’Allemagne n’a jamais payées. Le chercheur et militant allemand, ancien membre du bureau national de l’Union socialiste allemande des étudiants et fondateur de la revue 1989, décrit le pillage de la Grèce pendant l’occupation l’allemande et, à partir de ces éléments, propose un calcul de la dette actuelle due par l’Allemagne à la Grèce, tout en discutant de la légitimité actuelle des demandes de réparations grecques.

     

    > Le 6 avril 1941, la Wehrmacht attaque la Yougoslavie et la Grèce. Fin octobre 1940, l’armée grecque a déjà repoussé une offensive italienne depuis l’Albanie et de ce fait un corps expéditionnaire britannique a été laissé en soutien dans le pays. Pour les Allemands, ce développement entraine une double menace stratégique. D’abord en ce qui concerne les champs pétrolifères roumains mais aussi par rapport à l’offensive planifiée contre l’Union Soviétique qui présente désormais des faiblesses sur son flanc sud-est. En 1941, ni la Yougoslavie ni la Grèce ne sont en mesure de résister à l’attaque de la 12ème armée de la Wehrmacht.

     

    > La direction de la Wehrmacht utilise cette « guerre-éclair » (« Blitzkriegs-Exkurs ») comme champ d’expérience afin de tester le pillage économique total prévu pour être répliqué en Union Soviétique. La Grèce est systématiquement pillée. Entre le début de l’offensive et le début du mois de juin 1941, de grandes quantités de minerais et de concentrés de chrome, de zinc, d’étain, de cuivre et de plomb s’accumulent dans le port de Thessalonique afin d’être transportés vers l’Allemagne. De plus, les managers industriels allemands prennent le contrôle de la production annuelle des métaux industriels que sont la bauxite, le manganèse, le nickel, le molybdène et la pyrite, si bien que la somme totale annuelle d’exportation de matières premières atteint 45 à 50 millions de Reichsmark (RM). Le charbon, l’huile minérale et les produits d’exportation agricoles les plus importants comme les raisins secs, l’huile d’olive, le coton, le sucre, le riz et le cocon de soie sont également envoyés en Allemagne. En outre, les officiers chargés des questions économiques confisquent les machines-outils du consortium d’armement de Bodsakis et une grande partie du matériel roulant du chemin de fer.

     

    > Cependant le butin le plus considérable reste le tabac. Sous la direction du manager de Reemtsma, Otto Lose, toute la récolte de 1939 et 1940 est confisquée et transportée vers l’Allemagne. Il s’agit de 85.000 tonnes de tabac d’Orient, soit l’équivalent de 175 millions de Reichsmarks. Cette quantité suffit pour approvisionner l’Allemagne en cigarettes pendant une année entière et leur vente génère un revenu fiscal de 1,4 milliards de Reichsmarks.

     

    > Comme contrepartie pour ces « achats », la 12ème armée délivre soit des certificats de livraison qui contiennent la promesse de paiement après la guerre, ou paye avec des « bons de caisse de crédit », moyen de paiement de la Wehrmacht, indexé sur les prix de 1939. Ces paiements ou promesses de paiement fictifs doivent être refinancés soit en liquide (drachmes), soit en crédits par le gouvernement de collaboration du général Tsolakoglu installé le 30 avril 1941. Ce gouvernement se voit donc contraint de faire marcher la planche à billets, de surendetter l’État et de gonfler le déficit du bilan de la banque centrale grecque. C’est le premier pas dans l’hyperinflation, revers des expéditions de pillage. La chute ainsi provoquée de l’économie grecque est d’autant plus accélérée que l’industrie de transformation perd son approvisionnement en matières premières et doit réduire sa production.

     

    > Avec ce pillage économique planifié, les conditions économiques se dégradent dramatiquement. La drachme est dévaluée deux fois. En août 1941, un premier paiement de trois milliards de drachmes mensuels est imposé à la banque centrale grecque pour rembourser les frais d’occupation. Cette politique ouvre définitivement les vannes économiques du pays. La Wehrmacht considère désormais la Grèce comme un tremplin pour ses opérations en direction de l’Afrique du Nord et du canal de Suez, et les frais de ravitaillement et de logistique augmentent drastiquement. Ils sont inclus entièrement dans les frais d’occupation. En raison de l’hyperinflation naissante les prix de l’alimentation augmentent rapidement : ils doublent avant la fin de l’année 41 et sont multipliés par 4 à 5 entre 1942 et début 1944. L’activité du secteur agro-alimentaire se réduit alors très fortement. La famine s’installe.

     

    > Dans les grandes et moyennes villes, près de 100 000 personnes meurent de faim ou de maladies liées à la faim à l’hiver 1941/42. Pour la plupart, les victimes sont des enfants et des personnes âgées issues de classes sociales populaires. Toute personne qui le pouvait, s’enfuyait dans les régions villageoises pour y vivre d’une économie de subsistance. Cette migration interne et massive vers les campagnes vient soutenir la résistance qui commence à s’organiser rapidement.

     

    > Bilan des destructions

     

    > Quand les Allemands se retirent de Grèce, à partir d’octobre 1944, ils ne laissent pas seulement un pays ruiné économiquement mais aussi en grand partie détruit. Ce sont en tout six facteurs qui détruisent le potentiel économique de la Grèce pendant l’occupation allemande :

     

    > Premier facteur : les pillages pendant la première phase d’occupation. Ils atteignent en valeur un montant d’au moins 750 millions de Reichsmarks. Les confiscations continuent cependant au-delà de cette période. Ainsi au plus tard à partir de l’été 1943, il est devenu habituel de piller systématiquement les villages qu’on prévoie de détruire.

     

    > Deuxième facteur : le pillage du fait des rapports d’échange inégaux lors des « achats » de la Wehrmacht et des « remboursements » qui s’en suivent. Il y a de bonnes raisons d’estimer que la dette allemande liée à ces opérations menées jusqu’à l’automne 1944 est d’au moins 125 millions de Reichsmarks.

     

    > Troisième facteur : les dépenses extorquées au régime de collaboration grec pour frais d’occupation et coûts de projets d’infrastructure militaires. Une estimation du ministère des finances du IIIe Reich parle d’un montant de 500 millions de Reichsmarks pour l’année budgétaire 1943. En partant de cette donnée, il est possible de décompter pour les 3 ans et demi d’occupation – y compris l’emprunt obligatoire imposé à la banque centrale grecque – un montant total d’environ 1,75 milliard de reichsmarks.

     

    > Quatrième facteur : l’exportation de matières premières stratégiques qui fait suite à la première phase de pillage par l’industrie minière grecque sous contrôle allemand. Elle couvre une partie importante des besoins allemands comme par exemple pour le minerai de chrome et la bauxite et atteint une ampleur considérable d’après le rapport final de la direction de l’industrie de l’armement de la Wehrmacht pour la Grèce de septembre 1944.

     

    > Cinquième facteur : la destruction d’une partie considérable de l’économie dans le cadre des mesures de terreur et de la pratique de la terre brûlée lors des opérations de retraite. Les représailles contre les région contrôlées par la résistance armée entraîne la destruction de 1.600 localités – des villages, hameaux et petites villes. Plus de 100.000 maisons sont ainsi incendiées. À la date de la retraite allemande environ 400.000 habitant.e.s sont sans-abris. Si nous estimons la valeur marchande moyenne de chaque bâtiment détruit à 10.000 reichsmarks, alors cela équivaut à une somme d’un milliard de reichsmarks. Il faut y ajouter les vastes destructions des infrastructures routières et ferroviaires visées systématiquement par les troupes allemandes pendant leur retraite.

     

    > Sixième facteur : la perte de vies humaines qui ne peuvent jamais vraiment être dédommagées par aucun geste, si généreux soit-il. Sur 6,933 millions de personnes avant le début de l’occupation, au total 520.000 personnes de nationalité grecque meurent, victimes de l’attaque allemande. Au moins 125.000 de ceux-ci meurent de faim. Environ 100.000 personnes grecques sont assassinées dans les camps de concentration allemands. 60.000 Juives, Juifs et Roms sont tué.e.s dans le cadre de la Shoah. Les rafles dans les grandes villes et les massacres dans les régions villageoises, par les militaires allemands et la police tuent 56.000 individus supplémentaires.

     

    > La question des réparations

     

    > Après la libération, des économistes et des experts de la banque centrale grecque commencent à faire le bilan des conséquences économiques de l’occupation allemande. Leurs constatations sont adressées à la conférence de réparation interalliée qui siège autour du nouvel an 1945/46 à Paris. Les résultats en sont, le 14 janvier 1946, une convention de réparation et la fondation d’une agence de réparation (IARA) inter-alliée. Pour les pourparlers sur les réparations envers la Grèce, ce sont avant tout deux expertises qui sont significatives.

     

    > A. Angelopoulos estime que les frais d’occupation ont soutiré 4,050 milliards de dollars US à l’économie grecque et que les dégâts causés à l’ensemble de l’économie sont de 3,172 milliards de dollars US, ce qui revient à un montant total de 7,222 milliards de dollars d’US sur la base du pouvoir d’achat du dollar US de 1938. Au contraire A. Sborounis, chef de la délégation grecque, pose une estimation totale de 12 milliards de dollars d’US, également sur la base de 1938. Finalement, le gouvernement grec s’accorde sur une somme de réparations de 10,45 milliards de dollars US.

     

    > Le montant global convenu lors des pourparlers de Paris, de l’ordre de 7,1 milliards de dollars US, constitue un socle inattaquable en droit international pour toutes les discussions ultérieures. Certes, cette convention de réparation de Paris a été suspendue de fait par la convention de sur la dette de Londres de 1953, mais elle n’a jamais été annulée. Donc, puisque le pouvoir d’achat du dollar US a diminué entre 1938 et 2010 en raison de la dévalorisation continue selon le facteur 15, les droits de réparation pour la Grèce définis par la conférence de Paris se montent à 106,5 milliards de dollars US en 2010.

     

    > La convention sur la dette de Londres de février 1953 a prorogé les demandes de réparation qui avaient été adoptées sept ans plus tôt. Ces demandes ont été adressées d’abord en 1946 à la zone d’occupation interalliée, puis plus tard à la RFA, et sont reprises finalement dans la perspective de l’adoption d’un traité de paix avec une future Allemagne unifiée1. Après de longues négociations, le gouvernement grec obtient en mars 1960 un versement unique de 115 millions de Deutschmarks. Dans le compte rendu de ces accords, le gouvernement grec anticipe et spécifie que cela ne signifie pas que les revendications de réparations sont satisfaites.

     

    > Au moment de l’annexion de la RDA par la RFA, la question des réparations resurgit. Ceux qui s’attendaient à ce qu’une nouvelle convention (avec des règles contraignantes) soit élaborée sur cette question ont été déçus. Certes, l’accord de septembre 1990 entre les quatre alliés principaux et les deux Etats allemands, ratifié à la veille de l’unification, équivaut très certainement à un traité de paix, mais il ne dit rien sur les réparations.

     

    > Une facture encore largement due

     

    > Le paiement global de 115 millions de deutschmarks de 1960 de la RFA à la Grèce vise uniquement à dédommager les personnes persécutées pour raison raciale et politique. Même si le versement exclut du dédommagement les descendants des victimes de massacres et de la famine, il a le caractère d’une réparation du fait de son mode de transfert interétatique et parce qu’il répond aux réparations individuelles mentionnées dans l’accord de Paris de 1946. Ainsi, en 1960, 27,578 millions de dollars US supplémentaires sont payés à la Grèce en accord avec les taux de changes de l’époque. Comme l’index d’inflation pour la période entre 1960 et 2010 est de 7,35, cela correspond à une somme d’environ 202,7 millions dollars US sur la base du pouvoir d’achat de 2010.

     

    > En revanche, le deuxième paiement de dédommagement de 2003 se déroule hors du cadre d’un contrat bilatéral. Il est versé, dans le cadre de la fondation « souvenir, responsabilité et avenir » au bénéfice d’un groupe spécifique, les personnes victimes du travail forcé en Grèce. Puisque notre base de référence, la convention de réparation de 1946, ne prévoit pas la division des dédommagements de la guerre entre les réparations dues à l’Etat et celles dues à des personnes privées, nous ne devons pas exclure ces paiements. 20 millions d’euros ont été payés aux victimes de travail forcé en Grèce. Ce qui équivaut à 22,588 millions de dollars US selon le taux de change de 2003. Il faut aussi prendre en compte l’index d’inflation (1,19) pour la période allant de 2003 à 2010, ce qui fait que le remboursement effectué en 2003, calculé sur la base du pouvoir d’achat de 2010, peut être estimé à 26,9 millions de dollars US.

     

    > Si on additionne ces trois versements partiels, calculés sur la base du pouvoir d’achat de 2010, on arrive à un sous-total de 1,954 milliards de dollars US. Cette somme doit être soustraite de la somme totale fixée en 1946 (106,5 milliards de dollars US sur la base du pouvoir d’achat de 2010). Il s’agit ainsi de 104,546 milliards de dollars US ou de 78,844 milliards d’euros (toujours sur la base du pouvoir d’achat de 2010). Depuis l’euro a été dévalorisé considérablement et cette tendance continue à moyen terme. La dette de réparation allemande se monte donc actuellement à 98,503 milliards d’euros. Nous pouvons ainsi estimer la dette de réparation à, au moins 90 milliards d’euros.

     

    > Ressentiments populistes

     

    > En Allemagne ces calculs vont très certainement être perçus comme scandaleux par la majorité de la population. Le premier argument à réfuter concerne les accords de réparation de Paris de 1946. Datant de près de 70 ans, il seraient ainsi de « l’histoire ancienne », alors même que d’un point de vue de droit international, ils n’ont de fait jamais été annulés. A contrario, en raison des accords de Londres, les dettes allemandes dues à des créanciers privés, qui remontent parfois à 1924, ont été amorties jusque dans les années 1980. Dans le même ordre d’idées, alors que le paiement des intérêts sur les réparations de la première guerre mondiale par la RFA avait été ajourné lors de la convention de Londres, du fait de la partition de l’Allemagne, le fisc allemand a postérieurement repris les paiements jusqu’au 3 octobre 2010 – soit presque un siècle après la fin de la première guerre. L’argument du gouvernement fédéral qui vise donc à refuser les demandes de réparation grecques au nom d’un délai sans précédent paraît bien cynique si l’on remonte l’histoire des réparations.

     

    > Deuxièmement, il faut rappeler que ces calculs sont basés sur des estimations et des montants minimaux. Mais comme les réparations doivent toujours prendre en compte en plus des biens et services volés, les salaires et revenus soustraits, il faudrait y ajouter un calcul sur la base de l’index des salaires et de l’index des produits sociaux et d’en estimer une valeur moyenne. Dans ce cas les réparations dues seraient encore plus importantes.

     

    > Une troisième série d’arguments provient de mots d’ordre populistes : Est-ce que les petit.e.s contribuables et les retraité.e.s allemand.e.s qui vivent déjà pauvrement devraient payer pour les demandes de réparations de la Grèce ? Aux côté de la banque impériale allemande (Deutsche Reichsbank), des services fiscaux de l’époque (Reichfiskus), des groupements économiques et des commandements économiques de la Wehrmacht ,ce sont avant tout les grandes entreprises qui ont organisé et profité du pillage de la Grèce. Elles existent encore aujourd’hui. ThyssenKrupp, l’industrie du tabac, Siemens, des entreprises de construction de premier plan et des grandes banques. Tout autant que la Deutsche Bundesbank (qui assume la succession juridique de la Deutsche Reichsbank), elles devraient se voir également présenter la facture. Un prélèvement généreux sur les réserves d’or de la banque fédérale allemande ainsi que sur la fortune des responsables historiques envers une Grèce ébranlée par la crise serait un signal essentiel.

     

    > Ce texte est une synthèse du livre Griechenland am Abgrund. Die deutsche Reparationsschuld (La Grèce au bord du gouffre, les dettes de réparation allemande) de Karl Heinz Roth publié dernièrement aux éditions VSA-Verlag.

     

    > Il a été publié en allemand dans le journal AK – analyse & kritik. Zeitung für linke Debatte und Praxis / Nr.606 / 16.6.2015 https://www.akweb.de/

     

    > Traduit par Aurélie Audeval et Jan Wörlein

     

    Image en bandeau : Walther von Brauchitsch, commandant en chef de la Wehrmacht visite l’acropolis en 1941 pendant l’occupation allemande de la Grèce.

     

    • 1. NdT : Les traités de paix post-guerre ont été rédigés comme des traités provisoires, du fait de la partition de l’Allemagne. Avec la réunification, ces traités auraient donc du être réexaminés.
    Lien permanent Catégories : Grèce, Histoire 0 commentaire
  • Le secrétaire national du PCF : ses mensonges sur la Grèce

     

    Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, vient de donner le samedi 25 juillet une interview à Marianne[1]. Il justifie sa position au sujet de la Grèce et son soutien à la capitulation consentie par Alexis Tsipras. C’est son droit. Mais, pour se faire, il prend un certain nombre de libertés avec les faits. Et cela est beaucoup plus condamnable. Cette interview est une excellente illustration des illusions d’une partie de la « Gauche Radicale », illusions sur l’Euro et sur l’Europe, dont il semble désormais que le Parti de Gauche commence à se dégager[2].

    Un petit florilège des citations de Pierre Laurent permet de voir qu’il entretient de sérieuses illusions, et même qu’il adopte un point de vue « européiste » qui n’est pas éloigné de celui du Parti dit « socialiste ». Mais, il faut aussi savoir que les prises de position de Pierre Laurent sont aujourd’hui fortement critiquées dans de larges fractions de la base comme de l’appareil du PCF. Ces prises de position reflètent bien plus les errances d’un homme et d’un groupe de direction du PCF qu’une position largement défendue au sein du Parti.

     

    Une analyse tendancieuse du 13 juillet

    Tout d’abord, quand il entend justifier la capitulation de Tsipras, Pierre Laurent dit au journaliste la chose suivante :

    « Ils ont enfermé la Grèce et ses dirigeants dans une alternative qui était soit le Grexit — souhaité par les Allemands de manière ouverte, Wolfgang Schaüble, le ministre des Finances allemand, a plaidé jusqu’au dernier moment auprès des Grecs pour une sortie ordonnée —, soit le plan d’austérité qui a finalement été imposé. Le choix qu’a fait Tsipras est un choix qui évite la banqueroute bancaire de son pays, une situation qui aurait été terrible pour les Grecs. Je crois qu’il n’avait pas d’autres alternatives »[3].

    Si je suis d’accord qu’un effondrement des banques est une catastrophe, je signale à Pierre Laurent que ce que Tsipras a refusé c’est la proposition de Varoufakis de (1) réquisitionner les banques et (2) de réquisitionner la Banque de Grèce. Ce faisant, le gouvernement aurait eu accès aux réserves (sous contrôle de la BCE avant la réquisition) déposées à la Banque de Grèce mais aussi dans les banques commerciales. La réquisition est un mécanisme qui permet à tout gouvernement de la zone Euro de s’affranchir de la tutelle de la BCE. Dire, dans ces conditions, que le choix de Tsipras était entre la banqueroute et la capitulation est faux. La décision de Tsipras a été politique, et non économique. C’était un choix entre s’engager sur une voie, celle que proposait son Ministre des finances Yanis Varoufakis, voie pouvant le conduire à sortir de l’Euro, ou bien d’accepter l’austérité. Présenter cela comme une décision économique est un mensonge éhonté[4]. Les choses sont désormais publiques, et il est triste de voir Pierre Laurent s’enferrer dans le mensonge.

     

    Pierre Laurent révolutionne la science économique

    Commentant un possible Grexit, Pierre Laurent ajoute alors :

    « Et une sortie de la zone euro laisserait n’importe quel pays qui la pratiquerait devant la même pression des marchés financiers, voire une pression décuplée et une dévaluation nationale plus grave encore ».

    Il semble ici que Pierre Laurent, qui a pourtant fait des études d’économie à Paris 1, ignore qu’il existe des moyens réglementaires permettant à un pays de faire fortement baisser la pression exercée par les marchés financiers. Cela s’appelle le contrôle des capitaux. Non pas le « contrôle des capitaux » imposé par la BCE à la Grèce, et qui aboutit à empêcher les entreprises grecques de faire des opérations sur l’étranger via les comptes Target2 (et qui s’apparente en réalité à un contrôle des changes), mais les contrôles sur les mouvements de capitaux à court terme non liés à des opérations matérielles. Ces mouvements représentent entre 90% et 95% des flux de capitaux, et sont essentiellement des mouvements spéculatifs. Bien entendu, pour les mettre en œuvre, il faut recouvrer le contrôle sur la Banque Centrale. Ici, soit Pierre Laurent fait la preuve de sa méconnaissance des mécanismes économiques de base, soit il les connaît, et en ce cas il ment en toute connaissance de cause. Je laisse le lecteur libre de son choix.

     

    Pierre Laurent est un grand logicien

    Pierre Laurent assène alors un argument qui lui apparaît imparable pour écarter une sortie de l’Euro. Cet argument, le voici :

    « Il y a d’ailleurs des pays aujourd’hui qui, en dehors de la zone euro, sont également frappés par des politiques d’austérité. Car la pression des marchés s’exerce partout et sur tous les pays ».

    On reste sidéré par ce que ce paragraphe implique comme méconnaissance des liens logiques qui relient plusieurs éléments. Bien sûr, il existe des pays qui ont des politiques d’austérité sans appartenir à l’Euro. Nul ne l’a nié. Mais, connaît-on un pays de la zone Euro qui n’applique pas une politique d’austérité ? En fait, on peut montrer que la zone Euro induit un cadre dépressif pour les économies qui y participent[5]. Donc, cet argument ignore ce qu’en logique on appelle des conditions nécessaires et des conditions suffisantes. La sortie de l’Euro est une condition nécessaire à une rupture avec une politique d’austérité, mais ne constitue nullement une condition suffisante. Par contre, par sa méconnaissance de la logique la plus élémentaire, Pierre Laurent nous montre qu’il est suffisant mais pas nécessaire.

     

    Pierre Laurent révolutionne la science économique (bis)

    On revient à un argument en apparence plus économique avec la citation suivante, qui se révèle, à nouveau, tout à fait catastrophique :

    « Oui, mais aujourd’hui, la différence est que tous les avoirs détenus par les Grecs sont en euros. Et le transfert de ces avoirs dans une monnaie nationale qui serait dévaluée par les marchés financiers conduirait, dans un premier temps, à un affaiblissement considérable du potentiel de ressources des Grecs. Alors que pour reconstruire leur pays, ils ont besoin d’un niveau d’investissement important ».

    Notons tout d’abord que ce ne sont pas les « marchés financiers » qui transfèrent les avoirs qui sont détenus par les grecs. C’est en réalité le système bancaire, s’il s’agit d’avoirs détenus en Grèce. Pierre Laurent, à l’évidence soit ne connaît pas les règles de fonctionnement de l’économie, soit cherche à nous mener en bateau. Ces avoirs en Euros seront automatiquement re-dénominés en Drachmes. Mais cette redénomination touchera toutes les valeurs de l’économie grecque. Donc, le potentiel d’investissement sur la base de l’épargne (oui, cette chose que l’on apprend en fin de première année d’économie, l’égalité entre l’épargne et l’investissement) sera inchangé par rapport aux valeurs de l’économie grecque. Mais, une partie de ces avoirs ne sont pas détenus en Grèce. Donc, ils resteront en Euros (ou dans une autre monnaie, que ce soit le Dollar ou, peut être, le Mark allemand…). Si la Drachme est dévalué, disons de 25%, cela signifie que ces avoirs seront réévalués de 33%. Donc, le potentiel d’investissement, sur la base des avoirs grecs détenus à l’étranger, sera largement augmenté. Ce qui veut dire que les grecs ayant mis leurs avoirs à l’étranger pourraient les rapatrier avec un effet bien plus positif sur les investissements que si la Drachme n’avait pas été dévaluée. Notons encore que ceci s’applique aussi à l’ensemble des investisseurs étrangers. En fait, une sortie de l’Euro et une dévaluation de 25% de la Drachme constituent la condition pour qu’un flux d’investissement important en drachmes se reconstitue en Grèce.

    Mais, il est peu probable que Pierre Laurent ignore à ce point les mécanismes de base de l’économie, ou alors il faut s’interroger sur les conséquences délétères sur le cerveau humain d’années de travail au journal l’Humanité. Il est bien plus probable que Pierre Laurent, ici encore, mente, et qu’il mente avec l’aplomb d’un arracheur de dents.

     

    Quand Pierre Laurent joue au prestidigitateur

    Reprenons le cours du raisonnement. Pierre Laurent nous offre une magnifique perle avec la citation suivante :

    « Puisque les solutions apportées par Tsipras étaient totalement viables et elles restent praticables dans la zone euro. Ce n’est pas la zone euro qui les empêche mais la décision politique prise par les dirigeants allemands et un certain nombre d’autres dirigeants européens de rendre impossible l’expérience politique de Syriza ».

    Ici, Pierre Laurent fait mine de croire que les dirigeants allemands et européens ont été conduits uniquement par leur haine politique de Syriza. Que ces dirigeants n’aient pas apprécié Syriza est certain. Mais, quand bien même l’auraient-ils apprécié, accepter les solutions proposées par Tsipras impliquait, à relativement court terme, faire basculer la zone Euro vers ce que l’on appelle une « union de transfert ». Or, les montants nécessaires pour faire fonctionner la zone Euro sans les politiques d’austérité ont été évalués, et on trouvera l’une de ces évaluations d’ailleurs dans ce carnet. Pour faire court, il faudrait que l’Allemagne consacre entre 8% et 10% de son PIB tous les ans pendant environ dix ans à ces transferts. Il est clair que cela n’est pas possible, sauf à vouloir détruire l’économie allemande. La véritable cause du rejet des options de Syriza se trouve là. Affirmer que « les solutions apportées par Tsipras étaient totalement viables et elles restent praticables dans la zone euro » est un nouveau mensonge. Les solutions proposées par Tsipras impliquaient une refonte totale de la zone Euro, et cette refonte aboutissait à faire peser un poids excessif sur l’Allemagne. Telle est la vérité. Mais, cette vérité gêne Pierre Laurent, qui préfère la faire passer sous le tapis pour sauver l’illusion de la possibilité d’une zone Euro qui ne soit pas austéritaire. Pierre Laurent doit donc mentir quant aux conditions de viabilité de la zone Euro, mais, nous l’avons vu, il n’est pas à un mensonge près.

     

    Le dernier mensonge

    Il ne reste donc à Pierre Laurent qu’un argument : le point Godwin ou la réduction du dilemme grec à un affrontement avec le Front National. Il suffit de regarder le paragraphe suivant pour s’en convaincre :

    « Il y a aujourd’hui trois options en débat. L’option d’une Europe de l’ordre libérale, celle qui existe aujourd’hui. Il y a l’option d’une destruction de l’Europe et d’un retour à la compétition, voire au choc des nations dans la crise que traverse l’Europe, c’est l’option du Front national et des forces qui l’appuient. Et il y a l’option qui est la nôtre, celle de Tsipras, la mienne, celle que nous défendons, qui est l’option de la reconstruction d’une Europe de coopération, de solidarité, d’une Europe de souveraineté qui doit laisser plus de place aux pouvoirs de chaque nation de négocier démocratiquement son insertion dans cette Europe de solidarité. Nous parlons d’une Europe à géométrie choisie… ».

    Passons sur le fait que proclamer que l’on vivrait mieux dans le monde des bisounours, la troisième option, na jamais fait avancer le débat. Mais, une sortie de la Grèce de l’Euro, et à terme, une dissolution de l’Euro, entraineraient-ils ce cataclysme que prévoit Pierre Laurent ? En fait, de nombreux économistes soutiennent aujourd’hui qu’une sortie de l’Euro était préférable, certains conservateurs comme Henkel[6], d’autres progressistes comme Kevin O’Rourke[7] ou Stefano Fassina[8], ancien ministre du PD en Italie, et parmi eux des assistants de Varoufakis[9]. C’est donc un nouveau mensonge de Pierre Laurent que de prétendre que l’option d’une sortie de l’Euro serait le fait du seul Front National. Un mensonge de plus dira-t-on. Espérons, en tous les cas, qu’il soit le dernier.

     

    [1] Pierre Laurent : “Une sortie de la zone euro n’empêche pas la pression des marchés”, entretien avec Bruno Rieth, Marianne, 25 juillet 2015, http://www.marianne.net/pierre-laurent-sortie-zone-euro-n-empeche-pas-pression-marches-100235637.html

    [2] Voir le blog de Guillaume Etievant, responsable économique du PG, le 24 juillet 2015, http://guillaumeetievant.com/2015/07/24/soyons-prets-a-sortir-de-leuro/

    [3] Pierre Laurent : “Une sortie de la zone euro n’empêche pas la pression des marchés”, op.cit..

    [4] Je renvoie à l’article de Jamie Galbraith, qui a travaillé avec Varoufakis publié dans Harper’s, http://harpers.org/blog/2015/07/greece-europe-and-the-united-states/ ainsi qu’aux explications données par Yannis Varoufakis lui-même sur son blog : http://yanisvaroufakis.eu/2015/07/14/on-the-euro-summits-statement-on-greece-first-thoughts/

    [5] Voir Bibow, J., et A. Terzi (eds.), Euroland and the World Economy—Global Player or Global Drag? Londres, Palgrave, 2007.

    [6] http://www.conservativehome.com/platform/2015/07/hans-olaf-henkel-mep-greece-must-leave-the-eurozone-for-the-good-of-us-all.html

    [7] http://www.socialeurope.eu/2015/07/moving-on-from-the-euro/

    [8] http://www.stefanofassina.it/lavoroeliberta/2015/07/19/sono-daccordo-con-schouble-una-grexit-assistita-unica-soluzione/

    [9] Munevar D., « Why I’ve Changed My Mind About Grexit », in SocialEurope, 23 juillet 2015, http://www.socialeurope.eu/2015/07/why-ive-changed-my-mind-about-grexit/

    Lien permanent Catégories : Grèce 0 commentaire