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France - Page 2

  • Négrophobie: la prochaine fois, le feu !

     

     

    Parfois, la vie se charge de cimenter ce que vous tentez d’exprimer depuis des années. Sans subtilité. Avec violence et célérité. Pour avoir animé 3 débats autour de la lutte contre la négrophobie, le week-end dernier au Bozar de Bruxelles (1), je ne m’attendais pas à voir l’actu franco-belge supplanter à ce point la pertinence de nos échanges…

     
    Bien sûr, pour « encourager » notre propos, il y avait eu la blanche Romanie Schotte et son étron virtuel négrophobe, anencéphale Miss Belgique, comprise et protégée par la plupart des médias, RTL-TVi en tête (2). Ou encore la noyade de ce réfugié gambien, Pathe Sabally, 22 ans, dans les eaux glacées de Venise sous les quolibets négrophobes d’une partie des badauds (3). La « polémique»belgo-belge et le « fait divers » italien, présentés comme « isolés » et sans « causes connues », ont soutenu notre débat intitulé «Lutte contre l’Afrophobie : où en est-on aujourd’hui en Europe ? » (4) . De même qu’en toile de fond, depuis 6 mois, l’hallucinante affaire Adama Traoré – ou comment les Autorités françaises s’évertuent à protéger 3 policiers qui ont asphyxié leur victime, l’ont laissé mourir allongée sur le sol, mains menottées dans le dos – nous a appris qu’il fallait trois autopsies successives pour établir les causes de la mort d’un jeune noir de 24 ans… lorsque celui-ci est étouffé par la police (5).
     
    En cas de mémoire courte, l’attaque au couteau sur Naithy Nelson, jeune homme noir de 20 ans, par un chauffeur de bus de la Société De Lijn est venu rappeler aux Belges que la négrophobie ne se limite pas à Instagram et peut aboutir au crime (6). Le lendemain de cette agression, soit le 3 février 2017, en passant la frontière vers la banlieue parisienne, c’est Théo, 22 ans, qui se fait violer à la matraque et tabasser par 4 policiers d’Aulnay-sous-Bois. Le tout filmé par une trentaine de témoins. Résultat : opération urgente de l’anus déchiré sur 10 cm et 60 jours d’incapacité de travail pour Théo. Inculpations de «viol » pour l’un des pandores et de « violences volontaires » pour ses trois collègues (7).
     

    Trois des quatre policiers soulèvent et traînent Théo par ses vêtements tandis que celui-ci semble inanimé et paralysé par la douleur…
     
    Les points communs de ces « faits divers » sautent aux yeux des racisé-e-s tandis que nombre de blancs mobilisent leur privilège racial conjugué à leur mauvaise foi pour éviter de les voir. D’abord, à travers 3 pays (Belgique, France, Italie), la couleur de peau des victimes est la même : noire. Ensuite, dans l’un ou l’autre des cas, l’humiliation, l’agression ou le meurtre font partie intégrante des récits.
     
    Enfin, si le mot « racisme » apparaît timidement, ici ou là, le terme « négrophobie » est toujours aux abonnés absents du traitement médiatique. Les mécanismes structurels à l’origine de ces « tragédies » ne sont jamais épinglés. Le racisme d’Etat comme la négrophobie institutionnelle ou policière ne sont pas identifiés, questionnés et encore moins stigmatisés. Tout se déroule comme si personne, chez les journalistes, les intellectuels, les politiques, tous majoritairement blancs, n’était à même d’articuler ces agressions négrophobes qui se renouvellent en Europe sur des fréquences de plus en plus courtes. A l’évidence, la motivation fait défaut. Car la négrophobie, outil de la hiérarchisation et de la domination raciales, arrange les différentes Autorités comme elle indiffère les médias, tant que cités et ghettos ne brûlent pas. A l’image du taux élevé de chômage qui convient à nombre de politiciens et de patrons afin de déforcer sinon anéantir toute revendication sociale, toute mobilisation subversive entre ceux qui ont un travail et ceux qui en sont exclus.
     

    Police partout, justice nulle part

     
    A l’instar de la famille d’Adama Traoré, de celle de Naithy, la famille de Théo « appelle au calme », à ce que « justice soit faite » et autres lieux communs de circonstance. Le problème, c’est quelle justice ? En matière de violences policières, l’impunité judiciaire est la règle ; l’amnésie politicienne, une banalité ; la bienveillance médiatique envers les bourreaux, une habitude. Afin que demain, en toute arabo-négrophobie assumée, en toute continuité coloniale exaltée, de « pauvres policiers surmenés » puissent continuer à humilier, brutaliser, violer et tuer du noir et de l’arabe lorsqu’ils l’estiment « justifié » (8).
     

    Avant la mort par asphyxie d’Adama Traoré et le viol et tabassage en réunion de Théo, il y a eu d’autres victimes de cette violence policière négrophobe. Faut-il préciser que les noms reposant sur ces marches ne constituent pas une liste exhaustive des citoyens noirs tués par la police française ?
     
    Quelle justice, en effet ? Dès le moment ou la jurisprudence des décisions ne plaide pas en faveur d’une impartialité mais de la défense d’un suprémacisme et corporatisme blancs qui, in fine, protège des brutes, des violeurs et des assassins sous prétexte qu’ils sont «dépositaires de l’autorité publique ».
     

    «Théo et Adama te rappellent pourquoi Zyed et Bouna couraient…»

     
    Circulant sur les réseaux sociaux, cette petite phrase résume bien une autre facette du problème. Et résonne dans le coeur de nombre de racisé-e-s un jour « contrôlé au faciès ». En 2005, si Zyed, Bouna et Muhitin tentaient d’échapper au contrôle de police, c’était bien pour échapper à l’humiliation et aux insultes racistes assurées, c’était bien pour échapper aux probables coups encaissés, c’était pour éviter « le pire »… sans savoir que, pour deux d’entre eux, ils allaient en mourir (9). Trois semaines de révoltes populaires à travers la France et dix années de procédure plus tard, le tribunal de Rennes a prononcé la relaxe des deux policiers poursuivis dans cette affaire pour non-assistance à personne en danger. Circulez, les familles endeuillées noires et arabes : la justice, c’est pas pour vous !
     
     
    Le pire, la négation de son être intime, la torture ultime, Théo l’a subie. Sans que son casier judiciaire vierge ne le protège en quoi que ce soit. « Il était là au mauvais moment au mauvais endroit », diront les distraits, les aliénés et les privilégiés blancs. Non ! Théo est surtout « un noir de banlieue » ! Selon ces critères, il n’avait aucune chance face à ses bourreaux qui savent pertinemment qu’ils peuvent tout se permettre contre « ces gens-là». C’est l’une des conséquences de la négrophobie structurelle que la plupart des médias, politiciens et intellectuels s’efforcent d’escamoter ou d’invisibiliser par le silence… Au Canada, femmes et hommes politiques savent désormais que les silences ont des «conséquences » et vous rendent complices (10). En France comme en Belgique, ils continuent à l’ignorer, selon les modalités d’une vieille hypocrisie pestilentielle…

     

    Aucune amélioration sociopolitique

     
    En Europe, malgré une relative prise de conscience, la volonté politique d’identifier et de s’attaquer aux mécanismes structurels de la négrophobie fait défaut. De nombreuses propositions pour lutter contre ce racisme spécifique, via des rapports, des colloques, des conférences et autres « Assises de la diversité », sont restées lettre morte.

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  • Plaidoyer pour une 6e République française

     

     

    4.624.511 citoyens seulement ont voté « Non » au projet de Constitution de 1958, dont le jeune assistant des Facultés de Droit que j’étais. En octobre 1962, cette modeste opposition personnelle s’est renforcée à l’occasion de l’instauration de l’élection du chef de l’État au suffrage universel, mais elle s’est trouvée noyée dans le flot plébiscitaire indifférent à la violation de la procédure de révision d’une Constitution adoptée quatre ans plus tôt.

     

    Pas d’observation critique à ce propos chez les plus éminents Constitutionnalistes. M. Prélot, qui avait vu dans la Constitution de 1958 « d’abord un Sénat », « glisse » sur le problème, dans son Précis Dalloz de 1963 ; P. Lampué à la R.D.P de septembre-octobre 1962 soutient l’usage de l’article 11 en lieu et place de l’article 89.

    Comme le Conseil d’État et le Conseil Constitutionnel, M. Duverger, lui-mêle, rappelle seulement que certains « ont estimé cette procédure inconstitutionnelle» (10° édition de son Thémis. 1968). Quelques-uns ont contesté dans la presse l’initiative gaulliste (P. Bastid, G. Berlia, G. Burdeau, P.M. Teitgen). Toutefois, le terme de « violation » de la légalité constitutionnelle a été en général évité : le « charme discret » des milieux juridiques n’apprécie guère les anathèmes.

    En bref, avec le temps, il s’avère que la V° République n’a été qu’à peine égratignée par les coups de force qui ont présidé sa naissance et ses débuts. Car en définitive, malgré le rôle de l’armée en Algérie visant à « sauver l’Algérie française » et la révision de 1962 imposé aux forceps, ni les juristes ni les partis politiques n’ont condamné radicalement ce « 6 février qui a réussi », selon la formule d’A. Siegfrid1.

    Enfin, la « stabilité des institutions », considérée comme une vertu en soi, était assurée ; le « rôle des partis », analysé comme nocif par nature, était réduit2. Rapidement, chacun a fait assaut de « parlementarisme rationalisé » ou approuvait « le renforcement de l’exécutif… devenu une nécessité ».

    Le « droit constitutionnel nouveau » était arrivé sur le marché des juristes. Il était apprécié puisqu’il devait renforcer le rôle de « l’état de droit ». D’ailleurs, s’il y avait eu « accord général sur les grands principes… c’est qu’en fin de compte le nouveau régime était « bien adapté au génie politique de notre peuple »3.

    En définitive, dans le petit monde des Facultés de Droit, la tâche originelle s’est vite effacée et tous se retrouvaient, comme après chaque changement de régime, dans le meilleur des mondes. Le régime de Vichy avait déjà reçu le soutien explicite ou implicite de nombreux professeurs de droit et nul n’a rappelé en 1958-1962 les dispositions du projet mort-né de Constitution pétainiste du 30 juin 1944, concocté par le professeur Joseph Barthélémy, libéral vivement hostile au Front Populaire accusé d’avoir « copié le régime soviétique de Staline » 4 !

    La proximité évidente de ce projet de 1944 et de la Constitution de 1958 ne semble pas avoir alerté les constitutionnalistes les plus éminents. En réalité, si on en était arrivé là en 1958 c’était parce que « la France n’était pas parvenue à dégager une solution définitive à la question de l’aménagement des pouvoirs »5, comme si la V° République ne pouvait qu’être d’une qualité supérieure puisqu’elle succédait à quatre Républiques qui n’étaient que des brouillons insatisfaisants d’une République à la recherche d’elle-même !

    Mieux, la Constitution de 1958 réussissait une « révolution copernicienne »6 : le rigorisme juridique de certains quant à la procédure de révision choisie en 1962 (celle qualifiée de « normale » (article 89) et celle simplement « concurrente » (article 11) ne pouvait s’opposer au grand « renouveau » inspiré par Michel Debré ! La thèse était adoptée selon laquelle le référendum de 1962 avait « purgé le vice qui était de nature à entacher » la V° République. Pour nombre de juristes, c’était seulement la preuve que la Constitution était « vivante » !

    Cette indulgence, mâtinée d’un conservatisme indifférent, manifestée par les universitaires constitutionnalistes, s’est accompagnée (comme il est de coutume) dans les manuels les plus fréquentés d’une analyse sur quelques systèmes étrangers auxquels on faisait l’honneur de s’intéresser (selon des critères incertains).

    Les concernant, cette analyse était d’une nature différente selon qu’il s’agissait d’État s’inscrivant dans la mouvance occidentale (de forme juridique) ou d’État appartenant à un « autre » monde (de nature politiste). Rare originalité, l’un de ces manuels consacrait quelques lignes à l’Inde, cette « plus grande démocratie du monde », comme le répètent les journalistes. C’est que cet État a un mérite incomparable : il a copié le système britannique et doit se confronter avec la Chine voisine et « menaçante ». De surcroît, après l’effondrement de l’URSS, l’Inde ex-leader du Mouvement des Non Alignés, avait changé de cap et se rapprochait des États-Unis.

    Mais l’évaluation positive du système indien occultait ce qui bouscule les institutions, c’est-à-dire les luttes confessionnelles, le nationalisme islamophobe régnant depuis 1990. Toutes les vertus de la démocratie indienne se concentrent sur les élections grâce auxquelles l’occidentalisme pardonne tout. Peu importe si « les habitudes de vote sont étroitement liées aux problèmes locaux et à des questions de castes et de communauté qui varient d’un isoloir à l’autre », comme l’écrit Arundhati Roy7.

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  • 1939-1945 Renault dans la collaboration (1e partie)

     

     

    Renault dans la collaboration, c’est une question qui est un peu revenue à l’ordre du jour. Elle a été relancée sur des bases intéressées de court terme, mais elle mérite de l’être sur des bases générales, vu son intérêt pour la connaissance historique.

     

    Louis Renault et les autres dans la conjoncture présente

    Commençons par les circonstances particulières. Vous le savez, il y a quelques années, après y avoir beaucoup réfléchi et l’avoir de longue date préparée, les héritiers de Renault, les petits-enfants de Renault, ont décidé de lancer une grande opération de récupération des pertes de leurs actifs industriels en se retournant contre l’État. Ils ont expliqué que les mesures prises contre Renault de 1944 jusqu’à la nationalisation-confiscation de la Société anonyme des Usines Renault (SAUR) du 16 janvier 1945, étaient des mesures tout à fait injustes à l’égard d’un grand-père quasi résistant, qui avait tout fait pour servir le secteur civil et la population française pendant la guerre ; qu’elles constituaient de pures spoliations et que par conséquent il fallait revenir sur cette iniquité, qui avait été le produit d’une sorte d’alliance contre nature entre De Gaulle et l’abominable Parti Communiste, alliance sur laquelle on était, sur le plan politique, heureusement déjà revenu. Ça a donné lieu pendant plusieurs années – l’opération ayant été lancée en grand depuis 2009 et surtout 2011 – à un déversement médiatique considérable qui a bénéficié de tous les moyens possibles radiophoniques et audiovisuels.

    Il se trouve que je travaillais sur la collaboration économique, ce qui incitait à poser la question de Renault dans le cadre du thème plus général de la collaboration patronale, devenue une sorte de sujet tabou depuis quelques décennies. Or, à la faveur de l’ouverture des archives, j’ai, à partir des années 1980 et surtout 1990, découvert dans les sources originales ce qu’il était impossible de découvrir avant leur ouverture au public : c’est-à-dire jusqu’à quel degré l’industrie française, le capital financier français s’étaient engagés au service du IIIème Reich pendant l’Occupation de la France.

    Les archives s’ouvraient mais, ça tombait mal, l’atmosphère générale se fermait : les classes dirigeantes étaient désormais traitées avec un infini respect, et, logiquement, les historiens académiques étaient devenus beaucoup moins curieux : la curiosité sur « ceux d’en haut » compromettait sérieusement les carrières. Alors même que les archives révélaient les agissements réels du grand patronat pendant la guerre, avait commencé à s’imposer la mise en cause du concept même de Collaboration, définie comme volonté d’entrer dans des relations privilégiées avec le partenaire, l’occupant allemand.

     

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  • Désinformation et falsification de la réalité : Syrie, un éditocrate seul au monde sur LCI

     

    Beaucoup de gens ont l’impression – savent- qu’ils ont été grugés, lors de guerres précédentes. Mais ils se disent, j’ai été grugé les fois précédentes, mais la fois prochaine on ne m’aura plus… (Anne Morelli, historienne, Propagande de guerre propagande de paix, documentaire Béatrice Pignède – 2004)

    Le conflit syrien et son traitement médiatique en France

    Une fois n’est pas coutume, le traitement journalistique de la guerre en Syrie –sur laquelle est actuellement focalisée l’attention politico-médiatique [1]- remet une nouvelle fois au cœur du débat la place de l’information et le rôle des médias dans les conflits modernes.

    Faut-il rappeler une énième fois qu’à notre ère de la société de l’information, les médias dominants sont plus que jamais utilisés comme dispositifs d’influence géopolitique, servant à modeler et préparer les opinions publiques selon les objectifs stratégiques des grandes puissances ? [2]

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    Dans sa Une du 1er juin 2011, Le Figaro annonce « La France accuse Kadhafi d’avoir tué 10.000 libyens », une information qui sera démentie à la radio le jour même par le Ministre des affaires étrangères, Alain Juppé.

    Si les médias internationaux des État (dont le but est de contribuer à former les opinions étrangères) s’inscrivent sans aucun doute parmi l’ensemble des instruments de « diplomatie publique » (terme inventé pour fournir une alternative à l’appellation négativement connotée de propagande) dont usent les gouvernements [3] [4], ils peuvent facilement compter sur le système médiatique dominant national [5] pour propager la mise en récit officielle à suivre, dûment accompagnée des éléments de langage adéquats et s’appuyant bien évidemment sur les mécanismes émotionnels habituels qui n’ont plus besoin de prouver leur efficacité.

    Rôle central des agences de presse, concentrations et uniformisation des médias [6], ’circulation circulaire de l’information’[7], cloisonnement idéologique souvent inconscient de la part de la grande majorité des acteurs médiatiques, déplorable absence de rigueur et de professionnalisme journalistique, influence du politique dans le traitement de l’information, suivisme quasi-aveugle du discours officiel, impératifs de rentabilité et prépondérance de la recherche du profit maximal, guerre pour les parts de marché (revente du « temps de cerveau disponible »), intérêts croisés entre certains groupes médiatiques et le complexe militaro-industriel français [8]… nombreuses sont les tares qui expliquent la ’situation médiatique’ que nous vivons.

    Le constat n’en est pas moins affligeant.

    Avec le traitement médiatique du conflit syrien et sa couverture schizophrène, amnésique, orwellienne et hypocrite, nous avons atteint de nouveaux sommets dans l’art de la désinformation, la manipulation et la propagande.[9] Difficile de trouver d’autres mots tant les faits sont accablants.

    En effet, une simplification manichéenne à outrance a voulu ramener l’analyse médiatique d’une guerre diablement complexe (au vue de la quantité d’acteurs tant internes qu’externes participant au conflit) à une lutte du bien (« les rebelles modérés ») contre le mal (le « régime du dictateur Bachar el-Assad »), et ceci dans un contexte plus global de nouvelle guerre froide entre les Etats-Unis et la Russie. [10] Autant dire une dangereuse partie d’échec géostratégique dans laquelle la France sert grossièrement de fou (ou servilement de pion) aux intérêts hégémoniques de la première puissance mondiale, dont le bras armé -l’OTAN- se montre chaque fois plus agressif [11].

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  • Urgences pour le service public des finances !

     

    par jjcandelier

    Lundi 5 décembre, j'ai reçu 8 représentants syndicaux des Finances Publiques qui m’ont expliqué leur mouvement revendicatif pour préserver l’emploi et la qualité du service public.

    Comme eux, je dénonce une réduction massive des effectifs avec 1815 nouveaux postes supprimés l’année prochaine. Le Nord n’est pas épargné avec 74 postes menacés.

    Cette nouvelle saignée viendra s’ajouter au vaste plan social organisé depuis 2002 avec 35 000 emplois supprimés au niveau national et 1100 au niveau du département du Nord, soit ¼ des effectifs.
    Ces chiffres sont édifiants mais ils sont pourtant bien réels dans un pays où chaque année les fraudeurs fiscaux cachent 60 à 80 milliards aux services de l’Etat.

    Au-delà de la dégradation constante de leurs conditions de travail, les agents déplorent la casse méthodique du service public des finances. Ces suppressions de postes ont en effet comme conséquence directe d’éloigner les citoyens des centres des finances publiques. Dans un contexte économique difficile qui entraîne une augmentation des demandes, c’est une déshumanisation de l’accueil fiscal qui est en route.

    Les syndicalistes demandent à juste titre un moratoire sur les suppressions d’emploi, afin de préserver un service public de proximité et de qualité.

    J'ai relayé les revendications légitimes des agents auprès du Gouvernement et du directeur Régional de la DRFiP.

    Ci joint, mon courrier au Ministre des Finances et des Comptes publics.

    Pétition à signer :
    https://www.change.org/p/michel-sapin-stop-aux-suppressions…

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  • 1986-2016 : souvenirs d’une répression violente

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    En décembre 1986, en France, les lycéens, bientôt rejoints par les étudiants et les professeurs, se mobilisèrent contre « la loi Devaquet » qui visait à augmenter le prix des droits d’inscription à l’université. Le mouvement prit une ampleur considérable et la répression ne s’est pas fait attendre face à une contestation aussi légitime que démocratique. Bilan : un mort, Malik Oussekine, et des blessés graves, dont François Rigal, Patrick Berthet, Jérôme Duval [l’auteur de cette tribune] et bien d’autres. 30 ans après, Maurice Duval, père, et Jérôme Duval, fils, se souviennent.

    Maurice Duval, père : Quels souvenirs as-tu de la journée du 4 décembre 1986 ?

    Jérôme Duval, fils : Organisé pour la mobilisation au Lycée Maurice Ravel et aussi en coordination avec d’autres lycées de Paris, on allait à cette manifestation nationale pour porter nos revendications dont la première était l’abrogation totale du projet de loi. Il y avait tellement de monde (les organisateurs parlaient d’un million de personnes) que nous étions plutôt confiants quant à la victoire du mouvement. Nous étions déterminés et pacifiques, même quand le soir, sur la place des Invalides, les tirs de la police ont commencé à fuser suite à l’annonce de l’échec des négociations et à la position inflexible du gouvernement. À ce moment-là, nous formions une chaîne humaine totalement pacifique avec mon meilleur ami Antoine. Et toi, quels sont tes souvenirs ?

    MD : J’étais dans la manifestation avec mes collègues professeurs, le cortège était calme et revendicatif. Je te savais un peu plus loin avec tes camarades de classe. Le soir, en regardant le JT, j’appris qu’il y avait des blessés graves suite aux violentes charges de la police sur nos enfants. Quelques instants plus tard, je reçu un appel de ton ami, il m’annonçait que tu étais hospitalisé en urgence : tu avais reçu une grenade en plein visage…

    JD : Oui, un tir tendu, interdit par la loi. Sans rien voir venir, la violence du choc m’a projeté plusieurs mètres en arrière. On m’a porté jusqu’aux secours où les ambulanciers m’ont giflé pour ne pas que je tombe dans le coma. J’ai tout de même eu le temps de voir défiler ma vie. L’impact de la grenade m’a infligé une fracture du maxillaire supérieur, une fracture du nez et une du crâne. J’ai subi une opération en neurochirurgie délicate. Outre l’impact physique à court terme, les dégâts psychologiques sur un jeune de 18 ans en pleine construction de son devenir sont irrémédiables, et il devient très difficile de reprendre une vie « normale » après la convalescence. J’ai été dans l’impossibilité de poursuivre mes études et j’ai dû affronter une longue dépression. On ne se rend généralement pas compte de l’ampleur des conséquences qu’une « bévue » policière peut engendrer sur toute une vie, et de ce qui aurait pu être évité si les ordres avaient été donnés conformément au respect du droit de manifester.

    François Rigal, mon voisin de chambre à l’hôpital a, lui, perdu un œil dans les mêmes conditions. Le 6 décembre 1986, Malik Oussekine succombait sous les matraques des brigades de « voltigeurs motorisés » organisées par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Charles Pasqua. Ces policiers matraquaient toutes celles et ceux qui se trouvaient sur leur passage. Suite à cela, tu avais créé avec tes amis un Comité des familles pour tenter de nous défendre, c’est bien cela ?

    MD : Oui, j’avais créé le Comité des familles de victimes des violences policières de décembre 1986, avec des amis et des sympathisants, aidé en cela par la Ligue des droits de l’homme. Je voulais que justice soit faite, aider les victimes et enfin faire pression pour que ces pratiques cessent. À cette époque, de nombreux jeunes étaient assassinés dans la rue, dans les cités, dans des bars même, souvent des maghrébins mais pas uniquement. Après les années 70 anti-racistes, c’était le retour d’une tendance à la discrimination jusque-là refoulée.

    JD : Depuis, les violences policières n’ont cessé de s’accentuer et la criminalisation des mouvements sociaux a pris des proportions inégalées. Ce constat est aggravé par l’impunité qui règne lorsque seule la répression, pour le moins éloignée des principes démocratiques, répond aux contestations pacifiques. Il faut dénoncer avec force la politique de répression qui s’abat sur les manifestants, l’usage disproportionné des grenades de désencerclement et des tirs de flash ball, qui ont fait des centaines de blessé-es, parfois très graves. Ces armes devraient être prohibées et les ordres donnés à la police devraient respecter l’interdiction de lancer des grenades lacrymogènes en tir tendu, dont l’impact peut s’avérer mortel. Le dernier rapport de l’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) montre qu’en France, le nombre de personnes tuées par la police ne cesse de croître pour s’établir à une moyenne de 14 décès par an en 2014, 6 de plus qu’une décennie plus tôt. En 1986, la répression protégeait-elle un enjeu particulier à travers ce projet de loi ?

    MD : Il s’agissait-là d’une des premières lois libérales concernant l’éducation, c’est-à-dire touchant l’outil qui permet la réflexion, ennemi potentiel du libéralisme. Dès lors qu’une manifestation remet un peu trop le pouvoir en question, celui-ci la réprime en usant de moyens disproportionnés. Dis-moi, est-ce que ce traumatisme aurait pu te démobiliser et te retirer l’envie de lutter contre l’injustice ?

    JD : Tout le contraire. La répression, toute violente qu’elle soit, n’a heureusement jamais eu raison du combat mené pour la justice, le respect des droits et la sauvegarde de la démocratie. Finalement, c’est aussi l’histoire d’une victoire, car le projet de loi Devaquet a été retiré suite à la mobilisation.

    MD : Oui, et cela montre que les grandes mobilisations, si elles sont unitaires, peuvent déboucher sur des victoires. Quand on lutte contre l’injustice, on n’est jamais sûr de gagner, mais quand on ne se mobilise pas on est sûr de perdre !

    Note de Tlaxcala

    Il y eut un autre mort dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, en quelque sorte un dommage collatéral : Abdelwahab Benyahia, 20 ans, abattu à Aubervilliers par l’arme de service de l’inspecteur de police Patrick Savrey, imbibé de pastis après avoir été consigné toute la journée avec ses collègues dans le commissariat de police de la Madeleine, pour cause de manifestation. Savrey fut condamné à 7 ans de prison par la Cour d’Assise de Bobigny en novembre 1988.  Les deux policiers responsables de la mort d’Oussekine, Jean Schmitt et Christophe Garcia, furent condamnés à des peines symboliques de 2 et 5 ans de prison. Cette « sanction modérée » fut jugée « équilibrée » par Me Georges Kiejman, avocat socialiste de la famille Oussekine. Le Peloton des voltigeurs motoportés (PVM), brigade de répression créée par le ministre de l’Intérieur Raymond Marcellin en 1969, fut dissous après l’affaire Malik Oussekine.(FG)

    Source: Tlaxcala

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  • Réunion régionale Ile-de-France « Combat laïque, combat social »


    samedi 26 novembre 2016 à 13h45,
    Salle Saint-Just, 30, rue Saint-Just
    à Ivry-sur-Seine (94)
    .

     

    NB : la salle Saint-Just se trouve à 6 minutes à pied du métro Mairie d’Ivry (ligne 7) et à 7 minutes à pied de la gare d’Ivry-sur-Seine (RER C).

    Le MS21 vous invite à retenir sur votre agenda l’après-midi du samedi 26 novembre pour une journée francilienne de débats sur la laïcité. Elle fera suite à une précédente réunion départementale du Val-de-Marne le 14 avril dernier à Créteil et regroupera des militants laïques de Femmes Solidaires, des DDEN, de l’UFAL, du REP (Réseau Education Populaire), des associations laïques,  de la CGT, de la FSU, de Solidaires, du PCF, du PG, de la France insoumise, du NPA, et du MS21. Ce sera un moment important de mobilisation des réseaux, à faire connaître largement dans vos entourages respectifs.

     

     

    Deux tables rondes  animeront les débats de l’après-midi :

     

    -Table ronde n°1: Laïcité et féminisme

     

    -Table ronde n° 2: Laïcité et politique

     

    Le vieux monde subit une lente agonie. L’approfondissement du capitalisme est une impasse et la démocratie se dérobe. Fragilisée, la société se fragmente sous les coups de boutoirs conjoints des extrémismes religieux qui revendiquent le pouvoir temporel et des "docteurs Mabuse" différentialistes de la politique. Les individus en sont rendus à se chercher des identités partielles de substitution. Face à cela, nous avons besoin de travailler à un monde nouveau dont l’avènement demande de se préparer aux ruptures nécessaires : démocratique, laïque, sociale, écologique et féministe. Aucune ne doit manquer à l’appel sous peine de diviser le peuple ou de ne pas emprunter le chemin de l’émancipation.

     

    Dans cette bataille, la France verra alors des communautés s’affronter ou le peuple se refonder. La laïcité, parce qu’elle est tout à la fois une insoumission, un principe d’organisation sociale et politique, et un chemin vers l’émancipation, est l’outil du grand nombre pour affronter sans faiblir les dangers d’aujourd’hui et faire émerger un nouveau sens humaniste et universaliste pour un avenir en commun.

     

    Cette réunion se veut une nouvelle étape du rassemblement indispensable de citoyens éclairés et de militants associatifs, syndicaux et politiques prêts à s’engager ensemble sur le chemin de l‘émancipation.Ce sera aussi l'occasion de présenter plusieurs livres des participants à cette initiative.

    Pour tout contact : 06 88 52 51 66

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