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France - Page 6

  • Le fascime financier ?

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  • Violées, elles s’invitent dans la campagne présidentielle à Djibouti et manifestent à Arcueil (94)

    Dix jeunes djiboutiennes sont en grève de la faim à Arcueil, dans la banlieue de Paris. Elles veulent dénoncer l'impunité des soldats violeurs à Djibouti.

     



    Djibouti est une petite dictature de la Corne de l’Afrique, dirigée d’une main de fer par Ismail Omar Guelleh depuis 1999. Un changement de la constitution lui permet de se représenter éternellement et à l’instar d’un Bel Ali (ex dictateur de Tunisie), de bénéficier d’élections présidentielles sans enjeux et pour la forme, il sait qu’il sera réélu ce 8 avril puisqu’il a depuis longtemps fait taire toute opposition dans son pays.

    A l’étranger, il bénéficie des faveurs des grandes puissances. Ce tout petit pays de moins d’un million d’habitants compte un nombre impressionnant de bases étrangères. Sont présentes des bases américaines, françaises, allemandes et japonaises. Il faut dire que Djibouti - à la pointe de la corne de l’Afrique - est un territoire hautement stratégique. Il fait face au Yemen et au Golfe arabique. Il possède aussi le port le plus important de la région et tous les produits importés par la grande Ethiopie voisine transitent par le port de Djibouti.

    L’importance de garder une mainmise absolue sur cette porte de l’Afrique est fondamentale tant pour les Français que pour les Américains, qui ferment donc les yeux sur les dérives dictatoriales de ce président à vie qui leur est favorable.

    Ce petit pays dont on vante la stabilité a pourtant connu une guerre civile de 1991 à 2001 et fait encore face à une opposition armée, celle du FRUD-armé (Front pour la restauration de l’Unité et de la Démocratie).

    Les militaires utilisent le viol comme arme de guerre, comme moyen de domination sur l’opposition au régime et sur les paysannes afars soupçonnées d’être favorables au FRUD.

    Des militantes ont été violées après avoir été arrêtées lors de manifestations. Des jeunes femmes ont été kidnappées sur la route qui menait à leur village. Des femmes ont été abusées en détention, dans la prison de Gabode.

    Aujourd’hui, elles commencent à parler, à sortir du silence imposé par la honte, la famille et la tradition. Elles parlent pour que l’impunité cesse.

    "Il faut que la honte change de camps. Ce n’est pas à nous d’avoir honte, c’est ces militaires violeurs qui devraient avoir honte."

    Fatouma (nom d’emprunt) : "J’étais bergère, je gardais les chèvres, je vivais en brousse. J’ai été violée devant mon père et mon oncle. Mon père était tellement choqué, il a fait une crise et il est mort sur le coup. Je suis en grève de la faim, mais pas pour moi. Je suis reconnue réfugiée en Belgique, je suis en sécurité maintenant. Ce que j’ai subi, je l’ai subi et je dois vivre avec. Je le fais pour les autres, je veux que ça cesse pour toutes les femmes restées au pays. Il faut que les coupables soient jugés."

    Fatoumata est sourde et muette. Elle s’exprime par gestes et une autre gréviste traduit.

    "Je vivais en brousse. Je suis sortie la nuit pour aller chez ma cousine dans le village. Chez nous, il n’y a pas d’électricité, il fait donc très noir. J’ai été prise par les soldats, je ne sais pas crier. Trois soldats de la garde présidentielle m’ont violée, ça les amusait que je sois muette. Mon père a porté plainte, mais ils n’ont jamais fait d’enquête. Je veux que ces monstres soient traduits en justice pour ce qu’ils m’ont fait."

    Fafi : "Il faut arrêter l’impunité. Nous voulons que les coupables, les soldats violeurs, soient traduits en justice. Quand une femme se fait violer, c’est elle qui est considérée comme coupable. Comme si elle l’a cherché. Alors qu’en réalité, face à des soldats armés, tu peux rien faire pour te défendre et comme ces soldats ne sont jamais punis, ils vont toujours recommencer. Il faut que ça cesse. Surtout dans le Nord du pays, les femmes afars sont victimes des militaires. Des femmes se suicident parce qu’elles voient que leurs violeurs continuent de vivre normalement et restent une menace pour elles et les autres femmes. Cette impunité doit cesser. je ne comprends pas le silence de la France, ce pays des droits de l’Homme."

    Zeynaba : "Cette action était notre seul moyen d’interpeller. Beaucoup de femmes ont été violées à Djibouti. Moi j’étais militante à Djibouti Ville, dans le Comité des femmes contre les viols et l’impunité (comité clandestin). On amenait les femmes violées à l’hôpital pour les premiers soins. Notre comité a connaissance d’au moins 300 cas et c’est uniquement les femmes qui sont venues vers nous. Combien sont juste restées silencieuses ? Et les viols continuent. Je suis en France depuis 9 mois, mais je suis encore en contact avec les militantes du comité. Elles nous ont signalé encore un viol, il y a quinze jours."

    Une jeune femme a dû être évacuée pour des raisons de santé. Elle a eu un bébé issu d’un viol par plusieurs militaires. Elle a été complètement rejetée par sa propre famille.

    En osant parler, ces jeunes femmes se sont invitées dans la campagne présidentielle qu’Ismail Omar Guelleh espérait sans surprise. Il a réagi violemment. D’abord il a accusé ces femmes d’être toutes des menteuses. Ensuite il a menacé de poursuivre en justice l’association française "Femmes Solidaires" qui aide les grévistes et qui a mis son local à leur disposition. Sa réaction est claire et montre l’étendue de l’impunité. Il n’envisage même pas la possibilité de mener une enquête.

    Traiter une victime de viol de menteuse, c’est une nouvelle agression, une nouvelle violence qu’elle subit, celle d’être niée dans sa qualité de victime.

    Pourtant la demande des grévistes est simple et légitime : un enregistrement des plaintes pour viol, une enquête transparente et des sanctions contre les coupables. Une tolérance zéro à l’égard des soldats violeurs. En leur refusant cela, Ismail Omar Guelleh fait aveu de culpabilité.

    Source : Investig’Action

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  • Loi travail attention danger : un ordre juridique écrasant les travailleurs !

     www.initiative-communiste.fr

    Projet de  : en préambule, la réaction.

    > Le projet de loi El Khomri pour le patronat, c’est comme une boite de chocolats. Il y retrouve tous ses parfums préférées, qui ont tous la saveur du néo-libéralisme union-européiste otanisan. Licenciement économique assoupli, avec plafond des indemnités, dépassement du temps de travail à la carte, date et durée des congés annulable ad nutum, etc.

    > Pour le prolétariat en revanche, ce serait plutôt un retour à la disette. Au pain sec et à l’eau. Aucune avancée, que des dispositions vides de tout contenu concret, comme le droit de se « déconnecter » (de ses courriels professionnels s’entend, lorsque l’on est en vacances – vaste avancée, alors que d’aucuns penserons naïvement que les vacances servaient à cela justement, à ‘déconnecter’…), ou celui à une « conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle », qui n’est d’ailleurs pas reconnu, le projet de Loi précisant seulement que cette « conciliation » est « recherchée » (cf. Titre I, Chapitre 1er, I. – Art. 8 du projet). Faudrait quand même pas brusquer nos chers patrons non plus…

    Mépris du monde du travail, sanctification de la dictature du Capital

    > Mais le mépris le plus infâme pour le monde du travail n’est pas même dans ces cadeaux pourtant délirants faits au patronat, et ces placébos servis comme contrepartie aux travailleurs. Au-delà, c’est bien toute la philosophie du droit du travail qui est remise en cause par ce projet scélérat. Les dispositions prévues pour devenir le futur Préambule du réformé, seront en effet, si le projet prospère, sans nul doute plus nocifs encore.

    > Qu’on en juge. Prenons tout d’abord le futur Art.1er de la Section 1 de ce futur Préambule :

    > « Art. 1er. – Les libertés et droits fondamentaux de la personne sont garantis dans toute relation de travail.

    >    Des limitations ne peuvent leur être apportées que si elles sont justifiées par l’exercice d’autres libertés et droits fondamentaux ou par les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise et si elles sont proportionnées au but recherché. »

    > On n’est même pas ravi d’apprendre que les droits et libertés fondamentaux de la personne sont garanties, car cette belle déclaration n’ajoute absolument rien à l’ordinaire actuel des travailleurs, alors que le droit à l’émancipation des travailleurs (ou la liberté de ne pas se faire exploiter, c’est selon mais c’est pareil) n’est pas garantie puisque la subordination de l’employé au patron demeure la pierre angulaire de toute relation de travail, et qu’elle pèse de tout son poids, mais sur les seules épaules de ceux qui triment.

    > Mais davantage encore. La subordination du travail au capital, sous couvert de belles incantations droit-de-l’hommistes, se trouve désormais décuplée puisque « les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise » viendraient à prévaloir sur les libertés fondamentales, c’est-à-dire nos droits de l’homme et du citoyen, rien moins, si le projet devient Loi.

    Les nécessités du fonctionnement de l’entreprise primeront sur les libertés et droits des travailleurs

    > Ouvriers, ouvrières, travailleurs salariés, travailleuses salariées, vos libertés et droits fondamentaux sont garantis, vous promet El Khomri !.. sauf s’il est nécessaire d’y faire entorse pour le bon fonctionnement de l’entreprise.

    > On est donc dans un vrai délire juridique, par ailleurs assez grossier il faut bien le dire, où les libertés fondamentales seraient susceptibles de s’effacer devant la bonne marche de l’entreprise, alors que depuis le 3 septembre 1953, ce qui fait lurette, c’est-à-dire depuis l’entrée en vigueur de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, il est acquis que les libertés et droits fondamentaux prévalent sur toutes lois, règlements, ou décisions de justice contraire !.. sauf la loi El Khomri voulue par MM. et Hollande et applaudie par le .

    > Dans ce cas, la bonne marche de l’entreprise devient plus sacrée encore que le droit à la vie (Art. 2 de la CEDH), l’interdiction de l’esclavage et du travail forcé (Art. 4), la liberté de pensée, de conscience (Art.9), etc. Une nouvelle religion en somme, le néo-libéralisme impérialiste.

    > Et alors, on peut décliner à l’envi (du patronat) : Droit au repos, oui !.. sauf la bonne marche de l’entreprise. Congés payés oui !… sauf bien sûr la bonne marche de l’entreprise. Droit à un salaire oui !… sauf si l’esclavagisme est nécessaire à la bonne marche de l’entreprise ?

    > Voilà le but recherché, l’objectif à atteindre. Travaillez plus, bêtes de somme, pour nous faire gagner plus, patrons, rentiers et gentilshommes.

    Diviser pour mieux régner et inverser la

    Blog militants et élus communistes de Clichy la Garenne

    > Et pour y parvenir, le projet de Loi se donne les moyens, ou plutôt le moyen, le moyen ultime. Diviser pour mieux régner. Casser la classe ouvrière encore. Tenter de la fracasser toujours.

    > Il faut ainsi se reporter à la section 7 du Préambule projeté : « Négociation collective et dialogue social », pour y trouver l’arme du crime que sont les projets d’articles 55, 56 et 57 :

    > « Art. 55. – La loi détermine les conditions et limites dans lesquelles les conventions et accords collectifs peuvent prévoir des normes différentes de celles résultant des lois et règlements ainsi que des conventions de portée plus large. »

    > « Art. 56. – En cas de conflit de normes, la plus favorable s’applique aux salariés si la loi n’en dispose pas autrement. »

    > « Art. 57. – Les clauses d’une convention ou d’un accord collectif s’appliquent aux contrats de travail.

    >  Les stipulations plus favorables du contrat de travail prévalent si la loi n’en dispose pas autrement. »

    > Ces trois dispositions qui peuvent apparaître anodines à les lire trop vite, renversent pourtant tout le paradigme du droit du travail tel que nous le connaissons.

    > Jusqu’à présent, le droit c’était l’article L. 2251-1 du Code du travail qui voulait que la « convention et l’accord collectif de travail peuvent comporter des dispositions plus favorables aux salariés que celles des lois et règlements en vigueur », auquel l’article
    > L. 2254-12 venait compléter que « les clauses d’une convention ou d’un accord collectif de travail […] s’appliquent aux contrats de travail conclu avec lui, sauf dispositions plus favorables ».

    > C’est ainsi que la norme la plus favorable au salarié prévaut. Le contrat de travail imposé par le patron ne peut donc déroger en mal à un accord de branche, qui peut déroger en mieux pour le travailleur, à la Loi ou au règlement. C’est le droit du travail.

    > Désormais avec le projet El Khomri, puisque la loi « détermine » comment « les conventions et accords collectifs peuvent prévoir des normes différentes », peu importe qu’elles soient plus ou moins favorable au salarié par rapport aux « lois et règlements » mais aussi et surtout aux « conventions de portée plus large », c’est-à-dire aux accords de branche, alors il n’est plus de principe de faveur (norme la plus favorable) pour le salarié.

    > Car ce ne serait alors plus que « si la loi n’en dispose pas autrement » que les dispositions les plus favorables aux salariés pourraient encore prévaloir.

    > En d’autres termes, avec El Khomri, si la loi en dispose autrement, alors c’est l’accord d’entreprise (voulu par le patron et imposé à ses salariés au bénéfice de syndicats jaunes ou du fameux referendum d’entreprise), et quel qu’en soit les termes, qui prévaudra.

    > Et déjà en voici des exemples.

    > Durée hebdomadaire du travail ? Voici que le futur article L. 3121-23 du Code du travail prévoit qu’une « convention ou un accord d’entreprise ou d’établissement, ou, à défaut, un accord de branche peut prévoir le dépassement de la durée hebdomadaire de travail de quarante-quatre heures calculée sur une période de seize semaines consécutives, à condition que ce dépassement n’ait pas pour effet de porter cette durée à plus de quarante-six heures calculée sur une période de seize semaines ».

    > Temps de pause ? Le futur article L. 3121-18 du Code du travail permettra à qu’une « convention ou un accord d’entreprise ou d’établissement, ou, à défaut, un accord de branche peut prévoir le dépassement de la durée maximale quotidienne de travail, en cas d’activité accrue ou pour des motifs liés à l’organisation de l’entreprise, à condition que ce dépassement n’ait pas pour effet de porter cette durée à plus de douze heures. »

    > Repos quotidien ? Même formule, sous l’article L. 3131-2 permettant qu’une « convention ou un accord d’entreprise ou d’établissement, ou, à défaut, un accord de branche peut déroger à la durée minimale de repos quotidien prévue à l’article L. 3131-1, dans des conditions déterminées par décret, notamment pour des activités caractérisées par la nécessité d’assurer une continuité du service ou par des périodes d’intervention fractionnées. »

    > La liste est déjà longue dans le projet de Loi El Khomri où la Loi vient expressément disposer autrement que les accords de branche ou nationaux, faisant prévaloir les accords d’entreprise à venir. Et bien sûr l’idée – du MEDEF – n’est pas de s’arrêter là, mais bien de décliner le principe à tout le Code. Car ce faisant c’est la représentation de la classe ouvrière et des salariés que l’on atteint en faisant de l’entreprise, l’alpha et l’oméga du droit du travail.

    > Alors tant que les accords de branche, c’est-à-dire de classe, prévalent encore, il est temps de se mobiliser.

    C’est l’ampleur des manifestations puis s’il le faut, de la grève tous ensemble en même temps, qui sauvera le Code du travail.

    > MaxKo, avocat  communiste, pour www.initiative-communiste.fr

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  • Bourrage de crâne : Jean-Michel Aphatie est il un chien ? a propos de la censure du film Merci Patron

    www.initiative-communiste.fr

    A propos de la censure du film , retour sur l’affrontement de classe Ruffin – classe des travailleurs vs Lagardère Europe 1 classe capitaliste

    Jean-Michel Aphatie est-il un chien ?

    par Denis Souchon, Henri Maler, mercredi 9 mars 2016

    À l’évidence, Jean-Michel Aphatie n’est pas un chien ! C’est un grand professionnel qui, quand il le croit nécessaire, remplit sa fonction… à la façon d’un chien de garde. Un chien de garde indigné par cette métaphore qui, à défaut d’être poétique, ne manque pas de réalisme, comme l’a montré, une fois de plus, son récent entretien avec François Ruffin.

    I. Où il est question d’un os qui ne passe pas

    Le 25 février 2016, Jean-Michel Aphatie publie sur son blog un article dans lequel il s’interroge doctement « Chiens de garde, la laisse et l’os : pourquoi des métaphores canines pour parler du journalisme ? ». Et le savant homme de s’insurger.

    Admirons son talent, puisqu’il réussit le tour de force, surprenant pour un individu si cultivé, de ne parler à aucun moment du livre de Paul Nizan (Les , 1932), de celui de Serge Halimi (Les Nouveaux Chiens de garde, paru en 1997 et actualisé en 2005) et du documentaire Les Nouveaux Chiens de garde (sorti en 2012, réalisé par Gilles Balbastre et Yannick Kergoat).

    Célébrons sa probité, puisque la métaphore qui le chagrine, contrairement à ce qu’il affirme, ne vise pas le journalisme, ni les journalistes, mais quelques gardiens du temple médiatique (et de l’ordre social).

    Et saluons sa finesse quand il écrit : « Il faut d’ailleurs noter, et ceci n’étonnera pas grand monde, que de tels qualificatifs sont employés aussi bien par ceux qui affirment se situer à la gauche de la gauche, individus autoproclamés de la “vraie” gauche par opposition à la “fausse” qui gouverne, que par des militants souverainistes ou d’extrême droite. Nul étonnement en effet tant les points de croisement sont nombreux entre ces deux mondes en apparence éloignés. » Si peu éloignés qu’Aphatie annonce le métissage de ces « deux mondes », ne laissant à la critique de la médiacratie que le choix d’être ou bien d’extrême droite, ou bien d’extrême droite.
    Mais quel est donc cet os qui lui est resté en travers de la gorge ? Un cadeau que lui a offert François Ruffin, la veille de la publication du billet, au terme d’une brève saga médiatique.

      Premier épisode. Le vendredi 19 février à 12h03, Europe 1 confirme par mail une invitation (faite trois semaines auparavant) à François Ruffin pour l’enregistrement le lundi 22 février et une diffusion le mardi 23 février dans « Europe 1 social club » d’une interview consacrée à Merci patron !. 4 minutes et 42 secondes plus tard, François Ruffin reçoit un nouveau mail d’Europe 1 lui annonçant que « l’interview était annulée » [1].

      Deuxième épisode. Le jour même, les réactions de solidarité se multiplient face à une censure qui semble s’expliquer par l’identité du héros du film : Bernard Arnault, milliardaire et première fortune de France, patron de LVMH, propriétaire des Échos ou du Parisien et l’« un des principaux annonceurs publicitaires, en particulier de la presse magazine et des titres détenus par Arnaud Lagardère » (le propriétaire d’Europe 1) [2].

     Troisième épisode. Le samedi 20 février, après avoir tenté d’expliquer l’acte de censure par la nécessité de trouver un contradicteur pour évoquer un film « polémique », Europe 1 fait volte-face et invite François Ruffin pour le soumettre à un interrogatoire en direct, confié à Jean-Michel Aphatie, le mercredi 24 février [3]. Ce faisant, Europe 1 remplace in extremis un animateur d’entretien – Frédéric Taddéi – par un contradicteur : Jean-Michel Aphatie, chargé de mission.

      Quatrième épisode. Le mardi 23 février, François Ruffin adresse une « Lettre ouverte à Jean-Michel Aphatie » dans laquelle il défie « le porte-parole de l’homme le plus riche de France [Bernard Arnault] » et lui annonce : « Tel un kamikaze des ondes, je viens pour commettre un attentat radiophonique » [4]. Cette annonce provocatrice n’était pas sans risques, face à un chargé de mission aguerri et prêt à toutes les parades.

      Enfin Jean-Michel Apathie parut. Le 24 février 2016, à 12h45, dans « Europe Midi » sur Europe 1, à l’occasion de la sortie en salles de Merci patron !, Jean-Michel Aphatie reçoit François Ruffin, le réalisateur de ce film. Et l’entretien s’achèvera par l’offrande, par l’interviewé, d’un os en plastique à l’intervieweur.

    Comme on le voit, « l’entretien » avait déjà commencé avant l’entretien lui-même. Il met face à face non un journaliste et son invité, mais les protagonistes d’un affrontement qui est loin d’être dénué de toute signification sociale. Au cours de cet affrontement, Jean-Michel Aphatie (qui sait être dégoulinant de sollicitude quand il a affaire à des interlocuteurs qu’il juge dignes de lui) a fait usage de toutes les ficelles du métier – disons de… garde-barrière, pour ne pas l’offenser… – afin de neutraliser son invité, qui a l’outrecuidance de critiquer l’oligarchie dont fait partie le patron de… Jean-Michel Aphatie. Un garde-barrière revêtu d’un uniforme de cuisinier.

    II. Où il est question de la cuisine d’un chef

    Cet entretien, en effet, expose involontairement les recettes et tours de main qui font la réputation d’un grand cuisinier passé maître dans l’art d’étouffer dans l’œuf tout début de contestation de l’ordre établi.
    Recette n°1 : Neutraliser en déformant
    Jean-Michel Aphatie commence l’interview en n’évoquant aucune des péripéties, gênantes pour la réputation de son employeur, dont elle est l’aboutissement. Seul l’intéresse le film, du moins dans l’interprétation d’emblée tronquée, voire mensongère, qu’il juge utile d’en retenir !

    « [Merci patron !] qui met en scène un couple d’ouvriers du Nord au chômage, ils ont travaillé pour une filiale de LVMH, ils sont au chômage depuis 4 ans. Et avec vous, François Ruffin, ils contactent la direction de LVMH, ils veulent en quelque sorte un dédommagement pour ce que LVMH leur a fait subir, et LVMH à la surprise générale, peut-être à la vôtre, peut-être pas, va leur verser 40 000 euros. J’imagine que quand vous avez monté tout ce scénario et quand vous l’avez filmé, parce que c’est la vraie vie, vous en avez été un peu surpris. »

    Comme si le couple de chômeurs avait bénéficié, après une simple prise de contact, d’un geste de charité désintéressé ! Comme si le versement de 40 000 euros n’avait pas été effectué sous condition de silence de ses bénéficiaires et au terme d’une lutte qui est l’objet même du film !
    Recette n°2 : Neutraliser en plaisantant
    François Ruffin, plutôt que de répondre à la suggestive suggestion de Jean-Michel Aphatie, préfère lui remettre un fromage du Nord (un maroilles) en lui demandant de le donner à Arnaud Lagardère, propriétaire d’Europe 1, afin de le remercier « pour le plan com’ » suscité par la censure du passage dans l’émission de Frédéric Taddéi et l’« élan de solidarité » que cette censure a provoqué. Jean-Michel Aphatie, en professionnel chevronné, tente de désamorcer la critique. D’abord avec bonhomie : « C’est très bon le maroilles j’en ai déjà mangé. J’ai été rubricard à La Voix du Nord dans l’Aisne, donc je connais le maroilles et j’en ai mangé. » Puis en faisant mine de remercier François Ruffin pour ses remerciements : « C’est très gentil […] Écoutez, ces remerciements lui [Arnaud Lagardère] iront droit au cœur. »
    Recette n°3 : Neutraliser en recentrant
    Mais comme François Ruffin insiste sur la solidarité d’oligarques entre Arnaud Lagardère et Bernard Arnault, Jean-Michel Aphatie tente d’esquiver cette mise en cause, en feignant la sollicitude pour son invité et en lui rappelant qu’il est supposé parler de son film, baptisé « documentaire » :

    « Et je pense, je pense que vous avez conscience que le temps de parole que vous prenez là pour remercier Arnaud Lagardère, à qui je ferai passer le maroilles, c’est du temps de parole que vous n’aurez pas pour parler de votre documentaire. Et d’ajouter, pour revenir à son (étrange…) question initiale : « Est-ce que vous avez été surpris de la somme qu’ont récupérée les époux… »

    Marquons une pause. Jean-Michel Aphatie prétend parler du film en réduisant son sens et son enjeu à la somme perçue par les époux Klur. François Ruffin prétend qu’il s’agit d’un film qui met en cause l’oligarchie. C’est très exactement ce dont Jean-Michel Aphatie a décidé qu’il ne fallait pas parler. Les recettes suivantes en découlent aussitôt. Et d’abord :
    Recette n°4 : Neutraliser en coupant la parole
    Dans sa « Lettre ouverte à Jean-Michel Aphatie » évoquée plus haut, François Ruffin mentionnait la vidéo d’un entretien daté du 7 novembre entre Jean-Michel Aphatie et Bernard Arnault. Et il relevait cette répartition du temps de parole : « 1’36’’ de temps de parole pour vous, présentation comprise, et le reste, 5’46’’ pour votre interlocuteur – soit 21,7% pour vous, et 78,3% pour lui ». Et il précisait : « Bref, vous ne l’interrompez pas trop et il peut dérouler tranquillement son argumentaire. Nul doute que vous me réserverez le même traitement. »

    Le « traitement » réservé à François Ruffin ? Jean-Michel Aphatie s’octroie plus de 40 % de temps de parole, soit deux fois plus qu’avec le patron de LVMH, et interrompt plus de 25 fois François Ruffin alors qu’il n’avait osé « interrompre » (avec déférence)… qu’une seule fois le milliardaire. Selon que vous serez Ruffin ou Arnault…
    Recette n°5 : Neutraliser en simulant un contrat tacite
    Pour parvenir à déjouer la tentative d’« attentat radiophonique » (imprudemment) annoncée par François Ruffin et pour tenter de juguler son expression, Jean-Michel Aphatie n’a eu de cesse de lui rappeler le contrat implicite (qui lie l’interviewer et l’interviewé). Ce contrat qu’ont en tête presque tous les auditeurs (et cela alors que la plupart d’entre eux ignorent l’affrontement dont l’entretien n’est que le dernier épisode) dans la version qu’en propose Jean-Michel Aphatie est le suivant : la conversation doit porter sur le film et non sur le sens qu’entend donner François Ruffin à ce film et donc à cette conversation – celui d’un « combat contre l’oligarchie » que représente Bernard Arnault, mais aussi Arnaud Lagardère, propriétaire d’Europe 1. Rien de plus simple alors pour Jean-Michel Aphatie que d’endosser le rôle de celui qui respecte et veut faire respecter à François Ruffin les règles de la bienséance, quitte à l’interrompre fréquemment pour lui rappeler le thème de l’interview.

    Ce qui donne lieu à des interventions qui alternent les rappels à l’ordre (« Alors de quoi on parle ? » ; « On parle de votre documentaire ou on en parle pas ? ») et la simulation de la liberté d’expression concédée à l’interlocuteur : « Ah bon d’accord. Bah parlez de ce que vous voulez alors. »

    Avec cette touche finale qui signe le triomphe du critique de cinéma : « Bon vous ne voulez pas parler de votre documentaire. Libération dit : au fond, ce que vous avez filmé ne montre pas grand-chose, c’est une fable bien faite, mais on reste un peu sceptique sur le message qui est le vôtre. » [5]

    Jean-Michel Aphatie : « On reste un peu sceptique… »

    Recette n°6 : Neutraliser en tournant en dérision

    Il suffit pour cela de discréditer les visées subversives de l’invité par l’appel au réalisme des auditeurs et en lui parlant comme à un enfant que l’on essaie de raisonner.

    François Ruffin tente de présenter le film comme un film de combat contre l’oligarchie et s’attire sarcasmes et ricanements de Jean-Michel Aphatie : « Sauf à vous méprendre sur votre propre pouvoir, vous n’êtes pas prêt à renverser l’oligarchie […]. À moins que vous ne pensiez que ce renversement-là est tout proche dans les minutes qui viennent et qu’à partir de ce studio […] l’appel au coup d’État que vous avez lancé peut trouver quelque écho, à moins que vous ne pensiez cela… »

    François Ruffin s’étant risqué à affirmer que le film enfonce un coin dans la domination de l’oligarchie, Jean-Michel Aphatie riposte : « Vous ne vous accordez pas trop de pouvoir ? »

    Le pouvoir de Jean-Michel Aphatie, en revanche, n’est pas contestable.
    Recette n°7 : Neutraliser en montrant ses crocs

    Jean-Michel Aphatie, en effet, se comporte alors avec François Ruffin comme un châtelain avec un de ses domestiques, ainsi que le montrent les deux extraits ci-dessous.

     
    – François Ruffin : « J’ai cinq minutes de temps de parole… »
    – Jean-Michel Aphatie le coupe : « Ah je sais pas si vous avez cinq minutes, ça c’est pas vous qui décidez du temps de parole »
    – François Ruffin : « … sur toute l’année, et vraisemblablement c’est mon dernier passage à Europe 1… »
    – Jean-Michel Aphatie (le coupe) : « Mais peut-être pas, non non. »
    – François Ruffin : « Peut-être pas. Peut-être qu’Europe 1 sera renationalisée ou qu’on peut espérer quelque chose comme ça et que je serai à nouveau invité… »
    – Jean-Michel Aphatie le coupe : « On vous reçoit avec plaisir vous savez, on vous reçoit avec sympathie vous savez, voilà, avec tranquillité. »

    Ayant complètement occulté l’histoire conflictuelle à l’origine de cette interview, Jean-Michel Aphatie tente de faire croire aux auditeurs que François Ruffin ne doit sa présence au micro d’Europe 1 qu’au bon vouloir de sa seigneurie Aphatie, tout en condescendance :

     
    – François Ruffin : « […] je ne suis pas là parce que vous m’avez accordé ce temps de parole … »
    – Jean-Michel Aphatie (le coupe) : « Vous êtes là, vous savez pourquoi vous êtes là ? »
    – François Ruffin : « Bah dites-moi. »
    – Jean-Michel Aphatie : « Parce qu’on vous a invité »
    – François Ruffin : « Non … »
    – Jean-Michel Aphatie : « Sinon vous ne seriez pas là. »
    – François Ruffin : « Non, non, vous êtes là parce qu’il fallait éteindre… »

    François Ruffin voulait sans doute soutenir qu’Europe 1 avait été obligé de l’inviter pour répliquer à la mobilisation contre la censure. Il ne pourra pas achever sa phrase : Jean-Michel Aphatie, non sans arrogance et contre toute vraisemblance, défend la libéralité de sa station.


    – François Ruffin : « Non, non, vous êtes là parce qu’il fallait éteindre… »
    – Jean-Michel Aphatie : « Si on ne vous avait pas invité Monsieur Ruffin, vous ne seriez pas là »
    – François Ruffin : « Alors c’est toujours vous qui tendez l’os, c’est toujours vous qui tendez l’os ? Vous croyez ça ? »
    – Jean-Michel Aphatie : « Et on vous a invité, vous savez pourquoi on vous a invité ? Parce qu’on avait envie de vous inviter, voilà. »

    François Ruffin fait alors couiner un os en plastique puis le remet à Jean-Michel Aphatie
    – Jean-Michel Aphatie : « Voilà donc ça c’est un os, voilà… »
    – François Ruffin : « C’est un os que je vous remets… »
    – Jean-Michel Aphatie (le coupe) : « Et monsieur Ruffin se lève et il va quitter le studio mais nous vous remercions d’avoir accepté l’invitation d’Europe Midi, et nous vous ré-inviterons pour votre prochain documentaire. Merci Patron !, ça sort en salle aujourd’hui ! »

    La fin de l’interview résume l’affrontement et, en particulier, le combat livré par Jean-Michel Aphatie. En s’efforçant de rester courtois (non sans laisser échapper des répliques et quelques intonations d’une suave agressivité) et en donnant l’impression d’être centré uniquement sur son travail d’intervieweur, Jean-Michel Aphatie a tenté de faire passer François Ruffin pour un malotru mal élevé qui refuse la discussion.

    * * *
    Quoi que l’on pense de la prestation de François Ruffin (qui n’a pas toujours convaincu celles et ceux qui l’ont soutenu face à Europe 1), force est de constater qu’il a eu affaire à un grand professionnel et qu’il est décidément malaisé de déjouer et de contester dans les médias dominants la domination qu’ils exercent. Il faut en effet compter avec la force d’un dispositif incarné/intégré par un intervieweur parfaitement affûté et entraîné à user de tous les moyens de neutralisation d’une parole qui va à contre-courant du prêt-à-opiner dominant [6].

    Jean-Michel Aphatie et ses semblables ne sont pas seulement des rouages : ce sont aussi des agents (très actifs) d’une domination multiforme qu’ils exercent sur leur propre terrain et à leurs propres conditions.

    L’entretien de François Ruffin avec Jean-Michel Aphatie confirme la leçon de Spinoza (un adhérent récent d’Acrimed…) : « Il n’y a pas de force intrinsèque de l’idée vraie. » Tout ne peut pas être dit, n’importe où et devant n’importe qui. Nombreux sont les contestataires – nous-mêmes y compris – qui l’ont appris et l’apprendront à leurs dépens : les rapports de forces nécessaires (pour pouvoir réellement s’exprimer dans un entretien) ne se construisent pas prioritairement devant les micros. Et devant les micros, des conditions sont requises pour pouvoir exposer des « idées vraies » (ou du moins peu admises) de manière recevable pour des auditeurs non préparés à les entendre, et cela face à des intervieweurs qui se comportent en chiens de garde, garde-barrières ou chefs cuisiniers : au choix !
    Henri Maler et Denis Souchon (grâce à la transcription réalisée par Martin Coutellier)

    N.B. – Passer dans les médias ? Avec quel objectif ? Dans quelles conditions ? Avec quelle stratégie compte-tenu de l’objectif fixé et des probables conditions d’intervention ? Avec quelles chances de pouvoir réellement s’exprimer ? Sans prétendre au rôle (peu recommandable) de conseiller en communication, nous reviendrons sur ces questions qu’il nous est déjà arrivé d’aborder [7].

    Le film Merci patron ! censuré au Parisien

    Communiqué des syndicats SNJ, FO, SNJ-CGT et de la SDJ du Parisien (Acrimed).

    Les syndicats SNJ, SNJ-CGT et FO ainsi que la SDJ ont été reçus lundi à leur demande par le directeur de la rédaction à propos du film Merci patron ! dont notre journal n’a pas parlé sur décision « assumée » de Stéphane Albouy.

    Ce film auquel le journal Le Monde a consacré deux pages et Le Canard Enchaîné une demi page met en scène le groupe LVMH. Bien que diffusé dans moins de 10 salles parisiennes et une trentaine en province, il a attiré 80 000 spectateurs – ce qui est un très gros succès pour un film hors des grands circuits de diffusion – et fait l’objet d’un énorme buzz sur les réseaux sociaux.

    Pourtant, ordre a été donné aux confrères du service culture-spectacle qui avaient visionné le long métrage de ne pas le chroniquer, fut-ce en 10 lignes. De même a été repoussée plus tard une proposition de sujet du service politique sur le buzz suscité à gauche par le film sous prétexte qu’il s’agissait « d’un sujet militant », « et qu’il y avait d’autres sujets prioritaires ce jour là ». L’argument est étonnant car s’il ne faut plus parler dans nos colonnes des actes militants, la rubrique politique a-t-elle encore une raison d’être ?

    À nos yeux, et malgré les dénégations de la direction, c’est un acte de censure qui a été posé. Ou plus précisément d’auto censure. Demain sera-t-il impossible de parler d’une marque appartenant à LVMH ou de Bernard Arnault autrement qu’en termes laudateurs ? Aura-t-on le choix entre louange bien dosée ou silence honteux ? En l’espèce, c’est le silence qui a été choisi et cela nous semble encore plus préjudiciable à l’image et l’intégrité de la rédaction vis-à-vis de ses lecteurs comme des observateurs.

    Stéphane Albouy a justifié sa décision en la banalisant : « C’est mon choix, un arbitrage comme j’en fait des dizaines d’autres ». Sauf que si l’arbitrage est banal, le sujet lui est loin de l’être. « Il fallait voir le film. Ce que j’ai fait » a-t-il dit. Il ajoute n’avoir pas voulu « même en 10 lignes, faire la promotion d’un procédé déloyal, malhonnête qui a instrumentalisé les Klure » (un couple licencié par une filiale de LVMH, menacé d’expulsion de sa maison, auquel le groupe de Arnault, sous la menace du réalisateur, donne 40 000 euros et un CDI au mari chez Carrefour en exigeant en retour le secret absolu). Faudra-t-il donc désormais passer sous silence toutes les enquêtes menées en caméra cachée ou sous couvert d’anonymat de type « Cash Investigation » ? Si le procédé est à condamner, Le Parisien doit avoir la liberté de le dire et d’interroger ce fait.

    Ainsi, par exemple, la critique du film aurait pu être assortie d’un édito, ou d’un billet, sous la plume du directeur de la rédaction, pour poser clairement un certain nombre de reproches quant aux procédés du film, mais en garantissant ainsi l’indépendance de la rédaction.

    Stéphane assure qu’il n’y a eu aucune pression ni consigne venue d’en haut. Nous le croyons volontiers. C’est justement le principe de l’autocensure que de rendre inutile les pressions, en anticipant la conduite supposément attendue.

    Se pose alors la question de la confiance dans la direction de la rédaction à garantir notre liberté éditoriale et notre capacité à faire notre métier de journaliste, au risque de déplaire à notre puissant actionnaire. Nous étions attendus sur ce premier virage, comme nous l’étions par le passé pour parler des accidents sur le Paris-Dakar ou du dopage sur le Tour de France, propriétés du groupe Amaury. Il n’y avait qu’une bonne option : faire notre travail normalement et librement.

    Au final, le choix retenu est toxique : le silence pour lequel a opté le directeur de la rédaction est un message dangereux envoyé à l’actionnaire LVMH.

    Les syndicats SNJ, FO, SNJ-CGT et la SDJ du Parisien

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  • À propos des « bruits de chiottes » de Madame Najat Vallaud-Belkacem …

     

    Quand Madame Najat Vallaud-Belkacem veut faire "peuple"... A propos de « Bruits de chiottes » 
    d’après Claire Polin

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    A propos de « Bruits de chiottes »

    Chère amie, cher ami,

    Si quelque chose mobilise toute l’attention et une grande partie du temps de la ministre, c’est son équipe de communicants. De l’avis même de François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem est « le top de l’accro aux médias ». Croyez-le bien, chacun de ses gestes, le moindre de ses éléments de langage, est minutieusement scruté par ses conseillers avant son passage aux informations.

     

    C’est dire que lorsque la ministre de l’Éducation a répondu, mardi dernier sur France Info, au sujet d’un dîner qu’elle aurait eu à Matignon, qu’elle n’entendait pas commenter des « bruits de chiottes », cela n’avait rien d’un incident de conversation. Bien au contraire. Il s’agissait probablement d’une expression tout à fait choisie, pour se présenter comme moderne, proche de la jeunesse et de sa manière supposée de parler.

     

    On ne saurait lui faire de meilleure réponse que cette enseignante, dont le courrier m’a été transmis ce matin par un de ses collègues, membre de SOS Éducation.

     

    Lisez plutôt :

    « Madame la ministre,

    Mes élèves à moi apprennent à dire "wesh", "nique", "encule", "salope" dès le primaire.
    > Mes élèves à moi grandissent très souvent dans des familles où les parents ne parlent pas français, et où le summum de la réussite consiste à passer manager chez KFC.
    > Mes élèves à moi n’écoutent pas Boris Vian et Desproges, ignorent l’existence de Bach et Mahler. Mes élèves à moi n’ont droit qu’à Booba, La Fouine, Orelsan et Gradur.
    > Mes élèves à moi doivent passer dix minutes sur chaque vers de Du Bellay pour espérer comprendre quelque chose. Parce que leur référentiel principal, c’est Nabila et Touche pas à mon poste.
    > Mes élèves à moi poussent dans un environnement où les filles doivent dès la 6eme s’habiller et se comporter en bonhommes, ou se voiler, si elles veulent avoir la paix. Mes élèves à moi découvrent le porno bien avant d’avoir la chance de rencontrer Balzac
    .

     

    Nos élèves, madame la ministre, comprennent que s’ils veulent s’en sortir, accéder aux postes que leurs talents et un travail acharné leur feraient mériter, ils doivent d’abord se défaire de leur codes vestimentaires et langagiers, découvrir les pronoms relatifs, atteindre le pluriel et le passé simple, se reposer sur le subjonctif. Ils savent, croyez-moi, madame, que si je m’escrime à leur faire répéter dix fois une phrase avec la bonne syntaxe et le ton juste, c’est parce que je refuse que nos lâchetés et nos faiblesses fassent d’eux ce que la société imagine et entretient : des racailles, des jeunes privés d’avenir car privés d’exigences, de langue, de style, de beauté, de sens, enfin.

     

    Nous luttons quotidiennement au milieu de nos gosses de REP et REP+ contre les "salope !", "sale chien !", "tu m’fous les seum !". Nous luttons pour leur donner une noble vision d’eux-mêmes quand tout pousse au contraire à faire d’eux des êtres hagards, décérébrés, violents. Nous tentons de leur transmettre le Verbe, dans un monde qui ne leur offre qu’Hanouna et Ribéry. Nous ne passons pas nos journées à jouer les thuriféraires de la pensée unique, rue de Grenelle, nous. Nous ne nous faisons pas de courbettes entre deux numéros de cirque à l’Assemblée Nationale. Nous avons les pieds dans la boue, une boue qui nous donne quelquefois la nausée, tant nous sommes seuls, et isolés, et décriés, tant notre tâche paraît ridicule et vaine.

     

    Quand donc, à la radio, madame la ministre, vous lâchez votre "bruit de chiottes", en bonne petite bourge qui ne voudrait pas avoir trop l’air d’être loin du petit peuple, qui ne voudrait surtout pas faire le jeu de cet abominable élitisme dont tout le monde sait que notre société crève, n’est-ce pas, quand donc vous vous soulagez verbalement, ce n’est pas tant votre fonction que vous abîmez : c’est notre travail auprès des élèves, nos mois d’épuisement et leur espoir, nos années de travail et leurs efforts, nos séances passées à essayer de leur dire que ce n’est pas parce que ce monde-ci est laid qu’il faut lui ressembler.

     

    Vous avez réussi, en quelques mois, à démontrer avec éclat votre conformisme, votre arrogance, votre paresse intellectuelle. Nous n’ignorions rien de tout cela. Désormais, nous savons que vous êtes aussi vulgaire. On ne vous mettra pas de 0/20, puisque vous avez aussi décidé que l’évaluation, c’était mal, péché, Sheitan, vilainpasbeau. Vous aurez simplement gagné le mépris absolu de milliers d’enseignants qui bien souvent, eux aussi, quand ils sont un peu à bout, aimeraient en lâcher une bonne grosse bien vulgaire, en classe, mais se retiennent, par souci d’exemplarité. »

     

    Je crois que l’on ne saurait mieux dire... n’hésitez pas à faire suivre ce message à vos amis !

     
     

    Claire Polin
    Présidente de SOS Éducation

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  • Plan de bataille des financiers (Interview Vidéo)

     

     

    À 5 minutes la stratégie de la « finance » pour faire plier les Français.

    Plus que jamais, faut retrousser nos manches.

     


    Plan de bataille des financiers (Interview) par tuxboard

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  • Les dix casseroles de Vinci, bétonneur de Notre-Dame-des-Landes

    par Tiffany Blandin (Reporterre)

     

    Il est le deuxième groupe de BTP au monde. Et champion français du béton, concessionnaire d’autoroutes, de parkings, de stades, d’aéroports. Il veut saccager la zone humide de Notre-Dame-des-Landes. Mais Vinci, c’est aussi une liste, non exhaustive, de dossiers destructeurs de l’environnement. Et de juteux arrangements financiers.

    Vinci : cinq lettres, un géant peu connu, le promoteur du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Aéroports du Grand Ouest (AGO), filiale du groupe et concessionnaire du site, a demandé à la justice l’expulsion immédiate des habitants historiques de la zone, qui refusent de quitter leurs terres. Le tribunal de Nantes a approuvé les expulsions lundi 25 janvier. L’éviction par Vinci de ces opposants permettrait le début des travaux de cette infrastructure très controversée.

    Mais qui connaît vraiment Vinci ? À Reporterre, nous avons eu envie de dresser un portrait du premier groupe de construction français. Qui est aussi le deuxième acteur du BTP (bâtiments et travaux publics) dans le monde, avec 38,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2014. Réparties dans une centaine de pays, plus de 185.000 personnes sont salariées par ce mastodonte.

    Quand l’État français décide de confier la construction et la concession de grands projets à une entreprise privée, la firme implantée à Rueil-Malmaison, près de Paris, remporte souvent le contrat. Elle gère ainsi 4.386 kilomètres d’autoroutes, de nombreux parkings souterrains, des stades, et même l’éclairage public de certaines communes. Le groupe se développe aussi à l’étranger. Un des principaux axes de sa stratégie est de se développer dans les aéroports, à l’étranger - et en France. Il en exploite 33. Pour connaître le détail des activités de Vinci, c’est par ici.

    Mais il y a évidemment un revers à la médaille. Bulldozers et pelleteuses massacrant l’environnement, soupçons autour de l’attribution des marchés, conditions de travail de ses salariés. Voici la liste, non exhaustive, des casseroles du géant du BTP.

    Lire la suite

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