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terrorisme - Page 2

  • La France, sponsor des terroristes ? Israël et la colonisation (7/10)


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    Israël, impliqué dans le terrorisme «islamiste» international ? Cette affirmation pourrait sembler farfelue, si l’on ne prenait pas la peine de s’interroger sur les intérêts géostratégiques israéliens dans la région.

     

    C’est ce que fait le chercheur Olivier Roy, qui dévoile que le phénomène jihadiste en Irak et en Syrie sert les intérêts d’Israël : « Pour les Israéliens, Daech c’est génial : des Arabes qui tapent sur des Arabes et réciproquement ! Ils ne peuvent que se réjouir de voir le Hezbollah se battre contre des Arabes, la Syrie s’effondrer, l’Iran être empêtré dans une guerre, tandis que la question palestinienne devient une cause secondaire.[1] »

                L’ancien diplomate Mohamed Hassan l’explique assez bien : « les israéliens ont un sérieux problème avec Bachar el-Assad. D’abord, parce qu’ils ont conscience que le Hezbollah n’aurait pas pu gagner en 2006 sans le soutien de la Syrie. Ensuite, parce que la crise syrienne leur offre une occasion en or d’affaiblir leur grand ennemi iranien sans même devoir tirer une balle. Le vice-premier ministre israélien Dan Meridor a d’ailleurs déclaré en octobre 2012 : « La priorité est clairement de briser l’alliance entre la Syrie, l’Iran et le Hezbollah. Cela dépasse tous les risques inhérents à un changement de régime à Damas »[2] ».

                On ne peut guère être plus clair. Il n’est donc pas étonnant d’entendre le premier président du Conseil National Syrien Burhan Ghalioun déclarer que la Syrie arrêterait de soutenir le Hezbollah si Bachar el-Assad était remplacé[3]. Ni d’entendre Bassma Kodmani, l’ancienne porte-parole du Conseil National Syrien (qui a travaillé pour la Fondation Ford et le Council on Foreign Relations), déclarer publiquement : « Nous avons besoin d’Israël[4] ». Mohamed Hassan atteste que « Israël a un intérêt certain à se débarrasser de son soi-disant « dictateur favori ». Tsahal [l’armée de défense d’Israël, ndlr], a d’ailleurs mené plusieurs raids en Syrie depuis le début de la guerre. Et un hôpital israélien a été installé dans le Golan pour soigner les rebelles anti-Assad[5]. »

                Non content de soutenir certains groupes terroristes à l’œuvre aujourd’hui en Syrie contre Bachar el-Assad, le gouvernement israélien est coupable sur son sol de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité[6]. En effet, le rapport de l’ONG Amnesty International sur les droits de l’homme en « Israël et dans les territoires palestiniens occupés » pour l’année 2014/2015 est accablant : « les forces israéliennes se sont rendues coupables de crimes de guerre et de violations des droits humains durant une offensive militaire de 50 jours dans la bande de Gaza, qui a fait plus de 1500 morts, dont 539 enfants, et des milliers de blessés parmi les civils. Elle a également provoqué d’importants déplacements de population et des destructions de biens de caractère civil et de services vitaux. Israël a maintenu son blocus aérien, maritime et terrestre de la bande de Gaza, punissant de façon collective ses quelque 1,8 millions d’habitants et accentuant la crise humanitaire. En Cisjordanie, les forces israéliennes ont tué illégalement des manifestants palestiniens, dont des enfants, et ont maintenu diverses restrictions oppressives à la liberté de mouvement des Palestiniens, tout en continuant de promouvoir les colonies illégales et en permettant aux colons israéliens d’attaquer des Palestiniens et de détruire leurs biens en toute impunité, ou presque. Les forces israéliennes ont arrêté plusieurs milliers de Palestiniens, dont certains ont déclaré avoir été torturés ; elles en maintenaient environ 500 en détention administrative sans procès. En Israël, les autorités ont continué de procéder à des expulsions forcées et de démolir les habitations de Bédouins palestiniens dans les « villages non reconnus » du Néguev/Naqab. Elles ont aussi placé en détention et expulsé sommairement des milliers de migrants étrangers, dont des demandeurs d’asile, et emprisonné des objecteurs de conscience israéliens.[7] »

    Un autre article d’Amnesty International montre bien comment Israël utilise des méthodes relevant du terrorisme d’État (intimidations, menaces, torture, destruction de biens privés, expulsions forcées, privations de libertés, restrictions de droits fondamentaux…) en représailles aux actes de résistance palestiniens[8]. Selon Amnesty, les actes du gouvernement israélien ne respectent pas « les droits humains et le droit international humanitaire », et représentent une « atteinte aux Conventions de Genève et un crime de guerre[9] ». Ces méthodes autoritaires et traumatisantes poussent à la radicalisation, et participent à l’entretien d’un cycle de violences perpétuel.

     

    Source: Investig’Action

     

    Notes:

    [1]              . Sara DANIEL et Marie LEMONNIER, « Ces (nombreux) pays que l’existence de Daech arrange bien », Nouvelobs.com, 22 novembre 2015.

    [2]              . Mohamed HASSAN et Grégoire LALIEU, Jihad Made in USA, Investig’Action, 2014, p. 119.

    [3]      . Ibidem

    [4]      . Ibidem.

    [5]              . Idem, p. 120.

    [6]      . « Rapport Black Friday : carnage à Rafah », Amnesty.org.

    [7]              . « Le rapport Israël et territoires palestiniens occupés », Amnesty.org, 2014/2015.

    [8]              . Jacob BURNS, « Voici à quoi ressemble la «fermeté face au terrorisme» à Jérusalem-Est », Amnesty.org, 30 octobre 2015.

    [9]      . Idem.

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  • La France, sponsor des terroristes ? Les États-Unis et leur guerre permanente (6/10)

     

    War-USA
     

    L’objet n’est pas d’entrer ici dans le détail sordide des exactions perpétrées par les États-Unis à travers l’histoire. Nous nous contenterons de rappeler quelques chiffres tragiques liés aux multiples conflits dans lesquels se sont engagés les USA au cours de la seconde moitié du XXème siècle. Si les auto-proclamés « occidentaux » évoquent l’après-guerre comme une période de « guerre froide » entre les États-Unis et l’URSS, d’autres régions du monde eurent à subir les conséquences bien chaudes de l’affrontement idéologique Est-Ouest.


    Depuis 1950, les États-Unis ont été impliqués dans plus de 30 conflits et ont bombardé de nombreux pays, faisant des millions de victimes : guerre de Corée (1950-1953), Guatemala (1954, puis 1960 puis 1967-1969), Indonésie (1958), Cuba (1959-1961), Congo (1964), Laos (1964-1973), Vietnam (1961-1973), Cambodge (1969-1970), Grenade (1983), Liban (1983-1984), Libye (1986, puis 2011), Salvador (1980′), Nicaragua (1980′), Iran (1987), Panama (1989), Irak (1991, puis 2003-2011), Koweit (1991), Somalie (1993, puis 2007-2008, puis 2011, puis 2015), Bosnie (1994-1995), Soudan (1998), Afghanistan (1998, puis 2001-2014), Yougoslavie (1999), Yémen (2002, puis 2009, puis 2011, puis 2015-présent), Pakistan (2007-présent)…

    Le chercheur états-unien Micah Zenco a calculé que les États-Unis ont largué pour la seule année 2015 plus de 23.000 bombes sur L’Irak, la Syrie, l’Afghanistan, le Yémen et la Somalie[1]. Étonnamment, le Pentagone ne déclare que six victimes civiles dans les bombardements U.S., ce qui paraît totalement irréaliste et sous-estimé au vu de l’intensité des bombardements.

     

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  • La France, sponsor des terroristes ? L’Arabie Saoudite et les jihadistes d’al-Nosra (5/10)

     

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    L’Arabie saoudite finance des groupes terroristes. Les preuves sont évidentes. Et pourtant, le gouvernement français qui affirme être entré en guerre après les attentats de Paris continue à entretenir des relations privilégiées avec la monarchie pétrolière. Ses liens avec la rébellion syrienne posent également question. Y aurait-il, pour le gouvernement français, de bons et de mauvais terroristes?


     

    L’euro-député Vert Philippe Lamberts rappelle que « l’Arabie Saoudite est le premier vivier du salafisme wahhabite et à ce titre porte une responsabilité cruciale dans l’enracinement de cette forme de l’islam mortifère[1] ». En effet, pour atteindre ses ambitions de puissance régionale hégémonique et étendre son influence politico-économique, l’Arabie Saoudite n’hésite pas à créer, former, financer et armer des groupes terroristes.

    Ainsi, plusieurs témoignages attestent du financement de réseaux jihadistes par d’influents saoudiens, y compris au sein de la famille régnante. Zacarias Moussaoui, impliqué dans la préparation des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, a affirmé sous serment dans un document daté d’octobre 2014 « qu’al-Qaïda recevait des dons de la part de membres de la famille royale saoudienne[2] ». Il a également avoué « qu’il avait rencontré un diplomate saoudien en vue de préparer une attaque contre le président des États-Unis [et qu’]il a également conspiré pour mettre une bombe à l’ambassade des États-Unis à Londres en 1999.[3] » Dans le même document, il accuse plusieurs membres de la famille royale saoudienne d’avoir financé al-Qaïda : le prince Turki al-Fayçal (directeur des services secrets saoudiens de 1979 à 2001 puis ambassadeur aux États-Unis de 2005 à 2007), le prince Bandar Ben Sultan[4] (ambassadeur aux États-Unis de 1983 à 2005 puis directeur des services secrets  de 2012 à 2014), et le prince al-Walid Ben Talal (homme d’affaires saoudien multi-milliardaire). Difficile de vérifier ces allégations, car les 28 pages du rapport sur les attentats de 11 septembre qui explorent les liens entre l’Arabie saoudite et al-Qaïda ont été classifiées[5]. L’ex-sénateur états-unien Bob Graham affirme d’ailleurs que ce document de 28 pages « montre la participation directe du gouvernement saoudien dans le financement [des attentats] du 11 Septembre. […] Nous avons montré que quoi qu’ils [les Saoudiens] fassent, il y aurait impunité. Ils ont donc continué à soutenir al-Qaïda, puis plus récemment dans l’appui économique et idéologique à l’État islamique. C’est notre refus de regarder en face la vérité qui a créé la nouvelle vague d’extrémisme qui a frappé Paris[6] ».

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  • La France, sponsor des terroristes ? Le Qatar et le plan des Frères musulmans (4/10)

     

    hollande qatar
     

    Dans l’entreprise de remodelage du Grand Moyen-Orient, le Qatar joue un rôle de premier plan. Profitant du vide laissé par le déclin des nationalistes, le Qatar ambitionne de se positionner à l’avant-garde du monde arabe en s’appuyant notamment sur les Frères musulmans. Avec ses croyances dans un libéralisme économique débridé, le mouvement apparaît comme un partenaire utile tant pour l’impérialisme occidental que pour son parrain qatari. Comment l’émirat utilise-t-il la confrérie ? Quel rôle joue sa chaîne télévisée Al-Jazeera ? Comment définir les relations entre la France et le Qatar ? Pourquoi l’émirat a-t-il rejoint l’Organisation Internationale de la Francophonie ?


     

    Alain Chouet révèle que l’Arabie Saoudite et le Qatar arment et financent les mouvements salafistes jihadistes (dont Al-Qaïda[1]) pour faire triompher l’idéologie wahhabite, et pour appuyer le projet d’installation de l’islam politique dans le monde arabo-musulman. C’est l’objet du projet politique qatari[2] qui exporte tous azimuts le modèle idéologique des Frères Musulmans, à grand renfort de gazodollars. Un modèle qui s’accommode très bien de la version la plus débridée du capitalisme néolibéral prôné par Washington.

    Les pétro/gazo-monarchies wahhabites sont aidées dans ce projet par les néo-conservateurs états-uniens, qui voient d’un bon œil le remodelage du Moyen-Orient sur des bases confessionnelles. Pour ce faire, pas besoin de chercher très loin. Autant utiliser la stratégie la plus efficace de l’histoire des conflits et des conquêtes de territoires, une stratégie qui date au moins de l’Empire romain : divide ut regnes, ou divide et impera (« diviser pour régner »). Pas d’états d’âme pour les puissants et les va-t-en guerre, seulement des intérêts, des rêves de conquêtes et de domination.

    L’enjeu géopolitique central est le même depuis le XIXè siècle : contrôler l’Eurasie, carrefour géostratégique entre trois continents où réside une grande part des richesses mondiales. Selon l’influent stratège états-unien Zbigniew Brzezinski (conseiller à la sécurité nationale de Jimmy Carter), le pays ou le groupe de pays qui parviendrait à contrôler l’Eurasie, contrôlerait le monde. C’est la thèse qu’il expose dans son livre Le Grand échiquier, L’Amérique et le reste du monde, paru en 1997. Il y a près de vingt ans, il exposait déjà une doctrine claire, adoptée depuis par les administrations états-uniennes toutes tendances confondues : « l’Amérique est désormais la seule superpuissance mondiale, et l’Eurasie la scène centrale de la planète. De ce fait, la redistribution des pouvoirs sur le continent eurasien revêtira une importance capitale pour la suprématie américaine dans le monde et l’histoire future des États-Unis. […] L’Amérique joue désormais le rôle d’arbitre en Eurasie, et aucun problème d’importance ne saurait trouver de solution sans sa participation ou d’issue contraire à ses intérêts. La longévité et la stabilité de la suprématie américaine sur le monde dépendront entièrement de la façon dont ils manipuleront ou sauront satisfaire les principaux acteurs géostratégiques présents sur l’échiquier eurasien et dont ils parviendront à gérer les pivots géopolitiques clés de cette région[3] ». Brzezinski ne s’en cache aucunement, l’objectif de la politique extérieure des États-Unis consiste bel et bien à instaurer un « nouvel ordre international sous tutelle américaine[4] ».

    Quelques années après la publication du Grand échiquier, les attentats contre le World Trade Center et le Pentagone offrirent à l’administration états-unienne le prétexte tant attendu pour imposer le USA Patriot Act et une surveillance massive des citoyens états-uniens. Les attentats du 11 septembre 2001 furent un casus belli opportun, qui permirent aux États-Unis d’intervenir en Afghanistan (2001) et en Irak (2003), puis d’entamer une guerre internationale contre le terrorisme. Un rêve pour le complexe militaro-industriel mondial, qui se frotte les mains et se remplit les poches avec cette manne céleste accordée à perpétuité.

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  • La France, sponsor des terroristes ? Soutien diplomatique et militaire à des États totalitaires (3/10)

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    Le gouvernement français déborde d’imagination dès lors qu’il s’agit de trouver des solutions antidémocratiques aux attentats de Paris. Mais a-t-il sondé les causes de ces terribles événements? Les relations qu’entretient la France avec des dictatures proches des mouvements terroristes n’ont-elles aucune incidence? Qu’en est-il des projets d’Erdogan et de son implication dans le conflit syrien? Un partenaire de choix?


     

    « C’est le grand paradoxe de l’action gouvernementale actuelle. On pleure sur les conséquences des attentats [du 13 Novembre 2015] qui sont terribles mais on ne s’interroge jamais sur les causes. Évidemment, notre politique étrangère a un rôle fondamental pour expliquer ces attentats. C’est dramatique mais on a aidé, formé, financé indirectement le terrorisme en soutenant l’opposition à Bachar al-Assad. Pour ce qui est de l’Arabie Saoudite et du Qatar, c’est encore pire. Et il y a une complicité fondamentale entre le Qatar et l’Arabie Saoudite et ce qui se passe en Syrie. Ces pays-là financent la mouvance salafiste, la mouvance la plus radicale de l’islam, et en plus sont des facteurs de la déstabilisation de la Syrie. Comme le dit le juge antiterroriste Marc Trévidic, prétendre lutter contre le terrorisme en serrant la main du roi de l’Arabie Saoudite, c’est un peu comme si on prétendait lutter contre le nazisme en invitant Hitler à sa table.[1]  »

    Charles-Henri Gallois[2]

     

    Comme le rappelait l’ancien chef du renseignement français Alain Chouet en juillet 2015, « au Moyen-Orient, au Sahel, en Somalie, au Nigeria, etc., nous sommes alliés avec ceux qui sponsorisent depuis trente ans le phénomène terroriste[3] ». En effet, la France est l’alliée géostratégique d’États totalitaires qui financent le terrorisme international, qui torturent, bombardent et assassinent allègrement les populations d’autres pays ou leur propre peuple dans l’indifférence la plus totale et sous l’attentisme pathologique de l’ONU. Ces États, non contents de jouir de la plus grande impunité devant les instances internationales, sont de surcroît soutenus par la so-called « communauté internationale », qui se rend de fait complice de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Ces États sont les suivants : la Turquie, le Qatar, l’Arabie Saoudite, les États-Unis et Israël.

     

    La Turquie et les « rebelles syriens »

    En mai 2015, le journal turc Cumhuriyet a révélé que des armes à destination des rebelles syriens transitaient par la frontière turco-syrienne dans des camions[4], sous le nez du gouvernement turc. Selon un article du Monde, « des documents officiels publiés sur Internet ont affirmé que les camions appartenaient aux services de renseignements turcs (MIT) et transportaient armes et munitions destinées aux rebelles islamistes syriens en guerre contre le président Bachar Al-Assad.[5]» Un rapport de l’ONU publié en décembre 2013 accusait déjà le gouvernement turc d’avoir livré des armes aux « rebelles syriens » (47 tonnes d’armes livrées entre juin et décembre 2013[6]), ce qui avait été confirmé en janvier 2014 par des enquêtes[7] de journalistes en Turquie qui avaient révélé le soutien du gouvernement turc aux opposants syriens à Bachar Al-Assad.

    La Turquie est aussi soupçonnée de fermer les yeux, voire d’encourager et de faciliter  le passage vers la Syrie de jihadistes venus du monde entier pour rejoindre les rangs, entre autres, du groupe syrien Jabhat al-Nosra (« le front pour la victoire »), un groupe jihadiste affilié à al-Qaïda[8].

    Enfin, la famille du président turc Recep Tayyip Erdoğan est accusée par la Russie d’acheter le pétrole en provenance des territoires contrôlés par l’État islamique en Syrie, participant ainsi directement au financement du groupe terroriste. Le vice-ministre de la défense russe Anatoli Antonov a déclaré le 2 décembre 2015 : « Vous ne vous posez pas de questions sur le fait que le fils du président turc s’avère être le dirigeant d’une des principales compagnies énergétiques et que son beau-fils a été nommé ministre de l’énergie ? Quelle merveilleuse entreprise familiale ! [9]». En effet le fils du président turc, Bilal Erdoğan, possède le groupe BMZ spécialisé dans les travaux publics et le transport maritime. Et Berat Albayrak, le gendre de Recep Tayyip Erdoğan, dirigeait la Çalık Holding, un conglomérat actif dans le secteur des textiles, de l’énergie, de la construction, de la finance, de la logistique et des médias. Depuis novembre 2015, Berat Albayrak est même devenu le nouveau ministre turc de l’Énergie dans le gouvernement de Ahmet Davutoğlu. Un rapport d’une entreprise norvégienne d’hydrocarbures va dans le même sens, accusant la Turquie d’acheter à bas prix le pétrole des zones contrôlées par l’État islamique[10].

    Ainsi, le gouvernement turc souhaite s’inscrire en Grand timonier dans le plan de remodelage du Moyen-Orient (BMENA) imaginé par les États-Unis (voir partie 4/10). Le 16 février 2004 Recep Tayyip Erdoğan – à l’époque Premier ministre de Turquie – l’a clamé fièrement : « l’Amérique a un projet du Grand Moyen-Orient ou Moyen-Orient élargi. Diyarbakir[11] pourrait être au centre de ce projet. Nous devons y parvenir[12] ». Il a d’ailleurs déclaré la Turquie « co-présidente de l’initiative[13] », l’autre pays co-président étant implicitement les États-Unis.

    L’auteur belgo-turc Bahar Kimyongür nous explique en quoi cette initiative  s’apparente à un vaste programme d’ingérence étrangère : « basé sur le principe de création d’un arc sunnite chapeauté par la Turquie, cette stratégie vise à neutraliser les turbulences des chiites d’Iran, d’Irak, du Liban et de leur allié syrien[14] ». Des câbles fuités par Wikileaks « révèlent que Washington envisageait de remplacer le régime syrien par une coalition comprenant [l’ancien vice-président de la Syrie] Abdel Halim Khaddam et les Frères musulmans de Syrie.[15] » Abdel Halim Khaddam est proche du milliardaire Saad Hariri, fils de l’homme d’affaires libanais Rafiq Hariri assassiné en 2005 à Beyrouth. Saad Hariri est, comme son père, proche de la famille royale saoudienne, et « a fourni de grosses quantités d’armes aux terroristes syriens[16] » selon Bahar Kimyongür.

     

    Source: Investig’Action

    Notes:

    [1]              . Victoria ISSAÏEVA, « Créer de nouvelles alliances au nom de la lutte contre l’EI », Sputniknews.com, 26 novembre 2015.

    [2]              . Responsable national du parti de l’Union Populaire Républicaine pour les questions économiques.

    [3]              . Alain CHOUET, « Nous sommes alliés avec ceux qui sponsorisent depuis trente ans le phénomène djihadiste », Humanite.fr, 3 juillet 2015.

    [4]              . Cumhuriyet.com.tr, 29 mai 2015.

    [5]              . « Un journal turc publie les images d’armes livrées par la Turquie aux djihadistes en Syrie », Lemonde.fr, 29 mai 2015.

    [6]              . « Report: Turkey Shipped Arms to Syria Rebels », Naharnet.com, 16 décembre 2015.

    [7]              . Hélène SALLON, « L’étrange soutien de la Turquie aux réseaux djihadistes de Syrie », Lemonde.fr, 24 janvier 2014. & Fehim TASTEKIN, « Turkish intelligence service trucks reveal secrets », Al-monitor.com, 20 janvier 2014. & Fehim TASTEKIN, « Turkey declares vanishing truck to Syria ‘state secret’ », Al-monitor.com, 7 janvier 2014.

    [8]              . « Report: Turkey Shipped Arms to Syria Rebels », Naharnet.com, 16 décembre 2015.

    [9]              . « La Russie accuse « Erdogan et sa famille » d’être impliqués dans le trafic de pétrole avec l’EI », Lemonde.fr, 3 décembre 2015.

    [10]            . « Norway Confirms ISIS Oil Sold into Turkey at Low Prices », Geopolitics.co, 20 décembre 2015.

    [11]            . Grande ville kurde au Sud-Est de la Turquie.

    [12]     . Bahar KIMYONGÜR, Syriana, la conquête continue, Investig’Action, 2011, p. 115.

    [13]     . Idem, p. 116.

    [14]     . Ibidem.

    [15]     . Idem, p. 127.

    [16]     . Idem, p. 125.

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  • La France, sponsor des terroristes? Des armes françaises aux mains de terroristes (2/10)

    Fabriqué en France
     

    Alors que la France a connu le pire attentat jamais perpétré sur son territoire en novembre dernier, ailleurs dans le monde, des groupes terroristes brandissent des armes fabriquées dans l’Hexagone. 40% des armes saisies par l’armée du Tchad aux combattants de Boko Haram sont made in France. Comment ont-elles atterri dans les mains des terroristes? Explications.


     

    « 40% des armes saisies par les forces armées du Tchad aux combattants de Boko Haram sont de fabrication française » a annoncé le 4 mars 2015 le ministre Tchadien de la communication Hassan Sylla Ben Bakari en visite au Cameroun[1]. Le ministre a ajouté : « Mon pays montre ces images et continuera de les montrer afin que ceux qui les fabriquent sachent que ces armes ne se retrouvent pas là où elles doivent l’être[2]« . Paris, entends-tu cet appel ? Toi qui as été récemment frappée par un attentat meurtrier revendiqué par l’État islamique, seras-tu touchée par les morts innocents que causent tes armes au Nigeria et au Cameroun ?

    Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE (en 2000 et 2001), révèle que les pétromonarchies du Golfe – grandes amies de la France – financent le groupe terroriste Boko Haram à grand renfort de pétrodollars: « Le Qatar et surtout l’Arabie fondent leur légitimité sur l’Islam et, ces pays doivent se prémunir contre toute forme de critique, de concurrence ou de dépassement, sur la lecture la plus fondamentaliste de cette religion. Soumis à la concurrence et à la volonté de puissance de l’Iran, leur politique constante est de tenter de s’assurer le contrôle de l’Islam à l’échelon mondial par le seul moyen dont ils disposent à suffisance : l’argent. Ils sont extrêmement attentifs dans le monde entier à toute initiative fondamentaliste locale qui pourrait risquer de les dépasser ou de menacer leur légitimité et s’empressent d’essayer de la canaliser et de la contrôler grâce aux revenus de leur rente pétrolière. C’est là l’une des raisons de la montée en puissance de l’islamisme militant dans le monde, tous les acteurs locaux ayant compris que plus ils affirmeraient leur fondamentalisme, plus ils attireraient l’attention et l’argent des pétromonarchies wahhabites.[3] »

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  • La France, sponsor des terroristes? Des armes, en veux-tu en voilà! (1/10)


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    7 janvier 2015, 13 novembre 2015, 22 mars 2016. Des dates qui resteront pour tous les Européens les marques indélébiles d’un traumatisme collectif, marqué par les attentats de Paris et Bruxelles. Pourtant, chaque jour, les opérations militaires menées au nom de la lutte anti-terroriste font bien plus de victimes dans le monde entier : en Irak, en Syrie, en Libye, au Yémen, en Afghanistan, au Pakistan, etc. La France, qui combat d’une main ce qu’elle alimente de l’autre, est en partie responsable de cette situation. La preuve en dix points.


     

    « Il y a partout la même structure pyramidale, le même culte d’un chef semi-divin, le même système économique existant par et pour une guerre continuelle. […] Elle dévore le surplus des produits de consommation et elle aide à préserver l’atmosphère mentale spéciale dont a besoin une société hiérarchisée. […] La conscience d’être en guerre, et par conséquent en danger, fait que la possession de tout le pouvoir par une petite caste semble être la condition naturelle et inévitable de survie. […] Peu importe que la guerre soit réellement déclarée et, puisque aucune victoire décisive n’est possible, peu importe qu’elle soit victorieuse ou non. Tout ce qui est nécessaire, c’est que l’état de guerre existe. »

    George ORWELL, 1984

     

     

    Depuis les attentats du 13 Novembre 2015 à Paris, « le cours de Thales, l’un des principaux fournisseurs de matériel électronique de l’armée française, est en hausse de près de 3% alors que le CAC 40 est en baisse. […] Les actions de Raytheon (+3,41%), Northrop Grumman (+5,75%), Lockheed Martin (+5,25%), fabricants d’avions de combat, de missiles, ou encore de matériel de cybersécurité, sont en forte hausse aux États-Unis.[1] »

     

    La France sur le podium des vendeurs d’armes

    La France oscille entre la troisième et la quatrième place (derrière les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie) sur le podium des plus grands exportateurs d’armes. De 2012 à 2013, les exportations d’armes françaises ont bondi de 42 %, et ont encore grimpé de 18 % de 2013 à 2014[2]. Au 1er Octobre 2015, la France est même passée second exportateur mondial d’armement, derrière les États-Unis mais devant la Russie[3]. Cela en grande partie grâce au développement de son marché avec l’Arabie Saoudite, premier client de la France avec des contrats d’achat d’armes s’élevant à 3,63 milliards d’euros en 2014[4].

     

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    En 2010 déjà, la France était de tous les pays européens le plus grand fournisseur d’armes à l’Arabie Saoudite

     

    L’Arabie Saoudite utilise actuellement ces armes dans la guerre qu’elle mène au Yémen contre les Houthistes. Les bombes saoudiennes – dont certaines sont donc made in France – font chaque jour de nombreuses victimes civiles. Comme le 17 juin 2015 près d’Aden : deux frappes aériennes saoudiennes ont fait 31 morts, dont des femmes et des enfants[5]. Ou encore lors du bombardement saoudien du 15 mars 2016 sur un marché yéménite, qui a tué 97 civils dont 25 enfants[6]. Cette fois-ci, les bombes larguées étaient d’origine états-unienne. Et la prochaine fois ?

    En tout, plus de 5.700 civils (dont 830 femmes et enfants) sont morts au Yémen entre mars et novembre 2015[7]. Le porte-parole du ministère yéménite de la santé Tamim Chami a même avancé un bilan de 23.900 morts en janvier 2016, la plupart dans les bombardements effectués par la coalition menée par l’Arabie Saoudite[8].

    De surcroît, il est impossible pour la France de vérifier la destination finale des armes qu’elle vend, alors que l’Arabie Saoudite soutient officiellement des groupes salafistes jihadistes en Syrie (voir partie 5/10).

     

    Maël Alberca

     

    Prochaine partie (2/10) :

    « Des armes françaises… aux mains de terroristes »

     

    Source: Investig’Action

    Notes:

    [1]              . Pierre HASKI, « Le malheur des uns fait le bonheur des marchands de canons (et de leurs actionnaires) », Rue89.nouvelobs.com, 16 novembre 2015, à partir de l’article de Glenn GREENWALD, « Stock Prices of Weapons Manufacturers Soaring Since Paris Attack », Theintercept.com, 16 novembre 2015.

    [2]              . Sébastien LERNOULD avec Victor ALEXANDRE, « La France n’a jamais autant exporté d’armes », Leparisien.fr, 2 juin 2015 & « Rapport au Parlement 2015 sur les exportations d’armement de la France », Defense.gouv.fr, 2 juin 2015.

    [3]              . Alexandre KARA, « Ventes d’armes : 2015, une année record pour la France », Europe1.fr, 1er octobre 2015.

    [4]              . Sébastien LERNOULD avec Victor ALEXANDRE, Idem.

    [5]              . « Nouvelles victimes civiles d’un bombardement saoudien au Yémen », Lemonde.fr, 17 juin 2015.

    [6]      . “Des bombes américaines utilisées dans des raids très meurtriers au Yémen”, Rfi.fr, 7 avril 2016.

    [7]              . « La guerre civile au Yémen a fait 5700 victimes depuis le mois de mars », Jeuneafrique.com, 27 novembre 2015.

    [8]              . Bahar KIMYONGÜR, «La paix au Yémen, garantie de notre sécurité », Investigaction.net, 18 février 2016.

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