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terrorisme - Page 5

  • Une réponse de gauche à la menace terroriste : l’exemple de Cuba

    www.initiative-communiste.fr

    La plupart des gens associent Cuba aux voitures anciennes authentiques, à l’exquise salsa, aux plages de rêve, aux cigares, aux mojitos … Rares sont ceux qui savent que le pays vit depuis 1959 sous un niveau de menace de niveau 4. Comment les Cubains le vivent-ils et que pouvons-nous puiser dans leur expérience de spécialistes ?

     

     

    Au niveau 4 depuis 55 ans

    > Il y a 57 ans, quand Fidel et les siens l’emportent sur l’armée et chassent le dictateur Batista, les 1 % des Cubains les plus fortunés font eux aussi leurs valises. Il se replient dans leurs résidences secondaires à Miami, à quelque 200 km de l’île. Ils sont persuadés que les rebelles barbus ne tiendront pas plus de quelques mois et qu’ils pourront rapidement récupérer leurs privilèges. Le gouvernement des Etats-Unis lui aussi pense pouvoir bientôt contrôler les « barbudos ». Mais il apparaît bien vite que le nouveau gouvernement rebelle ne se laissera pas mater de sitôt. Fin 1959 le président Eisenhower lance un programme pour saper la révolution cubaine.

    C’est le début d’une longue série d’attentats terroristes contre l’île : des crèches, des grands magasins, des hôtels et d’autres bâtiments publics sont la cible d’attaques à la bombe. Le 4 mars 1960 un navire plein d’armes belges saute dans le port de La Havane. Des contre-révolutionnaires armés sèment la terreur dans les campagnes avec le soutien d’une couverture aérienne des Etats-Unis. Ensuite ce sont les actions de sabotage, les explosions par dizaines, les tentatives d’assassinat contre Castro par centaines. Des invasions ont lieu le long de la côte par des commandos armés qui tuent les habitants sans discrimination. Les Etats-Unis n’hésitent pas à utiliser des armes bactériologiques pour anéantir les récoltes et ils répandent certaines maladies comme la dengue, faisant des centaines de morts.

    En avril 1961 des bombardiers étatsuniens pilonnent les aéroports cubains pour préparer une invasion militaire par 1.200 mercenaires, dans la Baie des Cochons. L’opération est un ratage total. Les stratèges US parviennent à la conclusion que la révolution ne peut être battue que par l’engagement massif de troupes au sol (1). Les projets sont temporairement mis de côté parce que Washington se prépare entre-temps à la guerre au Vietnam. En 1976 la terreur atteint son point culminant lorsqu’un avion de ligne cubain est abattu. Les 73 passagers au complet y perdent la vie. Les années ’90 connaissent un nouveau pic d’agressions. A ce moment, ripostant à une aggravation du blocus économique, Cuba développe son secteur touristique. Cette fois des hôtels, centres touristiques, autobus, aéroports et autres installations de vacances deviennent la cible d’une série d’attentats à la bombe (2).

    L’invasion de l’Irak va de pair avec une authentique hystérie guerrière aux Etats-Unis. La politique à l’égard de Cuba en subit le contre-coup. En effet des voix s’élèvent aux Etats-Unis pour envahir Cuba après l’Irak (3). En Floride des groupes paramilitaires s’entraînent ouvertement avec des armes lourdes en vue d’une future invasion (voir photo) (4).

    Les groupes terroristes opèrent à partir de Miami. Ils sont souvent formés et entraînés par la CIA. Ils avaient été créés autrefois par les 1 % de Cubains partis à Miami, avec la collaboration des services de sécurité américains et le financement des pouvoirs publics. Ils sont encore toujours tolérés aujourd’hui.

    Ils ne sont du reste pas seulement utilisés contre Cuba. Le super-terroriste Orlando Bosch qui commet avec Luis Posada Carriles l’attentat précité contre l’avion de ligne sert également dans l’Opération Condor (5). Il s’agit de l’opération CIA qui dans les années ’70 et ’80 du siècle dernier a soutenu toute une série de dictatures en Amérique du Sud dans la répression et les pratiques de torture contre tout ce qui était progressiste. Luis Posada Carriles est actif notamment dans la guerre des Contras au Nicaragua qui fit de dizaines de milliers de victimes innocentes. Bosch, tout comme Posada Carriles, est protégé par les autorités étatsuniennes. Posada Carriles coule toujours des jours heureux à Miami.

    25 fois Paris

    A Cuba le terrorisme n’est donc jamais bien loin. L’ensemble des attentats terroristes a tué 3.478 personnes, soit 25 fois le nombre de victimes des attentats de Paris. 2.099 ont été blessées ou mutilées ou sont restées invalides. (6).

    Dans ces circonstances on pourrait s’attendre à une société militarisée avec une forte présence de bleu et de kaki dans les rues. On pourrait aussi s’attendre à ce que les autorités proclament régulièrement l’état d’urgence pour des semaines ou des mois, ou qu’elles mettent régulièrement à l’arrêt les transports publics, interdisent les compétitions sportives, ferment temporairement les écoles, suspendent en permanence les libertés, etc.

    Mais ce n’est absolument pas le cas. Pas de tanks ni de véhicules militaires dans les rues, pas de tireurs d’élite ni de paramilitaires près des bâtiments publics, pas même lors de manifestations de masse comme le cortège annuel du 1er mai ou les visites papales. En de telles occasions des centaines de milliers de personnes se réunissent en un même lieu.

    Ce n’est pas que Cuba prenne la menace terroriste à la légère ou lâche la bride aux terroristes potentiels, bien au contraire. Depuis ’59 la lutte anti-terroriste est la priorité absolue du gouvernement cubain. Les meilleures forces de tout le pays sont engagées dans la lutte contre le terrorisme. Mais l’approche est totalement différente de la « war on terror » comme nous l’avons sous Bush ou comme elle est est actuellement menée en France et en Belgique.

    L’approche cubaine

    Les révolutionnaires cubains ont parfaitement compris dès leur lutte de libération que les Etats-Unis ne toléreraient jamais un gouvernement progressiste, encore moins une révolution socialiste, dans leur arrière-cour. Ils savaient qu’après leur prise de pouvoir ils seraient aux prises pendant longtemps avec des agressions et une subversion venues de Washington. Fidel a dit à ce propos, quelque six mois avant la victoire, à l’occasion d’un bombardement sur un village de montagne : « Quand cette guerre prendra fin, une autre viendra pour moi, qui sera bien plus longue et plus grande, à savoir le combat contre eux [les Américains] » (7).

    La lutte contre le terrorisme et la subversion est menée de deux manières à Cuba : en s’appuyant sur la population et en infiltrant les réseaux terroristes.

    L’appui sur la population

    En 1960, appuyés par la CIA, des contre-révolutionnaires opéraient dans les montagnes au centre de l’île. Pour les éradiquer le gouvernement n’envoya pas l’armée. En lieu et place, cent mille volontaires furent mobilisés, avec succès.

    La même année Cuba connut des attentats à la bombe à La Havane et dans d’autres villes. A nouveau la population fut mobilisée pour écarter le terrorisme. Dans chaque quartier, un CDR (8) fut créé, un comité qui veillait à la sécurité du quartier. Ainsi naquit un grand système collectif de vigilance. Au fil des ans ces comités de quartier s’occupèrent également de problèmes sociaux ou économiques des habitants du quartier, santé publique (éradication de moustiques dangereux, collectes de sang …), organisation des élections, recyclage …

    Cuba s’appuie également sur sa population pour défendre le pays d’une éventuelle invasion militaire. Aujourd’hui, aux côtés de l’armée régulière, le système défensif peut compter sur deux millions de Cubains qui sont sur le pied de guerre dans les 48 heures. Ces volontaires reçoivent un entraînement annuel et savent où aller s’armer le cas échéant.

    L’infiltration

    Une collaboration avec Washington n’était guère envisageable jusqu’à présent. Aussi ne restait-il qu’une seule option aux Cubains : l’infiltration. C’est précisément ce que les « Cuban Five », les Cinq de Cuba, ont accompli pendant les années ’90. Ils ont infiltré les groupes terroristes les plus violents en Floride afin de collecter le maximum d’informations et de pouvoir déjouer des attentats. Ils ont ainsi pu empêcher une bonne centaine d’attentats (9).

    Ce genre d’infiltrations est tout sauf évident. Les terroristes ne sont pas des mauviettes et n’hésitent pas à assassiner renégats ou infiltrés. S’ils sont démasqués, les infiltrés risquent également de lourdes peines de prison aux Etats-Unis. C’est ainsi qu’en 2001 les Cinq agents anti-terroristes cubains furent condamnés collectivement à quatre fois la perpétuité plus 77 ans. L’ironie veut que cela se passait juste quelques mois après les attentats contre le World Trade Center à New York.

    Lorsqu’en juillet 2004, lors d’une visite en prison, nous demandons à Gerardo Hernández, chef des Cinq, pourquoi il a accepté une mission aussi risquée, il sourit : « Je ne suis pas du tout une exception, vous savez » répond-il. « Si vous vous adressez à 10 Cubains pour faire ce genre de boulot dans l’intérêt de notre peuple, je suis sûr que 7 d’entre eux diront oui sans hésiter. Nous savons tous ce que c’est que perdre des amis ou des parents dans un attentat ».

    Depuis le 17 décembre 2014 les USA ont entamé des démarches en vue d’une reprise des relations avec Cuba. Les Cinq sont libérés dans ce contexte, après 16 années de campagnes internationales (10). Mais jusqu’à présent la politique de déstabilisation et le blocus économique des Etats-Unis demeurent intacts.

    Un autre regard

    Dans les médias de masse l’image de Cuba est toujours négative. Le Cuba bashing est de bon ton. Certains faits sont amplifiés, d’autres sont systématiquement occultés ou criminalisés. S’il se produit à Cuba quelques arrestations administratives, cela devient vite une info internationale, alors que dans notre propre pays il y a des dizaines d’arrestations de ce genre chaque année. Inversement les informations traitent généralement le blocus économique – le plus long de l’Histoire – comme un détail, en supposant qu’elles le mentionnent. Pour vous donner une idée, en 55 ans le coût de ce blocus a atteint 11 fois le PNB (11). Pour la Belgique un tel calcul équivaudrait à 4.000 milliards d’euros et pour la France à 23.000 milliards d’euros. Difficile d’appeler ça un détail.

    Le pire est qu’on ne parle jamais de la menace terroriste permanente. Cuba est considéré comme un pays normal, alors qu’il vit depuis 55 ans sous une menace terroriste permanente. Depuis les événements du vendredi 13 novembre nous savons maintenant pour la première fois ce que cela signifie. Une situation de ce genre bouleverse un pays. Pour la première fois nous sommes peut-être en état de nous représenter ce que qu’implique de vivre sous de telles conditions. Ce qui nous permettra peut-être de faire preuve d’une meilleure compréhension à l’égard de Cuba.

    Cela nous incitera peut-être aussi à exiger de Washington qu’il en finisse une fois pour toutes avec les groupes terroristes sur son propre sol, plus précisément à Miami. Il n’est jamais mauvais de commencer à balayer devant sa porte.

    Katrien Demuynck et Marc Vandepitte ont écrit plusieurs ouvrages sur Cuba.

    Notes :

    (1) Les plans émanaient notamment de McNamara, Ministre des Affaires étrangères de l’époque. T. Diez Acosta : October 1962, The ‘Missile’ crisis as seen from Cuba. New York 2002, p. 86.

    (2) Demuynck K. (ed.) : The incredible case of the Cuban Five. Evidence from the International Commission of Inquiry into the Case of the Cuban Five, Londres 2014, p. 39-51.

    (3) Hans Hertell, ambassadeur US en République Dominicaine et proche de Bush a déclaré juste après la chute de Bagdad : “Les événements en Irak sont un signal positif et sont un bon exemple pour Cuba où la semaine dernière le régime de Fidel Castro a ordonné l’arrestation de plus de 80 citoyens pour leurs seules idées”. Jeb Bush, actuel candidat républicain à la présidence et frère de, déclarait à peu près au même moment : “Après notre succès en Irak, nous devons regarder vers notre voisin. Nous devons expliquer à nos frères d’Amérique latine et d’ailleurs qu’un régime qui ne respecte pas les droits de l’homme ne peut pas être maintenu”. Cf resp. El Expresso, 13 avril 2003 et www.americas.org/news/nir/20….

    (4) Sun Sentinel 6 avril 2003.

    (5) Stella Calloni. Operación Condór. Pacto Criminal, La Havane, 2005.

    (6) cf http://www.theguardian.com/us-news/…

    (7) Dans une lettre à Celia Sánchez in Suárez Pérez E. & Caner Román A. (éd.) : De cinco palmas a La Habana, La Havane 1998, p. 143.

    (8) CDR : Comité de Defensa de la Revolución.

    (9) Sur les Cinq de Cuba voir : http://www.cubanismo.net/cms/fr/art…

    (10) cf http://cubanismo.net/cms/fr/campagn…

    (11) cf http://www.elnuevodia.com/noticias/… Le PNB est ce qu’un pays produit de richesses en un an (biens et services).

    Par Katrien De Muynck, Marc Vandepitte

    30 novembre 2015

    Source : Investig’Action

    Source originale : De Wereld Morgen

    Traduction du néerlandais : Anne Meert pour Investig’Action.

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  • Les massacres sont-ils plus intéressants lorsqu’ils sont commis par des musulmans ?

     

    Déjà presque deux mois se sont écoulés depuis les attentats meurtriers de Paris et l'émotion est encore vive. Le bilan macabre s'élève à 132 morts et de 352 blessés. Pendant la même période, un hôpital de médecins sans frontières (MSF) a été délibérément bombardé par l'aviation Etasunienne en Afghanistan, un double attentat suicide a été perpétré dans la banlieue sud de Beyrouth et une école Irakienne au Mossoul a été bombardée par l'aviation Française.

     



    Les premiers événements (attentats de Paris) ont été couverts de manière très large en Suisse et partout dans le monde. Par exemple, Le temps, le média de référence francophone Suisse nous inonde d’informations. plus de 310 résultats s’affichent lorsqu’on tape les mots clés "attentats de Paris" : revue de presse, suivi de l’enquête, les réactions des organisations musulmanes sont recueillies (c’est comme si on allait demander aux chrétiens de rendre des comptes après les attentats d’Anders Breivik qui se définissait lui-même comme fondamentaliste chrétien), la parole d’un islamophobe patenté est diffusée, et j’en passe et des meilleures.

    Le 03 Octobre 2015, les forces aériennes Étasuniennes avaient attaqué à répétition et de manière délibérée un hôpital de MSF à Kunduz, en Afghanistan. Le bombardement a fait au moins 30 morts (tous de nationalité afghane), en dépit de la communication des coordonnées GPS de l’hôpital à la coalition et aux autorités afghanes bien avant le massacre et des multiples appels de MSF à l’Afghanistan, aux responsables américains et à l’OTAN, pour arrêter les frappes. Selon une revue préliminaire interne de MSF :

    " Les patients ont brûlé vifs dans leurs lits, le personnel médical a été décapité, amputé, d’autres ont été abattus par l’avion de combat AC-130 qui tournoyait au-dessus du bâtiment en feu".

    La recherche suivante : "Kunduz + MSF" sur le site du temps.ch, donne 13 résultats. Le premier article sur le sujet, publié le jour même, soit le 03 Octobre et modifié le 12 Octobre, rapporte l’événement de manière prudente. On peut lire :

    " Le bombardement de l’hôpital de Médecins sans Frontières (MSF) dans la ville afghane de Kunduz, qui pourrait être un raid américain, a provoqué la mort de dix-neuf personnes, dont douze employés et sept patients. Il se serait poursuivi 30 minutes après que l’ONG a averti Washington que l’établissement était touché".

    Le premier rapport de MSF souligne que "toutes les indications pointent actuellement que le bombardement a été mené par les forces internationales de la Coalition", et que les frappes ont duré exactement de 02h08 jusqu’à 03h15. L’emploi du conditionnel n’est donc pas justifié. Deux jours plus tard la mise en cause des USA par MSF a été sans équivoque.

    A la suite, aucun jugement de valeur, on se contente de rapporter passivement les déclarations Etasuniennes. Combien de fois on a qualifié ces actes de terrorisme (d’état), de violation criante du droit international humanitaire ou de crime de guerre ? Aucune fois. On euphémise, on nous parle plutôt de bavure. Il y a eu certes plusieurs articles rapportant la version de MSF, mais les bombardements US n’ont pas reçu la couverture médiatique (gros titres et indignation éditoriale) méritée comme ce fut la couverture des attentats de paris.

    La veille des attentats de Paris, le 12 Novembre 2015, un double attentat suicide a fait 43 victimes et 239 blessés dans la banlieue sud de Beyrouth. L’un des attentats les plus meurtriers qu’a connu le pays. Ce drame est rapporté 5 fois sur le temps.ch, dont 4 fois de manière secondaire. Et plus récemment, le 25 Novembre 2015, l’aviation française a commis un massacre en bombardant une école Irakienne au Mossoul faisant 28 victimes et 2 blessés grave, tous des élèves de l’école. Aucun résultat lorsqu’on fait la recherche :"bombardement + école+ Irak", nada.

    Pour en avoir le cœur net, un e-mail a été envoyé en date du 07 Décembre 2015 à la rédaction du journal "Le temps" pour demander des explications. En voici le contenu :

    Madame, Monsieur,

    Je vous contacte concernant la couverture médiatique des attentats de paris, mais aussi par rapport à d’autres événements macabres survenus pendant la même période.

    Comme vous le savez, 30 personnes ont été tuées dans les bombardements Étasuniens sur l’hôpital de MSF, 43 victimes ont péri dans un double attentat kamikaze à Beyrouth et 28 élèves ont été massacrés dans un bombardement de l’aviation Française de leur école en Irak.

    Je note une couverture très large des premiers attentats, mais une couverture beaucoup plus restreinte (hôpital MSF), voire nulle des autres événements. Il n’y a aucun jugement de valeur concernant les frappes des États-Unis malgré que ce soit criminel et à l’encontre du droit international. Vous me direz qu’en tant que journalistes, vous devez rester neutres. Alors dans ce cas pourquoi il existe une sémantique différente entre les différents événements ? Les attentats de paris sont associés au mot "terrorisme" 158 fois sur votre site, tandis que ce mot n’est jamais associé aux frappes criminelles qui ont ciblé l’hôpital de MSF en Afghanistan (il s’agit de terrorisme d’état). Quelle serait le traitement médiatique si 28 enfants occidentaux auraient été bombardés ?

    J’aimerais connaitre la raison de ce traitement disproportionnel ?


    A ce jour, aucune réponse n’a été rendue.

    Indignation à géométrie variable des politiques

     

    Les réactions des politiques Suisses sont sur la même ligne de ce qui a précédé (ou l’inverse, on ne sait pas trop). On assiste à un florilège de déclarations publiques : condamnation des violences, condoléances, pensées aux familles des victimes, allant jusqu’à l’instrumentalisation de la peur et au populisme.

    « La Suisse en pensée avec la France ». Simonetta Sommaruga. Présidente de la Confédération. http://www.rts.ch/info/suisse/72533...

    "Atterré par cette violence inouïe, mes pensées sont auprès des victimes, de leurs familles et de la France meurtrie #ParisAttacks". Christophe Darbellay. Conseiller national Président du PDC Suisse. https://twitter.com/C_Darbellay/sta...

    "Quand ça chauffe : 1) on rentre les gosses ; 2) on suspend Schengen. #attentats". Oskar Freysinger. Conseiller d’Etat valaisan (UDC) et conseiller national suisse. https://twitter.com/OskarFreysinger...

    "Paris, capitale de la douleur du monde". Christian Levrat. Président du PS Suisse et député au Conseil des Etats Fribourgeois. https://twitter.com/ChristianLevrat...

    Vous l’aurez compris, l’indignation est sélective, elle concerne exclusivement les attentats de Paris. Le reste n’est apparemment pas intéressant. Les vies humaines n’ont décidemment pas toutes la même valeur aux yeux des grands medias et de nos politiciens. Certaines victimes sont humanisées, elles méritent notre indignation et notre compassion. On va jusqu’à parler d’elles aux élèves, dans les écoles. Le crime dans ce cas est infâme, les victimes méritent non seulement notre attention, mais on nous demandera d’afficher notre solidarité avec la complicité des médias sociaux et des grands moteurs de recherche et sites web (facebook met un filtre tricolore et le "security check" à disposition de ses utilisateurs, youtube affiche le drapeau tricolore français et google affiche un signe de solidarité avec la France...). D’autres par contre, leur souffrance est minimisée ou ignorée. Ces victimes ne mériteront par conséquent pas notre attention ou notre indignation.

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  • Charlie et Oncle Bernard : un an après

    par Jacques SAPIR

    Nous vivons un temps de commémoration. Et, aujourd’hui, ce sont les victimes des attentats de janvier 2015 que l’on nous invite à honorer. Certains des témoignages qui sont publiés sont respectables, et touchants. Mais d’autres s’inscrivent dans une logique qui est un attentat de plus à la mémoire des personnes qui ont perdu leur vie.

    L’une des victimes de ces actes atroces fut l’économiste Bernard Maris, assassiné avec une partie de la rédaction de Charlie Hebdo. Fils de Républicains espagnols émigrés en France, il avait fait de brillantes études d’économie couronnées par une thèse en 1975. Il avait suivi le cursus honorum qui devait le mener au poste de professeur et enchaîné les postes, récoltant le prix de « meilleur économiste » pour 1995 décerné par Le Nouvel Economiste. Il avait aussi publié des livres importants comme Ah Dieu ! Que la guerre économique est jolie ! (en 1998), ou Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles (en 1999). Il fut l’auteur du remarquable Antimanuel d’économie (publié chez Bréal en 2 volumes) et d’un ouvrage collectif important témoignant de son intérêt pour les sciences sociales, Gouverner par la peur en 2007. On pouvait le suivre à la télévision ou sur France-Inter. Il fut mon directeur de collection de 2000 à 2002 chez Albin Michel. Nous avions, alors, discuté ensemble des journées entières et, de ces discussions, devait surgir un autre livre Les économistes contre la démocratie qui fut publié en 2002. Son écoeurement était immense devant le comportement de certains économistes à gages, dont la seule fonction est de fournir des justifications à qui les payent. Le projet d’un troisième livre, rédigé avec l’un de mes anciens étudiants russes sur la « transition » en Russie ne se fit pas.

    A chacune de nos rencontres, il ne cessait de fulminer contre ce gouvernement et le président. Il fut nommé en 2011 au Conseil Général de la Banque de France, alors qu’il avait déjà largement exprimé ses doutes quant à la survie de la zone Euro, il devait franchir le pas au début de 2014 et expliquer pour quelles raisons il était désormais favorable à une dissolution de la zone Euro et à un retour aux monnaies nationales. J’avais vu ses positions s’infléchir avec le temps parce qu’il comprenait dans quelle impasse l’Euro était en train d’enfermer tant la France que l’Europe. Un livre lui rend hommage qui sort le mercredi 6 janvier 2016[1].

    Mais Bernard Maris ne fut pas la seule victime. De grands dessinateurs, mais aussi des personnes ordinaires, ont perdu la vie lors de ces attentats qui n’ont pas frappés que Charlie Hebdo. Il faut aussi rappeler la mémoire de Ahmed Merabet, 42 ans, enfant de l’immigration, policier de la brigade VTT du commissariat du XIème, assassiné par les tueurs qui ont frappé Charlie Hebdo. De même, on s’incline devant Franck Brinsolaro, policier du service de la protection de personnalités, qui avait en charge la protection de Charb de Charlie Hebdo ou encore leur collègue tuée de sang froid par Coulibaly.

    Ces attentats n’ont été que le début d’une série d’actes terroristes, dont les massacres du 13 novembre ont été comme un tragique point d’orgue. Et delà surgit une question : le gouvernement français a-t-il bien pris toute la mesure du drame de janvier 2015 ? Car, s’il est bon de s’émouvoir, de marcher et de protester, il est encore meilleur, et bien plus utile, de prévenir la répétition de tels actes. On ne peut qu’être rongé par cette question : tout a-t-il bien été fait pour tenter d’éviter la répétition de ces crimes ?

    Et c’est là que la commémoration produit une gêne certaine.

    A vouloir en rajouter sur le registre de l’émotion, n’a-t-on pas perdu en réflexion ? Il bien beau de produire des documentaires, d’organiser des concerts in memoriam, bref de faire ce qu’exige de nous une société du spectacle qui se repait des douleurs collectives.

    Mais il serait bien plus utile de répondre à certaines interrogations. Les mesures que le gouvernement s’est enfin résolu à prendre, comme la suspension des accords de Schengen, les contrôles et les sanctions contre les « prédicateurs de haine » n’ont-elles pas été trop tardives ? A trop vouloir commémorer, nous risquons de passer à côté de véritables questions. Et de toutes, c’est bien celle de la responsabilité du gouvernement entre janvier et novembre 2015 qu’il faut poser. Pourquoi a-t-on dit après l’attentat du Thalys que des portiques étaient impossibles à mettre en place dans les gares pour découvrir soudain en décembre qu’une telle mesure était parfaitement applicable ?

    Au-delà, la récupération politicienne des attentats de janvier 2015 par le gouvernement pose problème. On a dit tout le dégoût que la mise en scène de la marche de masse du 11 janvier 2015 pouvait inspirer et pourquoi, en dépit de dégoût, il fallait y participer quand même[2].

    En prenant la responsabilité de faire manifester les Français en compagnie de gens infréquentables, le gouvernement français a pris la responsabilité de salir un mouvement de masse.

    On dira que ceci n’est qu’un épiphénomène, et que les millions et millions qui ont marché dans toute la France représentaient bien plus que ces rangs de politiciens qui n’ont eu aucune honte à marcher sur des morts. Et l’on aura sans doute raison. L’ampleur du mouvement était telle que rien ne pouvait réellement l’atteindre. Et pourtant, cette récupération mesquine ne faisait qu’anticiper sur d’autres qui sont encore en cours. Parler ainsi d’un “génération Bataclan” est une profonde ignominie. La dignité est visiblement un mot inconnu des responsables de la cellule de communication de François Hollande.

    Ces événements terribles auront, pour la génération de 1968 et des années qui suivirent, marqués un tournant radical. Nous sommes définitivement sortis du temps de l’espérance et de la joie pour entrer dans une période sombre, même si ce tournant était manifeste depuis des années. Il nous faut en tirer les leçons.

    NOTES :

    [1] Collectif, Pour saluer Bernard Maris, éditions Flammarion, Paris, en librairie le 6 janvier

    [2] Sapir J. « A dimanche, hélas… », note publiée sur le carnet RussEurope le 10 janvier 2015, 

    http://russeurope.hypotheses.org/3259

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  • NON à l'interdiction de manisfester ! NON aux atteintes à la démocratie !

     

    Qui a piétiné les fleurs hier , place de la République ?

    Qui a piétiné les fleurs hier , place de la République ?

     

    Réchauffement climatique :  
    osons une autre pensée   politique !

     

    • La COP 21 : un nouvel échec programmé

    • La lutte contre les GES est insuffisante

    • L'aide aux pays les plus vulnérables n'est pas garantie

    • L'indignation citoyenne portée par la "Coalition climat 21" est

    • inopérante.

     

    IL FAUT :

     

    • Remettre en cause un système économique basé sur le profit
    • Remettre en question la mondialisation et le libre-échange.
    • Débattre d'un protectionnisme écologique et social.
    • Promouvoir la transition énergétique et agro-écologique.
    • Redéfinir le rôle de l’Etat pour être le garant de l’intérêt général.

     

        La question climatique est liée au système économique, à présent mondialisé, basé sur l'usage des énergies fossiles. La consommation sans limite de cette énergie a produit peu à peu une accumulation de CO2 dans l'atmosphère et créé un réchauffement climatique perceptible dès la fin du 19ème siècle, dont nous mesurons aujourd'hui l'ampleur et l’accélération. La société de marché productiviste a besoin de cette énergie pour fonctionner et il est illusoire d'imaginer que ce système soit en mesure de résoudre les problèmes qu'il génère lui-même. Résoudre la crise écologique et climatique appelle à d'autres politiques économiques et sociales. Celles-ci sont toujours absentes des grandes décisions internationales parce que le système économique néo-libéral actuel veut se maintenir et trouve cyniquement au sein des problèmes engendrés de nouvelles sources de profits dans ce que l'on appelle capitalisme vert ou économie verte. La 21ème Conférence sur le climat à Paris (COP 21) ne va pas déroger à la règle. Comme pour les précédentes conférences, c'est vers un nouvel échec programmé que nous nous dirigeons. Les deux enjeux de la question climatique sont connus : (i) réduire les émissions de gaz à effet de serre pour que le réchauffement de la Terre soit inférieur à 2°C, (ii) aider les pays les plus vulnérables en leur permettant d'avoir accès à des transferts de technologies et à une aide financière.
     
    La lutte contre les GES est insuffisante.      
    A présent, sans distinction entre pays développés, pays émergents et pays en développement, tous les pays doivent contribuer à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Les contributions volontaires des pays ne permettent pas de se placer sous la barre des 2°C, mais sur une trajectoire allant vers 3°C. L'échec de la COP 21 est consommé et rien n'est acquis dans la négociation à Paris pour revoir à la hausse les objectifs insuffisants des pays. Le transport aérien et le transport maritime qui commandent la mondialisation économique ne sont toujours pas concernés dans les objectifs de réduction des émissions. Et aussi extraordinaire que cela puisse paraître, les termes « énergie », « énergies fossiles », « énergies renouvelables » qui conditionnent les politiques de transition énergétique ne sont pas mentionnées dans le texte de négociation de la COP 21. En ignorant, comme par le passé, les énergies fossiles qui représentent au moins 80 % des émissions de CO2, la COP 21 n'entend pas toucher aux 700 milliards de dollars de subventions publiques directes au secteur concerné, comme s'il était possible de réduire les émissions de CO2 sans réduire ce qui les génère.
     
    L’aide aux pays les plus vulnérables n'est pas garantie.L'aide promise à Copenhague, six ans auparavant, de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 (Fonds vert) pour aider les pays les plus vulnérables n'est pas acquise. Rien n'est garanti pour que l'aide s'appuie sur de l'argent public et non sur des financements privés, c'est à dire des prêts bancaires, ce qui marquera une fois encore la domination des pays du Nord sur les pays du Sud. Quelles que soient les décisions prises, on ne sait toujours pas si l'accord sera contraignant ou non. Un accord indiquant que les pays « devraient » et non « devront » signifierait la ratification d'une coquille vide.
     
    L'indignation citoyenne portée par la « Coalition climat 21 » est inopérante.     
    La Conférence de Copenhague en fit déjà l'amère expérience; l'exceptionnelle mobilisation de la société civile n'a rien changé aux décisions prises, montrant les limites d'influence des ONG et des mouvements sociaux, leur impuissance face aux réalités des rapports de force internationaux. Mis à part les bons mots de nos responsables politiques, (« c'est le sommet de la dernière chance », « l'échec n'est pas une option, c'est un suicide », « c'est l'avenir de la planète qui se joue dans trois mois »), on reste confondu par le quasi-silence des partis politiques sur la question climatique. Il y a un fossé entre les politiques énergétiques mises en place et un scénario cohérent pour limiter l'élévation de la température mondiale de 2°C.
     
    Résoudre la crise écologique et climatique  Cela nécessite d'avoir une autre pensée politique qui n'hésite pas à remettre en cause un système économique financiarisé dont la seule finalité est l’accroissement des profits fondé sur l’accroissement de la production et de la consommation. L'avenir de la planète, des sociétés humaines ne peut être soumis à la seule comptabilité financière du monde. La surconsommation effrénée est un leurre qui engendre insatisfaction, violence et destruction des biens communs. Toutes les conséquences environnementales et sociales qui conduisent inéluctablement au désastre sont inhérentes au système. Changer de système signifie remettre en question la mondialisation capitaliste néo libérale, le libre-échange, débattre sur la mise en place d'un protectionnisme écologique et social, accorder une réelle importance à la transition agro-écologique qu’exige une politique agricole et alimentaire commune, envisager des politiques de solidarité avec les pays les plus vulnérables sur la base de taxations aux frontières, donner un statut juridique aux réfugiés climatiques.
     
    Oser une autre pensée politique nécessite des choix.Le premier d'entre eux est de sortir du carcan néolibéral de l'Union européenne (principe de concurrence, libre circulation des capitaux) et de promouvoir des coopérations entre les États. Le point clé est de redéfinir le rôle de l’État pour qu'il soit le garant de l'intérêt général, vecteur des investissements à long terme pour une réelle transition énergétique. Une telle direction nécessite de retrouver une souveraineté monétaire hors des contraintes de la zone euro (monnaie unique) et des traités européens (obligation d'emprunts sur les marchés financiers), et une souveraineté nationale et populaire garante de l'expression de la démocratie
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  • Quand l'état de droit devient un état terroriste

    Nous vivons désormais dans un état qui règne par la peur, un état qui est devenu terroriste au nom de la guerre contre le terrorisme.

    Perquisitions au petit matin, assignations à résidence avec perte de travail, invasion de la vie privée et de la vie militante : l'État et la police s'en donnent à coeur joie pour terroriser des contestataires du système néolibéral et des crimes contre le climat. Rajoutons l'interdiction de manifester - que même les américains n'auraient jamais osé mettre en place, pas si moutons que ça les amerloques quant à leurs droits - et on a l'impression de vivre en Russie… C'est vrai que Poutine s'est soudainement transformé en grand ami de la France ces derniers jours. Vive la "réalpolitik" qui n'est qu'une forme d'abandon de toute morale en politique.

    Quand un état veut régner par la peur à l'aide des médias "mainstream" hystériques et sensationnalistes, à l'aide d'une police qui a déjà beaucoup trop de droits vis à vis des citoyens, en renforçant les droits de cette police en violation de la déclaration des droits de l'homme et de tout ce qui définit une vraie démocratie (mais c'est vrai que cela fait longtemps qu'on est plus en démocratie - maintenant c'est encore pire) cela s'appelle du terrorisme. Oui régner par la peur et en abolissant les droits fondamentaux de tout citoyen c'est du terrorisme. Terrorisme d'État.

    Quand un état fait voter des lois dans la foulée de l'émotion, sans donner du temps de réflexion, sous une pression électorale envahie par les fascistes de l'extrême droite, et sous la pression de la peur, il devient terroriste.

    Céder à la peur, comme n'arrêtent pas de le dire des invités de Médiapart, que ça soit dans le Club ou dans les interviews du journal, comme n'arrêtent pas de le dire les commentateurs du journal, c'est laisser gagner les terroristes: les terroristes d'ailleurs et les terroristes au gouvernement. Nous ne devons pas céder à la peur et, surtout, nous ne devons pas nous comporter en moutons. Nous qui n'acceptons pas de vivre dans un état terroriste.

    Sortons braver les interdictions. Sortons paisiblement participer à toutes les actions prévues pour contourner créativement les nouvelles lois liberticides. Que chacun sorte à sa propre façon en prenant les risque qu'il ou elle est prêt à prendre. Mais sortons. Ne baissons pas les bras. Battons nous. Contestons.

    Et parlons à haute voix du terrorisme de notre état à travers le monde : par son marché de l'armement, par ses guerres nombreuses qui tuent aussi des civils innocents.

    Et puisque c'est l'état et non ses contestataires qui sont les vrais terroristes, menons des perquisitions dans ses bureaux pour mettre à jour aux yeux de tous son terrorisme souvent couvert par le secret de défense.

    Vivre dans un pays sûr, oui. Mais il ne sera jamais sûr avec des terroristes aux commandes incapables de voir la différence entre des hommes armés à la kalachnikov prêt à tirer aveuglément dans la foule et des contestataires paisibles du système néolibéral, et surtout les jeunes squatteurs qui militent pour le climat et pour une planète plus saine.

    Un pays sûr est un pays où on peut contester, manifester librement sans avoir à faire face à des bombes lacrymogènes, des perquisitions, des assignations à résidence.

    A bas l'État français terroriste, réveillez-vous les moutons et courage à tous ceux qui sortent et qui sortirons pour continuer d'exercer leurs droits démocratiques à la contestation.

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