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terrorisme - Page 4

  • Georges Corm : « Parler de “jihad” dans le cas des opérations terroristes est une aberration »

    Dans le contexte actuel où les attentats terroristes bouleversent la vie des peuples des deux côtés de la Méditerranée, les analyses de Georges Corm, historien libanais, sont une bouffée d'oxygène pour résister à la théorie du "choc des civilisations". Son dernier ouvrage, "Pensée et Politique dans le Monde Arabe", comble les lacunes de notre mémoire historique et constitue un puissant antidote au pessimisme ambiant. Dans cette interview accordée en exclusivité à Investig'Action, Georges Corm décortique également les motivations des départs de jeunes européens en Syrie, et dénonce l'hypocrisie de la gestion des réfugiés et les relations des pays occidentaux avec l'Arabie Saoudite.

     

    Aujourd’hui, l’islamisme est pointé du doigt comme l’idéologie à la base du terrorisme. Partagez vous ce constat ?

    Les actions terroristes n’ont pas d’idéologie, sinon un nihilisme mortifère. Elles se parent certes de slogans qui peuvent être de nature religieuse ou, autrefois marxiste, cela ne veut évidemment pas dire que la religion ou l’idéologie invoquée soient en cause. Il est très regrettable que dans le cas du terrorisme se réclamant de l’islam, le monde entier se soit mis à discuter du Coran et de la religion musulmane, en particulier depuis les attentats de septembre 2001. Tant que ce terrorisme se contentait de tuer d’autres musulmans, on se préoccupait peu de l’analyser et l’islam ne servait pas de clé d’explication des motivations supposées des groupements terroristes.

    C’est lorsque ceux-ci s’en prennent à des Européens ou des Américains, que les médias se déchaînent sur le thème du choc de civilisation cher à Samuel Huntington et de l’antagonisme supposé entre un Occident judéo-chrétien et un Orient arabo-musulman. Ce thème débilitant et hautement fantaisiste a fait des ravages dans l’intelligentsia occidentale et musulmane. Il a justifié et légitimé l’invasion de l’Afghanistan puis de l’Irak par des coalitions armées dirigées par les Etats-Unis, sous prétexte de lutter contre le terrorisme. Or la lutte contre le terrorisme a toujours été faite par des moyens de police classique et d’infiltration des groupes le pratiquant. On n’avait jamais vu jusque là déployer des armées à grand frais et envahir et occuper des pays sous prétexte de lutte contre le terrorisme. Ceci bien sûr ne pouvait manquer de provoquer des résistances armées multiples et fanatiser des jeunes en quête d’exaltation morbide.

    Quels pièges se cachent derrière l’usage tous azimuts de ce concept ?

    Il faut commencer par rappeler que les phénomènes terroristes qui adoptent des slogans...

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  • A propos de la caricature de Charlie sur la Belgique et Stromae

    La une de Charlie Hebdo se moque de la chanson de Stromae "Papoutai" (le père de Stromae a disparu durant le génocide au Rwanda en 1994). Il y a quelques mois, Charlie s'était déjà moqué du petit Aylan, décédé en Méditerranée. Qu'est-ce que la satire et où se trouve le courage dans la liberté d'expression ?

     

    Investig’Action republie ici un extrait du livre de Michel Collon "Je suis ou je ne suis pas Charlie ?"

    Critiquant Charlie pour avoir titré "Le Coran, c’est de la merde, ça n’arrête pas les balles" au lendemain du massacre de 800 Egyptiens au Caire, Michel Collon y définit la véritable satire :

    "Les pauvres n’ont pas besoin d’être attaqués. C’est eux qu’il faut faire sourire. C’est à eux qu’il faut donner des armes pour se défendre".

    Ce ne sont pas les minorités opprimées qu’il faut attaquer, ce sont les puissants.


    Fallait-il publier ces caricatures ?

    « Il fallait pas le faire. »

    Wolinski, un des dessinateurs assassinés

    Fallait-il publier ces caricatures danoises ? Oui, selon François Hollande qui voit dans Charlie « l’incarnation suprême de la liberté d’expression ». Non, selon Wolinski, un des dessinateurs assassinés.

    En novembre 2011, peu après l’incendie des locaux de Charlie, Wolinski avait confié à son ami Delfeil de Ton, un des fondateurs du journal : « Je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles qui avons pris un risque inutile. C’est tout. On se croit invulnérables. Pendant des années, des dizaines d’années même, on fait de la provocation et puis un jour la provocation se retourne contre nous. Il fallait pas le faire. »

    Delfeil de Ton avait claqué la porte du journal en 1992 lors du changement d’orientation politique (voir plus loin). Après l’attentat, il a reproché au directeur Charb d’avoir publié ces caricatures de Mahomet : « Quel besoin a-t-il eu d’entraîner l’équipe dans la surenchère ? » Evoquant un « gars épatant », mais « tête de lard », Delfeil reproche à Charb d’avoir mené sa rédaction à la mort : « Il fallait pas le faire, mais Charb l’a refait, un an plus tard, en septembre 2012. » Colère et émotion compréhensibles de la part de quelqu’un qui vient de perdre des amis très proches.

    Pas question pour nous de déplacer les responsabilités de cet acte criminel que rien ne saurait justifier. Mais pas question non plus de passer sous silence d’autres violences qui se sont également déchaînées dans la société française ces dernières années, des violences moins médiatisées contre des citoyens musulmans : l’orientation prise par Charlie a-t-elle sa part de responsabilité dans cet engrenage de violences ?

    Venant de l’extrême droite

    C’est au nom de « la liberté d’expression » que Charlie a publié les caricatures danoises. Mais qu’est-ce que la liberté ? Si quelqu’un jette une cigarette dans une forêt par grande sécheresse, il peut dire : « Je suis libre de le faire » mais nous pouvons aussi dire qu’il est irresponsable et égoïste. Peut-on publier un dessin sans se demander qui va en profiter ?

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  • Pourquoi nous avons perdu la bataille contre le terrorisme. Comment nous pouvons la gagner.

    Mardi 22 mars, deux attentats ont plongé Bruxelles dans l'effroi. Ces attaques surviennent quatre mois après l'onde de choc qui avait ébranlé Paris, quatorze mois après les drames de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher. L'année dernière déjà, nous insistions sur la nécessité de comprendre comment le quotidien de la Ville Lumières avait pu basculer en quelques heures dans les ténèbres. Cette plongée jusqu'aux racines du mal nous conduisait vers deux facteurs essentiels. D'une part, la politique guerrière menée au Moyen-Orient depuis plus d'un siècle. D'autre part, l'exclusion des jeunes issus des quartiers populaires. Quelles réponses le gouvernement français a-t-il apporté à ces problèmes ? Y aura-t-il un jour suffisamment de militaires dans les rues de Bruxelles pour nous protéger d'une nouvelle attaque ?

     



    Des silhouettes hagardes remontent le tunnel du métro, se frayant un chemin dans un nuage de fumée. Elles sont escortées par les halos blêmes des lampes murales qui font briller l’acier des rails et leur désignent la sortie. Une fillette pleure. C’est l’un des rares signes de vie de ce désolant tableau de nuit et de brouillard. Il rappelle par la douleur que la folie humaine traverse le temps pour prendre d’autres formes. Une bombe a explosé dans le métro bruxellois. Une fillette pleure. Une heure plus tôt, deux kamikazes sautaient dans le hall de départ de l’aéroport de Zaventem. D’habitude, les voyageurs filent avec empressement sur le sol brillant du terminal en direction des portes d’embarquement. Mardi, ils déambulaient le visage en sang au milieu des décombres. Mardi, Bruxelles s’est arrêtée de brusseller quelque temps. Bilan toujours provisoire : 31 morts et 300 blessés.

    « C’est une horreur », déclarait le président François Hollande quatre mois plus tôt. Vendredi 13 novembre, journée mondiale de la gentillesse, plusieurs attaques terroristes étaient menées simultanément en plein cœur de Paris. Le bilan est lourd là aussi. 129 morts et quelque 352 blessés. Le pire attentat jamais commis en France. Ces attaques sont survenues quelques mois après celles qui avaient décimé la rédaction de Charlie Hebdo et le magasin Hyper Cacher. À l’époque, la plupart des réactions s’étaient cantonnées au registre émotionnel. Il fallait au choix faire preuve de fermeté ou affirmer davantage nos valeurs occidentales face à l’obscurantisme. Certains n’hésitant pas à combiner étonnamment les deux en appelant à un Patriot Act français depuis des manifestations pour la liberté d’expression.

    Mais en 2015 déjà, les attentats ne pouvaient être ramenés à ces seules dimensions. Pour éviter que pareille tragédie se reproduise, il fallait pouvoir situer les attaques dans leur contexte politique, social et historique. Ce que nos gouvernements n’ont pas fait.

    La France est en guerre... depuis longtemps !

    « Vous ne pouvez pas nous attaquer et ne rien avoir en retour », avait déclaré Amedy Coulibaly, l’auteur de la tuerie du supermarché cacher.

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  • Attentats de Bruxelles : non, monsieur le premier ministre !

    par MICHEL COLLON

    Investigaction.net

     

    [Lors des derniers attentats], comme tant de Bruxellois, j’ai passé des heures à vérifier où se trouvaient mes proches. Qui, par malchance, aurait pu se trouver dans ce métro maudit, que j’emprunte moi aussi chaque fois que je me rends au bureau d’Investig’Action ? Qui, par malchance, aurait pu se trouver près du Starbucks de l’aéroport, où j’ai l’habitude de prendre un thé en attendant le vol ? Recherches d’autant plus angoissantes que le réseau était évidemment saturé. 

     

    Bref, comme tant de Bruxellois, j’ai vécu, un jour, ce que vivent depuis des années les Irakiens, les Libyens, les Syriens, et avant eux les Algériens. Pour être allé plusieurs fois sur des sites bombardés par les Occidentaux, je sais à quoi ressemblent ces morceaux de corps disloqués que plus jamais personne ne pourra embrasser. J’ai vu là-bas la douleur de ceux qu’on prive à tout jamais de leur mari, de leur femme, de leur enfant.

     

    Comme tant de Bruxellois, j’ai pleuré et j’avais envie de frapper les criminels qui s’en sont ainsi pris à tant d’innocents. Mais on ne naît pas criminel, on le devient. Et la question la plus importante est : comment en sont-ils arrivés là ? Nier à ce point la valeur de la vie de tant d’innocents ! Les faire souffrir et terroriser au lieu de se battre - avec ces innocents - contre l’injustice qui nous frappe tous ? Qui a intoxiqués ces jeunes, qui leur a montré l’exemple de la violence, qui les a plongés dans le désespoir et surtout qui les a armés ? Criminels, oui, mais ne sont-ils pas aussi victimes quelque part, même si ce terme peut choquer.

     

    Alors, quand j’ai entendu notre premier ministre Charles Michel déclarer en conférence de presse que les Belges avaient besoin de s’unir, et qu’il évitait soigneusement la question centrale  « Comment en est-on arrivé là, qui sont les responsables ? », alors je me suis mis en colère contre cet homme hypocrite qui nous propose simplement de continuer comme avant. Alors que la question des gens, c’est justement : « Comment éviter que ça recommence bientôt ? Quelle politique appliquer pour mettre fin à cet engrenage infernal ? »

     

    Vous croyez vraiment que la surveillance et la répression empêcheront de nouveaux attentats ? Certains, oui, mais pas tous, c’est impossible. Pour cela il faut changer de politique. Votre politique.

     

    Einstein disait « On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré ». En effet, on n’empêchera pas le terrorisme tant qu’on n’aura pas débattu sur ses causes profondes. Afin de mettre en place une vraie prévention.

     

    Monsieur le premier ministre Charles Michel, je ne vous remercie pas. Car vous avez refusé de poser les questions importantes : Les Saoud et le Qatar ont-ils financé les terroristes ? Oui, les rapports des services US le disent. Les Etats-Unis ont-ils créé Al-Qaida ? Oui, Hillary Clinton l’a reconnu. La CIA a-t-elle organisé un camp d’entraînement en Jordanie ? Oui, le célèbre journaliste US Hersh l’a prouvé. Fabius a-t-il encouragé le terrorisme en déclarant « Al-Qaida fait du bon boulot » ? Oui, regardez sa vidéo de Marrakech, décembre 2012.

     

    Et d’une façon générale, les Etats-Unis ont-ils utilisé le terrorisme dit islamiste depuis Ben Laden en Afghanistan en 79 jusqu’à la Syrie aujourd’hui, en passant par la Bosnie, le Kosovo, le Caucase, l’Algérie, l’Irak, la Libye et d’autres pays encore ? Ne faut-il pas créer d’urgence une commission d’enquête sur les liens USA – terrorisme et sur les dessous stratégiques de tous ces drames ? Vous et l’Europe, allez-vous continuer de suivre Washington comme un petit chien ? Vous vous félicitez comme un petit garçon quand Obama vous téléphone. Mais pourquoi ne dénoncez-vous pas son hypocrisie derrière ces guerres ? Monsieur Michel, quand je pense à toutes ces souffrances qui auraient pu être évitées, je ne vous remercie pas.

     

    Il est vrai que vous n’êtes pas le seul à pratiquer la langue de bois.

     

    Monsieur le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders, je ne vous remercie pas non plus. Vous avez déclaré hier que les terroristes s’en prennent à « notre mode de vie ». Exactement les paroles de George W. Bush le 11 septembre avant d’attaquer l’Irak et l’Afghanistan sous des prétextes mensongers. Monsieur Reynders, pourquoi n’avez-vous pas rappelé votre déclaration d’avril 2013 vantant « ces jeunes (à qui) on construira peut-être un monument comme héros d'une révolution »[1].

     

    Pourquoi quand je vous ai invité, en juin 2013, à participer à un débat « Jeunes en Syrie, comment les empêcher de partir ? », avez-vous refusé ? Cela ne vous préoccupait pas ? Vous trouviez que pour « changer le régime » comme vous dites, tous les moyens étaient bons, même le terrorisme ? Vous n’avez pas pensé qu’encouragés à commettre ces actes là-bas, certains reviendraient faire pareil ici ? Monsieur Reynders, je ne vous remercie pas.

     

    Madame Milquet, je ne vous remercie pas non plus. Vous étiez ministre de l’Intérieur à cette époque. Vous avez aussi refusé de participer à ce débat, malgré notre insistance, et en changeant sans cesse de prétexte ! Depuis, vous vous taisez. Gênée d’avoir fait la sourde oreille face aux cris de détresse des mamans angoissées de voir que leurs gosses – c’étaient vraiment des gosses de 16, 17, 18 ans – partaient là-bas vers l’enfer sans que la Belgique fasse rien pour les retenir ? Vous n’avez pas de remords en voyant la suite ? Madame Milquet, je ne vous remercie pas.

     

    N’est-il pas temps d’ouvrir un grand débat sur les conséquences de la politique internationale menée par la Belgique depuis des années ?

    1. L’Europe doit-elle continuer à suivre les Etats-Unis et leur politique qui met le Moyen-Orient à feu et à sang ?
    2. La Belgique doit-elle continuer à soutenir la violence d’Israël, en refusant de faire respecter le droit international et en traitant d’ « antisémites » les jeunes qui veulent soutenir les droits des Palestiniens ?
    3. La Belgique doit-elle continuer à se prosterner devant les pétro-dollars des Saud (volés aux peuples arabes au lieu d’utiliser l’argent du pétrole et du gaz pour combattre la pauvreté comme en Amérique latine) alors que tout le monde sait que ces mêmes Saud financent l’intoxication des jeunes esprits par une version empoisonnée et falsifiée de l’islam ?
    4. Comment justifier le refus du droit d’asile aux victimes de « nos » guerres en Irak, Syrie, Afghanistan ?
    5. Quand ouvrira-t-on enfin le dossier de l’intervention « humanitaire » en Libye, où l’Otan s’est allié à Al-Qaida pour renverser Kadhafi, en violant la Charte de l’ONU qui interdit ce genre de pratiques ? Avec la conséquence qu’on voit aujourd’hui : la Libye transformée en foyer du terrorisme international.

     

    N’est-il pas temps d’ouvrir en même temps un grand débat sur les conséquences de la politique sociale, ou plutôt antisociale, menée par les gouvernements belges depuis des années ?

     

    1. Pouvez-vous rogner sans cesse les budgets scolaires ? Fabriquant des écoles-parkings où les profs manquent de formation adéquate et de moyens pour faire face à tant de questions complexes sur le monde d’aujourd’hui ?
    2. Pouvez-vous rogner sans cesse les budgets des prisons et de la réinsertion ? Avec pour conséquence que de petits délinquants deviennent de grands délinquants irrécupérables ?
    3. Pouvez-vous rogner sans cesse les budgets des médias audiovisuels de service public ? Avec pour conséquence que les journalistes n’ont plus le temps d’approfondir les sujets (confidences reçues de l’intérieur de la RTBF) et sont condamnés au règne du copié-collé et du fast info ? Poussant ainsi les jeunes rendus méfiants vers les théories du complot, ou pire encore vers les prêcheurs fanatiques et les recruteurs sans scrupules ?
    4. Pouvez-vous continuer à faire des cadeaux aux banques et aux multinationales qui ne paient quasi plus d’impôts et reporter votre déficit notamment vers les communes, dont les responsables sont privés des moyens nécessaires pour aider les jeunes ? N’est-ce pas ainsi que vous produisez des communes du désespoir comme Molenbeek ? (Mais pas seulement, il y a aussi Vilvorde, Verviers, Anvers et n’oublions quand même pas que les « eurojihadistes » proviennent de nombreux pays européens)
    5. Faut-il alors être surpris que tant de jeunes soient tombés entre les griffes de recruteurs professionnels ? D’autant plus que lorsqu’on les signalait à la police, pas toujours, mais bien souvent parents et éducateurs s’entendaient répondre : « Mais qu’ils partent seulement en Syrie, ce qu’on ne veut pas, c’est qu’ils reviennent ici ! »
    6. Avez-vous vraiment le droit de vous dire surpris par les attentats de Paris et de Bruxelles alors que la sonnette d’alarme est tirée depuis des années et que vous tous avez refusé d’écouter les donneurs d’alerte ?

     

    Hier, chaque parent a tremblé pour ses enfants. Aujourd’hui, chacun s’interroge sur l’éducation qu’il faut leur donner face à ce monde de plus en plus violent. Allons-nous pouvoir leur offrir une vraie éducation et un avenir ? Demain, quelle ville sera frappée ? La montée de la haine et de la peur, ciblant les musulmans, fait le jeu de l’extrême droite. C’est ça que vous voulez ?

     

    Concluons. Les attentats, ce n’est pas une fatalité, c’est le résultat d’une politique. Menée à Washington. Puis à Londres et Paris. Bruxelles suivant servilement. Messieurs les dirigeants, vous êtes donc co-responsables. Avons-nous le droit d’en débattre – en « démocratie » - ou bien allez-vous encore user de pressions pour que les médias se taisent ?

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  • L’école et le discours sur le terrorisme

     

    L'actualité nous offre le désolant spectacle de guerres, de victimes d'attentats, de réfugiés livrés à tous les dangers et accusés d’être responsables de crimes plus ou moins graves. Quelle tâche devrait être celle de l’école et quel rôle veut lui faire jouer le pouvoir ? Quels discours traversent le monde de l'éducation ?

     



    Canaliser la pensée des élèves

    Les interrogations des élèves sur ces évènements récents sont nombreuses. Ils consultent les réseaux sociaux et sont au courant de l’actualité via des sources très variées. Dans les écoles où des cultures différentes coexistent, des sensibilités différentes à tous ces événements coexistent aussi. Certaines accueillent des primo-arrivants (réfugiés libyens, afghans, irakiens…).

    Les attentats de New York, de Paris, du musée juif de Bruxelles ont suscité une très forte indignation alors que ceux qui surviennent à Bagdad ou à Beyrouth, les nombreux civils victimes des bombardements US et les enfants tués à Gaza sont à peine évoqués. On organise des minutes de silence dans les écoles pour les victimes vivant sur notre sol. Jamais pour ceux d’Irak, de Syrie, du Yémen ou de Palestine. Cela renforce la frustration et le sentiment d’exclusion des jeunes issus de ces régions ou de ceux qui se sentent solidaires. On a envie de dire : “arrêtons les minutes de silence ou alors nous devrons nous taire à jamais : une vie française vaut une vie syrienne” .

    Les élèves se montrent concernés et connaissent d’ailleurs parfois beaucoup mieux ces événements que leurs professeurs : certains les ont vécu. Les enseignants ne sont pas préparés à aborder cette actualité de manière rationnelle de façon à ne pas la laisser sous l’emprise de l’affect.

    Le désarroi des professeurs est tel qu’ils finissent par ne voir dans les questionnements et critiques légitimes des élèves que thèses « complotistes » et radicalisme. La religion musulmane affichée devient synonyme de manque d’ouverture. Des jeunes se sont fait interpeller injustement par la police (contrôles au faciès ou déclarations sur FaceBook ayant servi de “piste”) et cette expérience ne les met certainement pas en confiance avec les adultes qui les encadrent. Une mère d’élève m’a confié avoir interdit à son fils de se déclarer critique vis-à-vis à Charlie Hebdo ou par rapport à la politique d’Israël.

    Il serait intéressant d’analyser avec les classes les véritables causes des guerres menées au Moyen-Orient, leurs enjeux géostratégiques et commerciaux, l’implication des milieux financiers et leurs rapports avec l’industrie des armes. Les jeunes sont tout à fait capables d’entendre et de comprendre ces analyses, ils sont demandeurs mais l’école n’offre rien de tel. Pour nos responsables politiques, il ne s’agit pas de donner aux jeunes une éducation qui leur permette de comprendre la situation mais plutôt de canaliser leurs opinions et leurs réactions afin qu’ils deviennent des citoyens (et des consommateurs) disciplinés qui voteront bientôt.

    Le lendemain des attentats du 13 novembre, lors d’un colloque “je suis ou je ne suis pas Charlie”, alors qu’on parlait du rôle des Etats Unis dans les guerres du Moyen-Orient, un professeur travaillant dans les Ardennes belges déclarait avec désolation qu’il lui était très difficile de critiquer la politique états-unienne. « Vous comprenez, pour les familles dont les anciens ont vécu la bataille des Ardennes en 1945, les Américains sont restés des libérateurs ». Même l’histoire est difficile à enseigner.

    A Bruxelles, certaines classes ont été conviées (obligées) à voir une représentation de la pièce « Djihad » de I. Saïdi. Outre qu’elle véhiculait des clichés (les djihadistes s’y radicalisent parce qu’ils vivent une déception amoureuse ou parce que leurs parents leur ont interdit de…) cette pièce, plutôt drôle, ne pouvait pas vraiment déboucher sur des débats sérieux. Elle ne contenait pas d’analyse politique ni de critique constructive. Ce n’ est d’ailleurs pas dans ce but qu’elle avait été créée. La décision d’envoyer les classes au théâtre semblait surtout dictée par le besoin qu’avaient nos dirigeants politiques de “faire quelque chose”. Il était facile de récupérer une pièce qui tombait au bon moment.

    Dénoncer la volonté de mener la guerre contre l’Irak, la Libye et la Syrie aurait constitué un message fort. Mais cela va à l’encontre de la politique de tous nos partis démocratiques (1) et ce n’est pas le message qu’on veut faire passer dans les écoles.

    Récemment, on a mis en place et on compte développer des cellules de spécialistes qui apporteraient leur soutien aux professeurs, éducateurs et familles. Une formation a été proposée à des enseignants bruxellois sur la montée du "radicalisme violent". Il s’agissait d’une analyse de ce qui peut amener des jeunes à partir en Syrie et d’une énumération de "cas" vécus.

    A nouveau, aucune analyse géopolitique des intérêts qui poussent les puissances à entrer en guerre. On axe le discours sur l’endoctrinement religieux, le processus d’enrôlement, la perte des repères, les problèmes des adolescents et des jeunes adultes. L’historique du djihadisme qui a été brossé par l’intervenant était tellement bref et imprécis qu’on se demande comment des Afghans, Syriens, Palestiniens qui connaissent le sujet peuvent y retrouver une part de vérité. Il contenait même des erreurs. S’il a bien été précisé que les amalgames entre religion, réfugiés et terrorisme étaient déplacés, le discours tenu était contradictoire : on y parlait justement un peu trop de religion. L’ islam et ses différents courants a été longuement expliqué. Les autres formes de radicalisme (montée de l’extrême droite, radicalisme économique, terrorisme d’état…) ne faisaient pas partie de l’exposé.

    Parallèlement à cela, les déclarations de la classe politique sont de plus en plus belliqueuses, les discours banalisent les discriminations. La peur est entretenue dans la population, les incidents mettant en cause les musulmans ou les réfugiés font les gros titres.

    Les mesures prises en matière de prévention consistent à diffuser une information sur l’islam, sur le djihad dans les écoles, les maisons de quartier, les associations et de décrire, afin de les détecter, les comportements qui mèneraient à la radicalisation. Dans le meilleur des cas, on met aussi en place un accompagnement des familles selon les parcours individuels.

    Pour traiter du terrorisme, il faudrait commencer par avoir une lecture de l’actualité qui se dégage du religieux. On éviterait ainsi les pièges des discours sur la violence des religions et de l’islam en particulier et sur l’importation des conflits du Moyen-Orient dans l’espace européen. C’est évidemment l’inverse qui s’est passé : l’invasion de l’Irak et les frappes de l’OTAN en Libye ont déclenché l’avalanche du terrorisme.

    Le devoir de mémoire

    Le devoir de mémoire est devenu un outil institutionnel. On le retrouve dans le décret mission qui fixe, en Belgique, les objectifs de l’enseignement : « L’ école sert à transmettre l’héritage culturel dans tous ses aspects, à la découverte des autres cultures, contribue à tisser le lien social. Elle doit sauvegarder la mémoire des événements qui aident à comprendre le passé et le présent dans la perspective d’un attachement personnel et collectif aux idéaux qui fondent la démocratie » (2).

    Il occupait une fois de plus les médias un an après les attentats à Charlie Hebdo. Pas d’analyses, pas d’histoire, pas de confrontation positive des différents points de vue, pas de nuances dans la pensée. Il faut se souvenir : nos valeurs sont les meilleures, les seules acceptables et elles ont été attaquées. Le discours moralisateur sur la liberté de penser a été repris par les autorités et les médias dominants en se gardant bien de donner la parole à ceux qui pensent que ce sont justement nos gouvernements actuels qui mettent le plus en péril notre liberté de nous exprimer !

    Et puis, cela ne ferait pas très joli de déclarer : « on se bat pour la suprématie au Moyen Orient, pour continuer à contrôler les cours des matières premières et à empêcher tout mouvement mettant en péril notre économie ». Le magazine Charlie Hebdo lui-même noie le poisson en titrant que « un an après, l’assassin court toujours ». Dieu étant l’assassin. Les religions servent encore ici, comme souvent dans l’histoire, à maquiller les vraies causes des massacres.

    La mémoire est très sélective.

    Que faire ?

    De même qu’on n’ apporte pas la démocratie à coup de bombardements, on n’ apprendra pas non plus la citoyenneté dans un manuel scolaire ou par des stages civiques (3). Il faudrait que les écoles soient réellement des lieux de démocratie, de culture, de réflexions philosophiques, de questionnements sur les enjeux de notre société, de possibles débats ouverts où tous doivent pouvoir s’exprimer et bénéficier de bienveillance et de respect. Il est impératif d’y valoriser la diversité plutôt que d’essayer de l’effacer et d’uniformiser la pensée.

    Le rôle des professeurs est de plus en plus compliqué. Ils enseignent leur matière, ils doivent éduquer, rester neutres et être soumis à leur pouvoir organisateur (4), se montrer vigilants par rapport à l’éventuelle radicalisation de leurs élèves et signaler les comportements « hors norme ». La peur des sanctions (5) risque d’ailleurs de les pousser à un excès de zèle. Les tâches administratives augmentent, les évaluations prennent de plus en plus de temps et le salaire n’est pas revalorisé. De manière plus générale, on ne re-finance pas l’enseignement mais on lui demande de plus en plus.

    La formation des professeurs n’a pas non plus été renforcée. On impose l’approche par compétence. La liberté de choix dans la manière de donner cours, de transmettre un savoir et d’évaluer les étudiants est devenue presque nulle. L’organisation des formations en cours de carrière est obligatoire mais rigide. On cherche à réaliser un enseignement plus productif ou « d’excellence » au service de l’économie. On veut sans doute aussi y ajouter un contrôle de la pensée afin d’y museler toute contestation.

    Les écoles sont devenues des lieux de compétition, d’évaluation et de tri et son but est que chacun trouve sa place sur le marché du travail.

    Ceux qui n’y trouvent pas leur place (plus de 25% de chômage à Bruxelles chez les moins de 25 ans) resteront des victimes potentielles pour les recruteurs.

    Notes :

    (1) en 2011, les partis politiques belges votaient pour la participation de la Belgique aux frappes de l’OTAN en Libye. Il s’agissait pourtant d’un gouvernement en affaires courantes.

    (2) Chapitre II article 9 du décret mission

    (3) La ville de Bruxelles compte mettre sur pied pour les élèves des stages civiques de « bénévolat » qui seraient obligatoires et évalués.

    (4) En Belgique, les pouvoirs organisateurs organisent l’enseignement sur le terrain. Il s’agit de la Fédération Wallonie-Bruxelles, les provinces, les communes, la Commission Communautaire française, ainsi que les pouvoirs organisateurs libres (religieux ou non).

    (5) Un directeur d’école a été suspendu pour n’avoir pas signalé assez tôt un changement de comportement chez Bilal Hadfi, un des kamikazes des attentats commis à Paris, élève de l’institut.

    Source : Investig’Action

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  • Terrorisme : quand la presse américaine faisait la promotion de Ben Laden et des islamistes

    www.initiative-communiste.fr

    A l’heure ou DAECH sème la terreur en Syrie, et perpètre ses attentats de Tunis à Paris en passant par Suruc et Ankara, il est indispensable de garder les yeux ouverts sur qui sont à l’origine de ce monstre : le capitalisme. Derrière Daech et le terrorisme islamiste, il y a l’oligarchie capitaliste, il y a les sombres guerres impérialistes de l’ à l’Irak, de la Yougoslavie à la Syrie, de la Tchétchénie au Yemen. Démontrant une fois de plus que le capitalisme porte ne lui le fascisme la misère et la guerre comme la nuée l’orage.

    Dans un article du 6 décembre 1993, écrit par Robert Fisk du [journal] The Independent sous le titre «Le guerrier anti-soviétique met son armée sur la route de la paix» est édifiant à considérer 20 ans plus tard. Si l’ ne repasse pas les plats, il arrive qu’elle bégaye. Et il est très instructif de voir ce que la presse « sérieuse » et « libre » servait comme propagande à l’époque.

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    > C’est que pour mener son combat contre l’URSS, le monde capitaliste n’a jamais cessé les pires coups tordus, appuyant partout et systématiquement les forces les plus sombres de l’humanité. Des talibans à Pinochet en passant par Soeharto.

    > Oussama ben Laden, fraîchement débarqué de la victoire des moudjahidine (appelés plus tard talibans) soutenus par les USA  contre l’URSS dès les années 1970, vient la victoire acquise en Afghanistan de ramener ses hommes, ses matériaux, et de l’argent vers le Soudan, apparemment pour commencer « des projets de travaux publics » comme voulait le faire croire le journaliste . On sait ce qu’il adviendra dès lors du Soudan et de la Somalie !

    > Lorsqu’on lui a demandé si c’étaient des camps d’entraînement de militants, l’ « entrepreneur d’Arabie » et futur leader d’Al-Qaïda dit à Fisk: « Je suis un ingénieur de la construction et un agronome. Si j’avais des camps d’entraînement ici, au Soudan, je ne pourrais pas faire ce travail. ».

    > La pièce est fascinante, parce qu’elle démontre qu’en Occident, la campagne anticommuniste  se traduisait aussi par une campagne pro-taliban. A l’époque, avant le 11 septembre 2001, les talibans et les islamistes d’Al-Quaida et autre moudjhahidines étaient figurés en héros par la presse occidentale, par les BHL et autre pseudo-intellectuels anticommunistes. Tous comme jusqu’il y a quelque jours et les dramatiques attentats du 13 novembre à Paris, le quai d’Orsay et ses relais médiatiques se vantaient des livraisons d’armes aux « rebelles » syriens et de leur succès contre l’État Syrien laic affichant leur choix entre Daech et El-Assad de faire tomber El-Assad.

    > Chacun doit ouvrir les yeux de chacun sur le bourrage de crane permanent actuellement à l’œuvre

    > Par exemple, comment ne pas voir que quelque chose cloche quand les mêmes journalistes de nos «  libres » mais en quasi totalité contrôlés par quelques milliardaires accusent la Syrie d’attaque aux armes chimiques contre les alliés occidentaux islamistes pour essayer de justifier une intervention contre l’état syrien laïque dans une grosse campagne en 2013, avant en 2015 de laconiquement révélé à la suite de dramatique attentats à Paris qu’en raison de la menace d’attentat à l’arme chimique par ces mêmes islamistes le gouvernement a pris un arrêté organisant la distribution de remèdes d’urgence ?

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    > SOurce: http://www.businessinsider.com/1993-independent-article-about-osama-bin-laden-2013-12

    Le guerrier anti-soviétique met son armée sur la route de la paix

    > Oussama ben Laden est assis dans sa robe à franges or des moudjahidin arabes fidèles qui ont combattu à ses côtés en Afghanistan montant la garde. Barbus, aux figures taciturnes – non armés, mais jamais à plus de quelques yards de l’homme qui les a recrutés, les a formés, puis les a envoyés détruire l’armée soviétique – ils regardaient sans sourire les villageois soudanais de Almatig alignés remercier l’homme d’affaires saoudien qui est sur le point d’achever l’autoroute reliant leurs maisons à Khartoum pour la première fois dans l’histoire.

    > Avec ses pommettes hautes, des yeux étroits et de longue robe brune, M. Ben Laden ressemble pour chaque pouce au guerrier de la montagne de la légende moudjahidin. Les enfants Chador dansaient en face de lui, les prédicateurs ont reconnu sa sagesse. «Nous avons attendu pour cette route à travers toutes les révolutions au Soudan » ditun cheikh. «Nous avons attendu jusqu’à ce que tous le monde renonce et puis Oussama Ben Laden est venu. »

    > En dehors du Soudan, M. Ben Laden n’est pas considéré avec une aussi haute estime. La presse égyptienne affirme qu’il a amenés des centaines d’anciens combattants arabes au Soudan depuis l’Afghanistan, tandis que les cercles des ambassades occidentales à Khartoum suggèrent que certains des «Afghans» dont cet entrepreneur Arabie a ramené par avion au Soudan sont maintenant occupé à entrainer pour de nouvelles guerres du jihad en Algérie , en Tunisie et  en Egypte. M. Ben Laden est bien conscient de cela. ‘Des ragots des les médias et des ambassades,’ il dit. «Je suis un ingénieur en construction et un agronome. Si j’avais des camps d’entraînement ici au Soudan, je ne pourrais pas faire ce travail. »

    > Et «ce travail » est certainement ambitieux: une autoroute flambant neuve s’étirant tout le long de Khartoum à Port Soudan, sur une distance de 1200 km (745 miles) par l’ancienne route, désormais réduite à 800 km par la nouvelle route Ben Laden qui transformera la route côtière depuis la capitale en un parcours d’un simple jour. Dans un pays qui est méprisé par l’Arabie Saoudite pour son soutien à Saddam Hussein lors de la guerre du Golfe presque autant qu’il est condamné par les Etats-Unis, M. Ben Laden a apporté le matériel de construction lourde qu’il a utilisé il y a seulement cinq ans pour construire la sentiers de guérilla de l’Afghanistan.

    > Il est un homme discret. Qui mène une maison à Khartoum et seulement un petit appartement dans sa ville natale de Djeddah, il est marié – avec quatre épouses – mais se méfie de la presse. Son entrevue avec The Independant était la première qu’il ait jamais donné à un journaliste occidental, et il a d’abord refusé de parler de l’Afghanistan, assis en silence sur une chaise à l’arrière d’une tente de fortune, se brossant les dents à la mode arabe avec un bâton en bois de miswak. Mais il raconte finalement qu’il a  fait une guerre qu’il a aidé à gagner avec les moudjahidins afghans: «Ce que j’ai vécu en deux ans là-bas, je n’aurais pas pu le vivre en centaine d’années d’ailleurs, dit-il.

    > Lorsque l’histoire du mouvement de la résistance afghane sera écrite, la contribution propre de M. Ben Laden aux moudjahidins – et le résultat indirect de ses formations et de son assistance – se révélera sans aucun doute être un tournant dans l’histoire récente de l’intégrisme militant; même si, aujourd’hui, il tente de minimiser son rôle. «Quand l’invasion de l’Afghanistan a commencé, j’étais furieux et j’y suis allé sur le champs – je suis arrivé quelques jours, avant la fin de 1979, dit-il. «Oui, je me suis battu, mais mes collègues musulmans ont fait beaucoup plus que moi Beaucoup d’entre eux sont morts et je suis encore en vie. »

    > En quelques mois, cependant, M. Ben Laden envoyait des combattants arabes – Egyptiens, des Algériens, des Libanais, des Koweïtiens, les Turcs et Tunisiens – en Afghanistan; ‘pas des centaines mais des milliers, dit-il. Il les a soutenus avec des armes et son matériel de construction. Avec son ingénieur irakien, Mohamed Saad – qui est en train de construire la route Port-Soudan – M. Ben Laden a creusé de monumentaux tunnels massifs dans les montagnes Zazi de la province de Bakhtiar pour les hôpitaux de la guérilla et des dépôts d’armes, puis tracé un sentier pour les moudjahidin à travers le pays à moins de 15 miles de Kaboul.

    > «Non, je ai jamais eu peur de la mort. En tant que musulmans, nous croyons que lorsque nous mourons, nous irons au ciel. Avant une bataille, Dieu nous envoie seqina, la tranquillité.

    > «Une fois j’étais à seulement 30 mètres des Russes et ils ont essayé de me capturer. J’étais sous les bombardements mais j’étais paisible dans mon cœur que je me suis endormi. Cette expérience a été écrit dans nos premiers livres. J’ai vu un obus de mortier de 120 mm tombé en face de moi, mais il n’a pas explosé. Quatre autres bombes ont été larguées d’un avion russe sur notre siège mais elles n’ont pas explosé. Nous avons battu l’Union soviétique. Les Russes ont fui ».

    > Mais qu’en est il des moudjahidin arabes qu’il a amené en Afghanistan – les membres d’une armée de guérilla qui ont également été encouragés et armés par les Etats-Unis – et qui ont été oubliés lorsque que la guerre a été finie? «Personnellement, ni moi ni mes frères  n’avons vu des preuves de l’aide américaine. Quand mes moudjahidin ont gagnés et les Russes ont été chassés, les querelles ont commencé (entre les mouvements de guérilla) Je suis donc retourné à la construction de routes à Taëf et Abha. J’ai ramené l’équipement que j’avais utilisé pour construire des tunnels et des routes pour les moudjahidins en Afghanistan. Oui, j’aiaidé certains de mes camarades de venir ici au Soudan après la guerre ».

    > Combien? Oussama Ben Laden secoue la tête. «Je ne veux pas le dire. Mais ils sont ici maintenant avec moi, ils travaillent ici, à la construction de cette route de Port-Soudan ». Je lui ai dit que les combattants musulmans de Bosnie dans la ville bosniaque de Travnik m’avait mentionné son nom. «Je ressens la même chose à propos de la Bosnie  » [ndt que pour l’afhganistan] dit-il. «Mais la situation n’offre pas les mêmes possibilités que l’Afghanistan. Un petit nombre de moudjahidin sont allés se battre en Bosnie-Herzégovine, mais les Croates ne permettront pas que les moudjahidines passent par la Croatie comme les Pakistanais ont permis avec l’Afghanistan ».

    > Ainsi M. Ben Laden réfléchit sur le djihad tandis que ses anciens camarades de combat regardaient.  Est ce que ce n’est pas peu excitant, pour eux, demandai-je, après avoir lutter contre les Russes de finir par la construction de routes au Soudan? «Ils aiment ce travail et moi aussi c’est un grand projet que nous réalisons pour les gens d’ici, ils aident les musulmans et améliorent leur vie.»

    > Son entreprise Ben Laden – à ne pas confondre avec la plus grande entreprise de construction géré par ses cousins - est payé en monnaie soudanaise qui est ensuite utilisée pour acheter le sésame et autres produits destinés à l’exportation; les bénéfices ne sont clairement pas la priorité de M. Ben Laden.

    > Comment se sentait-il à propos de l’Algérie, demandai-je? Mais un homme dans un costume vert se faisant appeler Mohamed Moussa – il a prétendu être nigérian bien qu’il était un agent de sécurité soudanais – me tape sur le bras. «Vous avez posé suffisamment de questions, dit-il. Et M. Ben Laden est parti inspecter sa nouvelle route.

    > R Fisk – The Independant 6 décembre 1993 – traduction JBC pour ww.initiative-communiste.fr

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  • Aux 441 députés lâches !

     

    Vous avez été 441 députés, membres de l’Assemblée nationale, élus du peuple, à ne pas participer au vote sur le projet de loi constitutionalisant l’état d’urgence et la déchéance de la nationalité.

    En vous défilant de la sorte, vous avez été lâches. Mais pire que cela, vous avez discrédité le mandat que le peuple vous a confié. Vous êtes la honte de la démocratie, la honte de la République, la honte de la France.

    Peu importe votre nom et le parti que vous représentez. Vous êtes la négation même de toute idée démocratique.

    Vous justifiez le rejet grandissant que vos comportements inspirent chez un nombre toujours plus nombreux de Françaises et de Français qui n’ont plus, pour exprimer le dégoût que justifient vos pratiques, que le choix de voter FN ou de s’abstenir.

    Je suis de ceux qui croient à la démocratie représentative, seule possible au niveau d’une grande Nation. Mais pour que la représentation remplisse son rôle, désormais, il faut qu’elle soit limitée dans le temps et que le mandat ne devienne pas une profession. Il faut que le mandat soit unique et qu’aucun cumul ne vienne ajouter un mandat à un autre mandat.  Il faut surtout que la représentation soit comptable devant ses mandants et qu’un référendum révocatoire puisse sanctionner les élus défaillants. Nous sommes loin du compte. Et pourtant, alors que la démocratie même est en danger, de telles dispositions s’imposent si on veut la sauver.

    En d’autres temps, 80 députés avaient eu le courage de refuser les pleins pouvoirs au liquidateur de la République. L’Histoire retiendra que vous êtes les liquidateurs de la confiance que le peuple pouvait encore avoir en vous.

    Partez ! Sinon, il faudra bien que nous vous chassions, députés indignes.

    Raoul Marc Jennar

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