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Monde - Page 23

  • L’histoire mal connue des exportations militaires israéliennes vers le Sud-Soudan

     

    par Idan Landau, Itai Mack (Investig'Action)

     

     

    Depuis l’indépendance du Sud-Soudan, les Israéliens n’ont pas cessé de lui vendre leurs armes, de la formation militaire, de la sécurité intérieure et de la technologie de surveillance. Le problème ? Tout cela est utilisé pour commettre de possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité.


    Nous savons aujourd’hui qu’Israël a vendu des armes au Rwanda dans les années 1990 alors qu’un génocide était perpétré dans tout le pays. Les détails concernant ces accords sont encore gardés secrets et une demande pour les rendre publiques est actuellement examinée par la Haute Court de Justice. Il semble qu’aucune leçon n’ait été apprise de cette affaire.

    Durant les derniers 18 mois, une sanglante guerre civile a fait rage dans un autre pays africain, au Sud du Soudan, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité documentés ont été commis. Les médias internationaux couvrent quotidiennement cette guerre. Les médias israéliens ont couvert cette guerre les quelques premiers mois mais depuis, sont restés silencieux, même si des atrocités sont encore perpétrées.

    Ce silence a probablement une bonne raison : des hauts responsables du gouvernement et de l’industrie sécuritaire vendent des armes, la formation militaire, la sécurité intérieure et la technologie de surveillance à des factions du Sud-Soudan. Toute publication concernant ces activités pourrait sérieusement les gêner.

    Depuis les années soixante, Israël se bat dans une guerre secrète dans le sud du Soudan en soutenant les rebelles qui luttent contre la tyrannie de Khartoum pour obtenir leur liberté. Ce soutien offert par Israël ne reflète nullement ses valeurs humanitaires ni une quelconque solidarité avec un combat juste et légitime pour la liberté, il s’agit plutôt d’intérêts stratégiques divers dans la région.

    En 2011, un référendum a eu lieu dans le sud du Soudan suite à une très forte pression de la communauté internationale. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent des résidents ont voté en faveur d’une séparation de Khartoum et c’est seulement à la date du 9 Juillet de la même année que le Sud-Soudan est devenu un pays indépendant.

    Israël a été parmi les premiers à reconnaître le nouvel État et en 2011 Salva Kiir Mayardit, le président du Sud-Soudan y a effectué une visite officielle. Pour les israéliens, un Sud-Soudan indépendant était une opportunité en or pour poursuivre leurs intérêts sécuritaires et économiques dans la région ; par conséquent, ils y ont effectué de lourds investissements dans les infrastructures civiles et militaires. Les relations entre les deux pays sont exceptionnelles, comparativement aux autres pays africains proches des israéliens, elles montrent des signes de parrainage.

    Cette relation spéciale est à comprendre également dans le contexte des luttes régionales pour le pouvoir. Le conflit local entre le Soudan et le Sud-Soudan est sponsorisé par l’Iran et Israël, respectivement. Comme l’Iran a renforcé ses liens avec les musulmans du Soudan, Israël en a fait de même avec les chrétiens du Sud-Soudan qui lui fournit également du pétrole.

    Il y a deux ans et demi, Israël aurait bombardé une usine d’armes iranienne à Khartoum ; une année auparavant, l’IDF a intercepté un bateau qui transportait des munitions du Soudan vers Gaza ; et il y a juste un mois, un drone israélien a été abattu au Soudan. Il est évident qu’Israël et l’Iran se font une guerre par procuration par le biais de leurs alliés africains.

    La question posée est de savoir si cette stratégie semi-impériale peut, d’une quelconque manière, justifier l’aide apportée aux forces du Sud-Soudan qui ont perpétré des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Aucun intérêt stratégique réel ou imaginaire ne pourrait exonérer Israël quant à sa responsabilité morale et légale pour empêcher la vente d’armes pouvant servir à de telles fins.

    La célébration de l’indépendance du Sud-Soudan s’est tristement transformée en une des pires tragédies de notre époque. Depuis mi-décembre 2013, une guerre civile fait rage dans le Sud du Soudan entre des ethnies et des groupes politiques opposés ; il s’agit de la continuation d’une guerre civile sanglante qui a conduit à l’indépendance du pays après 22 ans. Les derniers rapports mentionnent un nombre de 50000 personnes tuées, 2 millions déplacées et 2.5 millions qui risquent la famine à cause de la guerre.

    Les organisations humanitaires des droits de l’Homme et les Nations Unies estiment que 12000 enfants soldats combattent dans le Sud-Soudan. Toutes les parties impliquées dans les combats, et particulièrement le gouvernement et ses milices, sont aussi impliquées dans des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et de sévères violations des droits de l’Homme.

    Aucune des parties n’est en mesure de mettre fin à la guerre, et il n’y a aucune évidence de majorité ethnique dans le pays. La tribu des Dinka, qui contrôle actuellement le gouvernement représente seulement 35 % de la population. Quelques combattants de l’opposition sont d’anciens membres des forces de sécurité qui ont fait défection au parti adverse, ils utilisent leurs armes et s’entraînent militairement avec eux ce qui rend leur défaite par le gouvernement difficile.

    Pour ces raisons, le gouvernement a décidé une stratégie alternative : meurtres de masse, viols systématiques des autres groupes ethniques et violences contre les citoyens identifiés comme faisant partie de l’opposition. Tant que les armes continuent de circuler dans le pays, le gouvernement n’a aucun intérêt à trouver un compromis, et il continue de s’accrocher à l’espoir de vaincre ses ennemis sur le terrain.

    Cette situation a conduit les pays européens à déclarer un embargo sur les armes du Sud-Soudan et la suspension de l’aide militaire des USA. Il y eut également des tentatives d’embargo similaires par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies. Jusqu’à présent, ces tentatives ont été sans succès à cause des conflits et des disputes entre les membres du Conseil mais aussi à cause de la peur que les rebelles réussissent à vaincre les forces du gouvernement.

    Malgré les difficultés politiques pour trouver un accord sur une résolution d’embargo, la gravité de la situation dans le Sud-Soudan est évidente pour tous. Le 3 Mars de cette année, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2206 sponsorisée par les USA donnant aux deux parties un ultimatum concernant l’embargo sur les armes et autres sanction si le combat ne s’arrêtait pas.

    Malgré la réaction mondiale, la guerre secrète israélienne au Sud-Soudan continue selon les rapports et les informations fournis par les militants des droits de l’Homme qui étaient ou sont encore dans le Sud-Soudan. Depuis l’indépendance du pays, Israël n’a pas cessé d’envoyer ses armes, de former les forces du gouvernement et de fournir différentes expertises technologiques liées à la sécurité. Il existe également une collaboration entre les services secrets des deux pays, et des entités israéliennes ont établi un contrôle interne et un système de surveillance dans le Sud-Soudan qu’ils maintiennent toujours.

    L’implication israélienne actuelle dans le Sud-Soudan est exceptionnelle dans l’histoire de ses exportations militaires. Cela dépasse l’entendement. Israël se bat actuellement pour la viabilité d’un projet pour lequel, il a tellement investi et ce, depuis des année ; un projet dont l’échec pourrait porter atteinte à sa crédibilité aux yeux des autres dictateurs et régimes qui reçoivent son aide militaire.

    Une publication officielle du Ministère de la Défense datant de Novembre 2014 (presque un an après le début de la guerre civile dans le Sud-Soudan) vante les succès des exportations du Département de la défense lors de l’exposition sur la cyber-sécurité, visitée par 70 délégations provenant de plusieurs régions du monde, y compris le Sud-Soudan.

    Des témoignages signalent que les militaires du Sud-Soudan utilisent les fusils Galil ACE. Dix-huit mois avant le déclenchement de la guerre civile, un journal soudanais a rapporté que des roquettes et des équipements militaires étaient fournis par le biais d’un pont aérien reliant Israël au Sud-Soudan, allant jusqu’à permettre de ramener des mercenaires africains (après entraînement). Les provisions continuent de circuler. Une délégation sud-soudanaise visitera une exposition israélienne sur l’armement qui aura lieu la semaine prochaine à Tel Aviv.

    Réfléchissez-y une minute : un pays où des crimes contre l’humanité sont perpétrés en ce moment même, utilise des armes étrangères tout en étant sous embargo européen et étasunien et envoie des délégations pour une acquisition militaire vers Israël, lesquelles délégations sont accueillies les bras ouverts.

    Aussi bien la loi internationale que la morale fondamentale humaine interdisent la vente d’armes ou tout autre aide militaire pouvant servir dans des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Par le passé, à cause des conflits politiques liés à la Guerre Froide, la communauté internationale n’a pas pu remplir ses obligations, mais depuis les années 1990 les choses ont changé et on a vu la mise en place d’une loi décisive aux USA et en Europe, mais aussi dans les conventions et les institutions internationales telles que l’ONU et les tribunaux internationaux.

    Israël n’a aucun moyen tangible pour s’assurer que les armes vendues au Sud-Soudan ne sont pas utilisées pour massacrer des civiles ou menacer les femmes que violent les soldats ou les milices combattantes. De plus, il n’y a aucun moyen pour s’assurer que la technologie fournie n’est pas utilisée pour persécuter les citoyens pour leurs appartenances politiques ou ethniques – sans oublier l’aide aux horribles crimes de guerre et crimes contre l’humanité – à moins de stopper toute exportation sécuritaire et militaire à ce pays.

    Il est important d’expliquer que la loi internationale interdit également la vente des technologies et dispositifs qui ne « tirent pas » s’ils peuvent être utilisés pour commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

    Le 12 mars de cette année, Adv. Itai Mack a réalisé un entretien sur les exportations militaires vers le Sud-Soudan pour l’émission radio en hébreu « Selon les Médias Étrangers » diffusée sur la station de radio (47:50) « Tous Pour la Paix ». Mack a révélé plus de détails concernant l’implication d’Israël dans l’approvisionnement en armes et les formations militaires apportés aux forces du Sud-Soudan. A la suite de ces découvertes, Adv. Mack a fait appel au Ministère de la Défense pour stopper l’exportation militaire vers le Sud-Soudan. L’appel, sans surprise, a été rejeté.

    MK Tamar Zandberg (Meretz) essaie actuellement de rompre le silence en demandant que le Ministère de la Défense cesse immédiatement toutes les exportations militaires vers le Sud-Soudan. La demande a été accompagnée par une expertise préparée par Adv. Mack, elle détaille les aspects factuels et légaux de la question.

    Les Israéliens doivent se joindre à cette requête. Et ils doivent le faire de suite.

    * Idan Landau est un universitaire israélien de l’université Ben-Gurion. Cet article était publié à l’origine en hébreu sur le blog d’Idan « don’t Die a Fool » ( Ne meurs pas idiot). Il a été posté de nouveau avec l’autorisation de l’auteur.

    Traduit de l’anglais par Info-Palestine

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  • Obama envisage un conflit mondial (6/8)

    par Michel Collon

    Qu’Obama craigne un conflit avec la Chine ou la Russie, ne surprendra pas. Mais avec l’Europe aussi ? Cette amitié, « fondée sur des valeurs » nous dit-on, ne serait pas éternelle ?

     



    6. L’Europe suivra-elle les USA jusqu’en enfer ?

    Obama avertit les néocons opposés à l’accord nucléaire avec l’Iran : « Nos plus proches alliés en Europe (n’acceptent plus) les sanctions. Une guerre renforcerait l’Iran et isolerait les Etats-Unis »(1) Un haut diplomate à Washington confirme : « Si le Congrès US rejette l’accord, ce serait un cauchemar et une catastrophe. »(2) Bien sûr ! Immédiatement après l’accord les firmes allemandes se sont ruées à Téhéran pour signer des contrats bloqués par Washington depuis des années ! En fait, le principe «  Les grandes puissances n’ont pas de principes, seulement des intérêts » s’applique aussi aux alliances : une « amitié » éternelle peut vite se transformer en conflit aigu.
    Pour contrôler l’Eurasie, Brzezinzki proposait en 1997 de bien contrôler l’Europe : « Le problème central pour l’Amérique est de bâtir une Europe fondée sur les relations franco-allemandes, viable, liée aux Etats-Unis et qui élargisse le système international de coopération démocratique dont dépend l’exercice de l’hégémonie globale de l’Amérique. »(3)
    « Démocratique » signifiant « soumis aux USA », Brzezinski emploie l’UE pour empêcher une alliance Berlin - Moscou. La Russie étant un partenaire géographiquement « naturel  » des sociétés allemandes, la politique US sèmera donc la zizanie. L’Ukraine a servi à cela. Quand l’UE obtint à Kiev un accord entre toutes les parties pour des élections anticipées, Washington organisa le lendemain un coup d’Etat en s’appuyant sur des groupes néonazis ! L’envoyée spéciale US Nuland le résumant avec classe : « Fuck the EU ! » (Baisez l’UE !)

    Nouveau ? Non, dès 1997, Brzezinski annonçait : «  L’Europe doit être un tremplin pour poursuivre la percée de la démocratie en Eurasie. Entre 2005 et 2010, l’Ukraine doit être prête à des discussions sérieuses avec l’OTAN. » Brzezinski voulait centrer l’Europe sur un axe Paris – Berlin – Varsovie – Kiev. Contre Moscou. Il craignait que l’unification européenne échoue (on y vient ?), et que Berlin se tourne vers l’Est. « Les trois grands impératifs géostratégiques se résumeraient ainsi : éviter les collusions entre les vassaux (sic) et les maintenir dans l’état de dépendance (…), cultiver la docilité (sic) des sujets protégés ; empêcher les barbares (sic) de former des coalitions offensives ».(4)
    Stratégie dépassée ? Non. Récemment, l’influent analyste US Georges Friedmann, à qui on demandait « Daesh est-il une menace pour les Etats-Unis ?  », a répondu de façon ahurissante : «  Ce n’est pas une menace existentielle. On doit s’en occuper de manière convenable, mais nous avons d’autres intérêts en politique internationale. L’intérêt principal (…), c’est la relation entre Allemagne et Russie, car unis, ils pourraient nous menacer. Notre but principal est de nous assurer que cela n’arrivera jamais. »(5) Pour empêcher les multinationales européennes de se tourner vers la Nouvelle Route de la Soie proposée par Pékin, la clé est d’empêcher toute entente entre Berlin et Moscou. Et détourner l’UE de l’énergie russe. Bref, derrière les sourires officiels à la télé, les «  amis » occidentaux ne s’aiment pas du tout. L’espionnage NSA l’a confirmé : il n’y a pas d’amis dans le business.

    La relation USA – UE a deux aspects : unité et rivalité. Les multinationales européennes ont besoin du gendarme US pour intimider le tiers monde et en tenir la Chine à distance. Mais les multinationales US profitent de chaque guerre pour voler des parts de marché à leurs rivales européennes. Et Washington est très forte pour faire payer par ses « amis » des guerres qui servent ses intérêts au détriment des « amis ».
    En fait, derrière l’ennemi direct et déclaré, chaque guerre possède un second niveau de conflit. En 91, Bush attaque l’Irak aussi pour saper les contrats français et russes. En Yougoslavie, Clinton veut neutraliser la France et surtout empêcher la formation d’une Euro-armée. En Libye, Obama (avec Sarkozy) sape les contrats allemands et italiens signés avec Kadhafi. En Syrie, Obama (avec Hollande) travaille encore contre l’Allemagne. En Ukraine, idem. Et toutes ces guerres US créent des chaos qui rejaillissent sur l’Europe « amie » (crise migratoire, attentats terroristes, perte de partenaires économiques).

    A terme, l’Otan est pour l’Europe un suicide. Suivra-t-elle les USA jusqu’en enfer ? L’avenir du monde en dépend.

    POUR SUIVRE : « It’s the economy, stupid ! »

    1) www.washingtonpost.com/news/post-politics/wp/2015/08/05
    2) Politico,com 6 août 2015.
    3) Le Grand Echiquier, p. 103, 107, 108.
    4) Le Grand Echiquier, p. 68.
    5) Conférence au Chicago Council, 4 février, traduction Arrêt sur info, https://youtu.be/u1a0FD6iiek à 2’.

    Source : Investig’Action

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  • Obama envisage un conflit mondial (5/8)


    par Michel Collon


    « La Chine et la Russie ne vont certainement pas maintenir les sanctions (contre l’Iran) pendant encore dix ou quinze ans pour se plier aux diktats du Congrès (US). »(1) Obama estime dorénavant impossible d’agir sans tenir compte de Pékin et Moscou.



    5. Brzezinski voulait « diviser la Russie en trois »

    « La Chine et la Russie ne vont certainement pas maintenir les sanctions (contre l’Iran) pendant encore dix ou quinze ans pour se plier aux diktats du Congrès (US). »(11) Obama estime dorénavant impossible d’agir sans tenir compte de Pékin et Moscou. La mentalité des va-t-en guerre réclamant des frappes militaires, Obama la résume avec ironie : « Nous ne devrions pas nous soucier de ce que pense le reste du monde, car, une fois que nous agissons, chacun va s’aligner ». Eh non, dit-il, les temps ont changé, les Etats-Unis doivent s’adapter et jouer plus finement.
    Washington n’a pas toujours parlé ainsi. En 1997, son grand stratège Brzezinski pressait d’affaiblir Moscou au plus vite : « Si la Russie rompt avec l’Ouest et constitue une entité dynamique, capable d’initiatives propres ; si elle (…) forme une alliance avec la Chine, alors la position américaine en Europe sera terriblement affaiblie ».(12) Langage impérialiste clair : une Russie incapable d’initiatives propres serait une colonie. De fait, Brzezinzki voulait la diviser en trois : « Une Russie européenne, une république de Sibérie et une république extrême-orientale ».(13) Notre commentaire à l’époque : « Détacher l’Asie centrale et le Caucase de Moscou, c’est permettre aux multinationales US de contrôler à leur guise pétrole, gaz et minerais »(14) (hasard bien sûr, Brzezinski fut employé par une filiale de BP).

    En Russie, certains pensaient : « Maintenant que nous sommes passés au capitalisme, ils nous traiteront en amis ». Mais les grandes puissances n’ont pas d’amis, seulement des intérêts. Pour les USA, une Russie même capitaliste ne pouvait être un allié respecté, seulement une proie dans la guerre globale de recolonisation du monde déclenchée en 1991 (l’attaque contre l’Irak était un avertissement au monde entier).
    Washington appliqua donc avec énergie le Plan Brzezinski : 1. Infiltrer l’économie russe. 2. Contrôler sa politique. 3. Encercler et neutraliser son armée. Une vraie guerre non déclarée : infiltrations dans les compagnies russes, soutien aux sécessions terroristes du Caucase, changements de régime au Caucase et en Asie centrale, financement de 1.500 ONG anti-Kremlin, diabolisation médiatique de Poutine, multiplication des bases en l’Europe de l’Est (en dépit des promesses faites à la chute du Mur), «  bouclier anti-missiles » pour empêcher toute riposte russe à une attaque, coup d’Etat de la CIA en Ukraine notamment pour chasser la Flotte russe de la Mer Noire…

    Mais le Plan Brzezinski a échoué. Plaçant ses intérêts avant ceux des multinationales US, Moscou s’allia à Pékin pour créer en 2001 l’Organisation pour la Coopération de Shanghaï. Autres membres : les républiques d’Asie centrale riches en pétrole et gaz qui échappèrent ainsi aux convoitises et aux bases militaires US. Manœuvres militaires conjointes russo-chinoises dès 2005, coordination face aux mouvements terroristes manipulés par la CIA, Inde et Pakistan bientôt membres, Iran et Afghanistan « observateurs  » intéressés… L’Asie échappe à Washington. Le pôle Pékin – Moscou tant craint par Brzezinski et Kissinger s’est bientôt élargi aux BRICS (Brésil, Inde, Afrique du Sud) et représente enfin une alternative pour les pays plus petits du Sud, étranglés par l’Occident.
    Aujourd’hui, plus de doute : puisque les Etats-Unis refusent un monde multipolaire, multiplient les guerres, tentent de saper l’économie russe, l’intérêt de Moscou est évident : se détourner du dollar et s’allier au yuan, se détourner de Wall Street vers les Bourses de Hong Kong et Shanghaï, vendre le gaz non plus seulement en Europe mais aussi en Chine. Et fournir aux Chinois le système de défense aérienne S-400 et bientôt S-500 permettant de tenir tête aux menaces des missiles US.(15)

    Et l’Europe, sur ce Grand Echiquier ?

    POUR SUIVRE : L’Europe suivra-t-elle les USA jusqu’en enfer ? (la semaine prochaine)

    11 www.washingtonpost.com/news/post-politics/wp/2015/08/05
    12 Le Grand Echiquier, p. 61.
    13 Le Grand Echiquier, p. 258-259.
    14 Michel Collon, Monopoly, L’Otan à la conquête du monde, Bruxelles, 2000, p. 107.
    15 Pepe Escobar, Chine : la Route de la Soie vers la gloire, Asia Times, Le Grand Soir, 18 novembre 2014.

    source : Investig’Action

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  • Le Journal de l’Afrique numéro 13 : Jeux et enjeux démocratiques


    par Olivier Ndenkop et Carlos Siélenou

     

    Le 25 octobre prochain, les Ivoiriens retourneront aux urnes pour élire leur nouveau chef de l’Etat. Un scrutin aux enjeux énormes tant pour les acteurs intérieurs qu’extérieurs. En 2010 déjà, ces enjeux avaient malheureusement primé sur le jeu électoral et la légion étrangère a eu raison de la volonté des Ivoiriens. En effet, avec la bénédiction de l’ONU la France de Nicolas Sarkozy a renversé le président constitutionnel Laurent Gbagbo pour le remplacer par Alassane Dramane Ouattara (ADO). Pas moins de 3 000 personnes ont perdu la vie dans cette crise postélectorale. (Lire la suite...)

     

    Le Journal de l'Afrique n° 13 by Investigaction

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  • Obama envisage un conflit mondial (4/8)


    par Michel Collon

     

    Alarmiste ! Il n’est pas d’autre mot pour qualifier le discours du bientôt ex-président sur l’accord nucléaire avec l’Iran. Aux USA, certains secteurs veulent une guerre contre ce pays, alerte-t-il.

     



    4. Iran : Obama est-il devenu un ami ?

    Les sanctions économiques ont échoué à faire plier l’Iran, admet Obama. Reconnaissant que ce boycott punit la population : « Cinq cent milliards de dollars manquent pour payer salaires, pensions et infrastructures en ruines. » Mais « davantage de sanctions ne produiront pas le résultat souhaité ». « Ceux qui s’opposent à cet accord exigeront sans aucun doute du futur président (US), quel qu’il soit, de bombarder ces installations nucléaires ».1 « Ceux qui » ? Ce sont les mêmes qui plaidaient pour une guerre en Irak et Obama critique l’administration Bush : « Préférant la force militaire à la diplomatie, l’action US unilatérale au lieu de bâtir un consensus international, et exagérant les menaces à l’encontre des rapports de nos services de renseignements ». Il juge le bilan de Bush catastrophique : « Des milliers de vies ont été perdues, sans compter celles des Irakiens. Mille milliards de dollars ont été dépensés. Ironiquement, le plus grand bénéficiaire dans la région, c’est l’Iran. » Cette guerre a isolé les Etats-Unis, constate Obama, reconnaissant à sa manière le déclin de l’Empire US : « Si nous avons appris quelque chose des dix dernières années, c’est que les guerres en général, et au Moyen-Orient en particulier, sont tout sauf simples. »

    Obama serait-il devenu Peace and Love ? « Je n’ai pas reculé devant l’emploi de la force quand elle était nécessaire. J’ai envoyé des dizaines de milliers de jeunes Américains au combat ». Irak, Afghanistan, Pakistan, Libye, Syrie, Gaza (via Israël), Bahreïn et Yémen (via les Saoud) : pas vraiment un bilan pacifiste en effet. Obama serait-il devenu un ami de l’Iran ? Pas davantage. Son discours ressasse les habituels clichés : « antisémitisme », « soutien aux terroristes du Hezbollah », « volonté de détruire Israël ». Obama menace toujours : « Cet accord offre une meilleure base (…) pour intervenir, y compris – si nécessaire – des options militaires. Le budget de la Défense américaine dépasse 600 milliards de dollars. Celui de l’Iran est d’environ 15 milliards. Notre armée demeure notre garantie ultime. »

    Obama et les républicains sont d’accord sur le fond : les Etats-Unis ont le droit de dicter leurs volontés aux autres nations, y compris par la violence. La divergence porte seulement sur la stratégie. Obama se veut un « impérialiste intelligent ». En 2006, Bush dut remplacer son ministre de la Guerre Donald Rumsfeld par Robert Gates qui prononça un discours remarquable à l’Académie militaire de West Point : « Ne combattez pas à moins d’y être obligés. Ne combattez jamais seuls. Et ne combattez jamais longtemps. »2
    Conscient des moyens limités des Etats-Unis, Obama ajouterait volontiers : « Et ne combattez pas tous vos ennemis en même temps ». Depuis 2001, les Etats-Unis étaient de plus en plus agressifs à la fois contre l’Iran, la Russie et la Chine. Mais un événement décisif se produisit en 2011. Washington piégea Moscou et Pékin en prétendant vouloir seulement une no fly zone pour protéger les civils libyens, son vrai but étant de renverser Kadhafi. Une fois mais pas deux. Quand Obama, avec Hollande, voulut bombarder Damas (cette fois avec le médiamensonge des armes chimiques), la Chine et la Russie mirent leur veto. Il y eut même une aide militaire discrète. Un tournant historique comparable à la bataille de Stalingrad en 1943. Le monde a pu voir que les Etats-Unis ne peuvent plus agresser comme ils veulent. L’Empire est tout nu.

    Alors, Obama recule-t-il sur l’Iran, pour concentrer ses forces sur son objectif fondamental : affaiblir la Chine et la Russie ?

    Notes
    9) www.washingtonpost.com/news/post-politics/wp/2015/08/05
    10) Le Soir (Belgique) 23 avril 2008.

    POUR SUIVRE : « La Russie devrait être divisée en trois » (vendredi prochain)

    source : Investig’Action

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  • Obama envisage un conflit mondial (3/8)

     

    par Michel Collon

    Le 7 mai 99, l’US Air Force frappait l’ambassade chinoise à Belgrade, faisant trois morts. La Chine avait eu le tort de s’opposer à la guerre de l’Otan contre la Yougoslavie.

     

     

    3. Saboter la Chine et sa « Nouvelle Route de la Soie »

     

    Démontant les excuses bidon, nous écrivions alors : « Le bombardement était un avertissement. Washington veut à tout prix éviter une grande alliance entre la Chine, la Russie, voire l’Inde et d’autres puissances encore. » Responsable des bombardements, le président Clinton déclarait d’ailleurs : « Mon principal sujet de préoccupation, aujourd’hui, c’est la Chine ». Mais aujourd’hui, le cauchemar de Washington est en train de se réaliser et il porte un nom : Nouvelle Route de la Soie. L’ancienne route, composée de pistes reliant la Chine à la Turquie, fit la fortune de nombreux pays et marchands. La nouvelle bouleversera-t-elle les équilibres mondiaux ?

    L’économie chinoise possède trois caractéristiques :

    1. C’est la plus performante du monde depuis vingt ans. Très ironiquement, une « dictature communiste ne comprenant rien à l’économie » est actuellement la bouée de sauvetage d’un capitalisme mondial en crise mais toujours aussi arrogant.

    2. Pauvre en matières premières, elle dépend très fortement de ses importations. Elle consomme 75% du cuivre congolais, 70% du fer sud-africain, une grande partie du pétrole et du gaz du Moyen-Orient mais aussi de la Russie et des républiques ex-soviétiques d’Asie centrale, etc.

    3. Devenue « l’atelier du monde », elle exporte de nombreux biens de consommation.

    Les routes commerciales actuelles étant lentes et insuffisantes, Pékin a lancé un projet gigantesque : construire de gigantesques « corridors » la reliant aux autres continents. La route terrestre serait composée de trains à grande vitesse, d’autoroutes, de pipelines, de fibres optiques de télécommunication. Traversant l’Asie centrale, elle relierait Pékin à Moscou, mais pourrait être prolongée vers l’Iran (dès la levée des sanctions), la Turquie et… toute l’Europe en fait. Rotterdam, Anvers et Berlin seraient ainsi directement connectés à la Chine et aux économies asiatiques.

    Les routes maritimes relieraient la Chine à l’Afrique, à l’Europe et même à l’Amérique latine, ce qui développerait fortement les économies de toutes ces régions. Mais le transport maritime moderne nécessite des ports en eau profonde permettant le ravitaillement et le passage rapide des bateaux. A construire.

    Actuellement, Shanghaï – Rotterdam prend un mois par la mer, moins de trois semaines en train, deux semaines en camion. En améliorant les infrastructures et réduisant les arrêts aux douanes, la durée des transports terrestres serait réduite de moitié. Ecologiquement, multiplier les camions n’est pas très responsable, mais c’est un autre débat.

    En fait, Pékin propose aux pays du Sud de développer leurs économies en renforçant les échanges. Et aux pays du Nord de trouver des débouchés pour leurs usines tournant au ralenti. Bien sûr, les entreprises européennes - allemandes surtout - salivent de joie à la perspective de gigantesques contrats de construction. Pour financer tout cela, Pékin a créé deux grandes banques ouvertes aux investisseurs étrangers. La Nouvelle Route de la Soie concerne 65 pays, 4,4 milliards de gens et ces pays représentent actuellement 29% de la production mondiale, mais ce pourcentage pourrait doubler avec le nouveau projet.

    Les seuls à ne pas se réjouir, ce sont les Etats-Unis, exclus de cette nouvelle route commerciale. Jusqu’où ira le conflit Washington - Pékin ? Et quel rôle joue l’Iran sur cet échiquier ?

     

    POUR SUIVRE : Iran : Obama est-il devenu un ami ? (à paraitre mercredi prochain)

     

    Source : Investig’Action

     

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  • Obama et le conflit mondial, la semaine prochaine


    Michel Collon (Investig'Action)nous propose sa série

    "Obama envisage un conflit mondial"

    La semaine prochaine, retrouvez les épisodes sur notre blog lundi, mercredi et vendredi.

     

    À NE PAS MANQUER

     

     

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