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Monde - Page 24

  • Obama envisage un conflit mondial (2/8)

     

    Par Michel Collon

    Quelle était la clé pour que les Etats-Unis parviennent à se maintenir comme unique superpuissance globale ? Contrôler l’Eurasie est la seule solution, affirma le stratège US Brzezinski dans son ouvrage Le Grand Echiquier (1997).


    2. La clé : comment contrôler l’Eurasie ?

    « L’Eurasie (Europe + Asie) demeure l’échiquier sur lequel se déroule le combat pour la primauté globale. (…) La façon dont les Etats-Unis ‘gèrent’ l’Eurasie est d’une importance cruciale. Le plus grand continent à la surface du globe en est aussi l’axe géopolitique. Toute puissance qui le contrôle, contrôle par là même deux des trois régions les plus développées et les plus productives. 75% de la population mondiale, la plus grande partie des richesses physiques, sous forme d’entreprises ou de gisements de matières premières, quelque 60% du total mondial. »(1) « Toute puissance qui le contrôle » : au lieu de laisser les autres nations décider librement de leurs relations commerciales et de l’usage de leurs richesses, Washington considère que toutes ces richesses doivent être sous son contrôle. Logique proprement impérialiste.

    Démocrates ou républicains, les stratèges US savaient depuis longtemps que la bataille décisive allait se jouer en Asie. Il fallait donc tout mettre en œuvre pour diviser et isoler les puissances de ce continent. Et Brzezinski pointait Pékin comme danger principal : « La Chine pourrait être le pilier d’une alliance anti-hégémonique Chine – Russie – Iran » (2) De même, l’ancien ministre US des Affaires étrangères Henry Kissinger justifiait ainsi les bombardements contre l’Afghanistan en 2001 : « Il existe des tendances, soutenues par la Chine et le Japon, à créer une zone de libre échange en Asie. Un bloc asiatique hostile combinant les nations les plus peuplées du monde avec de grandes ressources et certains des pays industriels les plus importants serait incompatible avec l’intérêt national américain. Pour ces raisons, l’Amérique doit maintenir une présence en Asie… » (3) La vérité sort de la bouche des vieux ! Ayant terminé leur carrière, Brzezinski et Kissinger peuvent se permettre un langage brutal, au contraire des responsables actuellement en fonctions. Eux doivent donc enrober leurs stratégies d’un habillage diplomatique.

    Ce n’était donc pas une surprise de voir l’administration Obama déplacer le centre de gravité de sa politique internationale vers l’Asie, dans une tentative, assez désespérée, pour isoler et affaiblir la Chine. Le politologue Mohamed Hassan a expliqué un des terrains de cette confrontation : « La Chine a un besoin vital de ressources énergétiques. Donc Washington cherche à contrôler ces ressources pour empêcher qu’elles atteignent la Chine. » (4) Aujourd’hui, la bataille pour contrôler les routes de l’Océan indien et les routes terrestres du continent asiatique est décisive : Washington veut avoir la capacité de bloquer l’accès de la Chine au pétrole du Moyen-Orient, au gaz de l’Asie centrale, aux minerais et aux ressources agricoles de l’Afrique. L’Océan Indien est la clé. Mais aujourd’hui, en 2015, la perspective qui donnait des cauchemars aux stratèges US est en train de se réaliser, et même à grands pas. Avec un solide axe Pékin – Moscou – Téhéran, l’Asie formerait cette grande puissance économique d’un attrait irrésistible pour le Japon, l’Inde, et même l’Europe. Les Etats-Unis seraient exclus du principal foyer économique et commercial mondial.

    La Chine redeviendra-t-elle le centre du monde ? Ce serait le déclin définitif pour l’Empire US. Beaucoup dépendra de la construction de la « Nouvelle Route de la Soie ».

    POUR SUIVRE : Saboter la Chine et sa « Nouvelle Route de la Soie » (à paraître lundi prochain)

    Notes :

    1) - Le Grand Echiquier, p. 59-61.

    2) Le Grand Echiquier, p. 263

    3) Henry Kissinger , Does America need a Foreign Policy ?, New York 2001, p. 111-112.

    4) La Stratégie du chaos, Investig’Action, Bruxelles, 2011, p 246.

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  • Obama envisage un conflit mondial (1/8)

    Le feuilleton de la rentrée
    par Michel Collon

     

     

     

    « La diplomatie ou la guerre. Bientôt. » Obama alerte : certains aux USA veulent attaquer l’Iran. D’où risque de conflit mondial impliquant Russie, Chine et Europe. Ceci déstabiliserait le système financier occidental. Que fera le prochain président ?

     


     

    1. L’irrésistible déclin des USA

     

    « Un rejet par le Congrès de l’Accord avec l’Iran ne laisserait à l’administration US (…) qu’une seule option : une nouvelle guerre au Moyen-Orient. » « L’Iran est un pays quatre fois plus grand que l’Irak, et trois fois plus peuplé. » « Le choix auquel nous faisons face est finalement entre la diplomatie et une certaine forme de guerre. Peut-être pas demain, ni dans trois mois, mais bientôt. » « Le système financier US serait forcé de rompre avec la Chine, principal acheteur de notre Dette. » (1)

    Dans cette série d’articles, nous allons examiner les implications d’un étonnant discours d’Obama, prononcé le 5 août et curieusement passé sous silence par les médias alors qu’il met en garde contre de possibles catastrophes. Au Congrès, le 8 septembre, les républicains bloqueront l’accord avec l’Iran. Mais Obama peine même à rallier certains démocrates. L’élite des Etats-Unis apparaît très divisée sur la stratégie à adopter. Est-ce nouveau ?

    Pas du tout. Cette division est apparue vers 2000. Au départ, un constat commun aux démocrates et aux néoconservateurs : les Etats-Unis sont en déclin. Dans son livre sur la stratégie impériale des Etats-Unis The Grand Chessboard (2), probablement le plus influent des cinquante dernières années, Zbigniew Brzezinski, ancien responsable de la politique internationale sous Carter, se montrait pessimiste : « A long terme, la politique globale sera de moins en moins propice à la concentration d’un pouvoir hégémonique dans les mains d’un seul Etat. L’Amérique n’est donc pas seulement la première superpuissance globale, ce sera très probablement la dernière. » (p. 267) 

    La raison ? « Le pouvoir économique risque aussi de se disperser. Dans les prochaines années, aucun pays ne sera susceptible d’atteindre 30% environ du PIB mondial, chiffre que les Etats-Unis ont maintenu pendant la plus grande partie du 20ème siècle, sans parler de la barre des 50% qu’ils ont atteinte en 1945. Selon certaines estimations, l’Amérique (…) retomberait à 10-15% d’ici l’an 2020. » (p. 267-8) 

    Pour rester la seule superpuissance, Brzezinski proposait donc un « impérialisme intelligent » : diviser les puissances rivales et les empêcher de former un front commun.

    Très opposés aux stratégies de Brzezinski, les néocons guidant George W. Bush proposaient par contre une stratégie de guerre généralisée (qui utilisera le 11 septembre comme justification). Cependant, leur plate-forme du Project for a New American Century (PNAC), élaborée entre 1997 et 2000, n’était guère plus optimiste : « Actuellement, les Etats-Unis ne rencontrent aucun rival mondial. La grande stratégie de l’Amérique doit viser à préserver et étendre cette position avantageuse aussi longtemps que possible (...) Préserver cette situation stratégique désirable dans laquelle les Etats-Unis se trouvent maintenant exige des capacités militaires prédominantes au niveau mondial. ». (3)

    Analysant ces deux options à la veille de la présidence Obama, nous écrivions en 2008 : « De toute façon, cet Empire ne deviendra pas pacifique. Tôt ou tard, il relancera des guerres à la Bush. Parce qu’en fait, l’élite US pratique un cycle d’alternance entre les deux options... » (4)

    Huit ans plus tard, allons-nous assister à une nouvelle alternance ? Pour comprendre la situation, nous allons examiner les différentes pièces du puzzle : Chine, Iran, Russie, Europe…

    Notes :

     

    1) http://www.washingtonpost.com/news/...

    2) Le grand échiquier : L’Amérique et le reste du monde [« The Grand Chessboard : American Primacy and Its Geostrategic Imperatives »], Bayard,‎ 1997.

    3) Project for a New American Century (PNAC), Rebuilding America’s Defenses, septembre 2000. 

    4) http://www.michelcollon.info/Quelle...

    POUR SUIVRE : La clé : comment contrôler l’Eurasie ? (à paraitre vendredi)

    Source : Investig’Action

     

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  • "Obama envisage un conflit mondial" : dès demain sur notre blog

     

    "Obama envisage un conflit mondial"

    Le feuilleton de la rentrée

    Une série d'articles signés par Michel Collon

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  • social Vs média, La Gauche et l’Euro, Déstabilisation en Equateur...

    Le Grand Soir
    Journal Militant d'Information Alternative

    « Reprise économique » et réalités de classes… Chômage, désindustrialisation, baisse des salaires
    Georges GASTAUD
    Trop faible pour créer de l’emploi durable et stopper la courbe ascendante du chômage de masse et de longue durée, la « reprise » annoncée de l’économie française (autour d’1 % à 1,6) n’a pas de quoi susciter l’enthousiasme dans les quartiers populaires. Outre qu’elle relève encore davantage de l’effet d’annonce que d’une réalité tangible, ses facteurs économiques seraient avant tout liés : A la baisse conjoncturelle du prix du pétrole qui, tôt ou tard, remontera... surtout si « reprise » mondiale il y a, donc (...) Lire la suite »
    Elections en Amérique latine : droits sociaux Vs monopoles médiatiques (La Jornada)
    Emir SADER
    Les scénarios électoraux se répètent et se ressemblent beaucoup dans les pays d’Amérique latine qui ont franchi l’étape postcoloniale : aux candidatures des gouvernements en place s’opposent toujours des adversaires de droite. Les premières s’appuient sur des politiques sociales redistributives et prétendent améliorer les conditions de vie des masses, les seconde s’appuient sur les monopoles médiatiques privés et tentent de manipuler ces mêmes masses. Il n’y a pas de doute : les gouvernements vénézuélien, (...) Lire la suite »
    Dwaabala Mauris nous a quittés.
    legrandsoir
    Dwaabala Mauris avait publié 116 articles sur LGS et plus encore de commentaires sur des articles publiés. Grand connaisseur des théoriciens marxistes, cet érudit exigeant faisait partie de ceux qui tiraient LGS vers le haut. On se sentait plus intelligent à le lire. Il était de ces lecteurs qui font LGS, ceux grâce auxquels les administrateurs se sentent parfois (en s’en réjouissant in petto) de simples transmetteurs d’éléments de réflexions, de savoirs, d’intelligence, offerts à des milliers (...) Lire la suite »
    Le Monde Diplomatique, septembre 2015
    Bernard GENSANE
    Aucun doute pour Serge Halimi, la primaire du parti républicain sera celle des milliardaires : « En 2012, MM. Barack Obama et Willard Mitt Romney avaient consacré environ 1 milliard de dollars chacun au financement de leur campagne présidentielle. Plutôt que de verser son écot à un candidat, le milliardaire new-yorkais Donald Trump a décidé d’entrer lui-même dans l’arène : « Je gagne 400 millions de dollars par an, alors quelle différence cela fait-il pour moi ? » Un autre milliardaire, M. Ross Perot, (...) Lire la suite »
    Insupportable
    ARIS
    Insupportable. La photo de ce petit enfant mort est insupportable. Cet enfant c’est l’enfant de chacune et de chacun d’entre nous. Cette vie si jeune, pleine d’espoir et de potentialités a été fauchée par la mort. Disons avant toute chose la dimension indicible de ce qui nous saisi devant cet inexorable, glaciale et terrible photo de l’Humanité assassinée. L’émotion, l’indignation, la colère sont respectables face à cela. Et pourtant il faut aller au-delà. Il faut aller vers le pourquoi. Ce fameux (...) Lire la suite »
    Dans la zone euro, il n’y a pas de place pour la démocratie et pour une alternative de progrès social.
    La Gauche et l’Euro : où est le problème ?
    Jérôme ROOS
    Beaucoup plus que de regagner le pouvoir gouvernemental pour sortir de l’euro, le défi pour la gauche grecque est de construire le pouvoir social susceptible d’appuyer une rupture radicale. Maintenant qu’Alexis Tsipras a démissionné, que SYRIZA a éclaté et que le premier gouvernement de gauche radicale en Europe a été mis à genoux en moins de six mois, vient le temps de la réflexion. Quels enseignements pouvons-nous tirer des expériences de ces six derniers mois ? Et comment se présente la lutte (...) Lire la suite »
    Un Eldorado pour les migrants, c’est possible ?
    Mouâd SALHI
    Les réfugiés qui migrent vers l’Europe pour fuir la guerre, l’extrême pauvreté font la une des médias. Hommes politiques, éditorialistes, associations essayent de trouver une solution à cet afflux massif. Pour les uns, « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde », pour les autres, cette immigration est une aubaine face au vieillissement de la population. Jason Buzi, milliardaire américain, aurait trouvé LA solution miracle. Ce milliardaire ayant fait fortune dans l’immobilier veut trouver un (...) Lire la suite »
    Comprendre l’euro en 2015 par une interview de 2012
    Le bouleversement dans la représentations des possibles.
    Jacques Généreux
    Dans les quatorzes questions posées à Jacques Généreux, les quatre dernières traitent tout particulièrement de la question épineuse de l'Euro. Comme il se dit souvent tout et son contraire sur les positions de Jacques Généreux et du Parti de Gauche, le mieux pour bien éclaircir le sujet, c'est de lire la retranscription de cette partie de son interview. Cet article date de début 2012. La retrancription intégrale : http://www.miltha.lautre.net/2012/04/19/14-questions-a-j-genereux-retr... La (...) Lire la suite »
    Par décision du Conseil des ministres du 31 juillet : les militaires vont reprendre le Larzac.
    Gardarem lo Larzac
    Yann FIEVET
    Au fil de ses multiples renoncements à tenter d’infléchir le cours économique néolibéral de la société française, et tout au long des trahisons des idéaux de son camp supposé, François Hollande se paie les pires audaces. Nous y sommes désormais habitués et pourtant il parvient encore à nous surprendre après trois longues années d’un règne si soucieux de se couler paresseusement dans l’ère du temps. Le dernier avatar – mais probablement pas l’ultime – de cette mente dramatique décrépitude est intervenu au cœur (...) Lire la suite »
    Entretien avec João Pedro Stedile, membre du Mouvement des travailleurs ruraux sans terres (MST)
    « Au Brésil, les classes dominantes ont abandonné le pacte d’alliance passé avec Lula et Dilma » (Brasil de Fato)
    Brasil de Fato (BdF) : Quel regard portez-vous sur la scène politique brésilienne actuelle ? João Pedro Stedile (JPS) : Le Brésil se trouve dans une période historique très difficile et complexe. Les débats que nous avons menés au sein de nos assemblées de mouvements populaires nous ont conduit à observer que nous traversions trois crises majeures. La première est une crise économique. L’économie du pays est paralysée, elle connaît un manque de croissance dans le secteur de l’industrie, des signes de (...) Lire la suite »
    Le Grand Soir était présent au Remue-méninges du Parti de Gauche
    Médias contre médias.
    Maxime VIVAS
    Le dimanche 30 août 2015 de 9 h à 10h15, un des ateliers du Remue-méninges du Parti de gauche réunissait à l’Université Jean Jaurès de Toulouse, devant un public nombreux, Danielle Simonnet, responsable nationale du PG et ex-candidate à la mairie de Paris, Sara Serrano, représentante de la Tuerka (télé de Podemos) Frédéric Lemaire d’Acrimed et d’Attac et moi-même pour Le Grand Soir. Le thème était : Médias vs médias. Vous lirez ci-dessous un texte qui ne reproduit pas fidèlement ce que j’ai dit. En effet, (...) Lire la suite »
    La droite joue les cartes de la violence et de la déstabilisation médiatique par absence de projet politique...
    Le Venezuela lance la campagne des législatives
    Thierry DERONNE
    Ce village est un terrible résumé de ce que fut et de ce qu’est encore aujourd’hui, la Colombie d’Alvaro Uribe. Sauf qu’il se trouve du côté vénézuélien, à 300 mètres de la frontière et qu’il est ironiquement baptisé “La Invasión”. « Je fuyais les paramilitaires et je panique car ici je retrouve mes bourreaux » raconte un réfugié colombien. Avec ses caves secrètes pour cacher les victimes d’enlèvement, ses bordels où étaient violées des centaines de fillettes, “La Invasión” est aussi une des nombreuses bases de (...) Lire la suite »
    Peut-on imaginer le sort d´un groupe afro-étasunien qui aurait séquestré et torturé un policier états-unien ou retenu en otage 30 membres de la Garde Nationale ?
    Tentatives de déstabilisation en Equateur. Réflexion sur l´indigénisme occidental
    Romain MIGUS
    L´indien est–il bon par essence ? Précisons d’emblée que cette question est aussi absurde que raciste. Si les communautés amérindiennes d´Equateur, de Bolivie, du Brésil ou d´ailleurs étaient « bonnes par essence », cela supposerait que les gouvernements progressistes latino-américains admettent une hiérarchisation selon l´appartenance à un groupe ethnique. En effet, s’il y a de « bonnes » communautés au sein du patchwork national, c’est qu’il doit y en avoir des « mauvaises ». Heureusement, il n’en est (...) Lire la suite »
    Ce que disait la CGT lors de la création du Marché commun, l’ancêtre de l’UE
    Le 23 janvier 1957, l’Assemblée nationale, par 331 voix contre 210, émet un vote positif à l’établissement d’une "Communauté économique européenne" plus communément dénommée "Marché commun". Pour la CGT, aucune illusion à cette époque, "le Marché commun est un aspect de l’offensive internationale du Capital, l’alliance des pays de l’Europe capitaliste". Les élections législatives de janvier 1956 ont porté au pouvoir la SFIO, le PS d’hier. Guy Mollet, premier dirigeant national de ce parti devient président du (...) Lire la suite »
    Bernard Guetta, ou la « géopolitique » en Rafales
    FLOREAL
    « Pat Co », le grand Leader vénéré et bien-aimé d’Inter-Bobo-mais-pas-Coco, Miss Pascale Clark, l’anglomane de choc d’ « Alive » toujours flanquée de ses « kids », Bernard Guetta, le D.J. euro-formaté de la géopolitique de comptoir, ils sont tous de retour après deux mois de vacances* : et reconnaissons qu’ils n’auront pas été bien longs à nous faire regretter la grille estivale de France-Inter où, si le fond euro-béat, anti-coco, russophobe, atlantiste, néolibéral, n’a guère subi de variation saisonnière durant (...) Lire la suite »
    Inconséquences
    Jacques SAPIR
    Le débat qui s’est engagé au sujet de la possibilité, ou non, de constituer des « fronts » dans la lutte contre le système politique qui s’est constitué autour de l’Euro révèle les inconséquences d’un certain nombre d’intervenants. Ces inconséquences peuvent se situer au niveau de l’analyse, comme elles peuvent se situer au niveau de l’action politique. Ces inconséquences désarment ainsi les courants d’idées et les courants politiques, qui sont engagés dans le combat contre l’austérité et l’Euro. (...) Lire la suite »
    Invoquer le CNR est une tromperie : les ancêtres idéologiques du FN en étaient exclus
    La coupable attraction de Jacques Sapir pour le Front national
    Sébastien CRÉPEL
    Plus que ses arguments sur la sortie de l’euro, qui est un sujet de débat à gauche, c’est la complaisance de l’intellectuel envers le parti d’extrême droite et sa prétendue démocratisation qui choque, au travers de sa proposition d’un « front » incluant la formation de Marine Le Pen. Aux prises avec son père qui s’apprête à lui gâcher sa rentrée politique, Marine Le Pen a reçu un renfort inespéré. Un intellectuel respecté, réputé de gauche qui plus est, apporte sa caution à son entreprise de banalisation du (...) Lire la suite »
    Les lois Macron et Rebsamen sont à peine votées que la prochaine vague de régressions sociales se profile
    Thomas CLERGET
    Discrètement, le gouvernement prépare déjà une nouvelle offensive contre le droit du travail, dans la foulée des lois Macron et Rebsamen. Les milieux patronaux en rêvent depuis longtemps : que les règles de travail négociées dans l’entreprise, là où la pression sur les salariés est la plus forte, puissent s’imposer à la loi et aux conventions collectives. Ce rêve est-il sur le point de devenir réalité ? Pour plancher sur la question, le gouvernement vient de créer une commission, en partie composée d’ « (...) Lire la suite »
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  • Marée migratoire vers l’Europe, héritage culturel du Moyen-Orient, Hollande en VRP marchand d’armes.

    Le Grand Soir
    Journal Militant d'Information Alternative
     

    Cette semaine
    Cecilia ZAMUDIO
    En Colombie, l’oligarchie n’est pas favorable à un changement de modèle de développement, ni à une réforme agraire, ni au respect de la souveraineté alimentaire ; parce que c’est dans le modèle actuel qu’elle s’enrichit, sur le dos du peuple. La tronçonneuse et la diplomatie En Colombie, la terreur d’État vise à déplacer les populations et à les soumettre : elle continue en 2015. Lorsque nous parlons de Terreur d’État en Colombie, il s’agit de niveaux d’horreur qui impliquent que l’instrument paramilitaire (...) Lire la suite »
     
    Bernard CONTE
    Depuis plusieurs mois, l’actualité se focalise sur le flux, sans cesse croissant et renouvelé, de boat people affluant vers l’Europe du Sud. Les medias qualifient de « migrants », de « réfugiés » (1) ... les personnes composant ces flux. La différence entre les deux qualificatifs apparaît ténue car « un migrant est une personne qui effectue une migration qui est l’action de passer d’un pays à un autre » et « un réfugié est une personne qui a cherché refuge dans un pays étranger » (2) . Nous définirons la (...) Lire la suite »
     
    Tsipras a brandi un miroir où se reflète le visage effrayant du néolibéralisme brutal européen
    Sia Anagnostopoulou (Entretien avec 
Thomas Lemahieu, l'Humanité)
    Ministre déléguée aux Affaires européennes du gouvernement grec, élue Syriza de Patras, Sia Anagnostopoulou explique les raisons qui ont poussé le premier ministre Alexis Tsipras à remettre sa démission et à organiser des élections anticipées en septembre. Alexis Tsipras a annoncé sa démission jeudi dernier. De nouvelles élections devraient avoir lieu le 20 septembre. Qu’est-ce qui a poussé le premier ministre grec à prendre cette décision ? Sia Anagnostopoulou. Alexis Tsipras a mis en avant deux raisons (...) Lire la suite »
     
    Friedrich ENGELS
    Que l'on mesure la présomption de ceux qui, du sein de la vieille société de classes, prétendent, au cours de bouleversements sociaux inouïs, imposer à la société sans classes de l'avenir une morale éternelle, indépendante du temps et des transformations du réel ! A supposer même, - ce que nous ignorons jusqu'à présent, - qu'ils comprennent tout au moins dans ses lignes fondamentales la structure de cette société future. [M.D. d'après F.E.) ... Le bien et le mal. Cette opposition se (...) Lire la suite »
     
    Des dizaines de milliers d’oeuvres dont certaines inscrites au patrimoine mondial de l’humanité ont été détruites, endommagées ou pillées
    May MAKAREM
    Après les destructions systématiques des sites historiques de l’Irak et de la Syrie, le patrimoine culturel du Yémen est pris pour cible. À croire que les conflits armés au Moyen-Orient ne visent qu’un seul objectif : raser la mémoire plusieurs fois millénaire de cette partie du monde, pour ne garder qu’une terre témoin de sang et d’horreur. « Les pillages et les destructions des sites archéologiques ont atteint une échelle sans précédent. » Selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies basé sur (...) Lire la suite »
     
    Mohamed EL BACHIR
    « On ne règle pas un problème en utilisant le système qui l’a engendré. Ce n’est pas avec ceux qui ont créé les problèmes qu’il faut les résoudre. » A .Einstein L’accord sur le nucléaire iranien, signé le 14 juillet 2015 par l’Iran et le groupe 5+1, est-il susceptible de créer les conditions propices à la résolution politique des conflits qui déchirent le Moyen-Orient ? Certains experts en géopolitique répondent à cette question par l’affirmative en avançant le fait que, d’une part, l’endiguement économique (...) Lire la suite »
     
    François CHARLES
    Petit commerçant Après avoir refusé de les vendre au pays qui les lui avait commandé, Hollande n’a rien trouvé de mieux, au "hasard" de son invitation en Egypte, de proposer au maréchal Al Sissi et accessoirement à l’Arabie Saoudite, comme outils de pacification, les deux bateaux de guerre qu’il a donc désormais sur les bras. En effet, invité d’honneur à l’occasion de la rénovation-extension du canal de Suez, non content d’essayer de placer ses "invendus, François Hollande s’est également transformé en (...) Lire la suite »
     
    Cédric DURAND
    Cédric Durand est économiste à l'université Paris-13 et enseigne à l'EHESS. Membre des Economistes attérés et du comité de rédaction de Contretemps-web, il est l'auteur du livre "Le capital fictif" (Les Prairies ordinaires, 2014), et a coordonné l'ouvrage "En finir avec l'Europe" (La Fabrique, 2013). Dans un récent article, publié en anglais sur le site Jacobin, il montre que la crise en Grèce s'inscrit dans un mouvement de désintégration du projet européen. (...) Lire la suite »
     
    Julie Morel et Frédéric de Manassein
    Considérant la critique des médias comme centrale en politique, nous avons essayé d’y atteler ensemble art et pédagogie. Cela donne un article à jouer et à regarder pour solliciter nos imaginaires et exercer nos esprits critiques. Tentative d‘autodéfense intellectuelle face à la fabrique de l’opinion.Bonne lecture ! img.aligncenter text-align:center Premier exercice. Dans ce montage de trois extraits de journaux télévisés, substituez certains mots à d’autres pour changer le point de vue sur le (...) Lire la suite »
     
    Noam CHOMSKY
    J’ai réalisé une série d’interviews sur la thème de la race pour la revue The Stone. Je réalise cette huitième interview avec Noam Chomsky, linguiste, philosophe de la politique, et l’un des plus célèbres intellectuels au monde. Il a écrit de nombreux ouvrages, comme récemment, avec André Vltchek, « L’Occident terroriste – d’Hiroshima à la Guerre des drones ». George Yancy George Yancy : Lorsque je vois le titre de votre livre « L’Occident terroriste », me vient à l’esprit le fait que beaucoup de noirs aux (...) Lire la suite »
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  • L’assassinat de Mouammar Kadhafi était programmé par la France

     

    Les mails adressés à Hillary Clinton le révèlent

    www.initiative-communiste.fr

    par Ikram GHIOUA

    > La France de Sarkozy a bénéficié de la complicité d’un des proches de Kadhafi pour localiser la position de ce dernier et mettre fin à sa vie.

    > C’est au moment où elle s’est déclarée candidate à la prochaine élection présidentielle et au moment même où la France et les États-Unis ne font plus bon ménage depuis la découverte des opérations d’espionnage de la NSA à l’égard de trois présidents français dont Sarkozy, que des mails, semble-t-il appartenant à Hillary Clinton, « révèlent les dessous de l’intervention française en Libye », rapporte le site d’investigation français Mediapart. Pourquoi maintenant ?

    > A qui profite la médiatisation des courriels destinés à l’ancienne secrétaire d’État des États-Unis ? En tout cas on aborde « les intérêts économiques, le rôle controversé de Bernard-Henri Lévy (BHL), l’intervention des services secrets français et l’assassinat du dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi.

    > Décryptage des principaux enseignements : en apparence la France souhaitait protéger la population notamment à Benghazi, qu’on considère comme le coeur de la révolution contre Kadhafi, mais les enjeux étaient beaucoup plus importants que la survie d’une population qui ne signifie rien pour la France, ni pour ses alliés d’ailleurs, comme la Grande-Bretagne et les EU. Il est clair que les EU cherchaient à se faire blanchir de leur complicité dans ce qui s’est passé en Libye.

    > Un pays complètement détruit aujourd’hui sur tous les plans. Dans ces correspondances électroniques, l’ancien président français Nicolas Sarkozy « voulait redorer le blason et restaurer le prestige de l’armée française », rapporte le site Médiapart qui ajoute : « C’était une occasion pour réaffirmer la place de puissance militaire…et tirer des avantages économiques ». Quand on sait aussi que Kadhafi avait, semble-t-il, financé la campagne électorale de Sarkozy, cela devenait à l’évidence une raison pour l’ancien chef de la France de lui ôter la vie.

    > En même temps, « l’intervention militaire donnera ainsi des avantages économiques et des contrats pour les entreprises françaises ». C’est peut-être là tout l’intérêt de la France de Sarkozy qui a effectivement réussi grâce à une complicité d’un des proches de Kadhafi de localiser la position de ce dernier pour mettre fin à sa vie et jouir des richesses énergétiques d’un pays qui n’existe désormais que par le nom.

    > Le même site et dans ce contexte précis, souligne que la visite de certains grands patrons français de l’industrie pétrolière traduit parfaitement cette volonté de tirer un maximum de profits économiques.

    > Médiapart évoque aussi « ces chefs d’entreprises, réputés proches de Sarkozy, qui arrivaient en avion puis repartaient « discrètement » par route vers l’Égypte, escortés par des éléments paramilitaires de la Direction générale de la sécurité extérieure, (DGSE) ». Selon un courriel adressé à Hillary Clinton, le fameux CNT a été crée par la France qui nommera ses pions Mustapha Jalil et le général Abdelfattah Younès.
    La France prendra sur elle le financement du CNT, qu’elle dirigera de façon indirecte. Soutenu par Bernard-Henry Lévy, qu’on présente comme un philosophe et un grand militant des libertés, le CNT va suivre les conseils et les instructions de la France sans discussion, rapporte le site, en ajoutant que le sort du leader libyen était déjà scellé et que ce n’était qu’une question de temps.

    > Les Etats-Unis, par ces emails qu’on ne dévoile qu’aujourd’hui, deviennent complice dans l’exécution du colonel Mouammar Kadhafi. Il ne serait pas étonnant que dans la situation actuelle de la Libye, qui vit au rythme des violences, permettront à la France de mettre en marche la partition de la Libye. Là où Sarkozy a échoué, Hollande pourrait réussir.

    > Les EU ne bougeront pas le petit doigt, même s’ils détiennent beaucoup plus que ce qui a été « volontairement » dévoilé, pour des raisons d’influence.

    > Rien n’excuse le silence des EU qui a été partie prenante dans la destruction d’un pays et de son peuple et notamment l’assassinat d’un chef d’Etat.

     

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  • « La jeunesse africaine doit lutter contre le néocolonialisme intellectuel »


    par Aziz Salmone Fall, Olivier A. Ndenkop

     

     

     


    Coordonnateur de la campagne internationale Justice pour Thomas Sankara (CIJS), membre influent du Groupe de Recherche et d’Initiatives pour la libération de l’Afrique (GRILA), Aziz Salmone Fall est de tous les combats qui visent l’autonomisation du continent et l’amélioration des conditions de vie de ses habitants. Dans cette interview exclusive accordée au Journal de l’Afrique, l’auteur du film documentaire Africom go home fustige la présence des bases militaires étrangères en Afrique, donne des détails sur l’évolution du dossier Sankara au Burkina Faso, etc. Il invite les jeunes générations africaines à rester vigilantes et surtout à s’organiser pour être à l’avant-garde de la libération en cours.

     




    Aziz Fall

    Le Journal de l’Afrique (JDA) : Pouvez-vous faire une brève présentation du Groupe de Recherche et d’Initiatives pour la Libération de l’Afrique (GRILA) dont vous êtes le président ?

    Aziz S. Fall : Merci de votre invitation. Il n’y a jamais eu de président au GRILA durant ces 30 ans. Nous fonctionnons sans hiérarchie et transversalement par des collectifs. Je suis donc seulement un membre du collectif contre l’impunité où j’ai l’honneur de coordonner depuis 20 ans la Campagne Internationale justice pour Sankara, une équipe d’avocats et de militants. Le GRILA est un organisme autonome et sans but lucratif qui fonctionne grâce à la contribution matérielle et intellectuelle de ses sections composées de membres et de sympathisant-e-s. Dans sa vision d’un monde universaliste, il tente de contribuer à l’émergence et à la consolidation du développement autocentré en Afrique et à la solidarité internationale qu’il requiert. Concrètement, ce travail s’accomplit par la sensibilisation et par des actions sélectives dans des pays du centre, tout comme en Afrique. Le GRILA y soutient activement des forces démocratiques et progressistes qui luttent pour la destruction de toutes formes de racismes et d’ethnocentrismes ainsi que le respect des droits collectifs et de la personne ; le renversement des régimes alliés de l’ impérialisme ; des ruptures sélectives avec le système mondial capitaliste ;un équilibre des revenus villes-campagnes, l’autosuffisance alimentaire, et la satisfaction pour tous des biens essentiels ; l’émancipation des femmes, l’amélioration de leurs conditions de vie et le changement des mentalités masculines ; la participation populaire et civique, la démocratie populaire et la promotion de la jeunesse ; un développement autocentré et plus écologique ayant une gestion patriotique des fonds publics ; l’avènement d’Etats panafricains régionaux et ultimement une confédération panafricaine ; Les personnes intéressées peuvent visionner cette vidéo qui marquait notre quart de siècle, écouter nos émissions hebdomadaires Amandla ou visiter le site d’archives Addax.

    Malgré les actions engagées pour la libération de l’Afrique, le pillage de ses ressources continue en s’accélérant, la croissance économique ne profite qu’aux multinationales étrangères et à leurs relais locaux. L’Union Africaine se caractérise par un manque de vitalité et de vivacité. Les jeunes Africains meurent par centaines dans la Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe. L’Afrique est-elle maudite ?

    Je ne crois pas à l’existence d’une imprécation fut elle divine ou autre, ce genre d’image fait partie du problème. Il s’agit simplement de problèmes humains, que les humains peuvent résoudre.

    Pour l’Afrique, le « nouvel ordre mondial » ou la mondialisation n’est qu’un redéploiement sélectif du capitalisme de l’ère précédente. Il n’y permettra même pas l’émergence d’un « projet national bourgeois ». Quelques pays de ce continent au vil prix de la compradorisation, pourront s’ajuster aux exigences du système mondial. Les autres, en dépit de leur croissance, vivront à son crochet et y seront progressivement marginalisés ou mis en réserve. Dans tous les cas, il n’est pas possible de se développer significativement avec les maigres redevances que paient les firmes transnationales pour nos ressources, sans compter l’incurie et les formes de corruption locale. L’ordre ou le désordre mondial est impitoyable pour l’Afrique malgré ses slogans d’émergence et de futur reluisant. Plusieurs pans des formations sociales africaines seront marginalisés et condamnés à la mendicité et soumis au règne cupide de castes de prédateurs. Les autres formations sociales qui auront la possibilité d’être intégrées au marché mondial ne le seront qu’au prix de la compradorisation et de l’ajustement permanent aux conséquences, forcément de plus en plus cruelles, des exigences insatiables du grand capitalisme. C’est le sort que réserve actuellement le capitalisme à l’Afrique, c’est-à-dire la possibilité d’une vie décente à une infime minorité de privilégiés, la multitude des autres vivant aux crochets d’une économie informelle de produits en fin de vie et des rebuts et, pour le tiers restant, la survivance dans la misère. Le désordre mondial s’acharne à gérer l’insupportable. Le marché mondialisé permet la circulation des biens, des services et des marchandises à travers les frontières mais restreint la circulation humaine, toujours plus triée, avec la fuite de cerveaux et de bras corvéables. Les murs et les frontières des archipels de prospérité de par le monde, y compris en Afrique, s’érigeront toujours plus haut et les hordes de jeunes aux horizons bloqués s’évertueront à les franchir. Malheureusement, la plupart des pays africains, malgré l’échec des 3 dernières décennies, s’évertuent à poursuivre une hypothétique sortie de crise orchestrée par les institutions financières et les voraces transnationales du grand capital. La lutte effrénée des élites pour l’appropriation des moyens d’enrichissement, de pouvoir et de violence ravage le continent. La dépolitisation entretenue de pans entiers de la société par des diversions culturelles et sportives et la fragmentation des pans politisés empêchent aussi une riposte collective organisée. Bien que les aspirations populaires qui contestent cette voie dominante ne disposent pas de l’espace politique pour être concrétisées, des forces progressistes s’organisent pour qu’elles y parviennent. Il faut plus d’engagements politiques, élargir la marge d’action de l’Etat, recouvrer les espaces de souveraineté et sauvegarder le bien commun. Bref, la démocratie et les stratégies progressistes devraient être orientées dans le sens du développement autocentré et populaire.

    Vous avez réalisé un film sur le quadrillage militaire de l’Afrique par les USA avec pour titre « AFRICOM go home ». Quel est le message que vous vouliez passer à travers le film ? Avez-vous l’impression qu’il a été bien reçu par le public ?

    Le film s’interpose contre la présence de toutes les bases étrangères, pas seulement les installations américaines. Il peut être vu gratuitement sur le web en français, en anglais, et en allemand

    C’est un document de contre-propagande et de sensibilisation, aux fins non commerciales, et d’usage d’archive et de consultation. Ce document vidéo est une interprétation personnelle de l’enjeu géopolitique africain et mondial. Il n’engage que moi et nullement la responsabilité du GRILA et de ses membres. Le film s’adresse aux dirigeants africains, aux panafricains, aux internationalistes et à la jeunesse africaine préoccupés de la condition de l’Afrique dans le système monde. Il compare la vision des pères progressistes du panafricanisme à celle des tenants de la domination et leurs alliés locaux. L’objectif de ce document est une contribution subjective au suivi de la déclaration AFRICOM go home, produite en une dizaine de langues, signée par une cinquantaine de personnalités et d’organisations africaines et allemandes qui s’opposent à la présence de l’AFRICOM en Allemagne comme en Afrique. Les versions multilingues de la déclaration sont sur www.grila.org

    Ce document audiovisuel est articulé sur des images du WEB dont les auteurs ne portent aucune responsabilité dans le traitement du film. Le document audiovisuel est bâti sur les enjeux fondamentaux suivants : le suivi de la déclaration Africom Go home et le bien-fondé de cette déclaration ; l’histoire et l’évolution de la présence militaire impérialiste et néocoloniale en Afrique sur les 50 ans ; l’avènement de l’AFRICOM, son décryptage et celui des rivalités et visées impérialistes sur le continent, mais aussi leur surveillance réciproque et leurs contradictions dans la lutte contre le terrorisme. La dénonciation de l’extension rampante et faussement humanitaire de l’AFRICOM en Afrique et sa position en Allemagne ainsi que dans toute une série de bases. Les contradictions des Africains et leurs organisations pour se défendre contre les conflits liés au pillage des ressources et l’accès au territoire. La nécessité de la résistance panafricaine et internationaliste et la repolitisation démocratique de notre jeunesse

    Dans le film, vous indiquez qu’une nouvelle recolonisation de l’Afrique est en cours. Comment se manifeste-telle ?

    Les puissances impérialistes sont préoccupées de la coopération internationale proactive que fournissent les Chinois, les Indiens et autres pays émergents tout aussi insatiables en ressources. Incapables de poursuivre la chimère de la coopération internationale, qui de toute façon n’a jamais rempli les exigences du 0,7% de leur PIB, les pays de l’OTAN dans une hystérie guerrière ont, depuis la période de la guerre froide et de la lutte en Afghanistan, instrumentalisé l’Islamisme et ses variantes, tout comme ils ont su, durant la lutte contre l’apartheid, soutenir Pretoria et ses sbires et donner au monde l’impression du contraire. Bref, pour tempérer leur déclin économique et coopter les bourgeoisies des pays émergents dans leur sillage, il y a une surenchère terroriste qui leur permet de justifier leur parrainage de tous les pays qui ne peuvent se défendre contre le péril terroriste. Ils sont les premiers responsables de la boite de Pandore terroriste qui désormais rhizome dans des terres fertiles du sous-développement et de la frustration ou le ressentiment antioccidental, et les agendas contradictoires s’épanchent. La conditionnalité sécuritaire est donc venue se greffer à la conditionnalité politique des ajustements économiques, dite gouvernance. Les élites africaines mystifiées et apeurées de nos États, qui ont été dessaisies de leurs attributs de souveraineté par les ajustements, cautionnent cette mise en tutelle et repoussent, parfois à contrecœur, les gestes fermes d’autodéfense et de souveraineté panafricaine. Il y a donc désormais une constellation de bases où les intérêts de la Françafrique côtoient les dispositifs de l’OTAN, de l’AFRICOM, des réseaux d’intelligence de logistique et de cooptation totale de nos armées et de nos leaderships politiques. Avec la dépendance technologique et la servitude volontaire de pans entiers dépolitisés ou désinformés de nos tirailleurs modernes, j’ai le sentiment que nous sommes moins préparés à résister à ce phénomène complexe que nous ne l’avions été pour résister contre la colonisation du vingtième siècle.

    Devant le Congrès étasunien en mars 2014 le général Rodriguez, commandant d’AFRICOM a révélé que cette composante de l’armée US a mené en Afrique 55 opérations, 10 exercices et 481 « activités de coopération dans le domaine sécuritaire », votre commentaire ?

    Je crois que les ténors de l’AFRICOM, en recherche permanente de financement, commencent à reconnaître ouvertement ce qu’ils dissimulaient depuis longtemps. Ils se comportent en terrain conquis. Nous avons révélé tout cela dans le film avant que le commandant ne le divulgue à l’opinion publique. En Allemagne, nous avons réussi à convaincre des députés de soulever la violation de la constitution allemande par les exactions de l’AFRICOM. Nous avons expliqué que ce pays ne pouvait pas, après Berlin en 1885 et maintenant Stuttgart, recoloniser l’Afrique. Nous continuons de dire qu’il faut fermer la base de l’AFRICOM à Stuttgart ainsi que toutes les bases et facilités des États-Unis et de l’OTAN sur le continent. L’Union africaine doit faire courageusement volte-face et non rester sous tutelle. Tout cela est relaté dans le film qui vieillit bien et reste d’actualité. Les Africains américains qui aiment l’Afrique, l’Afrique consciente et panafricaine doivent se réveiller avant qu’il ne soit trop tard. C’est David contre Goliath, et il nous faut beaucoup plus de David.

    En enferment Laurent Gbagbo à la Haye, en assassinant Mouammar Kadhafi, l’Occident n’est-il pas en train de passer un message fort à d’autres dirigeants qui seraient tentés de s’opposer à ses intérêts en Afrique ?

    Je ne raisonne pas en terme d’Occident. Il y a un système monde à dominante capitaliste où l’essentiel de nos propres élites collaborent. Il y a un système multilatéral désuet, où perdurent l’impunité et la justice à deux vitesses, où il a des droits et peu de devoirs. Les forces qui sont au-dessus des lois qui ont comploté contre Gbagbo et Khadafi sont connues et arrivent d’ailleurs à leurs fins sans avoir à recourir à ces instances. Nous montrons aussi cela dans le film. L’Afrique a le record de martyrs tombés pour sauvegarder la souveraineté de son peuple. La lutte continue et de nouvelles générations apprennent qui est Sankara, Fanon, Cabral, Ben Barka ou Chris Hani et poursuivent la résistance.

    Kadhafi était un grand contributeur de l’UA et payait d’ailleurs la part des Etats défaillants. Son assassinat n’a-t-il pas brisé le rêve du panafricanisme qu’il incarnait et paralysé l’UA ?

     

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