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Monde - Page 22

  • Volkswagen et Tapie, Oliver Stone : les USA sont une menace, liberté d’expression et criminalisation du Net

    Le Grand Soir
    Journal Militant d'Information Alternative
     
    Cette semaine
    Philippe ARNAUD
    Je reviens sur deux informations qui ont fait la une des journaux ces derniers jours, mais qui sont des informations "en creux", c’est-à-dire remarquables par ce qu’elles n’ont pas dit, par ce qu’elles ont tu, par ce qu’elles ont caché, ignoré ou voulu ignorer : 1. Le scandale Volkswagen, où la firme allemande a avoué avoir installé, sur ses véhicules, un programme informatique qui trafiquait les tests anti-pollution. Ce dont il a été question, dans tous les médias, c’est de la responsabilité des (...) Lire la suite »
     
    Bernard CASSEN
    L’élection, le 12 septembre dernier, de Jeremy Corbyn à la tête du Parti travailliste britannique a secoué toute la social-démocratie européenne, tant pour la façon de faire de la politique que dans la définition de son contenu. En préalable, pour disposer d’une vision globale du paysage politique d’outre-Manche, il faut rappeler une caractéristique du système électoral en vigueur : le scrutin uninominal majoritaire à un tour – est élu député le candidat qui a obtenu le plus de voix, même si elles ne (...) Lire la suite »
     
    Maïté PINERO
    « Cuba modèle de résistance » tel était le thème du débat qui a eu lieu le 12 septembre à la fête de l’Humanité sur le stand de Cuba Linda. Viktor Dedaj, qui l’animait, a souligné le fait que Cuba nous soutient plus que nous ne la soutenons. Remy Herrera, économiste, a détaillé les changements économiques auxquels l’île procède et le défi qu’ils représentent. Lydia Samarbakhsh, responsable du département international du PCF, a annoncé que les deux partis ont décidé d’approfondir leurs échanges et relations. (...) Lire la suite »
     
    Franco Vielma
    Ce qui se passe au Venezuela ne peut être réduit à une définition. Il y a une “crise” dans le pays mais il y a beaucoup plus que cela. Il y a un processus de changement politique parce que le fait social a acquis un dynamisme inédit. Notre économie est l’espace de cette “crise” : le vieux se dénude comme une structure face à de nouvelles formes d’organisation économique qui se fraient un chemin contre toute inertie. Depuis seize ans la droite vénézuélienne parle de « crise » comprise comme la destruction (...) Lire la suite »
     
    Loi renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme.
    Jean-Claude PAYE
    La France représente à présent, avec l’Espagne, le point le plus avancé de l’offensive des gouvernements européens continentaux contre les libertés. L’introduction, dans le code pénal, de la notion de ’glorification du terrorisme’ lui permet d’accéder au même degré de déni du droit que son voisin espagnol. En peu de temps, la France a quasiment rejoint le niveau liberticide de la Grande Bretagne dans sa capacité légale de criminaliser toute parole d’opposition. Il ne lui reste plus qu’à introduire le délit (...) Lire la suite »
     
    Quand l’opinion publique française, chauffée à blanc, hostile à « l’invasion », exhalait sa xénophobie contre les « migrants » espagnols.
    Jean ORTIZ
    Des dizaines de milliers de descendants de Républicains espagnols, fils, filles, petits-fils (filles) du premier exode massif du 20 siècle, vivent avec douleur l’attitude de « la France officielle », macronisée, dans la « crise des migrants »... que nous sommes tous. Cette France des classes dominantes, prêtes à tout, et d’abord aux « réponses sécuritaires », pour conserver pouvoir, privilèges, hégémonie, est celle des féodaux, des Versaillais, des émigrés de Coblentz, de la Cagoule, des Maîtres des Forges, (...) Lire la suite »
     
    Comment l’armée d’Israël fait taire les journalistes
    Jacques-Marie BOURGET
    Vous lirez ci-dessous deux informations qui révèlent comment l’armée israélienne ne se contente pas de tuer des femmes et des enfants, mais aussi tente de museler la presse pour que perdure la légende de « l’armée plus morale du monde ». 1- On peut frapper, chef ? Deux journalistes de l’AFP, dûment identifiés au préalable, ont été chassés, poursuivis, fouillés, insultés, mis en joue par des soldats israéliens aux abords du village de Beit Furik, près de Naplouse, en Cisjordanie occupée, où ils voulaient (...) Lire la suite »
     
    L’histoire du pays arabe le plus riche du monde en guerre contre le pays arabe le plus pauvre du monde.
    Bahar KIMYONGUR
    Avions larguant des bombes sur des civils, population exsangue, assiégée et affamée, enfants déchiquetés, routes, ponts, écoles, hôpitaux, zones résidentielles, cimetières, aéroports détruits, patrimoine archéologique dévasté. Non, cette fois, ce n’est pas de la Syrie qu’il s’agit mais d’une nation oubliée, le Yémen. Depuis le 25 mars dernier, le Yémen est agressé et envahi par l’Arabie saoudite, ce pays ami qui nous livre du pétrole et qui achète nos armes. D’après l’ONU, en moins de 200 jours de guerre, le (...) Lire la suite »
     
    Robert PARRY
    Le chaos des réfugiés qui se développe en Europe, aujourd’hui – médiatisé par les photos poignantes du petit Aylan Kurdi dont le corps a échoué sur une plage de Turquie – est né des ambitions démesurées des néocons américains (conservateurs américains) et leurs acolytes les libéraux interventionnistes qui ont décidé de transformer le Moyen Orient et d’autres parties du monde par la stratégie du « changement de régime ». Au lieu des mirifiques promesses de « promotion de la démocratie » et de « droits de (...) Lire la suite »
     
    Edouard Limonov
    Le processus est en route, le processus d’auto-destruction de l’Occident L’Écrivain et homme politique Edouard Limonov explique en quoi la migration actuelle vers l’Europe et ses conséquences ressemblent au 11 septembre. Après le 11 Septembre 2001, le monde a changé pour le pire. Nous avons clairement constaté son changement dans les aéroports. Le contrôle des passagers, ressemblant comme deux gouttes aux fouilles pénitentiaires, est devenu routinier. Vous en avez sûrement tous fait l’expérience et (...) Lire la suite »
     
    Middle East Eye
    Oliver Stone : les États-Unis « ne sont pas menacés. Nous sommes la menace » Alors qu’il lance une nouvelle série documentaire offrant un point de vue critique sur les actions étasuniennes outremer, le réalisateur explique à MEE (Middle East Eye) qu’il n’a pas toujours vu les choses de cette manière. NATIONS UNIES – Les controverses étasuniennes sont le fort d’Oliver Stone. Le réalisateur hollywoodien a braqué ses caméras sur l’assassinat de John F. Kennedy, la guerre du Vietnam et les attentats du 11 (...) Lire la suite »
     
    A semer des monstres, on finit par récolter l’horreur. Nous y sommes !
    Jean ORTIZ
    Le capitalisme fabrique des monstres (hier Ben Laden, aujourd’hui Daech), qui lui servent ensuite à étendre sa domination, à s’accaparer les richesses mondiales, à dicter son « ordre » (devenu chaotique), à diviser et exploiter les peuples jusqu’à la dernière goutte de sang et de sueur, à prôner « l’union sacrée »... Ces Janus sans vergogne nous jouent aujourd’hui la rengaine de la compassion, de la pitié, après avoir eux-mêmes provoqué l’effondrement de l’Etat en Afghanistan, en Syrie, en Irak, en Lybie, et (...) Lire la suite »
     

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  • "La France envisage l'arrêt des négociations", révèle Matthias Feki

    Voilà plus de deux ans que l’Union européenne et les États-Unis ont entamé des négociations en vue de conclure un accord de partenariat transatlantique sur le commerce et l’investissement (Transatlantic Free Trade Agreement, ou Tafta). S’il aboutissait, ce serait l’un des traités de libre-échange les plus importants jamais conclus, puisqu’il porterait sur la moitié du PIB mondial et le tiers des échanges commerciaux. C’est dire l’enjeu de ces négociations, dont un nouveau cycle doit s’ouvrir à la mi-octobre. Mais celles-ci achoppent, face à l’intransigeance américaine, et la France s’impatiente.

    Pour la première fois, un membre du gouvernement tape du poing sur la table et brandit la menace d’une rupture. Secrétaire d’État au Commerce extérieur, l’élu lot-et-garonnais Matthias Fekl est évidemment en service commandé pour accorder cet entretien exclusif à " Sud Ouest ".
    S’il le fait, c’est en accord avec François Hollande, Manuel Valls et Laurent Fabius. C’est aussi avant de rencontrer aujourd’hui à Berlin le vice-chancelier allemand et ministre de l’Économie, Sigmar Gabriel.
    Autant dire que Paris fait monter la pression.

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  • Obama envisage un conflit mondial (8/8)


    par Michel Collon

    Empire en déclin, les Etats-Unis se préparent-ils à un grand conflit mondial ? L’élite US semble divisée. Et que peuvent faire les citoyens du monde ?

     



    8. Que fera le prochain président des USA ?

    C’est la pagaille à Washington ! Netanyahou invité à défier Obama en plein Congrès. Obama dénonçant les républicains va-t-en-guerre. Kissinger critiquant la Maison-Blanche pour son imprudence envers la Russie («  Quand on entend que des escadrons musulmans se battent sous le drapeau ukrainien, on a perdu le sens des proportions »(22)). Bref, l’élite US est profondément divisée : gérer habilement le déclin de l’Empire ou tenter la grande aventure militaire ? Cette division n’est pas nouvelle. En 2008, nous écrivions : « Après l’échec de Bush, l’élite apparaît assez divisée. La première option possible est militariste : multiplier les guerres, gonfler au maximum les commandes militaires, intimider aussi les alliés et les rivaux. » « L’autre option, défendue par Brzezinski : des formes de violence moins directes, moins visibles. En comptant davantage sur les services secrets, les manœuvres de déstabilisation, les guerres par pays interposés, et sur la corruption aussi.  »(23)

    Pour la première option, nous exposions le plan effrayant concocté par cinq hauts responsables militaires occidentaux (dont John Shalikashvili ex-chef de l’état-major US et commandant en chef de l’Otan en Europe). Ce plan prévoyait « un directorat réunissant les Etats Unis, l’UE et l’OTAN, coordonnant toutes les opérations dans la sphère atlantique ». Un super - gouvernement mondial, donc. Ciblant explicitement le danger chinois « sur le plan de la finance et en Afrique », bafouant le droit international en prônant la guerre préventive, militarisant les médias (« cette campagne médiatique pourrait préparer les esprits à une intervention armée »), anti-démocratique (« nous choisissons de ne pas formuler nos propositions pour la réforme de l’UE de façon aussi détaillée que pour l’OTAN, pour éviter de consulter les populations ». Osant même déclarer : « A première vue, l’arme nucléaire peut sembler disproportionnée ; mais si l’on tient compte des dommages qu’elle prévient, il est possible qu’elle soit raisonnable. » Sans commentaires !

    Mais en 2008, les multinationales choisirent Obama (lui versant nettement plus de fonds qu’à Clinton et McCain). Pour quel bilan finalement ? Ses « succès  » en Libye, Ukraine et Syrie ne créent-ils pas de nouveaux problèmes ? La stratégie du chaos ne brise-t-elle pas les alliances qu’il souhaitait ?
    En fait, tous les présidents US ont combiné carotte et bâton. Même Obama augmente le budget militaire : pour entraîner Moscou et Pékin dans une nouvelle course aux armements ? Les médias occidentaux accusent «  l’agressivité chinoise  » « oubliant » que les USA dépensent 4% de leur PIB pour l’armée (Pékin 2,1%), soit 460 milliards $ (Pékin 95). Pourtant, Stoltenberg, chef de l’Otan, prétend imposer aux pays européens de «  dépenser plus et mieux » pour la guerre (24). Baisser encore le niveau de vie pour financer des bombardiers apportant le malheur partout ?
    Finalement, « Que fera le président ? » n’est pas la bonne question. Mais bien : «  Qu’allons-nous faire pour les arrêter ? L’élection présidentielle est présentée comme un spectacle, mais il faut la transformer en une lutte de masse mondiale : pression maximum sur les Etats-Unis pour les obliger à renoncer à leurs plans mortels.
    Le tragique, c’est qu’au moment où la guerre gronde, le mouvement anti-guerre a disparu. Le reconstruire passe par ces étapes : 1. Analyser et exposer les stratégies de guerre cachées par les médias. 2. Etudier les grandes pages de l’histoire des mouvements anti-guerre. 3. Et surtout, lier les guerres aux problèmes quotidiens des gens. Où qu’on se trouve, nous affrontons le même ennemi : les multinationales. Si on les laisse dominer le monde et toutes ses richesses, matières premières ou travail, l’écart riches - pauvres croîtra, et aussi la guerre qui sert à maintenir l’injustice. Aux armes, citoyens ! Contre la guerre !

    22) Henry Kissinger : briser la Russie est devenu l’objectif, l’intégrer devrait être le but, The National Interest, 4 septembre 2015.
    23) www.michelcollon.info/Quelle-sera-demain-la-politique.html
    24) Le Soir (Belgique), 31 janvier 2015.

    Source : Investig’Action

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  • Le Venezuela et nos médias, les crétins xénophobes, crise migratoire : l’Europe parie pour la guerre

    Le Grand Soir
    Journal Militant d'Information Alternative
     

    Cette semaine
    Barry GREY
    Des millions de personnes à travers le monde, horrifiées par le calvaire subi par les réfugiés venus du Moyen-Orient et cherchant asile en Europe, ont réagi par un élan de solidarité pour les victimes. Les professions de sollicitude des propagandistes de l’impérialisme américain dans les médias par contre, sont pleines de cynisme et de tromperie. Nombreux sont ceux qui versent des larmes de crocodile sur ceux qui fuient la Libye, l’Irak, la Syrie, l’Afghanistan ou d’autres pays dévastés par la (...) Lire la suite »
     
    Ne comptez pas sur les médias dominants pour lire ce qui suit
    Pierre LAURENT
    On sait que nos chaînes de télévision, qui n’hésitent pas à diffuser in extenso les discours de Marine Le Pen ou de Manuel Valls, ont tendance à regarder ailleurs quand la gauche tient meeting, organise une université d’été (Parti de Gauche) ou réunit des centaines de milliers de personnes dans une fête populaire (Fête de l’Humanité). Le discours de clôture de Jean-Luc Mélenchon au Remue-Méninges du Parti de Gauche à Toulouse a été boudé par les médias (on a pu le lire sur LGS) ainsi que celui de Pierre (...) Lire la suite »
     
    Fête Huma : les collines rouges de Caracas ont déferlé sur le stand du Venezuela
    Maxime Vivas
    Avec la complicité active du responsable des Affaires politiques et de la presse à l’ambassade de la République Bolivarienne du Venezuela à Paris, le stand du Venezuela (au Village du Monde) accueillait plusieurs auteurs présentant leur livre, samedi 12 septembre après-midi. J’ai eu le privilège de commencer et de parler sous le regard et le contrôle de redoutables spécialistes de l’Amérique latine : Maurice Lemoine, Ignacio Ramonet et Bernard Cassen. Par la grâce de l’éclairage qui m’empêchait de voir (...) Lire la suite »
     
    Francesco ERSPAMER
    Les résultats d’une enquête de Public Policy Polling, diffusés mardi [8 septembre], montrent que les 2/3 des partisans de Donald Trump (d’ailleurs le moins pire des candidats conservateurs à la présidence) croient qu’Obama est musulman et qu’il n’est pas né aux Etats-Unis. Du reste, un sondage repris par The Nation cette semaine révèle que 29% des républicains de Louisiane attribuent à Obama la responsabilité des retards de la protection civile fédérale après l’ouragan Katrina, bien qu’à l’époque (il y a (...) Lire la suite »
     
    Moon of Alabama
    La chancelière allemande Angela Merkel a essayé de se faire bien voir de ses amis néolibéraux, des grandes entreprises et des donateurs en ouvrant brusquement sa frontière aux "réfugiés" de toutes sortes, même à ceux qui viennent de pays sûrs. Ces migrants devaient contribuer à faire baisser les salaires allemands qui, après des années de croissance zéro, ont lentement commencé à augmenter à nouveau. Mais, ni elle, ni ses alliés, n’avaient préparé l’opinion publique allemande à l’arrivée soudaine de (...) Lire la suite »
     
    Dr Bachar al-Jaafari
    À l’occasion d’une réunion informelle de l’Assemblée générale des Nations Unies, le 8 septembre 2015, deux hauts responsables de l’Organisation ont appelé les États à traduire la reconnaissance de leur responsabilité de protéger (R2P) les populations contre les crimes internationaux les plus graves en actions concrètes, nous dit le Centre d’actualités de l’ONU, version française [1]. Voici la réponse du Délégué permanent de la Syrie auprès des Nations unies, le Docteur Bachar al-Jaafari. La délégation (...) Lire la suite »
     
    Lisandra Marrero
    La France vient d’annoncer qu’elle réalisera des vols exploratoires sur le territoire de la Syrie, un pays souverain, sans le consentement des autorités de Damas. Le prétexte avancé : bombarder des campements du groupe extrémiste État islamique. Cette décision intervient alors qu’un drame humanitaire a lieu en Europe car des vagues d’immigrants fuient la guerre et la misère. En même temps, au Royaume Uni, une campagne médiatique contre le gouvernement légitime de Bashar Al Asad a pris de l’ampleur. De (...) Lire la suite »
     
    Nadia HIJAB, Alaa TARTIR
    Le Conseil national palestinien (CNP) doit se réunir ce mois-ci pour la première fois depuis 2009 pour accepter la démission de Mahmoud Abbas en tant que président de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), avec plus de la moitié de 18 membres du Comité. Le PNC a bien sûr la possibilité de rejeter tout ou partie de la démission et, en tout cas, Abbas gardera plusieurs autres casquettes : Il restera le chef de l’Etat, le président de l’Autorité palestinienne, le commandant en chef, et le (...) Lire la suite »
    Lien permanent Catégories : Europe, Extrême Droite, Monde 0 commentaire
  • Comment les alliés des États-Unis apportent leur aide à Al-Qaïda en Syrie


    par Daniel Lazare

    La stratégie de l’administration Obama visant à obtenir un « changement de régime » en Syrie renferme un secret fâcheux : elle revient à nouer une alliance de fait avec le Front Al-Nosra, branche d’Al-Qaïda tendant vers une victoire éventuelle, aidé directement et indirectement par l’Arabie Saoudite, la Turquie et l’entité sioniste. Voici les explications de Daniel Lazare.

     



    Lorsque les États-Unis et la Turquie ont annoncé le 23 juillet qu’ils s’unissaient pour la création d’une « zone de sécurité » dans le nord de la Syrie, personne n’arrivait exactement à comprendre ce que cela signifiait. Tandis que la Maison Blanche refusait d’admettre que l’accord impliquait l’envoi de troupes afin de boucler la zone ou d’avions de guerre pour effectuer des patrouilles aériennes, Josh Rogin de Bloomberg a écrit que cette expression n’était pas appropriée : « En vérité, il n’y a pas vraiment de « zone », ni de projet cherchant à garantir la « sécurité » de la région ».

    En effet, Rogin a déclaré que trois « hauts responsables du gouvernement » avaient organisé une téléconférence dans le but d’assurer aux journalistes qu’il n’y avait aucun projet « de création d’une zone de sécurité, d’une zone d’exclusion aérienne, d’une zone tampon humanitaire ou de quelque autre zone protégée que ce soit. » Alors, s’il ne s’agissait pas de cela, en quoi le projet pouvait-il bien consister ?

    À présent, nous le savons. La raison pour laquelle la Turquie et les États-Unis souhaitent peut-être créer, ou pas, cette zone qui n’en est pas une, est pour donner à la Turquie carte blanche pour bombarder les Kurdes et aux États-Unis l’opportunité de mener des opérations conjointement avec Al-Qaïda. Quelle en est la preuve ? Un article paru en première page du New York Times dans son édition en date du 1er août dans lequel on pouvait lire qu’un groupe de rebelles entraînés par les États-Unis connu sous le nom de Division 30, et qui avait été envoyé en Syrie afin de combattre l’EI, avait été la cible « vendredi d’une violente attaque de la part d’une autre faction islamiste extrémiste affiliée à Al-Qaïda… le Front Al-Nosra. »

    Ceci n’est pas une nouvelle marquante en soi, étant donné que la myriade de factions rebelles composant l’opposition syrienne, toutes plus extrémistes les unes que les autres, s’affrontent constamment pour obtenir le contrôle des armes, des territoires, des ressources et du personnel. Mais ce qui était nouveau, c’était le fait que les rebelles formés avaient été pris au dépourvu. Comme l’ont rapporté Anne Bernard and Eric Schmitt, journalistes au Times, « les formateurs militaires américains…n’ont pas anticipé d’assaut de la part du Front Al-Nosra. Des responsables ont même déclaré vendredi qu’ils s’attendaient à ce que le Front Al-Nosra accueille la Division 30 comme une alliée dans son combat contre l’État islamique. « Ce n’était pas censé se passer ainsi », a déclaré un ancien haut responsable américain. »

    En d’autres termes, des représentants officiels du ministère de la Défense s’attendaient à ce qu’Al-Nosra voit les membres de la Division 30 comme des amis, et le fait que cela n’ait pas été le cas les a laissés perplexes. Il a aussi été remarqué dans le Times que les américains «  n’avaient pas fait état de leur intention de combattre le Front Al-Nosra », et, que bien qu’il soit « allié à Al-Qaïda », Al-Nosra est, pour beaucoup d’insurgés en Syrie, préférable à l’État islamique, et qu’il coopère parfois avec d’autres groupes moins radicaux pour lutter à la fois contre l’État islamique et les forces armées du gouvernement syrien. »

    Selon des journalistes du quotidien londonien The Independent, un commandant de la Division 30 qui se trouvait « dans un état d’affolement » et avec lequel ils ont pu s’entretenir en Turquie a déclaré avoir même rencontré, avec un des membres de la Division 30 qui avait été capturé, un chef d’Al-Nosra, 10 jours plus tôt, pour l’établissement d’une trêve. Il a rapporté qu’ « ils ont dit que si ne serait-ce qu’une balle les atteignaient, ils nous attaqueraient, mais nous leur avons assuré que notre seul objectif était de combattre Daech [c’est-à-dire l’EI] ».

    Mais alors même que la Division 30 avait tenu ses engagements, ses membres qui avait été capturés par le groupe Al-Nosra étaient maintenant passés à tabac par celui-ci, qui les faisait défiler sous un soleil brûlant, leur t-shirt relevé sur la tête tandis que les combattants d’Al-Nosra les accusaient de « collaborer avec la coalition des croisés. »

    Donc quand le New York Times a annoncé que le projet envisagé par les États-Unis et la Turquie « créerait ce que les représentants de ces deux pays appellent une zone libérée de l’État Islamique sous le contrôle d’insurgés syriens relativement modérés », nous savons désormais de quels « modérés » il s’agit : Al-Nosra. La zone serait sans danger pour les forces armées entraînées par les américains, dont le nombre de membres s’élevait à environ 60 seulement avant l’attaque de la semaine dernière, mais elle le serait surtout pour la branche syrienne d’Al-Qaïda, beaucoup plus importante et puissante.

     

    S’allier à Al-Qaïda ?

     

    Une alliance entre les États-Unis et Al-Qaïda – comment cela peut-il être possible ? Même si la presse n’aime pas évoquer ce sujet, en réalité, ces derniers temps, rares furent les fois où les États-Unis n’ont pas travaillé la main dans la main avec les plus dangereux groupes fondamentalistes.

    Ceci remonte à l’époque où Dwight Eisenhower était président. Ce dernier, comme l’a fait remarquer Ian Johnson dans son excellent ouvrage intitulé Une mosquée à Munich (publié en 2010 aux éditions Houghton Mifflin Harcourt), tenait toujours à « faire ressortir l’aspect « guerre sainte » » lors de ses entretiens avec des leaders de la communauté musulmane d’après un mémo diffusé en interne à la Maison Blanche, et, lorsqu’on l’a informé que le djihad pourrait être mené contre l’entité sioniste, a répondu que l’Arabie saoudite lui avait assuré qu’il le serait uniquement contre les Soviets.

    Plus récemment, le président Jimmy Carter et Zbigniew Brzezinski, son conseiller à la sécurité nationale, ont choisi de mettre la doctrine Eisenhower à l’épreuve en faisant passer de l’argent et des armes aux moudjahidines afghans qui combattaient à Kaboul un gouvernement soutenu par les Soviets. Cet effort, qui, lorsque Reagan était président, s’est soldé par une opération organisée conjointement par l’Arabie saoudite et la C.I.A. et dont le coût s’est élevé à plus de 20 milliards de dollars, a sans doute contribué à l’effondrement de l’U.R.S.S., la priorité absolue de Brzezinski.

    Mais cela a également détruit la société afghane, ouvert la voie à la prise de pouvoir par les Talibans en 1996, entraîné la formation d’Al-Qaïda, et, bien évidemment, conduit directement à la destruction du World Trade Center dans le quartier de Lower Manhattan.

    Les États-Unis ont par la suite probablement fait machine arrière, bien qu’ils aient continué à entretenir des rapports étroits avec l’Arabie saoudite, qui, selon Zacarias Moussaoui, le soi-disant « vingtième pirate de l’air », a entretenu des liens étroits avec Osama ben Laden et ce jusqu’à la veille des attentats du 11 septembre 2001. [Lire “The Secret Saudi Ties to Terrorism.” (“Les liens secrets de l’Arabie Saoudite avec le terrorisme”) publié sur Consortiumnews.com]

    Mais en 2007, comme Seymour Hersh l’a très plausiblement affirmé dans le New Yorker, les Saoudiens avaient réussi à convaincre l’administration Bush de se concentrer plutôt sur la lutte contre les forces chiites. Non seulement cela signifiait être moins sévère envers Al-Qaïda, mais aussi coopérer avec un nombre croissant de groupes sunnites militants afin de poursuivre la lutte contre le Hezbollah et d’autres groupes chiites similaires.

    Les conséquences sont devenues de plus en plus évidentes depuis que le printemps arabe a rattrapé le régime dictatorial de la famille Assad en février 2011. L’orientation pro-sunnite de Washington lui imposait de passer outre les rumeurs selon lesquelles les sunnites radicaux du mouvement des Frères musulmans dominaient les manifestations, qui prenaient une mauvaise tournure sectaire anti-chiite et anti-chrétienne à mesure que les proches d’Assad (d’origine chiite mais pas sectaires) s’efforçaient de garder le contrôle.

    Lorsque les combats ont éclaté, le « revirement » (qualifié ainsi par Hersh) opéré par les États-Unis leur imposait également de contrôler l’argent ainsi que l’aide fournis aux rebelles sunnites et même de se fier aux Frères musulmans pour, d’après le Times, identifier les groupes qui les méritaient de ceux qui ne les méritaient pas.

    Afin de contenir les chiites, les États-Unis ont donc apporté tout leur soutien aux Saoudiens ultra-sunnites et leur projet sanglant de guerre sectaire. Comme l’a déclaré le vice-président Joe Biden en octobre dernier à la Harvard Kennedy School, l’Arabie saoudite et les États du Golfe « étaient tellement déterminés à renverser Assad et essentiellement déclencher une guerre entre sunnites et chiites par sectes interposées, devinez ce qu’ils ont fait ? Ils ont versé des centaines de millions de dollars et fourni des milliers de tonnes d’armes militaires à quiconque combattrait Assad sauf que ceux qui les ont reçus étaient Al-Nosra et Al-Qaïda, et les composantes extrémistes de djihadistes issus d’autres coins du monde. »

    En août 2012, une Agence du renseignement de la Défense a noté qu’Al-Qaïda, les Frères musulmans, et des groupes salafistes du même acabit constituaient « les principales forces motrices de l’insurrection en Syrie » ; que les puissances occidentales, les États du Golfe, et la Turquie soutenaient ce soulèvement sans réserve ; qu’Al-Qaïda cherchait à profiter du mouvement de révolte pour réunir tous les sunnites en un mouvement de djihad global anti-chiite ; que les guerriers de Dieu allaient probablement créer « une principauté salafiste à l’est de la Syrie, déclarée ou non », et que « cela reflétait exactement la volonté des puissances apportant leur soutien, afin d’isoler le régime syrien, considéré comme la profondeur stratégique de l’expansion du chiisme (Irak et Iran). »

    Même si les conséquences pourraient être désastreuses pour les minorités chrétiennes, druzes et chiites alaouites de Syrie, les États-Unis ont poursuivi leur dessein, et la presse traditionnelle s’est chargée du travail combien important de dissimulation de ces informations.

     

    Un pacte de non-agression

     

    Le pacte de non-agression que le ministère de la Défense croyait avoir élaboré, avec difficulté, avec Al-Nosra constitue la dernière étape de cette stratégie. Tandis que l’administration Obama déclare se battre contre l’EI, son attitude à l’égard de ce groupe hyper-brutal est plus ambigüe qu’elle le prétend. Les États-Unis ont sonné l’alarme uniquement lorsque l’EI a envahi l’Irak en juin 2014 et commencé à menacer le gouvernement à Bagdad auquel ils apportent leur soutien.

    Avant ça, les États-Unis se contentaient de regarder tranquillement l’EI mener la vie dure à Assad et aux baassistes à Damas. La Turquie déclare elle aussi s’opposer à l’EI même si elle a permis à Daech de transformer sa frontière de 885 kilomètres avec la Syrie en « une voie de libre circulation pour les djihadistes venant des quatre coins du monde. »

    Après que l’EI ait bombardé un rassemblement de militants de gauche pro-Kurdes à la ville frontière de Suruç, faisant 32 morts et plus d’une centaine de blessés, Recep Tayyip Erdogan, le président de la Turquie, s’est engagé à faire preuve de fermeté. Mais au lieu de s’en prendre à l’EI, il sévit contre les Kurdes, en bombardant des cibles au nord de l’Irak et au sud-est de la Turquie associées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) alors même que le PKK, est, ainsi que sa branche syrienne, le Parti de l’union démocratique (PYD), l’une des rares forces à lutter de manière efficace contre l’EI sur le terrain. Comme l’a observé l’agence de presse Reuters, « les attaques de la Turquie contre le PKK ont été plus violentes que ses frappes contre l’EI, ce qui a alimenté les doutes selon lesquels son véritable plan est de contenir les ambitions politiques et territoriales des Kurdes. »

    En effet, les motivations d’Erdogan sont peut-être plus alambiquées que ça étant donné que les attaques contre le PKK pourraient contribuer à l’ébranlement du Parti démocratique des peuples (HDP), pro-Kurde, qui, après avoir obtenu un score impressionnant aux élections de juin en recueillant 13 % des suffrages, représente un danger croissant pour son gouvernement. De plus, la Turquie ainsi que d’autres alliés des États-Unis dans la région ont concentré leurs attaques sur les forces anti-EI les plus efficaces dans l’objectif d’affaiblir l’EI de manière indirecte. La Turquie est curieusement persuadée que le meilleur moyen de vaincre l’EI est de vaincre les Kurdes.

    L’Arabie saoudite prétend également que le meilleur moyen de vaincre l’EI est de renverser Assad étant donné que sa détermination à rester au pouvoir alimenterait la colère des sunnites, entraînant à son tour l’expansion de l’EI. Selon cette logique, même si l’Armée arabe syrienne d’Assad constitue l’un des rares remparts contre une victoire de l’EI, de la victoire sur Assad est censé découler d’une certaine manière la chute de l’EI.

    Une autre entité déclare vouloir voir l’EI se faire ratatiner : l’entité sioniste, sauf qu’à chaque fois qu’elle intervient dans la guerre civile en Syrie, elle finit par bombarder les forces armées d’Assad et leurs alliés chiites, dont le Hezbollah au Liban et des conseillers militaires iraniens.

    Donc tout le monde déclare vouloir battre l’EI, cependant chacun bombarde ces mêmes forces qui essayent de freiner l’EI. Le plan le plus alambiqué est évidemment celui des États-Unis. L’administration Obama semble croire que vaincre l’EI est l’objectif numéro un, sauf lorsqu’elle affirme que renverser Assad est la priorité absolue.

    Comme le Times le relate platement en parlant d’unités telles que la Division 30, « Le programme d’entraînement [de la Division 30 pour combattre l’EI] se trouve souvent en contradiction avec celui, secret, de la C.I.A. destiné aux combattants luttant contre les forces de sécurité syriennes. ¬À l’origine, l’objectif de la révolte syrienne était de renverser Assad, avant que l’État islamique émergeât de sa branche Islamiste la plus radicale. » (Cependant, l’EI est en réalité né de la résistance des sunnites à l’invasion et l’occupation américaine de l’Irak, et s’appelait originellement « Al-Qaïda en Irak » avant de rejoindre la guerre contre Assad et de devenir « l’État islamique en Irak et en Syrie » ou tout simplement « l’État islamique »).

     

    Quelle est la priorité ?

     

    Compte tenu des évènements récents, on pourrait se demander si la priorité d’hier qui était de renverser Assad est aujourd’hui remplacée par celle qui est de vaincre l’EI (ou bien est-ce l’inverse ?). Pendant ce temps, la stratégie des États-Unis consiste à bombarder l’EI à chaque fois que cela est possible sauf lorsqu’il attaque les forces armées syriennes du gouvernement, auquel cas la stratégie américaine consiste à différer ses bombardements.

    Anne Bernard, journaliste au Times, a expliqué qu’ « en Syrie, une nouvelle situation délicate apparaît. Toutes les frappes aériennes contre les militants de l’État islamique à l’intérieur et autour de Palmyre profiteraient probablement aux forces armées du président Bachar Al Assad. Jusqu’à présent, les frappes aériennes américaines en Syrie ont été en grande partie concentrées dans des zones éloignées du contrôle du gouvernement, afin d’éviter de donner l’impression d’aider un chef d’État dont l’éviction a été demandée par le président Obama. »

    En d’autres termes, les États-Unis bombardent l’EI sauf lorsque cela pourrait aider la plus puissante force armée luttant contre l’EI. Il arrive – parfois – que Washington soit également en guerre avec Al-Nosra. Par exemple, début juillet, une frappe aérienne américaine a fait sept morts parmi les membres d’Al-Nosra dans la province d’Idleb au nord de la Syrie. Mais les néoconservateurs américains désapprouvent de telles frappes car il se peut qu’elles profitent indirectement aux forces armées d’Al Assad.

    Les néoconservateurs jubilaient de voir qu’une coalition sous le commandement d’Al-Nosra se soit emparée d’Idleb en avril avec l’aide de l’Armée syrienne libre, elle-même soutenue par les États-Unis, tandis que le gouvernement demeurait manifestement silencieux au sujet des nombreux missiles TOW de fabrication américaine (fournis quasi-certainement par l’Arabie saoudite) et qui ont procuré un avantage majeur à Al-Nosra. [Lire “Climbing into Bed with Al-Qaeda.”(« Fricoter avec Al-Qaïda ») publié sur Consortiumnews.com] Donc les États-Unis s’opposent à Al-Nosra sauf lorsqu’ils les soutiennent. En effet, presque tous les acteurs au Moyen-Orient sont occupés à jouer sur les deux tableaux, ce qui explique pourquoi l’État islamique et Al-Qaïda se portent si bien.

    Comme l’a remarqué Karl Sharro, un architecte libanais devenu satiriste politique, « Obama est un fin stratège. Son plan consiste essentiellement à soutenir les factions Kurdes et en même temps la Turquie, qui attaque à présent les Kurdes, tandis qu’il soutient également l’Arabie Saoudite dans sa guerre au Yémen, ce qui contrarie l’Iran, avec lequel les forces américaines collaborent dans le cadre de leur combat contre l’EI en Irak, et cède en même temps à la pression exercée par ses alliés afin d’affaiblir Assad en Syrie, ce qui complique plus les choses avec l’Iran, qu’il apaise en signant l’accord sur le nucléaire, contrariant ainsi l’ami de longue date des États-Unis : l’entité sioniste, dont la colère est absorbée par des cargaisons d’armes de pointe, intensifiant la course aux armements dans la région. »

    Exactement. Tout ceci serait assez drôle si les conséquences (220 000 personnes sont mortes en Syrie, des millions d’autres ont été déplacées, plus les destructions généralisées au Yémen où l’Arabie saoudite mène la nuit des raids aériens depuis maintenant six mois) n’étaient pas aussi tragiques.

    Daniel Lazare est l’auteur de plusieurs ouvrage dont The Frozen Republic : How the Constitution Is Paralyzing Democracy [La République figée : comment la constitution paralyse la démocratie] (aux éditions Hartcourt Brace).

    Source originale : Consortium News

    Traduit de l’anglais par SK pour Investig’Action

    Source : Investig’Action

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  • Obama envisage un conflit mondial (7/8)


    par Michel Collon

    Pourquoi tant de guerres ? Et pourquoi Obama craint-il qu’elles provoquent un conflit mondial ? Qui veut la paix, doit comprendre les causes profondes du phénomène de la guerre.

     



    7. « It’s the economy, stupid ! »*

    Résumons son important discours du 5 août : Obama craint qu’une guerre avec l’Iran aggrave les tensions avec Moscou et Pékin, voire l’Europe : « Nous aurions à couper des pays comme la Chine du système financier américain. Et puisqu’elle se trouve être parmi les principaux acheteurs de notre dette, de telles actions pourraient déclencher de graves perturbations dans notre propre économie et soulever au plan international des questions sur le rôle du dollar comme monnaie de réserve mondiale ». Bref, un conflit mondial. Car la montée en puissance de la Chine menace en effet trois instruments essentiels de la suprématie des USA : 1. Les aventures militaires. 2. Le contrôle sur la Banque mondiale. 3. Le dollar comme monnaie centrale du commerce et de la finance.

    Ce qui cause les guerres, ce n’est pas le caractère de tel ou tel président des Etats-Unis, - ce sont juste des employés des multinationales - mais bien l’économie : les intérêts de ces multinationales. Après la période 1945 – 1965 (exceptionnelle, pour trois raisons : 1. Il fallait beaucoup reconstruire. 2. Les travailleurs avaient conquis la Sécu, donc du pouvoir d’achat. 3. L’URSS offrait un contrepoids à l’Occident capitaliste), après 1965 donc, les taux de profit de l’économie occidentale ont dégringolé, la crise et la concurrence accrue ont alors augmenté l’exploitation des travailleurs, creusant l’écart riches – pauvres. L’URSS disparue, le néolibéralisme put entamer sa croisade de destruction des conquêtes sociales concédées. Résultat : aujourd’hui, les Rolls Royce se vendent à merveille mais les travailleurs qui produisent s’appauvrissent et consomment beaucoup moins. L’économie capitaliste est un serpent qui se mord la queue : à qui vendre quand on écrase les salaires et augmente le chômage ? Paradoxalement le néolibéralisme a donc été victime de son succès.

    Alors, comment les multinationales s’en sortent-elles ? En rétablissant le pouvoir d’achat de leurs travailleurs ? Non, la loi de la concurrence les en empêche. Seule solution : conquérir à l’extérieur de nouveaux débouchés pour tous leurs capitaux ne trouvant pas où s’investir. Mais toutes les colonies ayant été distribuées ou étant devenues indépendantes, la guerre est donc le seul moyen d’en reconquérir. Pour gagner, et même juste pour survivre, il faut absolument contrôler matières premières, marchés et main d’œuvre bon marché. Et surtout en priver les rivaux.
    Et quand la crise s’aggrave, toutes les échappatoires, bulles et autres spéculations n’ayant fait que creuser davantage le trou, alors la guerre devient la seule issue pour les multinationales. Autre avantage : en déchaînant le chauvinisme, on peut détourner le mécontentement. Alors que des mouvements sociaux se préparent en Europe et aux USA, tout devient «  la faute aux Arabes, aux Russes, aux Chinois, aux réfugiés… ». Jamais au système. Vers 1900, le milliardaire britannique Cecil Rhodes conseillait : « Si vous voulez éviter une guerre civile (il voulait dire : une révolution), il vous faut devenir impérialistes. »

    Les guerres sont toujours économiques : quelles multinationales contrôleront les ressources des colonies ? Et les guerres mondiales ont toujours le même enjeu : quelle superpuissance dominera le monde ? La grande crise de 1900 provoqua la Première Guerre mondiale qui permit aux grandes puissances de se « repartager » l’acier, le charbon, les colonies d’Afrique, les routes stratégiques des Balkans, le pétrole.(21) La grande crise de 1929 provoqua la Seconde Guerre mondiale (le capital allemand finançant Hitler pour la « revanche ») Aujourd’hui, aux USA, certains pensent que seule la guerre peut empêcher la chute de l’Empire que provoquerait la formation d’une alliance Pékin – Moscou - Berlin. Et Obama dit, à sa manière, qu’un nouveau conflit mondial nous menace.

    Deux possibilités. Soit faire l’autruche et traiter Obama, lui aussi, de « complotiste ». Soit réfléchir avec tous les citoyens conscients : comment recréer un mouvement pouvant défendre la paix mondiale ?

    POUR SUIVRE : Que fera le prochain président ?

    * Célèbre mot d’ordre de la campagne électorale victorieuse de Clinton contre Bush père en 2001.

    21) Vidéo Investig’Action http://www.michelcollon.info/14-18-On-croit-mourir-pour-la.html

    Source Investig’Action

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