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Europe - Page 12

  • UKRAINE / RUSSIE : conférence le mardi 9 juin 2015

    L’association « Comité pour une Nouvelle Résistance-CNR » travaille depuis septembre 2014 sur la guerre en Ukraine. Notre objectif est de faire connaître à nos concitoyens d’autres aspects de ce conflit.

    Nous avons également pensé qu’il fallait témoigner à la Russie la reconnaissance qui lui est due, suite à sa contribution essentielle pour terrasser le nazisme.   Il faut quand même rappeler que ce pays a permis d’abattre la peste brune en Europe en sacrifiant plus de 25 millions de Soviétiques dans cette guerre à mort.

    La délégation de notre association composée de Résistants et d’enfants de Résistants, prend ainsi une valeur symbolique importante.

    Nous avons accueilli le 29 janvier à Nice une délégation d’Ukrainiens d’Odessa. Ces personnes ont expliqué le conflit en cours et elles ont parlé également du massacre du 2 mai 2014. Ce jour-là plus de quarante personnes sont mortes, brûlées vives dans la maison des syndicats. Une des personnes de la délégation a perdu dans ce drame son fils de 27 ans, achevé sauvagement par des barbares après avoir essayé d’échapper aux flammes en se jetant par la fenêtre.

    Suite à cette rencontre nous avons été invités par les responsables de la manifestation du 9 mai à Moscou. Une délégation de l’association « Comité pour une Nouvelle Résistance-CNR » est allée à Moscou pour assister à la parade pour le 70ème anniversaire de la victoire sur le nazisme.

    Notre délégation est de retour. Dans le lien ci-dessous vous trouverez le message complet comportant des témoignages et des photos prises sur place : http://lucien-pons.over-blog.com/2015/05/la-delegation-francaise-du-comite-pour-une-nouvelle-resistance-cnr-le-9-mai-2015-a-moscou-jour-de-la-grande-parade-en-souvenir-du-70

    L’association « Comité pour une Nouvelle Résistance-CNR » organise une

    conférence le mardi 9 juin 2015 au CLAJ* à Nice

    de 17h 30 à 22h pour rendre compte de la participation officielle de notre association à cet évènement. Les membres de la délégation donneront des informations à ce sujet, un film a été préparé également. Ce sera l’occasion de poursuivre le travail de notre association pour la paix en Ukraine et en Europe.

    par Lucien PONS.  

    Président de l’association « Comité pour une Nouvelle Résistance-CNR »

      *Le CLAJ  26, avenue Scudéri – 06100 NICE

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  • Mettons fin à la dictature de la BCE

    Une jeune femme interrompt la conférence de presse de Draghi

      PRCF : www.initiative-communiste.fr

     Le 15 avril 2015, Mario Draghi chef de la Banque Central Européenne (BCE), grand argentier et chef de guerre de la classe capitaliste, grand oppresseur des travailleurs tenait une conférence de presse. Pour se féliciter des succès de l’euro-austérité qui en faisant les poches des travailleurs remplie celles de l’oligarchie capitaliste sans doute.

     

    C’est que l’UE, l’euro ont été construits pour cela. Très tranquillement puisque les institutions européennes construites par et pour l’oligarchie capitaliste sont bien à l’abri des peuples. Indépendance de la BCE proclament les traités, c’est à dire dictature de l’oligarchie capitaliste.

     

    Tout était sous contrôle, jusqu’à ce qu’une manifestante fasse irruption, jetant des confettis sur Draghi au cri de « mettons fin à la dictature de la BCE ». Conférence de presse interrompue, intervention violente des gros bas pour dégager ce peuple contestataire de la salle, personnifié par cette « dangereuse « jeune femme. Le mois derniers ce sont des 8000 hommes en armes qui gardait le tous nouveau siège de la BCE –  1 milliard d’euros… – face à 10 000 manifestants en colère !

     

    Bien sûr Draghi a ensuite repris sa conférence de presse pour se féliciter des mesures prises par l’institution, jugées efficaces. Comme par exemple l’étranglement financier de la Grèce organisés par la BCE et l’UE. Il est vrai que Jean Claude Juncker président de la Commission Européenne a déclaré a propos du résultat des élections en grèce

     

     « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européen »

     

    Si les traités consacrent – et depuis le traité de Rome en 1958 – l’UE capitaliste, l’europe sociale n’y a jamais été à l’ordre du jour. Rester dans l’UE et l’euro c’est ce condamner à la dictature de plus en plus autoritaire et austéritaire de la classe capitaliste. En sortir, c’est pouvoir s’en sortir !

     

     

    La révolte des travailleurs contre la dictature du capital ne se satisfait pas des incantations du Parti de Gauche Européenne qui recommande de rester sagement assis en attendant qu’adviennent « l’Euro des peuples  » et l’UE sociale. C’est qu’il faudrait attendre que le PGE soit au pouvoir dans la totalité des pays de l’UE pour changer les traités. Illusoire….Pas plus que l’on ne rend un crocodile végétarien on ne peut rendre l’UE et l’euro sociale. Pour une politique de progrès social, pour sortir de l’austérité, pour la démocratie et la paix, en un mot pour une politique aux service de l’intérêt de la classe des travailleurs, il faut sortir de l’Union européenne et de l’Euro. Mettre fin à la dictature de la BCE.

     

     

     

    Le 30 mai prochain, avec le PRCF tous à Paris pour la sortie de l’UE, de l’euro, de l’otan et du capitalisme

     


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  • Pour comprendre qui décide : l’ OCDE

    Par Michèle JANSS

     

     
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    La base de données économiques de l'OCDE, si elle est une des plus fournies au monde, sert sans nuances mais au moyen d’ une communication très étudiée, le libéralisme économique.

     



    Les analyses, mesures et comparaisons, produites par l’OCDE, et plus particulièrement les études qu’elle consacre à l’éducation, sont présentées, avec les recommandations qui les accompagnent, comme la source d’inspiration et le point de départ incontournable des politiques à mettre en place pour sortir de la crise.

     

    Décoder les études PISA (Programme international pour le suivi des acquis) consacrées à l’enseignement, mettre ces clarifications à la disposition des citoyens et plus particulièrement des enseignants est une entreprise qui se révèle plus complexe qu’un simple constat des progrès et reculs enregistrés. Le dossier de N. Hirtt nous l’a démontré.

    La base de données économiques de l’OCDE, si elle est une des plus fournies au monde, sert sans nuances mais au moyen d’ une communication très étudiée, le libéralisme économique. Les nombreux chercheurs qu’elle mobilise, forment un think tank, inquiet de la bonne application aux systèmes éducatifs de ses recettes, toutes ultra libérales comme il se doit. Du « cousu main » pour une école plus soucieuse de l’état du marché et de « l ’employabilité » des élèves par ce même marché, que de développement par la culture et le savoir.

    L’histoire et le fonctionnement de l’OCDE témoignent d’un basculement idéologique qui a eu lieu dans la deuxième moitié du XXème siècle. L’ idée centrale est de considérer l’économie comme n’ obéissant qu’ à des lois naturelles, ne devant pas être entravée ou régulée par l’ action publique des Etats.

    Un peu d’histoire... En juillet 1944, alors que le débarquement des forces alliées en Normandie n’est pas terminé (la libération de Paris n’aura lieu qu’en Aout), 730 délégués des 44 nations alliées et un observateur soviétique se réunissent à Bretton Woods, aux Etats-Unis, afin de mettre au point un système monétaire mondial qui doit favoriser la reconstruction et le développement des pays touchés par la guerre. Il s’agit aussi pour les Etats-Unis d’ouvrir l’Europe aux produits américains. Le plan des britanniques était ébauché dès 1941 et visait à préparer un système monétaire mondial fondé sur une unité de réserve non nationale, le banco. Les américains proposaient plutôt de créer un fond de stabilisation construit sur les dépôts des états et une banque de reconstruction pour l’après-guerre. C’est la proposition américaine qui l’emporte, organisant le système monétaire mondial autour du dollar US, mais avec un rattachement nominal à l’or. Deux organisations, toujours en activité, voient le jour lors de cette conférence : la banque mondiale (BM) et le fonds monétaire international (FMI). Ces deux institutions ont un point commun : les Etats-Unis y sont seuls à pouvoir exercer un droit de véto. Les pays européens alors ruinés, doivent accepter que des conditions soient liées aux prêts du FMI.

    En 1948, le plan Marshall, officiellement appelé « programme de rétablissement européen » est mis en place afin de reconstruire une Europe ravagée par la guerre mais aussi de « protéger les états libres de l’avancée du communisme » (2). Les États-Unis demandent aux États européens de s’accorder entre eux au sein de l’ OECE pour commencer la reconstruction. Cette organisation européenne de coopération économique a comme mission de répartir les crédits du plan Marshall et de coordonner l’économie des pays bénéficiant de fonds. La libéralisation du commerce et des échanges monétaires en est le but avoué. Cette organisation, ancêtre de l’OCDE, doit étudier la possibilité de créer une union douanière ou de libre-échange.

    l’OECE comprend l’ Autriche, la Belgique, le Danemark, la France, la Grèce, l’ Irlande, l’ Islande, l’ Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, la Suède, la Suisse, la Turquie, l’ Allemagne occidentale, zones d’occupation anglaise, américaine et française.

    La structure de l’OECE consiste en comités chargés de domaines spécifiques : alimentation et agriculture, charbon, électricité, pétrole, sidérurgie, matières premières, équipement, métaux non ferreux, produits chimiques, bois, pâtes et papiers, textiles, transports maritimes et intérieurs, programmes, balance des paiements, échanges, paiements intra-européens et main-d’oeuvre. L’OECE accomplit également un important travail d’échange d’informations statistiques.

    L’URSS refuse le plan Marshall, le libre-marché et la libération économique étant incompatibles avec l’économie communiste. Staline ne voulait pas que les pays sous influence soviétique passent sous contrôle américain. La guerre froide commence.

    A partir de 1952, l’ OECE perd de son utilité. L ’OTAN se servira de ses comités pour alimenter ses propres travaux. La création de la CEE, pour une coopération économique entre la RFA, Belgique, France, Italie, Luxembourg et Pays Bas, en 1957 rend la situation de OECE bancale et fait échouer, notamment, la conclusion d’un accord de libre-échange dans le cadre de l’ Organisation.

    En 1961, l’OCDE, comprenant les Etats unis et le Canada, se substitue à l’OECE.

    Comment fonctionne l’OCDE ?

    Le conseil de l’organisation se compose d’un représentant par pays membre, il se réunit régulièrement afin de décider afin de fixer les priorités des travaux qui seront réalisés par le secrétariat.

    Les comités (environ 250) sont des groupes de travail et groupes d’experts spécialisés. Il débattent des idées et progrès réalisés en économie, échanges, emploi, science, éducation et marchés financiers.

    Le secrétariat, présidé actuellement par M. Angel Gurria, effectue les travaux suivant les priorités fixées par le conseil. Le secrétariat, établi à Paris, au château de la Muette, compte quelque 2500 agents. Ils ne sont pas tous basés à Paris, certains travaillent dans des centres de l’OCDE à l’étranger.

    « L’OCDE est financée par ses pays membres. Les contributions financières des membres au budget annuel sont calculées à partir d’une formule qui dépend de la taille de l’économie de chacun des pays membres. Les Etats-Unis sont le contributeur le plus important, suivis par le Japon. Avec l’approbation du Conseil, les pays peuvent également apporter leurs contributions de manière distincte à des programmes particuliers qui ne sont pas financés à partir du budget de base.
Le budget de l’OCDE et son programme de travail sont établis par le Conseil ».(3)

    Que fait l’OCDE ?

    On trouve, sur son propre site, une description du rôle que s’assigne l’OCDE : "La mission de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) est de promouvoir les politiques qui amélioreront le bien-être économique et social partout dans le monde.

     L’OCDE offre aux gouvernements un forum où ils peuvent conjuguer leurs efforts, partager leurs expériences et chercher des solutions à des problèmes communs. Nous travaillons avec les gouvernements afin de comprendre quel est le moteur du changement économique, social et environnemental. Nous mesurons la productivité et les flux mondiaux d’échanges et d’investissement. Nous analysons et comparons les données afin de prédire les tendances à venir. Nous établissons des normes internationales dans un grand nombre de domaines, de l’agriculture à la fiscalité en passant par la sécurité des produits chimiques.

    Nous examinons également les questions qui affectent directement la vie des gens, comme le coût des impôts et de la sécurité sociale ou le temps libre dont ils disposent. Nous comparons la façon dont les systèmes éducatifs préparent les jeunes à la vie moderne et la façon dont les systèmes de retraite protègeront les citoyens plus âgés.

    En nous appuyant sur les faits et l’expérience concrète, nous recommandons des politiques dont le but est d’améliorer la vie de tous. Nous travaillons avec les entreprises, à travers le Comité consultatif économique et industriel auprès de l’OCDE, et les syndicats, à travers la Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE. Nous consultons d’autres organisations de la société civile, notamment en organisant chaque année le Forum de l’OCDE. Tous nos travaux ont pour point commun un engagement partagé en faveur du développement durable, de l’emploi et des échanges, reposant sur la coopération internationale et visant le bien-être de tous. Chemin faisant, nous nous efforçons aussi de rendre la vie plus dure aux terroristes, aux fraudeurs fiscaux, aux entrepreneurs véreux et à tous ceux qui sapent les fondements d’une société juste et ouverte. »(3)

    Voilà pour la présentation officielle ! En réalité, on assiste à une mondialisation des politiques ultra-libérales, via un organisme financé par nos états, qui se fixe ses propres règles et travaille à l’ acceptation d’un système de relations internationales entre états bénéficiant aux intérêts des États-Unis et de ses alliés.

    La promotion de politiques et les mesures de productivités ne consistent pas en d’anodines spéculations : dernièrement, la visite du secrétaire M. Angel Gurria à notre premier ministre afin de lui remettre ses conclusions sur les « progrès » de la Belgique a été présentée dans les médias comme de première importance. Ce rapport a d’ailleurs été commenté dans la presse sous forme de "bons points" et "mauvais points" attribués à notre pays, allant jusqu’ à expliquer comment cela fonctionne : si la Belgique ne suit pas les recommandations de l’OCDE, elle risque de perdre sa "bonne réputation" et de se faire taper sur les doigts par l’Europe, le FMI, la BCE… Ainsi, sans avoir l’air de s’ingérer dans la politique belge, l’OCDE se présente comme conseiller incontournable.

    Le fait de rendre la vie plus dure aux terroristes, fraudeurs et entrepreneurs véreux reflète le côté « punitif » de l’organisation qui, en principe, n’a aucune légitimité en matière de poursuites. En effet, ces catégories d’individus sont normalement traquées par toutes les polices financières ou criminelles qui font leur travail. Tout comme les violeurs, les trafiquants de drogues ou d’êtres humains…

    Pourquoi ne citer que les terroristes, fraudeurs fiscaux et entrepreneurs véreux ? Pour les deux derniers, on comprend le rapport à l’économie et le raccourci qui les rend responsables de la crise camoufle les inégalités sociales. Pourquoi y associer les terroristes ? Parce que, dans le contexte des guerres provoquées par les principaux pourvoyeurs de fonds de l’organisation, c’est sans aucun doute l’actualité qui dicte la ligne à suivre. Sinon, pourquoi ne pas citer les violences ou corruptions policières qui secouent des états comme les USA ou le Mexique ? La communication de l’ OCDE ne met en lumière que ce qu’elle veut bien. L’ OCDE, dépourvue officiellement de pouvoir de coercition, produit des rapports relayés docilement dans les médias afin de conditionner l’opinion.

    Le grand bond en arrière

     

    Serge Halimi, dans son essai « le grand bond en arrière », étudie comment l’ordre libéral s’est imposé au monde car « il a beaucoup fallu penser pour les marchés avant que ne se généralise l’idée qu’on ne pourrait plus penser contre eux ».(4)

    Il y montre comment « changer le monde » est devenu un but pour la droite américaine et les néo-libéraux en général. Serge Halimi met en lumière la mise en place de politiques, de stratégies et de création d’ organisations internationales (OCDE, FMI, BM, BCE…) dont le but est, essentiellement, de faire triompher leurs idées au niveau mondial et de « fabriquer du marché ». Dans un chapitre qu’il consacre à l’OCDE, il démontre combien les travaux de l’organisation sont douteux : « …ses pronostics sont pour le moins hasardeux : entre décembre 1995 et mai 1996, elle (l’OCDE) a du diviser par cinq ses prévisions de croissance pour l’Allemagne… Pour l’année 1996 ! Depuis 2004, l’OCDE publie d’ailleurs ce genre de chiffre en indiquant une marge d’erreur parfois égale au taux de croissance annoncé. » (4)

     

    Pour lutter contre le chômage, l’OCDE recommande, entr’autre, plus de flexibilité du marché et des travailleurs, ignorant superbement qu’il n’y a suffisamment de postes offerts que pour mettre au travail une petite partie des demandeurs d’emploi et que les pays où le taux d’ employabilité est le plus grand est aussi celui où on trouve le plus d’emplois à temps partiel et de situations de précarité (3). Et pourtant, ces recommandations continuent à modeler nos politiques. Cette même flexibilité, avec les compétences qui s’y rattachent, envahit l’enseignement.

    Si l’ OCDE consacre une bonne partie de ses travaux à l’analyse des systèmes d’enseignement c’est qu’il faut rendre ceux-ci plus compétitifs. Evidemment, cette compétitivité-là ne tient compte ni du développement personnel ni d’ une évolution sociale rendue possible par l’ éducation. L’école reste soumise au sacro-saint « marché du travail ». La pensée néolibérale s’ impose de la même manière dans les cours d’économie au coeur des universités : à l’UCL, les étudiants jugeant leur cursus trop dogmatique, n’ ont obtenu que récemment un cours d’histoire des doctrines économiques. Les prévisions de l’organisation ne sont pas pertinentes et ne tiennent compte ni des exigences nationales, ni des spécificités de chacun. Ce travail de collecte de statistiques et d’analyses devrait être confié aux universités et soumis au débat contradictoire. Les sommes versées à l’OCDE seraient plus utiles à l’enseignement supérieur…

    En conclusion : « l’organisation de coopération et de développement économique devrait être vendue ou dissoute…elle ne cesse d’expliquer que le contribuable est trop imposé. Pourquoi devrait-il participer plus longtemps au financement d’un organisme qui n’a d’autre obsession que de le dépouiller des quelques droits sociaux que le marché lui laisse ? » (4)
    Michèle JANSS

    Source : Investig’Action

    (1) Dossier de N. Hirtt sur PISA : http://www.skolo.org/spip.php?article1656
    (2) discours de Harry Truman au congrès des Etats-Unis -12 mars 1947
    (3) site de l’OCDE, http://www.oecd.org
    (4) Serge Halimi, Le grand bond en arrière, comment l’ordre libéral s’est imposé au monde, Eléments - Editions Agone 2006
    (5) Mateo Alaluf, http://politique.eu.org/spip.php?article3072

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  • Ukraine : plus de 150 enfants tués ou mutilés par des bombes antipersonnelles (UNICEF)

    source: site du PRCF : www<.initiative-communiste.fr

    Selon l’UNICEF, plus de 150 enfants du Donbass ont été tués ou blessés par des mines anti-personnelles et munitions non-explosées, résultant des bombardements massifs des zones résidentielles par l’armée de Kiev, en violation des conventions internationales, avec le soutien des USA, de l’OTAN et de l’UE.

    Ces faits ont fait l’objet de dénonciations répétées, non seulement par les républiques populaires du Donbass, mais également par des ONG y compris des ONG occidentales telle Human Right Watch.

    > « Les forces armées du gouvernement Ukrainien utilisent des bombes à sous munitions dans des zones fortement peuplées de l’agglomération de Donetsk en ce début Octobre 2014. L’utilisation de bombes à sous munitions [ndt dites aussi bombe antipersonnelle] dans des zones peuplées est une violation des lois de la guerre en raison de la nature in-discriminante des ces armes et peut être considéré comme un crime de guerre » (source)

     En France, comme d’habitude, chacun ne peut que constater l’absence de protestation des grands médias occidentaux : malgré leurs grandes proclamations, la défense des droits de l’homme, le respect du droit international n’intéressent que très peu la plupart de ces médias qui ne sont que des chambres d’échos des éléments de langages élaborés au niveau des chancelleries des impérialismes capitalistes occidentaux. Bien sûr, ces journaux,  tel le journal Libération qui appelait carrément à la guerre il y a peu, savent de temps en temps se poser en défenseurs des droits de l’homme. Mais les « droits de l’homme » et le respect du droit international ne sont pour eux que les accents d’un double discours qui a pour constance la défense des intérêts de l’oligarchie capitaliste et de ses guerres impérialistes.

    Pour sa part, www.initiative-communiste.fr site web du PRCF dénonce avec force cette sale guerre menée en Europe par l’Axe euro-atlantique UE/USA/OTAN pour se partager l’Ukraine au prix du sang du peuple Ukrainien. Plus que jamais, chacun doit se mobiliser pour défendre la Paix, pour combattre les résurgences du fascisme qui déploie ses milices pour étrangler les travailleurs en Europe, dans le Donbass.

    UNICEF : Les enfants tués et mutilés par les mines et bombes non explosées dans l’est de l’Ukraine (31 mars 2015)

    Le nombre d’enfants tués et mutilés par les mines et les munitions non explosées serait nettement plus élevé si l’on inclut  les zones hors du contrôle gouvernemental [ndt de Kiev]», a déclaré Marie-Pierre Poirier, Directeur régional de l’UNICEF pour l’Europe centrale et orientale et la Communauté d’États indépendants, qui est >rentrée récemment de visiter les régions orientales de l’Ukraine.«Le manque d’accès à ces zones est un véritable défi pour les acteurs humanitaires sur le terrain. »

    Après une année de conflit, de nombreuses communautés en Ukraine orientale ont été exposés à des niveaux extrêmes de violence, y compris par l’utilisation d’armes lourdes – dont les « restes » ont été laissés dans les villes et villages dévastés. Le service d’urgence de l’Ukraine assure le déminage des zones de mines et de munitions non explosées dans Donetsk et Louhansk oblasts contrôlées par le gouvernement. Plus de 33 717 articles de munitions ont été localisés et retirés jusqu’à présent. Pourtant, les familles déplacées qui retournent chez elles dans des zones il y a encore peu sur le fornt subissent encore un grand risque à cause du grand nombre d’objets très dangereuses qui doivent encore être traités.

    Les enfants en particulier courent les plus grands risques vis à vis de munitions et les mines terrestres qui peuvent être de couleur vive et assez petits pour prendre ou malmener explosées. Les enfants pourraient être attirés par ces articles, les prenant pour des jouets ou des objets de valeur, ce qui conduit à de véritable tragédie.

    Au moins 5 millions de personnes en Ukraine sont touchés par la crise, y compris 1,7 million d’enfants, tandis que plus de 1,1 million de personnes ont été déplacées à l’intérieur dans le pays en raison de la violence en cours. UNICEF lance un appel de 55,8 millions de dollars pour répondre aux besoins humanitaires urgents des enfants et des familles.

    « Il y a quelques jours c’était le 4 Avril est la Journée internationale de sensibilisation aux mines et l’assistance à la lutte anti-mines, la situation en Ukraine est une grave rappel que, malgré les progrès mondiaux dans le déminage, les enfants et les communautés civiles continuent d’être victimes de mines et de restes explosifs de guerre.

     En 2013, dernière année pour laquelle des chiffres ont été compilés, 3308 victimes de mines et restes explosifs de guerre ont été signalés à l’échelle mondiale. Cela comprenait 1112 enfants -333 moururent à la suite de leurs blessures. décès d’enfants ont été signalés dans un éventail de pays dans le cadre des conflits, dont l’Afghanistan, le Soudan du Sud et le Yémen.

    Le traité d’interdiction des mines, promulguée en 1999, a été ratifiée par plus de trois-quarts des pays du monde, y compris l’Ukraine. Il interdit la production, le stockage et l’utilisation des mines antipersonnel. Bien que le traité a réduit les pertes globales, les mines terrestres tuent ou mutilent encore des milliers de personnes chaque année.

    traduction www.initiative-communiste.fr – JBC

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  • Tsipras, acteur du grand basculement?

    Par

    A - TsyprasAlexis Tsipras, le nouveau Premier Ministre de la Grèce sera le 8 avril à Moscou. Or, le 9 avril, la Grèce doit effectuer un payement au Fond Monétaire International. Les déclarations sur ce point du Ministre des finances de la Grèce ne laissent planer aucune ambiguïté : la Grèce honorera sa créance[1]. Mais, le 14 avril, la Grèce doit simultanément émettre pour 1,4 milliards d’Euros de bons du Trésor, renouvelant la dette à court terme (ce que l’on appelle faire « rouler » la dette) et le gouvernement doit payer 1,7 milliards en pensions et salaires. Or, la Banque Centrale Européenne a « déconseillé » aux banques privées grecques d’accepter de nouveaux bons à court terme émis par l’Etat grec[2]. On voit que cette visite d’Alexis Tsipras à Moscou va donc bien au-delà de la traditionnelle amitié entre la Grèce et la Russie. Elle pourrait signifier, à relativement court terme, l’amorce d’une bascule à l’échelle de l’Europe.

     

    I. La situation de la Grèce

     

    On sait que la Grèce a conclu un accord de nature provisoire avec ses créanciers (l’Eurogroupe mais aussi le FMI). Aujourd’hui le pays fait donc face à des difficultés importantes de court terme comme la fuite des capitaux hors du système bancaire (12 milliards d’Euros pour le mois de février) ainsi que l’incertitude financière sur sa capacité à effectuer les remboursements de sa dette. Cette incertitude financière est une arme à la fois politique et économique sur le nouveau gouvernement. Les investissements sont aujourd’hui fortement ralentis en Grèce, et les Investissements Directs Etrangers (IDE) sont au point mort. Dans ces conditions, l’Eurogroupe (i.e. la réunion des Ministres des finances de la Zone Euro) a pris la responsabilité d’exercer des pressions politiques et économiques de plus en plus fortes sur le gouvernement grec.

     

    On sait aussi que les politiques d’austérité sont un échec non seulement en Grèce mais dans bien d’autres pays. Les effets destructeurs de ces politiques d’austérité, non seulement dans le cas de la Grèce mais aussi dans celui du Portugal, de l’Espagne et de l’Italie, sont aujourd’hui évidents et parfaitement avérés. D’un point de vue technique, on peut dire que le multiplicateur des dépenses fiscales, ce multiplicateur qui lie les mouvements du PIB et celui des dépenses budgétaires, a été grossièrement sous-estimé par les autorités de l’Union Européenne, et cela même après la publication de l’étude fameuse de Blanchard, réalisée au FMI, et datant de janvier 2013[3]. Il est évident que les politiques mises en œuvre en Grèce sous le nom de « Mémorandum » ne fonctionnent pas et ont de plus des effets destructeurs très importants sur l’économie. Ces politiques, et il faut insister sur ce point, n’ont pas été mises sur pied pour « aider » la Grèce, mais bien uniquement pour permettre aux pays créditeurs d’être remboursés. Ceci a été reconnu dernièrement dans une note du FMI. Mais, sur ce point aussi, elles se révèlent contre-productives. En effet, il est clair que la Grèce, à la suite des divers Mémorandums, ne pourra pas rembourser sa dette. La politique mise en œuvre pour sortir ce pays de l’insolvabilité l’a, au contraire, fait plonger dans l’insolvabilité.

     

    C’est dans ce cadre qu’il faut considérer les politiques mises en œuvre par l’Union européenne, et dont le caractère anti-démocratique, et même fascisant, se révèle chaque jour un peu plus. En coupant l’accès à la liquidité d’urgence qui a été mis en place par la BCE dès le 4 février dernier, en refusant toutes les solutions proposées par Athènes, les dirigeants européens espèrent que la pression va être telle sur Alexis Tsipras que ce dernier sera contraint d’accepter les conditions de ses créanciers. Ces conditions ne sont pas économiques, car on a vu qu’elles ont en réalité aggravée la situation du pays. Ces conditions sont donc bien en réalité politiques. A travers l’acceptation de « réformes » du marché du travail et des pensions qui ne sont pas urgentes sur le plan économique, mais qui permettent de montrer la capacité des institutions européennes « d’annuler » politiquement l’essentiel du programme et du message de Syriza. C’était là l’essentiel et il faut bien le comprendre pour saisir toute la situation. Les dirigeants européens veulent ainsi annuler le résultat des élections du 25 janvier si celui-ci met en péril la politique qu’ils mènent depuis des années. Ils veulent annuler ces élections alors même qu’ils se prétendent de grands défenseurs de la démocratie. On a ainsi la démonstration ainsi irréfutable que « démocratie » n’est qu’un mot dans leur bouche et que, dans la réalité, ils n’ont de cesse que de nier cette dernière et de nier la souveraineté du peuple qui s’est exprimée dans ces élections. Dans cette stratégie, l’Eurogroupe n’a donc cessé de rejeter les propositions de réformes présentées par la Grèce. Mais, ce faisant elle a radicalisé les positions du gouvernement grec. Il faut alors comprendre pourquoi ce dernier n’a pas décidé de rupture franche avec les institutions européennes.

     

    II. Les raisons de la politique grecque vis-à-vis de l’Europe

     

    En réalité, Syriza situe son action à l’intérieur de l’Union européenne. Certains le font par idéologie, mais la majorité du parti le fait par réalisme. L’attachement de la population, et des élites grecques, à l’UE est important et il faut en comprendre les raisons. Les raisons de cet attachement sont multiples.

     

    Il y a d’abord des raisons d’ordre géopolitique. Les Grecs se souviennent de l’isolement dont leur pays fut victime lors des événements de Chypre en 1973, qui devaient conduire à l’intervention Turque sur l’île (opération ATTILA). Ces événements furent d’ailleurs la cause de la chute de la dictature des « colonels ». Il en reste la mémoire en Grèce des dangers d’un nouvel isolement. C’est ce que les gouvernements successifs, de droite ou de gauche, ont cherché à éviter via l’adhésion de la Grèce au Marché Commun (sous le gouvernement conservateur de Caramanlis) puis le soutien indéfectible aux différentes étapes de la construction européenne. Même l’adhésion de la Grèce à l’Union Economique et Monétaire, c’est à dire à la zone Euro, peut en réalité être interprété comme une expression de cette volonté de ne pas être isolé. On peut penser que cette crainte de l’isolement face à la Turquie puisse désormais être contrebalancée tout autant par des accords militaires et politiques avec la Russie que par l’adhésion à l’Union européenne.

     

    Il y a, ensuite, des raisons économiques. La Grèce a beaucoup profité dans la période 1975-2000 des fonds structurels européens, et nombre des investissements publics ont été réalisés grâce aux programmes divers (aides aux zones insulaires, aux zones de moyenne montagne, etc…) de l’aide européenne. Le fait que cette dernière se soit largement réduite depuis 1995, et surtout depuis l’entrée des anciens pays d’Europe de l’est dans l’UE, rend cependant cet argument bien plus faible qu’il y a dix ans. Les Grecs ont mesuré qu’aujourd’hui cette « aide » est de plus en plus faible alors que les contrainte imposées par l’Union européenne sont véritablement meurtrières.

     

    Il y a, enfin, une raison idéologique. Les élites modernisatrices de la Grèce, élites dont Syriza fait en réalité partie intégrante, ont toujours considéré que le rattachement à l’Europe occidentale, c’est à dire au noyau initial du Marché Commun, était un gage de mise en œuvre des réformes destinées à libérer la Grèce de l’héritage ottoman. On peut discuter à l’infini de ce qui est, et n’est pas, dans la culture sociale et politique grecque un « héritage » de l’occupation ottomane, mais il n’en reste pas moins que la présence massive du népotisme, de la corruption, et plus généralement d’institutions que l’on peut qualifier de «molles » et qui permettent le maintien de ce népotisme et de cette corruption, est attribuée à cet « héritage ». De ce point de vue, l’adhésion à l’Union européenne était la seule garantie des réformes nécessaires.

     

    Ces trois raisons expliquent que Syriza soit un parti viscéralement pro-européen, et que le deuil qu’il doit faire de l’Europe soit un processus douloureux. Les dirigeants de Syriza avaient espéré fédérer autour d’eux des pays qui souffraient tout autant de l’austérité, comme l’Espagne, le Portugal ou même l’Italie et la France. Ils avaient espéré constituer un grand « front uni » contre l’austérité à l’échelle européenne. Mais, ils ont ici pêché par optimisme. Optimisme quant aux positions du gouvernement français, qui s’avère chaque jour un peu plus le laquais de l’Allemagne. Optimisme quant aux positions des gouvernements conservateurs en Espagne et au Portugal, qui voient en réalité en Syriza un danger pour leur propre domination sur leurs peuples. Les dirigeants de Syriza, mutatis mutandis, se sont trouvés dans la même position que les dirigeants bolchéviques persuadés que la révolution en Russie allait provoquer la révolution en Allemagne, et restant en panne de stratégie quand ceci n’arriva pas. On sait que de ce constat naquit la stratégie de développement autonome de l’URSS, avec la NEP, conçue comme une stratégie alternative devant l’échec de la révolution en Allemagne. Autour de cette NEP put se fédérer un bloc implicite allant des bolchéviques aux divers modernisateurs (menchéviques, socialistes-révolutionnaires), bloc qui devait donner d’ailleurs à la NEP sa dynamique économique et sociale extrêmement progressive[4]. De fait, il semble que les dirigeants de Syriza aient anticipé que leur optimisme pourrait être déçu. L’alliance politique qu’ils ont conclue avec les « Grecs Indépendants » (An.El) signifiait bien que les concessions qu’ils étaient prêts à faire pour rester au sein de la zone Euro auraient une limite. Il est aussi possible qu’ils aient sous-estimé le mouvement de résistance nationale qui s’est manifesté après l’élection du 25 janvier.

     

    Nous en sommes là. Le gouvernement grec a compris que fors une capitulation sans condition, une soumission abjecte aux diktats européens, il ne trouverait aucun terrain d’accord avec l’Eurogroupe et la BCE. Le fait qu’il ait évolué dans sa position quant à la privatisation du port du Pirée, pour ne pas heurter la Chine, est une indication que le gouvernement grec n’attend plus grand chose de l’Union européenne et se prépare à compter de plus en plus sur la Russie et la Chine.

     

    III. Quelle stratégie ?

     

    Il faut alors envisager ce qui pourrait se passer dans les prochains jours, voire les prochaines semaines.

     

    Le gouvernement grec a donc décidé d’honorer sa créance au FMI. C’est entièrement compréhensible. Il ne peut se mettre à dos et l’Eurogroupe et le FMI. Un défaut vis-à-vis de ce dernier aurait de plus des conséquences importantes pour la Grèce, des conséquences en fait d’autant plus importantes que la Grèce se trouverait coupée des financements européens et forcée, de fait, de sortir de l’Euro. La décision d’honorer la créance vis-à-vis du FMI laisse à penser qu’une position de rupture est en train d’émerger au sein du gouvernement grec.

     

    Cette rupture cependant, le gouvernement grec veut en faire peser l’entière responsabilité sur l’Eurogroupe et l’Union européenne. Il le veut d’une part pour des raisons de politique intérieure et de morale politique. Ayant affirmé durant la campagne électorale qu’il ne voulait pas sortir de l’Euro, il doit agir en sorte d’être expulsé de cette dernière. D’où le fait qu’il ne faut pas s’attendre à des gestes de rupture de la part de la Grèce, mais à une fermeté sur les principes : il n’est pas question de renoncer aux promesse électorales et au programme sur lequel ce gouvernement a été élu. Mais, le gouvernement grec veut aussi que cette rupture soit le fait des institutions européennes pour rendre moins douloureuse la brisure du rêve européen. Le deuil de l’idée européenne, du moins dans sa forme la plus inclusive, aura certainement des conséquences. Si la responsabilité de ce deuil peut reposer sur Bruxelles et Francfort, il peut en découler un surcroît de légitimité pour le gouvernement grec.

     

    C’est ici que prend place la possibilité de créer une nouvelle monnaie qui circulerait en même temps que l’Euro, afin de permettre au gouvernement grec de réaliser les paiements qu’il doit faire pour la population, et de relancer le financement de l’investissement. Il faut dire ici que ceci n’a pas eu d’équivalent. Non que des systèmes de double circulation monétaire n’aient pas existé. Mais, ces systèmes ont été à la fois très instables (une monnaie finissant par évincer l’autre) et il n’y a pas d’exemple de cas où une monnaie supra-nationale ait été contestée par une monnaie nationale nouvellement créée, sauf dans le cas de la rupture d’un pays (Autriche-Hongrie, URSS). Dans ce cas, la double circulation ne dure pas plus que quelques semaines. Si le gouvernement grec décide logiquement, devant l’étranglement financier dont il est l’objet, de créer une nouvelle monnaie, se poseront immédiatement deux problèmes :

     

    • Quelle stabilité pour la nouvelle monnaie.
    • Quel taux de change entre cette nouvelle monnaie et l’Euro.

     

    La stabilité de cette nouvelle monnaie pourrait être garantie par un fond de stabilisation, lui même issu d’un prêt de courte durée (2 ans au maximum). La Russie a déjà dit, par la voix de son Ministre des affaires étrangères, qu’elle était prête à étudier un tel prêt. En fait, on voit bien que ceci est une manière « douce » de sortir de l’Euro. Si cette nouvelle monnaie est stable, elle va rapidement s’imposer dans la circulation monétaire interne face à l’Euro tout en connaissant une dépréciation de 20% à 30%. Cette dépréciation devrait aboutir à une balance commerciale fortement excédentaire dans un délai de 6 mois à un an, garantissant les conditions de remboursement du prêt. De fait, les conditions d’une stabilité à moyen terme de la nouvelle monnaie grecque apparaissent comme bonnes. Ce fond de stabilisation pourrait bien être fourni par la Russie. Cet excédent commercial pourrait d’ailleurs être aussi accru par la levée des « contre-sanctions » prises par la Russie contre les productions agro-alimentaires des pays de l’UE, une levée qui pourrait dans un premier temps concerner la Grèce et la Hongrie. Par ailleurs, la Grèce devra faire défaut sur ses dettes libellées en Euro, ce qui ne sera pas sans poser quelques problèmes aux pays de l’Eurogroupe et à la BCE.

     

    Plus généralement, un conflit irrémédiable entre la Grèce et les pays de l’Eurogroupe aboutirait à ce que la Grèce se tourne vers la Russie et la Chine à la fois pour les investissements (IDE) et pour les relations tant politiques qu’économiques.

     

    IV. Un grand basculement

     

    Une telle solution impliquerait un basculement dont le sens dépasse de loin le seul cas de la Grèce. Lors de la préparation de son voyage à Moscou qui doit avoir lieu le 8 avril, Alexis Tsipras a donné le ton le 31 mars en affirmant que les « sanctions contre la Russie ne mènent nulle part.»[5]. Cette déclaration était un désaveu très clair de la politique orientale de Bruxelles, en particulier au sujet de l’Ukraine. Voilà qui a de quoi inquiéter la Commission européenne. Athènes pourrait alors se décider à défendre les positions de la Russie au sein de l’UE, et ce en particulier si l’UE se montrait agressive avec la Grèce. Il n’est nullement de l’intérêt de la Grèce de quitter l’UE. Le gouvernement grec serait un bien meilleur allié de Moscou s’il restait membre de l’UE, tout en contestant systématiquement, et en les paralysant, toutes les décisions. Or, si l’on peut en théorie expulser un pays de l’UE, il faut pour cela obtenir l’unanimité des autres membres. Il est clair qu’il y aura toujours un ou deux autres pays qui refuseront de voter cette expulsion, ne serait-ce qu’en raison de la crainte qu’ils pourraient avoir d’être les prochains sur la liste des expulsés.

     

    Ce refus d’aller plus avant dans la confrontation avec la Russie, refus qui – il faut le savoir – est très largement partagé en Grèce même par des forces politiques qui ne sont pas au gouvernement, pourrait d’ailleurs faire sortir du bois d’autres pays qui partagent en réalités ces positions : Chypre, la Slovaquie ou la Hongrie, par exemple. Mais, aujourd’hui, l’enjeu de ce voyage est sans doute encore plus grand. Il est clair que le conflit entre la Zone Euro et la Grèce est inévitable, et que ce conflit peut provoquer une sortie de l’Euro de la part de la Grèce. Le voyage à Moscou d’Alexis Tsipras, mais aussi les relations étroites que son gouvernement est en train d’établir avec la Chine et plus généralement avec les pays des BRICS, représente potentiellement un moment historique. Celui du reflux des institutions européennes de l’UE au profit d’une avancée, certes timide, certes prudente, mais néanmoins réelle des puissances émergentes, comme la Russie et la Chine, dans le jeu européen. C’est pour cela qu’il y a bien plus dans ce voyage que ce que l’œil d’un observateur peut voir.

     

     

     

    La crainte de ce grand basculement doit aujourd’hui commencer à s’immiscer dans les cerveaux quelque peu embrumés des dirigeants européens. Quelles sont alors leurs possibilités ? Ils peuvent céder, tout ou partie, de ce que demande Syriza. On l’a déjà dit, une telle solution porterait en elle la condamnation implicite des politiques d’austérité. Il ne faudrait guère attendre pour que d’autres pays, tels l’Espagne et le Portugal, adorant ce qu’hier ils avaient brulé, ne se décident alors à embrasser les demandes de la Grèce. Le risque est immense de voir la politique établie par l’Allemagne et au profit de l’Allemagne voler alors par dessus les moulins. Le gouvernement allemand en est conscient, et c’est pourquoi il mène un « front de la fermeté » sur ces points. Mais, à tenir une position intransigeante avec la Grèce, ces mêmes dirigeants prennent le risque d’un éclatement de toute la construction politique qu’ils ont accomplie depuis plus de quinze ans. On le voit, et ceci quelle que soit l’issue de cette crise, c’est à la fin de la construction européenne telle qu’elle s’est faite depuis maintenant près de vingt-cinq ans que nous sommes en train d’assister. L’expression « grand basculement » apparaît donc comme bien appropriée. Reste à savoir comment les gouvernants français s’adapteront à cette nouvelle situation.

     

    Notes

     

    [1] http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/la-grece-s-engage-a-rembourser-le-fmi_1668428.html

     

    [2] http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/la-bce-demande banques-grecques-de-ne-plus-acheter-de-dette-d-athenes-463735.html

     

    [3] Blanchard O. et D. Leigh, « Growth Forecast Errors and Fiscal Multipliers », IMF Working Paper, n°13/1, janvier 2013.

     

    [4] Sapir J., “Éléments d’une histoire économique de l’URSS: quelques questions sur la croissance”, in Historiens et Géographes, n°351, décembre 1995, pp.191-218. Idem, “La guerre civile et l’économie de guerre, origines du système soviétique”, in Cahiers du Monde Russe, vol. 38, n°1-2, 1997, pp. 9-28.

     

    [5] http://www.theguardian.com/world/2015/mar/31/alexis-tsipras-greece-russiarelations

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  • L’OCDE au chevet du développement par Jacques Sapir

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    Vrais problèmes et solutions en faux-semblants

     

     

    La question du financement du développement est une des questions au cœur même de l’économie internationale. Il n’est donc pas surprenant que l’OCDE y ait consacré une conférence les 31 mars et 1er avril 2015 à Paris. Intitulé le « Forum Mondial sur le Développement », cette conférence s’attache à un grand nombre de problèmes qui sont pour la plupart d’une importance considérable. On peut en juger sur la liste publiée sur le site de l’OCDE :

     

    • Comment les pays en développement interprètent-ils la vision globale – telle qu’elle est présentée par l’ONU, l’OCDE et d’autres – sur le terrain ?
    • Comment les objectifs peuvent-ils être chiffrés de façon réaliste et leur financement suivi ?
    • Quelles contraintes et conditions nationales gouvernent la politique de financement du développement et sa pratique ?
    • Que révèle l’état d’avancement des travaux sur les réalités du financement local par rapport aux discussions générales portant sur le financement du développement ?
    • Quels sont les points de vue et les rôles des acteurs non-étatiques (tels que le secteur privé, les fondations, les investisseurs institutionnels) dans la mise en œuvre des ODD ?

     

    Mais, en réalité, ces questions ne font que reformuler des problèmes qui sont connus depuis maintenant près d’un siècle. Et, s’il est normal que la connaissance de base de ces problèmes ait été acquise il y a longtemps, on peut s’interroger sur la volonté de reformuler sans cesse non pas tant les réponses – qui peuvent naturellement varier – mais l’intitulé de la question. L’OCDE pense-t-il qu’une nouvelle formulation de la question rendra plus facile la solution ? C’est une attitude pour le moins curieuse, et qui mérite bien entendu explication. On doit s’interroger sur ce processus qui conduit une grande organisation internationale à ajuster son discours dans une tentative d’euphémisation des problèmes qui sont, et nul ne le conteste, extrêmement importants et urgents.

     

     

    1. La question de l’investissement.

     

    Le problème majeur que rencontrent les pays en développement peut être décrit comme une limitation de l’offre, pour diverses raisons, par rapport à une demande potentielle qui est importante. Mais, et c’est justement le problème, cette demande est bien potentielle et non pas réelle du fait d’un manque de moyens financiers. Il y a un désajustement important entre la demande potentielle et la demande solvable. Il en résulte que l’offre va se limiter à cette demande solvable. Alors que l’on croit que l’offre est techniquement limitée, et qu’il faut donc apporter des solutions techniques à son développement (innovations qui sont largement la propriété des entreprises des pays développés), en réalité c’est une limitation monétaire qui freine le développement. En fait, c’est l’espérance de profit qui limite l’investissement (ici compris comme investissement en capital fixe et en capital circulant), qui lui-même va engendrer la production. Cela pose la question de l’épargne que peut engendrer la population. En fait, le décalage entre demande potentielle et demande solvable a son équivalent dans un décalage entre épargne potentielle et épargne réelle. Dans les pays en développement l’épargne est insuffisante, mais elle l’est parce que les revenus sont insuffisants. On peut tourner cette limite de trois manières :

     

    1. En donnant à la population des revenus suffisant pour accroître l’espérance de profit, et donc accroître l’investissement.
    2. En accroissant la productivité du travail pour faire baisser le prix relatif des biens de capital, ce qui permet d’en acheter plus pour une même somme d’épargne.
    3. En transférant des ressources aux producteurs qui rendront l’investissement moins coûteux ce qui fait que pour une espérance de profit donnée, la taille de l’investissement sera plus grande.

     

    La troisième méthode conduit très souvent à une impasse. Mais, ce transfert de ressources pose alors de nouveaux problèmes. Si l’on prélève des ressources sur la population pour les transférer vers les producteurs, ce qui revient a accroître artificiellement le niveau de l’épargne dans le pays considéré, on va diminuer d’autant plus le niveau de la consommation, et l’espérance de profit va baisser, du moins si la production est bien destinée à la population. C’est ce qui s’est passé dans les années 1930 en URSS où la collectivisation peut s’analyser comme un mécanisme destiné à capturer des ressources sur une majorité de la population[1] avec des effets sociaux et économiques importants (chute de la consommation et même famine en 1932-1934), et n’a donné naissance qu’à une production essentiellement consommé par l’Etat[2]. La croissance est alors largement déformée et ne peut être soutenue dès que la pression de l’Etat diminue.

     

    La hausse de la productivité apparaît comme plus prometteuse. Mais, elle implique – au moins au départ – des investissements importants. Les pays libéralisent leur compte de capital pour laisser entrer les investissements étrangers qui viennent s’ajouter à l’épargne nationale. Mais, ce faisant, ils courent le risque de créer des situation où l’épargne va être attirés par des placements purement financiers. De plus, les mouvements des capitaux de court terme sont profondément déstabilisateurs pour une économie en développement[3]. Fondamentalement, cela pose la question de l’ouverture financière. Cette dernière n’a pas aidé les pays en voie de développement. On ne peut lire dans les statistiques aucune corrélation entre le développement de ce processus et la croissance[4]. Le cycle dit « boom and bust » que nombre de ces pays ont connu a en réalité freiné la croissance[5]. Les entrées massives de capitaux spéculatifs dans ces pays ont par ailleurs déformé bien souvent la structure de la consommation et conduit à des investissements de peu d’intérêt pour le développement économique. Il est en revanche parfaitement exact que le mécanisme des Investissements Directs Etrangers (les IDE), quand il a été accompagné d’une politique nationale de développement des infrastructures, a eu un effet positif sur la croissance et le développement de ces pays. Mais les IDE représentent moins de 5 % de la circulation globale des capitaux[6] et, en réalité, il n’y avait nul besoin de procéder à une ouverture complète pour les attirer. La globalisation financière a donc bien été un frein au développement des pays dits « en voie de développement » qui a contribué diminuer considérablement le taux d’investissement dans les pays développé[7]. En transformant le monde en un gigantesque casino, on n’a fait qu’enrichir une petite minorité au détriment du plus grand nombre.

     

    Il reste donc la première solution : favoriser une hausse du revenu de la population. Cela passe, en partie, par des investissements publics en infrastructures. La conférence de l’OCDE a mis en lumière la pénurie de ces investissements en Afrique notamment, mais pas seulement. Ces investissements doivent être financés. Cela implique des impôts. Logiquement, le taux d’imposition devrait être important dans les pays en développement. Mais, on ne peut surcharger d’impôts une population dont les revenus sont faibles. Certes, on peut taxer plus les entreprises. Mais, cela réduit leurs taux de profits (après impôts) et donc la disponibilité à investir des actionnaires ou des propriétaires. Une solution logique est d’en venir à des entreprises étatisées, mais alors, on risque d’être conduit vers la troisième solution si cette étatisation est générale dans l’industrie. Si les entreprises restent privées, et si de plus on a ouvert l’économie à la globalisation financière, on risque d’être confronté à ce qu’un magnifique euphémisme de l’OCDE appelle le base erosion and profit shifting ou (BEPS), soit la tendance de ces entreprises à échapper à la pression fiscale et à réaliser leurs profits à l’étranger, en général dans des paradis fiscaux[8].

     

     2. Les solutions sont-elles adaptées ?

     

    En fait, la conférence qui s’est tenue à Paris le 31 mars et le 1er avril, conférence qui fait suite à d’autres importantes conférences, met à la fois l’accent sur les Objectifs du Développement Durable (ou Sustainable Development Goals – SDGs) mais aussi sur l’interpénétration entre le secteur public et le secteur privé dans le cadre des Partenariats Public-Privé (PPP) et sur le Global Partnership for Effective Development Co-operation ou GPEDC, qui invite des fondations privées à prendre des responsabilités de plus en plus importantes sur les politique de développement. La deuxième session, qui s’est tenue le mercredi 1er avril dans l’après-midi avait d’ailleurs pour titre Solutions éventuelles : Nouveaux acteurs, nouveaux instruments.

     

    On voit se dessiner ainsi une logique qui cherche à retirer à l’Etat un certain nombre de ces responsabilités en matière de développement. On peut comprendre cette logique. Financièrement, les Etats, qui ont été soumis à la globalisation financière et à une ouverture toujours plus grande au moins jusqu’en 2008, se trouvent dans des situations fiscales très difficiles. Ils peuvent être soumis, que ce soit de leur propre volonté et de celle d’organisations régionales comme la zone Euro, à des politiques d’austérité qui limitent encore plus les investissements en infrastructure. Cela d’ailleurs peut concerner des pays développés. On sait que le retard pris dans le domaine des infrastructures par l’Allemagne, pour ne citer que ce pays, est aujourd’hui impressionnant. L’idée d’un partenariat avec le secteur privé semble constituer une solution logique et prometteuse.

     

    Mais il faut insister sur le « semble ». En effet, les investisseurs privés vont attendre des taux de profit, mais aussi des durée de retour sur capital, qui ne sont tout simplement pas compatibles avec la logique des investissements en infrastructures. Il en résulte que soit les PPP sont peu développés (et dans l’Union européenne la moitié d’entre eux ont été réalisés en Grande-Bretagne), soit impliquent des transferts directs de ressources de l’Etat vers le secteur privé afin de rendre rentables ces investissements, soit enfin le secteur privé n’accepte que la gestion des infrastructures qui ont été largement payés par l’Etat. Le récent scandale de la privatisation des autoroutes en France n’est que l’un des exemples des dérives auxquelles on tend dans le cadre des PPP.

     

    Enfin, le recours à des fondations caritatives, ou à but non-lucratif, peut apparaître comme une solution, en particulier si les secteurs où il faut investir, comme la santé ou l’enseignement, ne permettent pas de dégager des profits importants. Mais alors, on aboutit à abandonner à des groupes idéologiques des pans entiers de l’appareil d’Etat. Si l’on considère par exemple la lutte contre le SIDA, on constate qu’en Tanzanie, près de 98% de cette lutte est financée par des fonds non-lucratifs privés[9], ce qui représente plus de 80% du budget de la santé en Tanzanie[10]. On peut alors se poser ouvertement la question d’un possible conflit de priorités entre ces fonds et les gouvernements[11], les fonds cherchant à montrer à leurs « donneurs » que l’argent a bien été utilisé dans la lutte contre le SIDA alors qu’une approche plus scientifique montre qu’il serait important de traiter aussi d’autres maladies infectieuses qui accompagnent, voire qui encouragent, l’épidémie du SIDA[12]. D’une manière générale, l’existence de ces conflits d’intérêts, et de la possible prise de contrôle par des groupes privés sur les politiques publiques, a été montrée dans plusieurs études[13].

     

    D’une manière plus générale, il faut ici s’interroger sur la pertinence de solutions qui sont proposées, voire encouragées, par l’OCDE et qui font fi trop rapidement de problèmes politiques importants, quand elles n’aboutissent pas à rendre pire la situation qu’elles prétendaient résoudre. En fait, la réduction à un outillage présenté comme purement technique dans ce qui est du domaine des politiques publiques soulève un problème constaté depuis plus de 10 ans[14]. La question de l’investissement est certainement une question centrale dans le développement, et cet investissement est à la fois matériel et immatériel. Mais, l’exemple du développement des pays asiatiques nous indique l’importance à la fois de la légitimité de l’acteur public, et d’un consensus fort autour de cet acteur public[15]. En un sens le « nationalisme » peut être considéré comme une idéologie favorable au développement.

     

     3. Penser le développement hors des préjugés.

     

    Il faut, alors, revenir sur le non-dit qui structure cette conférence. Si l’on peut en dire qu’une politique qui associe l’ouverture à de bonnes mesures macroéconomiques est en général meilleure qu’une politique associant le protectionnisme à des mauvaises mesures macroéconomiques, ceci ne tient nullement au protectionnisme. Ceci, en réalité, tient bien plus à la qualité des dites mesures macroéconomiques qu’à celle de l’ouverture[16]. De fait, les pays qui ont associé des politiques protectionnistes à des bonnes politiques macroéconomiques connaissent des taux de croissance qui sont largement supérieurs à ceux des pays plus ouverts, ce qui invalide le résultat précédent sur l’ouverture[17].

    LA SUITE ET LES NOTES ICI

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  • Grèce : ce que révèle le refus de Bruxelles de traiter l'urgence humanitaire

     

    Comment l’UE traite la Grèce

     

    Selon la télévision britannique, la Commission aurait exigé d'Athènes de stopper l'adoption du projet de loi sur la crise humanitaire. Une exigence très parlante des buts européens dans les négociations.

    Si l'on veut réellement comprendre la nature des discussions entre la Grèce et ses créanciers (puisque c'est bien ainsi que se présentent désormais les « partenaires » européens du pays), l'information révélée mardi 17 mars au soir par la chaîne de télévision britannique Channel 4 est fort éclairante.

    Selon Paul Mason, son journaliste, la directrice des affaires économiques et financières à la Commission européenne, autrement dit, un fonctionnaire de Berlaymont, le siège de l'exécutif européen, a exigé du gouvernement grec qu'il stoppe purement et simplement le processus législatif visant à faire adopter un projet de loi sur « l'urgence humanitaire. » Les fonctionnaires européens auraient également mis leur veto sur le projet de loi concernant la restructuration des arriérés fiscaux.

    Le piège tendu par l'Eurogroupe

    Cette exigence est un révélateur. D'abord, du piège dans lequel les Européens ont tenté d'attirer la Grèce. En effet, cette question de l'urgence humanitaire a toujours été mise en avant par Athènes dans sa liste de réformes prioritaires à mettre en place, que ce soit celle du 23 février ou celle du 6 mars. Mieux, la liste du 23 février avait été considérée par l'Eurogroupe comme une base de discussion valable. Autrement dit, la question de la lutte contre la pauvreté était acceptée par les Européens eux-mêmes comme une question d'importance et comme une « réforme » à mener. En réalité, il semble qu'il ne s'agissait que de faire entrer les Grecs dans un processus de « négociations » où, grâce à l'urgence des besoins de financement du pays, on espérait bien faire renoncer le gouvernement Tsipras à l'essentiel de son programme, notamment à la lutte contre la pauvreté. C'est la stratégie décrite comme celle du « nœud coulant » par le Premier ministre grec lui-même. Bruxelles estime que la Grèce n'a plus les moyens de négocier, compte tenu de sa situation financière. Elle pose donc ses conditions. Et dans ces conditions, le rejet de la loi humanitaire est central : cette loi revient en effet à reconnaître les conséquences sociales désastreuses de la politique menée depuis 2010.

    A qui peut-on se fier ?

    Mais alors, c'est tout l'argumentaire asséné depuis des semaines par Bruxelles et Berlin qui semble affaibli. A chaque interview, Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, ne cesse de prétendre que le « gouvernement grec a détruit toute confiance », en se gardant bien d'entrer dans les détails, puisque précisément, le gouvernement grec est le seul dans les négociations à avoir fait de substantielles concessions. Mais cette fois, le voile est déchiré et l'on peut s'interroger sur quel type de « confiance » les Grecs peuvent avoir dans des instances européennes qui, le 23 février, acceptent de discuter de l'urgence humanitaire dans le pays, et qui, le 17 mars, refuse toute avancée concrète sur ce terrain. Sans parler des mots doucereux de Jean-Claude Juncker lundi dernier admettant qu'il faut combattre la pauvreté des Grèce... Les Hellènes seraient en droit de renverser la nouvelle injure que le tabloïd allemand  Bild Zeitung leur a fait ce mercredi 18 mars au matin en parlant de « Grecs menteurs » (Lügen Griechen) à propos d'un sujet sans doute plus important que la pauvreté dans le pays, le fameux doigt d'honneur de Yanis Varoufakis.

    La nature du projet de loi

    Mais plus encore, cette exigence d'un fonctionnaire européen montre la réalité des buts de la négociation à Bruxelles. Les mesures proposées par le gouvernement grec n'étaient guère révolutionnaires. Il s'agissait d'apporter une assistance d'urgence à ceux qui en avaient le plus besoin. Rappelons que 23,1 % de la population hellénique vit aujourd'hui sous le seuil de pauvreté. Le projet de loi prévoyait d'accorder une allocation logement de 70 à 220 euros à 30.000 personnes, allocations qui pourraient servir à recouvrir une partie des dettes au Trésor public. Il envisageait une aide alimentaire pour 300.000 personnes et le rétablissement, jusqu'à la fin de l'année, de l'électricité pour les ménages qui se l'étaient vus couper faute de moyen pour payer les factures. Rien de plus. Le coût de cette action était estimé à 200 millions d'euros. Autrement dit, une somme négligeable sur le plan budgétaire (d'autant que le produit des privatisations devaient en partie venir assurer le financement de la loi) : rappelons que, depuis le début du mois de mars, Athènes a remboursé pas moins de 1,2 milliard d'euros au FMI. Mieux même, cette loi faisait l'objet d'un consensus en Grèce, en commission, le projet avait obtenu le soutien d'une large partie de l'opposition.

    Empêcher Syriza d'appliquer son programme

    Pourquoi alors refuser cette loi ? D'abord parce qu'il s'agissait de la première pierre du programme de Syriza. Une telle loi signifie que le nouveau gouvernement peut appliquer une partie de ses promesses et que ces dernières n'étaient pas des « folies démagogiques » comme l'assènent les dirigeants européens et de nombreux médias. Cette loi aurait alors renforcé la position politique de Syriza. En la refusant, la Commission se dévoile : elle avoue indirectement que son but est d'affaiblir le gouvernement. La stratégie européenne n'est donc pas seulement une stratégie basée sur une soi-disant « rationalité économique » et encore moins sur une pseudo-« moralité » liée au remboursement de la dette, c'est une stratégie politique de démolition du nouvel exécutif grec. Ce que l'on vise, c'est bien le rêve éveillé qu'avait fait en février un responsable de Berlaymont qui exigeait de « nouvelles élections » en Grèce.

    Protectorat de la dette

    De fait, en décidant de bloquer un projet peu coûteux, mais nécessaire sur le plan social, la Commission a ouvertement prouvé que la Grèce était pour elle un « protectorat de la dette », comme avait pu l'être dans les années 1930-40 Terre-Neuve lorsque ce territoire (qui, alors ne faisait pas partie du Canada), avait été géré par une commission de créanciers. Dans la mesure où une telle loi ne représentait pas, en effet, un danger pour les intérêts des créanciers (qui, rappelons-le, ont été pour le moment payés rubis sur l'ongle par le nouveau gouvernement), la Commission n'avait pas à exiger son annulation.

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