Ci-gît SYRIZA ?
L’impitoyable règne, l’amertume déborde. Rien ne sera plus comme avant, hormis la poursuite du génocide économique et encore. Notre situation relève à la fois de la... troisième bataille d'Ypres , de Montoire et de Várkiza ... SYRIZA n’est plus comme avant, je dirais même que dans un sens SYRIZA n’est plus. Histoire alors en direct et de pleine gueule. Mardi 14 juillet dans la soirée, j’ai assisté en... observateur participant invité, à la réunion plénière du courant (Plateforme) de Gauche de SYRIZA.
Réunion de la Plateforme de Gauche SYRIZA. Athènes, le 14 juillet |
Images obligatoirement floues d’une époque enfin limpide. Les journalistes en ont été exclus car la réunion n’était pas publique ni ouverte, et la consigne a été donnée par les organisateurs et répétée par Panagiótis Lafazánis en personne, “de ne pas enregistrer les débats et de ne pas communiquer, au-delà des déclarations à la presse qui attend dehors”.
Ainsi, d’après le reportage de la presse grecque du 15 juillet, “lors de la réunion des dirigeants de la Plateforme gauche, ses cadres essayent simultanément de coordonner leurs actions avec d'autres groupes organisés et de dissidents au sein de SYRIZA, afin d'adopter une ligne commune lors des réunions ultérieures, autant au Parlement, que dans les organes du parti”. “Notre feuille de route est d'aller vers la monnaie nationale, cela nous devrions l’avoir déjà fait, et nous pouvons le faire maintenant, en utilisant les 22 milliards d’Euros de réserve de la Banque de Grèce pour payer les salaires et les pensions, et ainsi profiter de ce laps de temps pour imprimer notre propre monnaie, aurait dit M. Lafazánis, car la réunion était à huis clos, et il n’y a pas eu de communiqué publié”.
Réunion de la Plateforme de Gauche de SYRIZA, le 14 juillet 2015 |
“Manifestement, de nombreux membres de cette composante de SYRIZA, se ont ouvertement positionnés en faveur d’un vote, contre la proposition du gouvernement conduisant à l’accord, cependant, ils ont laissé la porte ouverte, celle de la communication et du dialogue, ils ont aussi réitéré la nécessité absolue, même en ce moment du rejet de l’accord par le gouvernement”.
“Des informations très fiables, indiquent que la Plateforme de Gauche échange et converse avec l'ex-ministre des Finances (Yanis Varoufákis)”, quotidien “Ethnos” du 15 juillet. Tout cela est juste, sauf que je ne peux écrire davantage... sur les échanges et sur les débats qui se sont déroulés hier, les lecteurs de greekcrisis peuvent ainsi comprendre !
Journalistes et cameras devant l'hôtel où se tenait la réunion de la Plateforme de Gauche. Athènes, le 14 juillet |
Je peux par contre écrire, que le climat était bien grave, les visages crispés et les cœurs bien battants. Les ministres issus de la mouvance gauche de SYRIZA (et qui ne le seront plus dans quelques heures), ont précisé ce que tout le monde d’ailleurs sait: “La procédure est anticonstitutionnelle, plus anticonstitutionnelle même que jamais... autant auparavant. Personne n’a lu réellement le long texte étalé sur seulement deux articles, les ministres concernés non plus. C’est un diktat... dicté et imposé, donc c’est un viol, d’abord de la volonté populaire exprimée lors du référendum, de la souveraineté nationale et... accessoirement de la Gauche, en Grèce et partout ailleurs. Nous, nous n’accepterons pas cette version de l’histoire... de notre histoire”.
Le mémorandum III et... Tsipriote, a été même qualifié de “Solution finale”, tandis que les arguments avancés par Alexis Tsípras sur le “paquet alloué au développement” et sur l’ex-annulation de la dette grecque, c’est à dire son rééchelonnement lointain vers 2022, ont été réfutés par les élus de la Plateforme de Gauche, lors de la réunion mais aussi par la suite publiquement ce mercredi matin dans les médias.
Joint par téléphone en direct, le député Plateforme de Gauche et du Pirée, Leoutsakos, a expliqué sur la télévision Ant1 (15 juillet), sa “mission qui est aussi celle de la Plateforme de Gauche et en réalité de tout SYRIZA fidèle à son histoire et à ses engagements vis à vis du peuple grec, référendum compris: informer, lutter, préparer le peuple pour enfin sortir de zone euro, car... aucune politique de gauche n’est possible pour les pays de la dite zone, d’où l’effondrement total de la stratégie SYRIZA jusque là. Si cet accord (le mémorandum III) passe, alors nous lutterons jusqu’à son annulation.”
Manifestante ex-Syriziste brûle le drapeau du parti. Place de la Constitution, le 13 juillet, source: internet grec |
“Alexis Tsípras a commis une grave erreur en acceptant cet accord, car c'est effectivement une erreur de rester dans une zone monétaire sous les ordres de la soumission. D’ailleurs nous voterons ‘Non’ au texte et nous ne démissionnerons pas du mandat de député. Car ce mandat appartient à SYRIZA, et nous, nous restons fidèles aux idées du parti tout en respectant la déontologie en interne. Mais nous ne fonderons pas pour autant un nouveau parti, seulement au sein de SYRIZA il y aura du changement, c’est certain” (je cite de mémoire).
Dimítris Vitsas, également député SYRIZA (de... la majorité), très agacé a aussitôt quitté le studio où il participait à un panel d’invités, cela a donc pu démontrer la... clarté du débat chez SYRIZA.
Peu avant midi (15 juillet), Nadia Valaváni (ministre déléguée de l’Économie) a démissionné, tandis que Zoé Konstantopoúlou, Présidente de l’Assemblée supposée Nationale, a exhorté les députés à ne pas céder devant le coup d'État et face au chantage.
Les événements se bousculent devant l’issue de secours de l’histoire. Place de la Constitution... piétinée par le nazisme bleu de l’UE et de Berlin eternel, des manifestants... de type nouveau ont fait leur apparition. Ces Syrizistes indignés, manifestent avec rage et détermination, certains ont même brûlé le drapeau de... leur parti. Le nouveau slogan qui orne désormais le marbre de la place est le suivant: “Ci-gît SYRIZA... que je soutenais jadis”. Les forces spéciales de la police (MAT - CRS) ont par ailleurs retrouvé... toute leur place devant le Parlement. Ci-gît alors un certain SYRIZA...
Ci-gît SYRIZA. Place de la Constitution, le 13 juillet |
Retour des unités de la Police devant le Parlement. Athènes, le 13 juillet |
Nouveaux manifestants. Place de la Constitution. Le 13 juillet |
La stratégie de la Plateforme de Gauche semble se dessiner: prendre le contrôle du parti et reléguer du gouvernement Tsipriote au rang d’électron mémorandaire “libre”. Ce serait presque fait. L’affirmer c’est prématuré. Cependant, mercredi (15 juillet), un texte signé par 109 membres du Comité Central de SYRIZA (sur un total de 201 délégués) et aussitôt publié par la presse appelle à l’unité de SYRIZA, et au respect des engagements adoptés avant les élections et lors du dernier congrès du parti.
“Le 12 juillet a eu lieu à Bruxelles un coup d'État. Il a prouvé que le but des dirigeants européens était l'extermination d'un peuple pour en faire un exemple, ce peuple avait songé à la poursuite d’un autre chemin, au-delà et en dehors du modèle néolibéral de l'austérité alors extrême. Un coup d'État donc dirigé directement contre toute conception de la démocratie et de la souveraineté populaire.”
Alexis Tsípras et Panagiótis Lafazánis. Unité... en 2013 |
“L'accord avec les ‘institutions’ fut le résultat de menaces directes et d’étranglement économique, introduisant ainsi un nouveau mémorandum, dont les termes du contrôle exercé seront encore plus lourds et humiliants, un désastre pour notre pays et pour notre peuple.” “Nous concevons certes la situation, autrement-dit les pressions étouffantes, exercées sur la partie grecque lors des négociations, néanmoins, nous considérons que le fiers ‘NON’ de tout un peuple au référendum, n’autorise pas au gouvernement la soumission au chantage et à l’ultimatum des créanciers. Cet accord n’est pas compatible avec les idées ni avec les principes de la gauche, mais surtout, il n’est pas compatible avec les besoins des couches populaires. Cette proposition ne peut pas donc pas être acceptée par le peuple, ni par les cadres de SYRIZA. Nous demandons la tenue d’une réunion immédiate du Comité central et nous invitons les membres, les cadres et les députés de SYRIZA, à sauvegarder l'unité du parti sur la base des engagements qui ont été les nôtres en janvier 2015, et sur celle, issue du dernier congrès de SYRIZA.”, voilà pour le texte dans son intégralité.
Non au 4ème Reich. Athènes 2010-2015 |
Plan-B. NON à l'euro. Athènes 2010-2015 |
Ne vivons pas comme des esclaves. Athènes, 2010-2015 |
Handicapés et manifestants. Athènes, 2010-2015 |
En plus, vingt délégations régionales SYRIZA, se sont ouvertement positionnées de la même manière, et ce n’est qu’un début. Le mémorandum III aura scellé en quelque sorte le sort de SYRIZA, et autant celui de l’Européisme. Pétros, un voisin rencontré mercredi matin est du même avis:
“SYRIZA, en tout cas tel que nous le connaissions, est terminé. Ce mémorandum est un génocide. Nous ne nous laisserons pas faire, avec un SYRIZA nouveau, avec un autre mouvement politique et surtout entre nous mobilisant notre nouvelle conscience, nous ferons tout pour résister et pour sortir de l’UE. Deja, il va falloir sortir de la zone de l’Euro de manière réfléchie et préparée, pas n’importe comment. Et il faut enfin comprendre que la voie actuelle est celle de la mort assurée tandis que l’autre manière, elle sera peut-être difficile, sauf que l’espoir... peut revenir” Il y a encore six mois, Pétros, électeur SYRIZA, pensait que l’Europe était alors un cadre... naturel. Plus maintenant et plus jamais.
La tragédie politique et incontestablement personnelle d’Alexis Tsípras, a eu le grand mérite de faire bouger les lignes de l’Européisme, en Grèce, comme ailleurs. Lors de la réunion de la Plateforme de Gauche, Panagiótis Lafazánis a insisté sur la fausseté... grassement payée des sondages. “Croyez-moi, tous les sondages sur cette question de l'image prétendument positive de l'UE et de l'Euro sont payés pour être sciemment faux ; il faut en être conscient”, a-t-il précisé.
Retraités manifestants. Athènes, 2010-2015 |
Costas Lapavítsas via Skype. Forum pour sortir de l'euro et de l'UE. Athènes, 2013 |
Vie grecque. Athènes, 2010-2015 |
Costas Lapavítsas, économiste et député SYRIZA (Plateforme de gauche), lors de son intervention mardi soir (14 juillet), a insisté sur deux points (déjà connus par ses propos tenus devant les journalistes). “D’abord, c’est la première fois dans ma carrière d’économiste que je rencontre une telle convention d’accord. Non seulement, elle est de type néo-colonialiste, personne ne dira le contraire, mais surtout, surtout hélas, cet accord comporte par certaines de ses formulations et tournures de phrase, un volet ouvertement revanchard et punitif, au-delà même de toute logique économique (même de type néocolonialiste), car c’est ainsi que l’élite de l’Allemagne pense ‘régler l’affaire grecque’”.
“Ensuite, je le répète, nous avons un Plan-B, par lequel, étape après étape, nous sortirons de la zone euro.”. La Grèce sait et la Grèce alors comprend. En se suicidant Place de la Constitution, le retraité pharmacien Dimitri Christoúlas, n’avait pas mâché ses derniers mots. J’y étais... étrange hasard. “Preuve en est le très visionnaire billet, écrit de sa propre main, que ce nouveau martyr des temps modernes qu’est Dimítris Christoúlas, pharmacien de longue date, laissa expressément dans sa poche, tel un véritable manifeste idéologique plus encore qu’un testament spirituel, avant de quitter cette ingrate terre:” “Je crois que les jeunes sans avenir, dans ce pays, prendront un jour les armes et pendront les traîtres.”, note dans son carnet Daniel Salvatore Schiffer, et c’est... dans le Nouvel Observateur.
Quelques minutes après le suicide de Dimitri Christoúlas. Place de la Constitution, le 4 avril 2012 |
Nikólaos Palyvos. Jeune scientifique, suicidé en 2012 |
Le mémorandum, impose ce psychisme de la peur. Athènes, 2010-2015 |
Mémorandum après mémorandum, suicide après suicide, c’est alors le lien... social tissé autour de la peur et de la mort qui devient alors le catalyseur non contrôlable du futur. La barrière anatomique de la société grecque a été ouverte depuis, la plaie est béante. Sauf qu’en fin de compte, la peur a été vaincue, déjà en janvier 2015 et ensuite, lors du récent référendum. D’où très... logiquement, cette expédition punitive, héritée du passé impérial et nazi de l’élite allemande.
Sauf qu’en Allemagne déjà, de nombreux citoyens, voire collectifs politiques expriment leur désaccord et parfois même leur désarroi. Wolfgang Schäuble, escroc et mafieux parmi les grands mafieux, “non seulement prépare un projet d’une l'Europe germanocentrée, il est en plus... l’usufructuaire direct d’un tel projet. Le fonds luxembourgeois... où devaient être alors transférés les 50 milliards de dollars des privatisations grecques imposées initialement par la première version du mémorandum III, est en réalité une société dans laquelle Schäuble est le président du conseil d’administration. Ceci explique alors cela, car nous devons enfin comprendre ce que signifie la mainmise sur les peuples européens de l’oligarchie allemande”, a-t-il déclaré devant les députés ce mercredi le ministre du Travail (SYRIZA) Panos Skourlétis.
Athènes, 2010-2015 |
Peuple aux armes. Athènes, 2010-2015 |
Fiasco programmé. Athènes 2010-2015 |
Le mémorandum III, introduit entre-autres de... l’automaticité quant aux mesures austéritaires, lorsque certains chiffres ne correspondront pas au logiciel ordo-libéral d’Angela Merkel et de François Hollande... dans un sens. C’est autant ; un essai gradeur nature de la nouvelle Europe en gestation. C’est aussi pour cette raison qu’elle est depuis synonyme de haine, de guerre et de destruction massive des sociétés, de la démocratie, des nations et des souverainetés. Donc arrêtons-la, tant qu’il est encore temps, autrement-dit, il faut défaire l’UE, tel doit être le seul et premier programme de la Gauche déjà.
SYRIZA n’est plus (comme avant d’abord), et le mémorandum III finira très mal. La société grecque explosera alors tôt ou tard, j’en suis convaincu et je ne suis pas le seul à le penser à Athènes.
La... Grrrrèce, toute la Grèce est en train de grincer des dents. Dans la rue, dans les cafés, les gens sont enflammés, agacés, amers et déterminés. Ils ne disposent pas d’autre arme que leur présence physique ou le vote, et cela, malgré la tromperie et malgré le coup d’État.
La Grrrèce qui grince. Athènes, 2010-2015 |
UE, Euro et leur dictature. “Quotidien des Rédacteurs”, juillet 2015 |
À la fin de la réunion de la Plateforme de Gauche, nous avons bu un seul verre de vin, et d’ailleurs sec, dans un bistro du coin. Nous avons commenté les événements, ainsi que l’interview qu’Alexis Tsípras avait entre-temps accordée à la télévision publique ERT le même soir. “Il n'est pas convaincant, il est sur la défensive... bonjour”.
Au moment de la note, Caterína Thanopoúlou, Plateforme de Gauche et Vice-présidente de Région en Attique chargée des Affaires sociales, a sorti un... faux billet de “500 nouvelles drachmes”.
500 nouvelles drachmes. Le 14 juillet 2015 |
“C'est déjà un peu tôt et c'est surtout largement en retard, nous regardons toujours le soleil... derrière le grillage de l'euro”!