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Gouvernement - Page 3

  • La France, sponsor des terroristes ? La terreur, une longue tradition française (8/10)

    DGSE-3

    En matière de sabotages et d’homicides, les services secrets français ont déjà fait toute la démonstration de leur savoir-faire. Petit tour d’horizon…


    Depuis les années 1950, la France a utilisé ses services de renseignement pour assassiner des cibles politiques et faire régner la « guerre psychologique » (autrement dit la terreur) en Indochine et en Algérie notamment. Le Service Action (SA) du SDECE[1], puis de la DGSE[2], a été créé pendant la Guerre d’Indochine, et fortement utilisé en Algérie pour éliminer la résistance à coup de sabotages (« opérations arma ») et d’enlèvements ou d’assassinats ciblés (« opération Homo »), y compris de civils pour « faire craquer » la population.

    L’organisation armée La Main rouge, qui assassina des militants de l’indépendance du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie, était vraisemblablement liée au SDECE et agissait pour le compte de la France qui rechignait à voir ses colonies obtenir leur indépendance. La Main rouge a notamment assassiné le syndicaliste tunisien Farhat Hached le 5 décembre 1952, ainsi que les militants du mouvement national tunisien Hédi Chaker le 13 septembre 1953, Abderrahmen Mami le 13 juillet 1954, puis les frères Taher et Ali Haffouz. L’assassinat à Casablanca du militant pour l’autonomie du Maroc Jacques Lemaigre Dubreuil le 11 juin 1955, a lui aussi été attribué à la Main rouge. De nombreux autres militants pour les indépendances ont été assassinés entre 1950 et 1962. Au cours de la seule année 1960, 135 personnes ont été tuées par le Service Action du SDECE selon Constantin Melnik, qui supervisait à l’époque l’action des services secrets pour le Premier ministre français Michel Debré.

    Mais ces actions hautement confidentielles ne se font pas sans bavures, et il arrive que des opérations secrètes tombent ainsi dans le domaine public. C’est le cas de l’attentat raté contre le militant indépendantiste algérien Tayeb Boulahrouf à Rome, qui tua accidentellement un enfant de 10 ans[3].

    Un autre exemple : l’assassinat en 1960 à Genève du leader pour l’indépendance du Cameroun, Félix-Roland Moumié. L’agent français chargé d’assassiner Félix Moumié en se faisant passer pour un journaliste lui administra une double dose de poison, et Félix Moumié mourut à Genève le 3 novembre 1960 au lieu de mourir plus tard au Cameroun comme cela était prévu. L’enquête effectuée par la police suisse permit de révéler l’identité de l’assassin : William Bechtel, un réserviste du SDECE, dont le procès déboucha sur un non-lieu le 27 octobre 1980[4].

    Un dernier exemple, « l’Affaire du Rainbow Warrior » : le 10 juillet 1985, des agents secrets français de la DGSE sabordent le navire de Greenpeace Rainbow Warrior qui visait à protester contre les essais nucléaires français dans le Pacifique, sur les îles polynésiennes de Moruroa et Fangataufa[5]. Cette opération fit un mort, le photographe néerlandais d’origine portugaise Fernando Pereira. N’ayant pas pu évacuer le navire à temps, il était encore à bord lorsqu’a explosé la deuxième mine magnétique placée sur la coque du bateau par les services français. C’est d’ailleurs après la bavure du Rainbow Warrior qu’un groupe spécial sera créé au sein du Service Action de la DGSE : les « Cellules alpha[6] ».

    Aujourd’hui encore, le Service Action de la DGSE agit hors de nos frontières et hors de tout contrôle démocratique. Ainsi, les services secrets participant à l’intervention militaire de 2011 en Libye ont préparé et encadré le débarquement sur une plage de Tripoli des commandos insurgés venus de Misrata, en coopération avec le Special Air Service (SAS) britannique, avec des Qatariens et probablement des Emiriens[7]. Des opérations clandestines opérées par les forces spéciales françaises sont encore en cours en Libye[8] aujourd’hui[9], au plus grand mépris de la transparence à laquelle on pourrait s’attendre dans un pays qui se dit démocratique.

     

    Source: Investig’Action

    Notes:

    [1]              . SDECE : Service de Documentation Extérieure et de Contre-Espionnage, créé en 1945. Il est remplacé en 1982 par la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE).

    [2]              . Direction Générale de la Sécurité Extérieure .

    [3]           . « Tayeb BOULAHROUF : Le gentleman de la diplomatie de guerre », Lequotidienalgerie.org, 26 juin 2012.

    [4]           . « William Bechtel, l’agent français qui a tué Félix Moumié », Journalducameroun.com, 24 novembre 2014. & Georges DOUGUELI, « Comment Félix Moumié a été empoisonné », Jeuneafrique.com, 9 juin 2008.

    [5]           . Hervé GATTEGNO, « Greenpeace, vingt ans après : le rapport secret de l’amiral Lacoste », Lemonde.fr,‎ 9 juillet 2005.

    [6]              . Patrick PESNOT, « Rendez-vous avec X : Les cellules Alpha », France Inter, 9 mai 2015. & Vincent NOUZILLE, Les tueurs de la République, Fayard,‎ 2015, 73.

    [7]              . « Premier bilan des actions clandestines », Intelligenceonline.fr, 1er septembre 2011.

    [8]              . Nathalie GUIBERT, « La France mène des opérations secrètes en Libye », Lemonde.fr, 24 février 2016.

    [9]              . En février 2016.

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  • La France, sponsor des terroristes ? Israël et la colonisation (7/10)


    armee-sioniste-terroriste
     

    Israël, impliqué dans le terrorisme «islamiste» international ? Cette affirmation pourrait sembler farfelue, si l’on ne prenait pas la peine de s’interroger sur les intérêts géostratégiques israéliens dans la région.

     

    C’est ce que fait le chercheur Olivier Roy, qui dévoile que le phénomène jihadiste en Irak et en Syrie sert les intérêts d’Israël : « Pour les Israéliens, Daech c’est génial : des Arabes qui tapent sur des Arabes et réciproquement ! Ils ne peuvent que se réjouir de voir le Hezbollah se battre contre des Arabes, la Syrie s’effondrer, l’Iran être empêtré dans une guerre, tandis que la question palestinienne devient une cause secondaire.[1] »

                L’ancien diplomate Mohamed Hassan l’explique assez bien : « les israéliens ont un sérieux problème avec Bachar el-Assad. D’abord, parce qu’ils ont conscience que le Hezbollah n’aurait pas pu gagner en 2006 sans le soutien de la Syrie. Ensuite, parce que la crise syrienne leur offre une occasion en or d’affaiblir leur grand ennemi iranien sans même devoir tirer une balle. Le vice-premier ministre israélien Dan Meridor a d’ailleurs déclaré en octobre 2012 : « La priorité est clairement de briser l’alliance entre la Syrie, l’Iran et le Hezbollah. Cela dépasse tous les risques inhérents à un changement de régime à Damas »[2] ».

                On ne peut guère être plus clair. Il n’est donc pas étonnant d’entendre le premier président du Conseil National Syrien Burhan Ghalioun déclarer que la Syrie arrêterait de soutenir le Hezbollah si Bachar el-Assad était remplacé[3]. Ni d’entendre Bassma Kodmani, l’ancienne porte-parole du Conseil National Syrien (qui a travaillé pour la Fondation Ford et le Council on Foreign Relations), déclarer publiquement : « Nous avons besoin d’Israël[4] ». Mohamed Hassan atteste que « Israël a un intérêt certain à se débarrasser de son soi-disant « dictateur favori ». Tsahal [l’armée de défense d’Israël, ndlr], a d’ailleurs mené plusieurs raids en Syrie depuis le début de la guerre. Et un hôpital israélien a été installé dans le Golan pour soigner les rebelles anti-Assad[5]. »

                Non content de soutenir certains groupes terroristes à l’œuvre aujourd’hui en Syrie contre Bachar el-Assad, le gouvernement israélien est coupable sur son sol de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité[6]. En effet, le rapport de l’ONG Amnesty International sur les droits de l’homme en « Israël et dans les territoires palestiniens occupés » pour l’année 2014/2015 est accablant : « les forces israéliennes se sont rendues coupables de crimes de guerre et de violations des droits humains durant une offensive militaire de 50 jours dans la bande de Gaza, qui a fait plus de 1500 morts, dont 539 enfants, et des milliers de blessés parmi les civils. Elle a également provoqué d’importants déplacements de population et des destructions de biens de caractère civil et de services vitaux. Israël a maintenu son blocus aérien, maritime et terrestre de la bande de Gaza, punissant de façon collective ses quelque 1,8 millions d’habitants et accentuant la crise humanitaire. En Cisjordanie, les forces israéliennes ont tué illégalement des manifestants palestiniens, dont des enfants, et ont maintenu diverses restrictions oppressives à la liberté de mouvement des Palestiniens, tout en continuant de promouvoir les colonies illégales et en permettant aux colons israéliens d’attaquer des Palestiniens et de détruire leurs biens en toute impunité, ou presque. Les forces israéliennes ont arrêté plusieurs milliers de Palestiniens, dont certains ont déclaré avoir été torturés ; elles en maintenaient environ 500 en détention administrative sans procès. En Israël, les autorités ont continué de procéder à des expulsions forcées et de démolir les habitations de Bédouins palestiniens dans les « villages non reconnus » du Néguev/Naqab. Elles ont aussi placé en détention et expulsé sommairement des milliers de migrants étrangers, dont des demandeurs d’asile, et emprisonné des objecteurs de conscience israéliens.[7] »

    Un autre article d’Amnesty International montre bien comment Israël utilise des méthodes relevant du terrorisme d’État (intimidations, menaces, torture, destruction de biens privés, expulsions forcées, privations de libertés, restrictions de droits fondamentaux…) en représailles aux actes de résistance palestiniens[8]. Selon Amnesty, les actes du gouvernement israélien ne respectent pas « les droits humains et le droit international humanitaire », et représentent une « atteinte aux Conventions de Genève et un crime de guerre[9] ». Ces méthodes autoritaires et traumatisantes poussent à la radicalisation, et participent à l’entretien d’un cycle de violences perpétuel.

     

    Source: Investig’Action

     

    Notes:

    [1]              . Sara DANIEL et Marie LEMONNIER, « Ces (nombreux) pays que l’existence de Daech arrange bien », Nouvelobs.com, 22 novembre 2015.

    [2]              . Mohamed HASSAN et Grégoire LALIEU, Jihad Made in USA, Investig’Action, 2014, p. 119.

    [3]      . Ibidem

    [4]      . Ibidem.

    [5]              . Idem, p. 120.

    [6]      . « Rapport Black Friday : carnage à Rafah », Amnesty.org.

    [7]              . « Le rapport Israël et territoires palestiniens occupés », Amnesty.org, 2014/2015.

    [8]              . Jacob BURNS, « Voici à quoi ressemble la «fermeté face au terrorisme» à Jérusalem-Est », Amnesty.org, 30 octobre 2015.

    [9]      . Idem.

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  • La France, sponsor des terroristes ? Les États-Unis et leur guerre permanente (6/10)

     

    War-USA
     

    L’objet n’est pas d’entrer ici dans le détail sordide des exactions perpétrées par les États-Unis à travers l’histoire. Nous nous contenterons de rappeler quelques chiffres tragiques liés aux multiples conflits dans lesquels se sont engagés les USA au cours de la seconde moitié du XXème siècle. Si les auto-proclamés « occidentaux » évoquent l’après-guerre comme une période de « guerre froide » entre les États-Unis et l’URSS, d’autres régions du monde eurent à subir les conséquences bien chaudes de l’affrontement idéologique Est-Ouest.


    Depuis 1950, les États-Unis ont été impliqués dans plus de 30 conflits et ont bombardé de nombreux pays, faisant des millions de victimes : guerre de Corée (1950-1953), Guatemala (1954, puis 1960 puis 1967-1969), Indonésie (1958), Cuba (1959-1961), Congo (1964), Laos (1964-1973), Vietnam (1961-1973), Cambodge (1969-1970), Grenade (1983), Liban (1983-1984), Libye (1986, puis 2011), Salvador (1980′), Nicaragua (1980′), Iran (1987), Panama (1989), Irak (1991, puis 2003-2011), Koweit (1991), Somalie (1993, puis 2007-2008, puis 2011, puis 2015), Bosnie (1994-1995), Soudan (1998), Afghanistan (1998, puis 2001-2014), Yougoslavie (1999), Yémen (2002, puis 2009, puis 2011, puis 2015-présent), Pakistan (2007-présent)…

    Le chercheur états-unien Micah Zenco a calculé que les États-Unis ont largué pour la seule année 2015 plus de 23.000 bombes sur L’Irak, la Syrie, l’Afghanistan, le Yémen et la Somalie[1]. Étonnamment, le Pentagone ne déclare que six victimes civiles dans les bombardements U.S., ce qui paraît totalement irréaliste et sous-estimé au vu de l’intensité des bombardements.

     

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  • Sisco, le « burkini » et une certaine « gauche » par Jacques Sapir

    Sisco, le « burkini » et une certaine « gauche »

     

    La question du « burkini », avec les arrêtés d’interdictions pris dans certaines communes, et les affrontements de samedi 13 août en Corse, à Sisco, reposent de manière aigüe et la question des modalités d’application de la laïcité, mais aussi celle des relations entre liberté individuelle et règles collectives. Il est important de ne pas chercher à envenimer une situation qui est, localement, explosive, mais il est aussi important de ne pas transiger sur un certains nombres de principes.

     

    Les incidents de Sisco

    Rappelons les faits. À l’origine des heurts, selon plusieurs sources concordantes[1], un accrochage entre trois familles musulmanes, qui ont accusé les vacanciers de prendre en photo leurs femmes, voilées, se baignant en djellaba et en « burkini », et des touristes qui profitaient de leur passage dans la marine de Sisco pour photographier la crique dite de « Scalu Vechju », très fréquentée par les locaux. Les trois familles ont caillassé les touristes. Un adolescent du village de Sisco est accusé d’avoir pris des photos des épouses et d’avoir filmé l’altercation. L’adolescent, secoué et agressé, et ses amis appellent alors leurs parents qui descendent précipitamment du village, et sont rejoints par plusieurs dizaines de personnes. L’un des parents, un ancien légionnaire d’origine tchèque installé à Sisco, est blessé à deux reprises, au niveau des hanches, par des flèches de fusil-harpon. Au cours des heurts, quatre autres personnes sont blessées et évacuées vers le centre hospitalier de Bastia. Le niveau de violence semble disproportionné à une réaction face à des photographies.

    Il convient, alors, de dénoncer la présentation faite dans certains médias (FR2 en particulier) qui parlent à propos des affrontements de Sisco « d’affrontements intercommunautaires ». Aucune « communauté » n’a été impliquée ici. Certainement pas les corses, qui ne constituent pas une « communauté » au sens strict du terme et encore moins les « musulmans ». La pratique d’une religion ne fait pas « communauté » aux yeux du Préambule de la Constitution, ni à ceux de la loi. Ce langage tenu par des « journalistes » est non seulement faux, mais de plus il jette de l’huile sur le feu. On rappelle aussi que des pratiques extrémistes, et clairement le port du « burkini » relève de ces pratiques, ne peut servir à qualifier une religion, tout comme les discours créationnistes tenus par des extrémistes protestants ou catholiques ne peuvent qualifier ces religions.

    Nous sommes donc en présence d’un incident limité, mais qui aurait pu avoir des conséquences graves (le harpon), et où les responsabilités sont claires.

     

    De l’interdiction du « burkini »

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  • La France, sponsor des terroristes ? L’Arabie Saoudite et les jihadistes d’al-Nosra (5/10)

     

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    L’Arabie saoudite finance des groupes terroristes. Les preuves sont évidentes. Et pourtant, le gouvernement français qui affirme être entré en guerre après les attentats de Paris continue à entretenir des relations privilégiées avec la monarchie pétrolière. Ses liens avec la rébellion syrienne posent également question. Y aurait-il, pour le gouvernement français, de bons et de mauvais terroristes?


     

    L’euro-député Vert Philippe Lamberts rappelle que « l’Arabie Saoudite est le premier vivier du salafisme wahhabite et à ce titre porte une responsabilité cruciale dans l’enracinement de cette forme de l’islam mortifère[1] ». En effet, pour atteindre ses ambitions de puissance régionale hégémonique et étendre son influence politico-économique, l’Arabie Saoudite n’hésite pas à créer, former, financer et armer des groupes terroristes.

    Ainsi, plusieurs témoignages attestent du financement de réseaux jihadistes par d’influents saoudiens, y compris au sein de la famille régnante. Zacarias Moussaoui, impliqué dans la préparation des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, a affirmé sous serment dans un document daté d’octobre 2014 « qu’al-Qaïda recevait des dons de la part de membres de la famille royale saoudienne[2] ». Il a également avoué « qu’il avait rencontré un diplomate saoudien en vue de préparer une attaque contre le président des États-Unis [et qu’]il a également conspiré pour mettre une bombe à l’ambassade des États-Unis à Londres en 1999.[3] » Dans le même document, il accuse plusieurs membres de la famille royale saoudienne d’avoir financé al-Qaïda : le prince Turki al-Fayçal (directeur des services secrets saoudiens de 1979 à 2001 puis ambassadeur aux États-Unis de 2005 à 2007), le prince Bandar Ben Sultan[4] (ambassadeur aux États-Unis de 1983 à 2005 puis directeur des services secrets  de 2012 à 2014), et le prince al-Walid Ben Talal (homme d’affaires saoudien multi-milliardaire). Difficile de vérifier ces allégations, car les 28 pages du rapport sur les attentats de 11 septembre qui explorent les liens entre l’Arabie saoudite et al-Qaïda ont été classifiées[5]. L’ex-sénateur états-unien Bob Graham affirme d’ailleurs que ce document de 28 pages « montre la participation directe du gouvernement saoudien dans le financement [des attentats] du 11 Septembre. […] Nous avons montré que quoi qu’ils [les Saoudiens] fassent, il y aurait impunité. Ils ont donc continué à soutenir al-Qaïda, puis plus récemment dans l’appui économique et idéologique à l’État islamique. C’est notre refus de regarder en face la vérité qui a créé la nouvelle vague d’extrémisme qui a frappé Paris[6] ».

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  • La France, sponsor des terroristes ? Le Qatar et le plan des Frères musulmans (4/10)

     

    hollande qatar
     

    Dans l’entreprise de remodelage du Grand Moyen-Orient, le Qatar joue un rôle de premier plan. Profitant du vide laissé par le déclin des nationalistes, le Qatar ambitionne de se positionner à l’avant-garde du monde arabe en s’appuyant notamment sur les Frères musulmans. Avec ses croyances dans un libéralisme économique débridé, le mouvement apparaît comme un partenaire utile tant pour l’impérialisme occidental que pour son parrain qatari. Comment l’émirat utilise-t-il la confrérie ? Quel rôle joue sa chaîne télévisée Al-Jazeera ? Comment définir les relations entre la France et le Qatar ? Pourquoi l’émirat a-t-il rejoint l’Organisation Internationale de la Francophonie ?


     

    Alain Chouet révèle que l’Arabie Saoudite et le Qatar arment et financent les mouvements salafistes jihadistes (dont Al-Qaïda[1]) pour faire triompher l’idéologie wahhabite, et pour appuyer le projet d’installation de l’islam politique dans le monde arabo-musulman. C’est l’objet du projet politique qatari[2] qui exporte tous azimuts le modèle idéologique des Frères Musulmans, à grand renfort de gazodollars. Un modèle qui s’accommode très bien de la version la plus débridée du capitalisme néolibéral prôné par Washington.

    Les pétro/gazo-monarchies wahhabites sont aidées dans ce projet par les néo-conservateurs états-uniens, qui voient d’un bon œil le remodelage du Moyen-Orient sur des bases confessionnelles. Pour ce faire, pas besoin de chercher très loin. Autant utiliser la stratégie la plus efficace de l’histoire des conflits et des conquêtes de territoires, une stratégie qui date au moins de l’Empire romain : divide ut regnes, ou divide et impera (« diviser pour régner »). Pas d’états d’âme pour les puissants et les va-t-en guerre, seulement des intérêts, des rêves de conquêtes et de domination.

    L’enjeu géopolitique central est le même depuis le XIXè siècle : contrôler l’Eurasie, carrefour géostratégique entre trois continents où réside une grande part des richesses mondiales. Selon l’influent stratège états-unien Zbigniew Brzezinski (conseiller à la sécurité nationale de Jimmy Carter), le pays ou le groupe de pays qui parviendrait à contrôler l’Eurasie, contrôlerait le monde. C’est la thèse qu’il expose dans son livre Le Grand échiquier, L’Amérique et le reste du monde, paru en 1997. Il y a près de vingt ans, il exposait déjà une doctrine claire, adoptée depuis par les administrations états-uniennes toutes tendances confondues : « l’Amérique est désormais la seule superpuissance mondiale, et l’Eurasie la scène centrale de la planète. De ce fait, la redistribution des pouvoirs sur le continent eurasien revêtira une importance capitale pour la suprématie américaine dans le monde et l’histoire future des États-Unis. […] L’Amérique joue désormais le rôle d’arbitre en Eurasie, et aucun problème d’importance ne saurait trouver de solution sans sa participation ou d’issue contraire à ses intérêts. La longévité et la stabilité de la suprématie américaine sur le monde dépendront entièrement de la façon dont ils manipuleront ou sauront satisfaire les principaux acteurs géostratégiques présents sur l’échiquier eurasien et dont ils parviendront à gérer les pivots géopolitiques clés de cette région[3] ». Brzezinski ne s’en cache aucunement, l’objectif de la politique extérieure des États-Unis consiste bel et bien à instaurer un « nouvel ordre international sous tutelle américaine[4] ».

    Quelques années après la publication du Grand échiquier, les attentats contre le World Trade Center et le Pentagone offrirent à l’administration états-unienne le prétexte tant attendu pour imposer le USA Patriot Act et une surveillance massive des citoyens états-uniens. Les attentats du 11 septembre 2001 furent un casus belli opportun, qui permirent aux États-Unis d’intervenir en Afghanistan (2001) et en Irak (2003), puis d’entamer une guerre internationale contre le terrorisme. Un rêve pour le complexe militaro-industriel mondial, qui se frotte les mains et se remplit les poches avec cette manne céleste accordée à perpétuité.

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  • La France, sponsor des terroristes ? Soutien diplomatique et militaire à des États totalitaires (3/10)

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    Le gouvernement français déborde d’imagination dès lors qu’il s’agit de trouver des solutions antidémocratiques aux attentats de Paris. Mais a-t-il sondé les causes de ces terribles événements? Les relations qu’entretient la France avec des dictatures proches des mouvements terroristes n’ont-elles aucune incidence? Qu’en est-il des projets d’Erdogan et de son implication dans le conflit syrien? Un partenaire de choix?


     

    « C’est le grand paradoxe de l’action gouvernementale actuelle. On pleure sur les conséquences des attentats [du 13 Novembre 2015] qui sont terribles mais on ne s’interroge jamais sur les causes. Évidemment, notre politique étrangère a un rôle fondamental pour expliquer ces attentats. C’est dramatique mais on a aidé, formé, financé indirectement le terrorisme en soutenant l’opposition à Bachar al-Assad. Pour ce qui est de l’Arabie Saoudite et du Qatar, c’est encore pire. Et il y a une complicité fondamentale entre le Qatar et l’Arabie Saoudite et ce qui se passe en Syrie. Ces pays-là financent la mouvance salafiste, la mouvance la plus radicale de l’islam, et en plus sont des facteurs de la déstabilisation de la Syrie. Comme le dit le juge antiterroriste Marc Trévidic, prétendre lutter contre le terrorisme en serrant la main du roi de l’Arabie Saoudite, c’est un peu comme si on prétendait lutter contre le nazisme en invitant Hitler à sa table.[1]  »

    Charles-Henri Gallois[2]

     

    Comme le rappelait l’ancien chef du renseignement français Alain Chouet en juillet 2015, « au Moyen-Orient, au Sahel, en Somalie, au Nigeria, etc., nous sommes alliés avec ceux qui sponsorisent depuis trente ans le phénomène terroriste[3] ». En effet, la France est l’alliée géostratégique d’États totalitaires qui financent le terrorisme international, qui torturent, bombardent et assassinent allègrement les populations d’autres pays ou leur propre peuple dans l’indifférence la plus totale et sous l’attentisme pathologique de l’ONU. Ces États, non contents de jouir de la plus grande impunité devant les instances internationales, sont de surcroît soutenus par la so-called « communauté internationale », qui se rend de fait complice de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Ces États sont les suivants : la Turquie, le Qatar, l’Arabie Saoudite, les États-Unis et Israël.

     

    La Turquie et les « rebelles syriens »

    En mai 2015, le journal turc Cumhuriyet a révélé que des armes à destination des rebelles syriens transitaient par la frontière turco-syrienne dans des camions[4], sous le nez du gouvernement turc. Selon un article du Monde, « des documents officiels publiés sur Internet ont affirmé que les camions appartenaient aux services de renseignements turcs (MIT) et transportaient armes et munitions destinées aux rebelles islamistes syriens en guerre contre le président Bachar Al-Assad.[5]» Un rapport de l’ONU publié en décembre 2013 accusait déjà le gouvernement turc d’avoir livré des armes aux « rebelles syriens » (47 tonnes d’armes livrées entre juin et décembre 2013[6]), ce qui avait été confirmé en janvier 2014 par des enquêtes[7] de journalistes en Turquie qui avaient révélé le soutien du gouvernement turc aux opposants syriens à Bachar Al-Assad.

    La Turquie est aussi soupçonnée de fermer les yeux, voire d’encourager et de faciliter  le passage vers la Syrie de jihadistes venus du monde entier pour rejoindre les rangs, entre autres, du groupe syrien Jabhat al-Nosra (« le front pour la victoire »), un groupe jihadiste affilié à al-Qaïda[8].

    Enfin, la famille du président turc Recep Tayyip Erdoğan est accusée par la Russie d’acheter le pétrole en provenance des territoires contrôlés par l’État islamique en Syrie, participant ainsi directement au financement du groupe terroriste. Le vice-ministre de la défense russe Anatoli Antonov a déclaré le 2 décembre 2015 : « Vous ne vous posez pas de questions sur le fait que le fils du président turc s’avère être le dirigeant d’une des principales compagnies énergétiques et que son beau-fils a été nommé ministre de l’énergie ? Quelle merveilleuse entreprise familiale ! [9]». En effet le fils du président turc, Bilal Erdoğan, possède le groupe BMZ spécialisé dans les travaux publics et le transport maritime. Et Berat Albayrak, le gendre de Recep Tayyip Erdoğan, dirigeait la Çalık Holding, un conglomérat actif dans le secteur des textiles, de l’énergie, de la construction, de la finance, de la logistique et des médias. Depuis novembre 2015, Berat Albayrak est même devenu le nouveau ministre turc de l’Énergie dans le gouvernement de Ahmet Davutoğlu. Un rapport d’une entreprise norvégienne d’hydrocarbures va dans le même sens, accusant la Turquie d’acheter à bas prix le pétrole des zones contrôlées par l’État islamique[10].

    Ainsi, le gouvernement turc souhaite s’inscrire en Grand timonier dans le plan de remodelage du Moyen-Orient (BMENA) imaginé par les États-Unis (voir partie 4/10). Le 16 février 2004 Recep Tayyip Erdoğan – à l’époque Premier ministre de Turquie – l’a clamé fièrement : « l’Amérique a un projet du Grand Moyen-Orient ou Moyen-Orient élargi. Diyarbakir[11] pourrait être au centre de ce projet. Nous devons y parvenir[12] ». Il a d’ailleurs déclaré la Turquie « co-présidente de l’initiative[13] », l’autre pays co-président étant implicitement les États-Unis.

    L’auteur belgo-turc Bahar Kimyongür nous explique en quoi cette initiative  s’apparente à un vaste programme d’ingérence étrangère : « basé sur le principe de création d’un arc sunnite chapeauté par la Turquie, cette stratégie vise à neutraliser les turbulences des chiites d’Iran, d’Irak, du Liban et de leur allié syrien[14] ». Des câbles fuités par Wikileaks « révèlent que Washington envisageait de remplacer le régime syrien par une coalition comprenant [l’ancien vice-président de la Syrie] Abdel Halim Khaddam et les Frères musulmans de Syrie.[15] » Abdel Halim Khaddam est proche du milliardaire Saad Hariri, fils de l’homme d’affaires libanais Rafiq Hariri assassiné en 2005 à Beyrouth. Saad Hariri est, comme son père, proche de la famille royale saoudienne, et « a fourni de grosses quantités d’armes aux terroristes syriens[16] » selon Bahar Kimyongür.

     

    Source: Investig’Action

    Notes:

    [1]              . Victoria ISSAÏEVA, « Créer de nouvelles alliances au nom de la lutte contre l’EI », Sputniknews.com, 26 novembre 2015.

    [2]              . Responsable national du parti de l’Union Populaire Républicaine pour les questions économiques.

    [3]              . Alain CHOUET, « Nous sommes alliés avec ceux qui sponsorisent depuis trente ans le phénomène djihadiste », Humanite.fr, 3 juillet 2015.

    [4]              . Cumhuriyet.com.tr, 29 mai 2015.

    [5]              . « Un journal turc publie les images d’armes livrées par la Turquie aux djihadistes en Syrie », Lemonde.fr, 29 mai 2015.

    [6]              . « Report: Turkey Shipped Arms to Syria Rebels », Naharnet.com, 16 décembre 2015.

    [7]              . Hélène SALLON, « L’étrange soutien de la Turquie aux réseaux djihadistes de Syrie », Lemonde.fr, 24 janvier 2014. & Fehim TASTEKIN, « Turkish intelligence service trucks reveal secrets », Al-monitor.com, 20 janvier 2014. & Fehim TASTEKIN, « Turkey declares vanishing truck to Syria ‘state secret’ », Al-monitor.com, 7 janvier 2014.

    [8]              . « Report: Turkey Shipped Arms to Syria Rebels », Naharnet.com, 16 décembre 2015.

    [9]              . « La Russie accuse « Erdogan et sa famille » d’être impliqués dans le trafic de pétrole avec l’EI », Lemonde.fr, 3 décembre 2015.

    [10]            . « Norway Confirms ISIS Oil Sold into Turkey at Low Prices », Geopolitics.co, 20 décembre 2015.

    [11]            . Grande ville kurde au Sud-Est de la Turquie.

    [12]     . Bahar KIMYONGÜR, Syriana, la conquête continue, Investig’Action, 2011, p. 115.

    [13]     . Idem, p. 116.

    [14]     . Ibidem.

    [15]     . Idem, p. 127.

    [16]     . Idem, p. 125.

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