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MS21 - Page 62

  • Obama envisage un conflit mondial (7/8)


    par Michel Collon

    Pourquoi tant de guerres ? Et pourquoi Obama craint-il qu’elles provoquent un conflit mondial ? Qui veut la paix, doit comprendre les causes profondes du phénomène de la guerre.

     



    7. « It’s the economy, stupid ! »*

    Résumons son important discours du 5 août : Obama craint qu’une guerre avec l’Iran aggrave les tensions avec Moscou et Pékin, voire l’Europe : « Nous aurions à couper des pays comme la Chine du système financier américain. Et puisqu’elle se trouve être parmi les principaux acheteurs de notre dette, de telles actions pourraient déclencher de graves perturbations dans notre propre économie et soulever au plan international des questions sur le rôle du dollar comme monnaie de réserve mondiale ». Bref, un conflit mondial. Car la montée en puissance de la Chine menace en effet trois instruments essentiels de la suprématie des USA : 1. Les aventures militaires. 2. Le contrôle sur la Banque mondiale. 3. Le dollar comme monnaie centrale du commerce et de la finance.

    Ce qui cause les guerres, ce n’est pas le caractère de tel ou tel président des Etats-Unis, - ce sont juste des employés des multinationales - mais bien l’économie : les intérêts de ces multinationales. Après la période 1945 – 1965 (exceptionnelle, pour trois raisons : 1. Il fallait beaucoup reconstruire. 2. Les travailleurs avaient conquis la Sécu, donc du pouvoir d’achat. 3. L’URSS offrait un contrepoids à l’Occident capitaliste), après 1965 donc, les taux de profit de l’économie occidentale ont dégringolé, la crise et la concurrence accrue ont alors augmenté l’exploitation des travailleurs, creusant l’écart riches – pauvres. L’URSS disparue, le néolibéralisme put entamer sa croisade de destruction des conquêtes sociales concédées. Résultat : aujourd’hui, les Rolls Royce se vendent à merveille mais les travailleurs qui produisent s’appauvrissent et consomment beaucoup moins. L’économie capitaliste est un serpent qui se mord la queue : à qui vendre quand on écrase les salaires et augmente le chômage ? Paradoxalement le néolibéralisme a donc été victime de son succès.

    Alors, comment les multinationales s’en sortent-elles ? En rétablissant le pouvoir d’achat de leurs travailleurs ? Non, la loi de la concurrence les en empêche. Seule solution : conquérir à l’extérieur de nouveaux débouchés pour tous leurs capitaux ne trouvant pas où s’investir. Mais toutes les colonies ayant été distribuées ou étant devenues indépendantes, la guerre est donc le seul moyen d’en reconquérir. Pour gagner, et même juste pour survivre, il faut absolument contrôler matières premières, marchés et main d’œuvre bon marché. Et surtout en priver les rivaux.
    Et quand la crise s’aggrave, toutes les échappatoires, bulles et autres spéculations n’ayant fait que creuser davantage le trou, alors la guerre devient la seule issue pour les multinationales. Autre avantage : en déchaînant le chauvinisme, on peut détourner le mécontentement. Alors que des mouvements sociaux se préparent en Europe et aux USA, tout devient «  la faute aux Arabes, aux Russes, aux Chinois, aux réfugiés… ». Jamais au système. Vers 1900, le milliardaire britannique Cecil Rhodes conseillait : « Si vous voulez éviter une guerre civile (il voulait dire : une révolution), il vous faut devenir impérialistes. »

    Les guerres sont toujours économiques : quelles multinationales contrôleront les ressources des colonies ? Et les guerres mondiales ont toujours le même enjeu : quelle superpuissance dominera le monde ? La grande crise de 1900 provoqua la Première Guerre mondiale qui permit aux grandes puissances de se « repartager » l’acier, le charbon, les colonies d’Afrique, les routes stratégiques des Balkans, le pétrole.(21) La grande crise de 1929 provoqua la Seconde Guerre mondiale (le capital allemand finançant Hitler pour la « revanche ») Aujourd’hui, aux USA, certains pensent que seule la guerre peut empêcher la chute de l’Empire que provoquerait la formation d’une alliance Pékin – Moscou - Berlin. Et Obama dit, à sa manière, qu’un nouveau conflit mondial nous menace.

    Deux possibilités. Soit faire l’autruche et traiter Obama, lui aussi, de « complotiste ». Soit réfléchir avec tous les citoyens conscients : comment recréer un mouvement pouvant défendre la paix mondiale ?

    POUR SUIVRE : Que fera le prochain président ?

    * Célèbre mot d’ordre de la campagne électorale victorieuse de Clinton contre Bush père en 2001.

    21) Vidéo Investig’Action http://www.michelcollon.info/14-18-On-croit-mourir-pour-la.html

    Source Investig’Action

    DERNIER ÉPISODE JEUDI PROCHAIN

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  • Protection et gestion de l'environnement

     L’ENCYCLIQUE « LAUDATO SI » (2015)

    LA DECLARATION DE COCOYOC (1974)

    MÊME CONSTAT, MÊME COMBAT.

     

    Le MS21 se réclame de l'expérience des pays d'Amérique latine (Équateur, Bolivie, Venezuela) dans leur lutte contre le néo-libéralisme, la finance, la technocratie, contre l'explosion des inégalités, contre la dégradation environnementale et sociale qui prend à présent une dimension planétaire. L'un des meilleurs ambassadeurs actuels du discours anticapitaliste, écouté par les médias dominants, se trouve être aujourd'hui le chef de l’Église catholique, premier pape non européen depuis 13 siècles, issu de cette Amérique latine qui l'a vu naître.

    Le Vatican a un statut d’Etat observateur à l’ONU depuis 1964. C’est à ce titre que le Pape lors de l'Assemblée générale des Nations Unies (ONU), à l'occasion du lancement des Objectifs du millénaire pour le développement, plaidera le 25 septembre très probablement pour une écologie intégrale, liant l'humain et l'environnement. L'encyclique du Pape François sur l'écologie, Laudato Si, appelle à un autre système économique, celui que nous connaissons se révèle délétère pour l'homme et la planète. Voici donc un pape qui s’adresse à tous, croyants et non croyants, qui assure qu'un autre monde est possible, ici-bas et maintenant. « Tout est lié » souligne-t-il : la pauvreté et l'exclusion, la dictature du court-terme, le productivisme et le consumérisme, la culture du déchet, le réchauffement climatique, la destruction de la biodiversité, l'eau potable, droit humain primordial, transformée en marchandise soumise aux lois du marché.

    Quarante et un ans séparent l’intervention du Pape aux Nations Unies de l’un des textes les plus fondamentaux traitant de ce sujet. Il s'agit de la Déclaration de Cocoyoc, texte enterré délibérément par les gouvernements des pays riches de l'époque et qui fait partie des documents rayés de l’histoire officielle des Nations-Unies. Le MS21 tient à faire reconnaître l’actualité de ce texte essentiel qui fait partie de ses fondamentaux.

    La Déclaration de Cocoyoc du 23 octobre 1974 est un texte radical sur le développement et la nécessité de protéger l’environnement. Il a été rédigé dans la suite de la Conférence mondiale sur l'environnement de Stockholm de 1972 et résulte des travaux d'un colloque qui s'est tenu à Cocoyoc au Mexique portant sur « l’utilisation des ressources, de l’environnement et des stratégies de développement ». La similitude des réflexions à 40 ans de distance est frappante.

    La Déclaration de Cocoyoc porte la voix des pays en développement et des pauvres et aspire à un nouvel ordre économique mondial. La déclaration finale est un réquisitoire contre les politiques occidentales en général et des États-Unis en particulier. Voici quelques points clés de cette Déclaration :

    Pauvreté : « les affamés, les « sans-abri » et les illettrés sont plus nombreux aujourd’hui que lorsque les Nations Unies ont été créées »

    Ordre colonial : les rapports de force de « cinq siècles de contrôle colonial qui a massivement concentré le pouvoir économique entre les mains d’un petit groupe de nations » n’ont pas été modifiés.

    Richesses : le problème n’est pas lié à un manque de richesses produites, mais à une « mauvaise répartition et un mauvais usage ».

    Croissance : « un processus de croissance qui bénéficie seulement à une très petite minorité et qui maintient ou accroît les disparités entre pays et à l’intérieur des pays n’est pas du développement, c’est de l’exploitation ». « Par conséquent, nous rejetons l’idée de la croissance d’abord et d’une juste répartition des richesses ensuite ».

    Economie de marché : « les solutions à ces problèmes ne peuvent provenir de l'auto-régulation par les mécanismes de marché »

    Pauvreté et dégradation de l’environnement : ce n’est pas la pauvreté qui est désignée comme responsable de la dégradation de l’environnement, mais les relations économiques inéquitables et le prix dérisoire des matières premières sur les marchés, c’est à dire une pauvreté organisée par les classes dirigeantes.

    Gestion environnementale des biens communs : permettre l’autonomie des nations sans tomber dans l’autarcie. Nul besoin d’une « aide » des pays riches, mais le paiement au juste prix des matières premières.

    La Déclaration de Cocoyoc impressionne autant par la justesse de l’analyse que par les perspectives politiques qu’elle dessine. La radicalité du texte fut analysée par les pays occidentaux comme une véritable provocation. Deux points furent jugés inacceptables : la critique du mode de vie occidental et le refus d’un monde centré sur les pays développés. Les États-Unis, par l’intermédiaire d’un long télégramme adressé par le Secrétaire d’État Henry Kissinger au Secrétaire général des Nations Unies, rejeta l’intégralité du texte.

    La Déclaration de Cocoyoc est un texte fondateur à redécouvrir pour la protection et la gestion de l’environnement. Il est le seul texte international sur l’environnement à vouloir rompre avec l’ordre économique mondial dominant. Il résonne à trois mois de la Conférence Climat de Paris (COP21) où déjà le Président François Hollande, dans sa conférence de presse du 7 septembre, fait mine de s'interroger sur les risques d'échec de cette conférence alors que tout indique qu'il n'en sortira rien ou si peu de choses, ni engagement concret et contraignant pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, ni financement ferme pour l'aide aux pays pauvres alors qu'un engagement de 100 milliards de dollars par an avait été pris lors de la Conférence de Copenhague en 2007.

    La solution à la crise écologique ne peut se trouver auprès des dirigeants politiques inféodés à un système économique destructeur. Il s'agit de rompre avec une économie où les questions de l'éthique, du bien commun sont exclues par la fiction de la « main invisible » censée réguler le marché et ses conséquences environnementales et sociales. La solution politique se trouve au niveau des peuples et non plus des élites égarées par la logique d'un système qui conduit à terme à un effondrement de nos sociétés.

    Repenser nos sociétés conduit donc à reformuler les bases de leur fonctionnement : la remise en cause d'une économie basée uniquement sur les lois de la concurrence, la libre circulation des capitaux, le libre-échange commercial, la nécessité de retrouver une souveraineté monétaire, la possibilité de faire des choix, ce qui pose la question de la démocratie et du respect de la souveraineté nationale et populaire. Cette souveraineté est à présent ouvertement désavouée et bafouée. Comme le souligne Roland Gori, initiateur de l'Appel des appels, « la crise grecque met en lumière jusqu'à l'obscénité la mise sous curatelle technico-financière des peuples et des nations », se référant ainsi au propos laconique et terrible de J.Cl. Juncker, Président de la Commission européenne « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». Retrouver la démocratie demande de se réapproprier des espaces de parole, de débats et de discussion, en finir avec les formes dégénérées que sont la démocratie du spectacle et la démocratie de l'expertise. C'est donc bien tout l'édifice institutionnel et politique de l'Union européenne qui doit être remis en cause pour se libérer du jeu des économies financiarisées. Celle-ci s'est construite autour des seules idées de concurrence, de compétitivité, de libre-échange qui ont pour vocation de supprimer la souveraineté des peuples. La crise grecque confirme ce que nombre d'économistes, de militants et de citoyens répètent depuis des années, l'Union européenne n'est pas réformable de l'intérieur, la seule option qui reste est d'en sortir.

     

    Pour en savoir plus :

    A. Bernier 2012 Comment la mondialisation a tué l'écologie. Ed. Mille et Une Nuits. [Dans cet ouvrage le lecteur peut retrouver l’intégralité de la Déclaration de Cocoyoc en version française].

    J.M. Dumay 2015 Le pape contre le « fumier du diable ». Le Monde Diplomatique, septembre 2015

    R. Gori 2015 « Il faut redonner au politique toute sa place désertée » , entretien dans L'Humanité du 4,5 et 6 septembre 2015 et L'individu ingouvernable. Ed. Les Liens qui libèrent

    Pape François 2015. Loué sois-tu (Laudato Si). Lettre encyclique sur la maison commune, disponible chez plusieurs éditeurs (Bayard, Cerf, Artège, Salvator), téléchargeable sur Internet (www.vatican.va)

     

     

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  • L’histoire mal connue des exportations militaires israéliennes vers le Sud-Soudan

     

    par Idan Landau, Itai Mack (Investig'Action)

     

     

    Depuis l’indépendance du Sud-Soudan, les Israéliens n’ont pas cessé de lui vendre leurs armes, de la formation militaire, de la sécurité intérieure et de la technologie de surveillance. Le problème ? Tout cela est utilisé pour commettre de possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité.


    Nous savons aujourd’hui qu’Israël a vendu des armes au Rwanda dans les années 1990 alors qu’un génocide était perpétré dans tout le pays. Les détails concernant ces accords sont encore gardés secrets et une demande pour les rendre publiques est actuellement examinée par la Haute Court de Justice. Il semble qu’aucune leçon n’ait été apprise de cette affaire.

    Durant les derniers 18 mois, une sanglante guerre civile a fait rage dans un autre pays africain, au Sud du Soudan, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité documentés ont été commis. Les médias internationaux couvrent quotidiennement cette guerre. Les médias israéliens ont couvert cette guerre les quelques premiers mois mais depuis, sont restés silencieux, même si des atrocités sont encore perpétrées.

    Ce silence a probablement une bonne raison : des hauts responsables du gouvernement et de l’industrie sécuritaire vendent des armes, la formation militaire, la sécurité intérieure et la technologie de surveillance à des factions du Sud-Soudan. Toute publication concernant ces activités pourrait sérieusement les gêner.

    Depuis les années soixante, Israël se bat dans une guerre secrète dans le sud du Soudan en soutenant les rebelles qui luttent contre la tyrannie de Khartoum pour obtenir leur liberté. Ce soutien offert par Israël ne reflète nullement ses valeurs humanitaires ni une quelconque solidarité avec un combat juste et légitime pour la liberté, il s’agit plutôt d’intérêts stratégiques divers dans la région.

    En 2011, un référendum a eu lieu dans le sud du Soudan suite à une très forte pression de la communauté internationale. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent des résidents ont voté en faveur d’une séparation de Khartoum et c’est seulement à la date du 9 Juillet de la même année que le Sud-Soudan est devenu un pays indépendant.

    Israël a été parmi les premiers à reconnaître le nouvel État et en 2011 Salva Kiir Mayardit, le président du Sud-Soudan y a effectué une visite officielle. Pour les israéliens, un Sud-Soudan indépendant était une opportunité en or pour poursuivre leurs intérêts sécuritaires et économiques dans la région ; par conséquent, ils y ont effectué de lourds investissements dans les infrastructures civiles et militaires. Les relations entre les deux pays sont exceptionnelles, comparativement aux autres pays africains proches des israéliens, elles montrent des signes de parrainage.

    Cette relation spéciale est à comprendre également dans le contexte des luttes régionales pour le pouvoir. Le conflit local entre le Soudan et le Sud-Soudan est sponsorisé par l’Iran et Israël, respectivement. Comme l’Iran a renforcé ses liens avec les musulmans du Soudan, Israël en a fait de même avec les chrétiens du Sud-Soudan qui lui fournit également du pétrole.

    Il y a deux ans et demi, Israël aurait bombardé une usine d’armes iranienne à Khartoum ; une année auparavant, l’IDF a intercepté un bateau qui transportait des munitions du Soudan vers Gaza ; et il y a juste un mois, un drone israélien a été abattu au Soudan. Il est évident qu’Israël et l’Iran se font une guerre par procuration par le biais de leurs alliés africains.

    La question posée est de savoir si cette stratégie semi-impériale peut, d’une quelconque manière, justifier l’aide apportée aux forces du Sud-Soudan qui ont perpétré des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Aucun intérêt stratégique réel ou imaginaire ne pourrait exonérer Israël quant à sa responsabilité morale et légale pour empêcher la vente d’armes pouvant servir à de telles fins.

    La célébration de l’indépendance du Sud-Soudan s’est tristement transformée en une des pires tragédies de notre époque. Depuis mi-décembre 2013, une guerre civile fait rage dans le Sud du Soudan entre des ethnies et des groupes politiques opposés ; il s’agit de la continuation d’une guerre civile sanglante qui a conduit à l’indépendance du pays après 22 ans. Les derniers rapports mentionnent un nombre de 50000 personnes tuées, 2 millions déplacées et 2.5 millions qui risquent la famine à cause de la guerre.

    Les organisations humanitaires des droits de l’Homme et les Nations Unies estiment que 12000 enfants soldats combattent dans le Sud-Soudan. Toutes les parties impliquées dans les combats, et particulièrement le gouvernement et ses milices, sont aussi impliquées dans des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et de sévères violations des droits de l’Homme.

    Aucune des parties n’est en mesure de mettre fin à la guerre, et il n’y a aucune évidence de majorité ethnique dans le pays. La tribu des Dinka, qui contrôle actuellement le gouvernement représente seulement 35 % de la population. Quelques combattants de l’opposition sont d’anciens membres des forces de sécurité qui ont fait défection au parti adverse, ils utilisent leurs armes et s’entraînent militairement avec eux ce qui rend leur défaite par le gouvernement difficile.

    Pour ces raisons, le gouvernement a décidé une stratégie alternative : meurtres de masse, viols systématiques des autres groupes ethniques et violences contre les citoyens identifiés comme faisant partie de l’opposition. Tant que les armes continuent de circuler dans le pays, le gouvernement n’a aucun intérêt à trouver un compromis, et il continue de s’accrocher à l’espoir de vaincre ses ennemis sur le terrain.

    Cette situation a conduit les pays européens à déclarer un embargo sur les armes du Sud-Soudan et la suspension de l’aide militaire des USA. Il y eut également des tentatives d’embargo similaires par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies. Jusqu’à présent, ces tentatives ont été sans succès à cause des conflits et des disputes entre les membres du Conseil mais aussi à cause de la peur que les rebelles réussissent à vaincre les forces du gouvernement.

    Malgré les difficultés politiques pour trouver un accord sur une résolution d’embargo, la gravité de la situation dans le Sud-Soudan est évidente pour tous. Le 3 Mars de cette année, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2206 sponsorisée par les USA donnant aux deux parties un ultimatum concernant l’embargo sur les armes et autres sanction si le combat ne s’arrêtait pas.

    Malgré la réaction mondiale, la guerre secrète israélienne au Sud-Soudan continue selon les rapports et les informations fournis par les militants des droits de l’Homme qui étaient ou sont encore dans le Sud-Soudan. Depuis l’indépendance du pays, Israël n’a pas cessé d’envoyer ses armes, de former les forces du gouvernement et de fournir différentes expertises technologiques liées à la sécurité. Il existe également une collaboration entre les services secrets des deux pays, et des entités israéliennes ont établi un contrôle interne et un système de surveillance dans le Sud-Soudan qu’ils maintiennent toujours.

    L’implication israélienne actuelle dans le Sud-Soudan est exceptionnelle dans l’histoire de ses exportations militaires. Cela dépasse l’entendement. Israël se bat actuellement pour la viabilité d’un projet pour lequel, il a tellement investi et ce, depuis des année ; un projet dont l’échec pourrait porter atteinte à sa crédibilité aux yeux des autres dictateurs et régimes qui reçoivent son aide militaire.

    Une publication officielle du Ministère de la Défense datant de Novembre 2014 (presque un an après le début de la guerre civile dans le Sud-Soudan) vante les succès des exportations du Département de la défense lors de l’exposition sur la cyber-sécurité, visitée par 70 délégations provenant de plusieurs régions du monde, y compris le Sud-Soudan.

    Des témoignages signalent que les militaires du Sud-Soudan utilisent les fusils Galil ACE. Dix-huit mois avant le déclenchement de la guerre civile, un journal soudanais a rapporté que des roquettes et des équipements militaires étaient fournis par le biais d’un pont aérien reliant Israël au Sud-Soudan, allant jusqu’à permettre de ramener des mercenaires africains (après entraînement). Les provisions continuent de circuler. Une délégation sud-soudanaise visitera une exposition israélienne sur l’armement qui aura lieu la semaine prochaine à Tel Aviv.

    Réfléchissez-y une minute : un pays où des crimes contre l’humanité sont perpétrés en ce moment même, utilise des armes étrangères tout en étant sous embargo européen et étasunien et envoie des délégations pour une acquisition militaire vers Israël, lesquelles délégations sont accueillies les bras ouverts.

    Aussi bien la loi internationale que la morale fondamentale humaine interdisent la vente d’armes ou tout autre aide militaire pouvant servir dans des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Par le passé, à cause des conflits politiques liés à la Guerre Froide, la communauté internationale n’a pas pu remplir ses obligations, mais depuis les années 1990 les choses ont changé et on a vu la mise en place d’une loi décisive aux USA et en Europe, mais aussi dans les conventions et les institutions internationales telles que l’ONU et les tribunaux internationaux.

    Israël n’a aucun moyen tangible pour s’assurer que les armes vendues au Sud-Soudan ne sont pas utilisées pour massacrer des civiles ou menacer les femmes que violent les soldats ou les milices combattantes. De plus, il n’y a aucun moyen pour s’assurer que la technologie fournie n’est pas utilisée pour persécuter les citoyens pour leurs appartenances politiques ou ethniques – sans oublier l’aide aux horribles crimes de guerre et crimes contre l’humanité – à moins de stopper toute exportation sécuritaire et militaire à ce pays.

    Il est important d’expliquer que la loi internationale interdit également la vente des technologies et dispositifs qui ne « tirent pas » s’ils peuvent être utilisés pour commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

    Le 12 mars de cette année, Adv. Itai Mack a réalisé un entretien sur les exportations militaires vers le Sud-Soudan pour l’émission radio en hébreu « Selon les Médias Étrangers » diffusée sur la station de radio (47:50) « Tous Pour la Paix ». Mack a révélé plus de détails concernant l’implication d’Israël dans l’approvisionnement en armes et les formations militaires apportés aux forces du Sud-Soudan. A la suite de ces découvertes, Adv. Mack a fait appel au Ministère de la Défense pour stopper l’exportation militaire vers le Sud-Soudan. L’appel, sans surprise, a été rejeté.

    MK Tamar Zandberg (Meretz) essaie actuellement de rompre le silence en demandant que le Ministère de la Défense cesse immédiatement toutes les exportations militaires vers le Sud-Soudan. La demande a été accompagnée par une expertise préparée par Adv. Mack, elle détaille les aspects factuels et légaux de la question.

    Les Israéliens doivent se joindre à cette requête. Et ils doivent le faire de suite.

    * Idan Landau est un universitaire israélien de l’université Ben-Gurion. Cet article était publié à l’origine en hébreu sur le blog d’Idan « don’t Die a Fool » ( Ne meurs pas idiot). Il a été posté de nouveau avec l’autorisation de l’auteur.

    Traduit de l’anglais par Info-Palestine

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  • Obama envisage un conflit mondial (6/8)

    par Michel Collon

    Qu’Obama craigne un conflit avec la Chine ou la Russie, ne surprendra pas. Mais avec l’Europe aussi ? Cette amitié, « fondée sur des valeurs » nous dit-on, ne serait pas éternelle ?

     



    6. L’Europe suivra-elle les USA jusqu’en enfer ?

    Obama avertit les néocons opposés à l’accord nucléaire avec l’Iran : « Nos plus proches alliés en Europe (n’acceptent plus) les sanctions. Une guerre renforcerait l’Iran et isolerait les Etats-Unis »(1) Un haut diplomate à Washington confirme : « Si le Congrès US rejette l’accord, ce serait un cauchemar et une catastrophe. »(2) Bien sûr ! Immédiatement après l’accord les firmes allemandes se sont ruées à Téhéran pour signer des contrats bloqués par Washington depuis des années ! En fait, le principe «  Les grandes puissances n’ont pas de principes, seulement des intérêts » s’applique aussi aux alliances : une « amitié » éternelle peut vite se transformer en conflit aigu.
    Pour contrôler l’Eurasie, Brzezinzki proposait en 1997 de bien contrôler l’Europe : « Le problème central pour l’Amérique est de bâtir une Europe fondée sur les relations franco-allemandes, viable, liée aux Etats-Unis et qui élargisse le système international de coopération démocratique dont dépend l’exercice de l’hégémonie globale de l’Amérique. »(3)
    « Démocratique » signifiant « soumis aux USA », Brzezinski emploie l’UE pour empêcher une alliance Berlin - Moscou. La Russie étant un partenaire géographiquement « naturel  » des sociétés allemandes, la politique US sèmera donc la zizanie. L’Ukraine a servi à cela. Quand l’UE obtint à Kiev un accord entre toutes les parties pour des élections anticipées, Washington organisa le lendemain un coup d’Etat en s’appuyant sur des groupes néonazis ! L’envoyée spéciale US Nuland le résumant avec classe : « Fuck the EU ! » (Baisez l’UE !)

    Nouveau ? Non, dès 1997, Brzezinski annonçait : «  L’Europe doit être un tremplin pour poursuivre la percée de la démocratie en Eurasie. Entre 2005 et 2010, l’Ukraine doit être prête à des discussions sérieuses avec l’OTAN. » Brzezinski voulait centrer l’Europe sur un axe Paris – Berlin – Varsovie – Kiev. Contre Moscou. Il craignait que l’unification européenne échoue (on y vient ?), et que Berlin se tourne vers l’Est. « Les trois grands impératifs géostratégiques se résumeraient ainsi : éviter les collusions entre les vassaux (sic) et les maintenir dans l’état de dépendance (…), cultiver la docilité (sic) des sujets protégés ; empêcher les barbares (sic) de former des coalitions offensives ».(4)
    Stratégie dépassée ? Non. Récemment, l’influent analyste US Georges Friedmann, à qui on demandait « Daesh est-il une menace pour les Etats-Unis ?  », a répondu de façon ahurissante : «  Ce n’est pas une menace existentielle. On doit s’en occuper de manière convenable, mais nous avons d’autres intérêts en politique internationale. L’intérêt principal (…), c’est la relation entre Allemagne et Russie, car unis, ils pourraient nous menacer. Notre but principal est de nous assurer que cela n’arrivera jamais. »(5) Pour empêcher les multinationales européennes de se tourner vers la Nouvelle Route de la Soie proposée par Pékin, la clé est d’empêcher toute entente entre Berlin et Moscou. Et détourner l’UE de l’énergie russe. Bref, derrière les sourires officiels à la télé, les «  amis » occidentaux ne s’aiment pas du tout. L’espionnage NSA l’a confirmé : il n’y a pas d’amis dans le business.

    La relation USA – UE a deux aspects : unité et rivalité. Les multinationales européennes ont besoin du gendarme US pour intimider le tiers monde et en tenir la Chine à distance. Mais les multinationales US profitent de chaque guerre pour voler des parts de marché à leurs rivales européennes. Et Washington est très forte pour faire payer par ses « amis » des guerres qui servent ses intérêts au détriment des « amis ».
    En fait, derrière l’ennemi direct et déclaré, chaque guerre possède un second niveau de conflit. En 91, Bush attaque l’Irak aussi pour saper les contrats français et russes. En Yougoslavie, Clinton veut neutraliser la France et surtout empêcher la formation d’une Euro-armée. En Libye, Obama (avec Sarkozy) sape les contrats allemands et italiens signés avec Kadhafi. En Syrie, Obama (avec Hollande) travaille encore contre l’Allemagne. En Ukraine, idem. Et toutes ces guerres US créent des chaos qui rejaillissent sur l’Europe « amie » (crise migratoire, attentats terroristes, perte de partenaires économiques).

    A terme, l’Otan est pour l’Europe un suicide. Suivra-t-elle les USA jusqu’en enfer ? L’avenir du monde en dépend.

    POUR SUIVRE : « It’s the economy, stupid ! »

    1) www.washingtonpost.com/news/post-politics/wp/2015/08/05
    2) Politico,com 6 août 2015.
    3) Le Grand Echiquier, p. 103, 107, 108.
    4) Le Grand Echiquier, p. 68.
    5) Conférence au Chicago Council, 4 février, traduction Arrêt sur info, https://youtu.be/u1a0FD6iiek à 2’.

    Source : Investig’Action

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  • Pourquoi se rassembler le 22 septembre ?

     

     

    Célébrer la naissance de la République le 22 septembre est une manière de manifester notre volonté de vivre libre et notre confiance dans l’avenir, en nous situant dans la continuité de l’histoire démocratique de notre pays.

     

    Depuis des décennies, en pratiquant une politique contraire à leurs promesses, les responsables politiques de tous bords méprisent les électeurs. En expliquant que la politique d’austérité qu’ils mènent est la seule qui vaille, ils brisent le droit à une vie meilleure. En s’exonérant eux-mêmes de l’effort demandé au peuple, ils humilient le citoyen.

     

    En proclamant la République le 22 septembre 1792, le peuple français, il y a plus de deux siècles, a exprimé qu’il n’acceptait pas d’être dominé ; il a manifesté son attachement à la démocratie et aux droits de l’homme. En célébrant ce moment, nous rappelons que le combat pour la Liberté est toujours actuel. C’est en affirmant notre volonté individuelle et collective que nous pourrons sortir du carcan que nous imposent aujourd’hui les institutions tant nationales qu’européennes.

     

    Il est plus que temps de mettre fin à cette humiliation politique et sociale, de se redresser et de montrer à ceux qui gouvernent que le peuple ne supporte plus l’offense quotidienne qui lui est faite.

     

    A Paris, le 22 septembre, venez rappeler que votre volonté de vivre libre est intacte.

     

     

     

    Tous aux Tuileries le 22 septembre à 18h30 à côté de la plaque qui célèbre la naissance de la République en face du 228 rue de Rivoli Métro Tuileries

     

     

     

    André Bellon

     

    Président de l’Association pour une Constituante

     

     

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  • Obama envisage un conflit mondial (5/8)


    par Michel Collon


    « La Chine et la Russie ne vont certainement pas maintenir les sanctions (contre l’Iran) pendant encore dix ou quinze ans pour se plier aux diktats du Congrès (US). »(1) Obama estime dorénavant impossible d’agir sans tenir compte de Pékin et Moscou.



    5. Brzezinski voulait « diviser la Russie en trois »

    « La Chine et la Russie ne vont certainement pas maintenir les sanctions (contre l’Iran) pendant encore dix ou quinze ans pour se plier aux diktats du Congrès (US). »(11) Obama estime dorénavant impossible d’agir sans tenir compte de Pékin et Moscou. La mentalité des va-t-en guerre réclamant des frappes militaires, Obama la résume avec ironie : « Nous ne devrions pas nous soucier de ce que pense le reste du monde, car, une fois que nous agissons, chacun va s’aligner ». Eh non, dit-il, les temps ont changé, les Etats-Unis doivent s’adapter et jouer plus finement.
    Washington n’a pas toujours parlé ainsi. En 1997, son grand stratège Brzezinski pressait d’affaiblir Moscou au plus vite : « Si la Russie rompt avec l’Ouest et constitue une entité dynamique, capable d’initiatives propres ; si elle (…) forme une alliance avec la Chine, alors la position américaine en Europe sera terriblement affaiblie ».(12) Langage impérialiste clair : une Russie incapable d’initiatives propres serait une colonie. De fait, Brzezinzki voulait la diviser en trois : « Une Russie européenne, une république de Sibérie et une république extrême-orientale ».(13) Notre commentaire à l’époque : « Détacher l’Asie centrale et le Caucase de Moscou, c’est permettre aux multinationales US de contrôler à leur guise pétrole, gaz et minerais »(14) (hasard bien sûr, Brzezinski fut employé par une filiale de BP).

    En Russie, certains pensaient : « Maintenant que nous sommes passés au capitalisme, ils nous traiteront en amis ». Mais les grandes puissances n’ont pas d’amis, seulement des intérêts. Pour les USA, une Russie même capitaliste ne pouvait être un allié respecté, seulement une proie dans la guerre globale de recolonisation du monde déclenchée en 1991 (l’attaque contre l’Irak était un avertissement au monde entier).
    Washington appliqua donc avec énergie le Plan Brzezinski : 1. Infiltrer l’économie russe. 2. Contrôler sa politique. 3. Encercler et neutraliser son armée. Une vraie guerre non déclarée : infiltrations dans les compagnies russes, soutien aux sécessions terroristes du Caucase, changements de régime au Caucase et en Asie centrale, financement de 1.500 ONG anti-Kremlin, diabolisation médiatique de Poutine, multiplication des bases en l’Europe de l’Est (en dépit des promesses faites à la chute du Mur), «  bouclier anti-missiles » pour empêcher toute riposte russe à une attaque, coup d’Etat de la CIA en Ukraine notamment pour chasser la Flotte russe de la Mer Noire…

    Mais le Plan Brzezinski a échoué. Plaçant ses intérêts avant ceux des multinationales US, Moscou s’allia à Pékin pour créer en 2001 l’Organisation pour la Coopération de Shanghaï. Autres membres : les républiques d’Asie centrale riches en pétrole et gaz qui échappèrent ainsi aux convoitises et aux bases militaires US. Manœuvres militaires conjointes russo-chinoises dès 2005, coordination face aux mouvements terroristes manipulés par la CIA, Inde et Pakistan bientôt membres, Iran et Afghanistan « observateurs  » intéressés… L’Asie échappe à Washington. Le pôle Pékin – Moscou tant craint par Brzezinski et Kissinger s’est bientôt élargi aux BRICS (Brésil, Inde, Afrique du Sud) et représente enfin une alternative pour les pays plus petits du Sud, étranglés par l’Occident.
    Aujourd’hui, plus de doute : puisque les Etats-Unis refusent un monde multipolaire, multiplient les guerres, tentent de saper l’économie russe, l’intérêt de Moscou est évident : se détourner du dollar et s’allier au yuan, se détourner de Wall Street vers les Bourses de Hong Kong et Shanghaï, vendre le gaz non plus seulement en Europe mais aussi en Chine. Et fournir aux Chinois le système de défense aérienne S-400 et bientôt S-500 permettant de tenir tête aux menaces des missiles US.(15)

    Et l’Europe, sur ce Grand Echiquier ?

    POUR SUIVRE : L’Europe suivra-t-elle les USA jusqu’en enfer ? (la semaine prochaine)

    11 www.washingtonpost.com/news/post-politics/wp/2015/08/05
    12 Le Grand Echiquier, p. 61.
    13 Le Grand Echiquier, p. 258-259.
    14 Michel Collon, Monopoly, L’Otan à la conquête du monde, Bruxelles, 2000, p. 107.
    15 Pepe Escobar, Chine : la Route de la Soie vers la gloire, Asia Times, Le Grand Soir, 18 novembre 2014.

    source : Investig’Action

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