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Monde - Page 18

  • A qui profite la crise des réfugiés ?

     

    La guerre et les persécutions ont engendré un nombre record de réfugiés dans le monde entier, indique un rapport du bureau du Haut-Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies. Actuellement, ce sont 59,5 millions de personnes - soit près d’un pourcent de la population mondiale – qui sont réfugiés, demandeurs d’asile ou déplacées dans leur pays. La moitié d’entre eux sont des enfants. Cette crise a fait couler beaucoup d’encre, notamment sur la réponse à lui apporter, mais très peu se demandent à qui profite cette situation tragique.

     



    La réalité est que la guerre et les conflits actuels au Moyen-Orient nourrissent la migration et l’extrémisme. La guerre bénéficie également à l’industrie de l’armement en augmentant ses profits et, par la même occasion, son influence sur les politiques publiques. Par exemple, l’US Air Force a déjà tiré tellement de missiles et de bombes (plus de 20,000) sur les positions de Daech qu’elle est sur le point d’être à court de ce type d’armement, selon un article d’USA Today daté du 3 décembre 2015. Une bonne nouvelle pour Lockheed Martin (première entreprise américaine et mondiale de défense et de sécurité), qui fabrique les missiles Hellfire.

    Selon Zacks.com, un site de recherche d’investissement, les tensions géopolitiques obligent les nations du monde à améliorer leurs capacités défensives : On peut y lire que « L’augmentation de la menace… a stimulé la demande d’armes américaines […] Ce qui bénéficie aux entreprises américaines d’armement ».

    Les cadres du complexe militaro-industriel ont assuré aux géants de la finance mondiale que plus de guerre signifie plus de marchés pour leurs produits. Le directeur financier de Lockheed Martin, Bruce Tanner, a annoncé lors d’une conférence au Crédit Suisse que la guerre au Moyen-Orient donnerait à son entreprise « un avantage non négligeable » et qu’elle a augmenté la demande de jets F-22 et F-35. A la même réunion, le journal The Intercept a rapporté que le président d’Oshkosh, Wilson Jones, avait affirmé que la menace grandissante de l’Etat Islamique allait multiplier la demande de véhicules armés.

    Pendant ce temps, les Etats du Golfe fournissent déjà des armes fabriquées aux Etats-Unis aux rebelles en Syrie. C’est en tout cas une information du Daily Mail qui cite le directeur d’une entreprise d’armement basée aux Etats-Unis « La Syrie est une zone de croissance exponentielle pour nous ».

    Selon une analyse de The Intercept, ce n’est pas une coïncidence si la valeur des stocks d’entreprises telles que Raytheon, General Dynamics, Booz Allen, Lockheed Martin et Northtop Grumann ont bénéficié d’une augmentation inopinée au lendemain des attaques terroristes sur Paris.

    La tendance est à la hausse pour la vente d’armes au niveau international, et les Etats-Unis s’accrochent à leur position de leader mondial. « Le volume du transfert d’armes majeures s’est élevé de 16% durant la période 2010-2014 par rapport à la période 2005-2009 » rapporte l’Institut International de Recherche pour la Paix basé à Stockholm.

    Pour les Etats-Unis, la vente d’armes a augmenté de 23%. « Plus que n’importe quel autre fournisseur, les Etats-Unis ont livré des armes majeures à au moins 94 destinataires entre 2010 et 2014 », selon une recherche de l’Institut. Les armes ont été dispersées partout dans le monde, mais un tiers des exportations états-uniennes ont été destinées au Moyen-Orient.

    Les armes vendues aux alliés des Etats-Unis, comme l’Irak ou l’Arabie Saoudite, ne restent pas au même endroit. « Les combattants de Daech utilisent principalement des armes pillées dans les stocks de l’armée irakienne, armes qui ont été fabriquées dans plus de douze pays, y compris la Russie, la Chine, les Etats-Unis et des pays européens », selon Amnesty International.

    « La quantité et la diversité du stock d’armes et de munitions de Daech témoignent de décennies d’irresponsabilité quant aux transferts d’armement vers l’Irak, mais aussi de multiples erreurs commises lors de l’occupation états-unienne pour la sécurisation des livraisons et des stocks d’armement, ainsi que de la corruption endémique régnant en Irak », selon le récent rapport d’Amnesty

    La Recherche sur les Conflits Armés, un groupe basé à Londres qui a analysé l’arsenal djihadiste, indique que « Daech n’a pas eu beaucoup de difficultés à piocher dans l’immense stock d’armes qui entretient le conflit en Irak et en Syrie. Armes fournies non seulement par des grandes puissances mondiales, mais aussi par des allers-retours d’exportateurs tels que le Soudan », selon un rapport du Centre pour l’Intégrité Publique. L’un des fournisseurs de munitions est une usine de Lake City, dans le Missouri, gérée par Alliant Techsystems qui a, en 2014, dépensé $1,35 milliards en lobbying.

    Et le cycle continue. Le complexe militaro-industriel utilise son poids de lobby et les contributions de la PAC (Comité d’Action Politique) pour remporter des contrats de production d’armes. Les armes utilisées outre-Atlantique créent de nouveaux ennemis. Ces ennemis interceptent ces armes et les retournent vers des cibles états-uniens.

    Les migrants désespérés recherchant la sécurité ont provoqué des vagues accrues de xénophobie, entraînant de nouvelles violences en Occident. Plus de peur et plus de violence : voilà ce qui crée de nouveaux marchés pour l’industrie de l’armement. L’augmentation des ventes fournit plus d’argent à dépenser dans le lobbying, dans les campagnes présidentielles et chez les groupes d’experts pro-conflit.

    Nous pouvons briser cette spirale en arrêtant la guerre, en accueillant les réfugiés et en interrompant l’influence injustifiée de ceux qui profitent de la violence. Le président Dwight D. Eisenhower avait raison lorsque, il y a 54 ans déjà, il mettait en garde contre « l’acquisition d’une influence injustifiée, voulue ou non voulue, par le complexe militaro-industriel ».

    « Seuls un signal d’alarme et des citoyens éduqués peuvent contraindre l’immense réseau de l’industrie et de la manufacture militaire de défense, en utilisant des méthodes et des objectifs pacifiques, afin que la sécurité et la liberté puissent prospérer ensemble », insistait Eisenhower.

    Il est temps de répondre à son appel !

    Tous droits réservés à Truthout, ne doit pas être réédité sans accord préalable.

    Traduit de l’anglais par T. F. pour Investig’Action

    Source : Truthout

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  • Le Journal de Notre Amérique

     
     Le Journal de Notre Amérique
    Michel Collon & Tarik Bouafia
     
    Après quinze ans d'hégémonie politique, le chavisme a essuyé sa première défaite lors des élections législatives de décembre dernier. Même chose pour le péronisme en Argentine qui, après s’être maintenu douze ans au pouvoir, a été battu par une coalition de droite. Si les causes de ces défaites sont à la fois multiples et complexes, il ne faut surtout pas perdre de vue le rôle qu'ont joué les médias nationaux et internationaux dans cette série de revers historiques.
     
    A peine arrivé au pouvoir, le nouveau Président argentin Mauricio Macri, parfois surnommé le « Berlusconi argentin », n'a pas attendu très longtemps pour s'attaquer à cette loi historique. Résultat : des dizaines de milliers d'Argentins se sont rassemblés devant le Congrès pour soutenir la loi des médias et rejeté l'autoritarisme du nouveau Président.
     
    En Amérique latine comme en Europe, l'hyper-concentration des médias dans les mains d'une petite oligarchie met en danger le pluralisme démocratique et la liberté des citoyens. Les médias sont devenus de puissantes machines à endoctriner et à manipuler, notre rôle en tant que média libre est d'en faire des leviers d'émancipation. C'est notamment ce à quoi travaille notre Journal de Notre Amérique depuis un an.
      

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  • Les salariés de Goodyear, hommage à Oncle Bernard, confusionnisme et le néofascisme etc...

    Le Grand Soir
    Journal Militant d'Information Alternative
    Jacqueline Roussie, Maurice Lecomte
    L’année 2015 est à marquer d’une pierre blanche pour avoir été celle qui aura donné un élan à la connaissance de l’histoire inhumaine d’Ana Belén Montés. Deux livres ont publié son histoire. En mars 2015, celui d’Hernando Calvo Ospina « Latines, belles et rebelles », et en avril 2015 celui de Patrick Pesnot (Monsieur X) « Le grand livre des espions ». Son histoire a aussi été publiée dans des revues d’amis de Cuba. En cette année 2015, un comité « pour un traitement humain d’Ana Belén Montés » est né dans (...) Lire la suite »
     
    Cette semaine
    A croire que la Justice a adhéré au PS et le PS au MEDEF
    CGT, FNIC CGT, UD 80, UL Amiens Z.I., syndicat CGT Goodyear et SNJ-CGT
    Communiqué de presse commun CGT, FNIC CGT, UD 80, UL Amiens Z.I., Syndicat CGT Goodyear. Communiqué de presse SNJ-CGT. Prison ferme contre 8 syndicalistes Le gouvernement devra rendre compte ! mardi 12 janvier 2016 Les 7 longues années de lutte des salariés de Goodyear, face à la multinationale, ont été marquées de conflits durs et âpres avec un patronat violent ayant recours à des vigiles, des hommes de main omniprésents dans les ateliers, l’entreprise, pour faire peur, faire taire les salariés et (...) Lire la suite »
     
    Mireille AZZOUG
    Il y a tout juste un an, le mercredi 7 janvier 2015, Bernard Maris (né à Toulouse le 23 septembre 1946), professeur des universités, économiste, essayiste et chroniqueur au journal Charlie Hebdo, était froidement exécuté, avec neuf autres membres de l’équipe de cet hebdomadaire et deux policiers. Le 19 mai 2015, l’Université Paris 8 et l’Institut d’études européennes (IEE, Paris 8) organisaient, avec le soutien des laboratoires LED-EA 331, CRESPPA-Labtop UMR-CNRS 7217 et de l’Association Charles Gide (...) Lire la suite »
     
    Salim LAMRANI
    Depuis près d’un mois, des milliers de Cubains qui souhaitent se rendre vers les Etats-Unis, dont la législation favorise l’émigration en provenance de l’île, se trouvent bloqués au Costa Rica. Près de 6 000 Cubains, candidats à l’émigration vers les Etats-Unis, se trouvent coincés au Costa Rica, sans possibilités de poursuivre leur voyage vers le Nord. Après s’être rendus en Equateur, seul pays d’Amérique latine à ne pas exiger de visa aux Cubains, ils ont entrepris un long périple à travers le continent (...) Lire la suite »
     
    Pour la première fois depuis un demi siècle un gouvernement a demandé que soit requis des peines de prison ferme contre des syndicalistes pour avoir participer avec les salariés à des actions en vue d’empêcher la fermeture de leur usine. En même temps qu’ils préparent la suppression dans quelques mois de plus 1000 articles du Code du travail, Hollande, Valls et Macron ont décidé de déclencher une répression sans précédent des syndicalistes qui luttent dans les entreprises. Avec les 8 condamnés de (...) Lire la suite »
     
    Liliane HELD-KHAWAM
    La confiscation des dépôts bancaires est anti-constitutionnelle et contraire aux principes des droits de l’homme. Faisons pression sur nos élus et nos partis politiques pour qu’ils refusent de quittancer l’iniquité. Nous baignons depuis quelques mois dans des menaces-chantages de confiscation de nos comptes bancaires ainsi que de ceux de nos prestataires de prévoyance sociale tels que les caisses de pension, assureurs, assurances-vieillesse etc. Cette confiscation qui porte le nom de bail-in (...) Lire la suite »
     
    Robert CHARVIN
    Au lendemain d’élections régionales dont le résultat a pu provoquer chez certains un sentiment momentané de soulagement malgré un taux d’abstention supérieur à 40 % et des niveaux inhabituels de votes blancs et nuls , il n’est pas inutile de rappeler que l’économie française, entrainée dans la politique déflationniste de l’Union européenne et de l’Euro, reste installée depuis la crise de 2008 dans une quasi stagnation , que le chômage continue à s’élever à des niveaux record , que le commerce extérieur reste (...) Lire la suite »
     
    Maria Saadeh
    Pour qui veut connaître Mme Maria Saadeh, députée indépendante au Parlement syrien, le mieux serait de revenir à ses réponses recueillies par M. Arthur Herlin, publiées sur le site « aleteia.org » le 28 septembre 2015 [*], desquelles nous retenons : « En tant que citoyenne et femme syrienne j’estime que vos gouvernements n’ont pas le droit de sélectionner qui peut représenter ou non la Syrie… ». Ce 4 Janvier elle s’est expliquée, à la télévision nationale syrienne, sur cette vaste fumisterie qui fait que (...) Lire la suite »
     
    Et priez pour que Bush et Cheney restent en vie assez longtemps pour être un jour pendus.
    William BLUM
    Au lieu d’aller me coucher à l’heure habituelle, je suis resté debout environ deux heures de plus pour regarder la célébration du Nouvel An à Times Square. Pour une seule raison : voir des gens heureux. Une année comme 2015 peut provoquer ce genre de réaction. La vue de milliers de jeunes debout dans le froid pendant des heures, les embrassades, qui criaient et riaient, était très précieux. Et aussi un peu énervant. Qu’est-ce qui leur arrive ? Ne savent-ils pas dans quel monde ils vivent ? Ne (...) Lire la suite »
     
    Mettre les médias publics et l’armée au pas et tout privatiser.
    T 34
    Le 5 janvier avait lieu l'inauguration de la nouvelle assemblée nationale du Venezuela, la ressemblance avec le Carmonazo (tentative de coup d'état des contre-révolutionnaires en 2002) fut frappante. On ne reviendra pas sur les élections législatives et la campagne de l'opposition (votez pour nous ou la guerre économique continuera). Voici le récit de cette journée. Les révolutionnaires chavistes avait fait une grosse manifestation pour soutenir leur députés et les (...) Lire la suite »
     
    Russia Today France
    D’après les éléments trouvés dans les lettres de Hillary Clinton déclassifiées le 31 décembre, la vraie raison de l’intervention en Libye était l’or qui aurait pu empêcher les plans de Nicolas Sarkozy de répandre son influence dans la région. La correspondance de l’ancienne secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a montré qu’en 2011, Mouammar Kadhafi possédait 143 tonnes d’or et 143 tonnes d’argent avec lesquels il souhaitait créer une nouvelle monnaie unique pour l’Afrique et fournir aux pays francophones (...) Lire la suite »
     
    Jérôme DUVAL
    Malgré le score du PP (Parti Populaire) qui a récolté le plus de bulletins, les élections de ce 20 décembre 2015 en Espagne dessinent un désir de changement, peut-être de rupture avec le régime de 1978 (transition post-franquiste) ou tout du moins de dépassement de l’alternance libérale du PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol) au PP et vice-versa... Le peuple espagnol se lasse chaque fois plus de vivre sous les mandats de ces deux partis qui se partagent le pouvoir et obéissent à leurs créanciers (...) Lire la suite »
     
    Quand le rêve de l’exil vire au cauchemar pour des dizaines de milliers de Cubains qui veulent rentrer au pays
    Marc VANDEPITTE
    Ces derniers jours, 8.000 Cubains ont échoué à la frontière entre Costa Rica et Nicaragua. Ces Cubains tentent de pénétrer aux Etats-Unis via ces pays. Ils sont le jouet d’une politique cynique voire criminelle. C’est ce que nous dévoile Marc Vandepitte dans un article traduit du néerlandais par Anne Meert pour l’excellent site belge Investig’Action. Le point 9 de son article imparable aborde le problème des Cubains pour qui la vie hors de l’île tourne au cauchemar. « Jamais la presse généraliste n’en (...) Lire la suite »
     

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  • Cuba : Merci Obama !

    Lors d’une conférence de presse tenue au Panama en avril dernier, après le Sommet des Amériques, Barack Obama affirmait qu’il ne visait pas « un changement de régime » à Cuba. Cependant, dans une interview accordée à Yahoo News, à la veille du premier anniversaire de ce que les États-Unis désignent comme « une nouvelle ère », le président étasunien a réclamé une « transformation substantielle » de la société cubaine, en faisant une condition pour présenter « au Congrès des arguments plus forts pour éliminer l’embargo ».

     



    Dans son interview à Yahoo, Obama réitère les clichés habituels des administrations précédentes sur les libertés et les Droits de l’homme et se déclare hostile à ce que les entreprises d’état soient la « force économique dominante ». Il s’oppose ainsi à l’opinion majoritaire des Cubains qui ont participé à la discussion des règles qui régissent les changements économiques dans l’ile.

    Malgré ces déclarations, l’investissement d’une entreprise étasunienne dans la zone économique de Mariel pour produire de petits tracteurs destinés aux agriculteurs privés cubains attend depuis des mois l’accord de l’administration. Cela laisse penser que ce qui intéresse surtout Washington, ce n’est pas le développement d’une économie productive non étatale mais la possibilité de lier directement des entrepreneurs privés aux États-Unis et de les enrôler dans son entreprise de déstabilisation.

    Alors que tous les visiteurs le font déjà, comme par exemple John Kerry et Roberta Jacobson, le président a présenté comme un défi « la possibilité de rencontrer et de parler avec tout le monde » lors d’un hypothétique voyage à La Havane. Le message, qui défie en apparence le gouvernement cubain, s’adresse en fait aux congressistes de l’extrême droite de Miami : il est évident que le « tout le monde » désigne les bénéficiaires des plus de cinquante millions de dollars que ces congressistes obtiennent tous les ans du Congrès et que l’administration destine à des « programmes pro-démocratie ».

    Barack Obama a demandé que « les réformes s’accélèrent ». En réitérant les déclarations de Carmelo Mesa Lago qui réclamait dernièrement dans le journal El Pais une presse et une université libres, il a donné raison à ceux qui voient dans le quotidien madrilène « l’organe officiel de la Maison Blanche en espagnol ».

    Comme si la panoplie de mesures de déstabilisation ne suffisait pas – maintien des
crédits multimillionnaires en faveur des programmes de subversion et des instruments de propagande de Radio et TV Marti, de la politique migratoire des pieds mouillés- pieds-sec (*), de l’incitation faite aux médecins cubains de déserter - l’interviewé ironise sur le droit historique de Cuba sur Guantanamo. Le président a déclaré :

    « Je ne doute pas qu’ils seraient enchantés de récupérer Guantanamo. Mais je soupçonne que ce sera une discussion diplomatique longue qui durera au delà de mon administration ».

    En décembre 1914, conscient du fait que le sommet des Amériques au Panama n’aurait pas lieu sans la présence de Cuba, fragilisé par la levée de boucliers qui avait accueilli sa déclaration dénonçant le Venezuela comme une menace pour la sécurité nationale des États-Unis, Barack Obama fut obligé de tenir un discours conciliant. Aujourd’hui, ragaillardi par les victoires électorales de ses alliés en Argentine et au Venezuela, il ne dissimule plus sa volonté d’ingérence.

    Tous les instruments de la stratégie anticubaine sont encore en place : la politique migratoire sélective et discriminatoire, les fonds et les programmes d’entrainement à la subversion, les transmissions illégales de radio et télévision. Les États-Unis tentent d’y ajouter les difficultés que le contrôle parlementaire de leurs alliés vénézuéliens entrainera pour l’Alliance économique avec la révolution bolivarienne. Ils essayent aussi d’utiliser à leur profit les changements dus aux rétablissement des relations : accès aux institutions et aux fonctionnaires cubains par l’intermédiaire de leur ambassade, échange de délégations et recherche d’alliés dans le nouveau secteur privé des services, présence croissante de visiteurs étasuniens à Cuba.

    Indépendamment du fait que Obama voyage ou non à Cuba en 2016, la confrontation s’approfondit et l’enjeu devient transparent Avec ses déclarations à Yahoo News, le président étasunien révèle l’hypocrisie dont il a fait preuve le 17 décembre 2014. Il confirme que Washington ne change de posture que sous la pression et nous remet aussi en mémoire le fait le plus éclatant de ce jour-là : le retour des contre-terroristes injustement condamnés et emprisonnés aux États-Unis. Merci Obama.

    *Ingénieur et journaliste cubain.

    Traduction Maïté Pinero

    (*) NdR : politique US qui consiste à accorder automatiquement le séjour aux Cubains - et uniquement aux Cubains - qui réussissent à "poser le pied sur le sol" (pieds secs), par opposition au "droit de refouler" ceux qui sont interceptés en mer (pieds mouillés) - voir aussi Cuba et Migrations : jeux, enjeux et double-jeux

    Source originale en espagnol :

    https://lapupilainsomne.wordpress.c...

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  • Syrie : Madaya, Fouaa et Kfarya ou la guerre médiatique !

     site du PRCF : www.initiative-communiste.fre

    > La refait la Une des en France. Ce n’est bien sûr pas pour parler des succès des offensives, qui depuis le début de l’intervention de la Russie, font reculer les groupes terroristes islamistes en Syrie. Mais pour mener une campagne de instrumentalisant la situation dramatique de la ville de pour tenter de désigner à nouveau à l’opinion publique L’Etat syrien comme le seul ennemi à combattre.

    > Depuis quelques semaines, la Syrie s’était un peu effacé du paysage médiatique. Sans doute en raison de la reculade de Hollande et de son gouvernement devant modérer leur discours belliqueux vis à vis de la République laïque syrienne et leur soutien affiché aux groupes islamistes y sèment le chaos. En février 2015, juste après les attentats contre Charlie Hebdo, Hollande de déclarer «  Nous ne pouvons pas intervenir [en Syrie],car nous ne voulons pas courir le risque que notre intervention puisse aider Assad ou Daech. ».
    >
    En novembre son discours avait radicalement changé affirmant que « Nous cherchons résolument, inlassablement une solution politique dans laquelle Bachar al-Assad ne peut constituer l’issue mais notre ennemi, notre ennemi en Syrie, c’est Daech. ».

    > Depuis les terribles attentats du 13 novembre à Paris, il n’était plus possible pour Fabius au Quai d’Orsay de clamer que « Al Nosra fait du bon boulot en Syrie » c’est à dire de soutenir les bouchers d’Al Qaida, il n’était plus possible pour un François Hollande obligé d’appeler à une grande coalition contre le terrorisme de continuer à désigner l’état syrien comme le seul ennemi tout en soutenant ouvertement l’action des terroristes au nom du « Tous sauf Bachar », alors que le gouvernement français se retrouvé isolé sur cette ligne en compagnie des seules dictatures du Golfes et de la Turquie, lâchée depuis 2013 par les Etats-Unis et par des parlementaires britanniques refusant de se laisser berner une nouvelle fois par les manipulations du Monde et d’autres médias concernant l’utilisation d’armes chimiques.

    Qui est responsable de la faim à Madaya et ailleurs en Syrie ?

    > Mais depuis cinq ans, les médias français se sont fait une spécialité de nous « vendre » la guerre civile en Syrie, d’appeler à l’ingérence dans les affaires internes de ce pays souverain, voire de décider quel président pouvait ou ne pouvait pas siéger à Damas. Et tous les moyens sont bons pour y arriver, y compris soutenir les terroristes islamistes. Bien sûr cela ne doit jamais conduire à idéaliser Assad comme le souligne le PRCF qui a toujours soutenu le P.C. syrien lequel, tout en critiquant ce qu’il y avait lieu de critiquer dans son pays, a toujours aussi défendu les acquis du peuple syrien (laïcité, relative mixité, nationalisation du pétrole) et a toujours combattu l’ingérence étrangère (lire ici : #syrie : Assad Poutine et nous )

    >

    > Aujourd’hui, le résultat de tout cela, c’est que des millions de Syriens, de Libyens, d’Irakiens, crèvent dans des camps de réfugiés, que certains risquent la mort en traversant la Méditerranée et que leur arrivée en Europe dans les pires conditions ne fait que nourrir partout, et pour commencer, en France, la xénophobie de l’extrême droite sous les surenchères de l’indécent Sarkozy. Le résultat de tout cela, c’est la destruction de la Syrie, c’est la souffrance et la misère pour des millions de Syriens. Cette guerre, alimentée et soutenue par le camps occidental et dans laquelle les gouvernements de Sarkozy puis de Hollande ont joué et jouent un rôle dramatique, c’est évidemment l’horreur et ce sont comme toujours les populations qui supportent les pires conséquences. Telles les populations des villes de Madaya à la frontière avec le Liban, occupée par des terroristes de Ahrar al-Cham et sous état de blocus, mais également les villes de Foua et à Kafraya loyales à Damas et assiégées par aïch al-Fath, une coalition de milices dont la branche d’Al-Qaïda le front al-Nosra et ses alliés d’Ahrar al-Cham.
    >

    > Si des gens meurent de faim à Madaya, Foua ou Kafraya, la responsabilité en incombe d’abord à tout ceux qui ont plongé la Syrie dans le chaos et qui y alimentent la guerre civile par leur soutien à des milices terroristes islamistes, refusant de laisser au peuple syrien, souverainement et sans ingérences étrangères le droit de trouver une solution politique pour la .

    Madaya ou la guerre médiatique !

    > Mais le camp de la guerre et du chaos n’a pas désarmé. Et ses apprentis sorciers, se docteurs Folamour  d’essayer d’utiliser Madaya pour relancer la propagande justifiant le soutien aux islamistes contre l’Etat Syrien. Et pour cela tous les moyens sont bons.

    > Deux poids deux mesures : comment ne pas s’étonner de voir la presse française faire ses gros titres pour appeler à stopper le siège de Madaya, mais ne pas faire de même pour ceux de Foua et à Kafraya ? Un enfant de ces deux villes loyales au régime mériteraient donc, lui, de mourir de faim ou sous les bombes plus qu’un de Madaya ? Quelle hypocrisie ! Et ce d’autant plus qu’un accord liant la levée du siège de Madaya et des villes de Foua et Kafraya et supervisé par l’ONU est intervenu. Le coordinateur de l’ONU en Syrie Yacoub el Hillo réclame d’ailleurs la levée rapide des sièges des villes syriennes. De son côté, le Hezbollah indique que c’est bien le non respect du cessez-le-feu par les milices à Foua et Kafraya qui a entrainé la reprise du siège de Madaya.

    > De son coté, le Croissant Rouge a indiqué que des coovis humanitaires seraient bien livrés à toutes ces villes.

    > Manipulations : Comme d’habitude, de Timisoara au Kosova en passant par le Koweit, les médias capitalistes sont rompus aux techniques de manipulations. Notamment, il est apparu très vite que les images utilisées pour mener la campagne de propagande soi-disant humanitaire pour Madaya étaient des photos – notamment diffusées par la chaines Qatari Al Jazeera partie prenante du conflit – qui n’ont pas été prises à Madaya. C’est bien de falsification de la réalité qu’il est question

    > Cette campagne n’intervient pas n’importe quand, mais bien au moment où partout les forces terroristes islamistes reculent. Notamment, l’armée syrienne a annoncé avoir enregistré une nouvelle victoire significative, en reprenant la localité stratégique de Salma dans l’ouest, qui était aux mains des rebelles depuis 2012. Située dans la province de Lattaquié, cette localité était devenue le QG des rebelles islamistes et du Front al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda.

    Pour la paix, abattre Daech, mais aucun soutien politique aux impérialismes capitalistes fauteurs de guerre

    > S’ils sont nombreux ceux qui – éditocrates bien à l’abri dans les rédactions parisiennes – appellent sans cesse à la guerre, personne ne doit être dupe de ce qui, 100 ans après le déclenchement de la guerre de 14-18, n’est toujours que le même bourrage de crâne. Être solidaire du peuple syrien, défendre la paix, ce n’est pas soutenir au nom d’un faux prétexte humanitaire mais vraie manipulation médiatique un interventionisme belliqueux, c’est d’abord combattre l’. Car comment ne pas voir dans quel chaos et dans quelle désolation l’ euro-atlantique et ses guerres ont plongé la Syrie, le Mali, la Syrie, l’Irak ou l’Afghanistan ? Comment ne pas mesurer que de l’Ukraine à la Syrie, de la Libye au Mali, l’argent qui soit disant manque tant pour payer salaires, retraites, services publics ou pour réindustrialiser la France coule à flot pour financer des guerres, soutenir des milices fascistes à Kiev, des terroristes islamistes en Libye puis en Syrie. Être solidaire du peuple syrien c’est d’abord défendre la souveraineté des nations, c’est se mobiliser pour la sortie de l’OTAN, pour la sortie de l’UE contre nos propres impérialismes.

    > JBC pour www.initiative-communiste.fr

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  • Arabie saoudite : une dictature moins protégée

    Les réalités morbides de cette monarchie ubuesque sont parfaitement connues depuis belle lurette, écrivant quotidiennement et sous nos yeux son cortège d’abominations, au vu et su de tous, comme la lettre volée d’Edgar Allan Poe. Mais… motus et bouche cousue ! Jusqu’à très récemment, il était proprement inconcevable de lire dans la grande presse occidentale quoique ce soit un tant soi peu critique à l’encontre de cette « dictature protégée ». Alors, pourquoi les plumes, les langues et les oreilles se délient-elle seulement aujourd’hui ?

     


    Nouvelle donne géopolitique

    On peut d’abord avancer trois causes géopolitiques « larges » : un redéploiement et une délocalisation des intérêts américains ; le retour de l’Iran dans le concert des nations ; une résurgence le l’ancestrale confrontation des mondes sunnite/chi’ite. Viennent ensuite une série de considérations plus « micros » : la faillite des révoltes arabes ; la surenchère entre Al-Qaïda et l’organisation « Etat islamique » ; l’extension territoriale du terrorisme islamiste ; enfin, une guerre de succession récurrente au sein même de la monarchie saoudienne. D’une manière générique et hormis le livre pionnier de Jean-Michel Foulquier, quelques candides dont Alain Chouet[1], Xavier Raufer[2], Pierre Conesa[3] et votre serviteur[4], répètent depuis plus d’une vingtaine d’années que l’Arabie saoudite constitue l’épicentre de l’Islam radical, de son financement et de son extension. Depuis toutes ces années, les mêmes étaient remisés au rayon, soit des doux rêveurs, soit des dangereux subversifs ou encore plus clairement accusés d’être des amis des dictateurs officiels, les nationalistes arabes s’entend !

    Plus sérieusement, les éditorialistes parisiens comme nos gouvernants ont oublié l’une des annonces les plus importantes faites par le président Barack Obama au début de son second mandat. En substance, ce dernier expliquait que, pour les trente à quarante ans à venir, les intérêts stratégiques américains fondamentaux se situaient dans l’Asie-Pacifique et en Asie centrale. Par conséquent, les Proche et Moyen-Orient perdaient leur centralité, jusqu’ici incontestée dans l’agenda des priorités du Département d’Etat et des grandes sociétés américaines. Cette annonce officialisait ainsi l’obsession « eurasienne » martelée depuis des décennies par l’ancien conseiller à la sécurité du président Carter et inspirateur inoxydable des administrations démocrates - Zbigniew Brzezinski -, notamment dans son livre programme Le Grand échiquier - L’Amérique et le reste du monde[5].

    Dans cette perspective, il devenait impératif pour Washington de normaliser ses relations avec l’un des pays clef de cette Route de la soie vitale allant de Venise à Vladivostok, à savoir la Perse éternelle… Ce fut la signature de l’accord sur le nucléaire iranien. Rarement dans les annales de la diplomatie, une négociation aura été aussi longue et compliquée. Au terme de plusieurs prolongations et d’une ultime journée de tractations fiévreuses, l’Iran et les pays du « P 5+1 » (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) sont finalement parvenus à un compromis sur le nucléaire iranien, aux premières heures de la journée du mardi 14 juillet à Vienne. L’arrangement fait près d’une centaine de pages, composé d’un texte principal et de cinq annexes. Lourd de conséquences majeures, immédiates et à plus long terme, cet événement historique déclencha l’ire de l’Arabie saoudite, des autres monarchies du Golfe et de plusieurs pays sunnites.

    Le grand retour de l’Iran

    Ce retour de l’Iran dans la communauté internationale entraîne plusieurs conséquences lourdes, notamment sur le plan pétrolier. En 2012, l’Iran, qui exporte quelque 1,5 million de barils de brut par jour, était le second plus grand exportateur des pays de l’Organisation des pays exportateurs. La même année, les autorités iraniennes estimaient que les revenus annuels générés par cette industrie pourraient atteindre 250 milliards de dollars en 2016. Selon les estimations les plus sérieuses, les revenus pétroliers de l’Iran ont augmenté d’un tiers sur l’exercice 2012 pour atteindre 100 milliards de dollars, malgré les sanctions américaines. Aujourd’hui, l’Iran prévoit d’investir un total de 500 milliards de dollars dans le secteur pétrolier avant 2025.

    Avec la levée des sanctions, la reprise annoncée des investissements étrangers pourrait se concrétiser durant ce premier semestre. « On devrait enregistrer un dégel progressif des avoirs financiers iraniens à l’étranger à partir du début 2016 », explique Michel Makinsky, chercheur associé l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), « mais sur les 100 à 150 milliards de dollars que les Américains prétendaient bloqués, pas plus de 30 milliards ne semblent être, pour l’instant, mobilisables ». Face à ce marché de 80 millions d’habitants, les entreprises occidentales ont déjà repris le chemin de Téhéran depuis plusieurs mois dans un contexte politique très marqué par le président Hassan Rohani qui souhaite faire de l’Iran un « pays émergent prenant toute sa part dans l’économie mondiale et mondialisée ». Sur le plan financier, les autorités cherchent à restructurer le système bancaire autour de la Banque centrale et une relance des relations avec le Fonds monétaire international.

    « Des politiques prudentes ont permis de retrouver une croissance positive l’an dernier et de réduire l’inflation à 15%, explique les experts du Fonds, « les autorités ont également stabilisé le marché des changes et avancé sur la réforme des subventions. Mais l’économie reste confrontée à des défis structurels. La forte baisse des prix mondiaux du pétrole a refroidi l’activité. Les entreprises pâtissent aussi d’une demande atone, le système bancaire étant confronté à des actifs improductifs élevés et des arriérés accumulés par le secteur public. Le chômage reste élevé, environ 10,5 % ». Le gouvernement iranien ambitionne d’atteindre un taux de croissance de 8 % par an, le FMI misant sur 4 à 5 % en 2017. Dans ce contexte, Téhéran souhaite lancer de grands chantiers d’infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires. Les projets sont prêts mais les banques attendent l’effectivité de la levée des sanctions. Une mission européenne (France, Grande Bretagne, Allemagne) s’est récemment rendue à Washington pour obtenir des précisions auprès de l’administration financière américaine.

    Mais dans l’ambiance de la primaire de leurs prochaines élections présidentielles, les Etats-Unis tentent toujours de freiner l’investissement européen dissuader les Européens en Iran. Quoiqu’il en soit et quel que soit le prochain président des Etats-Unis, le retour du pétrole iranien sur le marché mondial et la reprise des investissements étrangers s’annonce d’ores et déjà comme un mouvement irréversible. Dans tous les cas de figures, ces prévisions placent l’Iran en situation de s’imposer comme la véritable puissance régionale face à ses deux principaux concurrents de proximité que sont la Turquie et Israël. Cette reconfiguration régionale et internationale ne manque pas de raviver Une guerre de cinq mille ans, pour reprendre les mots du grand journaliste Paul Balta[6].

    Une guerre de cinq mille ans

    Dans ce contexte, l’une des premières initiatives du nouveau roi Salman d’Arabie saoudite est d’intervenir militairement au Yémen voisin contre la rébellion houthi, politiquement soutenue par Téhéran. À partir du 26 mars 2015, la force aérienne royale saoudienne, avec l’appui de plusieurs pays sunnites dont l’Égypte et les membres du Conseil de coopération du Golfe excepté Oman, effectue des bombardements sur de nombreuses positions houthis dans l’ouest du pays, dont l’aéroport international El Rahaba et le palais présidentiel de Sanaa. L’ambassadeur saoudien à Washington précise que « l’opération vise à défendre le gouvernement légitime du Yémen et à empêcher le mouvement radical houthi (soutenu par l’Iran) de prendre le contrôle du pays ».

    Les États-Unis déclarent également fournir un soutien opérationnel en matière de logistique et de renseignement. Selon la chaîne de télévision Al-Arabiya basée à Dubaï, le royaume saoudien engage dans cette opération une centaine d’avions de guerre et plusieurs dizaines de milliers de soldats. Depuis plus de dix mois, l’aviation saoudienne ravage l’un des pays les plus pauvres du monde, avec l’aval de Washington et des pays européens sans que cela n’émeuve beaucoup la grande presse internationale, les professionnels des droits humains et des indignations sélectives. Dans ce conflit oublié mais très meurtrier, la monarchie wahhabite combat aujourd’hui ses anciens alliés Zaydites qui ont affronté, entre 1962 et 1970, les forces de la République arabe du Yémen, à l’époque soutenues par l’Egypte. A l’époque, Riyad n’hésitait pas à s’allier avec les parents des Houthis actuels, en réalité très éloignés du chi’isme duodécimain iranien, contre des « tribus républicaines » soutenues par Nasser, le Grand Satan d’un nationalisme arabe appuyé par Moscou.

    Mais l’intervention yéménite actuelle a été précédée par des soutiens réitérés au soulèvement des tribus sunnites et des groupes terroristes qui ne supportent pas l’avènement d’un nouveau pouvoir chi’ite en Irak dès le printemps 2003. Le GID, les services secrets de Riyad, n’hésitent pas à financer et armer Abou Moussab al-Zarqawi, le chef d’Al-Qaïda en Irak qui opère à partir du Kurdistan d’Irak. C’est à ses tueurs qu’on doit, notamment l’assassinat de Sergio de Mello, le représentant spécial de l’ONU à Bagdad le 29 août 2003 et une série d’attentats meurtriers à Bagdad, ciblant de manière récurrente, personnalités, quartiers et mosquées chi’ites.

    En fait, depuis la fin des années 1980, les services du prince Turki al-Faysal Bin Abdulaziz - l’un des parrains d’Oussama Ben Laden - financent et appuient les groupes salafo-jihadistes au Liban et les Frères musulmans de Jordanie. Le 8 décembre 2004, à l’occasion d’un entretien avec le Washington-Post, le roi Abdallah II de Jordanie - un pays allié de Riyad, de Washington et de Tel-Aviv - avait surpris aussi bien le monde arabo-musulman que ses partenaires occidentaux en mettant en garde contre l’émergence d’un « croissant chi’ite » allant de l’Iran au Liban, comprenant également l’Irak post-Saddam, la Syrie des Assad, Bahreïn et les régions pétrolières d’Arabie saoudite…

    Décapitations publiques

    En écho à ce fantasme de la menace grandissante d’un croissant chi’ite et accompagnant la montée en puissance des révoltes arabes (printemps 2011), Riyad arme la rébellion sunnite en Syrie, l’encourageant à renverser le régime de Damas (alaouite, composante hétérodoxe du chi’isme). Simultanément, en mars 2011, l’armée saoudienne réprime dans le sang les manifestations de la place de la Perle à Manama, la capitale de Bahreïn dont la population est majoritairement chi’ite. Autrement dit, cette politique saoudienne de la canonnière antichi’ite vient de loin, connaissant une dernière péripétie aggravante avec l’accident survenu à Mina durant le pèlerinage de La Mecque le 24 septembre 2015.

    Environ un millier de personnes, essentiellement chi’ites trouvent la mort lors d’un mouvement de foule provoqué par les forces de l’ordre accompagnant le déplacement d’un prince saoudien. Non seulement les services locaux de sécurité sont en-dessous de tout, mais circonstance aggravante : l’ancien ambassadeur d’Iran à Beyrouth, en charge notamment des liaisons avec le Hezbollah libanais, participant au pèlerinage, disparaît lui aussi dans de mystérieuses circonstances. La goutte d’eau qui fait déborder le vase, c’est bien-sûr le communiqué de l’agence officielle saoudienne SPA annonçant l’exécution – le 4 janvier dernier - d’un homme condamné à mort pour un meurtre de droit commun. Ahmed ben Obeid al-Harbi avait été reconnu coupable d’avoir tué par balle un autre Saoudien à la suite d’une dispute. Cette sentence porte à 48 le nombre d’exécutions depuis le 1er janvier 2016. En une seule journée - le 2 janvier - 47 personnes, dont le dignitaire chiite Nimr Baqr al-Nimr, ont été exécutées en Arabie saoudite après avoir été condamnées pour « terrorisme ». L’année dernière, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres officiels, le royaume avait en effet mis à mort 153 personnes, contre 87 en 2014. Les exécutions ont généralement lieu par décapitation et en public. Elles concernent aussi bien des Saoudiens que des étrangers.

    Le 7 octobre 2011, le dignitaire chi’ite saoudien Nimr Baqer al-Nimr écrivait[7] : « depuis notre naissance, nous sommes soumis à l’oppression, à l’intimidation, aux persécutions et à la terreur, au point que même les murs nous faisaient peur. Même les murs ! Y a-t-il quelqu’un qui n’a pas subi l’injustice et l’oppression dans ce pays ? J’ai plus de 50 ans, soit un demi-siècle. Depuis que je suis venu au monde, je ne me suis jamais senti en sécurité dans ce pays, nulle part, depuis mon enfance. Nous sommes continuellement accusés, menacés et agressés de toutes parts... Nos poitrines resteront nues face à vos balles et nos mains resteront vides (sans arme), mais nos cœurs resteront emplis de foi… Nous n’avons qu’une alternative : vivre sur cette terre en hommes libres et dignes, ou y être enterrés avec les honneurs (après le martyre)… Nous ne cesserons de dénoncer votre oppression et de revendiquer nos droits ».

    Révoltes arabes et guerres de succession

    (La suite ici)

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  • Les USA ont largué 23.144 bombes en 2015 sur des pays à majorité musulmane

    Les évaluations des Think Tanks en 2015 sont un récapitulatif brutal de la quantité de dégâts de toutes sortes et de destructions que les US ont infligées aux pays à majorité musulmane.

     



    Photo et légende : les frappes aériennes US ont détruit l’hôpital de Médecins Sans Frontières (MSF) à KUNDUZ - AFGHANISTAN le 3 octobre 2015, tuant au moins 42 personnes.

    Micah Zenco, le sceptique résident du conseil des affaires étrangères a récemment fait l’inventaire du nombre de bombes que les US ont larguées et les résultats sont affolants comme on pouvait s’y attendre.

    Zenco a calculé que depuis janvier 2015, les US ont largué environ 23.144 bombes sur L’Irak, la Syrie, l’Afghanistan, le Yémen et la Somalie, tous pays à majorité musulmane.

    L’inventaire établi par ce think tank habituellement favorable au département des affaires étrangères reprend en termes bruts la somme des dégâts infligés aux autres pays.

    Que l’on estime ces bombardements justifiés ou non, il s’agit d’un récapitulatif brutal des dommages de toutes sortes que les US infligent au monde arabo-musulman :

    BOMBES US LARGUÉES EN 2015 :



    Et cela sans résultat. En dépit du fait que les US aient largué 947 bombes sur l’Afghanistan en 2015, une analyse récente d’une revue spécialisée en politique étrangère montre que les Talibans contrôlent aujourd’hui plus de territoire qu’à n’importe quel moment de l’année 2001. Les US ont entamé leur seizième année de guerre en Afghanistan en dépit des nombreuses promesses de retrait de l’administration Obama.

    En octobre de l’année dernière, le président Obama a revu ses positions et décidé de maintenir des troupes étasuniennes sur place jusque fin 2017

    Les quatre derniers présidents, y compris le dernier, ont bombardé l’Iraq puisque les frappes aériennes actuelles ont repris le 7 août 2014, la guerre contre l’ISIS étant définie comme une intervention limitée à caractère humanitaire.

    Depuis lors, le secrétaire à la défense, Léon Panetta, a confirmé que ce serait une guerre de 30 ans et la Maison Blanche a vaguement rappelé qu’il s’agirait d’un travail de longue haleine à la fois en Iraq et en Syrie.

    Zenko a agité un autre drapeau rouge en relevant l’absence totale de victimes civiles recensées parmi les effets collatéraux de ces 23.144 bombes.

    De manière surprenante, on a également relevé que 6 victimes civiles parmi 25.000 morts au combat, morts survenues vraisemblablement au cours du dix septième mois de la campagne aérienne.

    Dans le même communiqué, les officiels reconnaissent que le nombre de leurs ennemis au sol estimé à 20 à 31.000 par la CIA reste globalement inchangé.

    Mercredi dernier, pourtant, Warren évoquait à nouveau le chiffre de 31.000 combattants. En conclusion, le résultat des bombardements anti-islamiques se résume à 30.000 - 25.000 = 30.000.

    En résumé, avec plus de 20.000 bombes, le département de la défense n’aurait à déplorer que la mort de 6 civils. Cette déclaration semble largement admise par les médias qui ne se posent pas la question de savoir qui serait réellement exterminé par les frappes aériennes en Iraq et en Syrie.

    En octobre, 30 civils sont morts après le bombardement US de l’hôpital de Kunduz en Afghanistan.

    L’enquête est toujours en cours mais il apparait déjà que nombre d’éléments de preuve ont été supprimés ou trafiqués.

    Adam Johnson est éditeur associé à AlterNet. Suivez-le sur Twitter à @adamjohnsonnye (https://twitter.com/adamjohnsonnye).

    Source : AlterNet

    Traduit par Oscar GROSJEAN pour Investig’Action

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